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NUMÉRIQUE
RESPONSABLE
L’informatique peut-elle être écologique ?
3 Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 98 913 € Siège social 74A, rue de Paris - 35000 Rennes info@kaizen-magazine.fr www.kaizen-magazine.com Hors-série Numérique responsable Décembre 2020 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Baldassari Rédacteur en chef Pascal Greboval Rédacteur.trice en chef adjoint.e Charles-Maxence Layet (pour ce numéro) Sabah Rahmani
UNE ÉPOQUE EXTRAORDINAIRE
N OURS + EDITO
Secrétaires de rédaction Emmanuelle Painvin Élise Lejeune
Journalistes multimédias Maëlys Vésir Marius Goutebelle
Directrice administrative et financière Céline Pageot Attachée commerciale Aurore Gallon
Chargée de communication Marie Geffroy
Gestionnaire service abonnements Delphine Le Louarn Développeuse Laure du Mesnildot
/ ÉDITORIAL ]
Stagiaire pour ce numéro Auriane Latrémolière Abonnements et commandes 74A, rue de Paris - 35000 Rennes abonnement@kaizen-magazine.fr Tél. 02 23 24 26 40 Direction artistique, maquette et mise en pages • www.hobo.paris hobo.paris - hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Illustration de couverture Julie Joseph julie.joseph.illustration Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (Imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIRET : 539 732 990 000 38 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0322 K 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50
ous traversons une époque extraordinaire, formidable et terrible à la fois, en nous demandant quel héritage nous transmettrons à nos enfants. Une époque où, pour protéger nos anciens, il faut apprendre à ne plus les prendre dans nos bras, une époque avec tellement de moyens de communication qu’on ne sait parfois plus se parler, où nous sommes si riches, mais si peu enclins à partager. La révolution que nous traversons est essentiellement basée sur la technologie, source d’un incroyable progrès, mais qui coûte tellement cher à notre planète nourricière, unique et fragile. Il faut soixante-dix matériaux pour construire le smartphone qui se trouve dans notre poche, et pourtant nous sommes 88 % en France à en changer au bout de deux ans, alors qu’il fonctionne encore… En cette période d’injonctions contradictoires et d’incertitude, les équipes de Kaizen et Zenika se sont retrouvées autour d’une envie commune d’agir, de sensibiliser le plus grand nombre, pour notre avenir et celui des générations futures. Notre mode de vie, notre façon de consommer ont un impact sur le monde et nous nous devons d’en tenir compte. Passons de consommateurs à consomm’acteurs ! Quand il est si facile de se perdre, de ne plus savoir vers où ni vers qui se tourner, se pose alors la quête du Sens… Tels deux colibris, apportant chacun leur goutte d’eau pour éteindre l’incendie, nos équipes se sont naturellement fédérées pour vous donner matière à réfléchir, non pas pour vous apporter des réponses toutes faites, mais pour vous inviter à vous poser les bonnes questions. Dans ce hors-série « Numérique responsable », nous souhaitons partager avec vous la vision d’un monde différent, positif, tourné vers l’avenir et vous donner envie de le construire, ensemble. Nous dédions ce travail à Jimmy, membre de Zenika, parti beaucoup trop tôt. Jimmy nous poussait tous les jours à croire en ce monde meilleur et il reste, plus que jamais, une belle source d’inspiration. Merci aussi à Kaizen de nous avoir fait confiance, de nous avoir ouvert ses pages librement et d’avoir fait le pari fou de cocréer un hors-série avec une bande de geeks plus à l’aise avec le clavier qu'avec la plume. Herri Héas, directeur de Zenika Rennes et Brest
Distribution MLP Vente au numéro pour les diffuseurs Destination Média • Tél. 01 56 82 12 00 contact@destinationmedia.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peuvent être reproduits sans l’autorisation du magazine. Merci.
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[ SOMMAIRE 3 / ÉDITO 4 / LES AUTEURS 8 / PETIT GLOSSAIRE DU NUMÉRIQUE
12 / PRÉFACE/INTERVIEW Frédéric Bordage : « Faire du numérique un outil de résilience »
>/ EMPRISE SUR LE BIEN COMMUN /
18 / INTERVIEW Sébastien Brault : « On aurait pu sauver les abeilles, on a préféré sortir un nouvel iPhone » 22 / DÉCRYPTAGE Impact écologique du numérique : le comprendre, le freiner 26 / DÉCRYPTAGE Du vrai poids de nos smartphones 30 / EN CHIFFRES TIC : des outils certes, des impacts aussi 32 / DÉCRYPTAGE 5G : la connexion de trop ? 36 / EN CHIFFRES Le numérique : puits de données, pompe à matières 38 / DÉCRYPTAGE Halte à l’obsolescence programmée ! 42 / DÉCRYPTAGE Les nouvelles divisions du travail [ 6 /> K AIZEN & ZENIK A / HORS-SÉRIE NUMÉRIQUE RESPONSABLE /
124 / BIBLIOGRAPHIE 129 / HORS-SÉRIES ET ABONNEMENTS
SOMM 46 / INTERVIEW Philippe Bihouix : « Le numérique durable demande un extrême discernement dans les usages » 50 / SOLUTIONS Chérir ses objets, interroger ses usages 54 / DÉCRYPTAGE Big data : le nouvel or noir 58 / SOLUTIONS Cloud computing : le numérique sur un nuage ? 62 / SOLUTIONS Écoconcevoir pour en finir avec l’obésité logicielle 66 / SOLUTIONS Makers, low-tech, repair cafés… : faire soi-même pour mieux faire 70 / SOLUTIONS Un site Web écoconçu, ça donne quoi ?
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>/ EMPRISE SUR NOS CERVEAUX /
MAIRE
76 / INTERVIEW Yves Citton : « Pour une écologie de l’attention » 80 / DÉCRYPTAGE Captologie vs design éthique 84 / DÉCRYPTAGE Cambridge Analytica : la communication politique sans foi ni loi 88 / EN CHIFFRES Nos vies connectées 90 / SOLUTIONS Inclusion numérique : grande cause nationale ? 94 / INTERVIEW Laurence Devillers : « Comprendre les relations entre l’humain et la machine » 98 / DÉCRYPTAGE Résister à la béatitude numérique
102 / EN CHIFFRES Réseaux sociaux : la virtualité à table 104 / SOLUTIONS La parentalité numérique dans la société des écrans 108 / DÉCRYPTAGE Tous accros au numérique ? 112 / DÉCRYPTAGE Tous free-lance ? Les faces cachées de l’économie collaborative 116 / SOLUTIONS Vive le logiciel libre ! 120 / SOLUTIONS Mapeo : une carte collaborative au secours des Waorani
Origine du papier : pages intérieures : Belgique ; couverture : Pays-Bas. Taux de fibres recyclées : 0 %. Ce magazine est imprimé sur un papier issu de forêts gérées durablement. Eutrophisation : Ptot = 0,018 kg/t.
