Velo mag nov dec 2014

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TEST COMPARATIF

19 POMPES AU BANC D’ESSAI

ENTRAÎNEMENT

LES BIENFAITS DE LA PAUSE SAISONNIÈRE

FATBIKE NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014  | 6,45$

UN NOUVEAU SPORT D’HIVER

GUADELOUPE L’ÎLE QUI AIME LE VÉLO VÉLIRIUM LA FÊTE DU VÉLO DE MONTAGNE DÉFIS DU PARC À CHACUN SON EXPLOIT


| vélos, intelligence et vie david veilleux et pierre lavoie

puissance de feu

L’expérience du pro tour combinée à la volonté de l’homme de fer.

photo | charles-david robitaille


sommaire dans ce numéro

23 40

FATBIKE Le nouveau sport d’hiver

test comparatif 19 pompes au banc d’essai

34 GUADELOUPE La petite reine des Antilles

46 DÉFI VÉLO MAG Les grands défis

49

DAVID VEILLEUX SUR UN FATBIKE

VÉLIRIUM La fête du vélo de montagne

52

GURU PHOTON SL

54 LES DEUX VÉLOS TESTÉS DANS CETTE ÉDITION ONT UNE PERSONNALITÉ AFFIRMÉE. CELLE DU PREMIER S’EXERCE À L’USAGE, CELLE DU DEUXIÈME DÈS LE PREMIER COUP D’ŒIL. PORTRAIT DE DEUX BIJOUX  : UN MADE IN QUÉBEC ET L’AUTRE MADE IN CHINA.

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sommaire novembre/décembre 2014 volume 34, no 6

20

la balade de Gaétan SUR LA ROUTE DE L’HISTOIRE

08 co u r r i e r

Les lecteurs nous écrivent

10 pr o l o gu e 12 act u al i t é

Denis, mets tes cuissards

Options confort ; Whitehorse, ville cyclable hivernale ; les oiseaux migrateurs ; vélo en Gaspésie ; 10 conseils pour mieux passer l’hiver ; le mot de David Desjarins ; et plus encore...

18 hu m e u r 51 at e l i e r 1 0 1 60 nu t r i t i o n 62 l a de r ni è r e

56

équipement SEPT ARTICLES QU’IL VOUS FAUT

58

entraînement IMPACT DES PÉRIODES DE REPOS

Le grand déluge Pierre Lavoie

Rouler dans la neige

Sujets et croyances hivernales

Nouvelles brèves et coup sur coup


Vivez l’été quatre saisons avec vélo québec voyages

en couverture La photo a été prise par Daniel Desmarais à Sainte-Adèle.

DESTINATIONS SOLEIL CUBA HOLGUÍN EN BOUCLES 28 décembre au 4 janvier 8 au 15 février | 8 au 15 mars 4 au 11 avril CUBA VARADERO EN BOUCLES 28 décembre au 4 janvier 1er au 8 mars FLORIDE 21 au 28 février LES ÎLES DE GUADELOUPE 19 au 26 mars Les îles de Guadeloupe sont également offertes en formule En liberté. Informez-vous. NOUVEAU

Éditeur PIERRE SORMANY psormany@velo.qc.ca

MAJORQUE 24 avril au 9 mai PUGLIA 23 mai au 7 juin PORTUGAL 31 mai au 15 juin TOSCANE EN LIBERTÉ 23 mai au 5 juin

Directeur artistique PATRICE FRANCŒUR pfrancoeur@velo.qc.ca

Infographiste JOSÉ CHARRON Collaborateurs DAVID DESJARDINS, MATHIEU FAGNAN, GAÉTAN FONTAINE, PATRICE FRANCŒUR, GILLES MORNEAU, CATHERINE NAULLEAU, GUY THIBAULT Réviseure-correctrice DIANE BOUCHER Publicité JEAN-FRANÇOIS L’ITALIEN jflitalien@velo.qc.ca 514 217-3005 CLAUDINE MAILLOUX cmailloux@velo.qc.ca 514 909-4601 NELLIE LÉTOURNEAU nletourneau@velo.qc.ca 514 571-5884

europe et amérique

Rédacteur en chef JACQUES SENNÉCHAEL jsennechael@velo.qc.ca

Administration et distribution MICHÈLE DAOUST

Comptabilité MIMI BENSAID

Chargée de projets, marketing et partenariats STÉPHANIE RAVIER Impression et pelliculage INTERWEB

Distribution MESSAGERIES DYNAMIQUE SERVICE AUX ABONNÉS Pour vous abonner, vous réabonner ou offrir un abonnementcadeau : www.velo.qc.ca. Pour notifier un changement d’adresse ou pour nous aviser d’un problème de livraison : changementvq@velo.qc.ca. VÉLO QUÉBEC – SERVICE AUX ABONNÉS 1251, rue Rachel Est Montréal (Québec) H2J 2J9 Tél. : 514 521-8356, poste 504 1 800 567-8356, poste 504

SONOMA ET NAPA VALLEY 11 au 18 avril

est publié par Vélo Québec Éditions. Toute correspondance doit être adressée au 1251, rue Rachel Est, Montréal (Québec) H2J 2J9 Tél. : 514 521-8356 > Téléc. : 514 521-5711 > velomag@velo.qc.ca

TUCSON 18 au 25 avril

La reproduction de du rédacteur en chef.

NOUVEAU

UTAH 25 avril au 2 mai FIVE BORO BIKE TOUR À NEW YORK 1er au 3 mai VIRGINIE 2 au 10 mai SAN FRANCISCO — SANTA BARBARA NOUVEAU 9 au 17 mai

, en tout ou en partie, est interdite sans l’autorisation écrite

PARUTIONS mars, avril, mai/juin, juillet/août, septembre/octobre et novembre/décembre DATE DE PARUTION novembre 2014 TARIFS D’ABONNEMENT Canada, 1 an : 31 $ + taxes / États-Unis, 1 an : 54 $ / Outre-mer, 1 an : 78 $ DÉPÔT LÉGAL Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada : ISSN 1180-1360 ENVOIS POSTES-PUBLICATIONS Convention no 40065387 MEMBRE DE

INDEXÉ DANS

CAPE COD 16 au 21 mai Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien.

RÉSERVEZ DÈS MAINTENANT ! 514 521-8356 • 1 800 567-8356, poste 506

veloquebecvoyages.com Photos : Diane Dufresne et Yvan Monette

6 VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014

Titulaire d’un permis du Québec

Vélo Mag est imprimé sur du papier certifié FSC® (Forest Stewardship Council®), donc issu de forêts bien gérées et d’autres sources responsables.


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Pour évaluer la résistance aux impacts, l’IIHS attribue à chaque véhicule une cote « bonne », « acceptable », « moyenne » ou « faible » selon sa performance dans cinq essais. Pour recevoir la mention MEILLEUR CHOIX SÉCURITÉ+ 2014, un véhicule doit obtenir une cote « bonne » aux essais de collision frontale à chevauchement modéré et de collision latérale, aux essais de résistance de toit et d’efficacité des appuie-tête ainsi qu’une cote « bonne » ou « acceptable » à l’essai de collision frontale à faible chevauchement, en plus d’obtenir une évaluation « de base », « avancée » ou « supérieure » en matière de prévention des collisions frontales. La mention MEILLEUR CHOIX SÉCURITÉ+ 2014 ne concerne que les modèles Outback 2015 équipés de la technologie EyeSight®, offerte en option. †La cote de consommation de carburant publiée par Ressources naturelles Canada est de 7,1 l/100 km (route) pour une Subaru Outback 2.5i 2015 équipée d’une transmission automatique à variation continue. Les cotes sont fondées sur les nouvelles méthodes d’essais approuvées par le Gouvernement du Canada. Pour tous les détails, rendez-vous au nrcan.gc.ca. La consommation de carburant de votre véhicule différera des cotes publiées selon votre façon de conduire, l’endroit où vous conduisez et le moment de la journée. ‡Le système de détection de véhicules en approche et de surveillance d’angle mort Subaru (SRVD) est une option offerte qui inclut les fonctions de surveillance d’angle mort, d’assistance au changement de voie et de détection d’obstacles lors de la marche arrière. *À l’achat à partir de 29 760 $, taxes en sus pour la Outback 2.5i 2015 (FD1 BP), à transmission manuelle. À l’achat, les frais de transport et de préparation (1 650 $) ainsi que les taxes sur le climatiseur (100 $) et sur les pneus neufs (15 $) sont inclus. 0 $ dépôt de sécurité. Le modèle illustré est l’Outback 2015 3.6R groupe Limited (FD2 LP6) à un PDSF de 38 895 $. Le concessionnaire peut vendre à un prix moindre. Photo(s) à titre indicatif seulement, le véhicule pourrait ne pas être équipé tel que montré. Pour plus d’information sur ces offres, voyez votre concessionnaire Subaru participant.


courrier Envoyez-nous vos lettres par la poste à VÉLO MAG, 1251, rue Rachel Est, Montréal (Québec) H2J 2J9, ou encore à notre adresse électronique : velomag@velo.qc.ca. Veuillez inclure votre adresse et votre numéro de téléphone, qui resteront confidentiels. Les lettres peuvent être abrégées par le rédacteur en chef.

À la défense de Vélodyssée L’article du dernier Vélo Mag sur le club cycliste Vélodyssée de Repentigny nous a valu un courrier abondant.

Christian Richard,

photojournaliste à l’Agence QMI et membre de ce club, dit n’avoir jamais vu « un article autant démolir un club cycliste […]. Le reporter a eu l’impression qu’on l’accueillait froidement. Il était en retard d’au moins une heure. On n’était pas pour lui sauter dans les bras. »

Sylvain Proulx, membre du club lui aussi, s’interroge sur le fait que « deux des quatre colonnes du texte concernent les frustrations de votre journaliste parce qu’il s’est perdu en chemin, qu’il est arrivé en retard, qu’il mentionne avoir été mal reçu et s’est dit victime de rage au volant (en retournant chez lui) ». Mais, déplore-t-il, à peu près rien sur le club. « J’aimerais indi-

quer, ajoute-t-il, qu’à ma première année comme membre du club Vélodyssée cet été, j’ai été très bien accueilli dès la première soirée d’information et bien appuyé par les autres membres dès ma première sortie avec eux [...]. J’y ai trouvé une “nouvelle famille” remplie de bonnes personnes, d’énergie positive. » Trois autres lecteurs membres de ce club ont aussi mentionné l’accueil exceptionnel qu’ils y ont reçu.

Danielle Fortin, présidente du club Vélodyssée, est aussi très déçue de ce texte qui n’a rien dit de tout le travail accompli par les bénévoles du club. « Vélodyssée est le seul club, à ma connaissance, à organiser chaque année, depuis 13 ans, un “MiniGrand-Tour” avec plus de 100 cyclistes.

Cette année, des membres ont roulé de New York vers Repentigny, avec couchers à l’hôtel et toute la logistique nécessaire à ce genre de voyage. Nous avons réalisé des sorties totalisant plus de 8000 kilomètres, des week-ends de vélo à Saint-Casimir et au mont Lafayette, aux États-Unis, des randonnées pédestres, sans oublier l’encadrement que nous offrons au club de golf Le Mirage de Terrebonne pour ses sorties cyclistes. » Mais la présidente insiste surtout sur le côté social du club, « qui tient chaque année une soirée d’accueil pour les nouveaux membres et leur offre ensuite un encadrement pour leurs premières sorties, en plus de plusieurs ateliers pratiques (sillonnage, grimpe et descente, etc.) ». Mentionnons que le club Vélodyssée compte quelque 450 membres, dont à peine 120 proviennent de Repentigny. Les autres viennent de toute la couronne de Montréal.

5584, Ave. du Parc, Montréal 514-276-1305 · www.abccycles.com

8 VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014


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prologue texte

Jacques Sennéchael

DENIS, METS TES CUISSARDS HUITIÈME EN 2011, onzième en 2013, Montréal se classe honorablement dans la grande famille mondiale des villes cyclables. Sa première place sur le continent américain a de quoi nous rendre fiers, du Plateau-Mont-Royal jusqu’en Gaspésie. Ne pavoisons pas trop vite, cependant, car Montréal risque de connaître une méchante chute libre si le Bixi est jeté aux poubelles en 2015. Ce ne sera pas juste une question de fierté mais de logique. Il se trouve que la bibitte inventée par Michel Dallaire est sans doute le meilleur vélo en libre-service à circuler sur la planète. L’idée de génie demeure surtout dans les stations d’ancrage alimentées par énergie solaire et connectées par un réseau sans fil. Elles sont portables et faciles à déménager. Elles sont aussi exportables. Le Bixi a fait des petits, et il y en a maintenant à Ottawa, Gatineau, Londres, Melbourne, Minneapolis, Washington, New York, Chicago, et la liste n’est pas close même si l’avenir du vélo en libreservice n’est pas toujours rose. Dites-moi pourquoi toutes ces villes sont capables

Dites-moi pourquoi toutes ces villes sont capables d’avoir des Bixi et que Montréal, première ville cyclable d’Amérique, lui mettrait des bâtons dans les roues ?

collaborateurs Gilles Morneau a perdu du poids l’hiver dernier, et c’est grâce à Vélo Mag. Il faut dire qu’il nous a concocté tout un dossier fatbike qu’il a payé de sa personne en roulant des vélos aux grosses roues toute la saison froide. Patrice Francœur Dans cette édition, Patrice a donné de sa personne en sillonnant pour le magazine les routes de la Guadeloupe en plein mois d’avril. On ne l’en plaindra pas. Sachez tout de même que c’est une infime partie de tout ce qu’il a fait pour Vélo Mag avec sa double casquette de directeur artistique et de journaliste. Merci, Patrice.

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d’avoir des Bixi et que Montréal, première ville cyclable d’Amérique, lui mettrait des bâtons dans les roues ? De La Rochelle et ses 350 vélos jaunes dans les années 1970 en passant par Hangzhou la Chinoise et ses 60 000 vélos, le monde entier est recouvert de vélos en libre-service. Le financement d’un système de vélo en libre-service est évidemment le nerf de la guerre. Le vélo comme véhicule publicitaire est l’avenue empruntée par de nombreux gestionnaires – je me demande comment on peut être contre ce principe, en passant –, mais tous s’entendent pour dire que ça ne suffit pas. Qui dit vélo en libre-service dit subvention, et surtout une façon de calculer les colonnes de plus et de moins qui tient compte de plusieurs facteurs. Oui, le VLS (vélo en libre-service) coûte cher, une étude française (32 000 vélos dans une vingtaine de villes en 2008) fait état d’un coût annuel pour un vélo variant entre 2000 et 3000 euros (fabrication, maintenance, exploitation et autres). Les avantages (bénéfices pour les cyclistes, décongestion du transport en commun et de la voirie, bénéfices environnementaux...) sont sensiblement équivalents. Dans le fond, le système de vélos en libre-service est un transport en commun individuel (phrase étrange, je vous le concède !) et est à prendre comme un mobilier urbain.

C’est quoi, le problème, à Montréal ? Nous le saurons bientôt. L’OBNL qui gère le vélo en libre-service à Montréal propose des solutions. La Ville devrait donner une réponse d’ici Noël. J’ai une suggestion, d’ici là : Monsieur le Maire, ou plutôt cher Denis, il est temps de mettre tes cuissards. Si tu as pris la bonne décision pendant que Vélo Mag était sous presse, félicitations ! Nous t’invitons cordialement à une balade à Bixi en 2015 dans les


É m o n da . L a gam m e de vÉ Lo s de route de s É r i e L a pLu s LÉgè re jamai s propos É e . Du global au détail, de la conception du cadre au choix de chaque pièce, sur chaque Émonda, l’objectif était clair – fabriquer la ligne la plus légère de vélos de route jamais offerte trekbikes.com/emonda


actualité

OPTIONS CONFORT

LES QUELQUES ARTICLES TESTÉS ONT POUR OBJECTIF D’AMÉLIORER VOTRE CONFORT, VOIRE DE FACILITER VOTRE VIE DE CYCLISTE.

Pédales The Frog, de Speedplay

Pneu PRO4 Endurance, de Michelin (700 x 25C) Un premier point : on est content d’avoir une largeur de roulement (25 mm) pour le confort qu’elle procure, en plus de l’adhérence, sans avoir de concession à faire en matière de performance. Le Endurance a le mérite d’être plus résistant à la crevaison que le Comp ; cela se paye par un léger surpoids (d’une vingtaine de grammes) en comparaison du modèle Race classique. Testé à fond de train dans les lacets des Pyrénées, le Pro4 s’est montré sûr et rapide. Outre son confort, la tenue de route et l’adhérence en virage, y compris sur chaussée humide, m’ont particulièrement plu. C’est sans doute dû à la variation de gomme (la gomme sur les bords adhère davantage sur le sec et même le mouillé, merci à la technologie Bi compound). Le Pro 4 Endurance est parfaitement approprié aux parcours de montagne ou à tout autre type de périple où les pneus doivent se faire oublier. michelin.fr 70 $

Les Frog sont des tout-terrains. Elles sont capables de supporter l’eau et la boue, garantissant insertions et dégagements aisés, car les débris et autres obstacles sont chassés chaque fois que la cale se fixe sur la pédale. Parfaites, donc, pour un usage vélo de montagne ou cyclocross. Elles seront également à l’aise en ville et en voyage, vu qu’elles s’allient fort bien aux chaussures avec lesquelles on peut marcher. À l’usage, il vous faudra changer quelque peu vos habitudes, notamment auditives. Le petit clic se fera entendre dès que la cale entrera en contact avec la pédale. Par contre, le déclipage sera discret, puisqu’il vous suffit de tourner le pied pour le désolidariser de la pédale ; pas de clic avertisseur ni de résistance. Vous aurez en pédalant la sensation d’avoir le pied plus libre qu’avec les autres systèmes. Les Frog seront tout indiquées pour débuter avec des pédales automatiques ou vous déplacer quotidiennement en zone urbaine. speedplay.com 156 $

Selle Flite Flow Ti, de Italia D’entrée, j’avoue être sensible aux avantages du Flow, cette ouverture judicieusement placée qui évite la compression de certaines parties anatomiques vulnérables. L’idéal de confort est atteint grâce aux rails en titane qui limitent les vibrations et atténuent les impacts et dont la tâche est allégée par quelques inserts de gel. La coque contient un soupçon de carbone dans le nez de la selle et la couverture est en cuir, conférant à l’ensemble une allure classique à partir de matériaux modernes. Testée lors de la traversée des ­Pyrénées, la Flite s’est avérée très confortable pendant les longues heures en selle : juste ce qu’il faut en matière de souplesse tout en permettant un bon appui. La Flite sera votre meilleure compagne de longue sortie. Elle n’est pas la plus légère sur le marché, mais elle donne la garantie de rouler douillettement. Elle se marie d’ailleurs à merveille avec la tige de selle Ergon. selleitalia.com 290 $

12 VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014


texte

Jacques Sennéchael

< Whitehorse, < ville cyclable < hivernale Les Terraduro et les Terradura ont été conçues à l’intention des amateur(e)s de all-mountain qui descendent de leur monture pour progresser en terrain difficile. Fini les chaussures de cross-country hyper rigides qui se transforment en instruments de torture quand il s’agit de marcher ! Giro a obtenu ce résultat en faisant appel à Vibram, un fabricant reconnu pour ses semelles de randonnée. Il vous suffit de traverser une rivière en sautant de caillou en caillou vélo en main si vous voulez tester la polyvalence de ces chaussures : vous collerez au rocher, le léger fléchissement à l’avant de la chaussure facilitant la marche. Sur le vélo, pas de problème, la semelle est rigide là où il faut afin de ne pas perdre d’énergie. L’ensemble, robuste, est de surcroît renforcé au niveau des orteils en vue de résister aux affres des parcours costauds de all-mountain. Côté ajustement, une fermeture micrométrique et deux sangles font très bien le travail. Les cyclistes des bois qui n’hésitent pas à mettre pied à terre et les cyclotouristes qui ont souvent besoin de marcher trouveront chaussure à leur pied avec les Terraduro et les Terradura. giro.com 230 $

Tige de selle CF3 Pro Carbon, de Ergon Ergon privilégie toujours l’ajustement à votre physique, que ce soit dans le domaine des poignées, des selles, voire des gants. La tige de selle Ergon a une orientation confort adaptée à la pratique du vélo de route : l’idée est de proposer une forme d’amortissement qui compense la rigidité de votre monture et les désagréments des mauvais revêtements. Pour cela, la tige de selle se sépare distinctement en deux lames de carbone parallèles qui réagissent à chaque impact de terrain. Deux pivots gardent la selle parallèle au sol. Essayée longuement sur les routes des Pyrénées (qui sont en bon état), concrètement, ça marche. La moindre imperfection de la route provoque une compression dans le sens inverse, réduisant du même coup l’impact sur votre postérieur, et ce, sans impression de mollesse. L’installation est un jeu d’enfant : l’horizontalité de la selle se règle en faisant glisser les deux lames avant de serrer le tout. La CF3 offre un confort de roulement apprécié en longues sorties en plus de donner une apparence originale à votre monture. ergon-bike.com 292 $

À Whitehorse, l’hiver est long et rigoureux, ce qui n’empêche pas les amateurs de vélo d’aller jouer dehors. Francis Casaubon, un Québécois, a passé six mois dans la capitale yukonnaise. Il a constaté qu’au regard de l’augmentation de la pratique cycliste hivernale, les autorités et les différents intervenants ont travaillé pour faciliter la vie des deux roues sur la neige. Tout n’est pas parfait, loin de là, mais il semblerait qu’une communication s’est installée et que tous s’organisent pour pousser la roue du vélo d’hiver. Francis a pris sa caméra et est allé rencontrer ceux qui pédalent, ceux qui gèrent la voirie, ceux qui font les lois. Résultat : un court métrage intéressant sur la vie hivernale à Whitehorse mais surtout une preuve qu’une certaine concertation/communication entre les utilisateurs de la route peut donner de bons résultats. Le film Share the Road in Winter sera présenté dans différents festivals et dans quelques autres lieux, dont MEC Montréal le 27 novembre à 19h. Info Francis Casaubon frankidoo@gmail.com 450 748-4658

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Chaussures Terraduro et Terradura, de Giro

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actualité

Vélo en Gaspésie

« Je ne peux pas croire qu’on va à Disney ! » C’est Flavie, 5 ans, qui fait part de son enthousiasme à sa mère. Ce qu’elle ne sait pas encore, c’est que la route sera longue. Il faut dire que Flavie est sur son demi-vélo, derrière sa mère, Nathalie Picard, du côté de Val-David. Direction : Orlando, Floride. Antonin, 7 ans, pédale joyeusement devant. La première étape du voyage s’arrête à Montréal, avant de continuer vers le sud. « Cette année, nous avons eu les premiers gels le 12 septembre, raconte Nathalie. Je me suis souvenue que l’année dernière, à la même époque, c’était notre départ à vélo avec nos deux enfants. » C’est une opportunité professionnelle en Floride du conjoint de Nathalie qui a transformé la petite famille en voilier d’oiseaux migrateurs. Pendant huit semaines et 2600 kilomètres, ils ont voyagé vers le sud au rythme de leurs coups de pédale. « Déjà, nous utilisions beaucoup le vélo pour aller à l’école, située à 7 km de chez nous, explique Nathalie. Par conviction, pour le côté simple, économique et écologique. J’avais envie que mes enfants aient des valeurs différentes. » La progression s’est faite au rythme des enfants, avec des pauses et des journées de repos quand c’était nécessaire. « Antonin est passionné d’histoire, rajoute Nathalie. Nous avons visité tous les musées sur la guerre civile américaine. Nous nous arrêtions aussi dans les bibliothèques, car les enfants adoraient se plonger dans la lecture et en plus, c’était l’occasion de rencontrer des gens. » Ils en ont rencontré, du monde ; si, la plupart du temps, ils montaient une petite tente pour la nuit, ils ont aussi très souvent été hébergés par des gens rencontrés sur le parcours. « Un maire nous a accueillis chez lui, confirme Nathalie. Il nous a même prêté son kart de golf pour aller faire les courses ! » Il y a également eu des journées difficiles ; si ses enfants lui rappellent souvent les bons moments, elle a aussi en mémoire l’arrivée à Disneyland : « Il pleuvait et nous n’arrivions pas à trouver la bonne route. Il n’y avait que des autoroutes. Puis Flavie m’a prévenue qu’une voiture de police se trouvait derrière nous, voiture qui nous a escortés jusqu’à l’entrée du parc. » Les jeunes oiseaux migrateurs sont prêts à refaire un autre voyage, Nathalie et son conjoint aussi : « Peut-être la côte ouest, où les gens sont plus ouverts au cyclisme. » C’est donc une histoire à suivre.

