Les périphéries de villes moyennes en France sont aujourd'hui peuplées d'objets autistes au fonctionnement strictement interne. Boîte en tolle,
autoroutes, usines, hangars désaffectés, terrain vague, station d'épuration, déchetterie, incinérateur, centre commercial, casse automobile, zones d'activités... constituent le paysage de ce qui n'est déjà plus la ville.
Paysages de l’absurde, ils sont la figure d’un inconscient urbain. Logique chaotique d'aménagement de ces territoires limites, elle témoigne d'un système inhérent à notre société : le refoulement vers l'extérieur, vers la périphérie, dans l'insconcient de ce que l'on ne veut pas voir. Dans ces
territoires, spécifiquement la périphérie de Clermont-Ferrand, s’observent les traces de cet inconscient, une écologie complexe, où les dialectiques
qui construisent les tissus classiques (ville/nature) se trouvent annulées,
déplacées. Dans ces lieux même d'une périphérie désabusée se formulent les questions essentielles de la contemporanéité ; loin de la nature
archaïque. Ici s’écrit le scénario pour une alternative éco-logique de nos périphéries entropiques.
Ce paysage alternatif existe à travers la création de temporalités autres à celle, polarisées et monofonctionnelles des zones industrielles et
théâtre est littéralement le projet, dans toutes ces lectures. Une nouvelle forme de théâtre périphérique , commerciales. Art du temps, le
représentation d'un décor déjà constitué, qui engage une r-évolution écologique.
Théâtres périphériques
Paysages de l’absurde et inconscient urbain à Clermont-Ferrand, scénario pour une alternative éco-logique
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julien lafontaine
pratiques
Marc ARMENGAUD
Yves BéLORGEY
Pierre DAVID
Loïse LENNE
Mémoire de diplôme - 2017 - Ville, architecture et territoire
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Mémoire de diplôme - 2017 - Ville, architecture et territoire
Les périphéries de villes moyennes en France sont aujourd'hui peuplées d'objets autistes au fonctionnement strictement interne. Boîte en tolle,
autoroutes, usines, hangars désaffectés, terrain vague, station d'épuration, déchetterie, incinérateur, centre commercial, casse automobile, zones d'activités... constituent le paysage de ce qui n'est déjà plus la ville.
Paysages de l’absurde, ils sont la figure d’un inconscient urbain Logique chaotique d'aménagement de ces territoires limites, elle témoigne d'un système inhérent à notre société : le refoulement vers l'extérieur, vers la périphérie, dans l'insconcient de ce que l'on ne veut pas voir. Dans ces
territoires, spécifiquement la périphérie de Clermont-Ferrand, s’observent les traces de cet inconscient, une écologie complexe, où les dialectiques
qui construisent les tissus classiques (ville/nature) se trouvent annulées,
déplacées. Dans ces lieux même d'une périphérie désabusée se formulent les questions essentielles de la contemporanéité ; loin de la nature
archaïque. Ici s’écrit le scénario pour une alternative éco-logique de nos périphéries entropiques.
Ce paysage alternatif existe à travers la création de temporalités autres à celle, polarisées et monofonctionnelles des zones industrielles et
théâtre est littéralement le projet, dans toutes ces lectures. Une nouvelle forme de théâtre périphérique , commerciales. Art du temps, le
représentation d'un décor déjà constitué, qui engage une r-évolution écologique.
« Et nous voici comme dans un pays tout inconnu au sein même du réel pur. » Valéry Paul.
Théâtres périphériques
Paysages de l’absurde et inconscient urbain à Clermont-Ferrand, scénario pour une alternative éco-logique
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Plusieurs raisons articulent mon choix de sujet de diplôme. Tout d’abord, pragmatiquement, mon origine peut expliquer le site ; une grande partie de ma vie a pris cours à Clermont-Ferrand, c’est un territoire que je connais, tant dans ses qualités exceptionnelles, que dans sa quotidienneté ; j’y ai fréquenté tous les événements culturels ; je connais les politiques de la ville et ces échecs ; j’ai conscience des différents groupes sociaux qui habitent ces lieux, des quartiers qu’ils fréquentent, et de certaines habitudes qui marquent le territoire ; j’ai pu assister à une partie du développement urbain récent de la banlieue de Clermont-Ferrand, dans laquelle j’ai grandit, et de tous les espaces qui y sont associés. A travers ce vécu quotidien, et grâce aux premières années d’étude en architecture que j’ai effectué à Clermont-Ferrand, j’ai pu lire comment s’est constitué son tissu, comment ont évolué certaines pratiques, mais aussi, et surtout, quels inconscients des habitants et des politiques étaient rejetés, refoulés au loin, en périphérie. Clermont-Ferrand, capitale du territoire rural d’Auvergne, a connu, pour plusieurs raisons, certains retards à l’urbanisation dans la seconde moitié du XXe siècle. Son industrie, menée par Michelin, est un capital identitaire fort de la région, et de fait, à toujours gardé dans sa manière d’influer sur la ville (le lien entre les politiciens et la famille Michelin a toujours été fort), un désir d’ancrage dans le territoire. Ce lien au paysage et aux formes géologiques marquantes est donc un élément structurant de la vie et de la ville clermontoise. Le retard à l’urbanisation commerciale et industrielle, a provoqué, a posteriori, une urbanisation rapide, parfois irréfléchie, et même
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violente, envers la tradition paysagère. C’est dans cette périphérie qui a oublié son lien avec le paysage, et dans les objets génériques qui la composent, que l’on peut distinguer des espaces liquides, des interstices qui ne sont « pas encore en mutation ». Des espaces aux qualités multiples car très malléables, « faibles », dans leurs capacités tout d’abord à accueillir certaines pratiques informelles, mais aussi, à fabriquer un imaginaire, une mythologie périphérique, qui permet à ces objets « génériques », de changer de statut. De l’espace de consommation en habit de tolle, s’émanent un poésie sans pareille, où les non-sens et l’absurdité de certains modes de villes s’alignent avec le grand paysage, et les replacent dans un temps plus long, comme des symboles d’un changement en devenir, ou d’une disparition à-venir. Ces espaces multiples de la périphérie clermontoise, espaces refoulés d’un inconscient urbain et donc, humain, sont scénographiés à priori. A l’image des futurs à l’abandon observés par Smithson, ou de l’autoroute de Tony Smith, ces lieux métamorphosent les architectures environnantes en une succession de sculpture qui n’expriment que l’absence d’une œuvre, et dont l’expérience forme une œuvre. Il nous apparaît alors une seconde explication du choix de sujet ; le travail de mémoire réalisé sous la direction de Dominique Rouillard, qui s’articule autour de la définition d’un nouveau régime de valeur, celui de l’entropie et de la néguanthropie à l’aube d’une société automatique, et ainsi, de l’à-venir et du devenir de l’architecture dans cette même société. A cette occasion, j’ai pu constituer un corpus de référence qui m’amènent aujourd’hui à proposer une définition autre de l’écologie. Cette définition, élaborée à partir d’auteurs qui sont aujourd’hui centraux dans mon travail (Nietzsche, Bataille, Blanchot, Foucault, Stiegler...), m’amène à une forme de fascination pour certaines pratiques artistiques et/ou architecturales, car elles se placent comme procédés à forts potentiels néguanthropique (créateur de valeur dans une société automatique) ; à commencer par Duchamp et le ready-made, l’Anti-Walk Dada, les dérives situtationnistes, Tony Smith, que l’on peut esquisser comme l’instigateur de l’art minimal américain et du Land Art, Robert Smithson, Michael Haezer, et plus récemment Stalker, puis les collectifs Voyages métropolitains, Le bruit du frigo, ou La folie kilomètre. Toutes ces références dont je me nourri aujourd’hui, grâce à leur relecture dans le régime de valeur de l’entropie et de la néguanthropie, je cherche aujourd’hui dans mon choix de sujet à les comprendre, les articuler, à construire mon intérêt pour elle, à expliquer leur lien avec ce travail de recherche, et maintenant, à les dépasser, ou du moins à les transformer, vers ce que sera, à la jonction entre une connaissance profane du territoire clermontois et un apport théorique, ma pratique de diplôme.
