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FANTILE
SANTE MATERNELLE ET IN
© Johanna de Tessières / Handicap International
AVENIR ENVISAGER le meilleur ENFANT POUR UNE MAMAN ET SON
www.handicap-international.lu Brochure réalisée avec le soutien de la Direction de la Coopération au développement du Ministère des Affaires étrangères. Les opinions représentées dans cette publication n’engagent que leurs auteurs.
des chiffres accaBlants © Layla Aerts / Handicap International
Si la maternité se veut un moment de joie, grossesse et accouchement sont encore trop souvent synonymes de souffrance, maladie, handicap ou mort.
800 femmes meurent chaque jour de complications liées à leur grossesse ou à l’accouchement.
Pour chaque femme qui meurt en couche, 30 ont des complications qui entraînent des séquelles handicapantes
parfois permanentes.
6,6 millions d’enfants meurent chaque année avant d’avoir cinq ans.
Plus de 83 % de ces victimes vivent en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, et moins de 1 % dans les pays riches.
Un enfant a 50 fois plus de risque de mourir ou de développer un handicap dans certains pays en développement.
Au Burundi, près d’une femme sur 100 décède en
donnant la vie.
En République Démocratique du Congo, un enfant sur six n’atteindra jamais l’âge de 5 ans.
Au Mali, un nouveau-né sur vingt ne passera pas le premier
mois.
Pourtant, entre 50 et peuvent être prévenus !
70 % de ces décès et de ces déficiences
Sources : OMS-Unicef-Handicap International 2010-2013
© Johanna de Tessières / Handicap International
Pour sauver des vies et prévenir le handicap
La santé d’un enfant est étroitement liée à celle de sa mère. Tous les jours à travers le monde, des femmes et des enfants décèdent pendant la grossesse ou à l’accouchement. Parmi les survivants de grossesses ou d’accouchements problématiques, une partie présentera des déficiences motrices, neurologiques ou sensorielles. Les causes de décès ou d’apparition d’un handicap sont identiques : malnutrition, accouchement prématuré ou trop difficile, maladies, mauvaises pratiques d’hygiène, manque d’accès à l’information, de personnel qualifié pour assister les mères, de médicaments... Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), entre 50 et 70 % de ces décès, et de fait des déficiences de l’enfant, pourraient être évités. La prévention peut en grande partie se faire pendant la grossesse, à l’accouchement et durant les premières semaines de vie du bébé. En outre, plus une déficience est détectée tôt, plus sa prise en charge est légère et efficace pour en limiter les conséquences invalidantes. En assurant le suivi de santé de la mère et du bébé de la grossesse aux cinq ans de l’enfant, et en fournissant des soins adaptés si nécessaires, la santé maternelle et infantile permet non seulement de sauver des vies, mais aussi de prévenir les causes de handicap et d’en limiter les conséquences.
© P. Le Folcalvez / Handicap International
une priorité mondiale
Les efforts des Nations unies et du Luxembourg doivent se poursuivre. Parmi les huit Objectifs du Millénaire pour le Développement à atteindre en 2015 pour favoriser le développement des pays du monde entier, deux sont spécifiquement dédiés à la santé maternelle et infantile, à savoir la réduction de deux tiers du taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans, et de trois quarts du taux de mortalité maternelle. Si des progrès évidents ont été observés, ils ne sont pas répartis de manière égale à travers le monde et sont encore très loin d’être atteints dans de nombreux pays. Des efforts plus importants sont donc nécessaires pour atteindre ces objectifs. Par ailleurs, si la santé maternelle et infantile est bel et bien une priorité pour nombre de gouvernements et d’acteurs humanitaires, son lien avec le handicap est encore peu connu, et donc négligé. Handicap International, de par son expertise acquise dans la réadaptation des enfants en situation de handicap, s’efforce, avec ses partenaires et le soutien de la Coopération au développement luxembourgeoise, de combler cette lacune.
