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L’ ”IGLOO LAKE LODGE NUNAVUT” IGLOO LAKE LODGE- NUNAVUT
IGLOO LAKE LODGE
À LA RECHERCHE DE L’OMBLE SAUMON DE FONTAINE TROPHÉE DU LABRADOR
IN SEARCH OF LABRADOR’S TROPHY BROOK TROUT
Très peu d’endroits sur cette planète abritent des saumons de fontaine assez gros pour inciter les pêcheurs voyageurs à parcourir de grandes distances à leur recherche. Rasmus Ovesen a traversé l’océan Atlantique pour pêcher à la mouche le saumon de fontaine dans la province canadienne de Terre-Neuve-et-Labrador. Les poissons étaient au rendez-vous...
J'ai voyagé depuis mon pays d'origine, la Norvège, afin d'atteindre ce territoire mythique de pêche au saumon de fontaine. Pendant des années, des saumons de fontaine, massifs et bien nourris ont hantés mes nuits. J'ai rêvé de banc de poissons vadrouillant dans des baies peu profondes en quête d'éphémères. Afin de préparer au mieux mon voyage, j’ai monté des mouches sèches, des nymphes et des streamers. J'ai passé de nombreuses heures à rassembler tout mon équipement. J'ai tout emballé, de mes plus petits outils au lourd matériel de photo. J'ai investi beaucoup de temps, d'énergie et d'argent pour toucher mon rêve du doigt, attraper un saumon de fontaine au-dessus de la barre magique de 4 kilos. Bien que ce rêve puisse sembler naïf aux yeux de quelques-uns, il est tout à fait réalisable…
AU COURS DES DERNIERS JOURS, nous avons cherché les coins abrités des intempéries et pêché près du lodge. Là, serpente une petite rivière qui s'écoule entre un chapelet de lacs, avant d’aller gonfler la rivière Aigle. Cette rivière est la plus puissante qui coure sur le territoire glaciaire et luxuriant de Terre-Neuve-et-Labrador. La rivière n'est pas si différente de celle que j'ai l’habitude de pêcher en Laponie Suédoise. Elle serpente à travers des forêts denses de pins et de bouleaux qui surplombent un sol forestier irrégulier et riche en nutriments. Leurs racines
Very few places on this planet are home to brook trout big enough to lure fly fishermen into traveling great distances in pursuit of them. Rasmus Ovesen traversed the Atlantic Ocean to fly fish for brook trout in the Canadian province, Newfoundland and Labrador, and the fish that awaited him weren’t exactly small…
I have travelled all the way from my home country, Norway, in order to reach this mythical brook trout fishery in the Canadian province, Newfoundland and Labradors’outback. For years, my dreams have circled around the lake’s massive and well-nourished brook trout. I have envisioned schools of rising fish in shallow bays hectically feeding on mayflies. I have tied dry flies, nymphs, and streamers and have spent numerous hours putting the right equipment together. I have hand-tied leaders and packed everything from small necessities to heavy camera equipment. I have invested considerable amounts of time, energy, and money into the dream of catching a wild, trophy brook trout over the magical eight- pound mark, and while the dream might have been inadvertently naïve in character, it has definitely been within the realm of realization – up until now, it seems. If this weather continues, we won’t be able to venture out on Igloo Lake and fish its many bays and islets.
FOR THE PAST FEW DAYS we’ve sought refuge from the weather and fished the local area near the lodge, where a short river stretch drains out of the lake before plummeting blindly into the first of a series of smaller lakes on its route to the Eagle River: The mightiest of all the rivers in Newfoundland and Labrador’s
sont partiellement exposées à l’air libre et recouvertes par des franges de mousse verte presque fluorescente, des bosquets de bleuets et des champignons dont les myriades de formes et de couleurs rendent le lieu magique. À l'exception du chemin de terre qui mène aux pools de la rivière nous sommes sur une zone vierge de toute activité humaine. Une nature sauvage qui a été façonnée durant des millénaires par l’enchainement des saisons et la faune locale qui outre l'orignal, le renne, le caribou, les loutres, les castors et autres rongeurs, mais également les ours, les loups, les lynx, les gloutons et un grand nombre d'espèces d'oiseaux, dont les balbuzards pêcheurs, les pygargues à tête blanche et les canards plongeurs.
