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Lilith dans la vallée A mulher rascunho
Carlos Mendonça (dessins) Saguenail (textes) Regina Guimarães (tradução)
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Il y a deux points de vue, deux façons d’écrire l’histoire, deux manières de décrire l’évolution. Dans deux sens contraires. Donc incompatibles. Le premier est abstrait – on aurait dit «divin» si les dieux existaient –; sinon idéal, géométrique; mais pas éternel, au contraire condamné, et se dégradant infiniment. Le second est humain et considère l’homme comme l’alpha et l’oméga, l’aboutissement – d’avatar en avatar – de la création. L’homme conquiert le monde en l’anthropomorphisant, progressivement et rétrospectivement. À son image ou à celle de son désir. Mais le cosmos n’est pas une poignée de billes jetées dans le vide, plutôt un entassement de cubes de construction en perpétuels chutes et déséquilibres. La sphère n’est que l’usure des angles et des arêtes du cube. Le coin a existé avant la courbe pour le contourner. Sur son modèle, l’homme a commencé par tailler des pointes. En vérité la forme première est une boîte. Archétype d’où le monde est sorti. Et les boîtes se sont succédées, multipliées, de l’écrin de Pandore à l’arche de Noé, des sarcophages aux prisons, des habitations humaines – cabanes ou châteaux – aux automobiles. Au commencement, quand le couvercle du ciel s’est soulevé, une forme – un pied? – s’est dépliée hors de la boîte originelle.
Há dois pontos de vista, duas maneiras de escrever a história, duas maneiras de descrever a evolução. Nos dois sentidos contrários. Logo incompatíveis. O primeiro é abstracto – poder-se-ia apelidar de «divino» se os deuses existissem –; se não ideal, geométrico; mas não eterno, bem pelo contrário condenado. E degrada-se infinitamente. O segundo é humano e considera o homem como a quintessência, o auge – de avatar em avatar – da criação. O homem conquista o mundo antropomorfizando-o, progressivamente e retrospectivamente. À sua imagem e à do seu desejo. Mas o cosmos não é um punhado de berlindes lançados no vazio, antes um amontoado de cubos de construção em perpétuas quedas e desequilíbrios. A esfera é tão-só usura dos ângulos e das arestas do cubo. O canto existe antes da curva para a contornar. Com base nesse modelo, o homem começou por esculpir pontas. Na verdade, a forma primeira é uma caixa. Arquétipo donde saiu o mundo. E as caixas sucederam-se, multiplicaram-se, do escrínio de Pandora à arca de Noé, dos sarcófagos às prisões, das habitações humanas – cabanas ou castelos – aos automóveis. No princípio, quando a tampa do céu se levantou, uma forma – um pé – desdobrou-se e saiu da caixa original. 3
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L’homme avant tout sait imiter. Mieux que le singe même. Il apprend dès la petite enfance le mime et la caricature – grimaces et lallation. L’homme se modèle sur des images, il ne voit son reflet qu’embelli – car la peinture est célébration et magnifie a priori tous les objets, même les portraits photographiques sont retouchés. Se sachant mortel, son idéal est la statue – dureté va de pair avec durée. C’est pourquoi tant d’hommes ne sont que des bustes – présentatrices et journalistes de télévision, fonctionnaires, caissières –; beaucoup d’autres sont des troncs: ils ont poussé la sédentarisation jusqu’à renoncer à la mobilité et assument l’anonymat jusqu’à la décapitation. Ils rêvent de piédestal et revendiquent une part de jardin public. Ils cherchent à tâtons leur partenaire, convaincus que leur cécité ontologique prouve leur état amoureux. Ils pourront éventuellement, au hasard d’un coup de vent, se frôler mais sont condamnés à ne jamais se reconnaître. Leur perfection virtuelle les sépare du reste de l’humanité – dont l’errance est la condition. S’ils avaient des mains ils s’empoigneraient, s’ils avaient des pieds ils s’enfuiraient, s’ils avaient une tête ils la grimeraient. Ils le savent et ne doutent pas que leur statut de statue soit préférable. Mais ils ressentent un manque.
O homem, antes de tudo, sabe imitar. Melhor do que o próprio macaco. Aprende desde a mais tenra infância o mimo e a caricatura – caretas e lalação. O homem molda-se a partir das imagens, só vê o seu reflexo embelezado – pois a pintura é celebração e engrandece a priori todos os objectos, mesmo os retratos fotográficos são retocados. Sabendo-se mortal, o seu ideal é a estátua – dureza implica duração. É por isso que tantos homens são bustos – apresentadoras e jornalistas de televisão, funcionários, caixeiras –; muitos outros são troncos: radicalizaram a sedentarização ao ponto de renunciarem à mobilidade e assumem o anonimato até à decapitação. Sonham com pedestais e reivindicam uma parte de jardim público. Procuram às apalpadelas o seu parceiro, convencidos de que a sua cegueira ontológica prova o seu estado apaixonado. Poderão eventualmente, ao sabor de uma rajada, roçar-se, mas estão condenados a nunca se reconhecerem. A sua perfeição virtual separa-os do resto da humanidade – cuja condição é a errância. Se tivessem mãos, arrepelar-se-iam, se tivessem pés, fugiriam, se tivessem cabeça disfarçar-se-iam. Sabem-no e não duvidam de que o seu estatuto de estátua é preferível. Mas sentem uma falta.
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Les miniaturistes perses et moghols peignaient des animaux composites, surtout des éléphants et des chameaux, mais également des chevaux et des tigres, et parfois des corps humains. Cette profusion interne signifiait, par équivalence quantitative, dénombrable et métaphorique à la fois – selon le même principe, les divinités indiennes sont représentées avec pléthore de bras et jambes, voire de têtes – moins une multiplicité qu’une vigueur exceptionnelle. Or tout corps est polymorphe. Car, de même qu’un triangle est contenu dans un carré, lui-même contenu dans un cercle et réciproquement, une jambe est composée de bras, la tête est un ventre miniature, le cerveau un intestin figé, et le corps masculin est hanté de formes féminines – symétrie et similitude favorisent la substitution et l’inversion des rôles – et réciproquement. L’androgynie n’est pas originelle mais permanente. C’est l’autre – la mère avant l’amante –, son désir, sa projection, qui fixe le genre et les conventions qui lui sont attachées. Par élimination, par amputation, comme on obtient un cube en tranchant les arcs de la sphère ou une sphère en limant les angles du cube. Le désir est Procuste et réduit ses objets à la taille de son lit. Le bloc de marbre d’où le sculpteur a dégagé une silhouette contenait une foule.
Os miniaturistas persas e mogóis pintavam animais compósitos, sobretudo elefantes e camelos, mas igualmente cavalos e tigres, por vezes mesmo corpos humanos. Essa profusão interna significava, por equivalência quantitativa, simultaneamente incontável e metafórica – segundo idêntico princípio, as divindades indianas são representadas com uma data de braços e pernas, quando não de cabeças – mais um vigor excepcional do que propriamente uma multiplicidade. Ora todo o corpo é polimorfo. Pois, do mesmo modo que um triângulo está contido num quadrado, e este último contido num círculo e reciprocamente, uma perna é composta de braços, a cabeça é um ventre miniatura, o cérebro um intestino paralisado, e o corpo masculino está assombrado por formas femininas – simetria e similitude favorecem a substituição e a inversão dos papéis – e o inverso também é verdadeiro. A androginia não é original mas permanente. É o outro – a mãe antes da amante –, o seu desejo, a sua projecção, que fixa o género e as convenções que lhe estão ligadas. Por eliminação, por amputação, como se obtém um cubo cortando os arcos da esfera ou uma esfera limando os ângulos do cubo. O desejo é Procusto e reduz os seus objectos ao tamanho da sua cama. O bloco de mármore donde o escultor tirou uma figura continha uma multidão. 7
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L’homme est son propre étalon. Son regard définit l’horizon et la perspective – dont les lois sont orientées autant par un point de fuite que par un point de vue symétrique –, il dessine le monde selon une circonférence dont il est le centre. L’homme détermine son propre espace et établit son temps spécifique, dont il est la mesure. Il lui suffit d’écarter bras et jambes pour s’inscrire dans un carré et un cercle parfait – l’«homme de Vitruve» tracé par Léonard de Vinci reste le prototype du «schéma corporel», aune pour l’évaluation de l’espace vital et du territoire – ou un cadran d’horloge – Fritz Lang a représenté dans son film «Metropolis» cette fonction temporelle qui crucifie l’ouvrier affecté à telle tâche. Car plus que le rayonnement, solaire, la croix est l’ultime symbole de l’humain, mentalement – géographiquement et chroniquement – partagé entre quatre pôles, sa signature. Marionnette vouée à quitter la scène après «trois petits tours», comme ces ballerines à ressort de certaines boîtes à musique, fixées à leur tige, douées du mouvement mais pas du déplacement, l’homme n’aspire qu’à échapper à son cadre. Profitant de l’élan de sa rotation de toupie, il se tourne subrepticement de profil et, tendant les bras tel un somnambule avançant au bord du toit, il s’enfuit.
O homem é o seu próprio padrão. O seu olhar define o horizonte e a perspectiva – cujas leis são orientadas tanto por um ponto de fuga como por um ponto de vista simétrico –, desenha o mundo consoante uma circunferência da qual ocupa o centro. O homem determina o seu próprio espaço e estabelece o seu tempo específico, do qual é a medida. Basta-lhe afastar braços e pernas para se inscrever num quadrado e num círculo perfeitos – o «homem de Vitrúvio» traçado por Leonardo da Vinci continua a ser o protótipo do «esquema corporal», termo de comparação para avaliar o espaço vital e o território – ou um mostrador de relógio – Fritz Lang representou no seu filme «Metropolis» a função temporal que crucifica o operário destinado a essa tarefa. Pois mais do que a irradiação solar, a cruz é o derradeiro símbolo do humano, mentalmente – geograficamente e cronicamente – partilhado entre quatro pólos, a sua assinatura. Marioneta condenada a abandonar o palco após «três breves piruetas», como as bailarinas de mola em certas caixas de música, fixadas numa haste, dotadas de movimento porém não de deslocação, o homem aspira tão-só a escapar ao seu cenário. Aproveitando o impulso da sua rotação de pião, gira subrepticiamente de perfil e, esticando os braços como um sonâmbulo que avança na aresta do telhado, foge.
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Un corps d’homme tient dans un carré, deux corps aussi. Assis. Comme un couple en tête à tête dans un cabinet particulier. Vus de dos – comme ils se tiennent en vis à vis, eux seuls peuvent se voir de face –, ils ne forment qu’un corps, doté de deux paires de bras et de jambes: ils se divinisent et multiplient leurs membres. Vus de profil, ils sont plutôt siamois: du giron unique se détachent deux bustes et deux visages, comme aux deux extrémités du bras unique s’ouvrent deux mains. Alors qu’un dos efface l’autre, de profil ils sont séparés et voudraient se confondre. Immobiles, ils dansent sur place une espèce de danse nègre où les genoux s’écartent et se replient en accordéon, manifestant l’impatience au-dessous de la ceinture. Entre eux le désir creuse un trou noir. Ils sont liés, figés, pétrifiés, statufiés par le regard. Chacun est pour l’autre Méduse. La conversation est banale, le sens est lové dans le non dit, les mots servent seulement de liaisons aux sourires. Comme tout couple d’amoureux, ils savent que les étapes de leur passion sont fixées d’avance, qu’ils ne feront que reproduire les mots et les gestes que leurs ancêtres répétaient déjà, tout en voulant se convaincre qu’ils les inventent, qu’ils ont été pétris dans l’argile et la création commence avec eux.
