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Pierre Thibault

Pierre THIBAULT ..........................................................

PIerre Thibault Architecte, Pr. École d’Architecture de l’Université de Laval Québec

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Répondant : Jérôme Lafond - Architecte, MCF.A. ENSAM, membre HITLab

Pierre Thibault est architecte, diplômé de l’Université Laval, à Québec. En 1988 il fonde l’Atelier Pierre Thibault. Il concilie ponctuellement son activité d’architecte avec celle d’enseignant à l’Université Laval et d’autres universités en Europe et aux États-Unis. Dès les années 1990, il réalise de nombreux projets d’envergure qui le distinguent au niveau international comme le Centre d’exposition de la Baie Saint-Paul (Québec) pour lequel il recevra le prix d’excellence de l’ordre des architectes du Québec. En 1996, il est lauréat du Prix de Rome, attribué par le Conseil des Arts du Canada pour le projet du théâtre de la Dame de Cœur, réalisé en 1995. En parallèle il réalise de nombreux projets résidentiels tels que « la maison noire » ou « la résidence les abouts » sur lesquels l’expérimentation du lieu de vie devient centre de toute réflexion. Les rapports au paysage tout comme au site sont pour lui des modes de conception intrinsèques au processus de projet qu’il s’est créé. Cela se retrouve notamment dans son travail dans la

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relation du bâtiment au site. Hormis l’architecture, Pierre Thibault se consacre à la question de l’occupation des territoires au travers notamment d’installations mettant en scène le rapport entre construction et lieu. Une recherche de mouvement et de dialogue qui se retrouve dans ses projets architecturaux permet l’expérimentation du lieu, sa confrontation au paysage.

Dans les vastes paysages canadiens ou bien au cœur d’une ville, l’installation permet d’établir un laboratoire expérimental entre espace et lieu. On retrouve ce travail en 2016 à l’occasion de l’événement « Passages Insolites » organisé par l’association Exmuro où l’atelier expérimente l’espace public avec son installation « Le banc des neiges » ou encore lors d’installations telles que « Territoires Habités ».

Pierre Thibault

Bonjour tout le monde. Merci Jacques et Élodie pour cette invitation, je reviens à Montpellier toujours avec grand plaisir surtout par une journée comme ça, incroyable, on a le goût d’y rester après les déplacements quand même un peu intenses. Merci tout le monde, on fait un voyage incroyable dans la recherche, toutes les formes de recherche, on voit que l’architecte, avec ses qualités et son énergie, est sous utilisé dans notre société, je pense que c’est formidable tout que ce qu’on a vu aujourd’hui. Alors bravo pour réunir tous ces gens, pour nous montrer cette incroyable diversité, tout en étant dans la recherche. Donc effectivement on a utilisé nous plutôt le terme de recherche création à l’université, le terme nous permet de faire rentrer, si on veut, la conception comme un processus qui peut être reconnu pour des études. Le fait de travailler à différentes échelles à chaque fois, pour moi, c’est vraiment une recherche, ça prend différentes formes. Je vous présente aujourd’hui simplement un seul projet de recherche, qui est arrivé il y a quatre ans je serais venu ici, vous m’auriez parlé que j’allais faire cette recherche-là, j’en avais aucune idée. On appelle ça aussi, je dirais comme un projet qui cherche quelque part et le projet cherche je pense que ça aussi on est habitué dans cette démarche là et ça nous amène à aller plus loin. J’ai fait une petite histoire donc j’ai écrit un livre justement il y a quatre ans qui s’appelle Et si la beauté rendait heureux alors on pourrait y mettre un sous-titre, un processus créatif intéressant nous permettait de créer des meilleurs milieux de vie. J’ai expliqué à différentes échelles le processus de création avec plusieurs projets. On allait dans cinq lieux, j’étais avec un ami journaliste et à la fin on est allé passer quelques jours à Copenhague et entre autres on est allé visiter des écoles et une journée je suis allé visiter une école avec mon collègue puis le soir j’étais au restaurant à prendre un verre après une journée bien remplie, je me suis dit est-ce qu’on a rêvé il me semble que cette école là c’est l’école dont j’aurais rêvé enfant et où j’ai vu aujourd’hui tout le monde avec le sourire, j’avais presque l’impression que c’était comme une colonie de vacances. Il n’y avait pas de clôtures autour de l’école, il y avait des escaliers, on pouvait aller en classe par l’extérieur, par l’intérieur, juste à côté d’un canal, il n’y avait absolument aucune clôture. Je me suis dit, une école, ça peut être ça donc c’est ce que je disais en conclusion de mon livre. J’ai eu l’occasion à la sortie du livre de parler, et puis plusieurs m’ont posé cette question sur l’école mais ce que j’ai dit à ce moment-là c’est que c’est quand même inconcevable qu’une société comme la nôtre ait la même école depuis 50 ans donc je suis retourné voir mon école primaire un demi-siècle entre les deux et elle

n’avait absolument pas changé, tout le monde a changé en 50 ans mais pas l’école donc je pense qu’il y a un travail sur la pédagogie qui est formidable mais c’est comme si on avait dit que l’espace, lui, devait rester rigide. Ce n’est pas possible, aujourd’hui comment veut-on susciter la créativité, la collaboration, l’échange si l’espace n’est pas un élément qui favorise ce rapport au monde ?