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MĂŠmoire de diplĂ´me - 2017 - Ville, architecture et territoire
politique culturelle
retour sur les politiques culturelles depuis malraux vers une politique de la différence
territoire (s) périphérique (s)
écologie (s), images le théâtre et l’automatisation objets, parcours, machines
les tragédies automatiques
variation à partir d’En attendant Godot, de Beckett Acte I scène 1, version 1 Acte I scène 1, version 2 Acte I scène 1, version 3
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« Le ministère a pour mission de permettre à tous les français de cultiver leur capacité d’inventer et de créer, d’exprimer librement leur talent et de recevoir la formation artistique de leur choix. » LANG Jack, discours d’investiture au ministère de la culture.
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Mémoire de diplôme - 2017 - Ville, architecture et territoire
politique culturelle retour sur les politiques culturelles depuis malraux.
« La mission du ministère est de rendre accessible les oeuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de français. » MALRAUX André, discours d’investiture au ministère pour les arts et la culture.
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La décentralisation des politiques culturelles a été réussie en grande partie, à travers toutes les politiques menées. Aujourd’hui, les municipalités font de la culture un outil de valorisation de leur patrimoine, de leur ville, et d’un mode de vie. Les différentes politiques ont même intégré au sein du système les contre-pouvoirs artistiques dissonants, qui formulaient une critique du système en place. La vision malrussienne d’une culture élitiste à la portée de tous a été démontée, la théorie du choc esthétique de Kant portant un discours trop moderniste et avant-gardiste. Les ministères de Pompidou et Giscard ont porté des politiques de décentralisation non dirigiste et concertée avec les communes, qui ont lancé le mouvement de municipalisation de la culture. Alors, les maisons de la culture, voulue cathédrale moderne par Malraux, s’hybrident et accueillent une plus grande variété d’événement. La crise pétrolière et l’inflation ont porté atteinte à cette politique étatique de « développement culturel », les budgets revus à la baisse. La large victoire du PS dans les mairies en 1977, élu sur un programme où l’axe culturel était majeur, renforce la municipalisation. La réelle mutation des politiques culturelles a lieu avec l’élection de Mitterrand, et la nomination de Jack Lang au ministère de la culture. Le budget est doublé, portant ainsi le pouvoir d’action du ministère à son apogée. Jack Lang propose une politique basée sur une culture par tous et pour tous ; la formation artistique est mise en avant, et les loisirs sont intégrés aux politiques locales. Progressivement, les pratiques amateurs prennent autant d’importance que les pratiques professionnelles ; c’est la fin du «ministère des artistes» qui était tant décrié avec Malraux. Jack Lang crée les FRAC, les maisons de la culture deviennent des scènes nationales pour intégrer les centres d’animation et les centres de développement culturel ; la pluridisciplinarité devient le mot d’ordre, culture et loisirs s’assimilent. Les FRAC sont conçus comme des structures locales semi-privées, chargées de constituer un patrimoine d’œuvres contemporaines dans les villes moyennes et de diffuser largement l’art contemporain ( cependant, l’indéfinition du statut des FRAC les ont progressivement mené à devenir des lieux de haute culture, reniant l’ambition démocratique première ). Cette désacralisation de l’art, et la forte décentralisation des décisions culturelles sont accompagnées d’une dédiabolisation de l’association économie et culture ; les budgets culturels sont justifiés par les retombées économiques, et plusieurs lois de soutien au mécénat ( création de l’institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles, exclusion des œuvres d’arts de l’impôt sur la fortune...) sont votées.
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Progressivement, et jusqu’à aujourd’hui, les politiques culturelles se lient intimement à une forme de marketing urbain, et elles visent une apparence plutôt qu’une démocratisation. L’augmentation du patrimoine à entretenir provoque une réduction progressive des budgets allouées aux politiques culturelles ambitieuses, et elles sombrent aujourd’hui dans le domaine de l’acupuncture. Si les politiques culturelles sous la Ve République ont été ambitieuses, et ont réussi une désacralisation et une décentralisation de la culture, la démocratisation de la culture l’a institué en tant qu’appareil d’état, et par extension, du système économique. Les dissonances politiques issues des milieux artistiques se retrouvent affiliées à un discours alternatif comme intériorité du système. Aussi, les modalités d’équipements et de décentralisation physique de la culture témoigne toujours d’une forme de sacralité et de mise à distance de la banalité ; les singularités territoriales ne sont pas intégrées aux politiques culturelles, et ainsi, elles ne sont ni un prendre soin du territoire et des habitants, ni un outil ou une arme de remise en question de nos modes d’existence.
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vers une politique de la différence construire une politique culturelle du prendre-soin et du savoir-habiter singulière.
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La culture est avant tout un otium, un loisir ; elle n’appartient pas au domaine de l’utilité. Folie dans un système de l’efficience reine, son irrationalité première en fait pourtant aujourd’hui une nécessité. A travers la redéfinition des systèmes de valeurs apportée par l’éco-logie (définie dans la partie « théories », selon le régime de l’entropie et de la néguanthropie), la culture doit porter le discours de la désautomatisation de notre société, de l’émergence de différence dans les répétitions de notre système. Elle doit alors se penser dans l’espace et dans le temps ; c’est en donnant une mesure, mesure de la démesure, qu’elle répond à une nouvelle rationalité, celle de la sortie de l’Anthropocène. à partir même des poisons d’un territoire, la culture peut émerger, et proposer un remède. Force d’institutionnalisation, elle a perdu son rôle, non pas de contrepouvoir, mais de pouvoir-penser, ou de pouvoir-panser ; la démocratisation de la culture dans ce cadre, ne se définit ni par le choc esthétique malrussien pour tous, ni par l’accès à la formation artistique, mais par un troisième pôle ni médium, ni neutre ; le territoire, dans ces accidents et ces inconscients est source de problématiques esthétiques et politiques, à la rencontre de ces deux termes se situent une localité temporelle et spatiale dans laquelle, la culture peut jouer le rôle de révélateur, de catalyseur temporaire d’une mise en débat. Elle n’est donc pas un contre-pouvoir, mais propose un cadre qui peut faire émerger une alternative. La politique culturelle devient l’occasion d’un prendre soin du territoire, des habitants et de la démocratie, en devenant le cadre d’émergence d’un intérêt général. Pour ces raisons, le théâtre - les théâtres périphériques - est l’occasion de proposer une nouvelle forme d’organisme d’aménagement du territoire ; il peut être le lieu depuis lequel on observe la cité, et qui en fait apparaître les différences, et à travers lequel se formulent des savoirhabiter.