NOUS SOMMES DEBUT SEPTEMBRE. Les berges escarpées de la rivière s'illuminent sporadiquement de couleurs jaune narcisse et rouge ardent dès que les premiers rayons de soleil viennent les caresser. Une brume matinale pesante et frémissante plane au-dessus de la rivière légèrement tourbée. Ici et là, un petit saumon de fontaine s'élève et arrache avec véhémence un insecte, sans méfiance, à la pellicule de l’eau. Les plus gros saumons de fontaine se cachent dans les chenaux les plus profonds, derrière de gros rochers ou encore en dessous des petites cascades et chutes d'eau. Ils arborent fièrement leurs couleurs dorées et violettes. Ils sont bien nourris avec les épaules larges et les males sont agressifs et territoriaux. Ils sont là parce qu'ils ont entrepris une migration soudaine à la fois
incompréhensible et irrésistible vers la rivière, attirés par ses eaux captivantes, riche en oxygène avec ses nombreux pools et gravières. La ponte est imminente voire déjà en cours. Il ne faudra plus attendre bien longtemps avant que le fond de la rivière se tapisse de poissons aux couleurs vives avec tous un objectif en tête : transmettre leurs gènes et assurer la survie de l’espèce. À ce moment-là, Igloo Lake Lodge sera fermé pour la fin de saison. Le paysage en vironnant semblera assoupi sous un épais manteau neigeux. La rivière aussi subira lentement le poids et à la rigueur implacable de l'hiver. On l’aperçoit encore de loin en loin : elle se trahit par ses chutes d'eau, ses cascades ou des remous tourbillonnants mais dans l'ensemble elle est couverte de glace et de neige. Couverte d'une obscurité qui pèsera pendant de longs mois. Lorsque la nuit se dissipera enfin, laissant place à la lumière du soleil, une nouvelle vie émanera de ses frayères et les petits alevins de saumon de fontaine trouveront place au sein de la rivière. Le miracle de la vie semble ici un défi plus grand encore avec un climat aussi rude et inhospitalier à surmonter continuellement.
NOUS SOMMES SUR LE POOL D’ARCHIE : un endroit où la rivière plonge dans un petit lac. Ici, une longue zone de calme s'étend dans une baie tranquille où les poissons ont récemment commencé à se regrouper. Dès le premier lancer, je sens la touche puissante d'un poisson qui agresse mon gros zonker noir. Une série de fortes secousses se propage à travers ma canne à mouche et après quelques minutes de pression incessante sur le poisson, je vois enfin les pre-
trickling and lush green glacial realm. The river isn’t unlike other rivers that I’ve fished in, for instance, Swedish Lappland. It meanders through dense forests with anorectically thin pine- and birch trees that tower above an uneven and nutrient-rich forest floor where partially exposed roots are superseded by almost fluorescent green moss fringes, blueberry thickets, and mushrooms in myriads of shapes and colours. Except from the marshy path that leads to all the individual pools in the river, we’re talking about an area practically untouched by man – a wilderness that has been shaped by the seasonal forces of Nature throughout Millenia and the interplay with the local wildlife, which – apart from moose, reindeer, caribou, otters, beavers, and other rodents – include bears, wolves, lynx, wolverines, and a vast number of bird species, including ospreys, bald eagles, and loons.
IT’S EARLY SEPTEMBER. The river’s steep banks sporadically light up in narcis-yellow and fiery red colours. A heavy and quivering morning mist hoovers above its fleeting and slightly peat-coloured water masses. Here and there, a small brook trout rises and vehemently tears an unsuspecting insect off the surface film.The biggest brook trout lurk along the bottom; in the deepest channels, behind big boulders, and below smaller cascades and waterfalls. They’re clad in golden and violet colours, they’re wellfed and broad-shouldered – and especially the males are aggressive and territorial. They are here because they’ve experienced a sudden- and at the same time both incomprehensible and ir-
miers éclairs orange-rouge sous la surface. Travis Pinsent, notre jeune et charismatique guide, se positionne à mes côtés et il ne tarde pas à mettre à l’épuisette mon premier saumon de fontaine. À l'intérieur du filet en maille silicone se trouve un beau mâle de 56 centimètres de long et avec un corps à l’image d'un lutteur mexicain: une robe moulante aux couleurs flamboyantes. Avec sa forte mâchoire et un regard profond ce poisson ressemble à un bagarreur primitif d’un côté mais il a aussi une élégance subtile. Quelque chose d'élégant et d'emblématique dans le rouge ardent qui colore ses flans, parsemés de points indigo et d’olive. Le poisson pèse un peu moins de 7 livres et après quelques clichés rapides il retrouve son élément, fendant la pellicule et glissant gracieusement dans les différentes couches d’eau pour retrouver sa cache. Nous piquerons quatre autres poissons dans un délai relativement court. Après cela, l'activité diminue considérablement.