JACQUES SENNÉCHAEL

Les mots pour le dire

Avoir la pancarte

TOURISME GASPÉSIE

Les oiseaux migrateurs

« Stimuler la réflexion sur la place du vélo en Gaspésie », c’est la volonté de la conférence régionale des élus Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine. Une motivation suscitée tant par un désir de développement touristique que par une préoccupation quant à la qualité de vie de ses résidents. Un état des lieux a été commandé à un consultant ; de nombreux intervenants plus ou moins proches du milieu du vélo ont été rencontrés, les cas voisins auscultés (Nouveau-Brunswick, États-Unis), les infrastructures étudiées

(pistes cyclables, Route verte, mais aussi boutiques, hébergement...), et ce, sous les aspects du transport actif et de l’usage local du vélo comme du cyclotourisme et du vélo de montagne. Un sondage a même été réalisé pour connaître la perception des cyclistes concernant la Gaspésie. Ce travail de diagnostic était nécessaire pour aller de l’avant. Le verdict scolaire pourrait ressembler à « possède un fort potentiel mais peut mieux faire ». Ce qui se traduirait en quatre actions : changer les perceptions, favoriser l’appropriation, promouvoir la pratique et coordonner les efforts. Pas une mince affaire, direz-vous, surtout que l’avenir du projet est mis en veilleuse pour cause de réduction budgétaire drastique. JACQUES SENNÉCHAEL

Que vous vous appeliez Nino Schurter, Marianne Vos ou Vincenzo Nibali, vous pouvez être certain d’une chose : tous les autres coureurs surveillent vos moindres mouvements. Un peu comme si vous vous présentiez au départ avec un gros dossard orange de contrôleur routier. Ou une pancarte, justement, qui proclamerait : Champion ici. Cela impose un certain respect, mais le plus souvent, c’est un emmerdement, puisque dans n’importe quel sport ou presque, on souhaite pouvoir surprendre ses adversaires. Celui qui se présente avec la pancarte subit donc le désavantage d’être sous extrême surveillance. Heureusement pour eux, les grands champions disposent aussi d’un niveau de forme supérieur. Et d’un talent de tacticien qui leur permet quand même de se faire oublier. Parfois. DAVID DESJARDINS

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10 conseils pour mieux passer l’hiver SI VOUS REGARDEZ VOTRE VÉLO BIEN RANGÉ DANS VOTRE GARAGE LA LARME À L’ŒIL, VOICI DIX CONSEILS POUR MIEUX VIVRE L’HIVER, QUE CE SOIT AVEC OU SANS VOTRE MONTURE PRÉFÉRÉE.

Le vélo d’hiver Rien ne vous empêche de continuer à pédaler cet hiver (lire Ma première fois... à vélo l’hiver en page 16), y compris pour vos déplacements quotidiens.

Le fatbike Essayez-le un jour de soleil sur une neige bien tapée, et vous ne pourrez plus vous en passer. Dans certains endroits, on peut faire ses premières armes en louant l’engin. Lire notre dossier très complet en page 23. Un voyage de vélo Pour bien passer les Fêtes, que diriez-vous d’un Holguín en boucle, du 28 décembre au 4 janvier, avec Vélo Québec Voyages ? Si vous êtes un peu plus patient, la grande chevauchée en Arizona offerte par Sur la route peut être une belle option en avril. Les sports complémentaires Bien sûr, le cyclocross est roi en début et en fin de saison, mais pensez aussi au ski de fond, qui vous donnera le moteur et les jambes afin de bien débuter au printemps, et n’oubliez pas la raquette. Quant à la muscu, c’est bon pour la qualité du coup de pédale. Le spinning Certes, vous pouvez pédaler devant votre ordi en luttant contre votre ami à l’autre bout du monde ; la chose se fait aussi en gang en écoutant la voix tonitruante de l’entraîneur.

La lecture cycliste Plongez-vous dans Laurent, de Valérie Fignon, un récit émouvant de la dernière course du grand champion, contre le cancer cette fois. Si vous êtes plutôt du genre polar, La course secrète de Tyler Hamilton a une haute saveur mafieuse à la sauce Lance Armstrong. Côté BD, L’aigle sans orteils, de Christian Lax, est un monument.

Les belles étapes de la saison chaude L’été, c’est le temps de pédaler, pas de regarder les étapes du Tour de France. Rien ne vous empêche de les visionner l’hiver avec, par exemple, la maîtrise de Vincenzo Nibali sur les pavés d’Arenberg à la 5e étape ou la magnifique victoire de Blel Kadri lors de la 8e. La mécanique vélo Comme vous êtes trop occupé à rouler l’été, la saison des frimas est parfaite pour mettre le nez dans la mécanique de votre vélo. Nettoyage, ajustement, amélioration et, pourquoi pas ? un cours chez Techno Cycle afin de ne plus jamais être mal pris lors des sorties estivales à venir. Les photos et écrits sur le vélo C’est le moment de faire le tri des milliers de photos de vélo prises la saison dernière. Diaporama, livre, prenez le moyen qui vous plaît pour vous remémorer ces grands moments. Pendant que vous y êtes, prenez des notes, histoire de ne pas être mêlé dans le récit de vos grandes épopées cyclistes. Le calendrier de la saison à venir Repérez les grands rendez-vous de la saison à venir. Le 1er avril, inscrivez-vous au Défi Vélo Mag de septembre et bloquez les dates du Vélirium au mont Sainte-Anne (25 ans d’événements UCI, ça se fête !). Auparavant, organisez votre calendrier d’entraînement en fonction de vos objectifs de la saison. JACQUES SENNÉCHAEL

RESSAC Dans chaque édition, David Desjardins s’offre un mot à accrocher à son vélo. Juré, je n’avais même pas enfreint le Code de la route ni rien. Mais voilà que surgit quand même une espèce de plus en plus commune : le propriétaire d’une voiture convaincu que, du coup, la route lui appartient aussi. «  Je paye des taxes », me hurle-t-il de sa vitre baissée, inconscient de la caricature en trois dimensions qu’il interprète. Il semble qu’il faille encore répéter que, comme les autres cyclistes, je m’acquitte aussi dûment de mes impôts. Malgré cela, mon enragé croit avoir droit à toute la route. Et donc également un accès privilégié aux raccourcis de la pensée qui mènent à l’indigence intellectuelle. Je devine le prochain : pourquoi y a pas de plaques sur ton vélo ? D’abord parce qu’on n’en exige pas. Utiliser la route est un droit, conduire un véhicule potentiellement létal, un privilège qui s’accompagne de responsabilités. Le permis et l’immatriculation constituent les moyens employés par un système de contrôle de la route. Ils garantissent un certain ordre. Mais si la haine anti-vélo prend de l’ampleur, ce n’est pas seulement parce qu’il nous arrive d’escamoter la signalisation. Et ce n’est peut-être pas non plus une aussi mauvaise chose que l’on croit. C’est le signe du changement. Aux États-Unis, on a baptisé le phénomène bikelash, comme dans backlash. C’est le ressac que doit subir la culture du cyclisme dans une société aliénée par le trafic et éprise d’une liberté qui lui rit au nez chaque fois qu’un vélo se glisse à droite de la file des voitures immobilisées. Je ne réponds plus depuis longtemps par des doigts d’honneur aux coups de klaxon. J’envoie la main et offre mon plus beau sourire. Je ne suis pas à l’abri d’une colère. Après tout, c’est avec ma vie que jouent les matamores qui me coupent ou tentent de m’effrayer. Mais j’ai choisi de vivre le retour de vague comme un mauvais moment à passer. La résistance est un état d’esprit. Et les connards hargneux ne méritent pas une furie qui nourrit la leur. Mon mépris souriant retourne contre eux la démesure de leur colère et les anéantit. Parce que, soudainement, ne serait-ce que pendant une fraction de seconde, ils ont conscience de leur ridicule. Vain ressac qui annonce l’ampleur de la prochaine vague, qu’ils ne pourront arrêter.


actualité

Ma première fois...

À VÉLO L’HIVER PAR DAVID DESJARDINS

IL FAUT UNE BONNE DOSE D’AUDACE POUR AFFRONTER LA SAISON FROIDE À VÉLO, AINSI QU’UNE MOTIVATION QUI DOIT ÊTRE SOUTENUE PAR UN ÉQUIPEMENT ADÉQUAT QUI RÉSISTE AUX CRUELLES CONDITIONS QU’IMPOSENT LE GEL, LA NEIGE, LA SLUSH, LA GLACE.

Nous avons donc réclamé d’un groupe de cyclistes d’hiver qui se réunit sur Facebook dans le but d’y partager trouvailles et conseils qu’il nous livre une partie de son savoir commun afin de guider votre première fois sur les chemins de glace… et d’éviter que ce soit la dernière. Le vélo. Ce peut être le même que le reste de l’année, à condition que vous acceptiez qu’il subisse les périls hivernaux et que sa mécanique en souffre, quitte à devoir changer quelques pièces au printemps. Pour la plupart, donc, une machine consacrée à l’hiver est la meilleure option. Prévoyez-en une de type hybride, cyclocross ou montagne, de manière à avoir une position plus relevée. Certains penchent carrément en faveur du vélo de montagne avec roues de 26 pouces, qui a un centre de gravité plus bas. Le cadre ? De préférence en aluminium dans le souci d’éviter la rouille, mais un acier qui n’est pas trop exposé (c’est-à-dire dont la peinture est relativement intacte) fera bien l’affaire. La mécanique. Visez la simplicité. Les amants du pignon fixe y trouveront leur compte, mais ce type de monture n’est pas adapté à tous les cyclistes. Aux autres, on suggère des gaines pleine longueur qui épargneront les câbles en réduisant au maximum les ouvertures au sable, au sel de déglaçage, à l’eau et à tout ce qui peut faire figer ou rouiller l’ensemble. Selon plusieurs, mieux vaut éviter de faire subir à

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la monture de trop importants changements de température. L’idéal, pour ranger son vélo, c’est encore un appentis, un garage qui n’est pas chauffé ; on évite ainsi la corrosion à l’intérieur des gaines et des petites pièces mécaniques, mais aussi sur les pignons, les plateaux. La plupart de nos cyclistes hivernaux ont d’ailleurs suggéré d’huiler généreusement la chaîne. Et petit conseil, en cas de grand froid : rangez votre vélo en relâchant le câble afin que la chaîne loge sur le plus petit pignon. Le câble qu’on tend à l’aide d’un levier de vitesse aura plus de chances de bouger qu’un ressort de dérailleur congelé de se détendre. Aux adeptes de pédales automatiques : ça aussi, ça gèle. Les vêtements. Si vous voulez vous équiper spécifiquement pour le vélo d’hiver, il existe une multitude d’excellents produits. Pour débuter, cependant, des vêtements de type ski de fond feront parfaitement l’affaire. Pensez multicouche et respirant : il fait souvent chaud quand on pédale, et il est bien de pouvoir retirer ou ajouter une pelure. On fera attention aux extrémités, principalement aux mains, très exposées ; les mitaines de type pince de crabe comptent parmi les favorites de bien des cyclistes hivernaux d’expérience. Prévoyez aussi une tuque qui se porte sous un casque, des bas de laine et des bottes souples mais chaudes et imperméables au possible. Les accessoires. Le soleil disparaît très tôt en hiver, il est donc préférable de se rendre

visible à l’aide de lumières. Sinon, des gardeboue sont essentiels ; choisissez-les pleine longueur, car la neige vire rapidement à la slush en ville. Pour le transport des effets personnels, plusieurs se contentent d’un sac à dos, d’autres ne jurent que par les sacoches : c’est au choix, mais tous doivent être le plus imperméables possible. En ce qui concerne les pneus, là aussi les écoles de pensée divergent, mais en général, on vous suggérera des pneus de largeur moyenne. Certains sont de fervents adeptes du pneumatique clouté, surtout à l’avant, où les risques de dérapage sont plus critiques. On les achète en boutique ou on les fabrique soi-même. Googlez « homemade studded bike tires » et vous trouverez des vidéos vous montrant comment faire ; c’est assez simple. Quelques conseils en vrac. Ralentissez ! En hiver, on évite bien des problèmes – et des chutes, quoique rares – en adaptant sa conduite. Choisissez un itinéraire où vous vous sentez en sécurité, et roulez avec le sourire. Les jours de verglas ou d’importantes tempêtes, il se révèle parfois plus efficace de remiser son vélo et choisir le transport en commun ; en auto, vous n’irez pas plus vite. Merci à Sébastien Carrillo, Mathieu Séguin, Magali Bebronne, Simon Carreau, David Lewis, Julie Patenaude, Františka Lebova, Samuel Palato, François Démontagne, Charles Reny, Anne Williams, Edith Lmbt, Madeleine Leblanc, Patrice Fortin, Luc Arsenault, Simon Bellemare et Vincent Barge du groupe Facebook Vélo d’hiver – Montreal – Bike Winter.


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Un étonnant avantage pour l’entraînement. Résultats 2014

Lionel Sanders (Ontario)

(au 31 juillet)

Champion – IRONMAN 70.3 Muncie Champion – IRONMAN 70.3 Racine 2e position – IRONMAN 70.3 Raleigh 2e position – IRONMAN 70.3 Syracuse

Angela Naeth (C.-B.) Championne – IRONMAN 70.3 Panama (temps intermédiaire le plus rapide à vélo) Championne – IRONMAN 70.3 Hawaii Championne – IRONMAN 70.3 Buffalo Springs 6e position – IRONMAN 70.3 Melbourne (temps intermédiaire le plus rapide à vélo)

«Le CompuTrainer est le meilleur outil que j’aie utilisé pour m’entraîner. Il permet de ne pas penser à maintenir un rendement particulier mais de se concentrer sur la respiration et la sollicitation des muscles. Beau temps, mauvais temps, j’utilise presque toujours le CompuTrainer à vélo. »

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LE GRAND DÉFI PIERRE LAVOIE

humeur

LE GRAND DÉLUGE PIERRE LAVOIE PARTIR EN RANDONNÉE À VÉLO LORSQU’IL PLEUT, C’EST PAS DU TOUT MON GENRE. POUR LES LOISIRS COMME POUR LE TRAVAIL, JE N’AI AUCUNE DIFFICULTÉ À REMETTRE AU LENDEMAIN. CEPENDANT, le 12 juin dernier, à La Baie, je n’ai eu d’autre choix que de me joindre aux 1000 cyclistes du 1000 km du Grand Défi Pierre Lavoie rassemblés sur le quai en attente du départ, trempés sous la pluie battante. Les cinq éditions précédentes avaient pourtant été ensoleillées. Lyne, la conjointe de Pierre, accroche un chapelet sur la corde à linge à seule fin de voir briller le soleil. Cette année, la superstition n’a pas fonctionné. Il a plu de plus en plus et ça ne m’a pas plu. Nous nous sommes farcis 800 km sous la pluie sur les 1034 que comptait le trajet. Ce bien nommé Grand Défi restera dans les mémoires comme étant le plus difficile. C’est toujours comme ça. Prenez le Raid Vélo Mag, ou le Bras du Nord, ou l’Enduro des Cœurs Vaillants : les éditions dont on se souvient le plus sont celles qui ont été les plus épiques, à cause de la pluie. On les a rebaptisés Raid Vélo M*rde, Raid Brun du Nord, Lent-Dur-Eau-Écœure Vaillants... On peut donc baptiser officiellement l’édition de 2014 le « Grand Déluge Pierre Lavoie ». J’ai ramené de cette aventure un gros tas de linge mouillé qui pue, mais aussi un tas de souvenirs impérissables, des plus hilarants aux plus touchants. Au sein de l’équipe d’encadreurs de l’organisation dont je fais partie, l’adversité a permis de resserrer les liens. Notre structure est de mieux en mieux organisée, en bonne partie grâce à notre coordon-

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nateur, Éric Larouche. Éric prend sa tâche au sérieux, nous assigne des tâches, multiplie les directives. Une de ses recommandations était d’arriver avec des pneus neufs et un vélo en parfait ordre. Croyez-le ou non, lorsque le cortège des cyclistes s’est ébranlé au départ à La Baie, il a fallu moins d’un kilomètre pour que le pédalier complet d’Éric se dévisse et se détache, toujours accroché sous son soulier, la chaîne traînant par terre. Allez, hop ! un premier client pour l’autobus jaune derrière, qui ramasse les victimes de crevaisons ou de bris mécaniques. La nouvelle s’est répandue rapidement au sein de notre groupe. David Veilleux, prestigieux nouveau venu au sein de notre groupe, se bidonnait comme nous jusqu’à ce qu’il s’aperçoive que son boyau arrière était à plat. Et hop ! dans le bus lui aussi ! La suite s’est déroulée plus rondement. Le principal défi de notre groupe était de conserver du linge sec afin de pouvoir repartir étape après étape. Heureusement qu’Hélène (Fortin) et Stéphane (Brassard) étaient là. En plus de nous nourrir, nos anges gardiens ramassaient nos vêtements trempés et trouvaient le moyen de les sécher à temps pour l’étape suivante. Un miracle sans lequel nous nous serions tous retrouvés roulés en petite boule, victimes d’hypothermie thermie-nale. À chaque départ d’étape, nous espérions qu’une éclaircie nous permette de la faire au sec. Chaque fois, David nous


texte ramenait à la réalité, consultant sur son téléphone le site radar.mcgill.ca, qui annonce les précipitations pour les 180 minutes à venir. « Gardez vos impers, les gars, il va pleuvoir dans une heure. » Certains s’attendaient à ce que notre super recrue arrive avec une attitude de star. C’était mal le connaître. Autant il fut un bon équipier dans l’équipe Europcar, autant il s’est intégré au groupe d’encadreurs et a travaillé fort, distribuant les poussées, les sourires et les conseils. Aussi utile sur deux roues que devant un micro, il a enlevé un peu de pression à Pierre lors des arrêts, car les médias se l’arrachaient. David partage la mission du Grand Défi, il a le même discours que Pierre, sans réciter de cassette. Je ne sais pas si les deux se sont parlé à ce sujet, mais je pense au jour où Pierre sera trop vieux pour se taper ce 1000 km. David est la seule personne assez charismatique (et assez en forme) pour prendre sa relève ! Le GDPL s’appellera peut-être un jour le GDDV. L’étape à Québec appelée La Boucle ac-

cueillait 4000 cyclistes de plus, ce qui n’est pas de la tarte pour les encadreurs. À Charny, dans Lévis, David a été appelé à collaborer. Dans un faux plat, un monsieur en vélo à main avançait péniblement. Contrairement aux autres participants, il était trop au ras du sol pour que nous puissions lui donner une poussée. En passant devant le Centre du Bicycle Rive-Sud, Éric, notre chef encadreur, a demandé aux mécanos de trouver une corde. Il en a attaché un bout au tricycle et l’autre à la tige de selle de David. C’était dangereux comme installation, mais le gars va se rappeler longtemps ces quelques kilomètres avalés à vitesse grand V derrière un coureur du Tour de France. Toujours à Charny, j’ai assisté à une autre scène palpitante : deux amies roulaient rapprochées. L’une d’elles a ralenti, leurs roues se sont touchées, celle de derrière a dévié et culbuté au ralenti dans le gazon. Elle ne s’est pas blessée, mais elle gisait comme une tortue, couchée sur le dos, son vélo au-dessus d’elle, clippé à ses souliers. De bons sama-

Gilles Morneau

ritains ont dû l’aider à pivoter ses chevilles pour la tirer de sa fâcheuse position. Plus de rires que de mal. Cinq mille cyclistes, ça représente un peloton immense, long d’une vingtaine de kilomètres, et qui met une éternité à se mettre en branle. Notre groupe d’encadreurs, à l’arrière, a passé sous le pont de Québec plus d’une heure après ceux qui réglaient la vitesse à l’avant. Philippe Carrier était un de ceux-ci. Le saligaud a terminé la Boucle deux heures et demie avant nous. Quand nous sommes arrivés, il était douché et changé, allongé sur la table de massage. Il nous a lancé : « Les gars, vous irez voir le film La petite reine. J’arrive de le voir, c’est pas mal bon ! » Toujours le mot pour rire, ce Phil. J’assistais avec lui aux discours des dignitaires à l’arrivée au stade olympique. Il m’a fait remarquer que tous les politiciens y étaient sauf le ministre de la Santé, Dr Barrette, qui aurait été le plus concerné. Comme dit Phil : « Pourtant, y aurait eu assez de place pour lui, c’est en plein air ! »|VM

420 CONSEILS PRATIQUES POUR S’ENTRAÎNER ET PERSÉVÉRER

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la balade de Gaétan texte et photos

Gaétan Fontaine

Les berges du fleuve Saint-Laurent et de la rivière Richelieu regorgent de sites historiques. Ces pans d’histoire égrenés le long des routes se dévoilent tant aux curieux qu’aux historiens en herbe avides de connaissances.