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La périphérie clermontoise est un territoire complexe, aux écologies multiples et singulières. La multiplication des objets autistes, des infrastructures de grandes échelles, et autres pièces inurbaines refoulées hors de la ville ont fabriqué autant de procès aux paysages, aux éco-logiques et aux projections des habitants. Dans ces décors souvent absurdes, toujours inconscient, et par celà complexe, est donné à voir une multiplicité de lieux des-affectés par la ville, qui n’existent pas aux yeux des habitants et passant ; ils sont construit sans être perçus, et sans vouloir l’être, refoulés car ils sont l’expression de logiques que l’ont rejettent. Pourtant, ces paysages apparemment déterritorialisés, possèdent de nombreuses qualités qui leurs sont propres, et en font un territoire singulier, ni ville ni rural, troisième pôle d’une équation qui se déplace aujourd’hui. Dans l’expression absurde des logiques contemporaines sur ces territoires, nous trouvons la ressource de leur observation et de leur critique, mais aussi, une alternative à leur modèle. Dans la partie «théories», nous avons cherché à démontrer que c’est par la création de temporalités qu’émerge le scénario pour une alternative écologique par le paysage, dont le théâtre littéral était un des outils. Aujourd’hui, la ville de Clermont-Ferrand s’équipe d’une nouvelle scène nationale. Construite au cœur du centre-ville, sur la même parcelle que la Maison de la culture, elle sera équipée d’une salle de 900 places et d’une autre de 350 ; la maison de la culture propose le même équipement. Sur la même parcelle, en centre-ville, 2600 places de théâtre dans 4 salles différentes, dans une ville dont la population est d’environ 470.000 habitants, agglomération comprise. Le théâtre périphérique propose donc une alternative par le paysage ou un paysage alternatif, en portant une critique du projet actuel de scène nationale et du peu d’intérêt qu’il porte au territoire et à ces enjeux ; à travers celle-ci, nous commentons la manière dont sont équipées les villes moyennes aujourd’hui, et la forme que prend le théâtre aujourd’hui («Black box» ou autres retours aux formes traditionnelles). Dans la périphérie clermontoise, existent les ressources pour un théâtre situé et situant, dont les décors questionnent les logiques contemporaines, lien entre paysage, territoire et objet. Par le déploiement d’un théâtre périphérique, incarné dans sa matérialité par une succession de «machines» comme scénographies éphémères, paysagères, permanentes, dans sa temporalité par une programmation intégrant le montage des structures, l’intervention de troupes résidentes, une performance durant 900 jours à travers les décors, et un festival, nous cherchons à proposer l’émergence d’une perception et d’un paysage ; mise en valeur d’éco-logiques complexes, des lieux auparavant fermés, discrédités, oubliés, sont tant d’occasion d’initier l’existence de la périphérie comme territoire à parts entières.
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territoires périphériques
panser un inconscient.
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écologie (s)
images de singularités.
« A tout moment, mes pieds auraient pu traverser le sol en carton. Je suis convaincu que le futur est perdu quelque part dans les décharges du passé non historique : il est dans les journaux d’hier, dans les ennuyeuses publicités des films de science-fiction, dans le faux miroir de nos rêves rejetés. Le temps transforme les métaphores en choses et les enferme dans des chambres froides, ou les place dans les aires de jeux célestes des banlieues. » SMITHSON Robert, « A tour of the monuments of Passaic, New Jersey » (1967).
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Il fait nuit au bord de la route départementale 722. Située entre à l’ouest la zone d’activité de la pardieu, et à l’est de le plateau basaltique de Cournon, cette départementale est inhabitée dans ces bordures. Seuls quelques champs restent encore cultivés, ce sont probablement des champs de tournesol. Les véhicules y circulent au rythme d’environ deux véhicules par minute dans chaque sens. Le territoire est ici noyé dans un noir épais, car il n’existe aucun éclairage public, mais la lumière de la ville illumine le ciel d’un rouge, qui nous permet de distinguer primairement les formes de l’environnement. A une centaine de mètre à l’ouest, nous observons le ballet d’une fête foraine, ces couleurs criantes, et les cris qui accompagnent les machines à sensations. Les cris sont, avec le rythme irrégulier des automobiles les seuls sons que nous pouvons distinguer. Toutes les dix minutes environ, l’incinérateur dégage un son grave et sourd pour une dizaine de seconde. A une centaine de mètre à l’est, l’incinérateur dégage une épaisse fumée, accompagnée d’une odeur d’ordures. A l’occasion de sa construction, le plateau de Cournon a été amputé d’une grande partie de son volume, dans l’objectif d’y enfouir les résidus de déchets, pour recréer in fine, la topographie naturelle. L’incinérateur, un bâtiment composé d’un grand volume carré d’une trentaine de mètre d’arête au moins, et de plusieurs pavillons, est habillé d’une tolle métallique mate, qui reçoit parfaitement l’illumination nocturne qui lui est attribuée. La brume légère formée par l’humidité nocturne s’éclaire également, et forme un halo autour de l’incinérateur, qui nous permet de lire clairement la topographie artificielle amputée dans le plateau.
Dans la zone d’activité de Gerzat Sud, au Nord de Clermont-Ferrand, s’est installée la déchetterie des services publics. On y retrouve alors des montagnes artificielles issues de déchets de chantier. Entourée de champs en friche sur ces bordures, la déchetterie s’est mise à distance des voies utilisées par les habitants. L’entrée, située au bout d’une route de goudron flambant neuve, ne possède ni bordure, ni trottoir. Ce recul de la structure et le « vide » formé par les champs alentours permettent aux montagnes de bitume brisé d’entrer dans le champ du paysage formé par la chaîne des puys en arrière plan. Le ballet des camions entrants et sortants, accompagnés des pelleteuses et autres véhicules qui permettent le « tri » des déchets, font grandir, de minutes en minutes les topographies de bitume, de sable, de béton, de ferrailles...
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Au croisement du chemin de Beaulieu, de la rue Elisée Reclus, et de la route du Brézet, à l'Est de Clermont-Ferrand se situe une des intersections les plus empruntées, et pourtant, elle semble être au cœur de rien. Au nord, l'accès à l'autoroute vers Paris et Montpellier, à l'est, l'accès à l'aéroport, à la base militaire, et à la ville satellite de Lempdes, à l'ouest, un des accès stratégiques au centre par le Brézet et la gare SNCF. Autour de ce rond-point, un espace très ouvert : d'un côté, les pistes d'atterrissage et de décollage de l'aéroport, en arrière-plan, les monts du Forez. De l'autre coté de la route, des jardins ouvriers, un camp de gens du voyage, la carrière abandonnée de Gandaillat, en fond, l'incinérateur et le plateau de Cournon, sur le coté Est du rond point, un terrain d'expérimentation de l'INRA, vaste champ hautement technologique, où l'on observe des serres aux toits de panneaux photovoltaïques, qui se déplacent seules sur des rails durant la journée, une vingtaine d’entre elles forment un ballet mécanique ; à l'arrière plan, l'autoroute, le Puy de Crouël, on aperçoit la cathédrale, et la Chaîne des Puys. Un peu plus au nord, de l'autre côté de la route du Brézet, une exploitation agricole historique, équipée du Pigeonnier Saint-Anne, un des plus vieux et des plus imposants d'Auvergne. C'est ici, au bord du rond-point, que nous observons la présence d'un menhir vieux de 40000 ans, disposé dans une parcelle non définie entre les jardins ouvriers et la route. Les contes racontent que les assises de Justice d'Auvergne siégeait ici au XIV ème siècle, et que les enfants venaient, au Printemps, écouter ce que les entrailles de la Terre avaient à leur dire.
De la nouvelle gare de la Pardieu dans la zone d'activité éponyme, jusqu'à l'embranchement de l'autoroute qui sépare le flux en direction de Lyon et de Paris depuis Montpellier et Bordeaux, à côté de la nouvelle station d'épuration, se trouve, dans un corridor d'épaisse végétation, les anciens rails qui mènent à la Sucrerie Bourbon, aujourd'hui fermée, sur la parcelle juste au Nord de la station. L'ancienne sucrerie était formée de quatre corps de bâtiment en brique, aux dimensions variables (de l'administration, au stockage), organisés autour d'une cour centrale où se termine les rails aujourd'hui rouillés. La situation de la manufacture est due à la présence d'un cours d'eau qui lui a permis d'éviter un forage coûteux. Sur deux kilomètres environs, à travers champs et sous-bois, nous pouvons voir émerger de temps à autres des traces de l'infrastructure disparue. Bordure en ciment, morceau de rail, grillage pris dans les ronces, feux de signalisations rouillés. Aujourd'hui, rien n'indique plus la présence aux passants de cet ancien trafic fabriqué par la Sucrerie.