Um corpo de homem cabe dentro de um quadrado, dois corpos também. Sentados. Como um casal face a face num salão particular. Vistos de costas – como se encontram diante um do outro, só eles podem ver-se de frente –, formam um único corpo, dotado de dois pares de braços e de pernas: divinizam-se e multiplicam os seus membros. Vistos de perfil, são parentes dos siameses: de um só colo jorram dois bustos e dois rostos tal como nas duas extremidades do braço único se abrem duas mãos. Enquanto as costas de um apagam as do outro, de perfil separaram-se e gostariam de se confundir. Imóveis, dançam sem sair do lugar uma espécie de dança negra em que os joelhos se afastam e se juntam em acordeão, manifestando a impaciência abaixo da cintura. Entre eles o desejo cava um buraco negro. Estão ligados, paralisados, petrificados, estatuficados pelo olhar. Cada um é para o outro a Medusa. A conversa é banal, o sentido fica aninhado no não-dito, as palavras servem apenas de ligação entre os sorrisos. Como todos os casais apaixonados, sabem que as etapas da sua paixão estão de antemão traçadas, que mais não farão do que reproduzir as palavras e os gestos que já os seus antepassados repetiam, tentando contudo convencer-se de que os inventam, de que foram feitos da mesma massa e de que a criação começa com eles. 11
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Un couple naît de la conscience d’une incomplétude. Il manque des parties. Ou il faut, comme la sirène, troquer une queue contre une paire de jambes ou, comme la grenouille, renoncer au saut ou, comme le crapaud, pour autant qu’il se gonfle, enfiler des vêtements trop grands. Dans le marécage originel, l’ancêtre de l’homme avait le sang froid. Un couple naît du désir de se réchauffer. Tous les soirs, sous le couvert du drap d’obscurité, le couple se défait: il commence par se fondre tel un tatou «mi-tortue mi-hérisson» puis se sépare pour voyager chacun dans des rêves distincts et étanches. Au matin le couple se retrouve, comme après un naufrage, déposé épars sur la grève du réel. Les corps sont en pièces détachées. Il faut d’abord les reconstituer. Faire l’inventaire des membres. Vérifier à qui appartient cette jambe, ces lèvres. Confirmer que cette pince est une main, cette pointe un sein, ces tentacules une chevelure. Les remettre en place. Faire jouer les articulations. Scinder, ressouder. Comme une baudruche regonflée reprendre forme. Retrouver son intégrité physique, son isolement. Récupérer ses défauts et carences individuels. Rester unique en sa propriété privée. Revenir à l’état lacunaire originel. Renoncer à une intégralité que seule la communion permet. Au nom de la liberté.
Um casal nasce da consciência de uma incompletude. Faltam-lhe partes. Ou então é preciso, como no caso da sereia, trocar uma cauda por um par de pernas ou, como a r ã, ren u n ciar ao s alto o u, co m o o s apo , s e lh e der p ar a inchar, enfiar roupas demasiado largas. No pântano original, o antepassado do homem tinha sangue frio. Um casal nasce d o d es ejo d e a quecer. Tod as a s n o ites , s ob o len çol da escuridão, o casal desfaz-se: começa por fundir-se como um tatu «meio tartaruga meio ouriço» e depois separa-se para viajar, cada um nos seus sonhos distintos e estanques. De manhã, o casal reencontra-se, como após um naufrágio, esparsamente deposto no areal do real. Os corpos estão em peças soltas. É preciso começar por reconstituí-los. Fazer o inventário dos membros. Verificar a quem pertence esta perna, aqueles lábios. Confirmar que tal pinça é uma mão, tal ponta um mamilo, tais tentáculos uma cabeleira. Voltar a pô-los no lugar. Reencontrar a sua integridade física, o seu isolamento. Voltar ao estado lacunar original. Renunciar a uma íntegra que só a comunhão permite. Em nome da liberdade. 13
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L’homme ne descend donc pas du singe mais, comme toutes les créatures, du cube. Faces et arêtes se sont gonflées, soulevées, plissées, percées jusqu’à laisser passer des excroissances tubulaires: les membres. À ce stade, la tête n’est encore qu’une bosse, le cou n’existe pas. L’évolution consiste, pour que la bête atteigne l’humanité, à expérimenter tous les mouvements, gestuelles, contorsions, branle, agitation aboutissant à un déplacement. Depuis le tremblement de la feuille jusqu’à la course de la gazelle, en passant par la reptation, le battement d’aile, le saut de puce, le zigzag du crabe, le grouillement des vers, le pas de l’oie, le déhanchement de l’ours, le trot de l’âne, le martellement du taureau, le feutré du chat, la roulade du hérisson, le boitillement du diable, etc. Pour aboutir à la démarche caméléonesque de l’homme, entre la danse et la paralysie, hésitante, irrégulière, traînant derrière soi un invisible boulet et poussant devant un fantasmatique rocher. Toute cette gymnastique doit permettre au corps de s’écailler et s’épiler naturellement, de se rebondir au niveau des fesses, se serrer à la taille, se galber à la hanche. De s’anthropomorphiser. Il y a des ratés, monstres difformes, tordus ou cabossés par ces exercices. Tous du moins ont acquis fêlures et foulures, et appris la fuite.
O homem não descende do macaco mas sim, como todas as criaturas, do cubo. Faces e arestas incharam, levantaram-se, dobraram-se, furaram-se até deixar passar excrescências tubulares: os membros. Nessa altura, a cabeça não passa de um inchaço, o pescoço ainda não existe. A evolução consiste, para que a besta se ice até à humanidade, em experimentar todos os movimentos, gestualidades, contorções, abalos, agitações que conduzam a uma deslocação. Do tremor de uma folha até à corrida da gazela, passando pela reptação, pelo bater de asas, o salto da pulga, o ziguezague do caranguejo, o pulular dos vermes, a passada do ganso, o gingar do urso, o trote do burro, o martelar do touro, o passo aveludado do gato, o rebolar do ouriço, o mancar do diabo, etc. Para atingir o andamento camaleónico do homem, entre a dança e a paralisia, hesitante, irregular, arrastando atrás de si uma invisível grilheta e empurrando um fantasmático rochedo. Toda esta ginástica é suposta permitir ao corpo escamar e depilar-se naturalmente, arredondar o nadegueiro, adelgaçar a cintura, moldar a curva da anca. Antropomorfizar-se. Há falhanços, monstros disformes, torcidos retorcidos ou amolgados por todos estes exercícios. Mas pelo menos todos adquiriram fendas, fissuras, atrozes entorses e aprenderam a fuga. 15
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La fuite est la seule issue. Sans se retourner, L’horizon doit rester devant. Et l’enfer derrière. On se retrouve à moitié nue en pleine rue, comme dans un cauchemar. Des buissons d’épines auront lacéré les habits. Ou on aura bondi du lit sans prendre le temps d’enfiler un vêtement. Ou on se sera fait violer sans même voir son agresseur. Ou l’incendie se sera déclaré pendant qu’on peaufinait son maquillage. Il ne reste qu’à courir, sans demander son reste, sans prêter attention aux abois des chiens, aux regards concupiscents des passants ni aux gestes obscènes des ivrognes. On ne voit rien, on ne voit pas où on va. Et on se perd. On perd d’abord le chemin. Puis la conscience de soi. Les contours du corps, réduit à ses pattes, s’estompent. Les jambes flageolent. La silhouette tangue et vacille comme un mirage. Les formes se diluent. Les rondeurs de la féminité virent ectoplasmiques. Il ne reste bientôt de la figure rêvée qu’un fantôme, plus inconsistant que Galatée perdant sa solidité pierreuse, rapetissant à mesure de l’éloignement, sombrant dans l’oubli ou le regret. Elle n’était pas tant irréelle qu’insuffisamment réaliste, elle appartenait à la pacotille du désir. Elle s’est disloquée en fuyant, faute d’amour. Comme gangrenée, perdant pieds et mains, puis toute apparence humaine.
A fuga é a única saída. Sem olhar para trás. O horizonte tem de ficar à frente. E o inferno atrás. Uma pessoa fica semi-nua em plena rua, como num pesadelo. Arbustos espinhosos terão lacerado as roupas. Ou então saltou-se da cama sem tomar tempo para vestir qualquer coisa. Ou foi-se violada sem ter tido tempo de ver o agressor. Ou o incêndio ter-se-á declarado enquanto se estava a acabar a maquilhagem. Só resta correr, sem dizer ai nem ui, sem prestar atenção aos cães a ladrar, aos olhares concupiscentes dos transeuntes nem aos gestos obscenos dos bêbedos. Uma pessoa não vê nada, não vê para onde vai. E uma pessoa perde-se. Primeiro perde o caminho. Depois a consciência de si. Os contornos do corpo, reduzido às patas, apagam-se. As pernas tremelicam. A silhueta baloiça e vacila como uma miragem. As formas diluem-se. As curvas da feminidade viram ectoplásmicas. Não tarda a sobrar tão-só a figura sonhada de um fantasma, mais inconsistente do que Galateia perdendo a sua solidez mineral, minguando com o afastamento, mergulhando no esquecimento e na nostalgia. Ela era não tanto irreal mas antes insuficientemente realista, pertencia à pacotilha do desejo. Por falta de amor, desconjuntou-se ao fugir. Como que gangrenada, ficou sem pés nem mãos e depois sem aparência humana. 17
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Il y a un obstacle ou une frontière à franchir. Ce n’est qu’une ligne, à peine visible, sans matérialité, une simple limite à transgresser mais le pas accompli est irrévocable, sans retour. Alors on feint, on fait mine de ne pas la voir, on s’en approche comme par mégarde, en se cherchant une contenance, en sifflotant, en évitant de regarder de ce côté, en dansant, en pirouettant, tel Charlot patinant les yeux bandés au bord de l’abîme dans «Modern times». Au dernier moment, on hésite, on rebrousse chemin et c’est reparti pour un tour. On ne s’éloigne pas, on fait juste un détour. La lisière retient mieux qu’un aimant, impossible de s’arracher à son attraction. Elle ramène les imprudents passant à sa portée comme un pêcheur remontant sa ligne. Il n’y a plus à tergiverser, il faut traverser. On lance la jambe en avant, tâtant le sol du pied, on s’arcboute, on fait de son corps un pont. L’autre pied renâcle à décoller de la terre ferme, comme si le frêle équilibre retenait de s’envoler. On voudrait rester entre deux mondes, tel Charlot chevauchant la frontière dans «The immigrant». Au delà, commence la terra incognita, l’autre monde où manquent cartes et repères. Sitôt franchie la ligne, comme dans «Nosferatu», «les fantômes viennent à la rencontre» du voyageur trop téméraire.
Há um obstáculo ou uma fronteira a atravessar. É apenas uma linha, quase invisível, sem materialidade, um simples limite a transgredir, mas o passo dado é irrevogável, sem retorno. Então a gente finge, faz de conta que não a vê, a gente aproxima-se como que por engano, procura disfarçar, assobia para o ar, evita olhar para aquele lado, dançando, fazendo piruetas, qual Charlot a patinar de olhos vendados à beira do abismo em «Modern times». No último instante, a gente hesita, arrepia caminho e é mais uma corrida, mais uma viagem. A gente não se afasta, é só um desvio. A orla retém mais do que um íman, é impossível a gente subtrair-se à sua atracção. Traz de volta os imprudentes que passam ao seu alcance como um pescador recolhendo o fio. Já não há subterfúgios, é preciso atravessar. Atira-se a perna para a frente, apalpa-se o chão com o pé, curva-se o corpo, faz-se dele ponte. O outro pé resiste, não quer descolar da terra firme, como se o frágil equilíbrio o impedisse de levantar voo. Que bom seria ficar entre dois mundos, como Charlot a cavalo entre um lado e o outro da fronteira em «The immigrant». Além da linha estende-se a terra incognita, o outro mundo onde faltam os mapas e as referências. Mal se atravessa a linha, como em «Nosferatu», «os fantasmas vêm ao encontro» do viajante demasiado temerário. 19
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Aucune métamorphose n’est définitive. L’homme conserve à l’arrière du crâne un cerveau reptilien, la reine ménage dans sa poitrine un cœur de rainette. Toute l’humanité descend du serpent édénique et toute femme est parente de Mélusine. Aussi doit-elle périodiquement se retremper dans le limon originel, baptême pour une réincarnation. Elle entre dans l’eau avec précaution, jaugeant d’abord la température du bout du pied, avant de s’y plonger résolument. Son pagne s’est dénoué mais la boue lui a aussitôt imprimé un nouveau vêtement, lui moulant même de longs gants assortis au fourreau. Elle ôte la dernière pièce de son armure vestimentaire, ultime relique de son identité obsolète, et l’abandonne au cloaque. Un frisson la parcourt, motivé plus par la conscience de sa vulnérabilité, car il faut en entrant, sinon laisser toute espérance, renoncer aux plus élémentaires précautions, que par la fraîcheur du fond de l’air ou de l’eau. Mais sa vocation de sirène prend le dessus: elle secoue sa chevelure d’ondine, l’agite en tourbillon, la gonfle en nuage, la lance en filet de pêche, la tisse en toile d’araignée pour capturer les plus infimes moucherons de sa prochaine personnalité tandis que son unité présente, déjà périmée, se décompose, se dissolvant dans l’opacité du marais amniotique.