SUR LA ROUTE DE L’HISTOIRE 20 VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014


Val-des-Lacs

Saint-Cléophas-de-Brandon Lantier Sainte-Lucie-des-Laurentides Saint-Viateur

Entrelacs Ivry-sur-le-Lac Lac-Manitou-Sud

Sainte-Genevièvede-Berthier Berthierville

Estérel Sainte-Marguerite-Station

Lac-de-l'Achigan

Mont-Rolland Morin-Heights

Montfort

Saint-Sauveur Wentworth-Nord (Laurel)

Yamask

Saint-Rob

Lac-Connelly 138

Lanaudière Lac-Alouette Sainte-Sophie

La Plaine

Saint-Jérôme

Gore

L’Assomption

55

Sainte-Scholastique Mirabel

15

Blainville Lorraine

Saint-Philippe LA VIRÉE dans le temps prend son envol à Longueuil sur la pa-

Verchères Saint-Antoinesur-Richelieu

Sa int -L au

Saint-Janvier

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Mascouche Repentigny

Saint-Canut

Rendez-vous avec l’histoire à Boucherville

Boisdes-Filion

Saint-Ours CANAL DE SAINT-OURS

25

Sainte-Anne-des-Plaines

Saint-Colomban

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Saint-Rochde-Richelieu sur-Richelieu Contrecœur Con

New Glasgow

Saint-Michel-de-Wentworth Wentworth (Louisa)

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Repères

Saint-Marc- sur-Richelieu Saint-Augustinde cette piste cyclable qui avoisine Rosemère Sainte-Thérèse sur-Richelieu Saint-Hermas le fleuve. Au bout Laurentides Laval Boisbriand dernière, une Carillon passerelle enjambe la route 132, puis des bandes Boucherville Pointe-Fortune Saint-Benoît De La Broquerie, à cyclables conduisent jusqu’au parc historique Saint-André-d'Argenteuil Sainte-Julie l’entrée de Boucherville. Méconnu, l’endroit mérite un détour. Blot40 Saint-Eustache Saint-Placide 20 ties dans un écrin de verdure se trouvent la maison natale du politiDeux-Montagnes Montréal Mont-Saint-Hilaire cien Louis-Hyppolite La Fontaine, construite en 1766, ainsi qu’une Riv Saint-Bruno-Belœil Longueuil ièr Rigaud de-Montarville ed Otterburn Park Kanesatake Pointe-Calumet élégante statue à son effigie. eOn y observe aussi les ruines de la sO uta 116 ou érigé Oka Villa De La Broquerie, un bâtiment en 1735 et ravagé par un ais Très-Saint-Rédempteur Como subsistent. Attardez-vous incendie en 1970 mais dont les40fondations 20 Saint-MathiasL'Île-Cadieux sur-Richelieu GéographieBrossard Sainte-Marthe un peu dans le Vieux-Boucherville afin d’y apprécier les rues très L'Île-Dorval SaintLa rivière Richelieu est Richelieu un exutoire du lac Champlain. étroites etSainte-Justine-de-Newton les résidences au cachet Lazare d’époque. Chambly L’ancestrale rivière prend sa source dans ce lac et 112 court surMarieville une distance de Lac Saint-Louis VaudreuilLa balade reprend sur la piste cyclable qui borde la route 132 en Dorion 124 km, jusqu’à Sorel-Tracy, où elle termine sa course dans le lac Saint-Pierre. 10 L'île-Perrot Delson Pointe-du-Moulin passant par-ci par-là dansSaint-Clet des boisés jusqu’à Varennes, où la piste Châteauguay 104 Repères CANAL 35 traverse une frayère, véritable pouponnière à poissons. À la sortie Le parcours, en forme de triangle, s’étire sur près de 125 km. DE CHAMBLY Léry Pointe-des-Cascades 20 Dalhousie Station 30 Saint-Polycarpe Plusieurs haltes municipalesSaint-Luc le jalonnent et les points d’eau sont nombreux. Les de Varennes, la route, à flanc de coteau, Les offre des percées visuelles Cèdres Saint-Télesphore Beauharnois sur le fleuve ; ceCoteau-Station décor n’a pasCoteau-du-Lac changé depuis des lustres. Plus loin, Mercier Saint-Isidore week-ends, roulez l’avant-midi, car plus tard dans la journée, le trafic automoSaint-Timothée bile, dont font partie de nombreuses motos bruyantes, s’intensifie. on s’engouffre dans une petite forêt pour ensuite revenir sur la Saint-Jean- Iberville Les Coteaux Rev^êtement sur-Richelieu route 132 qui mène à Saint-Zotique Verchères, autre coin de paysSaint-Étienne-de-Beauharnois chargé d’hisSalaberryDans l’ensemble, mis à part l’approche de Contrecœur, le Sainte-Martine Rivière-Beaudette de-Valleyfield toire. En 1692, en ces lieux, Madeleine de Verchères se défendit revêtement est assez bon. La route 133 dispose d’un accotement bitumé mais Saint-Louisavec bravoure contre une attaque des Iroquois.de-Gonzague Une gracieuse statue Saint-Urbainplutôt étroit. La piste du canal de Chambly est recouverte surtout de poussière Premier Port Lewis 132 Saint-Stanislas-de-Kostka de roche. de l’héroïne, fusil au bras, trône avec fierté dans la municipalité. Howick Après Verchères, la routeSainte-Barbe 132 se dégrade, malheureusement. Vous Dénivelé 138 Cantons-deRiverfield C’est plat comme une crêpe ! Saint-Patricepédalerez, à contrecœur, une dizaine de kilomètres pour rejoindre… Sainte-Clotildede-Sherrington Ormstown Dewittville en tant que Saint-Pierre de-Châteauguay En cas de pépin Contrecœur, dont les îles sont reconnues réserve natio133 Cazaville 15 Henryville nale de faune ; laGodmanchester sauvagine yHuntingdon niche et plusieurs espèces de poissonsSaint-Chrysostome CYCLE PERFORMANCE Saint-Valentin Saint-Paul-deSaint-Sébastien l'île-aux-Noix s’en servent comme lieu de frai. Reprenez votre souffle au parc 1684, avenue Bourgogne, Chambly 450 447-3450 [cyclesperformance.ca] Dundee Centre ­Cartier-Richard, qui jouxteHinchinbrooke la Maison Lenoblet-Du Plessis, bâtie en Saint-Antoine-Abbé Où ronflerLacolle Notre-Dame-du-Mont-Carmel Venise-en-Québec Herdman Havelock Dundee 1794.Sainte-AgnèsNoyan C’est dans cette résidence cossue que, en 1834, les Patriotes Elgin Hemmingford Rockburn de-Dundee Franklin Saint-GeorgesRiver À LA CLAIRE FONTAINE rédigèrent les Trout fameuses 92 résolutions. Toujours à Contrecœur, unCovey Hill Powerscourt de-Clarenceville Philipsburg Pigeon Hill 2130, avenue Bourgogne, Chambly 450 447-7940 [alaclairefontaine.ca] Lac autre monument de mémoire se dresse face au Saint-Laurent, le mouCertifiée Bienvenue cyclistes ! Auberge confortable Champlain de quatre chambres Saint-Armand située lin Chaput, un lourd édifice pierreux établi en 1742 et très bien dans le Vieux-Chambly, à proximité du fort et de la piste cyclable. Service de conservé. massothérapie. Garage à vélos. Quelques tours de jante en aval, tournez à droite sur la montée Saint-Roch et gagnez Saint-Roch-de-Richelieu pour prendre le GÎTE DE LA MADELON 20, rue Baillargé, Verchères 514 993-7936 ­bateau-passeur afin de rejoindre Saint-Ours, sur le bord de la rivière [gitescanada.com/10687.html?showpage=1] Richelieu. Vous pédalerez dès lors sur la route 133 vers le sud. Rapi­ Certifié Bienvenue cyclistes ! Tout petit gîte intimiste de deux chambres dement, vous croiserez le Lieu historique national du Canada du en plein cœur du Vieux-Verchères, dans une ancienne maison d’ouvrier Canal-de-Saint-Ours (pc.gc.ca). Ce canal, inauguré en 1849, rendit construite en 1838. Déjeuner bio personnalisé. possible le lien entre New York et Montréal par voie fluviale. Les Greece's Point Cushing noramique

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la balade de Gaétan

Le moulin Chaput à Contrecœur

écluses servent de nos jours aux plaisanciers, et le site dispose d’un parc sur l’herbe duquel il fait bon se prélasser. Et c’est gratuit pour les cyclistes ! La balade aborde ensuite Saint-Denis-sur-Richelieu, village emblématique de la fibre patriotique. En novembre 1837, la bourgade servit de théâtre à une des rares victoires des Patriotes sur l’armée anglaise. Vous en apprendrez davantage sur cette période agitée en allant faire un saut à la Maison ­nationale des Patriotes (mndp.qc.ca), sise dans un manoir de pierres remarquable par sa fenestration. Chemin faisant, vous déambulerez vers un autre lieu de mémoire, Saint-Charles-sur-Richelieu. C’est là même, dans le parc face à la rivière, que se tint le 27 octobre 1837 la fameuse assemblée des Six Comtés, à laquelle participèrent des orateurs hors du commun tels que Louis-Joseph Papineau et Wolfred Nelson. Des panneaux d’interprétation relatent cet épisode. Sur la route, le paysage se transforme. La grosse colline du mont Saint-Hilaire meuble l’horizon rectiligne de la plaine du Saint-Laurent. Plusieurs maisons ancestrales bordent la route 133 jusqu’à Chambly, où est ancré le Lieu historique national du Fort-Chambly (pc.gc.ca). Positionné sur une pointe au luxurieux tapis végétal, le fort impressionne par sa stature. Le visiter permet de saisir toute l’importance de ce point névralgique dans l’histoire du Bas-Canada. À ce point de la balade, soit vous revenez à Longueuil en empruntant la Route verte 1, soit vous prolongez l’histoire en poursuivant sur la piste cyclable du canal de Chambly, autre lieu stratégique de notre passé. |VM

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FAT

bike

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JACQUES GODIER

F

atbike. C’est plus qu’une nouvelle catégorie de vélos, c’est un nouveau sport de plein air hivernal. C’est une panacée à la flemme du vélo stationnaire, le nirvana pour le cycliste qui rêve de rouler à l’année et aime jouer dans la neige. On les a testés tout l’hiver dernier et on s’est fait prendre au jeu. Ils sont monstrueux. Ils sont lourds. Oui, mais ils sont tripants. Ils sont même quadrupants ! La magie du flottement s’opère lorsque ces mastodontes se mettent en mouvement sur la neige. Dès les premiers coups de pédale, le poids se fait oublier, une sen-

sation de liberté nous envahit, laissant l’impression de pouvoir rouler n’importe où. La réalité nous rattrape bientôt, quand une roue déborde du sentier durci et s’enfonce dans la poudreuse, nous plongeant dans la neige folle jusqu’à la ceinture. Même déconfiture quand vient le temps de grimper une forte pente. Soyons clairs, faire du fatbike, c’est pousser autant que pédaler. La notion de difficulté technique l’hiver n’a rien à voir avec son pendant estival, car les racines et les roches disparaissent sous un doux tapis neigeux. La difficulté se cache dans la pente et la consistance de la neige. Les jurons se

Gilles Morneau

mêlent aux rires dans des sorties pleines de péripéties, alors qu’on apprivoise un sport naissant, comme l’ont fait les pionniers du vélo de montagne il y a quelques décennies. Le cycliste qui adopte le fatbike s’accroche un sourire au visage pour l’hiver. Il dit adieu au vélo stationnaire et bonjour à la belle neige. Et quand le temps s’adoucit, il enfile ses raquettes et aménage ses sentiers préférés en prévision du lendemain où tout gèlera. La neige, c’est merveilleux. Ça n’use ni les pneus ni les patins de freins. Plus besoin de laver ou d’entretenir le vélo, un petit coup de balai et on laisse fondre le reste. VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014

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FAT

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Les origines du fatbike remontent à la fin des années 1980, lorsque fut créée en Alaska la course Iditabike, version cycliste de la non moins célèbre course de chiens Iditarod et aventure de plusieurs jours qui emprunte des sentiers de motoneige, traversant la toundra et les lacs gelés. Pour se donner toutes les chances, des participants ont eu l’idée de souder deux jantes côte à côte et de coudre deux pneus ensemble, de façon à utiliser tout l’espace disponible à l’intérieur de cadres de vélos de montagne de série. Des artisans ont ensuite soudé des cadres laissant plus d’espace pour accueillir des pneus encore plus larges. Au Nouveau-Mexique sont apparus les premières jantes de 80 mm et les premiers pneus de 3,5 po, destinés aux excursions dans le désert. En 2005, Surly fut le premier manufacturier à produire un fatbike de série, le classique Pugsley, doté de jantes Marge et de pneus Endomorph. Durant les années qui ont suivi, le fatbike a gagné des adeptes et pris peu à peu une place plus importante dans la culture underground. De petits manufacturiers ont emboîté le pas et produit leur version. Depuis deux ans, les compagnies majeures ont flairé la bonne affaire et lancent les unes après les autres leurs modèles fat, faisant évoluer à pas de géant toute l’industrie, permettant de produire des cadres de plus en plus légers, sans parler des accessoires et composantes. Dans un futur proche, l’offre va continuer de grossir, avec des fatbikes d’entrée de gamme moins chers et du haut de gamme encore plus cher. Le poids sera revu à la baisse grâce à des roues de carbone et des pneus sans chambre à air mis au point par les gros joueurs de l’industrie. Dans un monde caractérisé par les cadres tout rigides, la fourche Bluto de RockShox a maintenant ouvert le bal de la suspension avant. La suspension arrière est déjà offerte par certains artisans, et parions que les compagnies majeures suivront. Parions aussi que les fatbikes électriques vont nous envahir. Souhaitons que la commercialisation n’amène pas le fatbike trop loin de ses origines, que l’artifice ne surpasse pas la fonctionnalité et la simplicité des premiers jours. Il sera intéressant de voir si le vélo saura trouver sa place dans les parcs et centres de ski ou de raquette, parmi les autres activités hivernales. Les gestionnaires surveillent attentivement le phénomène ; combien feront le saut ? L’avenir nous le dira. En attendant, en voici quelques-uns.

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QUAND PEUT-ON ROULER ?

Avant d’investir dans l’achat d’un fatbike, plusieurs se demandent s’ils pourront s’en servir assez souvent. Pour répondre à la question, il a suffi de tenir des statistiques au jour le jour l’hiver dernier. La saison a duré de la mi-décembre à la mi-avril, soit un total de 123 jours. Aucune journée n’a été trop froide pour sortir, pourvu qu’on ait été convenablement équipé. Il y a eu 29 jours « sans », des journées impraticables à cause de temps trop doux, de chutes de neige ou de pluie ; 13 journées ont offert un sol suffisamment durci pour sortir en vélo de montagne ordinaire ; 61 journées se sont ajoutées au profit des propriétaires de fatbikes à roues de 4 pouces de large ; 20 journées supplémentaires ont été propices uniquement aux pneus de 5 pouces. Donc, un potentiel de 94 jours « roulables » pour le fatbiker bien chaussé et de 74 jours pour le moins bien chaussé. Tenez compte du fait que j’habite Québec, au climat « nordique », ce qui ne veut pas dire que notre saison dure plus longtemps. Au nord, les précipitations abondantes fournissent une bonne épaisseur de neige, mais il faut patienter après chaque bordée de neige avant que ça durcisse. Au sud, les épisodes de pluie ou de verglas sont plus fréquents ; ils interrompent les activités un jour ou deux mais sont suivis de belles conditions dures et rapides, parfois glacées.

ET L’ÉTÉ ?

Les plus convaincus vous diront que ce sport se pratique à l’année et partout. Nuançons en disant que ça dépend du terrain dont vous disposez. Le terrain de prédilection du fatbike, une fois la neige fondue, c’est le sable des plages ou du désert. Ce sont aussi les berges du fleuve SaintLaurent ou l’arrière-pays québécois, hors des sentiers, à travers bois dégagés, rivières et marais. Dans des sentiers aménagés, un bon vélo de montagne tout suspendu est infiniment plus facile et plus agréable à piloter qu’un gros pachyderme entièrement rigide.

Info

Pour tout savoir sur le monde du fatbike, discuter avec d’autres « fatteux », fixer rendez-vous pour aller « fatter » et surtout publier les selfies de votre dernière randonnée (selfat ?), rejoignez le groupe Facebook Fatbike Riders Nord-East. JACQUES GODIER

UN PEU D’HISTOIRE



FAT JACQUES GODIER

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Tout ce qu’il faut pour avoir du plaisir en fatbike, c’est un petit bout de sentier damé, que ce soit par des piétons, des raquetteurs ou des motoneiges. Ce sentier donne dans certains cas accès à un réseau complètement différent de celui des pistes estivales. À vous d’explorer, et c’est ce qui fait la beauté de la chose. On évitera bien sûr les sentiers de motoneige fédérés, autoroutes où la tête des intrus, même ceux à gros pneus, est mise à prix. Par contre, il existe des centaines de kilomètres de sentiers informels développés autour de ce réseau officiel ; les motoneigistes y circulent à vitesse réduite et cohabitent avec les autres usagers. On évitera aussi les sentiers de marche déjà très achalandés, où la présence de vélos risque de créer des conflits, ce qui n’aidera pas la cause d’un nouveau sport en quête de sa place dans l’échiquier du plein air. Le fatteux convaincu fatte généralement autour de chez lui la semaine et plus loin les week-ends, découvrant de nouvelles destinations au fur et à mesure qu’elles apparaissent. Voici une liste d’endroits ouverts au fatbike telle que colligée par Vélo Québec. Restez à l’affût, ces informations peuvent changer, et de nouvelles destinations devraient s’ajouter. ALMA  Club de ski de fond Dorval d’Alma Accès permis sur les pistes de ski de fond de pas de patin seulement. Location sur place. [skidefonddorval.com] BROMONT  Sentiers du massif de Bromont Amateurs encouragés à utiliser le réseau de sentiers à l’année. Certains sentiers entretenus par des bénévoles à l’aide de motoneiges et de raquettes. [sentiersbromont.org] Centre national de cyclisme de Bromont Sentiers ouverts au fatbike, dont certains damés à la motoneige. [centrenationalbromont.com]

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GROSSES ROUES BIENVENUES COATICOOK  Parc de la Gorge de Coaticook 10 km de sentiers damés pour la pratique du vélo d’hiver. Location de fatbikes sur place avec réservation préalable. [gorgedecoaticook.qc.ca] HÉBERTVILLE  Mont-Lac-Vert 10 km de sentiers entretenus pour la pratique du fatbike. Pas de frais d’accès ni de location. [montlacvert.qc.ca] LAC-BEAUPORT  Sentiers du Moulin Sentiers de raquette ouverts aux vélos, mais de 5 à 20 km praticables selon les conditions du moment. [sentiersdumoulin.com] OKA Parc national d’Oka Activité autorisée dans les sentiers de randonnée pédestre et de raquette seulement, à l’exception du secteur du Calvaire, et interdite dans tous les sentiers de ski de fond. Location offerte au centre de services Le Littoral. [sepaq.com/pq/oka] RIGAUD  Mont Rigaud Pistes 2, 4 et 10 damées avec une motoneige. [velo.montrigaud.com] SAGUENAY  Centre de vélo de montagne Le Panoramique Sentiers non damés mais pratique tolérée. [velochicoutimi.qc.ca] SAINTE-ADÈLE Plein air Sainte-Adèle Pratique du vélo dans les sentiers de ski de fond ou de raquette permise en tout temps, sauf les week-ends entre 10 h et 16 h. [pleinairsteadele.com]

SAINTE-MARIE-DE-BLANDFORD Parc de la Rivière-Gentilly Une dizaine de kilomètres de sentiers ouverts au vélo. [rivieregentilly.com] SAINT-RAYMOND Vallée Bras-du-Nord Généreux réseau de pistes entretenues pour le fatbike ou partagées avec les raquetteurs. Service de location sur place. [valleebrasdunord.com]

COURSES ET FESTIVAL TRAVERSÉE DU LAC SAINT-JEAN Après les nageurs, c’est au tour des fatteux de faire la traversée entre Péribonka et Roberval. 28 février 2015 [velosurlac.com] MAMMOUTH ! COURSES HIVERNALES Le lendemain de courses en raquettes et à pied, que voilà une course de fatbike, le tout à Boischatel, le 8 mars 2015 pour le fatbike. [coursesmammouth.com] DÉFI NORDIQUE Le Parc national de la Mauricie ouvre ses portes au fat. ­Plusieurs boucles chronométrées seront proposées lors du Défi nordique. 21 février 2015 [lesdefis.ca] GRAND FAT TOUR Circuit d’événements rassemblant les fatteux du Québec et du Vermont. Village d’exposants, randonnées, essais de démos, courses amicales. La météo ne garantit pas que les conditions seront idéales, mais la bière et l’ambiance très festive seront toujours au rendez-vous. [facebook.com/LeGrandFatTour] 7 décembre (Burlington, VT) 3 janvier (Stowe, VT ) 17 janvier (Coaticook, QC) 31 janvier (Bromont, QC) 15 février (Oka, QC ) 27 février (Kingdom Trails, East Burke, VT)


DES BOTTES PLEINES DE NEIGE À CHAUSSER

BLIZZARD 2015 Afin d’être à la hauteur du nom légendaire Blizzard, nous avons créé un «Fat Bike» muni d’un design optimisé spécifiquement pour la suspension, d’une géométrie agile de vélo de trail. Le résultat? Un vélo offrant la qualité de conduite Rocky Mountain que ce soit sur la neige, le sable ou n’importe quel autre type de terrain sur lequel vous vous retrouvez. BIKES.COM/BLIZZARD

100mm

26 x 4.7

Rider: Wade Simmons Photo: Brian Park Endroit: Chaine Côtière, Colombie-Britannique

TRAIL FAT BIKE


FAT

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Yeux

Tête

Certains portent des lunettes de ski. Quant à moi, je suis fidèle à mes Oakley d’été, qui protègent bien les yeux des courants d’air et n’embuent pas.