Penser l’école de demain

J’ai dit je vais faire le laboratoire comme un lab-ecole.com atelier dans le fond, comme un atelier qu’on fait à l’école et le thème ça va être de repenser l’école parce qu’on se rend compte à quel point l’espace induit des comportements différents. L’espace peut être bienveillant, l’espace peut nous permettre d’être plus attentif et c’est ce que l’expérience de ma vie m’avait donné même dans des simples maisons. J’ai conçu une maison il y a une quinzaine d’années pour des gens qui m’ont dit après quelques temps « mais notre vie a complètement changé depuis qu’on habite ce lieu, on est plus les mêmes personnes » ils avaient habité la maison pendant qu’elle était en construction donc ils ont découvert tout le processus de conception. C’était des gens qui s’intéressaient à l’Art contemporain, ils ont commencé à mettre des œuvres dans ce lieu et tout a changé, même leur collection parce qu’ils se sont dit « le processus est formidable, avant on regardait une œuvre comme le résultat final mais maintenant ce qui nous intéresse c’est la démarche de l’artiste pour arriver à l’œuvre ». Ils ont changé complètement, ils se sont même mis à écrire un livre sur cette collection et la pièce maîtresse de la collection c’était la maison. Ces gens-là ont créé une fondation maintenant qui devient un atelier pour artistes donc ils accueillent des gens pour faire des présentations. Un cinéaste a commencé à s’intéresser à la maison et leur vie est devenue complètement autre chose. Ce projet de fondation c’est aussi pour inviter des enfants à venir voir des artistes qui travaillent, c’est un processus et c’est là qu’on voit l’importance de l’espace, c’est un peu ce que je disais dans le livre, pourquoi on peut le faire pour un individu pourquoi ne pourrait-on pas faire ce type d’espace pour une société, comme ces gens qui ont attendu peut-être 50 ans pour d’une certaine façon s’épanouir davantage, est-ce qu’on ne pourrait pas offrir cet épanouissement et c’est un peu ce qu’on a souhaité faire.

Alors donc l’autre élément qu’on a trouvé important, c’est ce qu’on voit dans les pays scandinaves par exemple, en début de vie on donne des bonnes habitudes et on a une espérance de vie en santé plus longue. Il y avait aussi l’idée de faire en sorte qu’on favorise le fait qu’on bouge davantage et qu’il y ait un lien avec la communauté. L’autre élément qui, chez nous, n’existe pas, c’est l’alimentation donc on fait comme si on ne mangeait pas, il n’y a pas de lieu pour manger dans nos écoles donc j’ai demandé à un cuisinier qui s’implique déjà avec la tablée des chefs de faire partie du projet donc c’était l’idée d’être un peu holistique.

Alors l’idée derrière ça c’est que c’est la première étape, pensez l’école de demain mais on voulait aussi réaliser les écoles et ensuite pouvoir mesurer ce qu’on avait modifié dans le programme de l’école. On a eu la possibilité de faire cette école donc on va véritablement la construire. Donc la démarche sera différente, elle va pouvoir être plus exigeante. On en voulait 7, on a eu 40 demandes donc déjà on était étonné, même le ministère disait qu’il n’était pas sûr que les gens aillent dans un lab. Alors pour chacune des écoles on a souhaité avoir, bien sûr, des parents des élèves, du personnel enseignant, on voulait des gens du quartier donc on a créé pour chacune de ces écoles un comité école. Au niveau de l’échéancier de notre laboratoire, il y a eu la recherche et l’exploration de novembre

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à septembre, j’ai eu de la chance de travailler avec mon collègue Samuel Bernier Lavigne, il a été avec nous pendant plusieurs mois, au moment crucial du début. On a choisi une structure qui est peu fréquente, même chez nous, pour ce laboratoire. Au lieu d’en faire un laboratoire strictement universitaire, on a décidé d’en faire un laboratoire qui était comme une entité autonome donc l’argent est donné à ce laboratoire-là qui a son propre conseil d’administration. À ce moment-là dans notre système nous si on reçoit de l’argent avec le programme universitaire, il y a un très grand pourcentage qui va à l’université alors on a dit on va essayer une autre formule bien sûr la grande majorité des gens qui sont dans le laboratoire sont des étudiants, des jeunes diplômés mais ça nous laissait aussi une plus grande latitude.

J’expliquerai un peu plus la recherche exploration qu’on a fait, on est dans l’accompagnement et la planification parce qu’on a cette école, on a créé les comités école et on a défini pour chacune des écoles des programmes spécifiques donc on en a une à Montréal, une à Québec, une à Gatineau, dans des villages, etc et on a voulu aussi être le plus représentatif possible c’est à dire la moitié de constructions neuves et la moitié de Penser l’école de demain est reconversions d’écoles existantes. disponible sur notre site web au lab-ecole.com

Ensuite nous avons commencé la conception et la construction suivie de l’ouverture et l’évaluation des projets, comme on dit on peut se tromper y a peut-être une école où on aurait mis plus d’emphase sur un des composants et elle n’aura pas eu les retombées escomptées, il y aura une efficience qui va se dégager. La recherche création je l’ai fait comme un prélat dans mon atelier donc avant de concevoir le lab je suis allé voir le directeur que vous connaissez bien, je lui dis que j’aimerais faire comme un prix laboratoire donc j’aurai besoin bien sûr d’étudiants en architecture mais j’aurais aussi besoin d’étudiants en pédagogie pour qu’ils puissent, dans le cadre de l’atelier, être les intervenants. On avait besoin de répondants, de professeurs qui s’intéressent à cette problématique-là. Ils ont créé un cours donc on avait des étudiants en pédagogie et un cours qui était offert pour la formation. On a formé des équipes avec des étudiants pédagogique et des étudiants en architecture et j’ai demandé aussi qu’au lieu d’avoir un simple atelier, d’avoir un double atelier pour avoir aussi une masse critique là et il y avait déjà beaucoup de demandes de la pédagogie donc à ce moment je prends un corpus qui était assez intéressant. Comme dans tout on est allé voir les meilleures pratiques et meilleurs exemples. Des personnes du lab sont allées voir, on a donc documenté des bons exemples et dans le cas de mon propre atelier les étudiants sont allés au Japon pour aller voir aussi des exemples japonais mais c’est incroyable de voir tout ce que 30 étudiants en architecture avec 30 étudiants à pédagogie ont fait en l’espace d’une session.