Théâtres périphériques
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A la limite entre Clermont Nord ( Croix de Neyrat et les Vergnes ) avec Gerzat et Cébazat, à l'est de la route de Riom, et à l'Ouest de l'autoroute de Paris, se situe un grand espace en attente. Un peu plus au Nord, les nouvelles pistes Michelin, qui délaisse son emprise en centre-ville, car les structures ne correspondent plus aux normes modernes. Avec elle, une zone d'activité entre champ et entreprises du tertiaire, sous-traitant de Michelin. Au sud donc, les hautes tours des Vergnes et de Croix de Neyrat, où se répand aujourd'hui à leurs pieds, d'une part une zone commerciale en construction, et la banlieue pavillonnaire aux maisons identiques construites par Michelin à la moitié du Xxème siècle. Là où nous nous situons, au bord des voies SNCF qui fabriquent le port d'importation pour la région clermontoise, nous observons une grande surface, auparavant agricole (nous distinguons encore la trace des parcelles dont la végétation est plus dense que sur le cœur de parcelle, où les friches végétales sont encore basses), qui est en attente. Nous observons la zone d'activité au Nord, et la zone commerciale au Sud se rejoignent, opérations immobilières successives. Nous voyons les panneaux devant champ : ici, votre nouvelle zone d'activité tertiaire. Quelques anciennes exploitations agricoles sont encore habitées, sur le terrain, des carcasses de véhicules, des tas d'ordures diverses, une piscine en plastique, une collection d'enseignes publicitaires, un charme désuet et intemporel se dégage de cette bâtisse qui semble résister aux mutations alentours.
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le théâtre et l’automatisation
penser la répétition et la différence.
pour un nouveau théâtre de la territorialité
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Le théâtre est né dans la ville antique en guerre civile. L’écriture permet aux rituels de devenir théâtre, hors du champ de la religion. La philosophie et le théâtre sont nés pour soigner la polis malade, une société en crise. Dans l’étouffant sans issue du tragique, le théâtre soigne. Il prend soin de l’acteur, qui y trouve sa cure, et aussi des spectateurs, de la ville et du théâtre lui même. Dans la polis, il est thérapie, de lui-même et de la cité. Le vers, le metron, est la mesure de la vie et de la ville. Le théâtre soigne la démesure. L’automatisation est aujourd’hui, l’horizon de notre société. L’invention de la machine à vapeur a fait basculer le monde dans une nouvelle ère géologique ; l’Anthropocène, où l’homme est le facteur principal d’altération du manteau lithosphérique, définit le cadre de l’épuisement de nos énergies de subsistance. L’automatisation, étendue aux paysages, aux villes, et aux esprits, définit le cadre de l’épuisement de nos énergies d’existence. L’automatisation se définit comme un poison ; disparition des savoirs (vivre, faire, penser), barbarie, terreur, nos esprits et nos territoires sont l’objet d’une probabilisation des formes et des interactions. L’accélération de toutes les révolutions techniques, et la primauté des sphères de la rationalité et de l’utile nous projette dans la disruption, articulation de toutes les crises de notre époque ; crise biologique, informationnelle, politique, d’existence, celles-ci sont des crises de mesure. Le théâtre en est partie. Le temps du théâtre est profondément autre de la télévision ou du cinéma. A l’heure d’un montage serré aux plans courts et actions multipliées, stimulation visuelle continue, il ne répond plus aux conditions de l’attention ; première origine de la perte du rôle thérapeutique du théâtre. Le théâtre a oublié son rôle dans la ville ; constamment, il doit se définir comme un soin, de lui-même, de la mesure. Après une première sortie de ces terres traditionnelles vers le territoire ( à travers le théâtre de la cruauté d’Artaud, Brecht, Engel... ) le rapport à la mémoire l’a rattrapé, revenu au centre, dans sa permanence ; peur de sa propre disparition, crise de son existence. L’art du temps, de la mesure, ne mesure aujourd’hui plus que luimême. C’est pourtant dans la crise, que le théâtre se définit comme soin. L’histoire du théâtre est une histoire de la répétition. Le texte s’intériorise, et se répète, encore et encore ; automatisation, intériorisation du texte, c’est dans la répétition que l’acteur trouve la mesure qui permet la différence. L’histoire du théâtre est une histoire de l’automatisation ; mais surtout de la désautomatisation, du soin par la différence dans la répétition. En ce sens, le théâtre est un espace propice à la pensée de la démesure automatique de l’Anthropocène. Dans l’automatisation extrême de l’acteur, existe l’improbable, c’est à dire, l’improvisation.
Théâtres périphériques
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Les logiques algorithmiques abstraites du système en place déforment nos territoires. La périphérie de nos villes est peuplée d’objets probables, émergence de la démesure. Répétition sans différence, nos périphéries désabusées sont déterritorialisées. Les objets y sont génériques, tant que nos comportements face à eux ; crise de l’attention. Incapable d’improvisation, les périphéries sont l’épicentre de la démesure automatique. Émerge notre hypothèse : c’est dans un théâtre de la répétition, où le texte est décor, que le territoire improvise. Les tragédies automatiques participent du même processus que le théâtre périphérique. Les variations à partir d’En attendant Godot épuisent les possibilités du théâtre. Dans l’automatisation extrême du texte, dans sa répétition presque infinie, nous cherchons l’apparition de la différence. Improvisation de l’acteur, différence du territoire, les tragédies automatiques proposent une nouvelle mesure. Rythmique commune, le paysage créé par le temps est le texte dont l’acteur est le décor. Inséparable de la répétition, et donc de l’improvisation, ce théâtre de la territorialité propose un nouveau rapport à l’espace et au spectateur. Théâtre maladif, proliférant à travers la périphérie, infectant lieux de consommations, infrastructures refoulées, espaces délaissés, il se veut thérapie de lui-même, du territoire, du spectateur et de sa perception. Structure de la répétition, de l’épuisement, l’automatisation est utilisée, instrumentalisée, pour la définir comme un remède ; structure de la différence.
Théâtres périphériques
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objets, parcours, machines
protocole.
The players (1.2.3.4) pace the given area, each following his particular course. Area : Square. Lenght of side: 6 paces. A
B
A
B 3 2
E
4 2
4 1
C
D
C
4 3
E 1
1 3
2
D
Course 1 : AC, CB, BA, AD, DB, BC, CD, DA Course 2 : BA, AD, DB, BC, CD, DA, AC, CB Course 3 : CD, DA, AC, CB, BA, AD, DB, BC Course 4 : DB, BC, CD, DA, AC, CB, BA, AD BECKETT Samuel, Quad et autres pièces pour la télévision, suivi de, DELEUZE Gilles, L’épuisé, Paris, Les éditions de Minuit, 1992.