Nenhuma metamorfose é definitiva. O homem conserva no fundo do crânio um cérebro reptiliano, a rainha acalenta no seu peito um coração de reineta. Toda a humanidade descende da serpente edénica e toda a mulher é parente de Melusina. Deve pois mergulhar periodicamente no limo original, baptismo com vista a uma reincarnação. Entra na água com cautela, avaliando primeiro a temperatura com a ponta do pé Antes de se lançar decididamente. A tanga abriu-se mas a lama imprimiu-lhe imediatamente uma nova roupa na pele, moldando-lhe mesmo novas luvas a condizer com a bainha. Despe a última peça da sua armadura de roupagem, derradeira relíquia da sua identidade obsoleta, e abandona-a na cloaca. Um calafrio percorre-a, motivado mais pela consciência da sua vulnerabilidade – pois é preciso, ao entrar, abandonar toda a esperança ou, pelo menos, renunciar às mais elementares precauções – do que pela frescura do fundo do ar ou da água. Mas a sua vocação de sereia triunfa por fim: sacode a cabeleira de ondina, agita-a em turbilhão, incha-a até ser nuvem, lança-a como rede de pesca, tece-a qual teia de aranha para capturar os mais ínfimos moscardos da sua próxima personalidade enquanto a sua unidade presente, já fora de prazo, se decompõe, dissolvendo-se na opacidade do charco amniótico.
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Toute femme est une incarnation de Vénus et doit naître des eaux, comme un reflet sourd du miroir. Elle surgit des profondeurs marines, telle «Small Porgies», et prend l’océan pour sa psyché. Elle contemple sans se lasser son image ballotée par les ondes et lui fait des mines et des sourires. Elle n’en finit pas de peigner sa chevelure piquée de tresses d’algues et d’extensions coralliennes. Dans sa main en conque elle puise quelques gouttes dont elle s’asperge et, parodiant le geste napoléonien, se baptise et se bénit elle-même. Incompréhensible mélange d’orgueil et d’humilité, d’audace et de timidité, elle se montre farouche, n’offrant guère que son buste au-dessus de la surface, prête à replonger et disparaître au moindre geste inconvenant, à la plus infime menace de capture. De là est née la légende des sirènes, des femmes à queue de poisson, sans feu ni sexe, qu’au vrai aucun marin n’a jamais vues, seulement cru entendre, quand le ressac scande la monotone mélopée de l’exil et le vent persiffle la nostalgie d’une présence féminine. Divinisée ou réprouvée, vouée au mystère et au péché, la femme est un fantasme de l’homme – qui par paradoxale paresse fonde son droit sur la force et la brutalité bestiales mais rêve d’harmonie et aspire désespérément à sortir de sa condition.
Toda a mulher é uma encarnação de Vénus e tem de nascer das águas como um reflexo brota do espelho. Surge das profundezas marinhas, tal «Small Porgies», e encara o oceano como espelho do seu toucador. Contempla incansavelmente a sua imagem embalada pelas ondas, faz-lhe caras e sorrisos. Penteia ininterruptamente a sua cabeleira decorada com tranças de algas e extensões de coral. Na sua mão curvada em concha recolhe umas gotas das quais se asperge e, parodiando o gesto napoleónico, baptiza-se e abençoa-se a si mesma. Incompreensível mistura de orgulho e de humildade, de audácia e de timidez, mostra-se pouco dada, emergindo tão-só o busto, pronta a voltar a mergulhar e desaparecer ao menor gesto inconveniente, à mais ínfima ameaça de captura. Daí vem a lenda das sereias, mulheres com caudas de peixe, sem fogo, nem sexo, que na verdade nenhum marinheiro jamais viu, apenas julgou ouvir, quando a rebentação das ondas marca a cadência da melopeia, monótona, do exílio, e o vento troça da nostalgia de uma presença feminina. Divinizada ou reprovada, votada ao mistério e ao pecado, a mulher é um fantasma do homem – que, por paradoxal preguiça, alicerça o seu direito na força e na brutalidade bestiais, mas sonha com harmonia e aspira desesperadamente a sair da sua condição.
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L’horizon est barré d’un rideau d’arbres. Ils se serrent, forment groupes et bosquets, discutent de toutes leurs feuilles, agitent leurs branches en signe de désaccord ou de dénégation. De loin on les prendrait pour des badauds en veste verte échangeant les nouvelles du jour sur le parvis au sortir de la messe, ou pour un groupe de maquignons venus à la foire se saluant avant d’aller prendre l’apéro. De leur conversation animée le vent ne porte que de «confuses paroles» quand, d’un bruissement de ramures, l’un d’eux hausse le ton. Tout a été dit, ils ressassent quelques récriminations, répètent une formule consensuelle, approuvent, hochent le chef. Ils sont sur le point de se séparer, de s’éloigner, mais ils s’attardent, restent plantés dans le décor. Et bouchent l’horizon, coupent le passage vers l’au-delà, défendent l’accès au vide ou à l’inconnu. Gardiens de la nature et piliers du ciel, ils se montrent inflexibles. Patibulaires, leurs fourches attendent la corde où se balancera le contrevenant, pendant comme un fruit mûr que les oiseaux viennent becqueter. Sous le pépiement folâtre de leur feuillage, les arbres restent de bois, rigides sinon insensibles. Chênes chenus, trembles tremblants, hêtres ayant été, cyprès hors de portée. Cercueils proleptiques. De toute leur hauteur, ils nous toisent.
O horizonte está cortado por um renque de árvores. Apertam-se umas contra as outras, formam pequenos bandos e bosques, discutem com todas as folhas que têm, agitam os ramos em sinal de desacordo ou de denegação. De longe, parecem quase mirones vestidos de verde a trocar notícias do dia no adro da igreja, à saída da missa, ou então um grupo de mercadores de cavalos na feira que se cumprimentam antes de irem beber o aperitivo. Da sua conversa animada o vento só transporta «confusas palavras» quando, num farfalhar de ramagens, uma delas levanta a voz. Tudo foi dito, ruminam algumas recriminações, repetem uma fórmula consensual, aprovam, acenam com a cabeça. Estão prestes a separarse, a afastar-se, mas vão ficando por ali, plantadas no cenário. E tapam o horizonte, cortam a passagem para o além, defendem o acesso ao vazio ou ao desconhecido. Guardiãs da natureza e pilares do céu, mostram-se inflexíveis. Patibulares, os seus ramos subdividem-se esperando a corda que enforcará o criminoso, pendendo como um fruto maduro que os pássaros vêm bicar. Sob o chilreio ruidoso da sua folhagem, as árvores são feitas de pau, rígidas para não dizer insensíveis. Carvalhos carcomidos, choupos chupados, faias enfaixadas, ciprestes prestes a plissar. Caixões prolépticos. Do cimo das suas copas, medem-nos de alto a baixo. 25
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Elle aspire au calme, ses désirs sont bucoliques. Elle a fréquenté les divinités, connu leurs rivalités, leurs jalousies, leur perfidie: les déesses sont pires que les femmes. Elle est dégoûtée de l’Olympe autant que de l’humanité. Elle tient la petite sirène, dont on lui a conté la pitoyable aventure, pour une masochiste: souffrir à chaque pas, sans même un filet de voix pour gémir, au seul motif de s’intégrer au monde des hommes, quelle vanité! Elle, au contraire, renonce sans regret à la mobilité. Elle se plante au centre du champ, enfonce les pieds dans la tourbe, serre les genoux, retient sa respiration et s’immobilise. Elle attend l’inéluctable métamorphose. La pluie la trempe, le soleil la cuit, le vent la ploie, elle ne bouge pas. Peu à peu la crasse la brunit, sa peau se craquèle en écorce. Un oiseau enfin vient nidifier sous son aisselle et elle voit ravie bourgeonner les premières feuilles à ses doigts. Le prince charmant, apprenant qu’elle a suivi l’exemple de Daphné, Dryopé et Myrrha, ne supportant pas l’idée de tant de beauté et de vertu à jamais perdues, se couche à ses racines et rend l’âme. Elle le pleut à l’automne, le couvre de feuilles. Au printemps, un moignon sort de terre et fleurit. Elle voudrait l’effleurer, se nouer à lui. Mais les arbres ne peuvent s’aimer qu’à distance.
Ela aspira à calma, os seus desejos são bucólicos. Frequentou as divindades, conheceu as suas rivalidades, os seus ciúmes, a sua perfídia: as deusas são piores que as mulheres. Ficou com tanto asco ao Olimpo como à humanidade. Tem a sereiazinha, cuja lastimosa aventura lhe foi narrada, na conta de uma masoquista: sofrer a cada passo, sem o menor fio de voz para gemer, pelo simples motivo de querer integrar-se no mundo dos homens, que vaidade! Ela, muito pelo contrário, renuncia sem remorsos à mobilidade. Planta-se no meio do campo, enterra os pés na turfa, aperta os joelhos, trava a respiração e imobiliza-se. Aguarda a inelutável metamorfose. A chuva encharca-a, o sol torra-a, o vento dobra-a, ela não arreda dali. Pouco a pouco a sujidade torna-a morena, a pele vai gretando até parecer casca. Um pássaro vem finalmente fazer o ninho debaixo da tua axila e, maravilhada, ela vê os primeiros rebentos de folhas brotar dos seus dedos. O príncipe encantado, sabendo que ela seguiu o exemplo de Dafne, Dríope e Mirra e não suportando a ideia de tanta beleza e virtude para sempre perdidas, deitou-se sobre as suas raízes e entregou a alma ao criador. No Outono ela chove-o e cobre-o de folhas. Na primavera, um toco brota da terra e floresce. Ela gostaria de o aflorar, de elar-se a ele. Mas as árvores só podem amar-se à distância. 27
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La terre a d’abord été plate. À peine une courbure à l’horizon. L’aile d’un immense et invisible oiseau bleu, dont les arbres étaient les plumes. Sur son col voyageaient les hommes comme le marin sur le dos de l’oiseau-roc. Chronologiquement, l’évolution est une régression: la terre à force de tourner s’est faite œuf, dont les glaciations ont anéanti toute végétation. À l’ère mythique, la terre s’est gonflée en grosse tête répondant par le rire aux clins d’œil de la lune. Les arbres étaient les poils de barbe couvrant sa face hilare. Aujourd’hui la terre sidérée n’est plus qu’un galet lancé dans l’espace sidéral, qui va se désagrégeant, se pulvérisant, se désertifiant, se déboisant de ses arbres qui sont la mousse qu’en roulant elle n’amasse plus, déposant sa couronne arboricole comme le plumet d’une coiffe indienne en signe de reddition et destitution. Les arbres résistent, refusent de lever le pied, se rassemblent en forêts épaisses, fourrés touffus, jungles impénétrables. Ils se concertent, bruissent de toutes leurs feuilles, supputent leurs chances contre les haches et les tronçonneuses. Avec des scies, les bûcherons réduisent leurs paris en fagots. Acculés, les arbres, avec peine se font pennes pour s’arracher au sol, plumes pour s’envoler mais ils ne parviennent qu’à chatouiller le ciel.
