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E4S

Un laboratoire pour l’économie du futur

L’IMD s’allie à l’Université et à l’Ecole polytechnique de Lausanne pour créer un centre où seront formés les cadres de demain. Mission principale: faire entrer le management dans l’ère de la durabilité.

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– Texte Sven Jorganssen C’ est une alliance naturelle, mais pionnière par son approche interdisciplinaire et transversale. Fin 2019, la Haute Ecole de management (IMD), l’Université de Lausanne (UNIL) – à travers sa faculté des Hautes Etudes commerciales (HEC) –, et l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ont uni leurs forces dans la création d’un centre de compétences unique: The Enterprise for

Society Center, ou E4S. Unique, parce que ce regroupement d’envergure vise à former les managers du futur, c’est-à-dire en phase avec les enjeux écologiques, tant dans la gestion d’entreprise que dans la résolution des défis technologiques.

RÉINVENTER LE CAPITALISME

Co-dirigé par Jean-Pierre Danthine (EPFL), ex-vice-président de la Banque nationale suisse, Jean-Philippe Bonardi (doyen HEC) et Albrecht Anders (IMD), ce centre de compétences est un coup de pied dans la

Il est indispensable de faire évoluer l’ancien modèle en y intégrant la donne technologique et les nombreux défis liés au changement climatique.

fourmilière. Il tord le coup au «capitalisme à la papa» tel qu’il est enseigné depuis des décennies dans les plus prestigieuses écoles de commerce et de management dans le monde. Pourquoi cette (r)évolution? Parce qu’il est désormais indispensable de faire évoluer l’ancien modèle en y intégrant la donne technologique et les nombreux défis liés au changement climatique. «Nous avions l’idée d’adresser deux questions essentielles: celle des changements autour des technologies numériques et celle de la durabilité», explique Jean-Philippe Bonardi. «Plus on a commencé à travailler sur ces questions, plus on a pris conscience que les changements à venir allaient être beaucoup plus importants.» E4S œuvre ainsi à la réinvention du capitalisme et du management de demain.

TRANSFERT DE COMPÉTENCES

Jean-Philippe Bonardi ajoute: «Nous nous dirigeons vers une forme d’organisation économique et sociale assez différente de celle connue par le passé.» C’est pour cette raison bien précise que les trois entités ont décidé de réunir leurs compétences. E4S compte donc profiter de la proximité géographique entre l’IMD, l’UNIL et l’EPFL pour démultiplier les échanges et les transferts de compétences complémentaires. L’EPFL apportera ainsi son expertise dans les technologies et l’ingénierie. L’UNIL assumera le volet durabilité, tout en contribuant avec ses nombreux projets de recherche et d’enseignement dans l’économie. Quant à l’IMD, elle confiera au projet son réseau, son accès aux grandes entreprises et ses compétences en management. Selon le doyen de la faculté HEC, le centre E4S prouve que le milieu académique de l’Arc lémanique est capable de soutenir des dynamiques collaboratives qui ont un impact réel sur la société. C’est déjà le cas dans la recherche sur le cancer, avec la mise en commun des travaux de plusieurs centres de compétences (lire page 34). La nouvelle entité E4S réitère des partenariats éprouvés. L’IMD, l’EPFL et l’UNIL ont chacune investi 300000 francs dans la première phase de ce projet. La deuxième phase verra le jour en septembre 2021, avec le lancement d’un master en management durable et technologie, qui fera intervenir des experts issus des trois entités.

