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ANALYSE
La dette wallonne : plus qu’un pari Il s’agit de comprendre les enjeux liés aux dettes publiques. Une petite analyse pour se mettre en questionnement sur la dette qui a souvent fait bondir les libéraux. Le nouveau Gouvernement wallon a fait un choix fort, celui de s’endetter afin d’investir massivement durant les cinq prochaines années. Celui-ci a même décidé d’aller un cran plus loin en excluant de son budget les investissements stratégiques en matière de numérique et de transition écologique. Mais pourquoi le Gouvernement wallon, et en particulier son Ministre du budget, le libéral Jean-Luc Crucke, entreprend-il de telles manœuvres ? La dette, n’estelle pas (plus) un repoussoir pour les libéraux ? Où en est la réflexion autour de ce thème qui déchaîne les passions des économistes depuis des siècles et est tant connotée symboliquement ? En janvier de cette année, « the Economist » titrait « Slowbalisation », que l’on peut traduire par « ralentissement global ». En effet, après vingt années de course effrénée à l’intégration, et donc à la globalisation, les économies mondiales ralentissent et se contractent.
vier Blanchard (ancien chef économiste du FMI). Sa thèse se positionne à l’encontre de l’orthodoxie sur la dette qui a prévalu ces dernières années. C’est sur ces bases que la Commission européenne a instauré ses fameuses « règles d’or » budgétaires qui limitent le déficit public en relation avec la dette des États européens.
dique que les taux d’intérêt ne pourraient pas rapidement repartir à la hausse et sans que cela soit anticipable. L’Histoire l’a suffisamment démontré. Une dette trop conséquente peut engendrer des effets « boule de neige » incontrôlables qui peuvent avoir pour conséquence la défaillance d’un État, englué ensuite dans des spirales déflationnistes aux conséquences sociales souvent terribles.
Blanchard défend, sans entrer dans les détails, l’idée que la charge de la dette ira en diminuant dans le futur, si le taux de croissance nominal reste supérieur au taux d’intérêt et si le déficit reste maitrisé. En résumé, un État pourrait donc s’endetter davantage qu’admis actuellement si le bénéfice de la croissance est supérieur au coût de la dette sur le long terme.
Ce ralentissement mondial a une conséquence majeure, celle de conserver les taux d’intérêts des banques centrales extrêmement bas et de faciliter ainsi l’emprunt. La conjoncture économique est particulière et entraîne avec elle son lot de réflexions nouvelles, notamment autour de la dette.
Le nœud du problème se situe également dans le « Capital » créé en contrepartie de la dette contractée par un État (ou une Région). Un certain nombre d’économistes voient d’un bon œil l’endettement quand celui-ci sert à financer des chantiers prioritaires comme l’emploi, le numérique ou la transition climatique. Cependant, un problème demeure et semble inextricable, il est presque impossible de déterminer si l’endettement d’aujourd’hui permettra de léguer un capital équivalent à celui des générations actuelles aux générations suivantes.
Un des premiers coups de semonce à l’international en faveur d’une approche différente de la dette a été tiré par Oli-
Par ailleurs, il ne s’agit pas de nier les dangers liés au surendettement et ils sont nombreux. Par exemple, rien n’in-
Olivier Blanchard ne dit pas autre chose : plus qu’un permis de s’endetter, sa conclusion appelle à une nouvelle approche de la dette qui prendrait en compte les coûts mais aussi les bénéfices de cette dernière. Le Gouvernement wallon fait donc un pari, et nous rejoue quelque part l’éternel duel libéral de Keynes contre Hayek, en misant sur le Britannique. Celui d’investir dans les grands chantiers pour demain, celui de s’endetter mais pour construire et léguer aux générations futures un capital en contrepartie d’une dette dont le poids sera contenu. Cette volonté semble s’inscrire dans l’air du temps. Mais n’oublions pas que comme tout pari, il comporte une part de risque. Et ce risque est élevé car la récession semble proche. Si elle devait frapper à notre porte, ce serait alors à la BCE de prendre toutes ses responsabilités afin de ne pas étouffer les régions et les pays de la zone euro. Par Pierre BRASSINNE
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