© Dieter Telemans / Handicap International
des actions concrètes possiBles
Handicap International, tout comme d’autres acteurs humanitaires, mène des projets pour améliorer la santé des mères et des enfants en s’efforçant de prévenir les causes de décès et de handicap ainsi qu’en permettant aux mamans et aux bébés de survivre et de participer pleinement à la vie de communauté. En fonction de chaque pays et des moyens disponibles, il est possible de mettre en place différentes actions avant, pendant et après la naissance d’un enfant. Pendant la grossesse, l’identification des grossesses à risques, des conseils en nutrition et d’hygiène de vie, ainsi que la distribution de compléments alimentaires peuvent, par exemple, réduire les risques liés à la grossesse et prévenir les malformations chez l’enfant. Fournir un équipement et une formation adéquats au personnel de santé améliore également la prise en charge des complications possibles, ainsi que la détection et la prise en charge rapide de déficiences de la mère et du bébé dès la naissance afin de prévenir des conséquences irréversibles. Chacune de ces activités peut être déclinée à tous les niveaux du système de santé d’un pays, du dispensaire villageois au ministère, en passant par les maternités de référence.
Docteur Christiane Weitzel, pédiatrenéonatologue au Luxembourg et Patrick Le Folcalvez, référent technique réadaptation pour Handicap International partagent leur expérience sur la santé maternelle et infantile, au Luxembourg et dans les pays en développement. Un même sujet dans des contextes différents… Bénédicte Delandmeter-Degeest, chargée de relations publiques pour Handicap International les reçoit : Qu’en est-il du suivi des mamans ? Docteur Weitzel : ‘‘Au Luxembourg, le taux de mortalité néonatale a diminué de plus de la moitié durant les deux dernières décennies, et la mortalité maternelle est devenue très exceptionnelle. Ces progrès sont liés à une meilleure prise en charge des grossesses à risque, à une augmentation des professionnels formés, et à une meilleure approche pluridisciplinaire. Outre des sages-femmes bien formées, un néonatologue est désormais toujours présent avant l’accouchement s’il existe un risque pour le bébé à naître, alors qu’avant 1993, le spécialiste était appelé lorsqu’il était trop tard, car souvent le diagnostic avant la naissance n’était pas posé. Il est important d’avoir la personne la plus compétente présente au moment où l’enfant naît pour pouvoir le prendre en charge le plus rapidement possible.’’ Patrick Le Folcalvez : ‘‘La prise en charge des grossesses à risque et la formation des sages-femmes constituent en effet un des combats de Handicap International. Dans les pays où nous intervenons, les néonatologues sont rares et concentrés dans les grandes villes. La bonne formation des sages-femmes, qui doivent assumer seules tous types de complications, est donc essentielle. Il est également d’autant plus nécessaire d’identifier au plus tôt les grossesses à risques, de manière à les préparer, avant l’accouchement à une référence vers les maternités spécialisées.’’ Qu’en est-il des facteurs de risques pendant et après la grossesse ? Docteur Weitzel : ‘‘Une mauvaise alimentation est un des facteurs de risque important. Au Luxembourg, après un engouement pour le lait en poudre dans les années 70, les femmes sont désormais bien sensibilisées à l’importance d’une alimentation équilibrée pour la future maman, et de l’allaitement maternel pour le bébé.’’