A terra começou por ser chata. Pouco mais que um encurvamento da linha do horizonte. A asa dum imenso e invisível pássaro azul cujas penas eram as árvores. No seu pescoço viajavam os homens como o marinheiro no dorso do Pássaro Roca. Cronologicamente, a evolução é uma regressão: ao fim de muito girar, a terra fez-se ovo, e as glaciações aniquilaram toda a vegetação. Na era mítica, a terra inchou até se tornar cabeçuda respondendo pelo riso aos piscares de olhos da lua. As árvores eram os pêlos da barba que cobriam o seu rosto hilariante. Hoje a terra siderada é tão-só um seixo lançado no espaço sideral, que se vai desagregando, pulverizando, desertificando, que se vai desflorestando das suas árvores reduzidas a um véu de bolor já puído, depondo a sua coroa arborícola como a pluma de um toucado de índio, em sinal de rendição e destituição. As árvores resistem, recusam arredar pé, juntam-se em florestas densas, moitas cerradas, selvas impenetráveis. Concertam-se, farfalham com todas as folhas, suputam as chances que têm contra os machados e as moto-serras. Com as lâminas, os lenhadores reduzem as suas apostas a serradura. Encurraladas, penosamente as árvores fazem-se penas para se arrancarem ao chão, fazem-se plumas para voar mas só conseguem fazer cócegas ao céu. 29
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L’homme et la femme jouent leur drame dans un amphithéâtre vide. Les divinités ont déserté les gradins et même les anges se sont lassés. L’homme et la femme sont séparés par un arbre, emblème phallique, survivant de la «forêt de symboles» naturelle. Il se dresse entre comme un glaive dans le mitan du lit. Il ne les agresse pas mais ne les aide pas non plus. Son ombre ne les couvre pas d’une cape protectrice, ses branches ne leur offrent pas un refuge, il se contente de s’interposer entre eux, de les désunir. Ils pourraient aisément le contourner et s’éloigner ensemble, pourtant ils ne bougent pas. Tels Vladimir et Estragon, ils attendent, se sommant régulièrement de partir mais restant sur place. Ils se sentent obscurément liés à l’arbre. Comme s’ils en descendaient. Il les domine par la taille, la rigidité, la ténacité et la proximité du ciel. En outre, en dépit de son mutisme, il est la seule présence à leur côté. Le vide qui les entoure leur en impose et les paralyse. Il ne leur vient même pas à l’idée de quitter la piste pour grimper sur les gradins et adopter la position – et le rôle – de spectateurs, observer la scène de plus haut. Une vue plongeante permettrait la distanciation minime. Or on ne peut être simultanément acteur et observateur de sa propre vie. Amateurs, ils improvisent.
O homem e a mulher representam o seu drama num anfiteatro vazio. As divindades abandonaram a bancada e mesmo os anjos se cansaram. O homem e a mulher estão separados por uma árvore, emblema fálico, sobrevivente da «floresta de símbolos» natural. Ergue-se entre como uma espada no meio da cama. Não os agride mas também não os ajuda. A sua sombra não os tapa com uma capa protectora, a sua ramagem não lhes oferece um refúgio, limita-se a interpor-se entre eles, a desuni-los. Eles poderiam facilmente contorná-la e afastar-se juntos, no entanto não se mexem. À imagem de Vladimiro e Estragão, esperam, exortando-se regularmente a partir mas não saem do sítio. Sentem-se obscuramente ligados à árvore. Como se descendessem dela. Ela domina-os pela altura, a rigidez, a tenacidade e a proximidade do céu. Além disso, a despeito do seu mutismo, é a única presença a seu lado. O vazio que os rodeia é intimidante e paralisa-os. Nem sequer lhes passa pela cabeça deixar a pista para subir os degraus da bancada e adoptar a posição – e o papel – de espectadores, observar a cena de mais alto. Uma visão em picado permitiria uma distanciação mínima. Ora uma pessoa não pode ser simultaneamente actor e observador da sua própria vida. Amadores, eles improvisam. 31
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L’humanité est androgyne. Les signes affichés de distinction de genre – cheveux, poitrine, bite, barbe – plus souvent qu’on ne croit sont postiches et ne constituent qu’une façade, un grimage, un camouflage, afin que l’apparence extérieure corresponde au modèle que l’art et la publicité ont à tâche de diffuser. Tout homme recèle une femme au dedans de soi, et réciproquement. Présence obscurément pressentie, sa part d’ombre. Les soins d’hygiène – savon, crème, épilation, maquillage – ont pour fonction première, même si tacite, d’effacer toute trace de l’autre en soi, de boucher toutes les issues par lesquelles il pourrait s’échapper, de le tenir enfermé en son sein comme au fond d’une oubliette médiévale, voire d’un tombeau. Il faut s’assurer toujours de son maintien. Ne pas courir. Au moindre relâchement, l’ombre prisonnière fait éclater les boutons, rouvre les cicatrices, élargit les pores et se glisse, par effraction, hors du corps pour le couvrir de son opacité, de son ambiguïté, le dénoncer à l’attention des passants, gardiens vigilants de l’ordre. Pire encore, profitant d’un faux pas, d’une bousculade, le mâle pourrait s’évader de la carapace féminine pour disparaître, piétiné, englouti par la foule. Escamoté, perdu. Ne laissant que son absence, son manque, son regret.
A humanidade é andrógina. Os sinais de género ostentados – cabelos, peito, pila, barba – mais frequentemente do que se imagina são postiços e constituem apenas uma fachada, um disfarce, uma camuflagem, a fim de que a aparência exterior corresponda ao modelo que a arte e a publicidade têm como tarefa difundir. Todo o homem encerra uma mulher dentro de si e reciprocamente. Presença obscuramente pressentida, parte de sombra. Os cuidados de higiene – sabão, creme, depilação, maquilhagem – têm como função primeira, mesmo que tácita, apagar todo o rasto do outro em nós, tapar todas as saídas pelas quais ele poderia escapar, mantê-lo fechado cá dentro como no fundo de uma masmorra medieval, ou até de um túmulo. É preciso garantir sempre a sua manutenção. Não correr. Ao menor afrouxamento, a sombra prisioneira faz explodir os botões, abre as cicatrizes, alarga os poros e esgueira-se, subrepticiamente, para fora do corpo para o cobrir com a sua opacidade, para o denunciar aos transeuntes, guardiães vigilantes da ordem. Pior ainda, aproveitando um passo em falso, um empurrão, o macho pode evadir-se da carapaça feminina e desaparecer, espezinhado, engolido pela multidão. Escamoteado, perdido. Deixando de si tão-somente a ausência, a falta, a saudade. 33
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Elle n’est pas enceinte. Ce n’est pas un fœtus qu’elle porte dans son ventre. Ce sont des garçons. Déjà grands. Ils sont les hôtes de son corps depuis sa puberté, depuis le jour où elle a dû admettre une différence physiologique pouvant justifier rétrospectivement sa mise à l’écart des jeux de ballon et des bagarres. Ces garçons, installés en son sein et qui ne vieillissent pas, ce sont elle-même, dédoublée, telle qu’elle était ou se rêvait avant. Ils passent leur temps à se vanter, à se défier et à se battre. Ils se portent parfois des coups si violents qu’elle prend leurs horions dans l’estomac. Elle a parfois une fugitive grimace de douleur, comme un tic, mais elle ne se plaint pas. Elle accompagne mentalement leurs combats qui la vengent symboliquement de tant d’humiliations – clins d’yeux, sourires grivois, mains baladeuses, propositions obscènes, mais aussi quolibets, insultes voire gifles – subies depuis qu’elle est devenue femme: elle réduit en imagination ses agresseurs à leur taille de gamins mal élevés et les introduit dans l’arène de ses entrailles. Le temps d’une dérouillée. Petit remède pour petits mâles. Ils en bavent. Après quoi, d’un soupir où le mépris le dispute à la pitié, elle expulse ces vauriens de son corps et de son esprit. Puis retourne à ses «jeux de mains» internes.
Ela não está grávida. O que ela transporta na barriga não é um feto. São rapazes. Já crescidos. São hóspedes do seu corpo desde a puberdade, desde o dia em que teve de admitir uma diferença fisiológica capaz de justificar retrospectivamente o seu afastamento dos jogos de bola e das bulhas. Esses rapazes, instalados no seu seio, que não envelhecem, são ela própria, desdobrada, tal como era ou se sonhava dantes. Passam o tempo a vangloriar-se, a desafiar-se, a lutar. Por vezes os golpes são tão violentos que ela apanha com as pancadas no estômago. Esboça por vezes uma fugidia careta de dor, como que um tique, mas não se queixa. Acompanha mentalmente os combates deles que a vingam simbolicamente de tantas humilhações – piscar de olhos, sorrisos indecorosos, mãos a apalpar, propostas obscenas, mas também bocas, insultos, quando não bofetadas – sofridas desde que ela se tornou mulher: reduz pela imaginação os seus agressores ao tamanho de miúdos malcriados e introdu-los na arena das suas entranhas. Só para eles brigarem um bocadinho. Pequeno remédio para pequenos machos. Apanham no pêlo. Depois, com um suspiro tão cáustico quanto piedoso, escorraça os malandros para fora do corpo e do espírito. E regressa aos seus «jogos de mão» internos. 35
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Comme deux boxeurs sur le ring, les yeux vrillés dans ceux de l’autre, les bras repliés en garde devant la poitrine, ils se mesurent. Ils se tournent autour, veillant à ce qu’un obstacle se dresse toujours entre eux, comme l’épée séparant Tristan et Yseult. Ils accomplissent toutes les tâches ménagères quotidiennes en maintenant leur posture, ne baissant la garde que pour porter une cuillérée de nourriture à la bouche, après s’être assuré que la table est trop large pour que l’autre en profite pour porter un coup bas. Ils n’abandonnent leur attitude défensive – donc menaçante – et ne retrouvent un maintien anodin qu’au moment des adieux provisoires pour se rendre au travail. Mais dès qu’ils rentrent à la maison, sitôt la porte ouverte, ils reprennent instinctivement leur position de combat avant même de savoir si l’autre est déjà arrivé. Ils ôtent, avec leur manteau, lui sa galanterie naturelle, elle sa féminité étudiée. Si bien que de dos on ne saurait les distinguer. Comme s’ils se battaient contre leur propre reflet. Ils dressent les poings comme s’ils maniaient des marionnettes, comme s’ils exposaient l’effigie décapitée de leur adversaire, si bien que leurs silhouettes présentent chacune plusieurs têtes. Car ce combat singulier, Horaces contre Curiaces, engage toute l’humanité.