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[ PRÉFACE - INTERVIEW / FRÉDÉRIC BORDAGE
Par Pascal Greboval /
<< FAIRE DU NUMÉRIQUE UN OUTIL DE RÉSILIENCE >> TIC durables, Green IT, IT for Green… Nombreuses sont les démarches qui, depuis plusieurs années, interrogent et cherchent à réduire l’impact écologique du numérique. À l’heure où celui-ci accélère et amplifie l’effondrement, l’expert indépendant Frédéric Bordage, créateur de GreenIT.fr et auteur de Sobriété numérique, lance un défi sociétal plus radical : sortir du greenwashing et faire du numérique responsable un outil de résilience.
PRÉF F BOR
©DR
économiques du numérique – on est dans une logique de réduction – et la seconde, c’est l’IT for Green, qui envisage le numérique comme un outil au service du développement durable. En transversale, vous avez la conception responsable des services numériques. Donc le numérique responsable, c’est un usage raisonné du numérique qui vise à réduire son empreinte sociale, économique et environnementale.
Comment définissez-vous le numérique responsable ? Le terme s’est imposé à partir de 2014-2015. Cette dénomination remplace celle de TIC (technologies de l’information et de la communication) durables. La partie environnement occupait toute la place dans le développement durable ; avec le numérique responsable, on sent mieux la dimension sociale. Le numérique responsable, c’est un gros « contenant » dans lequel on trouve deux démarches : la première, c’est le Green IT, qui vise à réduire les impacts environnementaux, sociaux, sociétaux et
[ 12 /> K AIZEN & ZENIK A / HORS-SÉRIE NUMÉRIQUE RESPONSABLE /
Peut-on vraiment réconcilier numérique et écologie ? Oui, je pense qu’on peut réconcilier numérique et écologie à partir du moment où l’on considère la ressource comme critique et non renouvelable, s’épuisant trop vite, et qu’on réfléchit à notre choix de société et à nos usages. Mais la réponse est à moduler. Si l’on utilise le numérique, cela génère des impacts environnementaux négatifs. Fabriquer, utiliser un ordinateur a forcément des impacts négatifs, mais ceux-ci peuvent générer des impacts positifs plus importants. Donc il faut faire le bilan des deux. Typiquement, quand une application de covoiturage permet à des personnes de remplir leur véhicule, alors son impact direct négatif est probablement compensé. Pour être précis, il faudrait faire une analyse du cycle de vie (ACV). Le numérique peut donc être une solution, dans la mesure où l’on est raisonnable dans nos usages, où
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>/ EMPRISE SUR LE BIEN COMMUN / Le numérique est entré dans nos vies comme les smartphones sont entrés dans nos poches. À première vue, il ne semble pas prendre beaucoup de place, mais cette apparence est un leurre. Son poids réel, que l’on peut résumer par son empreinte écologique, est colossal. Eau, minerais, terres rares… Équipements et services numériques nécessitent de puiser dans les ressources naturelles, et détériorent les écosystèmes. Comment faire pour rester connecté en prenant soin de la nature et du vivant, notre bien commun ?
[ 16 /> K AIZEN & ZENIK A / HORS-SÉRIE NUMÉRIQUE RESPONSABLE /
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[ INTERVIEW / SÉBASTIEN BR AULT Par Pascal Greboval /
« ON AURAIT PU SAUVER LES ABEILLES, ON A PRÉFÉRÉ SORTIR UN NOUVEL IPHONE »INTER Développeur à Orange, Sébastien Brault a changé sa vision du métier en croisant la route d’ingénieurs spécialistes des questions environnementales tels que Jean-Marc Jancovici ou Philippe Bihouix. Aujourd’hui, il partage sa prise de conscience écologique dans une conférence en forme de récit initiatique : « Numérique et environnement » ou « On aurait pu sauver les abeilles, on a préféré sortir un nouvel iPhone ».
SÉBASTIEN
©DR
ce qu’on peut faire, voilà ce qu’on ne peut plus faire ». Enfin, j’ai visionné une conférence de Pablo Servigne qui, selon moi, fait référence : « Un avenir sans pétrole ? » 2. Ces trois personnes m’ont vrai ment réveillé face à l’urgence climatique.
Comment vous êtes-vous intéressé à cette notion de numérique responsable ? Je regardais la question de l’environnement d’assez loin, je triais mes déchets, je compostais. Des amis – que je trouvais excessifs – m’ont incité à regarder une conférence de JeanMarc Jancovici à la Cité des sciences et de l’industrie 1 et j’ai pris une claque. Puis, j’ai regardé diverses conférences de Philippe Bihouix [lire page 46], qui est plus dans un registre « propositions » que l’on peut résumer par « voilà
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Comment avez-vous fait la passerelle de cette vision globale au Green IT ? Grâce au rapport du Shift Project [lire page 22]. Il donne à penser au sujet des deux approches du numérique. D’un côté, la vision idéaliste : « Le numérique, c’est super, ça permet de faire plein d’économies, on remplace les déplacements par du télétravail, on dématérialise, c’est beau. » De l’autre, une vision plus négative : « Le numérique, c’est une consommation d’énergie et de matières premières loin d’être négligeable. » Philippe Bihouix parlait déjà de cette consommation, au sujet des réseaux sociaux notamment, mais il ne la chiffrait pas. Le Shift Project a chiffré l’impact du numé rique : incluant l’énergie de fabrication et d’utilisation des équipements, il est en pro gression rapide, de 9 % par an. Le Shift Project a converti beaucoup de gens
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[ DÉCRYPTAGE / Par Fanny Costes et Raphaël Lemaire /
DU VRAI POIDS
DE NOS SMARTPHONES Il nous a fallu du temps pour la mesurer, mais nous savons aujourd’hui que l’empreinte écologique du numérique pèse lourd. La fabrication des équipements consomme beaucoup de ressources et de matériaux, des métaux notamment. À cela s’ajoutent les pollutions engendrées par leur extraction, leur transport, puis les déchets générés par les appareils en fin de vie. Voyage dans les faces cachées du numérique.