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Mémoire de diplôme - 2017 - Ville, architecture et territoire
Théâtres périphériques
Paysages de l’absurde et inconscient urbain à Clermont-Ferrand, scénario pour une alternative éco-logique
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objets et décors
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Mémoire de diplôme - 2017 - Ville, architecture et territoire
Repérer les lieux d’un décor constitué à priori. Il faut dès lors, dans une démarche éco-logique, être exhaustif dans la recherche de points de vue, de sites, de parcours qui permettent la mise en place d’un regard alternatif, dans l’objectif de créer un nouveau paysage à travers une représentation. Cette dramaturgie périphérique, nous l’avons cherché à l’aide de plusieurs outils. Tout d’abord, la marche est le véhicule de l’expérience. Ensuite, la photo de le moyen de le restituer. Les critères établis pour la recherche d’espaces de r-évolution sont des facteurs esthétiques d’incohérence spatiale ou objectale. Nous sommes à la recherche de décors absurdes. La recherche de ces paysages permet de mettre à jour une écologie complexe des milieux périphériques, des relations entre objets et milieux que l’on ne peut observer nulle part ailleurs, et qui nous permet de confirmer l’hypothèse de l’existence de la périphérie comme espace distinct, à la fois de la ville, et de la campagne. Dans ces contradictions, ces abstractions et ces complexités, ce paysage devient à la fois l’incarnation et l’alternative d’une logique contemporaine étouffante. Capable de rendre compte d’une réalité inconsciente de la ville, ces lieux sont l’occasion de poser les questions essentielles de la post-modernité. Leurs révélations, à travers leurs mises en scène, permet à tous d’accéder à de nouveaux espaces inconnus et pourtant extrêmement proche et quotidien. Le projet n’est pas de construire de nouveau décors, mais bien de trouver et de proposer un regard alternatif sur ces espaces, en acceptant de fait, que les objets mis en scène rentreront à priori en performance grâce à l’évolution du milieu perceptif du spectateur/marcheur. L’observation de ces espaces permet à tous de se rendre compte de la complexité du lieu, et dans un mouvement d’évolution des milieux perceptifs, donne à la périphérie l’occasion d’exister en tant que telle, d’entrer dans le champ de la conscience. Placer ce territoire dans un espace conscient et citoyen, c’est lui permettre à l’avenir, d’être développé et construit au regard de ces qualités, vers une inurbanité à l’intérêt de tous. Première étape donc, de la mise à jour d’un territoire aux identités et richesses multiples, que nous imaginons irrigué au futur d’espaces publics, d’événements,de lieu de vie, dans le paysage d’une alternative périphérique.
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parcours et temporalités
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Ces territoires ont été conçus par et pour la voiture. Il n’existe pas ou peu de cheminements piétons, et les infrastructures dont les échelles peuvent être très importantes, marquent des ruptures infranchissables. Un travail d’état de l’art sur les cheminements existants entre les sites repérés auparavant est nécessaire, et il nous permettra de projeter de nouvelles structures piétonnes ou de franchissement. Il s’agit là, au lieu de créer seulement partiellement des points de vue sur un nouveau territoire, de créer un réseau de cheminement qui permettent son appropriation. L’objectif n’est pas nécessairement de les institutionnaliser, mais de donner à voir ceux qui existent, parfois les rendre praticables, de les suggérer. Ainsi, ce territoire pourra aussi être, au-delà d’un lieu de théâtre, un lieu de promenade et de dérive hors des champs du projet. Les conditions techniques et infrastructurelles réunies, il s’agit alors de créer des temporalités alternatives dans ces zones mono-fonctionnelles. Tout d’abord, le temps du parcours et de la marche sont une première forme de mise en performance du territoire. Comme décrit dans la partie «théories», cette création de temporalités est nécessairement une forme de théâtre, dont les acteurs et le décors sont déjà présents à priori. C’est pourquoi, au delà d’une série de cheminements, d’architectures, d’espaces publics, de parcs périphériques, ce projet est une performance dont la durée est estimée à environ 900 jours. Une pièce de théâtre qui dans cette durée, propose de nouvelles temporalités. Un théâtre,occasion du théâtre, question de temps, observation du décor, performance des objets, vers une r-évolution perceptive d’un inconscient urbain. Il existe donc un nombre important de dispositions possibles pour effectuer le parcours, car chaque lieu possède plusieurs décors, et les liaisons entre chaque scènes sont multiples. Cette diversité ajoutée à la diversité de traitement du texte est ainsi l’occasion de proposer un épuisement, dans le même mouvement, du territoire et du paysage, des objets qui le peuplent, mais aussi, du texte En attendant Godot, de Samuel Beckett. Tant le théâtre veut exister dans une grande littéralité, tous les parcours, toutes les machines, tous les espaces créés cherchent à mettre à jour de réelles qualités périphériques: parfois l’espace, le calme, la distance, la présence de «nature», parfois la souplesse et la mutabilité, l’accessibilité, l’esthétique... Chaque machine cherche à proposer de nouveaux usages et d’autres manières d’habiter la périphérie, en repérant des potentiels en intégrant d’autres programmes aux structures qui permettent d’instaurer un dialogue avec ce qui les entourent. Des terrains de sports et jeux pour enfants près de logements en construction, une aire d’autoroute...
Théâtres périphériques
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Le théâtre prend donc la forme d’une résidence artistique déployée sur le territoire qui instaure des dialogues multiples avec les écologiques en place. La plupart des machines sont installées dans des espaces qui appartiennent à l’état ou la ville, et qui sont aujourd’hui fermés au public à défaut de reconversions. La plupart des machines permet donc une mise à disposition de biens communs pour de nouveaux usages. Le théâtre accueille dans un premier temps la performance de la tragédie automatique dont nous développerons le propos, et est en mesure d’accueillir à plein temps trois troupes de théâtre en résidence, grâce à trois bases de vies qui constituent les salles fermées et habilitées (aux formes plus «institutionnelles») qui servent dans le dernier temps de préfiguration de point d’ancrage permanent du théâtre périphérique. Ces troupes de théâtres sont ainsi invitées à proposer des interventions à travers les machines et décors présents, mais aussi, à en donner d’autre à voir, pour pérenniser la démarche première de création de temporalités alternatives. Aussi, les logements mis à disposition pour les résidents sont l’occasion de réinvestir temporairement des dents creuses dans la ville, et d’augmenter le rapport de la périphérie avec la ville. Les logements sont des structures semi-temporaires qui permettent dans leur installation de donner aux habitants des quartiers alentours des occupations communautaires des lieux en attente, par la mise en place de mobiliers appartenant au théâtre. Le festival du court métrage est l’occasion de délocaliser certaines programmations dans les lieux périphériques, et de proposer un «court-périphérique», mais c’est aussi un temps où le théâtre périphérique peut proposer des investissements temporaires en centre-ville, en utilisant les mobiliers temporaires dont il dispose pour créer de nouveaux évènements et usages. Une des deux machines mobiles est donc montée sur la place de Jaude (place centrale de clermont-ferrand). Le projet propose à l’image de la tragédie automatique une programmation de «préfiguration» qui dure trois ans environ. Tous les montages de machines, les aménagements d’accessibilités, les extensions de festival sont intégrés à la démarche et permettent la mise en place du théâtre périphérique. Tous les chantiers sont l’occasion de donner à voir un décor en mouvement. Une logique d’expansion rationnelle a été mise en place, ce qui permet d’étendre de façon croissante les périmètres accessibles, tant de jour que de nuit. Une stratégie d’éclairage a été pensée pour permettre à ce territoire de vivre la nuit à travers tous les modes de transport.
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dionysiaque (s).
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Théâtres périphériques, c’est aussi le nom d’un festival qui est programmé chaque été, et qui permettra aux résidents de donner à voir leurs travaux en cours. Ce festival est aussi l’occasion d’investir des lieux qui ne peuvent être occupé de manière permanente. Proposant de nouveaux usages toujours grâce aux mobiliers, de nombreux parcours d’expressions libres et de découverte des paysages périphériques y seront proposés.
En amont, dans le cadre du projet de diplôme, ont été organisée à ce jour deux visites nocturnes de la périphérie clermontoise. Nommée dionysiaque, elles ont été l’occasion d’une plateforme de libre expression sur les thématiques de l’écologie, de la périphérie, de la culture alternative... au long de marches dans les zones désertes d’une nuit épaisse. Les thématiques annoncées auparavant, chacun des participants a pu amener une lecture, une musique, un film ou une vidéo... pour développer ensemble une réflexion sur le paysage que nous traversons, et en faire une expérience autre. Ces visites sont les premières représentations du théâtre périphérique.