resistible gravitation towards the river; its riveting, oxygen-rich water and its many pools and gravel bars. The spawning is – if not imminent, then at least under way. And it won’t take many weeks before the river floor is alive with brightly coloured fish, all of them tending to the same agenda: To pass along their genes and ensure the survival of their species. At that point in time, Igloo Lake Lodge will be closed down for the season, and the surrounding landscape will seem crouched; crouched under a heavy blanket of snow, at one and the same time out of sight and remarkably eye-catching. The river, too, will slowly succumb to the relentless weight and harshness of winter -only exposed here and there by waterfalls, cascades, and whirling seams, but -by and large- covered in ice and snow, and under the cover of a darkness that won’t lift for months. When the darkness finally dissipates, new life will emanate from underneath the gravel bars, and small brook trout alevin will find their niche inside the river, - in life, and in the greater context that comprises the complex life world of the Labrador wilderness. The miracle of life seems that much greater here where such a harsh and inhospitable climate has to be continually overcome. WE’RE AT ARCHIE’S POOL; a place where the river dumps headlong into a bigger pond – or perhaps, more correctly, a small lake. Here, a long lie extends into a quiet bay where fish have recently started to pile up. Already on the first cast, I feel the tug from a fish that aggressively collides with the big, black zonker at the end of my leader. A series of heavy pulls propagate through the fly rod, and after a few ensuing minutes of relentless pressure, I see the first orange-red flashes below the surface where the fish is thrashing around. Travis Pinsent, our young and charismatic guide, materializes by my side, and it isn’t long until he nets the fish and tows it towards shore. Inside the knotless mesh netting lies a male, about 56 centimeters in length, and with a body that conjures up mental images of a Mexican wrestler – a wrestler in a tight-fitting and flam-
Nous vivons la même expérience dans la plupart des pools de la rivière et la tendance semble s'accentuer au fur et à mesure que la semaine avance, un symptôme évident. Nous sommes huit pêcheurs au lodge et nous pêchons à tour de rôle un nombre limité de pools ainsi que de poissons. La rivière est à la fois techniquement difficile et passionnante à pêcher : c'est une pêche précise dans des poches d'eau où la présentation est de la plus haute importance. Vous devez savoir lire l'eau et votre approche doit être à la fois prudente et furtive pour une pêche où chaque poisson attrapé est mérité. Le lendemain matin, tous nos espoirs sont enfin honorés. Le vent a perdu de sa force, Igloo Lake est devenu un grand miroir et les deux jours suivants nous vivons la partie de pêche dont nous rêvions tous. Il fait encore froid - au point que les éclosions d'éphémères sur le lac sont minimes et nous ne voyons que quelques
boyantly decorated tricot. With its pronounced kyped jaw and a sinister look in its eyes, this fish surely looks like a primitive brawler, but there is also a subtle elegance to it – something stylish and iconic about the blushing strokes of fiery red in its flanks and the many saturated indigo- and bright olive spots that have been strewn so generously along them. The fish is a little bit shy of 7 lbs, and after a few quick pictures it cuts through the surface film and glides gracefully back into the fleeting water masses and settles somewhere along the bottom of the lie. We land an additional four fish within a relatively short timeframe. After that, the activity decreases – dramatically. We experience the same thing at most of the river’s pools, and the tendency only seems to be getting more and more pronounced as the week progresses: a clear symptom that we’re a total of eight fly fishermen at the lodge taking turns and working our way through a limited number of
poissons gober en surface. Qu’à cela ne tienne, nous n'avons absolument aucun scrupule à lancer de gros streamers. Il est maintenant temps de prendre ce poisson légendaire de 8 livres !... Deux jours après un changement de météo radical nous pêchons l'étang de Burton, un lac glaciaire au nord-ouest du lac Igloo. Nous piquons là plusieurs poissons en forme olympique et à la fin de la journée nous avons ramené au bateau et
pools with limited numbers of fish. The river is both technically challenging and exciting to fish: It’s a real pocket water fishery where presentation is of the utmost importance, where you need to read the water thoroughly, and where your approach should be both careful and stealthy – a fishery, where every single landed fish feels both deserved and meriting. The next morning all of our hopes are finally honored. The winds have lost their breath, Igloo Lake is more or less like a big mirror, and the following two days we experience some of the fishing that we dreamed about before arriving here. It’s still cold - cold to the point that the mayfly hatches on the lake are minimal, and we only see a sporadic few fish rise in the turbid water. It doesn’t matter though. We have absolutely no scruples casting big streamers. Now is the time to hunt for that fabled 8lb fish. Two days after the dramatic weather change, we’re fishing Burton’s Pond – an atmospheric lake northwest of Igloo Lake’s northern shoreline. Here, we hook up with several fish in sublime condition and, by the end of the day, we’ve boated and released an awe-inspiring 20 brook trout with an average weight of 5lbs – and with several hard-fighting individuals up to 7 lbs. Best of all, I’ve thoroughly enjoyed the day, immensely relieved in knowing that my objective of catching a fish over 8lbs is already under the belt.
relâché une vingtaine saumon de fontaine avec un poids moyen de 2,5 kilos et avec plusieurs spécimens pesant jusqu'à 3,5 Kg. J'ai vraiment apprécié la journée et je suis immensément soulagé de savoir que mon objectif d'attraper un poisson de 8 livres est désormais réalisé.
IGLOO LAKE LODGE est le seul lodge sur le lac Igloo - un lac glaciaire d'environ 12,5 km² et étonnamment peu profond qui se trouve au milieu de pampa canadienne accessible uniquement en hydravion. Le lodge en bois très bien équipé peut accueillir 10 personnes. Deux grands salons constituent le cadre idéal pour des discussions de pêche autour d’un bon verre le soir venu. La nourriture est délicieuse et de manière générale le niveau de service est excellent.