UNE ÈRE D’EXPÉRIMENTATIONS COLLABORATIVES

Avec cette nouvelle offre, le centre de compétences entend concurrencer les plus célèbres écoles de management du monde entier. A l’instar de certains établissements londoniens ou parisiens qui, malgré leur prestige, n’ont jusqu’à présent pas su intégrer la durabilité et la technologie dans leur cursus. Or, rappelle le comité de direction de E4S, c’est devenu crucial. Et la crise du Covid-19 lui donne raison: «Elle nous permet de nous arrêter sur un certain nombre de pratiques, d’outils et de comportements que l’on remet en question pour en inventer de nouveaux», constate Jean-Philippe Bonardi. «Cette crise permet l’expérimentation et inaugure pour les entreprises, comme pour la société civile, une phase d’apprentissage.» Cette diversité des approches se reflétera dans le profil des futurs étudiants, issus tant de l’économie que de l’ingénierie. Tous seront systématiquement appelés à travailler en groupe. Du machine learning à la robotique (le futur de la production) en passant par les sciences de la vie, le changement climatique, l’énergie et la cybersécurité, les futurs managers seront ainsi exposés aux grandes évolutions technologiques. Outre l’enseignement, E4S mise sur la recherche, avec une approche visant à appliquer rapidement de nouvelles idées au monde de l’économie. Plusieurs projets ont d’ores et déjà été retenus, et le centre peut s’appuyer sur un écosystème de start-up. L’Arc lémanique brille déjà par son terreau fertile d’innovation. E4S prouve que la région est capable d’aller encore plus loin par la mise en résonance d’un savoir-faire commun.

E4S

A laboratory for the economy of the future

IMD has joined forces with the University and the Swiss Federal Institute of Technology in Lausanne to create a centre where future executives will be trained. Main objective: to bring management into the era of sustainability. – Text Sven Jorganssen

It is a natural alliance, but a pioneer through its interdisciplinary and transversal approach. At the end of 2019, the International Institute for Management Development (IMD), the University of Lausanne (UNIL) – through its Faculty of Business and

Economics – and the Swiss Federal Institute of Technology in Lausanne (EPFL) joined forces in the creation of a unique centre of expertise: The Enterprise for

Society Centre, or E4S. Unique, because this large-scale merger aims to train managers of the future, i.e., managers who will be in sync with ecological issues, both in business management and in solving technological challenges.

REINVENTING CAPITALISM

Co-directed by Jean-Pierre Danthine (EPFL), former vice-president of the Swiss National Bank, Jean-Philippe Bonardi (Dean of HEC) and Albrecht Anders (IMD), this centre of expertise is stirring up a hornet’s nest. It debunks “sugar daddy capitalism” as it has been taught for decades in the world’s most prestigious business and management schools. Why this (r)evolution? Because it is now essential to develop the old model by integrating the technological order and the many challenges linked to climate change. “We wanted to address two fundamental questions: first, the changes occurring in digital technologies and, second, sustainability,” Jean-Philippe Bonardi explains. “The more we worked on answering these questions, the more we realized that the changes ahead of us were going to be much more significant.” E4S is thus working to reinvent the capitalism and management of tomorrow.

SKILLS TRANSFER

Jean-Philippe Bonardi adds: “We are moving towards a form of economic and social organization quite different from that experienced in the past.” It is for this very specific reason that the three entities have decided to combine their skills. E4S therefore intends to take advantage of the geographic proximity between IMD, UNIL and EPFL to increase the exchange and transfer of complementary skills. EPFL will thus provide its expertise in technology and engineering; UNIL will take on the sustainability component, while contributing with its many research and teaching projects in the economy; and IMD will bring its network, its access to large companies, and its management skills. According to the Dean of the Faculty of Business and Economics, the E4S centre proves that the Lake Geneva region’s academic environment is capable of supporting collaborative dynamics that have a real impact on society. This is already the case in cancer research with the pooling of work from several centres of expertise (see page 36). The new E4S entity reiterates proven partnerships. IMD, EPFL and UNIL each invested 300,000 francs in the first phase of this project. The second phase will take shape in September 2021 with the launch of a master’s degree in sustainable management and technology, which will involve experts from the three entities.