ARTI
EDU VRAI POIDS DE lles peuvent certes nous embarquer dans un univers virtuel, mais les technologies numériques sont d’abord faites de matière. Fabriquer des supports numériques – coques et écrans des smartphones, tablettes, ordinateurs, téléviseurs, assistants vocaux ou box Internet – réclame sa dose de plastique, du verre et certains métaux. Pour leur permettre de fonctionner et d’offrir une autonomie, une vitesse de navigation, une résolution HD et un espace de stockage suffisants, ils doivent par ailleurs être équipés de cartes électroniques et autres puces très gourmandes en métaux. En moyenne, il en faut une cinquantaine et jusqu’à soixante-dix. « Quand, en 1800, on avait à peu près besoin de dix métaux dans l’industrie, et de vingt au début du xxe siècle », rappelle Erwann Fangeat, coordinateur de pôle, service produits et efficacité matière, à l’Ademe.
Fangeat. Citons l’yttrium, le terbium, le gallium, le tungstène, le tantale, le lithium et le cobalt pour les batteries, le néodyme pour fabriquer les aimants utilisés pour le vibreur ou encore l’indium, un métal à la fois conducteur et transparent, et donc particulièrement précieux pour concevoir des écrans. Ces métaux offrent aux industriels des propriétés exceptionnelles pour réduire la taille des objets connectés, en améliorer l’optique ou encore en augmenter la puissance de calcul et de stockage. Le numérique nécessite donc l’exploitation de quantités considérables de métaux. Rappelons que les équipements numériques dans le monde se chiffrent à 34 milliards (en incluant les téléviseurs et objets connectés). Ainsi, « chaque année, l’industrie de l’électronique consomme 320 tonnes d’or et 7 500 tonnes d’argent, accapare 22 % de la consommation mondiale de mercure (soit 514 tonnes). La fabrication des seuls ordinateurs et téléphones portables engloutit 19 % de la production globale de métaux rares, tels que le palladium, et 23 % du cobalt », précise le journaliste Guillaume Pitron dans son ouvrage La Guerre des métaux rares, paru en 2018. Et encore, le produit qu’utilise un consommateur ne représente qu’une faible proportion de la masse totale des matières premières nécessaires à sa fabrication : 200 kilos de matériaux pour un smartphone de 5,5 pouces, par exemple. La métaphore suivante permet de visualiser le volume de matières premières nécessaire à la
PORTABLE ET D
COMPLEXE DU SMARTPHONE ET SAC À DOS ÉCOLOGIQUE L’exemple du smartphone est très évocateur. Même petit et affiné à l’extrême, il se compose de 30 à 50 % de plastique, de 10 à 20 % de verre et, pour le reste, de métaux. « On retrouve notamment du cuivre, de l’aluminium, du zinc, de l’étain, du chrome, du nickel. Mais aussi des métaux précieux : or, argent, platine et palladium. Ainsi que, en infime quantité, des terres rares et des métaux spéciaux », énumère Erwann
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[ DÉCRYPTAGE / Par Fanny Costes /
5G
LA CONNEXION DE TROP ?
ARTI
Moins de dix ans après le sacre de la 4G, une cinquième génération de technologie mobile se déploie dans le monde. Elle serait le levier indispensable à l’avènement d’une société 100 % connectée. Cependant divers questionnements et incertitudes planent au-dessus de la 5G. Plutôt que d’avancer à l’aveugle, pourrait-on convier la démocratie à la table des décideurs ?
L
LE NUMÉRIQU IOT +
a 5G prendra le relais de la 4G, « et alors ? » questionneront certains, persuadés que l’évolution est logique, sans incidence de taille sur nos quotidiens. Mais le sujet est plus complexe. Car cette nouvelle génération de réseau mobile multipliera par dix les débits, divisera par dix le temps de latence (durée entre le moment où l’on clique sur un bouton et le moment où l’on reçoit l’information demandée), et promet de gérer simultanément des milliards d’objets connectés. Les partisans de son déploiement sont donc exaltés. « Il s’agit d’une proposition complètement différente et plus puissante que toutes les générations précédentes en termes de normes de réseau. Avec l’arrivée de la 5G, la connectivité mobile passera d’un usage que nous expérimentons principalement par le biais d’appareils personnels à la globalisation dans le tissu de notre société, créant une infrastructure intégrée qui reliera les bâtiments, le transport et les services publics », déclarait en mars 2019 Derek McManus, directeur de l’exploitation de l’opérateur britannique de téléphonie mobile O2. Avec la 5G, télémédecine, véhicules autonomes, bâtiments intelligents ou encore diffusion d’objets connectés en tous genres pourraient donc se généraliser.
[ 32 /> K AIZEN & ZENIK A / HORS-SÉRIE NUMÉRIQUE RESPONSABLE /
Pourtant, l’intensité permise par la 5G et les fréquences qu’elle utilisera pour tenir ses promesses sont au cœur des problèmes soulevés par cette nouvelle technologie mobile. « Lorsqu’il y avait huit antennes pour la 2G, la 3G et la 4G réunies (le système 1G n’existe plus), on en promet soixantequatre pour la seule 5G. […] Quels seront les effets de ces milliers d’antennes sur l’exposition du public aux champs électromagnétiques ? », s’inquiète Nicolas Bérard dans son ouvrage 5G, mon amour : enquête sur la face cachée des réseaux mobiles. Personne ne sait exactement.