Como dois lutadores de boxe no ringue, de olhos pregados nos do outro, braços dobrados em posição de defesa frente ao peito, medem-se. Giram em torno um do outro, garantem que há sempre um obstáculo que os separa, como a espada separava Tristão de Isolda. Cumprem todas as tarefas domésticas quotidianas mantendo a sua postura, só largam a atitude de defesa para levar uma colher de comida à boca, depois de se terem certificado de que a mesa é demasiado larga para que o outro possa aproveitar para lhe infligir um golpe baixo. Só abandonam a sua atitude defensiva – logo ameaçadora – e só retomam um modo anódino de estar no momento das despedidas provisórias antes de irem para o trabalho. Mas mal regressam a casa, uma vez fechada a porta, retomam instintivamente a sua posição de combate antes mesmo de saberem se o outro já chegou. Ao tirarem os casacos, despem também ele a sua natural galanteria, ela a sua feminilidade estudada. Pelo que, de costas é impossível distingui-los. Como se lutassem contra o seu próprio reflexo. Erguem os punhos como se manipulassem marionetas, como se expusessem a efígie decapitada do adversário, de modo que as suas silhuetas arvoram várias cabeças. Pois este combate singular, Horácios contra Curiácios, envolve a humanidade inteira. 37
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Homme et femme sont pires que chien et chat. Sauf quand ils sont allongés nus l’un contre l’autre, ils se conduisent littéralement comme des chiffonniers. Ils n’ont pas trouvé de forme moins violente d’exprimer leur amour. La vie n’a pas exaucé tous leurs désirs, ne serait-ce que parce qu’ils en conçoivent de nouveaux plus vite qu’elle ne pourrait les satisfaire, ni réalisé leurs rêves de jeunesse, mais n’est pas parvenue à diminuer leur passion. Elle leur a imposé la socialisation, le respect des convenances, les obligations quotidiennes, les fins de mois difficiles, la monotonie du boulot, la feuille d’impôts, les formulaires, les queues, l’affichage du sourire, l’autocensure, l’hypocrisie, l’envie, la médisance, comme autant de vêtements – maillot, tricot, combinaison, chemise, jaquette, veste, manteau – qu’il leur faut lacérer et déchirer dans l’espoir de se reconnaître sous les lambeaux. Car entre eux s’est insinué le fantôme de leurs chimères, matérialisation molle de leurs frustrations, qu’ils voudraient écarter, assommer, mais qui évite leurs poings, si bien qu’ils finissent par se frapper eux-mêmes, s’assénant gnons et torgnoles, coups et blessures, plaies et bosses, jusqu’à devenir méconnaissables sous les bleus. Éclopés, meurtris, difformes, ils peuvent alors s’embrasser.
Homem e mulher são piores que cão e gato. Excepto quando estão nus e deitados, colados um ao outro, portam-se literalmente como carroceiros. Não encontraram forma menos violenta de exprimir o seu amor. A vida não satisfez todos os seus desejos, quanto mais não seja porque concebem novos desejos mais depressa do que ela jamais poderia satisfazê-los, nem realizou os seus sonhos de juventude, contudo não conseguiu diminuir a sua paixão. Impôs-lhes a socialização, o respeito das conveniências, as obrigações quotidianas, os fins de mês difíceis, a monotonia do emprego, a declaração de impostos, os formulários, as bichas, o sorriso de dentífrico, a auto-censura, a hipocrisia, a inveja, a maledicência, como outras tantas roupagens – camisola interior, camisolão, combinação, camisa, casaquinho, casacão, sobretudo – que precisam de lacerar e rasgar na esperança de se reconhecerem debaixo dos farrapos. Pois entre eles insinuou-se o fantasma das suas quimeras, materialização mole das suas frustrações, que eles gostariam de afastar, aniquilar, mas que consegue evitar os seus punhos, pelo que eles acabam por bater em si mesmos, ao murro e à chapada, com ofensas e lesões, feridas e danos, até se tornarem irreconhecíveis sob as negras. Magoados, mutilados, podem finalmente beijar-se. 39
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La victoire comporte toujours, quand elle ne se confond pas avec, une défaite qu’elle s’efforce de dissimuler. À l’équivocité de sa perception, guère fiable, toujours peu ou prou projective, s’ajoute l’ambiguïté de la signification du geste, qui n’est qu’une traduction, donc une trahison, d’intentions contradictoires, commandé par le réflexe, l’instinct ou la routine plus que par la volonté consciente et délibérée. Lorsqu’elle lève la main en signe de salut pour accueillir son amant, elle ne sait pas elle-même dans quelle mesure la fessée ultérieure n’était pas déjà contenue dans ce mouvement de hisser le bras et écarter les doigts, car le sourire faraud qu’il arborait n’était sans doute que le signal de l’amorce d’une régression, d’une infantilisation déclenchée par la réminiscence d’embrassades maternelles. Et quand elle se relève, à moitié-nue, à moitié rhabillée, elle contemple avec une joie mitigée et trouble l’homme endormi, assommé, knockout, preuve palpable de son triomphe mais simultanément indice de perte future, dans sa raideur de cadavre dont elle n’est pas sûre qu’elle le pleurerait, car la disparition définitive, comparée à la confusion des sentiments lors des séparations, s’avère soulagement. Elle baisse le bras, le relève, repousse l’épaisseur de l’air, nage sans avancer.
A vitória comporta sempre, embora tente dissimulá-la, uma derrota, quando não se confunde mesmo com ela. À equivocidade da sua percepção, pouco fiável, acrescenta-se a ambiguidade do significado do gesto, que é tão-só uma tradução, logo uma traição, de intenções contraditórias, comandada pelo reflexo, o instinto ou a rotina mais do que pela vontade consciente e deliberada. Quando ela levanta a mão em sinal de saudação para acolher o seu amante, não sabe ela própria em que medida a palmada no rabo ulterior não estava já contida naquele movimento de içar o braço e afastar os dedos, pois o sorriso presunçoso que ele arvorava era porventura apenas o sinal do início de uma regressão, de uma infantilização desencadeada pela reminiscência de abraços maternais. E quando se volta a levantar, semi-nua, semi-vestida, ela contempla com uma alegria mitigada e turva o homem adormecido, arrasado, knockout, prova palpável do seu triunfo mas simultaneamente indício de perda futura, na sua rigidez de cadáver pelo qual ela não está certa de que choraria, pois o desaparecimento definitivo, comparado com a confusão de sentimentos aquando das separações, vem a ser alívio. Ela baixa o braço, ergue-o de novo, empurra a espessura do ar, nada sem avançar. 41
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Impatiente, elle s’est préparée, s’est dévêtue lentement et langoureusement, regrettant un peu qu’il ne soit pas là pour assister à son striptease, se caressant, s’excitant, consciente d’être par sa fébrilité l’agent de sa frustration, s’exhortant mentalement au calme tout en priant pour qu’il surgisse, tous ses sens en alerte, à l’écoute, guettant son pas, offerte. L’exaspération même de son émoi a fini par l’épuiser, un mouvement de la tête lui a donné le tournis, un geste du bras a provoqué un vertige, elle a senti le sol glisser sous ses pieds et a dû s’asseoir. Toute sa joie est aussitôt retombée pour faire place à l’inquiétude. Elle regarde sa montre et s’effraie de son retard. Non qu’il soit ponctuel mais un obscur sentiment de culpabilité lui fait établir un lien entre son exaltation précédente et sa solitude présente, comme si son euphorie immotivée avait pu provoquer l’ire des divinités, comme si son allégresse sensuelle avait déclenché, presque par contraste, un malheur. Prise d’un funèbre pressentiment, elle a cherché dans la penderie des vêtements de deuil, une robe noire sans décolleté, sévère. Mais elle n’a pas osé l’enfiler. Elle se tient coite sur sa chaise, perdue, nue, indécente, son ballot d’habits sombres posé sur son giron, comme une petite fille punie pour avoir imité sa maman.
Impaciente, preparou-se, despiu-se lenta e langorosamente, lamentando um pouco que ele não esteja ali para assistir ao seu striptease, acariciando-se, excitando-se, consciente de ser, por essa atitude febril, agente da sua frustração, exortando-se mentalmente à calma e ao mesmo tempo rezando para que ele apareça, com todos os sentidos alerta, à escuta, espiando os passos dele, oferecida. Exasperada pela própria emoção acaba por ficar exausta, um movimento do crânio pôs-lhe a cabeça a andar à roda, um gesto do braço provocou-lhe uma vertigem, sentiu o chão fugir-lhe debaixo dos pés e teve de sentar-se. Toda a sua alegria se desvaneceu e cedeu lugar à inquietude. Olha para o relógio e assusta-se com o atraso dele. Não que ele seja pontual, mas um obscuro sentimento de culpabilidade leva-a a estabelecer uma ligação entre a sua exaltação anterior e a sua presente solidão, como se a euforia sem motivo tivesse causado a ira das divindades, como se a sua alegria sensual tivesse desencadeado, quase por contraste, uma desgraça. Um fúnebre pressentimento apoderou-se dela, procurou no guarda-roupa roupa de luto, um vestido preto sem decote, severo. Mas não se atreveu e enfiá-lo. Ficou muda e queda, sentada na cadeira, perdida, nua, indecente, com o fardo de roupas escuras pousado no regaço, como uma menina castigada por ter imitado a mãe. 43
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Déçue par les hommes, elle a voulu rencontrer le loup. Elle s’est affublée d’un chaperon rouge trop petit pour elle afin d’attirer la bête, comptant sur une mémoire génétique extensible à toute l’espèce. En se regardant dans le miroir, elle a trouvé qu’il la rajeunissait. Elle a disposé une petite collation dans un panier et s’est mise en route en direction de la forêt. Elle a longtemps marché, suivant d’abord le chemin balisé puis, réfléchissant les loups devaient plutôt éviter les pistes fréquentées, coupant à travers bois. Elle a entendu des bruits étranges et irreconnaissables – craquements, cris, grondements, frôlements – mais n’a pas entrevu, malgré son attention aiguisée, même l’ombre d’un animal, à croire que les chasseurs les avaient tous exterminés. On ne peut pas faire confiance aux contes de fée, a-t-elle conclu en rebroussant chemin, avant de constater qu’elle s’était égarée. C’est alors qu’elle a croisé une couple de chiens abandonnés qui ressemblaient plus à des agneaux qu’à des fauves. Elle imagine que, par désœuvrement autant que par habitude, ils auront pu jouer au berger et au mouton, mâchant de l’herbe pour se mettre dans la peau de leur personnage et tromper leur faim, échangeant leurs rôles pour éviter la monotonie, jusqu’à oublier, sinon renier, leur espèce.
Desiludida pelos homens, quis conhecer o lobo. Disfarçou-se com um capuchinho vermelho demasiado pequeno para ela a fim de atrair o bicho, contando com uma memória genética extensível a toda a espécie. Ao mirar-se no espelho, achou que a rejuvenescia. Colocou uma pequena refeição num cesto e pôs-se a caminho em direcção à floresta. Caminhou durante muito tempo, primeiro seguindo o percurso demarcado depois, raciocinando que os lobos deviam evitar as pistas frequentadas, cortando pelos bosques. Ouviu barulhos estranhos e irreconhecíveis – estalidos, gritos, rugidos, sussurros – mas não vislumbrou, apesar da sua atenção aguçada, nem sombra de um animal, como se os caçadores tivessem exterminado toda a bicharada. Não se pode confiar nos contos de fadas, concluiu ela, arrepiando caminho, até que constatou que estava perdida. Foi então que se cruzou com um casal de cães abandonados que se pareciam mais com cordeiros do que com feras. Imagina que, por ociosidade tanto quanto por hábito arreigado, deviam ter brincado ao pastor e à ovelha, ruminando erva para entrarem na pele da personagem e enganar a fome, mudando de papel para evitar a monotonia, até se esquecerem, e não apenas renegarem, a sua espécie. 45
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L’identité est une construction. Complexe, contradictoire, peut-être entièrement fictionnelle mais, à la différence d’une empreinte ou d’un génome, invérifiable, insuffisante et contingente, en pratique superflue. Aussi préfère-t-on s’en tenir à la ressemblance, avec tous les dangers d’erreur inhérents mais également toutes les fulgurances poétiques, du délire interprétatif à la «paranoïa-critique». Procédant, selon la méthode comparatiste, par association. Percevant dans une masse nuageuse une armée en marche ou un troupeau de mouton, prenant les moulins pour des géants aux bras grand ouverts, voyant «très franchement une mosquée à la place d’une usine». Animant toute chose, l’anthropomorphisant. Les amas de rochers se prêtent particulièrement à ce jeu: groupés, ils peuvent évoquer quelque reptile antédiluvien ou un cétacé gigantesque perdu en terre, mais individuellement ils suggèrent souvent des visages ridés ou des corps courbés. Tenant droit par miraculeux équilibre, cet empilement de pierres polies par l’érosion rappelle vaguement une jeune fille pétrifiée en pleine danse, médusée. Pour parfaire l’illusion, un oiseau lui a nidifié une chevelure. Posé dessus, il lui fait une houppe. Trompé, la croyant assoupie, il s’époumone à siffloter pour la remettre en mouvement.