Extrait du livret de parcours : «Parcours nocturnes de banlieues industrielles et commerciales, les dionysiaques sont une tentative de révélation de la dramaturgie interne à ces lieux d’un inconscient urbain. En parcourant une série de site, en dérive, nous nous approprions un territoire inhospitalier par la danse, la lecture, la projection de vidéo... Les Dionysiaques sont une étude du milieu libidinal de l’architecture, à la recherche d’une écologie de la culture architecturale, pour dépasser l’automatisation et le générique. C’est avant tout la capacité de différencier et de singulariser des savoirs-habiter (en tant que savoir-vivre) qui peuvent permettre à l’architecture de militer pour une sortie de l’Anthropocène, et ainsi lutter contre l’épuisement de «l’énergie d’existence». Il s’agit donc bien d’un «prendre soin» des individus à travers la construction de leur habitat, mais aussi, de leur regard et de leurs désirs, dans un environnement et une territorialité singulière, au delà d’une compétitivité et d’une normativité systémique. Aussi, c’est chacun en tant que singulier ou multitude qui peut, va, doit, durant les dionysiaques, exprimer son vécu, son ressenti, ses expériences, et individuer la problématique de l’automatisation en tant que sienne. Il s’agit là d’affirmer son existence dans un milieu industriel qui la nie.»
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machines
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langage, du pareil au mĂŞme.
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Les architectures qui permettent la révélation des décors périphériques utilisent le langage de ce qui les entoure. Elles possèdent les mêmes matériaux, trames, formes, symboles, tout en les détournant et en en proposant une transgression. Elles appuient ainsi l’existence d’un langage propre à la périphérie, mais propose aux usagers de constater une étrangéité, un certain décalage avec la réalité, qui oblige à la réflexion. Ces architecture se veulent «fragiles», c’est à dire que dans un double mouvement, elle remette en cause la réalité de ce qui l’entoure, ainsi sa propre matérialité, et ne sont jamais réellement finies, elles changent à travers le temps ; certaines se montent et se démontent, certaines sont modulables, certaines sont réorientables... Ces objets sont toujours les mêmes et pourtant à chaque fois différents. Ces architectures sont des évènements et se veulent autant de procès à la réalité périphérique. Leurs emplacements sont nécessairement liés aux décors qu’elles mettent en scène, mais aussi, elles cherchent à investir ou réinvestir des lieux que le public doit conquérir, des lieux en proie à la spéculation, à la fermeture, à l’appropriation privée, alors qu’ils sont tant de biens communs à mettre à la disposition de tous. C’est ainsi qu’elles vont subvertir certains espaces et créer des parcs dans une ancienne carrière, un parc militaire fermé, une ancienne station d’épuration et ces bassins de décantation.... La subversion que le temps du théâtre cherche à apporter se retrouve donc également dans la matérialité même des architectures. Pragmatiquement ces structures possèdent des usages multiples, et peuvent être utilisées pour les autres manifestations culturelles clermontoises (le festival de court-métrage, les transurbances, vidéformes...). Elles sont l’occasion de porter un critique sur le théâtre en construction dans le centre de Clermont-Ferrand, sur le théâtre et son attachement à la Black Box, sur la manière dont sont équipés les villes moyennes en France aujourd’hui, mais aussi, sur les non-sens que provoquent les règlements d’urbanisme dans ces périphéries. Tant de critiques qui rejoignent une critique plus générale développée dans le cadre de la définition de l’éco-logique apportée par la relecture du concept d’entropie et de néguanthropie dans la partie «théories». Seules les fondations de ces machines sont permanentes, et ces fondations permettent l’installation de mobilier éphémère, autant qu’elles sont des mobiliers elles-même. Ainsi, sur des lieux scéniques éphémères, les fondations seules peuvent former un espace public, et servent de support à un «souvenir» de l’événement. Chaque architecture se veut donc un petit manifeste : manifeste de ce qui l’entoure, manifeste d’un paysage alternatif.
Théâtres périphériques
Paysages de l’absurde et inconscient urbain à Clermont-Ferrand, scénario pour une alternative éco-logique
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« Nous saisissons tout à coup, en regardant Didi et Gogo, cette fonction majeure de la représentation théâtrale : montrer en quoi consiste le fait d’être là. Car c’est cela, précisément, que nous n’avions pas encore vu sur une scène […]. Le personnage de théâtre, le plus souvent, ne fait que jouer un rôle, comme le font autour de nous ceux qui se dérobent à leur propre existence. Dans la pièce de Beckett, au contraire, tout se passe comme si les deux vagabonds se trouvaient en scène sans avoir de rôle. Ils sont là ; il faut qu’ils s’expliquent. Mais ils ne semblent pas avoir de texte tout préparé et soigneusement appris par cœur, pour les soutenir. Ils doivent inventer. Ils sont libres. » ROBBE-GRILLET Alain, Pour un nouveau roman, Paris, Les éditions de Minuit, 1963.
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les tragédies automatiques
Variations sur En attendant Godot.
« Il y a donc quatre façon d’épuiser le possible : -former des séries exhaustives de choses, -tarir le flux des voix, -exténuer les potentialités de l’espace, -dissiper la puissance de l’image. » DELEUZE Gilles, L’épuisé, dans, BECKETT Samuel, Quad et autres pièces pour la télévision, Paris, Les éditions de Minuit, 1992.
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En attendant Godot
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Acte II
Acte I
Partie 16
Partie 15
Partie 14
Partie 13
Partie 12
Partie 11
Partie 10
Partie 9
Partie 8
Partie 7
Partie 6
Partie 5
Partie 4
Partie 3
Partie 2
Partie 1
Partie 19
Partie 18
Partie 17
Partie 16
Partie 15
Partie 14
Partie 13
Partie 12
Partie 11
Partie 10
Partie 9
Partie 8
Partie 7
Partie 6
Partie 5
Partie 4
Partie 3
Partie 2
Partie 1
Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3
Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3 Version 1 Version 2 Version 3
Texte #254
Mise en scène # 434
La Pardieu (Tramway)
Puy de Crouël
Parking de Décathlon
Parking de Leclerq
Mehnir
Parking de Auchan
Bout de ville
ZAC Cournon
Plateau de Cournon
Limite Lempdes - Puy
Carrière de Gandaillat
Menhir de Beaulieu
Puy de Goudron
Station d’épuration/ Bassin
Ancienne sucrière
Parc militaire (ouverture)
Parking extérieur militaire
Les Pistes Michelin
Parking de Casino
Parking de Leclerc
Hangar et circulaire SNCF
Déchetterie
Zone de destockage trains
Château des Vergnes/ Tour
La Plaine (Place)
Parking Auchan Nord
ZI Ladoux
Rond Point ZI Ladoux
Stade de Foot - Les Vegnes
Parcours # 101
Décor 1 Décor 2 Décor 3 Décor 1 Décor 2 Décor 1
Décor 1 Décor 2
Décor 1 Décor 2 Décor 3 Décor 1 Décor 2 Décor 3 Décor 1 Décor 2
Décor 1 Décor 2
Décor 1 Décor 2
Décor 1
Décor 1 Décor 2
Décor 1
Décor 1 Décor 2 Décor 3 Décor 1 Décor 2
Décor 1 Décor 2 Décor 3 Décor 1 Décor 2
Décor 1 Décor 2
Décor 1 Décor 2
Décor 1 Décor 2
Décor 1
Décor 1 Décor 2 Décor 3 Décor 1 Décor 2 Décor 3 Décor 4 Décor 1 Décor 2 Décor 3 Décor 1 Décor 2
Décor 1 Décor 2
Rond Point Cournon
Incinérateur
Plateau d’Aubière
Vignobles d’Aubière
Autoroute - Zénith
La Pardieu (Tramway)
Puy de Crouël
Parking de Décathlon
Parking de Leclerq
Mehnir
Parking de Auchan
Bout de ville
ZAC Cournon
Plateau de Cournon
Limite Lempdes - Puy
Carrière de Gandaillat
Menhir de Beaulieu
Puy de Goudron
Station d’épuration/ Bassin
Ancienne sucrière
Parc militaire (ouverture)