CHANGEMENT DE FRÉQUENCE Même l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) s’est fait l’écho de cette incertitude. Dans un rapport préliminaire du 27 janvier 2020, elle déplore « un manque important de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels ». Dans un rapport d’avril 2020 1 basé sur des mesures réalisées sur des sites pilotes utilisant la 5G, l’ANFR (Agence nationale des fréquences) fait l’hypothèse que « la consommation mensuelle en 5G sera de
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[ EN CHIFFRES / Par Fanny Costes /
INFOGR
LE NUMÉRIQUE : PUITS DE DONNÉES, LE NUMÉRIQUE : UN POMPE À MATIÈRES
UNE POMPE À
Les appareils, réseaux et infrastructures numériques ne sont pas virtuels. Pour les fabriquer, il faut certes des terres rares, mais pas que… Avec le boom promis des objets connectés et sans repenser nos usages digitaux, nombre de ressources déjà sous tension pourraient être épuisées, et d’autres, pourtant disponibles, venir à manquer. État des lieux.
ORDINATEUR PORTABLE ET SMARTPHONE Si les appareils, réseaux et infrastructu QUELLES COMPOSITIONS ? millions de personnes situées à un bout LE NUMÉRIQUE PÈSE LOURD vivant à l’autre bout, ils ne sont pas virtu rares certes, 223 millions de tonnes mais pas seulement. Avec l sans repenser nos usages digitaux, no pourraient être épuisées, et d’autres, po 700 tours Eiffel. des li Cartes électroniques
Dans le monde La masse de l’univers numérique pèse aujourd’hui
= l’équivalent de 179 millions de voitures de 1,3 t.
(recyclées en fonderie spécialisée pour récupérer les métaux ; le reste est valorisé énergétiquement)
Métaux ferreux
(recyclés et utilisés pour des armatures métalliques de construction)
15 %
40 %
Plastiques
(recyclés en partie et utilisés dans l’industrie automobile)
15 %
Substances réglementées
(condensateurs incinérés, batteries traitées et recyclées)
Autres métaux
17 %
11,5 %
1,5 % (dépollués, en partie recyclés, valorisés énergétiquement, enfouis en décharge)
Métaux non ferreux (aluminium, cuivre… recyclés pour la fabrication de pièces automobiles)
En France Les seuls équipements numériques (hors réseaux) pèsent environ 7 millions de tonnes = l’équivalent de
Métaux
(80 à 85 % de métaux ferreux et non ferreux, 0,5 % de métaux précieux, 0,1 % de terres rares et métaux spéciaux, 15 à 20 % d’autres substances)
[ 36 /> K AIZEN & ZENIK A / HORS-SÉRIE NUMÉRIQUE RESPONSABLE /
30 % 40 % à à 50 % 60 %
10 % à 20 %
Plastiques et matières synthétiques
Verre et céramique
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[ DÉCRYPTAGE / Par Charles-Maxence Layet /
BIG DATA LE NOUVEL OR NOIR
ARTI
Qu’elles soient numérisées, ajoutées, stockées, échangées, nos données ont de la valeur. Leur développement exponentiel a fait naître un nouveau marché : celui des mégadonnées, ou big data. Un changement d’échelle qui révolutionne tous les secteurs de l’économie, mais ouvre aussi des possibilités de suivi et de profilage individuels inégalées. Comment en tirer parti sans s’y perdre ?
LES N DONNEES SONT ovembre 2020. L’impact du deuxième confinement sur les habitudes de déplacement des Français est attentivement scruté. Comment ? Grâce à la géolocalisation des téléphones mobiles des 27 millions d’abonnés d’Orange. « Les données sont anonymisées, agrégées et ne sont pas stockées. Nous ne conservons que des totaux », assure Michaël Trabbia, directeur Innovation à Orange. « Données » : le mot est lâché. En 2019, nous avons envoyé chaque minute près de 200 millions d’e-mails, fait plus de 4,5 millions de recherches Google, posté plus d’un demi-million de tweets et 147 000 photos sur Facebook ; plus de 200 000 personnes ont participé à des réunions Zoom ; 4,5 millions de vidéos ont été visionnées sur YouTube et 500 heures ont été chargées… On estime que 60 % des données en circulation sont faites de flux vidéo et que « 90 % des données actuelles ont été produites durant les deux dernières années », selon les calculs des data scientists Bruno Teboul et Thierry Berthier, partagés lors d’un colloque dédié aux données en 2015. Ces données, ou « data », nous les créons en tant qu’individus, consciemment ou non, à travers notre
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utilisation du numérique. Certaines sont publiques, d’autres privées. Certaines anonymes, d’autres anonymisées. Certaines sont utilisées pour le bien commun, d’autres pour le profit d’entreprises privées.
UN ENJEU ÉCONOMIQUE MAJEUR Et nous ne sommes pas les seuls à produire des données. Après Homo connecticus, c’est au tour des objets de communiquer et d’échanger des données directement entre eux, via l’Internet des objets (IoT). Plusieurs milliards d’étiquettes RFID (radioidentification) sont ainsi vendues chaque année, glissées dans des livres ou des vêtements. Des écrans de publicité, notamment dans le métro parisien, et des centres commerciaux partout en France, interactifs, collectent avec leurs capteurs et parfois des caméras embarquées des données sur qui passe, s’arrête et combien de temps. Des assistants vocaux enregistrent nos voix en continu, alimentant les serveurs des Big Tech. Des caméras prennent en photo les plaques des véhicules. Des compteurs « intelligents » scrutent nos consommations d’eau ou d’électricité et permettent le relevé à distance, « sans fil »…
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ARTICLE
LES DONNEES SONT LE NOUVEL OR NOIR
/ Du stockage à l’analyse prédictive, les promesses du big data séduisent tous les secteurs économiques, de la médecine aux médias. /
état de santé. Toutes ces données servent un empire économique dont le haut de l’iceberg est la publicité ciblée et la partie la plus immergée le scandale Cambridge Analytica [lire page 84]. Le capitalisme de surveillance passe dans le monde physique en 2016 avec Pokémon Go développé par Niantic. John Hanke, fondateur et actuel P.-D.G. du studio, reconnaît que, en plus des microtransactions internes au jeu, « le modèle économique de [l’entreprise] contient une seconde composante, le concept de liens sponsorisés 1 ». Des entreprises rémunèrent Niantic « à la visite » des arènes où des Pokémon sont programmés pour apparaître et
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amener ainsi de potentiels clients. « Les composantes et les dynamiques du jeu, associées à la technologie de pointe de la réalité augmentée, incitent les gens à se rassembler dans des lieux du monde physique pour dépenser de l’argent bien réel dans des commerces du monde réel appartenant aux marchés de la prédiction comportementale de Niantic », analyse Shoshana Zuboff.