A identidade é uma construção. Complexa, contraditória, talvez inteiramente ficcional mas, ao contrário de uma impressão digital ou de um genoma, inverificável, insuficiente e contingente – na prática, supérflua. É por isso que preferimos contentar-nos com a parecença, com todos os perigos de erro inerentes mas igualmente todas as fulgurações poéticas, do delírio interpretativo ao método crítico-paranóico. Procedendo, consoante a abordagem comparatista, por associação. Vislumbrando na massa nebulosa um exército em marcha ou um rebanho de carneiros, confundindo os moinhos com gigantes de braços abertos, vendo «muito francamente uma mesquita no lugar de uma fábrica». Animando tudo e mais alguma coisa, antropomorfizando. Os amontoados de rochedos prestam-se particularmente a esse jogo: agrupados, podem evocar algum réptil antediluviano ou um cetáceo colossal perdido em terra, mas individualmente sugerem frequentemente caras enrugadas ou corpos curvados. Mantendo-se em pé por milagroso equilíbrio, este monte de pedras polidas pela erosão lembra vagamente uma rapariga petrificada em plena dança, imobilizada pela Medusa. Para completar a ilusão, um pássaro nidificou-lhe uma cabeleira. Pousado, serve-lhe de topete. Julgando-a adormecida, assobia loucamente para que desperte e se ponha em movimento. 47
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Elle ne croit pas à une origine angélique. Elle ne sent pas de démangeaisons aux omoplates, là où ses ancêtres auraient eu, articulées, une paire d’ailes. Simplement, elle est hantée par le vol. Elle a fait de son corps une volière, peuplée d’oiseaux rêvés, oiseaux-lyres et oiseaux-délires, oiseaux de parade et oiseaux de paradis, à moitié colombes et à moitié perroquets, car elle n’a pas fini de les colorer, qui battant des ailes lui chatouillent les entrailles, tentant vainement de se glisser entre les côtes de sa cage thoracique, lui pompant tout l’air des poumons, becquetant dans sa gorge les miettes de ses maigres repas avant qu’elles n’atteignent l’estomac, l’affamant. Elle ne sait comment les libérer. Elle aurait voulu être leur nid, où ils reviendraient périodiquement, pas leur cage. Ils sont craintifs et s’affolent au moindre mouvement, comme si un pas déclenchait un tremblement de terre, un geste de la main soulevait une tempête. Alors elle reste aussi immobile que possible, telle un gisant ou une momie. Paradoxalement, autant qu’elle les tient prisonniers en elle, ayant fait de sa carcasse une oisellerie, ils la tiennent captive, transformant son corps en un sarcophage. En outre, alors qu’elle espérait être habitée par leur chant, elle est seulement assourdie par leurs piaillements.
Ela não acredita numa origem angélica. Não sente comichão nas omoplatas, no lugar onde os antepassados tiveram porventura, um par de asas articuladas. Simplesmente está obcecada pelo voo. Fez do seu corpo uma grande gaiola, povoada por pássaros sonhados, passarolos tolos e passarocos loucos, pássaros de parada e pássaros de paraíso, metade pomba, metade papagaio pois não se cansa de os colorir, pássaros que batendo as asas lhe fazem cócegas nas entranhas, que tentam em vão esgueirar-se por entre as grades da gaiola torácica, que lhe roubam o ar dos pulmões, que lhe bicam a garganta para caçar as migalhas das suas magras refeições antes de elas chegarem ao estômago, esfaimando-a. Ela não sabe como libertá-los. Gostaria de ter sido um ninho a que voltassem regularmente, não uma gaiola. Eles são medrosos e assustam-se com o mais pequeno movimento, como se um passo desencadeasse um terramoto, um gesto da mão uma tempestade. Então fica tão quieta quanto possível, tal uma estátua jacente ou uma múmia. Paradoxalmente, eles são tão prisioneiros do seu esqueleto-gaiola como ela é cativa deles pois fizeram do seu corpo um sarcófago. Além de que esperava ser habitada pelo canto quando apenas se sente ensurdecida pela chilrada. 49
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Ils ont construit une palombière, ont veillé jour et nuit dans la cabane de guet, renouvelant leur appeau quotidiennement, et finalement, quand une bande d’oiseaux migrateurs s’est posée autour du courcaillet, ils ont rabattu leur filet et capturé toute la volée. Ils se sont d’abord réjoui de cette prise inespérée, quasi miraculeuse, qui si le bruit s’en répandait allait exciter l’envie de tous les chasseurs de la région. Justement, les oiseaux piaillaient à pleine gorge et faisaient un tel charivari qu’on devait l’entendre à des lieues. Comment les faire taire? Ils ont couru chercher un sac de grain qu’ils leur ont jeté par poignées. Le remède s’est avéré mortel: les oiseaux, visiblement affamés, happaient les graines au vol puis, ne pouvant calmer leur appétit réveillé, se sont attaqués les uns les autres, se becquetant les yeux tels des rapaces, s’arrachant les plumes, se déchirant les ailes, plus excités par l’odeur du sang que par leur fringale vite calmée. Un véritable carnage, les oiseaux se sont entretués jusqu’au dernier. Elle s’est mise à sangloter, elle qui avait rêvé d’un attelage ailé l’emportant dans les airs, d’un chœur empanaché la berçant de trilles. Pour la consoler, il lui a promis de lui trouver des pinsons et des rossignols apprivoisés. Avant de se détourner du monceau de plumes sanglantes.
Construíram uma palombière, complexa armadilha dos caçadores de pombos-torcazes. Ficaram noite e dia alerta na cabina de vigia, mudando de assobio regularmente e quando finalmente um bando de pássaros de arribação pousou à volta da ave que lhes servia de engodo, baixaram a rede e capturaram toda a revoada. Começaram por regozijar-se com a inesperada captura, quase miraculosa, que iria provocar a inveja de todos os caçadores da região se o rumor corresse. Ora justamente os pássaros piavam loucamente e produziam uma tal chilrada que deviam ser ouvido a milhas dali. Como calá-los? Foram buscar um saco de sementes que lhes lançaram às mãos cheias. O remédio revelou-se mortal: os pássaros, visivelmente esfomeados, apanhavam as sementes em voo e depois, não podendo saciar o apetite, viraram-se uns contra os outros, bicando os olhos como rapaces, arrancando penas, rasgando asas, mais excitados pelo cheiro a sangue do que pela fome entretanto acalmada. Ela desatou a chorar convulsivamente. Ela que sonhara com um coche alado transportando-a pelos ares, envolta num coro emplumado e embalada por trinados... Para a consolar, prometeu-lhe arranjar tentilhões e rouxinóis domesticados. Antes de virar costas ao monte de penas ensanguentadas. 51
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La mort lui a rendu visite. Elle ne l’a pas reconnue d’emblée: elle était habillée presque comme une nonne, d’une longue cape austère et d’un châle lui couvrant la tête, son aspect tenait de la paysanne en grand deuil et de l’immigrée venue de Perse et sa silhouette dégageait indubitablement une impression d’«inquiétante étrangeté» (Unheimliche). D’autant que son visage restait dissimulé dans l’ombre du fichu. Surmontant son malaise et voulant se montrer courtoise, elle lui a ouvert le portail et l’a reçue comme une hôtesse de marque. À sa vue, toutes les volailles de la basse-cour se sont enfuies dans tous les sens en caquetant, couinant et piaillant, comme si elle avait introduit un renard dans le poulailler. Mais la visiteuse, d’un geste cérémonieux, a comme par enchantement rétabli le calme. Sans un mot, l’étrangère l’a embrassée, rassurante, presque maternelle. Ses habits ont glissé à terre tout seuls. Elle a frissonné en se retrouvant nue entre les robustes bras de la camarde, puis a senti sa vie, la part inaccomplie d’elle-même, composée de désirs fous et de rêves impossibles, se détacher d’elle sans heurt, se rassembler en une ombre parfaitement dessinée, presque tangible, pirouetter pour fêter sa libération, avant de s’éloigner en dansant à la recherche d’un nouveau corps.
A morte visitou-a. Ela não a reconheceu logo: a morte estava vestida quase como uma freira, com uma longa capa austera e um xaile que lhe tapava a cabeça – parecia-se com algo entre uma camponesa de luto e uma imigrante vinda da Pérsia, a sua silhueta emanava indubitavelmente uma impressão de «inquietante estranheza» (Unheimliche). Tanto mais que o rosto ficava dissimulado pela sobra do lenço. Ultrapassando a falta de à vontade e desejando mostrar-se cortês, ela abriu-lhe o portão e recebeu-a como uma hóspede de cerimónia. À sua vista, as aves da capoeira fugiram em todas as direcções cacarejando, chiando e piando, como se ela tivesse introduzido uma raposa no galinheiro. Mas a visitante, com um gesto ritual, restabeleceu a calma como que por encantamento. Sem uma palavra, a estranha beijou-a, tranquilizadora, quase maternal. As suas roupas deslizaram até ao chão sem ninguém lhes tocar. Ela estremeceu ao ver-se nua nos braços robustos da ceifeira, depois sentiu a vida, essa parte não cumprida de si mesma, composta de desejos doidos e de sonhos impossíveis, descolar sem o menor choque, juntar-se numa sombra perfeitamente desenhada, quase tangível, fazer uma pirueta para festejar a sua libertação, antes de se afastar dançando em busca de outro corpo. 53
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Elle aime ses poules. Observant leur corpulence, leur démarche, leurs frénétiques battements d’ailes incontrôlés et ridicules, leur appétit insatiable et leur caquètement incessant, elle a renoncé à ses rêves utopiques de vol, honteuse d’avoir compté sur elles pour lui enseigner à décoller, voltiger, fendre les airs, planer, piquer et virevolter, expérimenter la liberté qui ne peut se pratiquer qu’en apesanteur. Elle ne leur en veut pas, elle est plutôt fâchée contre elle-même et son ingénuité. Mais elle n’a pas désisté de son projet d’en faire des stars de la gent ailée, si élégantes et chic que même les perroquets moqueurs et les arrogants paradisiers les envieront. Il faut souffrir pour être beau: elle leur a infligé des exercices quotidiens, comme elle-même a appris pointes, ronds de jambe, pliés, entrechats, pirouette, grand jeté et révérence à l’école de danse. Les volailles ont protesté. Si fort qu’elle a dû leur clore le bec en le ficelant. Elle s’est confectionnée elle-même une casaque bordée de plumes pour les inciter à l’imiter et elle leur fait des démonstrations. Les poulettes, pour ne pas la contrarier ni provoquer rage ou désespoir, acceptent de lui servir d’accessoires, jouer les épaulettes, mais se refusent catégoriquement à copier ses mouvements, dignes du gigotement d’un ver de terre.
