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Steve Bouchard
Ambassadrices
C’était en 1997, je travaillais pour une autre publication et une certaine Nathalie Trépanier était venue me voir avec une demande bien précise : pouvais-je la mettre en contact avec des femmes conductrices de camions? J’ai oublié comment, mais je lui ai trouvé les coordonnées d’une ou deux.
Nathalie Trépanier préparait un documentaire pour l’Office national du film. Deux ans plus tard est sorti 5 pieds 2 – 80 000 lb, mettant en vedette une dizaine de «femmes passionnées par un métier non-traditionnel : le camionnage», dit le synopsis. Le documentaire a été présenté quelques fois à la télé et il est disponible sur le site web de l’ONF.
Tant qu’à avoir les contacts, pourquoi ne pas faire un article sur ces femmes pour le magazine? «On se fait une soirée à Drummondville samedi, si tu veux venir faire un tour, on va être toutes là», m’avait dit l’une d’entre elles. Pas besoin de vous dire que ce fut l’un des plus joyeux reportages de ma carrière!
Elles étaient une quinzaine ce soir-là et représentaient une bonne partie de la sororité des camionneuses du Québec à l’époque.
Aujourd’hui, c’est beaucoup plus courant de voir des femmes au volant de camions lourds et plus facile d’en trouver pour faire des entrevues, mais elles ne composent quand même que quatre pour cent des conducteurs de camions dans l’ensemble.
Dans ce numéro de mars, nous avons voulu rendre hommage aux femmes du camionnage. Vous pourrez lire les profils d’une dirigeante, de trois conductrices et d’une mécanicienne de véhicules lourds.
Interviewer des camionneuses 25 ans plus tard a été tout aussi joyeux et agréable. Deux d’entre elles n’étaient pas nées quand Nathalie Trépanier a eu son idée de documentaire. Et il y a Naharah, 26 ans, qui a trouvé sa voie dans un atelier de mécanique.
Rafraîchissant. C’est le mot qui me revenait en tête quand je leur parlais. Des jeunes femmes allumées et articulées. Des ambassadrices pour l’industrie.
Elles aiment la diversité que le camionnage offre. Sans se concerter, elles m’ont toutes dit qu’il y a un type de camionnage pour chaque type de personne. Que l’industrie s’est adaptée, que les horaires sont flexibles et qu’on peut être une femme, conduire un camion et penser avoir une vie.
Le programme Objectif 10 % de Camo-route a attiré l’attention des femmes : au cours des trois dernières années, le CFTR et le CFTC ont accueilli près 1 500 femmes, représentant environ 17 % des étudiants, nous apprend Bernard Boulé dans notre section spéciale. On est loin de 1997.
L’industrie a besoin de main-d’œuvre, tant dans les camions que dans les ateliers. Les femmes peuvent occuper ces postes. Que recherchent-elles?
«Elles recherchent prioritairement un environnement sécuritaire, surtout quand il est question d’aller aux États-Unis. Elles veulent se sentir en sécurité et prendre des mesures autres que celles qu’un homme camionneur prendrait», nous dit Karine Goyette, vice-présidente exécutive de C.A.T. et présidente du Conseil de l’Association du camionnage du Québec, dans notre section spéciale. Dans notre sondage mensuel Le pouls de l’industrie, 80 pour cent des répondants croient que l’industrie du camionnage ne fait pas tout ce qu’elle peut pour attirer plus de femmes. Près du tiers des répondants (28 %) croient que la principale raison pour laquelle les femmes sont sous- représentées parmi les chauffeurs de camions, c’est la perception selon laquelle le camionnage est pour les hommes.
Toujours selon le sondage, la présence et la participation d’autres femmes au recrutement et à la formation (recours à des recruteuses et des formatrices, et mentorat formel avec d’autres femmes) sont les principaux atouts qui permettraient aux flottes d’améliorer le recrutement et la rétention des femmes.
À cela, j’ajouterais : demander aux femmes derrière le volant et dans les ateliers mécaniques pourquoi elles ont choisi l’industrie et pourquoi elles y restent. C’est ce que nous avons demandé aux femmes mises en vedette dans notre section spéciale Hommage aux femmes du camionnage. Leurs parcours et leurs réponses vous intéresseront. TR
Par Steve Bouchard
(Photo : Laurie Claveau)
Steve Bouchard est le rédacteur en chef de Transport Routier. Vous pouvez le joindre au (514) 938-0639, poste 3 ou à steve@transportroutier.ca