AN ERA OF COLLABORATIVE EXPERIMENTATION

With this new project, E4S intends to compete with the world’s most famous management schools such as some establishments in London or Paris which, despite their prestige, have so far failed to integrate sustainability and technology into their curriculum – a crucial requirement today, the E4S executive committee points out. And the Covid-19 crisis proves them right: “It allows us to focus on a certain number of practices, tools and behaviours that we question in order to invent new ones”, Jean-Philippe Bonardi notes. “This crisis allows experimentation and ushers in a learning phase for businesses and civil society.” This diversity of approaches will be reflected in the profile of future students from both economics and engineering. All will be systematically called to work in groups. From machine learning and robotics (the future of production) to life sciences, climate change, energy and cybersecurity, future managers will be exposed to major technological developments. Besides teaching, E4S focuses on research with an approach aimed at quickly applying new ideas to the world of economics. Several projects have already been selected, and the centre can rely on an ecosystem of start-ups. The Lake Geneva region already shines with its fertile conditions for innovation. E4S proves that the region is capable of going even further by tapping into shared expertise.

EPFL + ECAL LAB

Donner du sens à l’innovation

L’EPFL + ECAL Lab est à la croisée des chemins entre la science et le design. Ce laboratoire d’idées et d’objets est le fruit d’une alliance inédite entre l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (ECAL) et l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). – Texte Sven Jorganssen

En treize ans d’existence, le Lab, fondé et dirigé par Nicolas Henchoz, a su tisser un réseau international d’exception qui favorise la cocréation transdisciplinaire. L’enjeu de l’EPFL + ECAL Lab? Mettre de la chair autour des innovations en leur donnant du sens, notamment en questionnant leur appropriation dans la vraie vie. Son directeur abhorre «l’innovation gadget» et insiste sur cette prise du réel. «La recherche investit beaucoup dans les technologies, mais elle travaille peu sur leurs usages», souligne Nicolas

Henchoz. «Une innovation, c’est une invention qui implique une adoption.»

Le Lab explore ainsi le potentiel des technologies afin de les convertir en expériences vécues. Ancien journaliste scientifique, Nicolas Henchoz illustre ici cette démarche: «Prenons l’exemple de la réalité augmentée. Elle apporte une information visuelle autour d’un objet physique. Mais quels sont les contenus qui vont avoir du sens? Quels sont les langages visuels appropriés? Comment le public peut-il s’approprier cette technologie? En répondant à ces questions, nous permettons à des technologies de trouver un marché et des usages.» Et c’est en cherchant à mesurer l’impact sociétal et social de l’innovation que l’EPFL + ECAL Lab fait figure de pionnier. Une approche qui nécessite de casser les barrières techniques et culturelles entre les disciplines.

DÉFINIR UN LANGAGE COMMUN

Le Lab intègre ainsi tant des ingénieurs que des designers, des architectes et des psychologues. «Tous sont à la fois créatifs et dotés d’un raisonnement logique, mais avec des approches différentes», explique le directeur. «Notre principal défi est de définir un langage commun. C’est un travail de longue haleine sur l’usage des technologies, qui ne se résout pas à l’issue de trois séances de design thinking.» Les acteurs du Lab ont ainsi développé une nouvelle méthodologie, capable à la fois de produire des prototypes concrets et de développer des connaissances solides sur les questions liées à la perception humaine. Cette approche implique de vrais utilisateurs, et demande donc du temps pour faire des observations utiles. Et Nicolas Henchoz de souligner que les projets du Lab ne correspondent souvent pas aux structures traditionnelles en place: «Vous êtes soit dans la culture, soit dans les arts, soit dans la technique; mais lorsque vous êtes tout cela à la fois, cela peut être compliqué.» Le défi pour le Lab consiste ainsi à «évangéliser» tous les secteurs à cette approche unique.

DES PROJETS À FOISON

Parmi les nombreux projets développés, citons «Solidarity Network», pour lequel le Lab a notamment collaboré avec Pro Senectute, fondation suisse au service des seniors, sur la perception du numérique par les différentes générations. Ou encore «Food Talks», une réflexion sur la façon dont la réalité augmentée peut être utilisée pour améliorer les informations sur les aliments. Avec «Massive is Light», le Lab s’est interrogé sur le sens et la compréhension de la visualisation des mégadonnées (Big Data). Dans un autre domaine, les équipes transdisciplinaires se sont penchées sur les solutions permettant la valorisation des patrimoines numérisés à travers «Montreux Jazz Heritage Lab». Ce projet a donné lieu à une exposition immersive au Montreux Jazz Café situé au cœur d’ArtLab, un bâtiment dédié à la science et à la culture sur le campus de l’EPFL.