Pour garder les oreilles bien au chaud, enfilez un casque de ski, ou encore celui que vous utilisez l’été, par-dessus un passe-montagne ou une tuque de vélo.

X PIEDS U A E T Ê T E LA ÉQUIPÉ D

Tronc

Coupez le vent et restez au sec en revêtant un bon sousvêtement et un anorak en Gore-Tex. Sinon, le manteau que vous portez en ski de fond conviendra parfaitement.

Pieds

C’est la partie de votre corps la plus sensible au froid, et il vaut la peine d’investir pour prolonger vos sorties sans risques d’engelures. La solution la plus économique consiste à porter vos bottes d’hiver préférées posées sur des pédales plateforme. Par contre, si comme moi vous préférez rouler clippé, installez vos pédales automatiques préférées (rien ne bat les Time Atac en hiver) et portez une botte de vélo qui accepte les cales. Deux modèles seulement vous permettront de rouler plusieurs heures sans vous les geler : les MXZ303 de Lake et les Wölvhammer de 45NRTH. Oubliez tous les autres prétendus souliers d’hiver, ils ne seront pas assez chauds. Oubliez aussi les couvre-chaussures, la neige s’accumulera dedans. Les Lake vous tiendront au chaud pour quelques heures jusqu’à –20 °C. Les Wölvhammer sont encore plus chaudes ; elles montent plus haut sur la jambe, sont plus confortables et mieux isolées ; elles coûtent cher, mais jamais vous ne regretterez cet achat, car jamais plus vous ne gèlerez des pieds. Commandez vos bottes un point plus grand qu’à l’habitude, pour que les orteils puissent bouger. Portez de bons bas de laine. Si jamais ce n’était pas encore assez chaud, faites comme ma blonde : remplacez vos semelles par des semelles chauffantes rechargeables vendues pour le ski alpin. La petite batterie s’accroche à la botte ou à la guêtre et permet d’ajuster le degré de chaleur au besoin.

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Mains

Installer des moufles sur votre guidon pour protéger vos mains des engelures causées par le vent et un guidon glacé n’est pas un luxe. Ces moufles donnent la possibilité de porter des gants de vélo ou de ski de fond assez minces pour bien maîtriser les freins et les manettes de vitesse. La plupart des modèles, comme les Cobrafist de 45 NRTH et les Bar Mitts, enveloppent complètement les mains et les gardent bien au chaud. Ils sont parfaits pour les longues randonnées en terrain ouvert, pendant lesquelles on est exposé au vent. Par contre, si vous empruntez des sentiers de raquette étroits, vous devrez souvent sortir les mains pour soulever le vélo ou vous appuyer sur un arbre. Il faudra ensuite repartir en insérant vos mains dans le trou, et c’est loin d’être évident, au point de devenir une nuisance. Skinz propose des protecteurs de guidon rigides appelés Heatflex, inspirés de la motoneige, qui sont plus pratiques, avec leur grande ouverture pour un accès instantané au guidon. Le modèle le plus intéressant que nous avons testé est le Trail/Touring, car son rabat pliable permet deux configurations : replié sur lui-même pour les sentiers techniques où les mains sont mobiles, déplié pour bien recouvrir la main par grand vent.

Chevilles

Les guêtres sont essentielles peu importe les conditions. Quand on s’aventure dans les sentiers étroits, on ne sait jamais à quel moment la roue avant s’enfoncera et nous plongera jusqu’aux genoux dans la poudreuse. Si vous faites de la raquette, vous en possédez déjà une paire qui devrait faire l’affaire. Sinon, allez-y pour les Dryloc de Skinz. Conçues pour le fatbike, elles enveloppent la botte hermétiquement, sont bien ajustées à la cheville et n’interfèrent pas avec le pédalier. Elles restent bien accrochées en haut du mollet par une bande velcro.

Jambes

Mettez un pantalon de Gore-Tex comme pour aller en raquettes ou des collants comme en ski de fond.


Les pneus

4 pouces ou 5 pouces ?

Zat is ze quouestionne, dirait Shakespeare. Comme tout le monde, je me posais cette question existentielle en faisant le choix de mon fatbike. Les tests hivernaux ont confirmé la thèse qui fait peu à peu consensus : The fatter the better. Plus votre pneu sera large, plus vous aurez de traction, plus vous aurez de plaisir et plus souvent vous pourrez sortir. Plus vous éprouverez de résistance aussi, mais tout compte fait, les avantages du 5 po surpassent haut la main le léger handicap de la friction. Lors d’une randonnée de groupe, inévitablement, les 5 po se retrouvent devant et doivent prendre une pause pour attendre les 4 po qui tirent de la patte derrière. Ce qui complique les choses, c’est que la vaste majorité des vélos sur le marché sont chaussés en 4 po afin de garder les prix les plus bas possible. En effet, les pneus larges coûtent beaucoup plus cher, au même titre qu’un cadre et des composantes adaptés aux pneus de 5 po. Comme le fatbike n’est pas une denrée essentielle, l’acheteur raisonnable se résignera souvent à prendre le vélo tel quel, avec des pneus de 4 po peu dynamiques pensés pour le sable plutôt que pour la neige. Cela ne l’empêchera pas de profiter de l’hiver, en particulier si les conditions font que le sol est bien dur. Sur une route gelée recouverte de neige fraîche, nous avons alterné entre deux vélos identiques, l’un monté en 4 po et l’autre en 5 po. L’effort demandé était moindre sur le 4 po, et ce, de façon significative. Le même test sur surface plus molle donne le résultat inverse : le 5 po flotte allègrement, tandis que le 4 po s’enfonce et laboure, ce qui demande davantage d’effort au pilote. L’acheteur raisonnable verra donc rapidement si ses pneus sont adaptés à son environnement ou s’ils limitent ses ébats. Si tel est le cas, il sera toujours temps de demander au père Noël de vrais pneus à neige. Pour l’instant, le choix d’un bon pneu est simple parce que limité. Si votre fatbike accepte seulement des pneus de 4 po, le Nate de Surly fait l’unanimité avec sa large semelle et ses crampons accrocheurs. Si votre vélo est compatible avec pneus de 5 po, votre meilleur choix sera toujours chez Surly, avec une monstrueuse combinaison appelée dans le jargon Bud and Lou : deux pneus à usage spécifique, le Bud 4.8 à l’avant et le Lou 4.8 à l’arrière.

Suspension

La nouvelle fourche Bluto, de RockShox, a fait son apparition l’été dernier, et tous les manufacturiers la proposent maintenant sur leurs modèles haut de gamme. C’est une bonne idée si vous roulez l’été. En hiver, c’est inutile, à moins d’être confronté à des surfaces bosselées, par exemple un sentier pédestre gelé dur après un redoux. Généralement, les sentiers enneigés sont de tout confort, et une fourche à suspension ne viendra qu’ajouter du poids superflu. Idem pour les cadres à suspension arrière, qui arrivent petit à petit sur le marché.

Largeur réelle

On parle dans le jargon de pneus de 4 po et de 5 po, mais la réalité est plus nuancée. Comme pour les pneus minces, mais à une échelle beaucoup plus significative, la largeur annoncée d’un pneu de fatbike n’a rien à voir avec la réalité. Par exemple, la largeur de la semelle d’un pneu Snowshoe 4.7 de VeeTire, monté sur une jante standard de 80 mm, ne mesure pas 4,7 po, mais bien 3,75 po. Un Nate 3.8 fera 3,6 po, un Bud 4.8 fera 4,25 po et ainsi de suite. La largeur des jantes est tout aussi importante que celle des pneus, car elle affecte leur forme. Le Bud 4.8, par exemple, étiré sur une jante de 100 mm, adoptera un profil plus écrasé, sa surface de contact s’élargira d’un quart de pouce et sa traction s’en trouvera décuplée. Nous avons pu le vérifier l’hiver dernier en randonnée : dans certaines montées mal damées, seule la combinaison Bud + Lou montée sur jantes de 100 m arrivait à grimper, tandis que les mêmes pneus montés sur jantes de 80 mm s’enfonçaient dans la neige. Inutile de dire que les pneus plus minces ne se sont même pas rendus au pied de la côte.

Pression

Davantage que la géométrie, le dessin des crampons ou la largeur des jantes, c’est le gonflage des pneus qui a la plus grande influence sur la traction. L’énorme volume d’air contenu dans ces grosses ballounes permet de jouer beaucoup avec la pression, jusqu’à un abaissement à des niveaux surprenants. Selon les conditions, la pression pourra osciller entre 5 et 10 psi sans risque de déjanter ou de crever. Certains se targuent d’aller encore plus bas, mais mieux vaut se garder une petite gêne. En dessous de 7 ou 8 psi, le pneu s’écrase à chaque coup de pédale, ce qui donne une désagréable sensation de pogo sur surface dure et cause une friction importante qui sape beaucoup d’énergie. Lors des virages, le pneu s’aplatit sans prévenir, ce qui rend la conduite floue, voire dangereuse. Je suggère d’amorcer vos randonnées avec des pressions autour de 10 psi pour être sûr que le pneu ne s’écrase pas inopinément. Si vous manquez de traction, pschitt ! enlevez une petite quantité d’air à la fois, jusqu’à trouver la pression qui, par magie, vous fera flotter. La pression est aussi garante du confort. Par exemple, sur un sentier glacé miné par des traces de piétons bien incrustées, quelques livres de moins dans les pneus viendront remplacer la suspension absente et rendront la randonnée moins chaotique. Pour toutes ces raisons, une mini-pompe à haut volume est un accessoire essentiel à emporter dans votre sac à dos.

Freins

Il est intéressant de noter que beaucoup de fatbikes, incluant les modèles les plus coûteux, sont équipés de bons vieux freins à disque mécaniques Avid BB7. Selon les manufacturiers, c’est le froid qui motive ce choix. Les gens de Surly, entre autres, expliquent que les freins hydrauliques risquent de geler par très grand froid, particulièrement ceux qui utilisent de l’huile minérale (Shimano etù Tektro), qui se transformerait en mélasse aux abords de –20° C. En expédition, c’est pratique : un seul câble de rechange permet de tout réparer, freins mécaniques et vitesses. Sur le terrain, même par froid intense, nos testeurs n’ont jamais éprouvé de problème avec des freins hydrauliques, point. À l’inverse, il est arrivé que des câbles de freins mécaniques gèlent dans leur gaine. Un pompage répété pendant qu’on roule en vient à régler le problème.

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FAT

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La géométrie et la position de conduite du BIGFOOT ressemblent beaucoup à celles d’un VTT régulier. C’est aussi le fatbike qui offre le plus bas enjambement (standover height), ce qui est apprécié à l’arrêt et pour le zigonnage dans les sentiers plus ou moins bien damés. Les tubes d’aluminium sont Bigfoot 6.2, de Norco hydroformés, et l’excellent 16,6 kg (35,65 lb) | 2 x 9 | 1495 $ rapport qualité-prix de l’ensemble explique pourquoi il s’est formidablement bien vendu l’an dernier. Les conditions très molles lors de la première sortie avec ce vélo ont mis en évidence l’incompétence totale du pneu Vee Mission dans la neige. La deuxième sortie s’est faite sur pneus Nate de Surly, ce qui nous a réconciliés avec le Bigfoot. Les modèles 2015 (il y en aura quatre, allant de 1045 $ à 2750 $) seront équipés de pneus Snowshoe, aussi de Vee, plus mordants que les Mission mais pas encore assez pour la neige. Si, afin d’augmenter le plaisir, vous pensez remplacer les pneus, sachez que l’avant accepte les claques de 5 po mais pas l’arrière, à moins de changer le pédalier.

Cooker Maxi 2, de Charge 16,6 kg (36,6 lb) | 2 x 10 | 1649 $ C’est un vélo british, distribué ici par Cannondale. Ses tubes minces et sa géométrie old school sont sobres, mais ses rayons rouges et quelques touches de carmin ici et là lui donnent une personnalité plus cool. Nous l’avons eu à notre disposition pendant trois mois et nous avons pu le comparer aux autres modèles sur le terrain, dans toutes les conditions : il s’en est tiré mieux que prévu. Il accuse son poids en montée, ses pneus ne sont pas assez cramponnés pour les conditions difficiles, mais il reste vraiment agréable à piloter, particulièrement sur sentiers damés très durs, où on apprécie le confort du cadre en chromoly Tange. Je n’avais jamais essayé de freins hydrauliques Decipher auparavant ; ils sont efficaces, mais il faudra faire des recherches si on veut se procurer des patins de frein. Le MAXI se décline en deux modèles en 2015, le Maxi 1 d’entrée de gamme coûtant aussi peu que 1099 $.

8 fatbikes testés pour vous

The Mayor, de RSD Bikes 13,8 kg (30,55 lb) | 1 x 10 | 1949 $ Cette entreprise ontarienne a fait ses devoirs avant de lancer ce modèle très bien monté pour son prix, qui allie un cadre en aluminium 6061 et une fourche de carbone. Le MAYOR tire son nom du plantureux maire de Toronto, mais là s’arrête toute ressemblance, car il est vraiment léger et maniable. RSD a innové en optant pour une transmission 1 x 10, mouvement qui sera suivi par plusieurs. Il est vrai qu’en fatbike, à moins de rouler en terrain parfaitement plat, on utilise rarement le gros plateau. Il n’y a donc pas de problème à utiliser un seul plateau, ce qui contribue à amener le vélo à ce poids, une aubaine pour le prix. Par contre, quand le plateau avant compte 32 dents comme dans le cas du Mayor, grimper dans les sentiers abrupts, où un plateau à 22 dents permet de mouliner peinard, se transforme en pénible séance de musculation. Autre bémol : les pneus Snowshoe 4.7 sur jantes de 80 mm ne sont pas conçus pour la neige et manquent de mordant. Heureusement, les mensurations du cadre donnent la possibilité de l’équiper de pneus de 5 po.

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Pugsley, de Surly 17,3 kg (38,1 lb) | 3 x 9 | 2500 $ Attention, le modèle essayé est mon vélo personnel, un 2012. Le PUGSLEY a depuis maigri et évolué vers le 2 x 10. C’est tout de même le père de tous les fatbikes, c’est l’original qui a parti cette folie. On lui a apporté des améliorations au fil des années, mais il conserve ses caractéristiques exclusives, axées sur la fiabilité avant tout : l’encoche qui fixe la roue arrière est horizontale, ce qui rend possible un montage normal ou single speed (et complique un brin la repose du pneu arrière). La fourche (devant comme derrière) est asymétrique, pour ne pas dire toute tordue – c’est le seul moyen de faire passer un gros pneu monté sur un moyeu étroit. Les deux moyeux sont de la même largeur (135 mm), ce qui fait qu’on peut interchanger les deux roues pour rouler à pignon fixe en cas de dérailleur brisé ou de roue libre gelée. Le Pugsley se débrouille bien en sentiers, malgré sa géométrie « confort ». Il est handicapé par son poids comparativement à d’autres modèles moins chers, par contre, vous n’aurez pas à investir dans les pneumatiques, car il est livré de série avec de vrais pneus d’hiver maison, les Nate.


Fatboy Expert, de Specialized 14,1 kg (31,25 lb) | 2 x 10 | 2799 $ À la première sortie, dans des conditions pourtant pas glacées, j’avais l’impression de me faire taper le derrière ; le lendemain, ayant changé la selle pour une plus confortable, cette impression a disparu. Il m’a aussi fallu m’acclimater aux manettes Grip Shift, auxquelles mes mains n’avaient pas touché depuis le siècle dernier. Mais une fois bien aux commandes, que de plaisir nous réserve ce FATBOY ! Avec son cadre en alu et sa fourche de carbone, il est léger, joueur et performant, presque autant que les modèles de carbone de compétition. Il sera à sa place dans les sorties sportives plus qu’en expéditions polaires, d’autant plus que ses freins Shimano utilisent de l’huile minérale, qui pourrait geler en bas de –20 °C (nous n’avons toutefois pas eu de problème). Sur le plan de la traction, rien à redire, pour une fois : les jantes plus larges que la normale (90 mm) étirent suffisamment les pneus maison Ground Control 4.6 pour faire passer le Fatboy dans la catégorie 5 po, ce qui le rend fin prêt pour l’hiver.

Moonlander, de Surly 17 kg (37,5 lb) | 2 x 10 | 3300 $ Le MOONLANDER est de loin le plus fat des fatbikes. Doté de pneus maison Bud + Lou montés sur des jantes de 100 mm, il fait passer pour un maigrichon n’importe quel confrère stationné à ses côtés. L’ayant eu à notre disposition presque tout l’hiver, nous avons pu le comparer aux autres. En conditions dures et rapides, ce gros nounours n’est avantagé ni par sa géométrie traditionnelle ni par son poids. Par contre, quand la neige est moins bien damée, le Moonlander est imbattable : il flotte là où les autres s’enlisent ; il est efficace dans les sentiers serrés à très basse vitesse – car son large appui au sol permet de faire du surplace à volonté et de se découvrir des talents de trialiste ; en montée, la traction est tout simplement phénoménale, mais il faut avoir les jambes pour tirer ce poids lourd. En un mot, c’est un tank qui passe là où les autres échouent. Idem en été, car la position élevée du boîtier de pédalier permet d’enjamber les obstacles importants. C’est la machine parfaite pour partir en longue randonnée, s’aventurer dans des endroits moins fréquentés et surtout profiter de plus de journées praticables (une vingtaine l’an dernier).

Voici quelques notes inspirées par les grosses bécanes chevauchées dans toutes les conditions l’hiver dernier et qui nous ont fait vivre de beaux moments loin du vélo stationnaire. Par ordre croissant de prix 2015, avec poids 2014 vérifiés, incluant les pédales. Notez que les spécifications de la plupart des modèles ont changé, occasionnant de légères différences de poids entre 2014 et 2015.

Le BEARGREASE est un modèle tout en carbone destiné à la course, optimisé pour des pneus de 4 po, avec des bases extrêmement courtes et une géométrie très actuelle. Avec son angle de tube de direction de 68,5° (les autres modèles sont tous autour de 70°), il est compatible avec une fourche Bluto de RockShox réglée à 100 mm de débattement pour une utilisation plus trail. Ce vélo a dépassé nos attentes : léger, performant, il s’est avéré facile à mettre en branle, à diriger, à arrêter. Petit bémol côté pneus : les Dillinger de 45North manquent d’adhérence. Le comportement du Beargrease se rapproche beaucoup de celui du Yampa de Borealis (voir fiche suivante), et j’avoue qu’il est difficile de trancher entre les deux : le Beargrease gagne des points pour son enjambement (standover height) plus bas, le Yampa par sa compatibilité avec des pneus de 5 po. Le Beargrease Carbon 2015 sera encore plus léger, car il passe à un seul plateau à l’avant (1 x 11, 30 dents).

Beargrease Carbon, de Salsa 13,4 kg (29,5 lb) | 2 x 10 | 4099 $

Le YAMPA est le plus populaire des fatbikes légers à cadre et fourche de carbone. Une petite merveille de design au galbe émoustillant. Nous l’avons testé tout un après-midi, mais ça n’a pas pris 5 minutes pour constater la différence entre cette formule 1 et un poids lourd classique ! Le Yampa avance tout seul sur le plat, grimpe les côtes sans effort ; dans les sentiers étroits, c’est un vrai plaisir à piloter, car la roue avant se soulève aisément, la roue arrière est facile à déporter d’un côté ou de l’autre. Nous lui avons trouvé deux lacunes : les pneus Knard de Surly, qui manquent de volume et d’adhérence, et le tube supérieur légèrement convexe, qui donne un enjambement (standover height) trop élevé.

