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ENVIRONNEMENT

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MUSIQUE

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– ENVIRONNEMENT –

LE CARIBOU, C’EST NOUS – ATIKU, TSHINANU AU!

LAURA FONTAINE

J’ai eu la chance de vivre une partie de ma vie dans l’intérieur des terres du Nitassinan. C’est donc entre le 117e et le 173e mile au nord de Sept-Îles et à Tshemanipishtiku (Sainte-Marguerite 3) que j’ai vécu mon enfance et appris de nos aînés. Nos parents et nos grands-parents ont toujours valorisé et assuré la transmission de notre langue, de notre culture et de nos traditions innues. Leurs enseignements et leurs savoir-faire m’ont fait constater à quel point le caribou, « atiku » dans ma langue maternelle, occupait une place importante dans notre culture et que le lien que nous avons avec lui est sacré. Le déclin des hardes, dû entre autres à la déforestation ainsi qu’aux perturbations de l’habitat du caribou par les compagnies minières, dans les dernières dizaines d’années a forcé la mise en place de mesures dérisoires afin de protéger l’espèce. En effet, ça fait déjà quelques années que nous diminuons considérablement notre chasse dans le but de protéger le caribou de la rivière Georges. De l’autre côté, le gouvernement et son ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs et celui de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques ne font rien pour garantir la survie du cheptel. Tout le fardeau est sur nos épaules, comme si le déclin du caribou était de notre faute et que d’arrêter de le chasser était la solution. Comme si on n’avait pas su, pendant des milliers d’années, comment chasser et respecter atiku .

La baisse des populations du caribou a des effets considérables dans nos vies d’aujourd’hui. La viande, qui se fait de plus en plus rare, est désormais parfois vendue – ce qui était anciennement impensable considérant nos valeurs de partage. La répartition des quelques individus à chasser provoque d’importants différends entre les Premières Nations. Par conséquent, c’est non seulement notre culture et nos traditions qui écopent du déclin du caribou, mais nos valeurs changent aussi en raison du colonialisme. Mon grandpère, un Innu de Matimekush (Schefferville), me disait « sois toujours fière de ta culture, de ta langue et de ton identité innues », mais comment voulez-vous que plus tard, je puisse en être fière si atiku, lui en qui s’enracine notre identité, disparaît? Ça voudra dire que je n’en ai plus, d’identité.

Je ne pense pas que j’ai besoin de vous dire qu’enlever l’identité à un peuple c’est aussi faire en sorte que l’assimilation de celui-ci persiste. Ce que je vous raconte n’est pas unique à mon territoire ancestral. Le caribou devrait pouvoir continuer d’être maître partout dans la forêt boréale, dans la toundra et dans les montagnes. Que ce soit sur le Nitassinan ou sur le territoire anicinabe, l’inaction du gouvernement concernant le caribou est raciste et ses ministères devraient se conscientiser sur le génocide culturel qu’ils sont en train d’infliger une fois de plus aux prochaines générations de nos peuples.

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– CINÉMA –

SOUTERRAIN : UN HOMMAGE REMARQUABLE ET TOUCHANT

JADE BOURGEOIS

Après plusieurs reports, Souterrain, le plus récent film de Sophie Dupuis, sortira enfin en salles le 4 juin prochain. Campé à Val-d’Or, ce deuxième long-métrage de la réalisatrice valdorienne est un hommage aux mineurs et à la façon de vivre des gens d’ici. Cette sortie soulage Sophie Dupuis, qui a hâte que son œuvre soit diffusée : « C’est un moment tellement riche pour un cinéaste de savoir ce qui a touché le public, ce qui l’a bouleversé. Ça me manque beaucoup! On fait des films pour qu’ils soient vus. Souterrain n’a pas eu de vie encore et ça ne fait pas de sens parce qu’il existe depuis déjà deux ans. »

Sophie Dupuis est descendue plusieurs fois sous terre pour faire sa recherche et écrire le scénario. Elle a rapidement compris que le sujet du film ne serait pas la mine en soi, mais plutôt les personnes qui y travaillent et ce qu’elles vivent au quotidien : « La mine, c’est un contexte et un mode de vie. Le sujet est devenu autre chose, soit le rapport à la masculinité, à la fraternité qui unit les mineurs, au sentiment d’appartenance à ses collègues. »