J’ai dès le départ pris la trame si on veut qui allait servir à porter la recherche dans mon atelier pour voir si elle apportait les résultats escomptés donc on a décidé de diviser l’école en fragments. On s’est dit qu’est-ce que c’est la classe ? Donc les équipes travaillaient sur la classe, quels sont les espaces pour bouger, la cour de récréation c’est un autre élément donc on a découpé, on a voulu comme recréer d’une certaine façon un nouveau dictionnaire même peut-être une encyclopédie parce que pour la classe n’y avait pas simplement une proposition mais il y en avait plusieurs. Alors donc on a décomposé ces fragments : les espace de transition, l’environnement de la classe, l’environnement partagé, les espaces extérieurs. Comme on l’avait fait déjà dans l’atelier, on a gardé cette même méthodologie, on a travaillé

en maquettes donc pour pouvoir bien comparer de la recherche à la création donc on crée à chaque fois à partir des meilleures pratiques. Alors vous en avez plusieurs où on montrait des façons de modifier. Bien sûr il y a eu la visite, comme je le disais tout à l’heure, des écoles à l’étranger, on est allé voir aussi les écoles Recherche : assemblages au Québec, malheureusement, on n’a pas eu

beaucoup de bons exemples. Mise en relation itérative Mise en relation différents fragements de l’école afin de faire ressortir les qualités spatiales et relationnelles

L’agora des saveurs La bibliothèque linéaire Le noyau alimentaire

Les saisons sportives La cour et le préau Autour de la cour

Nous on s’est concentré sur les écoles primaires alors on a organisé aussi des sessions de workshops où on a fait en sorte d’inviter pour l’étude de ces fragments là toute la communauté dont on a parlé tantôt, les élèves étaient là, les professeurs étaient là. Je me rappelais ma classe quand on est un élève de 10 ans et que ça fait déjà 4 ans qu’il est en classe tous les jours, on lui parle de sa classe, il répond instantanément sur ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas. Alors on a vu que rapidement il y a des modèles de classe qui satisfaisaient une grande majorité, il y avait aussi l’idée de les faire coïncider avec les pédagogies innovantes qu’actuellement on essaie d’initier mais qui ne sont pas faciles à initier dans une classe où ni l’espace ni le mobilier ne nous prédisposent à le faire. On a donc, pour comprendre notre processus, fait des capsules qu’on a mis sur le web pour montrer aussi toute la démarche. Tous ces gens-là c’était comme s’ils découvraient complètement un nouvel environnement. Ce qui est important aussi, on a fait la recherche par rapport aux études qui existaient et c’est là qu’on voit qu’on était dans une logique quantitative où on se dit : on a tant de mètres carrés et on a tant d’argent au mètre carré et on ne déroge pas de cette règle même si on sait qu’on offre un espace optimal. On a par exemple une étude qui montre que dans des conditions optimales, on réduit par exemple, le décrochage scolaire d’une façon énorme. Les danois parlent comme si on avait un professeur assistant c’est à dire que tout le monde a de l’espace et est bienveillant ce qui prédispose l’élève à être dans les bonnes conditions et le professeur aussi, donc c’est là qu’on voit que ce n’est pas juste de faire un bâtiment à zéro énergie s’il est zéro agréable on a tout raté. Alors je pense que c’est l’idée de maximiser la capacité attractive de l’école et c’est ce qu’on a vu dans les bons exemples que l’école même souvent ne s’arrête pas à 16 heures où ça devient un hub communautaire ou le soir la fin de semaine c’est tellement agréable que pour bien des enfants c’est le lieu le plus agréable pour eux où ils sont les bienvenus. On a regardé aussi toute la littérature et les études sur le fait de bouger, alors là aussi c’est extrêmement éloquent, les enfants qui bougent sont mieux concentrés et moi c’est ce qui m’a étonné, en faisant la comparaison, en visitant énormément d’écoles avec différents types de pédagogies, c’est comment si on obligeait des enfants de sept ou huit ans à être immobiles pendant six heures dans une journée. Vous imaginez quand vous ouvrez la porte quand c’est fini c’est comme un élastique qui était tendu puis là ils n’en peuvent plus, même aujourd’hui pour nous adultes être pendant six heures ainsi c’est quasiment impossible. Tandis que dans une école avec la pédagogie différenciée, on voit des enfants qui sont sur des citations, d’autres sont en train de lire, un autre fait du jardinage, un qui prépare la nourriture donc les enfants sont dans toutes sortes de positions, il y en a qui sont assis à terre pour faire tout. Alors il y a l’entraide qui est là, on a des espaces de collaboration, on est dans un autre univers complètement. Je suis retourné dans cette école au mois de février j’ai dit au directeur excusez-moi tout me semble parfait est-ce que vous avez préparé tout le monde, il m’a dit venez n’importe quand, en plus l’école n’est même pas fermée n’importe qui peut rentrer dans l’école donc j’y suis retourné, il y a cette même joie de vivre donc avec l’espace mais on a quand même un gradin dehors, à l’intérieur des grandes tables où on peut manger mais qui deviennent des espaces de collaboration en d’autres moments.