Yampa X0X9, de Borealis 12,4 kg (27,35 lb) | 2 x 10 | 5199 $

(Modèle illustré : XX1)

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FAT

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OUS N E D S È R PLUS P RVEILLER U S À S E L ODÈ AUTRES M

XPREZO SPHERIK

Des vélos conçus au Québec. Ils arrivent en force avec trois modèles en alu hydroformé. Leur géométrie est incontestablement actuelle et ils sont très abordables, allant de 1399 $ (poids de 15 kg) jusqu’à 2399 $ (poids de 14,5 kg).

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Pour du gros fun made in Québec : GrosBig de Xprezo. Nous avons testé la première production en acier l’hiver dernier et c’était déjà fort prometteur. La mouture 2015 offrira un cadre en aluminium, une géométrie vraiment typée XC, un enjambement (standover height) et un pédalier très bas, une colonne de direction courte. Vendu en 1 x 10 ou 2 x 10, en 4 po ou 5 po, il est conçu pour la neige et la performance.


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destination texte et photos

Patrice Francœur

Paisible route de Basse-Terre

Pointe des Châteaux

34 VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014


• Guadeloupe •

La petite reine des Antilles DU RHUM, DES PLAGES ET DU VÉLO, NOM DE DIEU !   LE DIABLE NOUS EMPORTE, ON N’AURAIT PU TROUVER MIEUX  ! MARS 2014. Le Québec connaît un hiver long et froid qui pousse l’audace jusqu’à venir s’inviter dans le printemps. Nous ne pouvions choisir meilleur moment pour nous envoler vers la Guadeloupe. En moins de six heures d’un vol direct, le mercure fait un bond de 50 °C. Choc thermique assuré. La vingtaine de cyclistes québécois auxquels je me suis joint s’affairent à monter leurs bécanes, impatients de donner les premiers coups de pédale de la saison. Tous sont ravis de troquer les bottines de ski de fond pour la légère chaussure de vélo. Les rires fusent. L’ambiance – tout comme les conditions météorologiques – est au beau fixe. Nous établissons notre camp de base au Gosier, près de Pointe-à-Pitre. D’ici, nous explorerons les deux îles principales, Grande-Terre et Basse-Terre, entre lesquelles nous ferons une courte visite sur Marie-Galante.

An nou ay !

(« Allons-y », en créole guadeloupéen) Nous avons devant nous six journées de vélo et sommes bien décidés à en profiter au maximum. C’est pour cette raison que je suis en selle dès potron-minet le lendemain de mon arrivée. Les premiers kilomètres, et déjà une évidence : nous sommes en territoire ami. Les Guadeloupéens adorent le cyclisme – on y tient d’ailleurs depuis 1979 une compétition internationale (voir encadré). Les pelotons à l’entraînement sont nombreux et ont même le droit de rouler sur les autoroutes. Autre constat : les automobilistes sont aussi en grand nombre sur les routes et roulent parfois vite. En revanche, ils sont d’une courtoisie exemplaire à l’égard des cyclistes et n’effectuent aucune manœuvre dangereuse à notre approche. Ici, on vénère le vélo autant que le ballon rond.

Bébé, fais attention su’ la ’oute !

Pas étonnés donc, les Guadeloupéens, de voir surgir sur leurs routes des cyclistes à la peau légèrement plus pâle que la leur, après tout on a déjà vu Thomas (Ti-Blanc) ­Voeckler rouler ici lors de stages cyclistes. Là où on arrive à les surprendre, c’est lorsque quelques membres d’un peloton sont de sexe féminin. La Guadeloupéenne ne roule pas. Du moins, à vélo. De nature spontanée, les insulaires ne se gênent pas pour émettre des commentaires ou prodiguer des conseils. Nos Québécoises en ont entendu de savoureuses : « Bébé, fais attention su’ la ’oute ! Mais pourquoi t’es seule ? » Pour ma part, alors que j’ai pris une petite avance, larguant provisoirement la cycliste qui m’accompagne, un automobiliste ralentit et me lance, souriant à belles dents : « Faut pas larguer sa femme comme ça, pas galant ! » Message bien reçu : je mets la pédale douce et m’assure que ma camarade s’accroche bien à ma roue. Nous roulons en ne quittant presque jamais la côte de vue, la qualité du bitume étant remarquable. L’air salin que nous hu­mons et la chaude brise qui balaie nos visages font contraste avec le nordet qui nous frigorifiait il y a à peine 24 heures. Nous faisons escale à Saint-François, réputée pour ses splendides plages qu’une barrière de corail protège des courants de l’océan Atlantique. Le garçon de café qui m’apporte un grand verre de mabi, boisson composée de liane, de gingembre, de muscade et d’anis mélangés à des fruits et du sucre de canne, prend l’initiative de m’informer sur l’histoire de la bourgade qui l’a vu naître. – Saviez-vous, monsieur, que SaintFrançois fut l’hôte du célèbre sommet du Hamak de 1974 où Valéry Giscard d’Estaing (France), Jimmy Carter (États­ Unis), Helmut Schmidt (RFA) et James Callaghan (Royaume-Uni) se sont réunis

et ont décidé d’abandonner le shah d’Iran, favorisant du même coup les ayatollahs au pouvoir ? – Heu... non. Mais pourquoi Hamak ? Les dignitaires auraient-ils conclu l’entente vautrés dans des hamacs, verre de ti-punch à la main ? –  Ben non, monsieur ! Tout simplement parce que la rencontre a eu lieu à l’hôtel Le Hamak ! Je quitte Saint-François un peu moins ignare, ayant pris soin de laisser un généreux pourboire à mon professeur d’histoire.

Le bout de l’île

Nous poursuivons notre route vers la pointe des Châteaux, située à peine à 11 km de Saint-François. Large bande littorale battue par les vents située à l’extrémité est de Grande-Terre, elle sera l’un des moments forts de notre périple. D’une grande beauté, le paysage de falaises rongées par les vagues s’offre à nous ; pas étonnant que cette pointe soit l’un des sites les plus visités des îles de la Guadeloupe. Les plages de sable blanc nous font des clins d’œil, mais nous gardons le cap, enivrés. Au loin, nous apercevons La Désirade, autre île de la Guadeloupe. Parvenus au bout de la route, nous admirons les aiguillons qui surgissent de l’océan, reliques d’un escarpement érodé. Ceux qui contrairement à moi ont prévu d’apporter des chaussures de marche pourront emprunter un sentier pédestre qui mène à l’extrémité de la pointe, où se trouve une croix de 10 mètres de hauteur. On dit que la vue y est superbe. Les 12 kilomètres qui séparent SaintFrançois de la pointe des Châteaux nous laissent un répit côté dénivelé. Pas que les kilomètres précédents aient été cadencés de montées insurmontables, mais Grande-Terre n’est pas plate pour autant. Une série de bosses a ponctué notre première journée. VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014

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destination

LE TOUR CYCLISTE INTERNATIONAL DE LA GUADELOUPE Ce Tour est à la Guadeloupe ce que le Tour de France est à l’Hexagone. Compétition cycliste internationale qui se déroule chaque année au mois d’août, elle est l’événement le plus attendu de l’année en ­Guadeloupe. International depuis 1979, le Tour a été une épreuve de l’UCI America Tour de 2005 à 2012, puis de l’UCI Europe Tour en 2013, avant de retourner en UCI America Tour en 2014. Il est ouvert aux équipes continentales professionnelles françaises, aux équipes continentales, à des équipes nationales et régionales ou de clubs. Les UCI Pro Teams (première division) ne peuvent y participer.

RECETTE DE TI-PUNCH (OU TI-PONCH) Les recettes diffèrent, mais voici celle que je préfère – mille excuses aux puristes. Dans un verre, versez un peu de sirop de batterie (canne à sucre), pressez quelques gouttes de jus de citron vert et allongez de rhum agricole. En Guadeloupe, le buveur regarde longuement son verre avant de le porter à ses lèvres, il fait tourner le liquide et l’enfile ensuite d’un coup sec. Pour ma part, je prolonge le plaisir en le dégustant longuement.

CRÉOLE GUADELOUPÉEN Si le créole guadeloupéen a emprunté aux langues africaines et amérindiennes de même qu’aux langues coloniales (anglais et espagnol, notamment), la majorité de son lexique provient du français du XVIIIe siècle et d’aujourd’hui. Cette créolisation perdure de nos jours : quand les mots créoles pour exprimer des idées sont inconnus, on emprunte directement le mot au français en le transformant selon des règles simples. Par exemple, la lettre r se prononce w quand elle se trouve après une consonne ; ainsi « gros » sera gwo, « pressé », pwéssé. Elle est élidée quand elle se trouve devant une consonne ou en fin de mot ; ainsi « sourd » sera soud. (Source : Wikipédia)

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Nous regagnons Le Gosier non sans effec­tuer un arrêt au Moule pour contempler l’église catholique Saint-Jean-Baptiste, sur la place centrale du village. La façade de grès et de calcaire de l’édifice et son fronton triangulaire surmonté de quatre colonnes sont splendides. Au café de la place, nous commandons un sandwich, question de savoir si la Guadeloupe, département d’outremer (DOM) de la France, fait honneur à cette dernière dans l’art de la fabrication de la baguette. Elle passe le test haut la main. Nous terminons l’exploration de GrandeTerre en compagnie des alizés, ces vents des régions intertropicales qui soufflent d’est en ouest. Rien pour nous décourager, d’autant plus que le paysage de plantations de canne à sucre qui nous accompagne est magnifique. Une succession de petites routes nous mène de Port-Louis à Petit-Canal. Ce dernier est bordé par la mangrove (écosystème de marais maritime) du Grand Cul-de-Sac Marin, baie enclose au large par des récifs coralliens et ancrée dans un paysage de forêts marécageuses et de marais couvrant plus de 5000 hectares. Nous nous enfonçons ensuite dans les terres pour gagner Morne-à-l’Eau et visiter son cimetière. ­Cimetière ? En fait, si on est peu attentif, on le confond avec un quartier du bourg. C’est dans cet endroit atypique, avec ses motifs en damier et ses caveaux surélevés disposés en terrasses, dont certains ressemblent à s’y méprendre à des petites maisons, que reposent en paix les défunts de toutes les couches sociales.

Marie-Galante

Avant de nous attaquer à Basse-Terre, nous effectuons une incursion d’une journée sur Marie-Galante. Une traversée de moins d’une heure nous mène à l’île aux cent moulins, baptisée par Christophe Colomb en 1493 du nom de son navire amiral. Cinq cent vingt et une années plus tard, nous aussi faisons toute une découverte ! Une île d’une grande beauté, des routes paisibles qui longent la mer ou s’enfoncent dans les terres, c’est la Guadeloupe agricole. Avec ses 158 km2, on en a vite fait le tour. Raison de plus pour prendre son temps et se laisser charmer par la splendeur et la quiétude des lieux. Cette journée est incontestablement la plus paisible en matière de circulation automobile. Nous roulons peinards, sourire aux lèvres. C’est ici qu’on produit le meilleur rhum de la Guadeloupe. Nous nous arrêtons à la distillerie du Père Labat. Notre arrivée coïncide avec celle d’un chargement de canne à sucre. Le camion déverse sa précieuse marchandise devant nos yeux ébahis. On nous tend un morceau. Dubitatifs, nous observons le bâtonnet sous tous ses angles, ne sachant trop quoi en faire. Le livreur, affable, sachant qu’il s’adresse à des touristes, nous explique la façon de procéder pour en extraire le nectar. –  Tu pèles un peu l’écorce de ton morceau de tige, puis tu le mâchouilles pour en extraire le jus et tu t’assures de cracher les fibres qui restent en bouche. Délicieux. Nous nous dirigeons ensuite vers le kiosque de dégustation afin de nous


Plage à Marie-Galante

Déchargement de canne à sucre

délecter de la canne à sucre d’une façon un peu plus classique et grisante : le rhum. Chaleureusement accueillis par une hôtesse marie-galantaise, nous nous faisons expliquer qu’on produit ici uniquement du rhum agricole. Celui-ci est obtenu par la fermentation et la distillation du jus de la canne à sucre brut, le vesou. Le rhum industriel, quant à lui, provient de la fermentation d’un jus composé de mélasse allongée d’eau et parfois d’un peu de jus de canne. Je trempe les lèvres dans divers rhums tirant de 50 à 59 degrés... Blanc ou ambré, c’est délicieux. Les mots qui me viennent à l’esprit (ou me montent à la tête ?) : souple, suave, persistant. Je fais quelques achats, entre autres un vinaigre de jus de canne dont on me vante les mérites pour déglacer les viandes, et nous reprenons la route. Je m’enfonce dans le dédale des rues de Grand-Bourg à la recherche d’un caca de bœuf... J’en trouve facilement à la première pâtisserie que je croise – il faut dire que c’est une spécialité marie-galantaise. Ce pain d’épices fabriqué à base de noix de

Dégustation de rhum à la distillerie du Père Labat

coco et de sirop de batterie (concentré de jus de canne cuit obtenu par évaporation) se présente – vous l’aurez deviné – sous la forme d’un caca de bœuf. Ici s’arrêtent les similitudes. C’est moelleux, sucré et délicieux. Parfait après une journée en selle (sans mauvais jeu de mots). Nous reprenons à regret le traversier qui nous ramène à Pointe-à-Pitre. Pour tout vous dire, nous sommes tous tombés follement amoureux de Marie (Galante !).

Basse-Terre, la volcanique

Le temps file, et il nous reste du territoire à explorer. Les deux îles principales (GrandeTerre et Basse-Terre), aussi nommées île Papillon, ne sont séparées que par quelques mètres. Nous enjambons le très court pont qui surplombe la rivière Salée et nous nous retrouvons sur l’île de Basse-Terre – plus grande que sa voisine, volcanique et montagneuse. Elle abrite en son centre le parc national de la Guadeloupe, où se trouve la Soufrière, volcan qui culmine à 1467 m. Aussi appelé « la vieille dame», ce dernier est le plus haut sommet des Petites Antilles.

Devanture éloquente de Marie-Galante

On ne s’y rend pas à vélo. Nous nous frotterons tout de même à quelques cols des environs.

Les Mamelles

Nous nous attaquons au col des Mamelles (686 m), seule voie routière qui se faufile entre les deux sommets du parc national : le piton du Pigeon (768 m) et le piton de PetitBourg (716 m). Costaud, oui, mais combien exaltant ! La dense forêt tropicale que nous traversons est un pur enchantement. On y croise des géants de plus de 30 m, dont le gommier et le châtaignier, des enchevêtrements de lianes. Grâce au climat, la croissance des arbres est remarquable, et l’acajou blanc peut facilement atteindre 10   m en 10 ans. La forêt guadeloupéenne est de type sempervirente, c’est-à-dire qu’elle garde ses feuilles 12 mois par année. Si on pouvait s’enfoncer en profondeur, on y verrait une variété d’orchidées. Nous poursuivons notre ascension et nous délectons de tous ses parfums, ses couleurs, ses sons. Outre cette ascension, des images resteront longtemps gravées dans ma mémoire. VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014

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destination Comme lorsque j’ai dû freiner subitement pour livrer passage à un iguane qui s’aventurait imprudemment sur la route. Je me rappelle aussi ces bœufs qui mâchouillaient des tiges de canne à sucre sans qu’on leur ait enseigné comment procéder, ou encore les adorables petites maisons avec gardemanger vivant, chacune d’elles hébergeant sur son terrain quelques chèvres, un coq, des poules. Et ce qui m’habitera encore plus longtemps, c’est la grande amabilité du peuple de Guadeloupe. Toujours souriant, affable. J’entends encore les grands rires sonores et les répliques spontanées. Parlez-en à Marco, qui m’a accompagné lors de l’une des plus rudes journées. Alors que nous regagnons Le Gosier, nous n’avons d’autre choix que de traverser la populeuse Pointe-à-Pitre. Pied à terre, nous attendons, sagement im­ mobilisés à l’un des nombreux feux de circulation. Une jolie Guadeloupéenne bien en chair nous fixe du regard. Elle s’arrête, fait demi-tour et vient à notre rencontre. Elle s’approche de Marco, pose son doigt sur l’avant-bras de mon acolyte – très pâle au demeurant – et lui envoie, tout sourire :

« Pou’quoi t’es pas b’onzé, monsieur, tu es tout blanc ! » Adyé Gwadloup ! |VM

L’auteur a participé à un forfait de Vélo Québec Voyages grâce au Comité du Tourisme des Îles de Guadeloupe.

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38 VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014


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POMPES ET MINI-POMPES

test comparatif

110psi Beaucoup d’air a fui sous les ponts depuis notre dernier test comparatif de pompes. Les nouveaux modèles sont plus performants et souvent moins chers. Nous avons donc à nouveau retroussé nos manches et mis à l’épreuve une sélection de 19 pompes représentant le mieux possible l’offre en magasin.

40 VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014


texte

Gilles Morneau

VOS OPTIONS

Une crevaison, ce n’est jamais drôle. Ça vous bousille une course le temps de dire PSSHHTTT ! Ça vous interrompt on ne peut plus brusquement un coït cyclotouristique. Ça vous jette en pâture aux moustiques au cœur de la forêt en juin. Que la réparation vous semble une montagne ou une formalité vite expédiée, vous avez intérêt à être bien équipé. Pour le gonflage, plusieurs options s’offrent à vous. Le garage du coin ou le compresseur de votre boutique préférée requièrent le moins d’effort. Le compresseur à la maison est encore plus pratique, mais c’est l’apanage du cycliste sérieux, qui roule sans chambre à air sur route ou en montagne. Les cartouches de CO2 sont très pratiques et devraient se trouver en permanence dans votre sac de selle ou vos poches arrière. Cependant, elles ne servent qu’une fois et ne seront pas d’un grand secours en cas de multiples crevaisons, ou si vous êtes maladroit en les utilisant, car il demeure que plusieurs sont intimidés par cette solution. Certains sont aussi rebutés à l’idée de jeter à la poubelle des cartouches qui ne servent qu’une fois. Les modèles des différentes marques de détendeurs de CO2 se ressemblant énormément, nous avons choisi de ne pas les tester. Nous avons aussi omis volontairement les modèles hybrides couplant un détendeur de CO2 et une mini-pompe, les jugeant peu pratiques à cause de la petitesse de leurs barils, ce qui exige beaucoup trop de temps et de jus de bras pour arriver à gonfler un pneu. Nous avons donc concentré nos efforts sur les mini-pompes de route et de montagne, ainsi que sur les pompes à pied, ou pompes de plancher, comme disent nos voisins du sud. Nous introduisons aussi la catégorie « mini-pompe à pied », dont l’ergonomie profitera aux personnes moins musclées.

Nous avons noté le prix, le poids, l’encombrement, et avons classé les pompes selon leur efficacité, soit le nombre de coups de pompe à donner pour atteindre la pression nécessaire, car en cas de crevaison, il faut en finir au plus vite. Nous avons noté le prix, le poids, l’encombrement, et avons classé les pompes selon leur efficacité, soit le nombre de coups de pompe à donner pour atteindre la pression nécessaire, car en cas de crevaison, il faut en finir au plus vite. Dans le cas des pompes de route et des mini-pompes à pied, nous avons poussé l’exercice en pompant jusqu’à la limite, pour déterminer la pression maximale réelle pouvant être atteinte. Seulement trois pompes ont atteint 100 psi ou plus, la norme pour éviter les crevaisons. Ces résultats se situent de loin en deçà des prétentions des fabricants. On en déduit qu’ils font appel à l’Incroyable Hulk pour tester leurs produits.

deux, car il est difficile d’amener un pneu de route aux pressions recommandées avec une pompe de montagne et, inversement, gonfler un pneu de montagne avec une pompe de route prend une éternité. Pour un vélo hybride, une pompe de route sera l’outil le plus approprié. Les pompes à pied, quant à elles, conviennent à tous les types de pneus.

83psi VOLUME VERSUS PRESSION

Quand vient le temps de choisir sa minipompe, il faut tenir compte du type de vélo utilisé. Une pompe étiquetée « haute pression » (HP) injectera un faible volume d’air à chaque coup de pompe, mais pourra grimper à de hautes pressions, ce qui convient à un vélo de route. À l’inverse, les pompes pour la montagne sont cataloguées « haut volume » (HV) parce qu’un pneu de montagne contient beaucoup d’air, à une pression plutôt basse. Si vous pratiquez les deux disciplines, il vaudra mieux acheter deux pompes que tenter de trouver un entre-

ERGONOMIE

Il existe deux types de mini-pompes : la pompe « monobloc » et la pompe comportant un tuyau flexible. La première est plus rapide à utiliser. On place l’embout sur la valve, on le fixe en place à l’aide du levier et hop ! on pompe, en prenant soin de ne pas donner de coups si c’est une valve Presta afin d’éviter de perdre de l’air ou, pire, de la casser. L’autre type de pompe oblige à sortir le tuyau flexible (et à le fixer à l’autre extrémité de la pompe, dans le cas des modèles Lezyne), puis à visser fermement le tuyau sur la tête de la valve. Ce système assure une étanchéité parfaite et permet de gonfler sans risque de briser la valve. Par contre, au moment de dévisser, sur une valve Presta, il y a un risque de coincer et de dévisser le cœur de la valve, surtout si celui-ci a été plié lors de pompages précédents. Souhaitez que ça n’arrive pas au beau milieu d’une randonnée, lorsque vous n’avez pas de pinces pour le resserrer en place. VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014

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test comparatif

MODÈLE

Sport Drive HP, de Lezyne

Élancées, elles injectent un faible volume d’air à la fois et supportent une haute pression.