Parking extérieur militaire
Les Pistes Michelin
Parking de Casino
Parking de Leclerc
Déchetterie Hangar et circulaire SNCF
Décor 1
Zone de destockage trains
Château des Vergnes/ Tour
La Plaine (Place)
Parking Auchan Nord
ZI Ladoux
Rond Point ZI Ladoux
Stade de Foot - Les Vegnes
Sanatorium - école d’archi
Col de Bancillon
Déchargement trains
Décor 1 Décor 2 Décor 3
Décor 1 Décor 2
Décor 1 Décor 2
Décor 1 Décor 2 Décor 1 Décor 2 Décor 3 Décor 4 Décor 1 Décor 2
Décor 1 Décor 2 Décor 3 Décor 1 Décor 2
Décor 1
Décor 1 Décor 2 Décor 1 Décor 2 Décor 3
Interventions éphèmères
Interventions paysagères
Interventions structurelles
Périphérie clermontoise
Estragon et Vladimir attendent Godot. Éternellement, ils l’attendent. Chaque jour est le même, et pourtant, il est quand même différent. Et si cela devait recommencer encore, le feriez vous de la même façon. Et si tout recommençait inexorablement. Il n’y a pas de fin et donc pas vraiment de début, la pièce débute avant l’acte I et finit bien après l’acte II. En attendant Godot, pièce majeure du XXIe siècle, nous raconte cette attente, infini, cet éternel retour nietzschéen. Cette existence minimum de l’acte théâtral met en scène le temps lui même, il met en scène la représentation elle-même. Le théâtre se présente. Par ce truchement, le spectateur met en doute sa propre présence, il se remet en question. L’absurdité de l’action opère le décalage que nous cherchons à produire, un décalage perceptif. En attendant Godot a lieu dans un espace inconscient. Expression minimum du théâtre donc, qui cherche à produire les conditions du théâtre, c’est à dire le temps. Mise en scène durant 900 jours, la pièce voit son texte construit, déconstruit, reconstruit, déstructuré et réarrangé selon le site ou il prend place. Durant ces temps, la même pièce sera jouée ; toujours la même et pourtant toujours différente. En proposant trois variations du texte, les combinaisons sont multiples. Ainsi, l’absurdité du texte se voit augmentée, tant par son traitement, que par les lieux qu’il traverse, les décors qu’il donne à voir. Le parcours cherche à épuiser toutes les combinaisons possibles de textes et décors. La répétition à l’infini de la représentation prolonge l’éternel retour proposé par Beckett. C’est ainsi que nous ne jouerons pas 1350 fois la pièce, mais plutôt, nous jouerons une pièce en 2700 actes. A chaque parcours, nous chercherons par l’absurdité à attirer le regard des consommateurs, travailleurs, habitants et usagers de la périphérie. La récurrence des passages a pour but de faire exister la pièce et le territoire dans le même mouvement. Le spectateur cesse d’être passif, et doit justifier, comprendre les raisons de sa présence. Un rapport actif qui le mène à exister. Exister. Il regarde ce qui l’entoure, le dé-réalise pour le re-réaliser, il re-construit son rapport à l’espace, au lieu, au temps ; c’est à dire qu’il se produit chez le spectateur ce que nous appelons une révolution. La tragédie automatique, variations à partir d’En attendant Godot, force le spectateur à deconstruire et à reconstruire le temps, l’espace et le paysage, dans l’épuisement de toutes les solutions, vers une alternative ; scénario pour une périphérie qui existe en tant qu’elle-même.
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acte I partie I
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version 1.
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Route à la campagne, avec arbre. L’arbre est un élément mobile que les acteurs emmèneront avec eux au fil des scènes. Les différents obstacles naturels ou infrastructurels que les personnages vont rencontrer feront l’objet d’une mise en avant, comme s’il s’agissait de partie intégrante de la mise en scène. Ceci permet d’étendre la fiction aux parcours entre les différents lieux de la pièce. Soir. Estragon, assis sur une pierre, essaie d’enlever sa chaussure. Il s’y acharne des deux mains, en ahanant. Il s’arrête, à bout de forces, se repose en haletant, recommence. Même jeu. Estragon est assis parmi le public au premier rang depuis qu’il est arrivé, Vladimir aussi, mais plus loin. Le temps est long entre le début du silence et l’entrée de Vladimir. Entre Vladimir. ESTRAGON. -(renonçant à nouveau). VLADIMIR. -(s’approchant à petits pas raides, les jambes écartées). (Il s’immobilise.) (Il se recueille, songeant au combat. A Estragon.) VLADIMIR. -(Il réfléchit.) (Il tend la main à Estragon.) ESTRAGON. - (avec irritation). Silence. VLADIMIR. -(froissé. froidement). VLADIMIR. -(épaté) ESTRAGON. -(sans geste) Silence. VLADIMIR. (Avec décision.) ESTRAGON. - (piqué au vif). VLADIMIR. - (accablé). (Un temps. Avec vivacité.) VLADIMIR. - (Estragon s’acharne sur sa chaussure.) ESTRAGON. - (faiblement) VLADIMIR. - (avec emportement) ESTRAGON. - (pointant l’index) VLADIMIR . -(se penchant). (Il se boutonne.) VLADIMIR . -(rêveusement)(Il médite.) VLADIMIR. - (Il ôte son chapeau, regarde dedans, y promène sa main, le secoue, le remet.) (il cherche) (Avec emphase.) (Il ôte à nouveau son chapeau, regarde dedans.) (Il tape dessus comme pour en faire tomber quelque chose, regarde à nouveau dedans, le remet.) (Estragon, au prix d’un suprême effort, parvient à enlever sa chaussure. Il regarde dedans, y promène sa main, la retourne, la secoue, cherche par terre s’il n’en est pas tombé quelque chose, ne trouve rien, passe sa main à nouveau dans sa chaussure, les yeux vagues.) -
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acte I partie I
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version 2.
MĂŠmoire de diplĂ´me - 2017 - Ville, architecture et territoire
Route à la campagne, avec arbre. L’arbre est un élément mobile que les acteurs emmèneront avec eux au fil des scènes. Les différents obstacles naturels ou infrastructurels que les personnages vont rencontrer feront l’objet d’une mise en avant, comme s’il s’agissait de partie intégrante de la mise en scène. Ceci permet d’étendre la fiction aux parcours entre les différents lieux de la pièce. Soir. Estragon, assis sur une pierre, essaie d’enlever sa chaussure. Il s’y acharne des deux mains, en ahanant. Il s’arrête, à bout de forces, se repose en haletant, recommence. Même jeu. Estragon est assis parmi le public au premier rang depuis qu’il est arrivé, Vladimir aussi, mais plus loin. Le temps est long entre le début du silence et l’entrée de Vladimir. Entre Vladimir. ESTRAGON (renonçant à nouveau). - Rien à faire. VLADIMIR (s’approchant à petits pas raides, les jambes écartées). - Je commence à le croire. (Il s’immobilise.) (Il se recueille, songeant au combat. A Estragon.) - Alors, te revoilà, toi. ESTRAGON. - Tu crois ? VLADIMIR. - Que faire pour fêter cette réunion ? (Il réfléchit.) (Il tend la main à Estragon.) ESTRAGON (avec irritation). - Tout à l’heure, tout à l’heure. Silence. VLADIMIR (froissé. froidement). Peut-on savoir où monsieur a passé la nuit? ESTRAGON. - Dans un fossé. VLADIMIR (épaté) ESTRAGON (sans geste) VLADIMIR. - Toujours les mêmes? ESTRAGON. - Les mêmes ? Je ne sais pas. Silence. VLADIMIR. - Quand j’y pense .. . depuis le temps... je me demande... ce que tu serais devenu... sans moi... (Avec décision.) ESTRAGON (piqué au vif). - Et après ? VLADIMIR (accablé). (Un temps. Avec vivacité.) Il fallait y penser il y a une éternité, vers 1900. VLADIMIR. - Maintenant il est trop tard. (Estragon s’acharne sur sa chaussure.) Qu’est-ce que tu fais? ESTRAGON. - Je me déchausse. Ça ne t’est jamais arrivé, à toi ? VLADIMIR. - Depuis le temps que je te dis qu’il faut les enlever tous les jours. ESTRAGON (faiblement). - Aide-moi ! VLADIMIR (avec emportement) VLADIMIR. - Mal! II me demande si j’ai eu mal ! ESTRAGON (pointant l’index) VLADIMIR (se penchant). (Il se boutonne.) Pas de laisser-aller dans les petites choses.