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La littérature était aussi pour l’alimentation c’est la même chose selon le type de nourriture que mange les enfants, s’ils ont pris trop de sucre, ils sont surexcités. J’avais trouvé aussi intéressant de voir des élèves de 10 ans qui sortaient de la cuisine, je leur ai demandé mais vous faites quoi dans la cuisine, ils ont répondu « c’est ma semaine cuisine ». C’est à dire pendant cette semaine-là ils sont dégagés pour faire la cuisine à tour de rôle donc un enfant qui arrive à la fin du primaire il est complètement autonome. Ils ont un jardin où ils ont cultivé, ils ont appris que bouger c’est bien pour eux, bien s’alimenter Recherche : fragments c’était bien pour eux. Ce qu’on remarque dans

Exploration des éléments fragmentés ces sociétés là c’est que le budget de la santé et le budget de l’éducation sont les mêmes. Alors Exploration spatiale que chez nous c’est deux fois plus à la santé Questionner les modèles existants et proposer des espaces d’apprentissage qui favorisent l’innovation et la créativité qu’à l’éducation.

L’espace pour manger La circulation autour d’un coeur

La classe Le vestiaire sous le gradin

Le laboratoire a été envahi de maquettes de toutes sortes de propositions et ensuite on a fait aussi la deuxième étape c’était les assemblages. En les faisant on crée aussi des univers différents et comment parfois des combinaisons nous semblaient tout de suite porteuse. C’était assez fascinant de voir l’espace qu’on a appelé l’anti classe donc au centre on a à ce moment-là la serre, la cuisine, les petits gradins donc chaque niveau à la possibilité d’avoir ces espaces qui sont partagés et qui sont aussi reliés à un groupe d’âge parce qu’on a tendance chez nous à faire des écoles trop grandes donc au moins si on les regroupe sur des noyaux comme ça ils ont leurs entrées particulières et ils peuvent cohabiter de façon plus saine.

Alors on a aussi regardé toutes les typologies bien sûr qui existaient. Nous on a qu’un seul modèle depuis 50 ans : on fait un corridor avec des classes de chaque côté sans se poser de questions, c’était celui en terme semblet-il de mètres carrés qui convenait. Alors on a regardé d’autres modèles et c’est ce qu’on a fait aussi avec les écoles donc on se retrouve avec des programmes pour nos écoles avec des diversités de typologie pour montrer qu’il y a des avantages aussi. Dans la campagne, le type pavillonnaire est plus indiqué, en ville le cœur central superposé, et c’est là qu’on voit qu’en s’accompagnant de gens qui n’étaient pas du tout sensibilisés à l’architecture, ils pouvaient avoir des réponses qui étaient très pertinentes à la nécessité de leur communauté.

Tout le travail depuis un an et demi on allait le rendre disponible bien sûr, on fait sept écoles mais il y en a beaucoup à réaménager, on va au moins donner ces recherches, on a reçu de l’argent du ministère d’éducation. Alors sur ces faits la majorité des éditions des étudiants en architecture, plusieurs étaient des étudiants de mon atelier qui sont entrés au lab et on a trouvé une formule pour le laboratoire : les étudiants n’étaient pas là temps plein mais ils pouvaient venir, on avait comme concentré le mardi donc une très longue journée. Le vendredi on pouvait avoir soit des jeunes architectes qui avaient fini et qui étaient dans des agences qui pouvaient venir travailler soit on avait des étudiants de la maîtrise. Ce qui permet d’avoir aussi je dirais une espèce de vitalité et une capacité si on avait voulu demander à une agence de faire autant de maquettes avec le budget qu’on avait on n’y serait pas arrivé mais il y a eu une espèce d’énergie incroyable dans cette dynamique du laboratoire. On a dit il y a douze incontournables pour montrer qu’il y a des éléments qui n’étaient pas là actuellement dans nos écoles. On parle d’abord de l’échelle humaine de l’école on a eu tendance à être trop, je suis allé visiter une école primaire de 1500 enfants c’est impensable et on voulait qu’elle soit ouverte à l’extérieur aussi pour la communauté, on va faire un lieu agréable mais on voulait plutôt l’idée d’une école dans un jardin où le jardin ou le parc doit