PRIX

POIDS (vérifié)

20 $

76 g

DIMENSION (longueur du barillet) 19 cm

EFFICACITÉ (pression maximale possible avec un pneu 700 x 23 et nombre maximal d’impulsions) 83 psi max (150 coups)

RaceRocket HPX, de Topeak

43 $

117 g

25 cm

100 psi max (200 coups) / (85 psi en 180 coups)

Airstick Anyvalve, de Blackburn

30 $

185 g

29 cm

87 psi max (190 coups)

Terminateair HP, de Axiom

53 $

123 g

27 cm

110 psi max (250 coups) / (85 psi en 200 coups)

Pocket Protector Pmp-3, de ParkTool

23 $

103 g

20 cm

85 psi max (275 coups)

NOTRE PRÉFÉRÉE

SPORT DRIVE HP, DE LEZYNE

X La plus efficace | La plus légère | La plus petite, se glisse dans une poche de maillot sans crainte de la perdre | Tube flexible assurant une bonne ergonomie et une étanchéité parfaite | Choix de Presta ou Schrader en fixant le tuyau Z Demande une grande force à partir de 120 coups (65 psi)

AIRSTICK ANYVALVE, DE BLACKBURN

X Embout compatible Presta ou Schrader sans aucune manipulation | Embout offrant deux positions : verrouillage ultrasolide ou verrouillage moyen pour gonflage rapide Z Demande une grande force à partir de 150 coups (75 psi) | La plus volumineuse du groupe

POCKET PROTECTOR PMP-3, DE PARKTOOL

X Abordable | Assez compacte pour se glisser dans une poche de maillot sans crainte de la perdre Z Démontage obligatoire pour passer de Presta à Schrader | Poignée pas assez longue pour une prise solide à cinq doigts | Demande une force herculéenne à partir de 250 coups (75 psi)

TERMINATEAIR HP, DE AXIOM

MENTION HONORABLE RACEROCKET HPX, DE TOPEAK

X N’offre pas trop de résistance, reste facile à pomper | Passe de Presta à Schrader rapidement | Tube flexible assurant une bonne ergonomie et une étanchéité parfaite

42 VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014

X Bonne prise en main, facile à pomper, atteint 85 psi en 200 coups sans requérir une force herculéenne | La seule à avoir pu gonfler au-delà de 100 psi (110 psi) | Tube flexible assurant une bonne ergonomie et une étanchéité parfaite | Passe de Presta à Schrader en un simple clic Z Perd de l’air au moment de dévisser l’embout pour l’enlever ; il faut faire très vite


MODÈLE

HV Drive, de Lezyne

Plus costaudes, elles injectent un gros volume d’air à basse pression.

PRIX

POIDS (vérifié)

29 $

110 g

DIMENSION (longueur du barillet) 26 cm

EFFICACITÉ (nombre d’impulsions pour gonfler pneu 29 x 2,25 à 25 psi) 155

Mammoth 2stage, de Blackburn

34 $

165 g

29 cm

160

RaceRocket MT, de Topeak

43 $

123 g

20 cm

190

Mini MTB Pro, de Chrono Cycle

25 $

170 g

24 cm

210

Terminateair HV, de Axiom

55 $

148 g

24 cm

230

❤ 25psi MINI MTB PRO, DE CHRONO CYCLE

NOTRE PRÉFÉRÉE

MAMMOTH 2STAGE, DE BLACKBURN

X La moins chère | Embout compatible Presta ou Schrader sans aucune manipulation | Embout tenant très bien en place Z Embout assez massif pouvant nuire à une bonne prise de la pompe selon les roues

X Bon rapport efficacité/prix | Embout compatible Presta ou Schrader sans aucune manipulation | Embout offrant deux positions : verrouillage ultra­ solide ou verrouillage moyen pour un gonflage rapide | Bonne ergonomie, poignée-pistolet Z La plus volumineuse du groupe

TERMINATEAIR HV, DE AXIOM

MENTION HONORABLE HV DRIVE, DE LEZYNE

X La plus légère | Tube flexible assurant une bonne ergonomie et une étanchéité parfaite | Choix de Presta ou Schrader en fixant le tuyau

X Demande beaucoup d’impulsions, mais offre peu de résistance lors du pompage | Bonne prise en main, facile à installer, facile à pomper | Tube flexible assurant une bonne ergonomie et une étanchéité parfaite | Passe de Presta à Schrader en un simple clic Z Perd de l’air au moment de dévisser l’embout pour l’enlever ; il faut faire très vite

RACEROCKET MT, DE TOPEAK

X La plus petite du groupe, se glisse facilement n’importe où | Facile à pomper, offre peu de résistance même à haute pression | Passe de Presta à Schrader rapidement

VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014

43


test comparatif

MODÈLE

Turbo Morph G, de Topeak

PRIX

POIDS (vérifié)

44 $

272 g

DIMENSION (longueur du barillet) 35 cm

EFFICACITÉ (pression maximale possible avec un pneu 700 x 23 et nombre maximal d’impulsions) 85 psi max (50 coups)

Exterminateair HV, de Axiom

55 $

226 g

28 cm

90 psi max (120 coups)

Micro Floor Drive HPG, de Lezyne

72 $

184 g

31 cm

110 psi max (230 coups)

Un peu plus volumineuses, munies d’un tube flexible et d’un pied dépliable, elles permettent de pomper verticalement, à la manière d’une pompe à pied, en utilisant le poids du corps. Un choix tout indiqué pour les personnes pas assez fortes pour affronter la résistance d’une mini-pompe.

NOTRE PRÉFÉRÉE

TURBO MORPH G, DE TOPEAK

X La plus performante, et de loin | Pas mal moins chère que les autres | Petit manomètre intégré dans la base, pliable Z Demande plus de force que les deux autres pour gonfler un pneu de route, car conçue pour la montagne | Compatible Presta ou Schrader, mais avec démontage et manipulation | La plus lourde du groupe

MICRO FLOOR DRIVE HPG, DE LEZYNE

OUTIL DE CONVERSION PSI/BAR VELOMAG.COM/EXTRAS

44 VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014

MENTION HONORABLE

X Légère et peu encombrante | La seule à avoir pu atteindre plus de 100 psi (mais au prix de fort nombreux coups de pompe) | Manomètre intégré dans le tube flexible – mais un brin difficile à lire Z Poignée très mince, correcte pour pomper avec une paire de gants, mais à mains nues, les reliefs dans la mini-poignée entaillent la paume | Compatible Presta ou Schrader, mais avec manipulation

100psi

EXTERMINATEAIR HV, DE AXIOM

X Passe de Presta à Schrader en un simple clic Z Perd de l’air au moment de dévisser l’embout pour l’enlever ; il faut faire très vite


Essentielles dans l’auto ou à la maison, elles se tiennent près de la porte, prêtes pour ajuster la pression avant chaque randonnée, sur route ou en montagne. Elles sont toutes compatibles Presta et Schrader sans manipulation, sauf indiqué.

❤ NOTRE PRÉFÉRÉE

HOME MECHANIC PFP-8, DE PARKTOOL X Toute petite, légère, compacte, parfaite pour emporter en auto | Manomètre ultraplat, robuste et peu encombrant | Puissance de gonflage égale au modèle le plus haut gamme | Très bas prix

de

MODÈLE

PRIX

ANNIHILATEAIR G200LE, DE AXIOM

X Beau design, donne de la classe à un atelier | Bonne prise en mains avec les poignées de vélo de type lock-on | Bon appui aux pieds, avec des chevilles comme pour des pédales plateforme | Repère sur le cadran pour pression préférée | Valve pour laisser fuir l’air jusqu’au bon niveau si trop gonflé Z La plus haute, la plus large, la plus lourde

EFFICACITÉ « MONTAGNE » (nombre d’impulsions pour gonfler pneu 29 x 2,25 à 40 psi)

Annihilateair G200LE, de Axiom

125 $

17

45

Home Mechanic PFP-8, de ParkTool

41 $

17

47

Airtower Shop, de Blackburn

110 $

20

37

Alloy Floor Drive, de Lezyne

80 $

22

58

Tour Performance, de Chrono Cycle

75 $

23

57

JoeBlow Turbo, de Topeak

94 $

25

60

AIRTOWER SHOP, DE BLACKBURN

X La plus efficace pour gonfler un pneu de montagne | Plateau intégré dans la base pour déposer de petites pièces | Large cadran avec repère pour pression préférée | Construction robuste, tuyau en acier tressé très long Z Poignée machinée un peu coupante lorsqu’on place les mains en position trop large

ALLOY FLOOR DRIVE, DE LEZYNE

MENTION HONORABLE

EFFICACITÉ « ROUTE » (nombre d’impulsions pour gonfler pneu 700 x 23 à 100 psi)

X Embout se vissant sur la valve pour étanchéité parfaite | Adaptateur permettant un gonflage ultrarapide d’une main | Valve permettant de purger la pression dans le tuyau Z Démontage nécessaire pour passer de Presta à Schrader

TOUR PERFORMANCE, DE CHRONO CYCLE

X Manomètre placé en haut du baril et facile à lire | Bon rapport prix/efficacité

JOEBLOW TURBO, DE TOPEAK

laisser X Valve pour fuir l’air jusqu’au bon niveau si trop gonflé | Manomètre placé en haut du baril et facile à lire | Crochet pour garder la poignée immobile lors du transport | Repère sur le cadran pour pression préférée Z Embout lourd qui parfois ne reste pas en place sur la valve | Réceptacle où se fixe l’embout pour le rangement fragile ; s’est rapidement cassé


événement texte

Jacques Sennéchael photos Yan Lassalle

LES GRANDS DÉFIS IL Y A TOUJOURS QUELQUE CHOSE DE NEUF, AUX DÉFIS DU PARC SHAWINIGAN. POUR CETTE 8e ÉDITION, CE N’EST PAS DEUX MAIS TROIS TRAVERSÉES DU PARC DE LA MAURICIE QUI SONT AU MENU, CONSTITUANT UN GRAN FONDO DE 160 KM. RÉCIT À PLUSIEURS VOIX D’UNE FIN DE SEMAINE DE DÉFIS EN TOUS GENRES. 46 VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014


IL Y A de la fébrilité dans l’air... et quelques claquements de dents. Il faut dire qu’il est tout juste passé 7 h du matin à l’Esker, non loin de Saint-Mathieu-du-Parc, et qu’il fait un froid à ne pas mettre un canard dehors. Chacun prépare activement son vélo pour un 160 km, à défaut d’être soi-même fin prêt. Je jette un regard autour de moi : tous les participants à ce premier Gran Fondo semblent affûtés et parés à s’élancer dès le signal de départ. Pour pimenter le tout, un gars, maillot d’AG2R La Mondiale sur le dos, s’approche de la ligne de départ sur son Focus. C’est Hugo Houle, membre de cette équipe du World Tour. Il est venu se délier les jambes et serrer quelques mains après les Grands Prix de Montréal et de Québec. Ça va rouler... Ça roule effectivement dès le départ. C’est parfait, nous allons vite nous échauffer puisque nous commençons par monter une quinzaine de kilomètres. Notre premier défi de la journée est de faire la traversée du parc en moins de 1 h 45. Si ce n’est pas le cas, bienvenue dans la voiture-balai qui ramènera les retardataires jusqu’à la ligne de départ du 105 km. En descendant la côte du Passage, je me trouve une gang pour former un gruppetto partageant l’objectif d’entrer dans les temps sans trop dépenser d’énergie. Ça va être juste... Demi-tour à Rivière-à-la-Pêche. Ouf, nous avons senti le souffle chaud du balai. Luc Arvisais aussi est passé juste. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il revient de loin. L’HOMME QUI N’AIMAIT PAS LES CASTORS Avril 2010. Luc roule avec la ferme intention de faire un bon Défi Vélo Mag en septembre. Un castor traverse la route. C’est la chute. Notre cycliste se retrouve contre la glissière

LUC ARVISAIS

GAÉTAN BOIVIN

de sécurité, puis à l’hôpital. Il en ressort une dizaine de jours plus tard, après un séjour aux soins intensifs. Son médecin est catégorique : pas de vélo avant le mois d’août, et le Défi Vélo Mag sera pour 2011. Luc n’écoute que d’une oreille et se prépare quand même au Défi. Il le terminera les larmes aux yeux, heureux d’avoir atteint son objectif malgré les obstacles. Luc ne s’est pas senti interpellé tout de suite par le Gran Fondo de 160 km. « Je me disais que c’était uniquement pour les élites », me souffle-t-il, modeste. L’idée a fait son chemin et a fini par germer au cours de l’hiver : « Je me suis entraîné pour garder les acquis et me préparer au cas où. Au moment de l’inscription, j’ai hésité à appuyer sur le bouton Envoi, puis je me suis décidé. » Cinq mille kilomètres d’entraînement plus tard, Luc fait sa première traversée du parc dans les temps. Moi aussi, et j’en suis soulagé. J’entame la deuxième traversée en prenant le temps de manger. Je me trouve deux colocs de vélo qui roulent à la même vitesse. Chacun fait son travail avec un bout de relais et un bon rythme. Nous attaquons le Belvédère. D’un commun accord, nous décidons de nous arrêter au ravito pour un plein de bidon et de bouffe. Je repars tout seul, mes acolytes de vélo ayant décidé de lever le pied. La gang du 105 me double un peu avant l’Esker. Tout le monde a l’air fringant et en pleine forme, et je me demande ce que je fais là. Marie-­Josée (l’organisatrice du Défi Vélo Mag depuis huit ans), pourquoi m’as-tu embarqué dans cette aventure ? (On ne peut rien lui refuser !) Demi-tour à l’Esker. Il ne reste qu’une traversée ! Je retrouve un de mes colocs. Nous décidons de travailler ensemble pour rentrer à la maison à Rivière-à-la-Pêche. ­Bernard, de Québec, est devenu mon ami.

ÉDITH BOUCHER

ÉTIENNE GAGNÉ

C’est fou comme rouler de concert fait du bien. Certes, c’est un bonheur de s’abriter des intempéries, du vent et de la résistance de l’air ; c’est aussi un soulagement d’échanger quelques mots. Ce 160 km d’effort se passe en partie dans la tête, et partager le fardeau avec quelqu’un l’allège considérablement. Luc Arvisais voit lui aussi la troisième traversée comme la dernière ligne droite : « Je ne considérais pas les 53 km, mais plutôt ma progression 100 pieds par 100 pieds, ­souligne-t-il. En passant la côte du Belvédère, je me suis dit : “Le pire est passé. Le fun commence, il ne reste qu’à glisser vers l’arrivée en profitant du parc avec d’autres cyclistes.” J’ai passé la ligne avec un fort sentiment de fierté, une nouvelle fois la larme à l’œil... » De mon côté, je l’ai franchie avec mon pote Bernard. Nous étions tous les deux très heureux. Finalement, Marie-Josée, tu avais raison de me pousser dans ton bateau Gran Fondo. Mais je ne suis pas près d’oublier que tu as promis que tu roulerais la 10e édition !

UN DEMI-MARATHON EN GUISE DE GRAN FONDO Gaétan Boivin a raté le départ du Gran Fondo. Pourtant, il s’y était préparé pendant des mois. Quinze jours avant l’événement, une blessure l’empêche d’y participer, mais pas de courir. Gaétan change donc son fusil d’épaule et se lance dans le demi-marathon. C’est son premier dans le parc, mais il a déjà fait la distance. « C’est vraiment un parcours agréable, admet-il d’entrée. Je courais en forêt pour la première fois. C’est paisible. Quand je compare avec les marathons, le bruit est différent, il y a moins de monde. Aussi, il y a beaucoup de côtes, et quand nous faisons demi-tour, nous savons ce qui nous attend. De toute façon, nous sommes préve-

MARIO GERVAIS

SYLVAIN PLANTE

VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014

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événement

nus avant le départ : ce n’est pas sur ce parcours que nous ferons notre meilleur temps. Nous sommes là pour profiter de la nature, entendre la rivière ; j’avais quasiment le goût de m’arrêter en passant sur les ponts de bois. Finalement, le demi n’a pas été un prix de consolation pour ne pas avoir fait le 160 : je l’ai vraiment apprécié. » Il se peut que Gaétan refasse le demi l’année prochaine. Et en guise d’amuse-gueule à vélo, ce sera le 105.

HISTOIRE DE FAMILLE Voici arrivée la dernière fin de semaine de camping de la saison pour la famille GagnéBoucher. Ça tombe bien, elle tombe en plein Défi du Parc, et tout le monde participe à au moins une des activités. Édith Boucher et Frédéric Gagné se lancent dans le 105 en compagnie de leur fils Alexis, 16 ans. Vincent, 13 ans, et Étienne, 9 ans, font le 1 km de course à pied. « Pour ma part, c’est mon troisième Défi, me glisse Édith. Je fais partie de l’Équipe féminine, et c’est toujours un long périple assez comparable d’une année à l’autre. C’était plus difficile cette année à cause du froid et de quelques crampes. » Contrairement au reste de la famille, Édith n’a pas le gène de la motivation sportive dans l’âme : « Il faut que je me fasse violence pour m’entraîner, confirme-t-elle. Le fait de faire partie de l’Équipe féminine me donne le petit coup de pied nécessaire, en plus de me rendre plus confiante et plus forte. J’ai embarqué cinq ou six personnes dans l’aventure, en plus d’avoir appris sur moi et mes capacités.

L’année prochaine, je vais peut-être faire le 60 avec l’objectif de faire un temps. » Frédéric est au côté d’Alexis sur la ligne de départ. Ce dernier est le plus rapide de la famille, avec un 3 h 22. Il faut dire qu’il fait de la compétition cycliste et que le Défi est une belle façon de terminer sa saison de vélo. « Nous partons ensemble, indique Frédéric, et après, chacun fait son petit bonhomme de chemin. Le parc est tellement beau, et en plus c’est facile de trouver des gens avec qui rouler. » Il faut dire que Frédéric s’en garde un peu sous la pédale, car il participe également au Défi vélo de montagne Desjardins et au 10 km de course à pied du Défi Asics.

LA GANG À MARIO Mario Gervais ne vient vraiment pas tout seul au Défi. Le vendredi, veille de l’événement, lui et sa gang occupent cinq emplacements de camping dans le parc. Il y a bien sûr une bouffe communautaire où chacun partage ses espoirs quant au lendemain. Le samedi soir, après les trois épreuves sur route, la soirée est épique. Tout le monde raconte ses exploits du jour. Il paraît qu’il ne faisait pas si froid que ça dans le parc, cette année, et qu’il y avait de l’ambiance du côté de ces cinq emplacements. « Le Défi du Parc est un des plus beaux que nous ayons au Québec, assure Mario. Nous sommes un groupe qui fait du vélo dans les Cantons-de-l’Est, où c’est montagneux. C’est parfait pour s’y préparer. Viens camper avec nous l’année prochaine ! Nous serons là ! » Message reçu !

LE BALAI QUI VEUT GOÛTER À LA MONTAGNE Sylvain Plante a l’habitude de prendre son temps quand il roule le 105 km du Défi du Parc. Il faut dire qu’il est le balai de l’Équipe féminine et que son rôle est d’encadrer toutes les femmes qui se lancent dans l’aventure, et ce, dès le début de l’entraînement. « Je connais par cœur le processus de préparation au Défi, explique-t-il. Nous faisons notre première sortie dans le parc avec un demi-tour au bout d’une quinzaine de kilomètres pour cause de souffle court. Arrive le mois d’août avec le traditionnel découragement qui s’accompagne d’un je-n’y-arriverai-jamais, puis finalement toute l’Équipe fait le Défi. C’est une victoire pour toutes les participantes. » Sylvain a ramené tout le monde à la maison lors de cette 8e édition. Et le pur routier qu’il est s’est en outre imposé un défi en s’inscrivant au Défi vélo de montagne Desjardins. « C’était ma première fois en ­ vélo de montagne, m’a-t-il confié. Au fil de départ, je me suis volontairement placé à la queue du groupe afin de ne pas avoir trop de pression. Au bout du compte, comme le parcours est très roulant, j’ai remonté pas mal de monde jusqu’aux trois derniers ­kilomètres, où c’est plus technique. L’année prochaine, je le refais, mais je vais perfectionner ma technique en vue d’être plus rapide tout le long du parcours, y compris à la fin. »|VM

les médaillés

LA GANG DE BÉNÉVOLES. On le dit, mais jamais assez : pourquoi les Défis du Parc font-ils tant d’heureux ? À cause des parcours, certes, mais également en raison des sourires des bénévoles. Plus les bananes pré-épluchées, plus les bidons remplis, ça contribue à nous faire mieux pédaler jusqu’au bout. Un grand merci !

les tatas du peloton

Il reste quelques tatas qui jettent par terre leurs sachets de gel vides plutôt que de les glisser dans leur poche arrière.

48 VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014

Aussi, pointons du doigt les tatas sprinteurs qui se battent pour une 423e place en zigzaguant, faisant courir des risques aux autres coureurs.


événement texte

Jacques Sennéchael Vélirium. Le mot sonne rock and roll et

(

VELIRIUM la fête du vélo de montagne en

chiffres 10 236

Le nombre de coureurs qui ont sillonné le parcours de cross-country de la Coupe du monde depuis la première édition en 1991.

500

Vélo Mag.

Le nombre de bananes au ravitaillement du raid

69,9 km/h

La vitesse maximale atteinte en descente par l’Australien Michael Hannah. La Française Emmeline Ragot a réalisé une pointe de vitesse de 63,1 km/h.

33

Le nombre de pays représentés à la Coupe du monde au mont Sainte-Anne.

25

Le nombre d’années de compétitions UCI que fêtera le mont Sainte-Anne en 2015.

18 km

La longueur de rubans installés en guise de balises des différents parcours.

3,58 min

Le meilleur temps en descente sur le parcours de 2,9 km.

VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014

ANDRÉ-OLIVIER LYRA

f

descente bondissante sur monture à deux roues. Cette fête du vélo de montagne au mont Sainte-Anne est l’occasion de joyeuses retrouvailles. Je dois faire mon mea culpa : ça fait quelques années que je n’ai pas été présent au Vélirium. Mon infidélité n’est pas la marque d’un désintéressement, mais plutôt la conséquence d’autres reportages, d’autres découvertes qui m’ont amené ailleurs et ont évidemment impliqué des conflits d’horaire. En arrivant sur le site, j’ai l’impression de retrouver un vieil ami (encore pas mal vert, l’ami !). Déjà, dans le hall de l’hôtel, je suis plongé au cœur du sujet : Julien Absalon, détenteur de deux titres olympiques et cinq fois champion du monde de cross-country, revient d’un parcours d’entraînement. L’œil sur son BMC, il discute mécanique avec un gars de son équipe. Son vélo a intérêt à être au top comme lui : Nino Schurter est bien présent, et il n’y a qu’une place sur la première marche du podium... Le Vélirium s’est échauffé jeudi, place D’Youville, au centre du Vieux-Québec, avec le Cité8, un spectacle haut en couleur réunissant les meilleurs du monde sur des parcours de dirt. Le vendredi, place à une nouvelle discipline sur un enlevant parcours de 850 m tracé au mont SainteAnne  : la Coupe du monde de crosscountry Eliminator (XCE). Ce n’est pas compliqué : quatre coureurs sur la ligne de départ, les deux premiers à l’arrivée se qualifiant pour le tour suivant. Le départ est extrêmement important – le parcours se réduisant quelquefois à un single track, mieux vaut passer en tête. Comme on n’a que 850 m pour gagner, la première chance est la bonne, garantissant du même coup de belles bagarres entre les coureurs. Le Vélirium, ce n’est pas uniquement une course de pros. Le samedi matin, le raid Vélo Mag est le rendez-vous de tous ceux qui veulent déguster sans limites les sentiers du mont Sainte-Anne. Certaines parties des trois parcours proposés (33, 63 et 81 km) ne pouvant être empruntées que le jour du raid, c’est l’occasion de découvrir quelques inédits. Pour le moment, je prépare le Rocky Mountain Instinct 970 que j’ai emprunté pour le raid. Mes petits camarades se

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événement

ROCKY MOUNTAIN INSTINCT 970 MSL

bikes.com

Marie-Hélène Prémont, de retour sur le circuit après la naissance de sa fille, n’avait pas le sourire à sa première descente de la Béatrice : elle a déjanté juste avant, ce qui l’a obligée à descendre à pied. Elle le retrouvera quand retentiront les acclamations de la foule heureuse de la revoir sur son terrain de jeu. Elle finira à une belle 35e place malgré deux crevaisons. C’est dans le Zigzag de la marmotte qu’on voit les coureurs de plus près. Dans cette montée caillouteuse aux virages serrés, les coureurs doivent donner toute leur puissance s’ils aspirent à passer le cap sans mettre pied à terre. Le public est si proche que les encouragements semblent pousser les cyclistes dans le dos. La Canadienne Catharine Pendrel terminera sur la deuxième marche du podium derrière Jolanda Neff ; chez les gars, Julien Absalon cédera la première place à Nino Schurter. Les deux deuxièmes remettront les pendules à l’heure aux Championnats du monde quelques semaines plus tard.|VM JACQUES SENNÉCHAEL

consacrent à la même tâche sur leur propre vélo, histoire d’oublier la légère montée de stress qui précède tout coup de pistolet de départ. Oups, c’est parti ! Contrairement aux éditions qui démarraient au Château Frontenac, on entre dans le vif du sujet assez rapidement. Le début du parcours se conjugue en single avec racines encore humides de la pluie de la veille. Il faut être prudent et adopter le rythme en gardant en tête que l’adhérence est limitée. Quelques parcours plus roulants, de la descente avant de s’attaquer à l’ascension du sommet du mont SainteAnne. C’est là qu’on se demande quelquefois ce qui fait qu’on revient au raid. Quelques crampes permettent de souligner les 1600 m de dénivelé positif et de bavarder avec Absalon, confiant au départ, terminera 2e. d’autres coureurs. Enfin, le sommet. Il ne reste qu’à se laisser descendre en jouant dans les beaux sentiers de la Béatrice et le Zigzag de la marmotte sont montagne. La puce stoppe le chrono au franchissement de la ligne d’arrivée, le commenles endroits les plus hot si on désire admitateur dit votre nom, vous procurant une rer les coureurs en action. La première est brève période de gloire. Là, on est heureux une descente dans un jardin de rocailles et fier. Finalement, je vais peut-être revenir judicieusement placées s’achevant dans un l’an prochain. virage serré. C’est un ça-passe-ou-ça-casse Maintenant, place aux pros. qu’il faut soigneusement négocier en choisissant la bonne trajectoire, et c’est là que BÉATRICE ET ZIGZAG les as de pilotages s’expriment. Les plus Sur les un peu plus de 4 km de parcours prudents prennent une rallonge, le chicken de cross-country de la Coupe du monde, la pass voisin.

5399 $

L’Instinct n’est pas identifié vélo de course, mais il colle parfaitement à un raid sur un terrain varié comme le Raid Vélo Mag. Le système Ride-9TM permet d’ajuster la géométrie et la suspension du vélo à votre style de pilotage et au terrain selon neuf options différentes (merci, les gars du kiosque Rocky). L’Instinct monte bien, même très bien pour un vélo de cette famille (merci, le cadre léger en carbone !). Côté capacité de franchissement, les grandes roues de 29 po avalent les obstacles sans rechigner. En fait, ce Rocky Mountain est à l’aise sur tous les terrains, se démarquant par sa stabilité. L’Instinct est le compagnon idéal de celui qui fait des raids occasionnels sans nécessairement viser une place sur le podium. C’est surtout un bon copain de bois qui vous amènera partout en vous facilitant la vie. Du point de vue de l’équipement, rien à craindre : que du bon. En prime, une tige de selle ajustable d’un seul coup de pouce. 50 VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014


atelier 101 texte

Mathieu Fagnan

ROULER DANS LA NEIGE

sur velo

Pour le pur plaisir de rouler sur des sentiers de neige tapée ou dans le but de poursuivre, durant la saison froide, vos déplacements urbains, rouler l’hiver entraîne son lot d’attentions particulières à apporter à votre vélo.

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Vous trouverez toutes les chroniques de Mathieu Fagnan.

VOTRE STRATÉGIE devra être adaptée en fonction d’une exposition ou non au calcium. Celui-ci, lorsque dissous dans notre fameuse slush, se fera un plaisir de s’infiltrer dans tous les organes mécaniques de votre vélo et d’en accélérer la corrosion. Si vous roulez en ville, la meilleure option reste de sacrifier un vélo à cet usage spécifique. Le vélo choisi devrait avoir la mécanique la plus simple possible (une vitesse, frein à rétropédalage ou à tambour), il couchera dehors et sera entretenu au minimum ; sinon, vous devrez entretenir très soigneusement votre monture. En l’absence de calcium, l’attention sera principalement portée sur la gestion de la condensation lorsqu’on rentre le vélo au chaud, en vue d’éviter une accumulation d’humidité dans le cadre, ce qui pourrait accélérer sa corrosion et endommager les roulements de pédalier et de direction ainsi que la tige de selle. Dans tous les cas, considérez les éléments suivants afin d’assurer le bon fonctionnement de votre vélo et votre sécurité lors de vos sorties sous zéro : f Traitez l’intérieur des cadres d’acier avec un enduit antirouille comme le J.P. Weigle’s Frame Saver, conçu pour le vélo, ou le Rust Check, vendu en quincaillerie. f Considérez enduire l’ensemble de votre mécanique d’un lubrifiant de surface comme le Boeshield T-9. f Vérifiez l’état de vos roulements de moyeux, de direction et de pédalier. Graissez-les de nouveau au besoin. f Assurez-vous de la lubrification adéquate de l’interface entre la tige de selle et le cadre. f Lubrifiez TOUS les filetages des vis et enduisez les têtes de vis apparentes d’un film de graisse. Attention, certaines graisses miné-

rales endommagent la peinture du cadre. f Maintenez votre chaîne parfaitement lubrifiée avec une huile synthétique pour conditions extrêmes comme la FinishLine Wet Lube. f Assurez le bon fonctionnement du mécanisme de roue libre du moyeu arrière par grand froid en remplaçant la graisse qui couvre les clapets par une huile épaisse (Phil Wood Tenacious Oil). f Dans les conditions extrêmes, trimbalez une bouteille de dégivrant pour serrure, idéal pour redonner vie à un dérailleur ou un frein récalcitrant. f Nettoyez et vérifiez chaque semaine l’état des patins de frein et des jantes ; les nombreux abrasifs présents sur les routes accélèrent considérablement leur usure. f Installez les pneus les plus volumineux possible tout en vous assurant d’un dégagement adéquat entre leurs flancs et le cadre. En général, les pneus de meilleure qualité ont une gomme plus tendre, donc une meilleure traction au froid. Les cyclistes urbains assidus auront tout à gagner à utiliser des pneus cloutés ; optez pour le plus grand nombre de clous que permet votre portefeuille, en privilégiant le pneu avant. f Installez des garde-boue à couverture complète. Le nettoyage du vélo (et du cycliste) sera grandement facilité. f Peu d’automobilistes s’attendent à côtoyer des cyclistes l’hiver. Signalez votre présence par un éclairage abondant. Plusieurs petites lumières DEL vous feront mieux voir qu’une seule plus puissante. Bon hiver !|VM

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essai

GURU PHOTON SL GURU PRÉSENTE LE PHOTON SL. VELOMAG.COM/EXTRAS

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ÇA FAIT un bout de temps que les vélos Guru sont dans le paysage québécois. Depuis 1993, pour être précis. Le fil conducteur de la compagnie est de faire un vélo à la fois pour chaque cycliste. En clair, des vélos sur mesure faits au Québec, y compris les cadres de carbone. C’est d’ailleurs le Photon SL, tissé de fibre noire, que nous avons testé. Un souvenir déjà ancien de Guru : je faisais mes premiers tours de roue à Vélo Mag, je passais un coup de fil de temps en temps à Marco Nurchi pour parler de la chose vélocipédique. Même dans une conversation téléphonique, je devinais que ses yeux brillaient de la lumière de la passion. Le temps a coulé, et quelques remaniements plus tard, Guru offre toujours des vélos hors normes. Hors normes déjà parce que des vélos de carbone made in Québec font figure d’exceptions. Une visite de l’usine est d’ailleurs riche d’enseignements. La trentaine d’employés de Guru a largement assez de place pour travailler sur les vélos dans la vaste manufacture de Laval. Sur les 1500 vélos produits par Guru,

seuls les Flite et les CR 301 sont confectionnés en Asie (environ un quart de la production). Ici, on peut voir concrètement que d’un rouleau de fibre de carbone sortira un vélo comportant juste ce qu’il faut de rigidité et de souplesse aux endroits judicieux. Jodi, la seule femme à avoir fait sa place chez Guru, explique ce qui différencie un modèle made in Laval de ses homologues asiatiques : « Nous utilisons une fibre de carbone de plus grande qualité, la Military Grade Fiber, dans un ratio de 70 % de fibre et 30 % de résine. Et surtout, contrairement aux modèles faits en Asie, chaque morceau est taillé très précisément à la forme nécessaire. Il n’y a pas un centimètre carré de matériau supplémentaire. » La chose se confirme quand on observe de près la structure du cadre : on remarque les micro-pièces de carbone qui s’ajustent comme des éléments de puzzle.

La famille Photon Quand le Guru Photon est sorti en 2010, un nombre frappait l’imagination  : 747   g. Le poids du cadre de taille 54 lui donnait un


texte maillot jaune. Depuis, la famille Photon s’est agrandie de deux modèles : le HL, pour « hyper light », au cadre de 670 g, et le R, pour « rigidité », un sur-mesure destiné aux coureurs qui ne veulent rien sacrifier. C’est le SL, l’original, dont le cadre pèse toujours 747 g, que nous essayons. Notez que là encore il existe deux versions : la version Sur mesure et la version Stock, à la géométrie prédéterminée. Dans les deux cas, le client a le choix des couleurs d’habillage. Le vélo testé est un Stock à la belle couleur noire matte soulignée de rouge. On voit assez distinctement la fibre de carbone, notamment les petites pièces qui composent le puzzle du cadre. Celui-ci a une forme résolument classique, voire sobre, avec un léger sloping. Ce n’est pas la fourche Enve 2.0 qui ira à l’encontre de cette tendance. On remarque d’emblée la qualité de la finition ; même les entrées et les sorties du câblage interne sont soigneusement sculptées dans le carbone. Notre modèle d’essai est

« tendre » – est vite oublié : le SL répond aux sollicitations des coups de pédale grâce à sa rigidité au niveau du boîtier de pédalier. Côté confort, rien à dire, ou plutôt un éloge dithyrambique  : le Guru amortit, filtre les moindres imperfections du terrain sans pour autant éloigner des sensations de la route. Au point de dire qu’une ride de 200 km en début de saison ne laisse ni ­séquelles ni inconfort d’aucune sorte ! Certes, le confort est une des qualités indéniables du SL, mais c’est le rapport poidsréactivité qui est impressionnant. Vous voulez relancer ? Pas de problème, le vélo suit, voire vous devance. Vous êtes dans le dur d’une côte abrupte et vous n’y croyez plus ? Une légère pression sur les pédales et vous grimperez au-delà de vos attentes.

Jacques Sennéchael À qui s’adresse le Photon SL ? Difficile de répondre à cette question tant le vélo cumule ce qu’on attend de sa monture : il grimpe et relance bien, il est éminemment confortable, et sa fluidité lui permet d’être très à l’aise au cœur du peloton. Bien en selle dessus, vous vous sentirez une âme de danseur étoile. Le Guru Photon SL n’est pas flamboyant. Il a cependant tous les atouts pour se démarquer dans l’arène, où règne une compétition féroce. N’oublions pas que les matériaux qui le composent sont tous d’excellente qualité, qu’il est fabriqué avec grand soin par des artisans d’ici. Reste à le faire savoir au monde entier, mais aussi aux cyclistes du Québec. |VM

Léger sloping

doté de l’efficace groupe Shimano Ultegra, de composantes Ritchey (potence, guidon, tige de selle), d’une selle Prologo et de roues Reynolds Assault. Sa sobriété ne fera pas nécessairement tourner les têtes : c’est à ses commandes qu’on se rend compte qu’on est sur un vélo qui sort de l’ordinaire.

Sur le bitume Mis à l’épreuve en tout début de saison, notamment sur les 160 km du Gran Fondo New York, le SL s’est avéré un vélo parfaitement taillé pour un usage cyclosportif. D’entrée de jeu, on se sent très à l’aise à son guidon. Plus fluide que vif, il se glisse aisément dans toutes les situations du peloton. À bonne vitesse, on se sent en sécurité : bon équilibre avant-arrière et grande stabilité. Le souvenir d’un essai rapide du Photon de première génération – le vélo était surprenant de légèreté mais s’était aussi avéré

La fourche Enve 2.0 et les roues Reynolds Assault

Des micro-pièces de carbone

GURU PHOTON SL 6600 $ (tel que testé) gurucycles.com

GROUPE Ultegra POTENCE Ritchey Comp 4-Axis GUIDON Ritchey WCS EvoCurve TIGE DE SELLE Ritchey Comp SELLE Prologo Nago Evo T2.0 ROUES Reynolds Assault C CADRE ET FOURCHE (Enve 2.0) : 4500 $

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essai

SWIFTCARBON ULTRAVOX Ti DRAPAC

LES VÉLOS DE LA COMPAGNIE SWIFTCARBON ONT FAIT LEUR PREMIER TOUR DE ROUE SUR LES ROUTES DU QUÉBEC CETTE SAISON. UNE HEUREUSE SURPRISE.

SWIFTCARBON PRÉSENTE LE ULTRAVOX. VELOMAG.COM/EXTRAS

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SWIFTCARBON a été fondée au milieu des années 2000 par Mark Blewett, un excoureur professionnel sud-africain. Ne cherchez pas trop longtemps son palmarès, il est, de son propre aveu, presque inexistant. À la fin de sa carrière cycliste, fort d’une formation en design industriel, il démarre une entreprise de fabrication de sacs de sport à Xiamen, en Chine. Sur place, il constate qu’on y produit aussi la majorité des vélos de carbone haut de gamme sur le marché, dont plusieurs marques européennes de grand prestige. Il n’en faut pas plus pour le convaincre de lancer sa propre

collection de vélos. Conscient de ses limites et résolument moderne dans son approche entrepreneuriale, Mark Blewett réunit donc une équipe internationale de spécialistes pour l’assister dans son aventure. Le design hollandais et l’ingénierie allemande sont gérés par lui-même du siège social, en Chine. Celui-ci est d’ailleurs situé à quelques pas de l’usine qui fabrique les vélos, par ceux que plusieurs considèrent comme les réels spécialistes mondiaux de la fabrication de cadres en carbone. La philosophie Swift est simple : pas de cachette ou d’ambiguïté sur les lieux de fabrication.


texte gues (175 mm) et les roues Zipp 404 à pneu relativement lourdes, le Swift est un rouleur hors pair et préfère les ascensions au train, assis, sur un gros braquet. Muni de roues légères et dynamiques, le Ultravox révèle ses véritables capacités en montagne. Sa réactivité a été caractérisée de symbiotique et sa rigidité de parfaite par nos testeurs de plus de 75 kg : aucune flexion significative à l’effort tout en préservant une bonne vivacité et une certaine rétroaction. Les plus légers (et un peu moins puissants) devaient vraiment se mettre dans le rouge pour exploiter le vélo, surtout en montée. Dans ce cas, le modèle Ti, moins rigide, devrait être mieux adapté. Côté équipement, le Sram Red 22, ergonomique, rapide et précis, arrive presque à nous faire oublier qu’il est simplement

mécanique. Il est à noter que le cadre peut aussi recevoir un groupe électromécanique de Shimano. Les Zipp se sont révélées rapides pour les rouleurs costauds mais nettement trop lourdes pour une utilisation polyvalente. Les pneus Schwalbe ont donné un excellent rendement et une bonne adhérence dans les virages, participant sans doute au confort du vélo. Nouveau dans un marché déjà quasi saturé de vélos de premier ordre, Swift débarque avec un produit étonnamment abouti. Sans attrait de design réellement distinctif, c’est dans son équilibre, donc son absence de défaut, que le Ultravox se démarque comme un des meilleurs vélos pour coursiers ou cyclosportifs aux mollets aguerris qui nous soient passés entre les mains. |VM JACQUES SENNÉCHAEL

La série Ultravox se décline en trois versions qui partagent le même moule, donc les mêmes formes et géométries. Les modèles se différencient par le type de fibre utilisée. Le RS-1 utilise les fibres Toray 700 et 800, on remplace le T800 par du T1000 sur le Ti pour 110 g de moins et 15 % de plus de rigidité, et on ajoute du Mitsubishi M46J sur le vélo de l’équipe Drapac, testé ici, pour un autre 7 % de gain en rigidité. Le design du Ultravox, en droite ligne avec les tendances actuelles, confère au vélo un look viril résolument porté vers la compétition. L’avant du vélo est massif, notamment sa fourche droite aux larges fourreaux et son tube de direction archibridé. La section des tubes s’affine graduellement jusqu’au tube de selle, auquel vient se greffer un triangle arrière beaucoup plus fin et élancé qu’à l’avant. Les bases rectangulaires restent costaudes, mais les haubans aux formes triangulaires allègent la facture visuelle. La boîte de pédalier, très massive et

Mathieu Fagnan

Tubes s’affinant jusqu’au tube de selle

tout en angles, annonce qu’il faudra travailler fort pour la faire fléchir. La finition du cadre est impeccable quoique la signature esthétique aux couleurs de l’équipe Drapac soit un brin chargée.

Haubans triangulaires

SWIFTCARBON ULTRAVOX Ti DRAPAC

Sur le bitume Une fois sur la route, le Swift affiche son ADN de coursier. La direction est précise et le vélo parfaitement stable, y compris à très haute vitesse, mais sans jamais s’opposer aux changements de direction. La confiance est au rendez-vous et aucune situation ne semble ébranler son pilotage intuitif. Swift a réussi le tour de force de combiner à la vivacité du Ultravox un niveau de confort et d’amortissement supérieur, sinon remarquable. On ne se fait jamais brasser sur une route défoncée ou cogner par un bon trou qu’on n’aurait pu éviter. Dans la configuration testée, avec des manivelles plutôt lon-

Avant massif

de 4625 $ à 11 175 $ (tel que testé) swiftcarbon.com

GROUPE Sram Red 22 POTENCE Ritchey WCS Carbon GUIDON Ritchey WCS Carbon TIGE DE SELLE SwiftCarbon SELLE Fi’zi:k Arione

DANS LA MÊME FAMILLE

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CANNONDALE SUPERSIX EVO HI-MOD

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équipement

Pompe TLR Flash Charger, de Bontrager 120 $

bontrager.com

Bien que les pneus de montagne tubeless ready soient de plus en plus faciles à installer avec une pompe à pied, certaines combinaisons requièrent encore un compresseur pour faire monter d’un coup le pneu sur la jante. Cette pompe de Bontrager agit d’ailleurs à la façon d’un compresseur : on accroît d’abord la pression dans un réservoir auxiliaire puis, en soulevant le levier rouge, poof ! on libère d’un coup sec un gros volume d’air dans le pneu, qui se met en place. La pompe fonctionne ensuite comme une pompe ordinaire pour terminer le gonflage.

g a M o l Vé aime

Casque Star Pro, de Bell 280 g

330 $ (avec visière) ; 280 $ (sans visière) bellhelmets.com

Qui aurait dit que l’aérodynamisme d’un casque pourrait faire la différence dans un sprint ? C’est pourtant ce que révèlent des tests indépendants en soufflerie. Dans un sprint de 300 m à 1150 W, le dernier venu de la gamme de Bell donnerait un avantage à la ligne d’arrivée de près de 1 m sur un casque aérodynamique concurrent et de 1,5 m sur un casque régulier, et ce, en position fermée, car en déplaçant un curseur sur le dessus du casque, on ouvre ou on obture les ouvertures de ventilation. En position ouverte, la capacité de refroidir la tête est presque équivalente à celle d’un casque régulier. À la suggestion des coureurs de l’équipe pro Belkin, on a ajouté dans la partie frontale un petit aimant où fixer une paire de lunettes en position relevée.

