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Synthèse Séminaire Scientifique

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Pierre Thibault

Pierre Thibault

Synthèse Séminaire Scientifique .......................................................... Laurent Duport - Architecte, MCF. ENSAM, Membre du conseil HITLab Jérôme Lafond - Architecte, MCF.A. ENSAM, Membre HITLab

Laurent Duport Architecte, MCF. ENSAM, Membre du conseil HITLab

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Jérôme Lafond Architecte, MCF.A. ENSAM, Membre HITLab

Laurent Duport

Je pense que nous avons eu beaucoup de chance pendant ces deux jours qui ont été vraiment très intenses, productifs, collaboratifs et il me semble que des journées comme ça vont rester dans les mémoires. Nous avons eu aussi beaucoup de chance car en introduction du séminaire scientifique d’hier, nous avons accueilli l’adjointe à la cheffe du Bureau de la Recherche Architecturale Urbaine et Paysagère du Ministère de la Culture. Il paraît que, par exemple en Espagne, ce serait totalement inenvisageable dans un symposium d’avoir une personne représentante du Ministère donc je pense que nous avons eu pas mal de chance. Valérie Wathier nous a parlé de la place des doctorants dans les écoles d’architecture et des fameux 100 contrats CIFRE. Je rappelle que ces contrats sont les Conventions Industrielles de Formation par la Recherche. Ce but des 100 contrats CIFRE n’est pas tout à fait atteint aujourd’hui mais à l’avenir l’objectif le sera par un certain nombre d’actions. Pour une meilleure

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connaissance de ce dispositif le Ministère diffuse largement auprès des différents partenaires, ce contrat entre une entreprise, un doctorant et un laboratoire de recherche qui encadre la thèse. D’autres dispositifs ont été mis en place par le Ministère de la Culture, notamment les chaires partenariales et je pense que ça peut faire écho à la dernière intervention de Pierre Thibaut, dans un cas de figure étranger, son expertise pourrait faire aussi l’objet d’une chaire partenariale. Après avoir évoqué la stratégie nationale pour l’architecture, Valérie Wathier a précisé la stratégie nationale de la recherche, avec la volonté affichée de développer une recherche architecturale mieux adaptée aux dimensions sociétales. Puis c’est au tour de Clara Mejia de nous exposer sa vision de la pratique de la recherche en architecture présentant un cas : celui de l’Université Polytechnique de Valence, non sans avoir préalablement posé quelques questions essentielles qui étaient pour elle un prétexte

à la discussion. En voici quelques-unes qui seront, comme vous le verrez finalement, le fil rouge de ces deux journées sur la question de la pratique et de la recherche en architecture. Pourquoi faire de la recherche en architecture ? À quoi sert-elle ? Quels sont ses objectifs ? Quels sont ces acteurs ? Quelle en est son origine ? Comment est évaluée sa qualité ? Et quelles sont les conditions qui font qu’un travail d’architecte est susceptible d’être considéré comme une recherche ? À l’Université de Valence, des structures de recherche sont organisées selon s’il y a une recherche avec les départements universitaires, les groupes de recherche, une école doctorale, des instituts et des centres de recherche et une autre branche dénommée innovation avec les « startups » et les « spin off ». Il y a trois manières aussi d’aborder la recherche à l’Université de Valence. Il y a la question du « projet et mémoire », « projet et action » qui s’apparente à la recherche action avec les thématiques techniques de production de recherche de qualité, et « projet et innovation » qui s’oriente vers une recherche sur les questions vraiment essentielles. On voit qu’il y a aussi des correspondances avec tout ce dont on a parlé pendant les deux jours. S’en est suivi une présentation d’Eneko Uranga sur son parcours à l’université de San Sebastian. La démonstration a été faite par Eneko, qu’il faut du temps pour faire de la recherche et ce temps il faut le trouver à la fois dans un parcours, dans une formation, mais aussi dans une pratique et que ce n’est pas toujours évident pour pouvoir s’orienter l’esprit vers la recherche en architecture.