être accessible à la communauté. Les autres incontournables c’est qu’on voulait des ambiances intérieures de qualité, on a vu que l’acoustique est épouvantable. Il y a un professeur qui fait les cours de sport qui a intenté une poursuite au gouvernement parce qu’à la fin de sa vie il était devenu sourd mais c’est simplement dû au taux de décibels auquel il était exposé quotidiennement dans son gymnase, il n’y avait aucune surface absorbante. L’autre c’était pour nous des zones de vestiaire fonctionnelles et libérées de circulation, on est dans une contrainte climatique assez grande avec la neige, là ce qui arrive actuellement c’est que les enfants arrivent tout sales, tout mouillés, puis apportent leurs vêtements jusque dans le corridor donc c’est mouillé, le sol est plein de neige qui va fondre, le concierge passe son temps à nettoyer donc par exemple on a dit qu’il fallait laisser les bottes dès l’entrée et mettre des vestiaires et là le corridor peut devenir une ruelle d’apprentissage où les classes vont s’ouvrir sur cette rue, elles vont devenir des lieux de collaboration donc on change complètement la dynamique pour ne plus avoir ces corridors qui sont constamment sales, sans lumière et qui sentent le mouillé. L’autre élément aussi c’était des espaces d’apprentissage innovants intérieur et extérieur qui privilégient le mouvement. C’est drôle parce que quand je suis allé faire ma deuxième visite à l’école à Copenhague, il y avait un petit amphithéâtre et tous les élèves étaient couchés. Je m’approche et je demande au professeur qu’est-ce que font les élèves, le professeur me répond « ils sont entrain de rêver », je demande s’ils rêvent souvent comme ça, il me répond quelques fois par mois et j’ai dit pourquoi vous faites ça, il m’a répondu « c’est formidable il y en a, qui, déjà depuis le début de l’année n’étaient pas capable de s’exprimer en groupe mais quand on leur demande de raconter leurs rêves, ils sont formidables. ». Comme il disait c’est plutôt la façon d’intégrer une connaissance qu’on doit présenter ainsi mais on parlait de créativité et le rêve c’est le monde la création, donc y en a qui n’étaient pas bon pour restituer une matière devant les autres mais pour décrire leur monde intérieur, tout d’un coup ils sont formidables. L’idée aussi du petit amphithéâtre c’est qu’au lieu d’être dans une classe, un enfant qui pouvait plutôt passer pour le cancre tout d’un coup devient à l’inverse celui qui captive l’attention de tous ses collègues. C’est intéressant de voir que de changer l’enfant, de le mettre dans différentes conditions permet de révéler des qualités. L’autre c’était avoir des espaces polyvalents et flexibles à toutes les échelles. Ce qu’on voyait c’est qu’à un moment donné l’enfant avait besoin d’aller lire, et il pourra aller lire dans une petite alcôve, dans un mobilier où il va voir dehors, où on aurait mis des matériaux absorbants. On a remarqué qu’un enfant il est exposé partout à des mouvements incessants, des bruits, c’est quand même difficile de penser puis certains enfants ont des problématiques avec ça. On a mis en place aussi l’accessibilité à l’alimentation locale et de qualité qui encourage l’adoption de saines habitudes de vie, on sait que plutôt que de prendre des friandises ou des bonbons, une pomme ou une fraise c’est meilleur donc ils intègrent déjà ces éléments-là. Comme j’ai dit tout à l’heure ce gradin aussi qui devient un peu comme l’agora, la place publique où le matin quand les parents déposent leurs enfants il y a une place où aller comme sur la place du village. Alors l’idée aussi on n’avait pas de cuisine donc un espace de cuisine et de faire en sorte que dans la pédagogie les cours de cuisine soient intégrés pour aussi faire des mathématiques, des fractions mais d’une autre façon donc on intègre la cuisine aussi comme un jeu. Chose étonnante à un moment donné j’ai vu des enfants qui passaient le balai, ils ont leur tour aussi pour faire une partie de l’entretien donc ils n’ont pas le réflexe de tout jeter par terre. Et puis comme je dis tantôt investir dans les nouveaux espaces donc on a trois mètres carrés supplémentaires intérieur plus un mètre carré d’extérieur avec les élèves, effectivement intégrer l’environnement extérieur c’est important, de faire en sorte que ça devienne vraiment un extérieur donc c’est une extension de l’école et c’est des espaces qui dans le fond coûtent presque rien par rapport à l’espace interne, on n’a pas à les chauffer mais des

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études ont montré aussi que des enfants qui sont proches de la nature sont moins insécures et moins malades alors c’est énormément d’impact.

Bien sûr nous avons dû réviser les paramètres actuels. Le programme architectural du ministère c’était tant de mètre carré avec tant d’élèves donc on a ajouté les nouvelles composantes bouger, collaborer, manger, nature, jouer et apprendre. Vous voyez ce que peuvent être les espaces extérieurs, espaces intérieurs donc on a refait un nouveau programme, ce qu’on propose ici c’est que le programme est un élément qualitatif on ne se met pas à mesurer des mètres carrés, on regarde globalement et c’est là qu’on est arrivé avec nos mètres carrés additionnels pour une salle de repos, salle de collaboration, espace de concentration, le gradin, l’espace pour dîner, les ateliers, classes extérieurs, donc tous les éléments qui sont venus s’ajouter au programme. Grands principes Lab-École

Bouger Collaborer Manger

Nature Jouer Apprendre

La maquette est un outil qui est très facile pour la consultation, sur une maquette les gens peuvent se concentrer un bon moment alors que sur un écran ce n’est pas facile. Sur une maquette, ils vont voir eux-mêmes d’un projet à l’autre. La majorité des écoles vont aller en concours donc on a changé le programme il y en a une qui va être fait à l’intérieur du lab et les autres on va faire des concours d’architecture. On ne pensait pas que ça allait prendre autant de temps à convaincre nos instances de faire des concours parce qu’il n’y a jamais eu de concours d’architecture pour des écoles. Je pense que la formation d’architecte est assez exceptionnelle, cette idée de travailler en équipe, d’imaginer des choses c’est pour ça que je dis dans le cadre même d’un atelier d’école on a poussé légèrement plus loin ce travail. C’est pour ça que je me dis qu’on a cette capacité de mobiliser aussi avec des outils qui permettent aux gens de bien comprendre le travail, la valeur ajoutée qu’on veut donner à leur milieu de vie alors là les gens nous disent maintenant quand est-ce qu’on aurait ça aussi pour les maisons, les centres jeunesse pour les enfants ou les hôpitaux …

J’espère que toutes les prochaines étapes seront concluantes. On démontrera, je pense, la valeur ajoutée de la création et de ce qu’on appelle la recherche création parce que bien sûr on a créé tous ces éléments à partir des meilleures pratiques. Merci.