LE GRAND JEU DES MÉGADONNÉES
Le big data est en général associé à quatre mots en « v » : volume de données considérable, d’origine et de nature variées, d’une véracité plus ou moins digne de confiance, et analysables de façon particulièrement véloce. La montée en puissance de cette approche, marquée par un changement d’échelle, est donc récente. Associés au terme, apparu en 2008 2, de nouveaux métiers sont apparus : le data scientist est au carrefour
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[ SOLUTIONS / Par Raphaël Lemaire et Charles-Maxence Layet /
ÉCOCONCEVOIR POUR EN FINIR AVEC L’OBÉSITÉ LOGICIELLE
L’obésité logicielle est l’un des fléaux du numérique. Comment corriger cette mauvaise habitude et traiter une informatique à tendance boulimique ? Que faire si l’on est créateur de logiciels ? Est-il possible de « coder écolo » ? « Oui », répond de concert une nouvelle génération de programmeurs et responsables de projets, soucieux de maîtriser leur impact.
«
N
«
os métiers tournent autour du logiciel, de notre capacité à transformer un besoin client en un programme fonctionnel, performant et qualitatif », explique-t-on chez Zenika, partenaire de ce horssérie, qui accompagne les entreprises dans le développement de leurs services numériques. « D’un point de vue écologique, en tant qu’individus, nos gestes nous paraissent souvent dérisoires ; nous n’avons pas la main sur les choix des industriels concernant l’emballage, les conditions de production, etc. En tant que professionnels du logiciel, par contre, nous sommes les industriels et nous pouvons avoir un impact en travaillant sur nos propres applications. » Un logiciel n’a pas d’existence physique. Ce qui a une existence, ce sont les terminaux avec lesquels on le consulte, les serveurs sur lesquels il s’exécute. L’action du logiciel n’est visible qu’à travers les machines qu’il implique (utilisation du processeur, écriture de données, affichage à l’écran, etc.). La conception écoresponsable d’un logiciel doit se placer à un niveau plus global : l’écoconception du service numérique dans son ensemble, incluant le
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programme et tous les équipements nécessaires pour répondre au besoin.
LA « PERFORMANCE », UN ENJEU ESSENTIEL POUR LES UTILISATEURS Il est utile, pour optimiser au bon endroit, de mesurer l’impact environnemental d’un service numérique via une analyse du cycle de vie. En général, l’essentiel de cet impact concerne la fabrication des terminaux des utilisateurs. Mais certains cas particuliers axés, par exemple, sur des calculs intensifs qui impliquent peu de terminaux (calcul des prévisions météorologiques, recherche en intelligence artificielle, etc.) échappent à cette règle générale. La plupart du temps, l’objectif principal sera de lutter contre l’obsolescence des terminaux et d’empêcher que leur nombre augmente. C’est notamment le cas avec l’loT (Internet des objets). On veillera ensuite à utiliser moins de ressources serveur et réseaux. Dans tous les cas, il convient de créer des logiciels sobres et efficaces, qui permettent aux utilisateurs d’aller droit au but tout en économisant les ressources.
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[ SOLUTIONS / Par Sylvain Révéreault et Charles-Maxence Layet /
ARTI MAKERS, LOW-TECH, REPAIR CAFÉS…
LE LOGI FAIREVIVE SOI-MÊME POUR MIEUX FAIRE
Fin des années 70. L’ordinateur personn comme IBM, Hewlett-Packard commen auprès des particuliers, tandis que les font une place au milieu de ces grande que le mouvement du logiciel libre prend tiques basés sur le partage, l’utilisation ment. Linux, Firefox, Chrome, Ubuntu… Des initiatives permettant de réduire sa consommation numérique et de lutter contre le gaspillage fleurissent un peu partout dans le monde. Ces ateliers physiques et espaces en ligne mettent l’accent sur le partage, l’échange, le « faire soi-même ». Ils (ré)inventent ainsi des solutions alternatives à la portée de tous… pour ne produire que le nécessaire.
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e nouveaux lieux de partage de savoirs, souvent nommés Fab Labs (pour Fabrication Laboratories), ont vu le jour à travers le monde. On en compte près de quatre cents rien qu’en France, souvent au sein des universités mais aussi, et de plus en plus, dans des tierslieux. Dans ces laboratoires qui mettent à disposition des machines en utilisation partagée, il est possible de se faire accompagner pour la prise en main des outils et la conception de nouveaux objets. Outre ces lieux physiques, de nombreux espaces en ligne proposent des modèles d’objets et des expli cations pour leur réalisation. À titre d’exemple, une
/ La culture du partage permet de disposer d’objets, de mécanismes, d’appareils dont toute la conception est connue et publique. /
[ 66 /> K AIZEN & ZENIK A / HORS-SÉRIE NUMÉRIQUE RESPONSABLE /
recherche du mot repair (« réparer ») sur une plate forme de modèles 3D en ligne comme Thingiverse génère une longue liste de modèles 3D permettant la réparation d’objets du quotidien, qui, autrement, auraient sans doute été jetés et remplacés par des modèles neufs. Cette mise en commun des savoirfaire peutelle contribuer à la sobriété numérique ? Elle pourrait au premier abord paraître contreintuitive puisqu’il y est question de consommation de matériaux et de fabrication de nouveaux objets au moyen de nouvelles machines comme les imprimantes 3D des Fab Labs et les modèles à assembler, familiaux, destinés aux particuliers, disponibles sur Internet. La réponse est oui, grâce à l’économie du partage et à une conception des objets en kit, qui favorise leur réutilisation. La culture du partage permet de disposer d’objets, de mécanismes, d’appareils dont toute la conception est connue et publique. Il devient donc beaucoup plus simple d’adap ter, de faire évoluer, de réparer ces éléments
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>/ EMPRISE SUR NOS CERVEAUX / Profitez de ce moment. Vous avez les yeux rivés sur du papier imprimé, et non sur un écran ! En moins d’une décennie, nos multiples usages et objets numériques (smartphone, tablette, etc.) ont fortement modifié nos modes de vie. Nous sommes à présent connectés en permanence. Cette ultraconnexion affecte l’économie, la démocratie, nos relations sociales, mais aussi nos cerveaux. Comment faire pour appuyer sur « pause » ?