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Fourche RS-1, de RockShox 1666 g 1942 $

sram.com

Vingt-cinq ans après avoir révolutionné le vélo de montagne grâce à la RS-1 originale, RockShox frappe un grand coup avec cette fourche inversée. Le concept n’est pas nouveau, car l’inversion présente de nombreux avantages, notamment la rigidité supérieure dans l’axe avant-arrière, toutefois peu de modèles ont connu le succès vu une faiblesse structurale en torsion. La RS-1 répond avec un ensemble pivot-fourreaux-plongeurs ultra-rigides en carbone monobloc couplé à un moyeu conçu sur mesure appelé Predictive Steering, pour l’instant offert uniquement sur les roues Sram. En 29 po seulement et dans un choix de débattements de 80, 100 et 120 mm. Elle est assez légère pour la compétition XC mais assez solide pour une utilisation trail.


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Lumière pour casque, de Vizibl 30 $

innovation-sports.com

Manteau Luminite II, de Endura 198 $

Deux lumières DEL puissantes sont intégrées dans cette bande qui se fixe facilement à l’arrière du casque grâce à deux courroies flexibles. La bande Vizibl est légère, elle résiste aux intempéries et sera visible de tous les côtés. Un clic active le mode continu, qui durera jusqu’à 70 h, un deuxième clic engage le mode clignotant, qui se rendra jusqu’à 100 h. La gamme Vizibl comporte d’autres lumières semblables qui s’accrochent à la selle, au guidon, au bras et au talon.

endurasport.com

Compact, aux coutures scellées, parfaitement imperméable, il vous tiendra au sec et au chaud tout au long de l’automne ou du printemps. Des cordes dissimulées permettent de l’ajuster à la taille et au cou. Ce manteau compte trois poches à l’avant et une derrière, toutes comportant une fermeture à glissière. L’intérieur du cou est doublé d’un tissu doux ajoutant au confort. Le soir venu, si les motifs réfléchissants placés tout autour ne suffisent pas, vous pourrez toujours allumer la lumière DEL intégrée à la poche arrière.

Roues 4S5, de Spherik 1395 g  1599 $

Tige de selle CG-R Carbon, de Specialized 27,2 mm (diamètre) ; 350 mm (longueur)

250 $

specialized.com

Elle ne fait pas l’unanimité en ce qui concerne son aspect esthétique, mais sur le plan du confort, c’est une révélation pour tous ceux qui l’ont essayée. Dans le repli de cette tige de selle tout carbone, un insert en matériel Zertz absorbe les chocs en s’écrasant de presque 2 cm, au besoin. C’est la tige qui équipe les vélos Roubaix, mais rien n’empêche de s’en procurer une si on veut accroître son confort sur un autre vélo, en particulier dans le cas de longues randonnées.

Gilles Morneau

spherikbike.com

Conçues au Québec, ces roues de carbone destinées aux grimpeurs sont le fruit de nombreuses années de courses en contre-la-montre et en triathlon. Le profil bas de la roue avant (40 mm) est garant d’une grande stabilité dans les vents latéraux, tandis que la section arrière plus haute (50 mm) améliore la rigidité et le confort. La qualité se retrouve dans les moindres détails : rayons aérodynamiques en inox à traction directe étirés à froid, jantes larges (23 mm devant, 24 mm derrière), surface de freinage carbone/céramique aussi efficace que l’aluminium dans toutes les conditions, roulements scellés de haute précision. La gamme Spherik comporte deux modèles similaires aux jantes plus hautes, le 5S6 (50 mm devant, 60 derrière), pour terrains variés et à l’aérodynamisme accru, et le 6S8 (60 mm devant, 80 derrière), très aérodynamique, conçu pour la vitesse pure.

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MARC LÉPINE

entraînement

PEUR DE PERDRE LA FORME ? IMPACT DES PÉRIODES DE REPOS

ON ENTEND SOUVENT DIRE QU’IL EST NÉCESSAIRE DE PRENDRE CHAQUE ANNÉE QUELQUES SEMAINES DE REPOS. CEPENDANT, PLUSIEURS REDOUTENT DE PERDRE UNE FORME DUREMENT ACQUISE. QUE FAIRE ? C’EST LA TRADITION cycliste de stop-

sur velo .

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58 VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014

per complètement l’entraînement, chaque année, pendant à peu près un mois. Mais les accros à l’oxygène et à l’acide lactique ont tendance à culpabiliser dès qu’ils sont plus d’une poignée d’heures sans s’imposer quelque souffrance sur leur bécane. Examinons ce qui ressort des rapports de recherches où on a mesuré les effets d’une période de réduction de l’entraînement. En fait, les conséquences d’un repos sur la forme dépendent principalement de trois éléments : la charge d’entraînement précédant la période de repos, la durée de celle-ci et ce qu’on fait pendant cette pause.

Tout à gagner Les cyclistes surentraînés (trop de sorties longues et intensives) ne perdent rien en prenant un repos complet de trois ou quatre semaines. Au contraire, ils s’améliorent  ! Ceux et celles qui se sont entraînés assidû-

ment sans toutefois se surentraîner peuvent maintenir leur condition physique même s’ils réduisent leur volume d’entraînement d’à peu près la moitié pendant environ un mois ; en revanche, s’ils cessent complètement toute forme d’activité physique pendant plus d’un mois, les effets bénéfiques de leur entraînement estival vont s’estomper de manière importante. À cet effet, des chercheurs britanniques ont observé que des olympiens avec un diagnostic de surentraînement voient leur consommation maximale d’oxygène (VO2max) et leur endurance s’améliorer de manière significative après un repos de trois à cinq semaines. Et des chercheurs des Pays-Bas ont montré que l’aptitude aérobie de cyclistes de haut niveau diminue très peu lorsque la charge d’entraînement est réduite pendant quelques semaines. Des simulations effectuées par la spécialiste de l’entraînement Myriam ­Paquette, de l’Université Laval, indiquent que


texte

Guy Thibault

Docteur en physiologie de l’exercice

cesser l’entraînement pendant une semaine n’a pratiquement aucun effet à long terme alors que, par exemple, couper deux sorties intensives chaque semaine pendant quelques mois a des effets négatifs très prononcés.

Effet tremplin Globalement, il semble souhaitable de s’allouer – ou de s’imposer – chaque année de une à quatre semaines de charge réduite d’entraînement. On peut se convaincre de la justesse de cette recommandation en examinant les études sur l’affûtage. L’affûtage est la modification de l’entraînement pendant les derniers jours précédant une compétition qui revêt une importance particulière, afin d’y obtenir une performance de pointe. Après qu’une grande variété de formules d’affûtage aient été essayées, tous s’entendent pour dire que la meilleure consiste à réduire le kilométrage de 40 à 60 % pendant une dizaine de jours. Les gains de performance sont alors très importants. Je ne serais pas surpris que plusieurs lecteurs soient au sommet de leur forme quand l’automne les force à réduire leur volume d’entraînement !

Mais attention ! Il ne faut pourtant pas conclure qu’il n’y a aucun problème à stopper complètement l’entraînement. Tôt ou tard, si vous

hibernez trop longtemps, les déterminants de la performance que vous avez réussi à développer en roulant intensivement seront réduits, notamment les suivants : VO2max, puissance aérobie maximale, endurance, volume sanguin, volume de sang éjecté par le cœur à chaque battement, efficacité respiratoire, activité des enzymes musculaires oxydatives, réserves de glycogène musculaires, nombre de capillaires sanguins entourant chaque cellule musculaire.

Exténué ? Concrètement, plus vous sortez fatigué de la saison de vélo, plus vous avez avantage à prendre un repos complet de quelques semaines. En prime, cela réduit le risque de s’infliger une blessure d’usure, libère du temps pour confier ses petits bobos à un physiothérapeute, redonne l’énergie et la motivation nécessaires pour entreprendre avec entrain le prochain cycle d’entraînement, et permet de passer du temps en famille, en voyage ou avec les amis.

Cardio et muscu Pendant l’intersaison, craignant une baisse de leur forme, de plus en plus de cyclistes passionnés misent sur l’entraînement complémentaire aérobie (course à pied, ski de fond, etc.) et sur la musculation, alors que

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d’autres se tournent vers un vélo de spinning ou un home trainer pour améliorer d’une coche le moteur de leur bécane.

Les autres sports Des recherches indiquent que, pour s’améliorer à vélo, il est toujours préférable de pratiquer d’autres sports aérobies que de ne pas s’entraîner du tout. Mais plus l’aptitude est élevée, moins on tire profit de cet entraînement complémentaire (cross-training, en anglais). Quant à la musculation, elle permet aux cyclistes d’améliorer l’efficacité de leur coup de pédale et leur capacité anaérobie, sans compter qu’elle réduit le risque de s’infliger une blessure d’usure.

Séance spéciale cardiovélo La formule suivante d’entraînement par intervalles courts convient bien aux séances sur vélo de spinning ou sur home trainer. Entre l’échauffement et le retour au calme (5 min chacun), faire 4 ou 5 séries de 6 à 8 fractions d’effort intense (mais non maximal) de 15 s, entrecoupées de périodes de récupération active (mouliner sans effort) de 15 s entre les répétitions et de 1 à 2 min entre les séries. Exécuter la majorité des répétitions à cadence normale de 90 à 100 rpm, et en faire de 10 à 20 % à cadence augmentée ou réduite d’une dizaine de rpm. |VM

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Chaque participant travaille sur son propre vélo. Démontage et ajustement du jeu de pédalier, de la direction et du moyeu arrière. Ajustement des systèmes de freins et de vitesses. Exécution d’une mise au point et réparations courantes. Installation complète d’un système de transmission et de freins. Préparation d’un cadre pour l’assemblage : surfaçage, taraudage et alésage. Fourche : redressement, filetage et installation. Roulements : pédalier, direction, moyeux.

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VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014 59 14-01-31 11:54


nutrition texte

Catherine Naulleau nutritionniste du sport

SUJETS ET CROYANCES HIVERNALES CONVERSATION ENTENDUE dans un peloton à la veille de l’hiver : — Notre corps stocke plus de graisses à cause du manque de lumière. — Je crois que c’est plutôt relié à la vitamine D, dont la présence naturelle est moins grande l’hiver. Ça augmente le taux de gras. — Moi, je vais juste arrêter de manger après 20 h. Il paraît qu’après cette heure, tout ce qu’on mange est stocké en graisses. — Pour ne pas trop grossir, je vais essayer deux techniques : la méthode train low et l’entraînement à jeun. — On dépense moins l’hiver, il faut donc réduire nos portions. Ce n’est pas plus compliqué que ça. Voyons voir ce qu’il en est.

TROIS QUESTIONS EXISTENTIELLES SUR L’HIVER VELOMAG.COM/EXTRAS

Prend-on du poids plus facilement l’hiver parce qu’on manque de lumière ?1 C’est possible. Certaines études formulent l’hypothèse qu’il existe un lien entre l’exposition tôt à la lumière du jour, l’intensité de cette lumière, la durée d’exposition et la composition corporelle. Étant donné que la lumière arrive plus tard en hiver, il serait logique de croire que cela influence le poids. La solution : Finie la grasse matinée, et allumez les lumières dès votre réveil ! Les chercheurs conseillent également l’utilisation de la lampe de luminothérapie blanche ou bleue au réveil.

60 VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014

La vitamine D aurait-elle quelque chose à2,voir avec une prise de poids ? 3 Quelques études ont démontré qu’un faible taux de vitamine D était associé à un poids plus élevé (ajusté en fonction de l’âge, du sexe et du niveau d’activité). Cela se traduit par une plus grande concentration de graisses abdominales, intra-­ viscérales et intramusculaires. Cependant, ces études sont récentes, et davantage de recherche sera nécessaire. La solution : Si une prise de sang au début de l’automne vous indique que votre vitamine D est inférieure à 50 ng/ml, un supplément de 1000 à 2000 UI de vitamine D tous les jours d’octobre à avril vous aidera.

Doit-on vraiment éviter de manger après 20 h ? Si on ne ressent pas la faim, oui. Mais si on a faim, non ! Si, toutefois, vous vous entraînez tard et terminez après 20 h, il faut vous mettre quelque chose sous la dent afin de récupérer, particulièrement si vous n’avez pas encore soupé.

Qu’est-ce que la méthode train low ? Est-elle intéressante pour perdre du poids ? Le train low consiste à s’entraîner en situation de faibles réserves énergétiques en après-midi ou en fin de journée. Dans une telle situation, le corps puise dans les réserves de graisses plutôt que dans


les réserves de glycogène (qui sont alors faibles). Précisons que l’entraînement train low n’est pas axé sur la perte de poids ; c’est plutôt une méthode d’adaptations musculaires où des enzymes du muscle sont activées à l’effort. Étant donné que l’apport en glucides est réduit avant l’effort, la logique voudrait que le train low soit associé à une perte de poids, ce qui n’a pas été établi par les études. Celles-ci suggèrent plutôt d’intégrer ce type d’entraînement, à raison d’une ou deux fois par semaine, dans le but d’habituer le muscle à travailler dans des conditions difficiles. Attention, cependant : les études indiquent aussi qu’il n’est pas possible de maintenir une intensité aussi élevée à l’effort avec des réserves énergétiques basses. Certains cobayes n’ont d’ailleurs pas été en mesure de compléter les protocoles.

Et l’entraînement à jeun ? Estce une bonne façon de perdre du poids ? En l’entraînant à jeun, on force le corps à utiliser ses réserves de graisses, car il possède de faibles réserves de glycogène le matin. Cette méthode peut être incorporée quelques fois par semaine durant les séances légères à modérées. Si vous avez eu un souper arrosé et que vous avez mangé plus qu’à votre habitude, une petite séance d’entraînement à jeun le lendemain pourrait aider à brûler certaines de ces calories superflues. Il faudra toutefois vous assurer de ne pas compenser par la suite en matière d’alimentation.

Faut-il vraiment manger moins l’hiver ? Pour plusieurs cyclistes, la dépense énergétique hivernale est effectivement moindre. Si, un samedi matin, vous hésitez entre aller

rouler à Jay Peak et une séance d’intervalles de home trainer de 90 minutes, sachez que vous dépenserez jusqu’à quatre fois plus d’énergie dans le Vermont que dans votre sous-sol ! L’hiver, vous ne pouvez donc plus manger les mêmes portions que lors de grosses sorties à vélo. Il faut alors augmenter votre ration de légumes et de viandes maigres, et délaisser les glucides (le riz, les pâtes, le pain, les à-côtés). Surveillez également votre consommation d’alcool. L’hiver, il semble y avoir aussi plus d’occasions de boire et manger. |VM 1 Reid, K.J. et collab., « Timing and Intensity of Light Correlate with Body Weight in Adults », PLOS One, 10 avril 2014, no 1371. 2 Kremer, R. et collab., « Vitamin D Status and its Relationship to Body Fat, Final Height, and Peak Bone Mass in Young Women », The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, 1er janvier 2009, vol. 94, no 1, p. 67-73. 3 Heller, J.E. et collab., « Relation Between Vitamin D Status and Body Composition in Collegiate Athletes », International Journal of Sport Nutrition & Exercise Metabolism, 14 juillet 2014 (ePub).

recette

SAUCE À SPAGHETTI à la MIJOTEUSE La cuisson à faible température pendant plusieurs heures rend les viandes très tendres et les sauces très épaisses. Dans le cas d’une sauce à spaghetti, vous combinez tous les éléments clés pour préparer une sauce des plus succulentes. Ingrédients (de 8 à 10 portions)

Préparation

1 c. à table (15 ml) d’huile d’olive 1 gros oignon, haché finement 2 lb (900 g) de bœuf haché maigre ou extra-maigre, ou de dinde, ou de veau, ou de cheval, ou de porc 2 boîtes de 796 ml de tomates en dés, italiennes ou régulières 1 boîte de 156 ml de pâte de tomate 1 paquet de 700 g de mélange de légumes type spaghetti Salad Express ou ½ paquet de légumes congelés mélange spaghetti Arctic Garden 15 feuilles de basilic frais, coupé en fins morceaux 1 c. à table (15 ml) de thym moulu Valeur nutritive 1 c. à table (15 ml) d’origan séché (1 portion) 1 c. à thé (5 ml) de poudre d’oignon Calories 260 Protéines 26 g Sel et poivre

Faire revenir l’oignon dans l’huile pendant 5 minutes à feu élevé. Ajouter la viande hachée et cuire jusqu’à ce qu’elle perde toute sa teinte rosée. Une fois la viande entièrement cuite, égoutter le plus de gras possible dans une passoire. // Pendant ce temps, dans la mijoteuse, combiner les tomates, la pâte de tomate, le mélange de légumes coupés et les assaisonnements. // Incorporer la viande. Mélanger le tout et cuire à feu bas pendant 4 heures. // Pour une sauce à consistance plus liquide, ajouter une cannette de V8 (156 ml). // Pour une sauce plus épaisse, ajouter une boîte de pâte de tomates de plus (156 ml). // Pour enlever le goût acide de la tomate, ajouter un peu de cannelle et 1 c. à thé de cassonade.

Glucides Lipides Fibres Fer

24 g 7g 5g 4 mg

VÉLO MAG NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2014

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la dernière texte

Jacques Sennéchael

Coup sur coup BASF

Coup de jeune

Le premier vélo à pédales revisité par un géant du plastique

L’histoire du vélo à pédales remonte à 1861, lorsque le Français Pierre ­Michaux, avec la complicité d’un de ses fils, installe une manivelle à pied sur la roue avant du vélocipède. Créé en 1865, le groupe chimique BASF a voulu rendre hommage au vélo Michaux en le revisitant. L’industriel allemand a donné naissance à un concept bike électrique utilisant pas moins de 24 sortes de plastiques innovants et intelligents. Tout est en plastique haute technologie, depuis le cadre jusqu’aux roues, en passant par les pneus, le pédalier, la fourche, la selle… En plus d’être une vitrine des matériaux de pointe développés par BASF, le Concept 1865 est aussi un superbe vélo design. (Pascal Mageren) D’autres vélos sur velosophe.be

De Jim Turner, 75 ans, qui, en deux jours, a battu trois records du monde en cyclisme sur piste dans sa catégorie d’âge. Il a débuté par le 2 km avec un temps de 2 min 48,483 s pour ensuite passer au 200 m en 13,889 s. Il a attendu le lendemain pour tenter et réussir celui de l’heure avec 38,805 km.

« Le succès actuel du vélo à Copenhague est lié aux aménagements cyclables que la Ville a réalisés dans les années 1980, alors qu’elle avait de grosses difficultés financières qui l’empêchaient de réaliser son programme autoroutier. Stockholm, au contraire, a eu les moyens d’investir dans les autoroutes urbaines, et le redémarrage du vélo a tardé. » Frédéric Héran, dans Le retour de la bicyclette Une histoire des déplacements urbains en Europe, de 1817 à 2050, éditions La Découverte

Le podium du vélo en libre-service

C’est la Chine qui grimpe sur la première marche avec 400 000 vélos, suivie par la France et l’Espagne, qui en possèdent respectivement 45 570 et 23 000. Si on se base sur le ratio nombre de vélos/nombre d’habitants, il y a un vélo en libre-service pour 3000 Chinois et un pour 1450 Français. En ce qui concerne les villes, Montréal se classe à la 30e place quant au nombre de vélos en libre-service.

Le meilleur vélo urbain – The Bike Design Project Cinq équipes de designers de cinq villes (New York, Chicago, Seattle, Portland, San Francisco) conçoivent et fabriquent un vélo urbain. Le public élit le meilleur qui sera produit par la compagnie Fuji Bikes. Le Denny de Seattle a gagné avec sa multitude d’idées géniales. oregonmanifest.com

Dopage à la lessive

Six coureurs norvégiens ont été intoxiqués à la lessive en confondant un détergent pour les cuissards avec un gel énergétique. Ils n’ont pas amélioré leur performance mais ont été hospitalisés. La compagnie a par la suite modifié son emballage en ajoutant plus de précisions sur le contenu.

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Coup de jus Des cyclistes européens, qui investissent dans des vélos à assistance électrique. Les Pays-Bas détiennent le maillot jaune avec plus 20 % de ventes en 2013, tandis que la France se contente de 17 %. Cela dit, 60 % des vélos à assistance électrique des Pays-Bas sillonnent les villes, alors que la France s’en tient à 9 %, les autres étant utilisés en mode loisir, notamment du côté du vélo de montagne.

Coup de pouce De Louis Garneau, qui est prêt à investir les premiers 100 000 $ dans la construction d’un vélodrome couvert.

Coup de pouce (bis) Aux cyclistes parisiens de la part du plan vélo 20142020, qui prévoit une augmentation des places de stationnement, de nouvelles pistes cyclables et une généralisation de la limitation de la vitesse à 30 km/h. En échange de ces efforts, la part modale des cyclistes devra passer de 3 % (2008) à 15 % en 2020. Il reste encore du travail.


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