Ela gosta das suas galinhas. Observando a corpulência, a postura, os frenéticos bater de asas, descontrolados e ridículos, o apetite insaciável e o cacarejar ininterrupto das suas galinhas, renunciou aos sonhos utópicos de voo, envergonhada por ter contado com elas para lhe ensinar a liberdade que só se pode praticar em lugares sem gravidade. Ela não lhes quer mal, está antes zangada consigo mesma e a sua ingenuidade. Mas não desistiu do seu projecto de fazer da gente emplumada stars tão elegantes e chiques que mesmo os papagaios trocistas e as arrogantes aves do paraíso as invejarão. É preciso sofrer para ser bela: infligiu-lhes exercícios quotidianos como ela própria aprendeu e praticou, pontas, ronds de jambe, pliés, entrechats, piruetas, grand jeté e vénia, na escola de dança. Os galináceos protestaram. Tão intensamente que ela teve de lhes calar o bico amarrando-o com um fio. Confeccionou para si própria um casacão debruado com penas para as incitar a imitá-la e fez-lhes grandes demonstrações. As frangas, para não a contrariar nem provocar raiva ou desespero, aceitam servir-lhe de adereços fazendo de dragonas, mas recusam-se categoricamente a copiar os seus movimentos, dignos das contorções de uma minhoca. 55
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Elle a fait du poulailler un temple, de ses volailles des idoles. Comme ni lui ni elle ne supportent leur caquetage tapageur qui sonne comme un permanent reproche de ne pas assez les choyer – alors qu’ils les gavent de grains, leur lissent les plumes et les font couver dans de la soie –, ils continuent de leur bâillonner le bec, ne les libérant qu’au moment de la becquée, lorsque d’un geste auguste ils distribuent par poignées épluchures, restes de repas, graines de maïs, avoine, pois chiches, et même des vermisseaux achetés chez le fournisseur d’articles de pêche. Si bien que les poules sont obèses et le coq monstrueux, les dépassant presque d’une crête. Les chiens de la ferme ont l’air de poussins quand ils se faufilent entre les pattes des poulardes. Le coq n’est pas un chapon mais sa panse est si volumineuse qu’il écraserait ses poulettes s’il leur montait dessus. Si bien qu’elles ne pondent plus et passent leurs journées à couver le vide. Au fond, leur paresse y trouve son compte et elles ne se plaignent que pour la forme. Avec son sens de l’humour caustique, le coq prétend qu’il s’est fait moine et a fait vœu de silence. Pourtant ils ne sont pas éternels. Faute de descendance, la nouvelle religion s’éteindra naturellement lorsque la dernière volaille crèvera, de congestion ou d’apoplexie.
Ela fez do galinheiro um templo, dos seus galináceos ídolos. Como nem ele nem ela suportam o seu cacarejar barulhento que soa como uma permanente censura por não se sentirem suficientemente mimados – quando na verdade são empanturrados de grão, arvoram plumagens penteadas e chocam ovos em ninho de seda –, continuam a amarra-lhes o bico com fio. Só os libertam no momento em que distribuem, com o gesto augusto do semeador, a comida às mãos cheias: restos de refeições, cascas, grão-de-bico, milho, aveia e até bicha de isco comprada no fornecedor de artigos de pesca. O que faz com que as galinhas sejam obesas e o galo monstruoso, uma crista mais alto do que eles. Os cães da quinta parecem pintainhos quando se esgueiram entre as patas das galinhonas. O galo não é um capão mas possui uma pança tão volumosa que esmagaria as frangas se as montasse. Já não põem ovos e passam os dias a chocar o vazio dos ninhos. No fundo, aquela preguiça até convém às aves de capoeira e elas só se queixam por uma questão de princípio. Com o seu sentido de humor cáustico, o galo afirma que se fez monge com voto de silêncio e tudo. Todavia aqueles deuses não são eternos e, por falta de descendência, a nova religião extinguir-se-á naturalmente na hora em que o derradeiro galináceo se finar, de congestão ou apoplexia. 57
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Les hommes ont tendance à vouloir se montrer meilleurs – plus forts ou plus beaux – qu’ils ne sont. Collectivement aussi. Aussi les peuples se choisissent-ils des mascottes et des symboles animaliers incarnant la puissance, la noblesse, la force et la férocité: dragon, éléphant, cheval, lion, aigle... Or on trouve également le coq, vulgaire volaille dont le moindre furet ne fait qu’une bouchée, parmi les totems élus pour la glorification de diverses nations et clubs sportifs. On attribue à ce volatile les qualités du guerrier – à l’intérieur d’une symbolique phallocratique –: agressivité – combats de coqs –, vigilance – chant à l’aube – et surtout énergie sexuelle – le poulailler est le modèle du harem. On feint d’oublier que dans le monde animal c’est le mâle qui doit se parer, parader et séduire. C’est justement cette part féminine, bariolée, emplumée, prétentieuse et jalouse, qui lui a fait adopter le coq comme fétiche. Ayant appris l’existence d’un coq gigantesque objet de culte dans une ferme au bord de la ruine, elle a acheté la bête quand elle est décédée d’hyperphagie – sauvant les fermiers de la faillite – et l’a fait empailler. Elle s’en sert de trône, de lit, de divan et même de monture. Elle se couche sur son échine et plonge dans le stupre parmi les plumes bigarrées, en chantant «cocorico».
Os homens têm tendência para quererem mostrar-se melhores – mais fortes ou mais belos – do que são. Colectivamente também. É por isso que os povos escolhem mascotes e símbolos animais que encarnam o poder, a nobreza, a força e a ferocidade: dragão, elefante, cavalo, leão, águia... Por entre os totens eleitos para a glorificação de várias nações e clubes desportivos, também achamos o galo, vulgar galináceo que o mais modesto furão devora num abrir e fechar de olhos. Atribuem-se ao dito volátil as qualidades do guerreiro – dentro de uma simbólica falocrática –: agressividade – combates de galos –, vigilância – canto de alvorada – e sobretudo energia sexual – a capoeira é o modelo do harém. Finge-se esquecer que no mundo animal é o macho que tem de se paramentar, fazer parada e provocar. É justamente essa parte feminina, garrida, emplumada, pretensiosa e ciumenta, que lhe fez adoptar o galo como fetiche. Tendo tido conhecimento da existência de um galo gigantesco, objecto de culto numa quinta à beira da ruína, ela comprou o bicho e quando o dito morreu de hiperfagia – salvando os lavradores da ruína – mandou-o embalsamar. Serve-lhe de trono, de cama, de divã e até de cavalgadura. Deita-se sobre a espinha do bicho empalhado e mergulha no estupro entre plumas coloridas, cantando «cocorocó». 59
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Si éphémère et localement circonscrite qu’ait été la religion gallinacée, même après la destruction du temple-poulailler, son écho s’est répandu et ses effets sont allés s’élargissant comme des ronds dans l’eau après le plongeon d’un pavé dans la mare. De nouvelles vocations se sont éveillées, telle la fondation du «Musée de la plume» où sont exposés éventails, boas, colliers, pendentifs et coiffes amérindiennes, mais également plumeaux, plumes d’oie taillées, oreillers et même matelas; telle une école pour oiseaux avec cours de diction pour perroquets et leçons de solfège pour rossignols; tels ces restaurants où le service est assuré par des pingouins, ces ateliers d’ébénisterie pour piverts, ces couveuses pour coucous, etc. Mais surtout ont éclos et grossi envie et jalousie des autres oiseaux à l’égard des poules et, de protestations en réclamations, s’est développé chez la gent ailée un esprit revendicatif pouvant aller de l’exigence d’augmentation du nombre de vermisseaux par becquée à la grève de la ponte. Des milices de rapaces ont été créées pour veiller à la sécurité et au traitement correct des oiseaux plus faibles et les charognards ont remplacé les pigeons dans les jardins publics. Les oiseaux, vivant à terre, protégés et nourris, ont fini par s’auto-domestiquer. Et ont oublié le vol.
Por efémera e localmente circunscrita que tenha sido a religião galinácea, mesmo após a destruição do templo-galinheiro, o seu eco espalhou-se e os seus efeitos foram-se alargando como círculos na água depois do mergulho de uma pedra no charco. Novas vocações despertaram, tal como a fundação do «Museu da pena» onde se encontram expostos leques, boas, brincos e toucados ameríndios, mas também espanadores, plumas de ganso talhadas, almofadas de penas e até colchões; tal como uma escola para pássaros com aulas de dicção para papagaios e lições de solfejo para rouxinóis ou esses restaurantes em que o serviço é assegurado por pinguins, ou essas oficinas de marcenaria para pica-paus, ou essas incubadoras para cucos, etc. Mas sobretudo eclodiram e cresceram invejas e ciúmes das outras aves em relação às galinhas e, de protestos em reclamações, desenvolveu-se no seio dos bichos alados um espírito reivindicativo que podia ir da exigência de aumento do número de vermes por refeição à greve das poedeiras. Milícias de rapaces foram criadas para garantir a segurança e um tratamento correcto dos animais mais fracos e os necrófagos substituíram os pombos nos jardins públicos. As aves que viviam na terra, protegidas e alimentadas, acabaram por se auto-domesticar. E esqueceram o voo. 61
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L’homme défend ses privilèges. Que vaudrait un privilège s’il était commun ou partagé? Ce sont les pauvres qui fabriquent la richesse des nantis, les misérables qui assurent le confort des bourgeois, les esclaves qui entretiennent les illusions des maîtres. Aussi les humains ne supportent-t-ils pas la concurrence. Dès que les oiseaux ont obtenu des droits, à la pitance, aux soins vétérinaires, au chant et au gazouillis nocturnes, des comités de chasseurs ont réagi et, plutôt que protester inutilement – puisque la cause volatile était écologique et humanitaire –, sont passés à l’offensive. Ne pouvant se servir de leurs carabines, trop bruyantes, ils sont revenus aux vieilles méthodes du braconnage, rets, pièges et gluaux. En cape noire et cagoule, gantés pour ne pas laisser d’empreintes, ils consacrent leurs nuits à traquer le «gibier» à plumes, des rapaces aux passereaux en passant par les paons et les échassiers. Impitoyables, ils leur coupent les pattes et les ailes. Les malheureuses bêtes mutilées au matin jonchent les routes et les trottoirs des villes comme après le passage d’un ouragan. Tout juste bonnes à rôtir, par compassion, par hommage. On remet, «pour leur bien», les canaris en cage. Mais on a pris goût au carnage, on passe des volatiles aux étrangers, aux bicots et aux juifs en particulier.
O homem defende os seus privilégios. Que valeria um privilégio se fosse comum ou partilhado? São os pobres que fabricam as riquezas dos abastados, os miseráveis que asseguram o conforto dos burgueses, os escravos que alimentam as ilusões dos amos. Assim, os homens não suportam a concorrência. Mal os pássaros obtiveram direitos – à comida, aos cuidados veterinários, ao canto e ao chilreio nocturnos –, os comités de caçadores reagiram e, em vez de protestarem inutilmente – já que a causa volátil era ecológica e humanitária –, passaram à ofensiva. Como não podiam servir-se das carabinas, demasiado barulhentas, voltaram aos velhos métodos de caça furtiva: redes, armadilhas e viscos. De capa negra e cógula, enluvados para não deixarem impressões digitais, dedicam as suas noites a encurralar as «presas» plumadas, dos rapaces aos pássaros, passando pelos pavões e os pernaltas. Impiedosos, cortam-lhes as patas e as asas. Os desgraçados dos bichos mutilados pela manhã juncam as estradas e as ruas das cidades como depois da passagem de um furacão. Só mesmo para churrasco, por compaixão e em jeito de homenagem. «Para seu bem», os canários voltaram a ser engaiolados. Mas ganhou-se gosto pela carnificina, passou-se das aves para os estrangeiros, os árabes e os judeus em particular. 63
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L’essor et le vol peuvent faire illusion: l’oiseau doit à sa légèreté de s’élever jusqu’à une hauteur relative; en vérité, héritage de ses origines angéliques, il ne sait que choir. L’ont constaté à leurs dépens tous ceux qui, d’Icare à Bessie Coleman, ont voulu jouer les «filles de l’air». Mais la force d’attraction de l’azur de l’empyrée ou du trou noir de la nuit est plus puissante que toute raison. Du ciel descendent nos rêves, sous forme inconsistante de nuages, dont il faut interpréter les contours inconstants et protéiformes, et les oiseaux qui paraphent notre destin sur le firmament avant de se fondre dans l’air. Elle passait ses journées couchée sur le sable, ses nuits allongée sur la terrasse, à contempler la voûte céleste. Magnétisée par l’aimant cosmique, elle repoussait les amants comiques – en son for intérieur, elle appelait le ciel son mari –; et elle brûlait de se métamorphoser en oiseau, comme Procné ou Philomèle. Espérant que l’habit ferait le moineau, elle a amorcé sa transformation sur le mode superficiel, en s’emplumant et en s’empanachant. Mais de la condition volatile elle n’a éprouvé que la cage. Alors elle s’est entraînée au saut sans parachute; d’une branche, de sa terrasse, du faîte du mur. Du haut de la falaise enfin. Et avant de s’écraser au sol, un court instant, elle a volé.