Jérôme Lafond

Merci c’est une belle leçon architecturale certes mais une leçon de vie aussi qu’on apprécie toujours. En tout cas penser l’école de demain c’est aussi l’idée que la recherche création peut fonctionner aussi là-dessus. J’ai bien aimé l’idée de la recherche comme processus et donc comme résultat, en fait ce qui est intéressant c’est de discuter et être en groupe, de visionner des choses, faire participer les étudiants ou les jeunes architectes à un projet qui est un peu plus partageable et partageable aussi par les usagers du lieu qui va être entre guillemets habité au sens large du terme.

L’idée aussi qu’on peut aller chercher dans d’autres pays des résonances pour nos manques à nous, vous avez dit ça fait 50 ans qu’on n’a pas changé parce que je pense que ça fait 50 ans qu’on reste sur des acquis qu’on pense très bon mais dans la question de la recherche c’est aussi d’aller chercher ailleurs notre manque et ne pas avoir peur justement de se prendre dans la tête l’idée qu’on a eu un grand manquements et il faut rebondir justement et avancer sur ces

choses-là l’idée du processus partageable pour renseigner les usagers sur son lieu de vie c’est quand même déjà une école. Renouer le désir du lieu par l’usager c’est à dire on peut réinventer. Avec la question de la maison, ces habitants ont changé parce que ils ont changé de lieu de vie alors ils ont changé eux-mêmes intrinsèquement donc ils ont une autre vision des choses et donc ça je trouve que l’architecture c’est l’un des seuls modèle de société qui peut arriver à faire ça, c’est un moyen de changer même intérieurement et puis interpeller le bon sens je pense que là on a bien compris, il y a des fois on est face à une absurdité et il suffit juste de réinterroger le bon sens profond.

Je trouve que tout ce travail est très intéressant on va se ruer pour acheter les livres c’est certain. J’ai juste une petite question par rapport à l’opérationnalité qui va venir bien évidemment il y a eu ce lab qui a fabriqué énormément d’émulsion intellectuelle et puis de résolution des problèmes, ces résolutions des problèmes là vont passer justement dans une opérationnalité qui va porter le projet ? C’est le laboratoire ? C’est Pierre Thibault ? C’est le gouvernement ?

Pierre Thibault

On va choisir dans un concours les projets mais on va aussi continuer à accompagner pendant le processus pour s’assurer que les éléments importants ne sont pas perdus en cours, on veut être là pendant la construction et on a donc aussi à l’intérieur du laboratoire des gens qui sont capables aussi de challenger les professionnels qui sont sur l’équipe, on voudrait effectivement avoir des écoles zéro énergie qui à un moment donné poussent tous les éléments programmatiques. C’est à dire quand on a un budget pour l’école il y a une portion qui va à l’architecture, une portion qui va à la structure, une portion qui va à la mécanique donc on veut être un peu l’arbitre de ça. Il y en a qui ont eu plus d’argent pour faire des écoles mais l’école était climatisée mais s’ils avaient fait de la ventilation naturelle ça aurait été plus efficient au niveau l’énergie donc à ce moment-là on veut rester.

C’est sûr qu’on va déjà choisir et on a pris une formule de concours qui est très peu utilisée chez nous c’est dire qui est en deux étapes : la première étape est anonyme et tous peuvent participer donc on aura déjà j’imagine eu un grand nombre de propositions et la deuxième étape on va ramener à quatre équipes qui elles seront rémunérées et on s’organise pour avoir un jury représentatif et les prestations des concurrents vont se faire devant la communauté parce qu’il y a un côté pédagogique, qu’on puisse expliquer pourquoi on a choisi telle proposition pour la communauté. Il y a toute une dimension pédagogique avec la présentation de ces projets là et l’autre vous l’avez dit je pense qu’à terme si on offre des espaces publics de grande qualité, l’enfant dès son jeune âge va être exposé à ça mais il va être un demandeur par la suite c’est à dire qu’il aura vécu dans un espace attractif et qui lui aura permis de développer son plein potentiel donc c’est sûr qu’actuellement c’est presque un modèle carcéral d’école, une plaque en asphalte, on a même une clôture qui, comme celle des prisons, est autour de l’école. A ce moment-là c’est comme si l’espace te maltraitait déjà. Je me rappelle quand ma mère m’a laissé à l’école primaire j’étais le premier de la famille j’ai vu ça et je me suis dit qu’est-ce qu’on fait ici ? La clôture, on te laisse là et puis il n’y a rien et

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tu pars d’un milieu un peu plus douillet mais c’est ça l’espace public donc le message est très péjoratif. En revanche si on arrive dans une belle colonie avec plein d’espace pour développer sa motricité je pense que ça aura aussi un effet bénéfique, on le voit dans les sociétés qui ont initié ça, les gens, même non architectes, ont compris que ça avait un effet positif sur leur vie.