Bien que l’intrigue de Souterrain soit très différente de celle de Chien de garde, son premier long-métrage, Sophie Dupuis a pris conscience lors de la réalisation que des thèmes étaient similaires dans les deux histoires : « J’étais en train de faire un deuxième film sur la famille et la responsabilité de l’autre. De ne pas pouvoir faire des choix de vie parce qu’on en doit une à quelqu’un. »

Concernant le rapport à la masculinité, le milieu des mines était tout indiqué pour couvrir cette thématique. La camaraderie qu’on y retrouve chez ces durs à cuire au cœur tendre est inimitable. C’est d’ailleurs dans cette ambiance de fraternité que le personnage principal, Maxime, revoit sa définition de ce que ça signifie être un homme, tout en trouvant le soutien nécessaire pour affronter les difficultés de sa vie.

BABAS LEVRAI UNE HISTOIRE DE CHEZ NOUS

J’ai eu le bonheur d’assister à une projection réservée aux médias en septembre 2020, juste avant la fermeture des cinémas. C’est rare qu’on ait la chance de voir notre ville, nos vies, à l’écran. Tout au long de Souterrain, j’ai ressenti un grand sentiment d’appartenance et beaucoup d’affection envers le lieu et les personnages. La crémerie locale dans une scène, un restaurant où j’ai travaillé dans une autre, une journée de congé sur le lac, etc. Difficile de ne pas se projeter en plein dans l’histoire lorsque l’on est originaire de Val-d’Or ou d’une autre ville minière.

Cette sensibilité au film se fait encore plus sentir au milieu de l’action du sauvetage minier, qui est au cœur de l’intrigue. On pense à nos cousins, nos frères et nos pères. Le suspense est incroyable, difficile. Les prises de vue dans les tunnels de la mine sont oppressantes, mais magnifiques. Le tout est si réaliste, grâce entre autres aux performances des acteurs et à la qualité du son, qu’on sent l’humidité, le froid et la tension! Il était important pour la réalisatrice de mettre en lumière toute la passion, l’effort et le sérieux des mineurs qui s’impliquent dans la pratique du sauvetage minier. Pour que le public comprenne à quel point ça peut être angoissant, il était aussi nécessaire de le montrer en tournant un film d’action.

– EN BREF –ODEIMEN : INTÉGRER LES ARTS ET LA CULTURE ANICINABE DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ DU CISSSAT

LA RÉDACTION

L’organisme culturel anicinabe Minwashin s’associe avec le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue (CISSSAT) et Tourisme Abitibi-Témiscamingue à travers sa démarche Culturat, pour lancer le projet Odeimen, qui intègrera les arts et la culture anicinabe dans huit établissements de soins de santé de la région. En langue anicinabe, le mot « odeimen » découle d’une légende. Il désigne la fraise, mais aussi les soigneurs et les guérisseurs.

« La mort de Joyce Echaquan nous a tous bouleversés, confie Richard Kistabish, président de Minwashin. Elle a réveillé l’urgence de travailler avec le système de santé pour que les membres des communautés puissent s’y référer sans crainte. Un projet comme celui-ci est une opportunité de présenter les œuvres de nos artistes à la population régionale, de les faire connaître et rayonner. Mais c’est surtout une ouverture pour la culture anicinabe dans les établissements de santé. »

Les artistes issus des Premières Nations originaires de la région sont appelés à répondre à un appel d’offres. Celles ou ceux qui seront choisis devront créer chacun une œuvre qui sera affichée dans l’un des établissements du CISSSAT. « Ce projet va bien au-delà de l’art. C’est une opportunité de rapprochement, de dialogue, de partage qui pourra se traduire de multiples façons, avec une ouverture de part et d’autre, en se laissant guider par les besoins exprimés », affirme Caroline Roy, présidente-directrice générale du CISSSAT. Cette démarche sera aussi documentée par Marie-Pierre Renaud, étudiante au doctorat en études autochtones à l’UQAT, dont la recherche porte sur la sécurisation culturelle.

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