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/ EMPRISE SUR NOS CERVEAUX </> 75 ]
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[ INTERVIEW / Y VES CIT TON Par Charles-Maxence Layet /
« POUR UNE ÉCOLOGIE DE L’ATTENTION » Auteur de nombreux essais, Yves Citton explore les régimes de pouvoir médiatique qui influencent, conditionnent et cherchent à contrôler notre attention. En amplifiant cette volonté d’emprise, les médias numériques accentuent, selon l’enseignant-chercheur, la nécessité de cultiver une nouvelle conscience, écologique et intégrative.
INTER
© A di Crollalanza
YVES C
Qu’est-ce que l’attention ? L’un des dangers principaux quand on parle d’« attention » est de la conjuguer au singulier. Il y a des attentions de types très différents, avec néces sairement des définitions différentes et complé mentaires. D’une façon très générale, on peut dire que l’attention assure l’interface entre moi, nous et « nos » mondes, lesquels sont en partie sculptés en fonction des attentions (et inattentions) que nous leur prêtons. Si l’on veut se situer dans une problématique éco nomique, l’attention peut alors être définie comme la capacité, individuelle et collective, à distribuer
[ 76 /> K AIZEN & ZENIK A / HORS-SÉRIE NUMÉRIQUE RESPONSABLE /
nos ressources mentales entre les différentes sources d’information potentielles qui nous envi ronnent. Cette définition est tendue entre deux infi nis. Du côté de ce qui m’entoure, il y a toujours une infinité de choses que je pourrais observer si j’avais plus de temps, de curiosité, de connaissances… Mes ressources mentales, bien que limitées (dix sept heures de veille par jour, une capacité de concentration rapidement épuisée, un spectre audi tif et une acuité visuelle limités), sont elles aussi infinies en termes d’intensification potentielle. Un ordinateur me permet de calculer en une fraction de seconde ce qui m’aurait demandé des mois d’ef fort mental. L’acquisition d’habitudes, comme le fait de jouer d’un instrument, me permet de faire très vite et sans y penser ce qui requérait au début une concentration fatigante. Ces deux infinis poten tiels – celui des choses à observer et celui de mes capacités de traitement de l’information – sont en permanence négociés par nos attentions. Comment l’essor du numérique bouscule-t-il nos modèles de société et le capitalisme ? Nos conceptions dominantes de l’économie s’efforcent de maximiser la production de mar chandises sous contrainte de ressources rares. Mais elles postulent que, une fois ces marchandises
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[ EN CHIFFRES / Par Fanny Costes /
NOS VIES CONNECTÉES LES RELATIONS SE ET ALO
INFOGR
Au travail, à la maison, pour faire du shopping, trouver un restaurant ou réserver un voyage, nos outils numériques et Internet nous accompagnent partout, tout le temps… Ils sont utiles certes, mais parfois envahissants !
Temps quotidien devant un écran (moyenne par Français)
> Smartphone 2 h 12 OÙ ET COMMENT + 3 h 45 > Télévision LES FRANÇAIS UTILISENT LEUR MOBILE = 5 h 50munis > Total écrans D’abord d’accès internet fixe
81 % 61 % smartphones en poche, les utilisateurs LE SMARTPHONE OMNIPRÉSENT multipliés mais ils ont aussi accru consommation de contenus digitaux. 46 % sociaux, plateformes vidéo et jeux en 38 % d’adeptes. Au point qu’en ligne la relati 70 % 2 h 12 dans la 36 % En France : 6,4 écrans par foyer
regardent la télé en même temps que leur mobile.
• 1 Français sur 2 consulte son mobile toutes les 10 minutes. • 50,1 % du temps passé sur Internet se fait via des appareils mobiles.
vont aux toilettes avec leur mobile ou leur tablette.
USAGES DU SMARTPHONE PAR JOUR 7 % Shopping
20 % Réseaux sociaux
10 % Recherches locales
12 % Information et recherches
20 % Vidéos
11 % E-mails
20 % Jeux
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consultent leur mobile ou leur tablette au réveil.
utilisent leur mobile ou leur tablette lors des repas.
utilisent leur mobile en conduisant.
des parents admettent qu’il leur arrive de faire patienter un enfant devant un écran.
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RAPHIE
ADDICT ? 1 Français sur 3
#
E VIRTUALISENT... 47 % ORS45?% 55 % 75 %
AU TRAVAIL
des salariés utilisent les outils numériques
plus de 3 heures par jour.
se déclare dépendant aux écrans selon une étude du cabinet ELABE. Et 60 % des personnes interrogées déclarent être incapables de passer 1 journée sans téléphone.
des salariés utilisent leurs outils professionnels numériques pour travailler le soir.
es, puis 100 % connectés avec leurs s du numérique se sont non seulement POUR FAIRE LEURS COURSES u leur temps de navigation et leur 78,3 % . Messageries instantanées, réseaux ligne rassemblent ainsi toujours plus 9,8 % ion à l’autre semble plus naturelle que réalité. les utilisent pour travailler le week-end.
des Français achètent sur Internet, tous écrans confondus. 3 internautes sur 10 ont acheté à partir de leur mobile en 2019. C’est la part de l’e-commerce dans le commerce de détail en France (hors carburants, pharmacies, articles médicaux et orthopédiques) en 2019. Source : Fevad avec Insee.
des Français regardent des contenus en replay, VOD, téléchargement, streaming sur une télévision et plus d’un tiers (34 %) sur un mobile, une tablette ou un ordinateur.
Sur Internet, en 2019, les Français ont acheté : Mode, habillement : 51 % Produits culturels : 41 % Jeux, jouets : 38 %
Voyage, tourisme : 37 % Chaussures : 36 %
Produits techniques, électroménager : 35 % Beauté, santé : 33 %
Textile, linge de maison : 26 % Maison, décoration : 25 %
Sources : OpinionWay - DARES - App Annie - ELABE - Crédoc - We Are Social et Hootsuite - CSA-Hadopi-Arcep.
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[ SOLUTIONS / Par Charles-Maxence Layet /
INCLUSION NUMÉRIQUE GRANDE CAUSE NATIONALE ?