Florence Sarano

Merci beaucoup pour cette présentation moi je n’ai pas une question, j’en ai trois. La première c’est que finalement l’école c’est le temps de la constitution de l’individu même si c’est tout au long de la vie mais enfin c’est quand même le point de départ et finalement est-ce ce que vous revendiquez d’une part et est-ce que vous l’avez dit à vos partenaires que l’architecture participe à cette constitution de l’individu ?

Pierre Thibault

Ça continue ce qu’on a discuté un peu ce midi effectivement l’espace est comme un révélateur de ce que nous sommes, donc l’espace comme je l’appelle : bienveillant et c’est comme s’il nous permettait aussi un regard à l’intérieur, donc je pense qu’à ce moment-là aussi ça permet de se développer. Et si l’enfant a un espace de tranquillité quand il veut se concentrer et une table quand il veut collaborer. Parce que l’école avant ce qu’elle faisait c’est qu’elle favorisait les enfants qui avait une rapidité à mémoriser puis pas nécessairement à créer mais à redonner ce qu’on leur avait donné donc c’était le principe de l’éponge, on remplissait l’éponge et après ça rien tandis qu’on sait que dans la vie ce n’est pas ça. Pour ça mes collègues je les ai amenés dans certains des projets que j’ai faits et c’est là qu’on voit que ça a un effet opérant c’est-à-dire que les gens ressentent quelque chose il y a un bienêtre quasi instantané qui fait qu’on franchit le seuil. J’ai fait un monastère il y a quelques années et j’ai eu plusieurs personnes qui m’ont dit mais c’est une communauté de moines qui bénéficie d’un espace aussi apaisant qui favorise la contemplation et tout mais si on pouvait offrir un espace comme ça aux enfants si on pouvait leur donner ce type de lieu donc je crois que ce message a bien passé.

Florence Sarano

Je dirais qu’en plus par rapport à des adultes c’est le moment où ils mesurent les limites de leur mouvement etc et la dimension communautaire aussi entre eux et donc c’est l’apprentissage de l’espace mais c’est aussi l’apprentissage de tout ça quoi.

Pierre Thibault

Et c’est là qu’on comprend qu’on a des habiletés dans certains domaines et en plus c’est valorisant aussi donc c’est pour ça que je dis on prend l’exemple des finlandais chez qui tout le primaire il n’y a aucune notation, les enfants ne sont pas comparés. Moi j’allais à l’école en première année, c’était la remise des travaux et tout le monde va chercher

son rendu, dès le départ t’es foutu, comme si t’étais nul. Tandis que l’autre il participe, il est bon dans telle chose donc on essaie plutôt d’aller chercher ces deux approches de dire tu es peut-être moins bon dans ça mais tu es bon dans autre chose, on ne te ridiculisera pas devant tout le monde pour un élément ou peutêtre t’es supérieur dans un autre domaine mais l’enfant se sent diminué en commençant l’école. L’école avait cette capacité de casser déjà une grande partie des jeunes alors qu’on doit les construire, c’est ça que je trouve intéressant avec les nouvelles pédagogies. C’est cette collaboration qui s’installe. Quelqu’un qui est un peu moins bon en maths on l’aide, au lieu de favoriser la compétition on instaure un mode de collaboration mais s’il n’y a pas de lieu pour collaborer ça va mal tu peux juste parler à celui qui est en arrière, on ne peut pas parler longtemps, on ne peut pas développer la collaboration, alors que si tu es autour d’une table ronde c’est facile tu peux échanger des éléments.

Florence Sarano

C’était un peu ma deuxième question c’est de quelle manière, finalement, les pédagogies alternatives Montessori ou d’autres avaient une influence sur votre travail.

Pierre Thibault

Je suis allé aller voir Steiner, Montessori et donc dans les visites d’écoles j’ai vu des choses formidables donc il y en a qui avaient réussi, dans une école existante, dans le quartier les plus défavorisé de Montréal, a créé une dynamique un incroyable c’est à dire qu’ils y avaient organisé un parascolaire extrêmement élaboré. C’était les parents qui venaient donner des ateliers aux enfants, les enfants avaient fait un film, un festival et ils présentaient le projet. Donc de réussir à ce que la communauté aussi par des activités offre la possibilité aux enfants de se développer. Alors j’étais dans un quartier le plus défavorisé une forte immigration je pense qu’il y avait dans l’école 52 nationalités mais tu voyais des enfants allumés, on leur avait montré qu’ils avaient un potentiel incroyable donc on voit l’effet même dans des milieux où la famille ne peut pas apporter cet accompagnement. Ils avaient instauré ce qu’ils appellent la pédagogie différenciée chaque enfant donc à son rythme et on le suit on bonifie dans les manques mais il faut voir un enfant de dix ans qui te parle qu’il a fait son film, il est fier.

Question

Bonjour, merci pour votre présentation. J’ai eu le sentiment que vous retrouviez ce que l’on fait en santé publique c’est de travailler sur des environnements de vie favorables à la santé et je me demandais de quelle façon vous vous étiez rapproché, d’abord d’une évaluation d’impact santé sur des enfants et ensuite de l’institut national de santé publique du Québec, qui travaille beaucoup sur ces problèmes là et je crois que vous vous êtes rapproché de la pédagogie vous pourriez aussi vous rapprocher de l’INSPQ.

Pierre Thibault

On a créé pour chacun des lab des comités conseils il y avait des gens pour ce qui est de bouger, de la santé donc on a trois comités conseils. Pour les comités école on a ratissé large, on est allé voir où était l’expertise, où était l’innovation dans tous les domaines.

