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SUR LE TERRAIN
SUR LE TERRAIN LA SÉCURITÉ AVANT TOUTE CHOSE AU CENTRE DE COMMERCE MONDIAL
«La sécurité des occupants dans nos immeubles demeure notre priorité. L’un de nos grands défis à cet égard est de ne rien oublier. Constamment, nous nous demandons si nous avons pensé à tout, si nous nous sommes posé toutes les bonnes questions pour trouver les meilleures pistes de solution», confie Ralph Karawani, directeur immobilier chez Allied Properties et responsable du Centre de commerce mondial de Montréal qui s’est inspiré du document Préparer votre bâtiment pour le retour au travail de BOMA Canada. « Allied a produit un guide semblable à celui de BOMA pour aviser nos locataires de toutes les mesures que nous avons adoptées. Les webinaires organisés par BOMA Québec m’ont aussi été très utiles.»
Au moment de l’entrevue, en juillet, le centre-ville était encore relativement déserté, les travailleurs des tours de bureaux étant davantage attendus à la fin de l’été au moment de la réouverture des écoles. Le Centre de commerce mondial était alors occupé à environ 10 à 15 % de sa capacité et se préparait activement pour le retour des locataires.
MCM BOMA
RALPH KARAWANI
Directeur immobilier, Allied Properties Responsable du Centre de commerce mondial de Montréal
DES ENJEUX DE NETTOYAGE
Ralph Karawani est impliqué dans les services immobiliers depuis 16 ans; quels sont les aspects qui lui semblent les plus importants dans la lutte contre la propagation du coronavirus? «Les points de contact fréquents d’abord, répond-il. Les interrupteurs de lumière, les boutons d’ascenseur, les rampes d’escalier, les tables dans les foires alimentaires, il faut les nettoyer souvent et avec rigueur. Les toilettes aussi : entre autres, il faut s’assurer que les distributeurs de savon et de désinfectant à main sont toujours bien remplis, puisque le lavage des mains est crucial. Nous avons également mis en place une signalisation visible pour encourager la distanciation, le lavage des mains et le port du masque.»
La fréquence idéale pour le nettoyage a-t-elle été déterminée? «C’est le genre de questions que nous examinons actuellement avec des préposés à la désinfection, étant donné que la fréquence évoluera à mesure que nos immeubles seront de plus en plus occupés. » Dans les tours de bureaux, l’usage des ascenseurs représente aussi sa part de défi pour le nettoyage : « Comme nous limitons la quantité de personnes dans les cabines pour respecter la distanciation, il est impensable de prendre une place supplémentaire pour un préposé à l’entretien pendant qu’elles sont en fonction», poursuit M. Karawani.
La fréquence et la rigueur accrues dans les opérations de nettoyage auront-elles une incidence budgétaire? «Oui, mais d’autres postes de dépenses sont réduits de façon importante, comme les coûts d’électricité et d’autres sources d’énergie durant les mois où les immeubles étaient presque inoccupés. Pendant une longue période, nous n’avons pas eu besoin d’un préposé au kiosque d’accueil, et beaucoup moins de collectes de déchets ont été effectuées, par exemple. Il y a plusieurs éléments comme
ceux-là qui pourront compenser les coûts augmentés de nettoyage», répond-il.
DES ENJEUX DE TEMPS D’ATTENTE AUX ASCENSEURS
Pour ce qui est du nombre de personnes par cabine dans les ascenseurs, Ralph Karawani dit suivre les recommandations de BOMA à cet égard. « Pour le moment, comme il y a peu d’usagers présents dans l’édifice, nous limitons le nombre à deux», ajoute-t-il. Lorsque les locataires occupants et leurs employés reviendront au travail sur place, le défi du temps d’attente se posera, convient Ralph Karawani : « Nous avons la chance de disposer de plusieurs cages d’escalier et de n’avoir que 10 étages, mais ça deviendra un enjeu important pour les immeubles plus haut. La communauté des gestionnaires d’immeubles cherche en ce moment des solutions.» Parmi les options, il mentionne des applications pour téléphone intelligent à partir desquelles les usagers pourront appeler la cabine. On pourrait aussi demander aux locataires de recourir aux horaires flexibles afin que tous n’arrivent pas et ne partent pas à la même heure ou encore d’alterner la présence d’équipes au bureau et en télétravail pour n’avoir, par exemple, que la moitié du personnel dans l’immeuble en même temps.
DES ENJEUX DE RENTABILITÉ POUR LES FOIRES ALIMENTAIRES
Distance entre les tables, signalisation pour gérer les files d’attente, plus de préposés affectés à la désinfection des surfaces : des mesures sont prises dans les aires de restauration afin qu’elles puissent être fréquentées sans danger, car il y a, pour les entrepreneurs qui y tiennent un kiosque, d’énormes enjeux économiques. « Le défi, explique Ralph Karawani, est de trouver l’équilibre entre les pratiques sécuritaires et une clientèle suffisante. Les comptoirs de restauration existaient grâce aux travailleurs du centre-ville. Certains n’ont pas vendu une soupe ni un sandwich depuis des mois. Il faut leur permettre de gagner leur vie tout en respectant les mesures d’hygiène et de distanciation. Étaler les heures de dîner, offrir la possibilité de commander en ligne et de faire livrer les repas au bureau, par exemple. Nous espérons que nos commerçants seront en mesure de s’adapter à la situation pour demeurer en affaires.»
«Cette pandémie soulève tellement de nouvelles questions! Aucun d’entre nous n’a déjà vécu une situation pareille. C’est important de partager nos réflexions dans la communauté des gestionnaires d’immeubles, car c’est rassurant de constater que nous vivons tous ces mêmes enjeux. Nous devons tirer du positif de cette expérience dont nous allons nous souvenir pour le reste de nos carrières. La pandémie demeure une situation imprévisible qui a évolué rapidement et qui nous donne de grandes leçons. Continuons d’être optimistes, regardons vers l’avant ; j’espère qu’on retrouvera la vie et l’ambiance propres au centre-ville», conclut Ralph Karawani.