ARTI
En France, d’ici 2022, toutes les démarches administratives s’effectueront sur Internet. Or, entre celles et ceux qui n’ont pas de connexion, manquent de compétences ou dont le handicap empêche l’accès aux services en ligne, au total près d’un Français sur cinq est exclu de cette société du « toutnumérique ». Quelles sont alors les solutions pour réparer la fracture et relever le défi de l’inclusion numérique ?
LIMITER SA CONSOM
D
éclarer ses revenus, créer son entreprise, faire une demande de permis… La dématérialisation des services publics, avec ses démarches administratives et formulaires à remplir en ligne, s’est accélérée ces dernières années. Donnant aussi un coup de projecteur sur la situation des « laissés-pourcompte » du numérique : la France compte 13 millions de personnes « éloignées du numérique », dont 6,7 millions ne se connectent « jamais ».
/ La France compte 13 millions de personnes « éloignées du numérique ». /
[ 90 /> K AIZEN & ZENIK A / HORS-SÉRIE NUMÉRIQUE RESPONSABLE /
LES MULTIPLES VISAGES DE L’ILLECTRONISME Selon les chiffres de l’Insee 1, l’illectronisme, c’est-àdire l’illettrisme numérique, touche près de 17 % de la population française (15 ans et plus). Ce constat recouvre des situations diverses. Il y a tout d’abord les 500 000 personnes qui n’ont simplement pas Internet, ou dont la qualité de réseau ne permet pas l’accès à des services en ligne, car elles résident dans des zones non couvertes par le haut débit ou les réseaux sans fil. On compte ensuite les seniors âgés de plus de 75 ans : 53 % d’entre eux n’ont pas d’accès à Internet depuis leur domicile. C’est aussi le cas de 34 % des personnes les moins diplômées et de 16 % des ménages les plus modestes, ceux avec des revenus de moins de 900 euros par mois, la précarité numérique s’ajoutant alors à la précarité sociale 2. Sans oublier les personnes qui se connectent parfois tout en manquant de confiance et d’aisance. Plus
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[ INTERVIEW / L AURENCE DEVILLERS
Par Charles-Maxence Layet /
« COMPRENDRE LES RELATIONS ENTRE L’HUMAIN ET LA MACHINE » L’intelligence artificielle (IA) crée de nouvelles interactions entre l’homme et la machine. Spécialiste de l’éthique du numérique, Laurence Devillers souligne l’urgence des enjeux de transparence, de neutralité et de non-discrimination d’une IA « digne de confiance » et « centrée sur l’humain ». Il y va de l’avenir de notre société et de ses valeurs.
INTER
© Olivier Ezratty
LAURENCE
En 2020, chacun dispose en moyenne de six objets connectés « intelligents ». L’Internet des objets et l’IA s’enchevêtrent avec le langage naturel, la collecte de données. La reconnaissance vocale équipe la plupart des téléphones. De nouvelles relations homme-machine émergent. Que vous inspire cette nouvelle frontière ? L’Internet des objets et les assistants vocaux, aussi appelés chatbots ou « agents conversationnels »,
[ 94 /> K AIZEN & ZENIK A / HORS-SÉRIE NUMÉRIQUE RESPONSABLE /
servent de plus en plus de médiateurs dans nos interactions sociales, culturelles, économiques et politiques. Dans mon dernier essai, Les Robots « émotionnels », j’aborde la nécessité de réfléchir aux impacts sociétaux, économiques et éthiques de ces machines « intelligentes » singeant l’homme. Car nous ne sommes pas bien outillés pour comprendre les transformations que ces systèmes vont induire dans la société. La robotique affective, les multiples facettes de l’IA et l’empathie artificielle ouvrent un ensemble de questions fondamentales qu’il faut explorer sous différents angles techniques, juridiques et sociaux. Il s’agit notamment de la transparence des décisions, la manipulation par des objets incitatifs – les nudges [lire page 97] –, la liberté de choix, le consentement à partager ses données. Un vaste programme de recherche scientifique est nécessaire pour étudier le comportement des machines et notre coévolution avec elles. Il est urgent de réguler leurs conceptions et leurs usages afin de préserver les valeurs de nos démocraties.
102
[ EN CHIFFRES / Par Fanny Costes /
RÉSEAUX SOCIAUX :
LA VIRTUALITÉ À TABLE INFOGR D’abord munis d’accès Internet fixes, puis 100 % connectés grâce à nos smartphones, nous avons multiplié nos usages du numérique, et augmenté notre temps de navigation et notre consommation de contenus digitaux. Messageries instantanées, réseaux sociaux, plateformes vidéo et jeux en ligne rassemblent toujours plus d’adeptes. Au point que la relation virtuelle à l’autre nous semble parfois devenue plus « naturelle »…
DES VIES CO
RÉSEAUX SOCIAUX, QUELS RÉSEAUX ? Au travail, NOS AMOURS à la maison, pour f 8 restaurant ou réserver un voy QUELLE AUDIENCE ? Internet nous accompagnent par utiles certes, mai Les utilisateurs de médias sociaux possèdent en moyenne 8 comptes différents, contre 6,2 en 2015.
En janvier 2020, on comptait 3,8 milliards d’utilisateurs de réseaux sociaux, un chiffre en augmentation de plus de 9 % en un an. 6 Français sur 10 sont tous les jours sur les réseaux sociaux.
(visiteurs uniques par mois)
Monde
France
Facebook : 2,701 milliards
46,9 millions
YouTube : + de 2 milliards
45,3 millions
Instagram : 1,082 milliard
28 millions
WhatsApp : + de 2 milliards
24,4 millions
Snapchat : env. 397 millions
19,3 millions
LinkedIn : 310 millions
16,8 millions
Twitter : env. 326 millions
16,7 millions
Pinterest : 416 millions
[ 102 /> K AIZEN & ZENIK A / HORS-SÉRIE NUMÉRIQUE RESPONSABLE /
13 millions
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DES RELAIS D’INFO
RAPHIE
47 %
des 18-34 ans s’informent en priorité sur les réseaux.
DES RELAIS DE RENCONTRE Plus de 1 Français sur 2 (51%) pense qu’Internet favorise les retrouvailles avec d’anciennes connaissances (+ 11 points par rapport à 2014).
ONNECTÉES 44 %
des Français affirment que la naissance de liens avec de nouvelles personnes est facilitée par les technologies de l’information et de la communication (+ 17 points par rapport à 2014).