Clara Mejia

Je voulais avant tout vous remercier et vous féliciter vous avez présenté un travail qui est émouvant moi je veux dire ça montre vraiment une possibilité de pratique de la recherche dans l’architecture qui peut servir la société qui peut vraiment contribuer à faire avancer la discipline et puis depuis une grande générosité. Je voulais simplement vous demandez parce je n’ai pas bien compris peut-être ces comités écoles desquels vous parlez ils analysent chacun des sept cas d’écoles qui ont été élus sujet d’étude ?

HITLab & Métropoles du Sud

Pierre Thibault

Pour chacun on avait nous ce qu’on appelle les chantiers de l’environnement physique l’alimentation et les saines attitudes de vie il y avait un comité conseil qui était là pour guider, faire le recensement des études des bonnes pratiques et ensuite on a pour chacune des écoles un comité école mais comme les écoles sont partout à travers le Québec on a pris un comité école qui sur place. On a dû faire des changements, avant le directeur n’était pas nommé donc on a dit le directeur qui va diriger cette école-là faut qu’il participe à la conception qu’il choisisse la proposition de concours qu’il y ait des parents, des élèves et des professeurs.

Mais ce qu’on fait c’est que périodiquement on rassemble tous ces comités école pour faire état et chacun des comités école a présenté à l’ensemble des comités quelle typologie il avait choisi, quel était leur programme, quels étaient les éléments spécifiques, donc ça crée aussi une espèce de communauté pour être sûr d’une certaine façon qu’il n’y ait pas des choses qui nous échappe donc nous on est allé aussi y assister, on a fait des présentations publiques à la communauté pour expliquer, par exemple à Gatineau où on a une communauté amérindiens donc 30% des élèves sont de la communauté amérindienne, la communauté dit nous on veut passer plus de temps à l’extérieur, on veut plus de classe extérieur donc on modulait aussi un peu en fonction aussi des demandes des parents mais c’étaient des choses qui ne s’était jamais fait de dire à toute la communauté venez on va vous expliquer où on en est et on va continuer à vous présenter ce vers quoi l’école se dirige.

C’est là qu’on voit pour un investissement imaginer de 2 milliards on a cette démarche-là qui va couter en fait presque rien pour avoir permis l’implication de ces communautés là pour bien définir le programme qui avait été inchangé donc je pense que c’est un processus qui n’est pas parfait, on se rend compte du fait que dans des communautés c’est plus facile que d’autres mais je pense que sur l’ensemble on va arriver des résultats qui bien au-delà de ce qu’on a actuellement.

Clara Mejia

Donc c’est par le biais de ces conversations que vous avez par exemple réussi à convaincre ces personnes dans la municipalité qui disaient que sa meilleure école était celle qui était avec le terrain dallé ?

Pierre Thibault

On a fait des journées pour présenter par exemple des projets de voyage qu’on a fait, on a permis à tous ces comités écoles de venir et on a présenté toutes les écoles intéressantes qu’on avait et on a même demandé est-ce qu’il y en a qui ont dans leur communauté une école qui auraient des composantes intéressantes aussi. Presque toutes les composantes existaient mais elles n’ont jamais été réunies dans une seule école. Parfois des parents s’étaient mobilisés pour pouvoir faire un potager mais c’était des efforts communautaires individuels. C’est donc pour ça qu’on a permis à tous ces comités d’accéder à un cours je dirais accéléré d’architecture. Et les parents étaient dans la salle et demandaient quand est-ce qu’ils pourraient aller voir cette école, il y avait déjà un engouement, c’est des écoles publiques elles sont gratuites et il n’y aura pas de sélection.

Question

Merci aussi pour votre présentation, au niveau du budget vous disiez qu’il fallait 33% de plus d’espace pour les aménagements. Est-ce que vous évaluer la différence de coût entre l’école traditionnelle et celle que vous proposez ?

Pierre Thibault

C’est sûr que des gens me disent 33% plus grand 33% plus cher. Nous on a annoncé ça, les gens disaient non mais ça ne passera pas ça, donc on fait une conférence de presse pour présenter le projet et imaginer à cause de ça j’ai eu une audience du premier ministre qui était là donc je suis allé lui présenter ce qu’on faisait et

c’est là on voit que cette publication lui a été acheminée il a trouvé quand même que c’était sérieux. Alors je pense que quand on fait une démarche qui est sérieuse c’est difficile de dire non, je lui ai dit vous n’aurez pas à faire 33% dans toutes les écoles demain matin mais à un moment donné il faut commencer. Vous imaginez l’effort que ça aurait demandé pour quelqu’un qui aurait été de l’interne. On s’est rendu compte que les médias étaient avec nous, c’est passé à la télévision partout donc c’est ça a eu comme un effet mobilisateur. On se dit qu’on est quand même société riche pourquoi se satisfaire de si peu. Le lab était à cheval sur la dernière campagne le nouveau premier ministre a annoncé qu’ils voulaient les plus belles écoles au monde. On voit que quand on a une démarche structurée et pertinente on finit par rejoindre même ceux qui ont à prendre des décisions.

Je ne peux pas décider moi d’augmenter de 33% les budgets de la construction mais je peux montrer les avantages à le faire, bien sûr c’est à eux de choisir, je n’ai pas ce pouvoir mais c’est là qu’on voit quand même qu’on a un pouvoir de conviction qui est parfois plus grand qu’on le croit. Merci

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