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Donc s’en est suivie la table ronde avec l’émergence d’autres questions, notamment le paradoxe de la formation par le projet qui produit du projet et donc de son évaluation au titre de la recherche : quelles sont les

exigences, les mécanismes de contrôle, la place de la conception dans le projet et dans la recherche ? Il est nécessaire de connaître de nombreux champs. Il s’agit non seulement d’aborder celui de l’architecture mais aussi les défis sociétaux, de trouver des espaces, des territoires d’expérimentation de la recherche en relation avec la société mais aussi l’architecture comme point de rencontre entre les arts et la science. Ce qui nous mène assez intuitivement à la question de la deuxième table ronde qui porte sur la place de la recherche dans la pratique. À cette question Christophe Boyadjian, un enseignant de l’école d’architecture de Lyon, nous expose comment apprendre des situations et notamment à travers des exemples comme celui de l’International Building Exhibition (IBA) de Berlin. Les réalisations sont convoquées dans un temps d’environ 10 ans, c’est un temps qui est programmé, insufflé, durant lequel on a le temps de fabriquer les choses. Dans ces 10 ans on a le temps de se tromper, il y a le temps aussi de pouvoir produire des choses et que cela se concrétise. Et l’on voit aussi que les conditions de la recherche sont liées étroitement à la pratique avec la mise en place de dispositifs. Ces dispositifs, Christophe Boyadjian, nous les présentent avec des projets et des notions d’entrelacement, d’exploration des échelles, de complexité, d’inventions qui correspondent à la pluralité des services de création, on fait appel à pleins de domaines mais on cristallise, on fabrique aussi la question. Nous sommes les fabricants d’une synthèse. La notion du temps long est abordée dans cette deuxième table ronde, ce temps long qui correspond plutôt à la question du projet urbain. Ce projet urbain qui évolue entre 15-20-30 ans permet de faire évoluer les programmes et de changer, d’avoir une adaptabilité maximale. En contrepartie vient aussi la question du temps court, celui du projet. Est-ce que ce temps court de projets, sur le bâti spécifiquement, peut donner les conditions de la recherche ? Cela pose la question des outils, de l’inscription d’un récit de projets où la question des matériaux spécifiques comme un travail sur la pierre, mais aussi d’autres notions sont apparues comme celui du confort d’usage avec le travail présenté par Pierre Soto sur son fauteuil roulant plus performant, plus léger, pouvant se plier, d’abord envisagé en fibre carbone puis en aluminium, qui s’intéresse aussi bien sûr au détail mais aussi au caractère intemporel de cette recherche de création et qui aujourd’hui ouvre encore une fois une nouvelle période sur, potentiellement, l’accès au handicap cognitif.

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Ceci nous amène assez naturellement à la troisième table ronde : l’expérimentation outil de recherche avec la présentation de Thomas Dalby sur des architectures éphémères récentes au sein de son atelier, un laboratoire d’architecture aimant questionner la notion de temps court,

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celui de l’expérimentation de l’éphémère mais aussi le temps long, on se rend compte qu’il y a certaines commandes qui demandent peut-être un temps plus long que celui initialement prévu. Malek Dahbi nous a parlé d’une expérimentation à La Réunion entre 2005 et 2015 et dont là aussi une période de temps assez importante. Comment concevoir un habitat dans un climat tropical humide avec une importance donnée à la question technique, notamment la ventilation naturelle, sa place dans l’habitat, son impact sur la forme ? Expérimenter c’est prendre des risques, c’est aussi parfois se tromper, mais se tromper c’est aussi faire des propositions. Par exemple Johan Laure nous en a parlé avec les concours d’architecture, est-ce que ceux-ci peuvent-ils être considérés comme des sujets de recherche et, dans l’affirmative, sous quelles conditions ? La réalisation d’un concours gagné peut-elle constituer une recherche qui se prolonge jusqu’à la réalisation et encore audelà ? À l’opposé Brice Lebouvier qui avait, presque par dégoût des concours, choisi une autre voie : celle de la petite échelle dans le périurbain avec l’invention de nouveaux outils et la notion d’expérimentation nourrie par le chantier qui peut être aussi une question de recherche.

On a vu que pendant ces deux jours la pluralité du métier d’architecte et la multiplicité dans la manière de mener la recherche en architecture par le projet, la nécessité d’adaptation du métier à la recherche et peut-être de la recherche au métier. On a vu que la recherche peut se poursuivre au-delà même de son objet à travers le doctorat by design sous réserve bien sûr qu’on lui offre les conditions de son appétence par l’amélioration des dispositifs de recherche, que ce soit à travers de nouvelles modalités économiques mais aussi d’évaluation de reconnaissance et de diffusion de cette recherche.

Merci.

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