Ci-dessus:

Roger Tallon: Archives in motion

Une expérience immersive au Musée des arts décoratifs (Paris).

A gauche:

Food Talks

Un projet pour étudier l’expérience consommateur globale autour de l’étiquetage des aliments.

Above:

Roger Tallon: Archives in motion

An immersive experience at the Musée des arts décoratifs (Paris).

On the left:

Food Talks

A project to investigate the global user experience around food labelling.

Giving meaning to innovation

The EPFL + ECAL Lab stands at the crossroads between science and design. This laboratory of ideas and objectives is the fruit of an unprecedented alliance between the Lausanne Cantonal Art School (ECAL) and the Swiss Federal Institute of Technology in Lausanne (EPFL). – Text Sven Jorganssen

Founded and directed by Nicolas Henchoz, the lab has in its thirteen-year existence built up an exceptional international network which promotes transdisciplinary co-creation. The challenge facing the EPFL + ECAL Lab is to add substance to innovations by giving them meaning, in particular by questioning their use in real life. Its director abhors “gadget innovation” and insists on dealing with reality.

“Research invests a lot in technologies, but seldom works on their applications”, Nicolas Henchoz points out. “An innovation is an invention that requires adoption.”

The lab thus explores the potential of technologies in order to convert them into lived experiences. A former science journalist,

Nicolas Henchoz gives an illustration of this approach: “Take the example of augmented reality. It provides visual information around a physical object. But what content will make sense? What are the appropriate visual languages? How can the public get to grips with this technology? By answering these questions, we allow technologies to find a market and applications.” And the

EPFL + ECAL Lab is a pioneer when it comes to measuring the societal and social impact of innovation. An approach that requires breaking down technical and cultural barriers between disciplines.

DEFINING A COMMON LANGUAGE

The lab thus includes engineers, designers, architects and psychologists. “All of them are both creative and blessed with logical reasoning, but with different approaches”, the director explains. “Our main challenge is to define a common language. This is a long-term job on the use of technology, which can’t be resolved after three sessions of design thinking.” The lab’s stakeholders have thus developed a new methodology, capable of both producing concrete prototypes and developing solid knowledge on matters related to human perception. This approach involves actual users, and therefore requires time to make useful observations. And Nicolas Henchoz em-

Ci-dessus: Montreux Jazz Heritage Lab 50 ans d’archives audiovisuelles du Festival dans une installation immersive. A gauche: Solidarity Network Un outil pour mettre les nouvelles technologies au service du lien social entre les seniors.

Above: Montreux Jazz Heritage Lab Fifty years of audiovisual archives of the Festival in an immersive installation. On the left: Solidarity Network A tool for implementing new technologies that promotes the social bond between seniors.

phasizes that the lab’s projects often do not correspond to existing traditional structures: “You are involved either in culture, the arts or in technology; but when you are involved in all three at once, it can be complicated.” The challenge for the lab is therefore to “convert” all sectors to this unique approach.

PROJECTS GALORE

Among the lab’s many projects is “Solidarity Network”, a collaboration with Pro Senectute (Editor’s note: a Swiss organization serving the elderly) that looks at how different generations perceive digital technology. Or “Food Talks”, which looks at how augmented reality can be used to improve information about food. With “Massive is Light”, the lab questioned the meaning and understanding of the visualization of big data. In “Montreux Jazz Heritage Lab”, the transdisciplinary teams examined solutions that maximize the value of digital heritage. This project led to an immersive exhibition at the Montreux Jazz Café located in the heart of Artlab, a building dedicated to science and culture, on the EPFL campus.

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