© A. Massolin-Toussaint / Handicap International
regards croisés
Patrick Le Folcalvez : ‘‘Les pays émergents, comme la Chine ou le Vietnam, connaissent justement ce paradoxe : la ‘junk food’ et les laits de substitution y sont désormais accessibles, et ces produits chers sont considérés par les mamans comme une marque de prospérité. Dans les pays les plus pauvres par contre, les femmes n’ont pas le choix, et elles sont confrontées à des carences alimentaires dangereuses.’’ Les disparités culturelles ont-elles un impact sur la situation néonatale ? Patrick Le Folcalvez : ‘‘Les facteurs de risque sont universels, mais peuvent prendre davantage d’importance dans certains contextes, comme le sida, ou l’âge des mères. Au Mali, une maman sur cinq est encore adolescente, avec tous les risques d’accouchement traumatique que cela comporte, alors qu’au Luxembourg seul 0,4 % des mères sont mineures. Il convient d’intégrer ces spécificités dans l’élaboration d’un projet.’’ Docteur Weitzel : ‘‘Dans les pays du Nord, la notion de parentalité prend de plus en plus de sens. Les futurs parents se préparent ensemble pendant la grossesse à la venue de leur enfant. La présence du père à l’accouchement et après favorise ce lien parents-enfant, essentiel au bon développement du bébé. Qu’en est-il dans les pays du Sud ?’’ Patrick Le Folcalvez : ‘‘À cet égard, les coutumes peuvent être un obstacle à la santé maternelle et infantile. Ainsi, dans les sociétés patriarcales, les femmes ne sont pas toujours autorisées par leur mari à se rendre aux consultations prénatales ou aux séances d’information sanitaire. Outre la formation des sages-femmes et autres professionnels de santé, Handicap International sensibilise donc les familles et les communautés.’’ Quelle conclusion pouvons-nous tirer ? Docteur Weitzel : ‘‘Les problématiques entre le Luxembourg et les pays en développement sont globalement les mêmes, mais le niveau de risque est sans commune mesure. Comme l’a démontré le Luxembourg, il est néanmoins possible d’arriver à de grandes avancées avec peu de moyens. Le plus important reste le travail en binôme, voire trinôme entre le personnel de santé (médecin, sagefemme), la mère et les membres de la famille. Il est essentiel d’assurer la meilleure prise en charge possible des mères avec l’acquisition d’une bonne formation du personnel de santé.’’
COMPARONS... Source : OMS Statistiques sanitaires mondiales 2013
Taux de mortalité néonatale en 2011 (pour 1000 naissances vivantes) - RD Congo : 47 / Luxembourg : 1 Taux de mortalité maternelle en 2010 (pour 100.000 naissances vivantes) - Mali : 540 / Luxembourg : 20
© P. Le Folcalvez / Handicap International
focus Mali Au Mali depuis 1996, Handicap International développe divers projets en faveur des personnes en situation de handicap, notamment les enfants, en partenariat avec trente-huit structures de santé et vingt écoles primaires et collèges de trois communes de Bamako et de la commune urbaine de Sikasso. Cent vingt agents de santé, dont la moitié de sages-femmes, ont été formés à la détection des déficiences de l’enfant.
Rencontre avec Bintou
© Bieke Depoorter-Magnum / Handicap International
Bintou, 18 ans, vit à Sissako et est enceinte de jumeaux. Elle doit accoucher dans une semaine. La gynécologue l’a rassurée sur son accouchement lors de l’échographie. Bintou, un peu inquiète, se concentre sur son accouchement. Si chaque bébé pèse plus de 2,5 kilos, il sera considéré comme viable. S’ils naissent prématurés, ils seront gardés dans la seule couveuse du service pédiatrique de l’hôpital. Bintou ne pense pas encore à l’avenir de ses enfants. C’est trop tôt. Atteindre l’âge de cinq ans au Mali, peut être difficile. Dans ce pays, un nouveau-né sur vingt ne survit pas le premier mois. Bintou a déjà vécu deux grossesses. Son premier enfant n’a pas survécu à une maladie. Le deuxième avait dû être expulsé à trois mois, car le bilan complet avait démontré que le foetus n’évoluait pas. Éditeur responsable : M. Lagneau Comité de rédaction : M. Lagneau, P. Le Folcalvez,A. Massolin-Toussaint Réalisation : A. Massolin-Toussaint Traduction allemande : Eurotraduc Impression : Polyprint Tirage : 9.300 exemplaires - novembre 2013 Remerciements : Docteur C. Weitzel, B. Delandmeter-Degeest
Aujourd’hui, tout est différent : Dioulde, la sage-femme veille sur la grossesse de Bintou, ce qui a également créé un lien social très fort entre elles.
Plus d’informations sur :
www.handicap-international.lu Handicap International, 140 rue Adolphe Fischer, L-1521 Luxembourg,Tél. : 42 80 60-1 Ne pas jeter sur la voie publique