A ascensão e o voo podem criar um efeito de ilusão: a ave deve à sua leveza o elevar-se até a uma altura relativa; na verdade, por herança da sua origem angélica, mais não faz do que cair. Foi o que constataram, à custa das suas próprias vidas, todos os que, de Ícaro a Bessie Coleman, quiseram evadir-se pelos ares. Mas a força de atracção do empíreo azul ou do buraco negro da noite é mais poderosa do que a razão. Do céu descem os nossos sonhos, sob a forma inconsistente de nuvens, das quais há que interpretar os contornos inconstantes e proteiformes, e os pássaros que caligrafam o nosso destino sobre a folha do firmamento antes de se fundirem com o ar. Ela passava os dias deitada na areia, estendida ao comprido no terraço, a contemplar a abóbada celeste. Magnetizada pelo íman cósmico, repelia os amantes cómicos – nas profundezas da mente, chamava pelo céu como por um marido iminente –; e ardia de desejo de se metamorfosear em pássaro, como Procne e Filomela. Esperando que o hábito fizesse o monge, encetou a transformação pelo método superficial, adquirindo o costume de se emplumar. Mas da condição alada só veio a conhecer a gaiola. Então dedicou-se a treinar o salto sem pára-quedas: de um ramo, do terraço, do cimo do muro. Por fim, do alto da falésia. E antes de se esmagar no chão, por curtos instantes, voou. 65
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Les femmes se croient des anges. Aussi ne font-elles généralement, dans la vie de l’homme, que des apparitions. La condition humaine, son ontologie – ce qui mieux que toute apparence physique peut l’apparenter à la divinité à l’image de qui le mythe dit qu’il ait été créé –, plus que par l’erreur ou l’errance (errare), est définie par la solitude. «Un seul être manque et tout est dépeuplé»: le cadre naturel de l’homme est le désert. L’animal humain est essentiellement égoïste et suicidaire: après lui le déluge. Malgré tout l’isolement lui pèse. Il a forgé le concept d’amour comme un exorcisme, une délivrance – contribuant à son insu à faire de la femme une créature idéale – et non pas comme un paravent pour enjoliver la pulsion purement biologique de reproduction – l’homme peut se passer de la femelle pour assouvir, d’Onan donnant, son prurit sexuel, tout comme la femme du mâle. Or «la fonction crée l’organe» et l’invention de l’amour a engendré la conscience du manque. Façonné par la vie en caverne, l’homme a conservé un comportement d’ours – il faut le narcissisme projectif de Psyché ou de Belle pour voir en lui un dieu ou un prince. Lui qui assimile la virilité à la force brutale préfère la balle au bal. Car il danse mal, piétine sa partenaire absente et n’étreint que le vide.
As mulheres julgam-se anjos. Por isso geralmente, na vida de um homem, só fazem aparições. A condição humana, a sua ontologia – aquilo que melhor do que toda a aparência física a pode aproximar da divindade à imagem de quem o mito diz que ele foi criado – mais do que pelo erro ou pela errância (errare), é definida pela solidão. «Um só ser faz falta e tudo está despovoado»: o quadro natural do homem é o deserto. O animal humano é essencialmente egoísta e suicidário: depois dele o dilúvio. Apesar de tudo, o isolamento pesa-lhe. Forjaram-lhe o conceito de amor como um exorcismo, um resgate – que contribui sem ele saber para fazer da mulher uma criatura ideal – e não como um biombo para embelezar a pulsão puramente biológica de reprodução – o homem pode passar sem a mulher para saciar, Onan ou sim, o seu prurido sexual, tal como a mulher sem o macho. Ora «a função cria o órgão» e a invenção do amor engendrou a consciência da falta. Moldado pela vida na caverna, o homem conservou um comportamento de urso – é preciso o narcisismo projectivo de Psique ou de Bela para ver nele um deus ou um príncipe. Ele que assimila a virilidade à força brutal prefere a bala ao baile. Porque dança mal, porque pisa a parceira ausente e só abraça o vazio. 67
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Dieu n’existe pas. La divinité n’est qu’une vacuité, une absence, un manque, un défaut, un vide, une vacance, un ennui. Qu’il a fallu remplir. Le démiurge imaginé – à l’image de l’homme – répète et reflète symboliquement, dans son action – créatrice – et son inaction – repos ou dissolution selon les religions – sa propre gestation. Au commencement était le silence et le désœuvrement. Et le néant. Le créateur était une ombre projetée, une silhouette anthropomorphe découpée dans un pan de nuit, un spectre non-lumineux. Condamné à l’absolue solitude: l’infini est la plus hermétique des prisons – tout comme, rappelle Jorge Luis Borges, le désert est le plus inextricable des labyrinthes. L’étendue à son entour était sans dimension: un cercle dont la circonférence n’était nulle part. Au moins n’y avait-il pas d’angles à arrondir. C’est à force de tourner en rond qu’a surgi l’idée des globes, ou plutôt des ballons: il lui fallait inventer quelque distraction – qu’est-ce qu’un dieu sans divertissement? –, il a fait du cosmos un terrain de sport. Les sphères célestes, selon leur dimension, sont des billes ou des balles avec lesquelles il jongle. Les déviations d’orbite des constellations ne sont que des spins, les trajectoires filantes des comètes des shoots. Sans compter les balles perdues.
Deus não existe. A divindade é tão-só uma vacuidade, uma ausência, uma falta, um defeito, um vazio, uma lacuna, um tédio. Que foi preciso preencher. O demiurgo imaginado – à imagem do homem – repete e reflecte simbolicamente, na sua acção – criadora – e a sua inacção – repouso ou dissolução consoante as religiões – a sua própria gestação. No princípio era o silêncio e o ócio. E o nada. O criador era uma sombra projectada, uma silhueta antropomorfa recortada numa secção de noite, um espectro não luminoso. Condenado à absoluta solidão: o infinito é a mais hermética das prisões – tal como o deserto, lembra Jorge Luís Borges, é o mais inextricável dos labirintos. A extensão em seu redor não tinha dimensão: um círculo cuja circunferência ficava nenhures. Pelo menos não havia arestas a limar até chegar à rotundidade. Foi à custa de girar que surgiu a ideia dos globos, ou antes das bolas: precisava de inventar uma distracção qualquer – o que é um deus sem divertimento? – então fez do cosmos um campo de jogos. As esferas celestes, consoante a sua dimensão, são berlindes ou bolinhas com as quais ele faz malabarismos. Os desvios de órbita das constelações são apenas spins, as trajectórias cadentes dos cometas são shoots. Sem falar das balas perdidas. 69
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Le monde est une hypothèse, soumis au «principe d’incertitude» quantique tant que n’intervient pas l’observation donc l’option – entre onde et corpuscule, position et vitesse –, protéiforme, flottant, inconstant, en perpétuelle mouvance. Ce sont les images et les mots qui le fixent provisoirement. Le monde palpable est un livre. La nature est idéogrammatique, les trajectoires astrales syntactiques, la vie cursive. Encore faut-il le réduire, le comprimer et le coucher sur papier. Tous les textes, même les feuilletons les plus fantaisistes, les romans les plus sentimentaux, ont vocation encyclopédique: ils sont fragments du livre total qui contiendra tous les autres, dont chaque page sera un tome, chaque chapitre une étagère, chaque partie une bibliothèque. Les métamorphoses de la réalité sont causées par des fables qui n’ont pas encore été écrites. D’où une responsabilité insoupçonnée des auteurs, Atlas attelés à une tâche qui les dépasse, qui doivent porter la charge des histoires déjà publiées, le poids virtuel du livre final en cours de rédaction. Il faut traduire, condenser résumer: les récits circulent sous formes diffuses: bouche à oreille et potin, illustration et métaphore, mesure et statistique. Il n’y a de matières que linguistiques. Il s’agit d’en forger la table. À la fin sera le verbe.
O mundo é uma hipótese, submetido ao «princípio da incerteza» quântico enquanto não intervém a observação, logo a opção – entre onda e corpúsculo, posição e velocidade –, proteiforme, flutuante, inconstante, em perpétuo movimento. São as imagens e as palavras que o fixam provisoriamente. O mundo palpável é um livro. A natureza é ideogramática, as trajectórias astrais sintáxicas, a vida cursiva. Mas há que comprimir o mundo, reduzi-lo e fazê-lo caber no papel. Todos os textos, mesmo os folhetins mais fantasistas, os romances mais sentimentais, têm vocação enciclopédica: são fragmentos do livro total que conterá todos os outros, do qual cada página será um tomo, cada capítulo uma prateleira, cada parte uma biblioteca. As metamorfoses da realidade são causadas por fábulas que ainda não foram escritas. Donde uma responsabilidade insuspeitada dos autores, Atlas atrelados a uma tarefa que os ultrapassa, portadores dos fardos de histórias já publicadas que carregam com o peso virtual do livro final cuja redacção se encontra em curso. É preciso traduzir, condensar, resumir: as narrativas circulam sob formas difusas: de boca em boca, por boato e mexerico, ilustração e metáfora, medida e estatística. Só existem matérias linguísticas. Trata-se de forjar justamente a tábua das matérias. E no fim será o verbo. 71
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Après m’être plongé dans l’univers pictural de Carlos Mendonça à l’occasion d’une exposition pour le catalogue de laquelle il m’avait invité à écrire un texte de présentation, j’ai voulu renouveler l’expérience initiée avec JAS pour «après la cognée» d’une écriture engendrée par les dessins. Alors que le rapport entre texte et image est le plus souvent d’illustration, le verbe s’arrogeant la place primordiale, certains sauts poétiques fondamentaux sont issus du renversement de cette hiérarchie paresseuse – de «Gaspard de la nuit», d’Aloysius Bertrand, à partir de gravures de Rembrandt et Callot, premiers «poèmes en prose», jusqu’aux «Constellations», derniers poèmes d’André Breton inspirés par la série de toiles de Joan Miró. La photographie, en cadrant un objet, lui attribue un sens et une unicité; le dessin, en traduisant le monde par des lignes et des couleurs, lui restitue une unité; la syntaxe pose un sujet et le verbe l’inscrit dans une temporalité; chaque texte rejoue la genèse. Mais une telle création, «toujours recommencée», est inséparable du ratage beckettien. Le titre adopté, «Lilith dans la vallée», tente de formuler le programme d’un commencement absolu et simultanément d’une répétition intertextuelle, d’une thaumaturgie illimitée et d’un échec prévisible.
Após o mergulho no universo pictórico de Carlos Mendonça por ocasião de uma exposição para cujo catálogo ele me convidara a escrever um texto de apresentação, quis renovar a experiência iniciada com o JAS com «après la cognée» de uma escrita engendrada pelos desenhos. Embora a relação texto imagem seja as mais das vezes de ilustração, pois o verbo arroga-se o lugar primordial, certos saltos poéticos fundamentais vieram do derrube dessa hierarquia preguiçosa – de «Gaspard de la nuit» de Aloysius Bertrand, a partir das gravuras de Rembrandt e Callot, às «Constellations», últimos poemas de André Breton inspirados pela série de telas de Joan Miró. A fotografia, ao enquadrar um objecto, atribui-lhe um sentido e uma unicidade; o desenho, ao traduzir o mundo por linhas e cores, restitui-.lhe uma unidade; a sintaxe impõe um sujeito e o verbo inscreve-o numa temporalidade; cada texto representa, uma vez mais, a génese. Mas uma criação assim, «ininterruptamente recomeçada», é inseparável do falhanço beckettiano. O título adoptado, «Lilith dans la vallée», tenta formular o programa de um começo absoluto e simultaneamente de uma repetição intertextual, de uma taumaturgia ilimitada e de um fracasso previsível.