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acte I partie I
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version 3.
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ESTRAGON. - Qu’est-ce que tu veux que je te dise, tu attends toujours le dernier moment. VLADIMIR (rêveusement). - Le dernier moment ... (Il médite.) C’est long, mais ce sera bon. VLADIMIR. - Des fois je me dis que ça vient quand même. Alors je me sens tout drôle. (Il ôte son chapeau, regarde dedans, y promène sa main, le secoue, le remet.) Comment dire? Soulagé et en même temps... (il cherche) ... épouvanté. (Avec emphase.) E-POU-VAN-TÉ. (Il ôte à nouveau son chapeau, regarde dedans.) Ça alors! (Il tape dessus comme pour en faire tomber quelque chose, regarde à nouveau dedans, le remet.) Enfin . . . (Estragon, au prix d’un suprême effort, parvient à enlever sa chaussure. Il regarde dedans, y promène sa main, la retourne, la secoue, cherche par terre s’il n’en est pas tombé quelque chose, ne trouve rien, passe sa main à nouveau dans sa chaussure, les yeux vagues.) - Alors?
Version 3 : Route à la campagne, avec arbre. L’arbre est un élément mobile que les acteurs emmèneront avec eux au fil des scènes. Les différents obstacles naturels ou infrastructurels que les personnages vont rencontrer feront l’objet d’une mise en avant, comme s’il s’agissait de partie intégrante de la mise en scène. Ceci permet d’étendre la fiction aux parcours entre les différents lieux de la pièce. Soir. Estragon, assis sur une pierre, essaie d’enlever sa chaussure. Il s’y acharne des deux mains, en ahanant. Il s’arrête, à bout de forces, se repose en haletant, recommence. Même jeu. Estragon est assis parmi le public au premier rang depuis qu’il est arrivé, Vladimir aussi, mais plus loin. Le temps est long entre le début du silence et l’entrée de Vladimir. Entre Vladimir. ESTRAGON (renonçant à nouveau). - Rien à faire. VLADIMIR (s’approchant à petits pas raides, les jambes écartées). - Je commence à le croire. (Il s’immobilise.) J’ai longtemps résisté à cette pensée, en me disant, Vladimir, sois raisonnable. Tu n’as pas encore tout essayé. Et je reprenais le combat. (Il se recueille, songeant au combat. A Estragon.) - Alors, te revoilà, toi. ESTRAGON. - Tu crois ? VLADIMIR. - Je suis content de te revoir. Je te croyais parti pour toujours. ESTRAGON. - Moi aussi. VLADIMIR. - Que faire pour fêter cette réunion ? (Il réfléchit.) Lève-toi que je t’embrasse. (Il tend la main à Estragon.) ESTRAGON (avec irritation). - Tout à l’heure, tout à l’heure. Silence. VLADIMIR (froissé. froidement). Peut-on savoir où monsieur a passé la nuit? EsTRAGON. - Dans un fossé. VLADIMIR (épaté). - Un fossé! Où ça ? ESTRAGON (sans geste). - Par là. VLADIMIR. - Et on ne t’a pas battu? ESTRAGON. - Si... Pas trop. VLADIMIR. - Toujours les mêmes?
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MĂŠmoire de diplĂ´me - 2017 - Ville, architecture et territoire
ESTRAGON. - Les mêmes ? Je ne sais pas. Silence. VLADIMIR. - Quand j’y pense .. . depuis le temps... je me demande... ce que tu serais devenu... sans moi... (Avec décision.) Tu ne serais plus qu’un petit tas d’ossements à l’heure qu’il est, pas d’erreur. ESTRAGON (piqué au vif). - Et après ? VLADIMIR (accablé). - C’est trop pour un seul homme. (Un temps. Avec vivacité.) D’un autre côté, à quoi bon se décourager à présent, voilà ce que je me dis. Il fallait y penser il y a une éternité, vers 1900. ESTRAGON. - Assez. Aide-moi à enlever cette saloperie. VLADIMIR. - La main dans la main on se serait jeté en bas de la tour Eiffel, parmi les premiers. On portait beau alors. Maintenant il est trop tard. On ne nous laisserait même pas monter. (Estragon s’acharne sur sa chaussure.) Qu’est-ce que tu fais? ESTRAGON. - Je me déchausse. Ça ne t’est jamais arrivé, à toi ? VLADIMIR. - Depuis le temps que je te dis qu’il faut les enlever tous les jours. Tu ferais mieux de m’écouter. ESTRAGON (faiblement). - Aide-moi ! VLADIMIR. - Tu as mal? ESTRAGON. - Mal ! Il me demande si j’ai mal ! VLADIMIR (avec emportement). - Il n’y a jamais que toi qui souffres ! Moi je ne compte pas. Je voudrais pourtant te voir à ma place. Tu m’en dirais des nouvelles. ESTRAGON. - Tu as eu mal? VLADIMIR. - Mal! II me demande si j’ai eu mal ! ESTRAGON (pointant l’index). - Ce n’est pas une raison pour ne pas te boutonner. VLADIMIR (se penchant). - C’est vrai. (Il se boutonne.) Pas de laisser-aller dans les petites choses. ESTRAGON. - Qu’est-ce que tu veux que je te dise, tu attends toujours le dernier moment. VLADIMIR (rêveusement). - Le dernier moment ... (Il médite.) C’est long, mais ce sera bon. Qui disait ça ? ESTRAGON. - Tu ne veux pas m’aider? VLADIMIR. - Des fois je me dis que ça vient quand même. Alors je me sens tout drôle. (Il ôte son chapeau, regarde dedans, y promène sa main, le secoue, le remet.) Comment dire? Soulagé et en même temps... (il cherche) ... épouvanté. (Avec emphase.) E-POU-VAN-TÉ. (Il ôte à nouveau son chapeau, regarde dedans.) Ça alors! (Il tape dessus comme pour en faire tomber quelque chose, regarde à nouveau dedans, le remet.) Enfin . . . (Estragon, au prix d’un suprême effort, parvient à enlever sa chaussure. Il regarde dedans, y promène sa main, la retourne, la secoue, cherche par terre s’il n’en est pas tombé quelque chose, ne trouve rien, passe sa main à nouveau dans sa chaussure, les yeux vagues.) - Alors? ESTRAGON. - Rien. VLADIMIR. - Fais voir. ESTRAGON. - Il n’y a rien à voir. VLADIMIR. - Essaie de la remettre. ESTRAGON (ayant examiné son pied). - Je vais le laisser respirer un peu. VLADIMIR. - Voilà l’homme tout entier, s’en prenant à sa chaussure alors que c’est son pied le coupable. (Il enlève encore une fois son chapeau, regarde dedans, y passe la main, le secoue, tape dessus, souffle dedans, le remet.) Ça devient inquiétant. (Silence. Estragon agite son pied, en faisant jouer les orteils, afin que l’air y circule mieux.) Un des larons fut sauvé. (Un temps.) C’est un pourcentage honnête. (Un temps.) Gogo ...
Théâtres périphériques
Paysages de l’absurde et inconscient urbain à Clermont-Ferrand, scénario pour une alternative éco-logique
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