! VIE VIRTUELLE… MAIS PAS SANS RISQUES Ceux qui utilisent les médias sociaux plus de 2 heures par jour ont 2 fois plus de risque de ressentir l’isolement social par rapport à ceux qui passent moins de 30 minutes par jour sur les médias sociaux.
faire du shopping, trouver un Plus d’un tiers des Français Plus de 3 heures yage, 35les outils numériques et = RISQUES % rtout, jusqu’aux toilettes. Ils sont DES RELAIS D’INTÉGRATION DANS LA SOCIÉTÉ is envahissants ! 68 % Internet a permis à 15 % des Français de faire des rencontres amoureuses en 2019 (+ 5 points par rapport à 2014).
partagent l’idée qu’il est plus simple de rencontrer des amis en ligne plutôt que dans la vraie vie. C'est le cas de 40,9 % de la génération Z et de 44,1 % des milléniaux.
Ceux qui visitent différents médias sociaux 58 fois ou plus par semaine ont 3 fois plus de risque de ressentir l’isolement social par rapport à ceux qui les visitent moins de 9 fois par semaine.
Les adolescents passant plus de 3 heures par jour sur les réseaux sociaux ont plus de risque de développer des problèmes de santé mentale tels que l’anxiété, la dépression, l’agressivité ainsi qu’un comportement antisocial.
des Français pensent qu’avoir accès à Internet est important pour avoir ce sentiment d’intégration.
Sources : GlobalWebIndex - Crédoc et Arcep - App Annie - We Are Social - Jama Psychiatry - Arlington Research et Kaspersky - ELABE.
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[ SOLUTIONS / Par Charles-Maxence Layet /
LA PARENTALITÉ NUMÉRIQUE
DANS LA SOCIÉTÉ DES ÉCRANS ARTI Confinement, télétravail, réseaux sociaux… La vie devant les écrans, omniprésents, occupe près du tiers de notre quotidien. Des études alertent sur les effets à long terme de cette exposition intensive, surtout quand elle est précoce : troubles du langage, de la mémoire, du sommeil, de l’attention, etc. Pour protéger nos enfants, levons les yeux et suivons l’exemple des pionniers de la Silicon Valley !
T
DANS LA SILIC
out commence par un ouï-dire, un bruit de couloir à vérifier. Est-il vrai que les ténors de la Silicon Valley, les chefs d’orchestre du monde numérique, limitent l’accès de leurs enfants à la télévision, aux tablettes et aux smartphones dernier cri, leur interdisant d’utiliser des écrans pour ne pas nuire à leur développement ? Oui, c’est exact. Ainsi, une série d’articles du New York Times publiés en 2010, 2011 et septembre 2014, témoigne de l’éducation « sans écran » donnée aux enfants des P.-D.G. du secteur du high-tech. « Nous limitons l’utilisation de la technologie par les enfants », disait déjà Steve Jobs en 2010 au sujet de sa vie de famille. Dix ans plus tard, même son de cloche du côté des pionniers des réseaux sociaux. Plusieurs d’entre eux, ex-cadres dirigeants de Google, Facebook, Instagram, Pinterest ou Twitter, rencontrés dans le cadre du documentaire The Social Dilemma (Derrière nos écrans de fumée, accessible sur Netflix depuis septembre 2020), affirment toujours strictement limiter le temps d’écran
[ 104 /> K AIZEN & ZENIK A / HORS-SÉRIE NUMÉRIQUE RESPONSABLE /
de leurs enfants, « interdisant souvent les gadgets électroniques les veilles d’école et fixant des limites très strictes les week-ends », précise le New York Times. Une règle commune : pas d’écran dans la chambre. Le contraste est radicalement différent et d’autant plus net avec les mesures de « temps écran » les plus récentes [voir page 88].
ATTENTION À L’ATTENTION Plus de treize heures par jour, dont au moins quatre heures sur un ordinateur ! Tel est le nouveau record de « temps écran » établi en 2020. Travail, temps libre, tablette, consoles, smartphones : nous n’avons jamais passé autant de temps les yeux rivés sur des écrans, d’autant que le confinement a encore accentué la situation, en doublant les temps d’appel en visio par exemple. Selon un sondage réalisé auprès de deux mille personnes par le cabinet d’études marketing britannique OnePoll, un tel volume de temps passé devant un écran représente en moyenne pour un adulte l’équivalent de trentequatre années de vie.
108
[ DÉCRYPTAGE / Par Fanny Costes /
TOUS ACCROS AU NUMÉRIQUE ?
ARTI
Il y a moins de trente ans, personne ou presque n’utilisait Internet. Aujourd’hui, nos outils numériques sont devenus comme un prolongement de nous-mêmes. Leur utilité justifie-t-elle leur intrusion partout et à toute heure ? D’un écran à un autre, d’un e-mail à un « like », que faire pour reprendre le contrôle et se protéger de l’intox ?
TOUS ACCROCS A
D
evenus légion pendant la période de confinement, les apéros Skype, les anniversaires Zoom et les réunions en visio organisées entre collaborateurs ou par certains professeurs ont certainement permis à beaucoup de mieux supporter une situation inédite. Nos usages numériques se sont alors sans aucun doute intensifiés. Bien entendu, la grande majorité de la population des sociétés occidentales n’a pas attendu la pandémie de Covid-19 pour être connectée. « Plutôt qu’une rupture, le confinement semble normaliser un état préexistant, en intensifiant le règne de la domination numérique sur nos vies », estiment Mariane de Douhet, enseignante en philosophie et journaliste, et Stéphane Héliot, cofondateur de Blade, la start-up qui a mis au point l’ordinateur Shadow, dans une tribune publiée le 23 avril 2020 sur le site d’Usbek & Rica 1. Cette pénétration du numérique dans nos existences est-elle pour autant inquiétante ? L’achat en ligne ou le recours au drive ne permet-il pas de gagner du temps pour nos loisirs ou nos moments passés en famille ? Les applications éducatives ou les Mooc (massive open online course), cours en ligne ouverts et massifs, n’étendent-ils pas nos possibilités d’apprentissage ? Les réseaux sociaux
[ 108 /> K AIZEN & ZENIK A / HORS-SÉRIE NUMÉRIQUE RESPONSABLE /
et les outils de communication à distance ne nous assurent-ils pas de faire des rencontres, de maintenir un lien social ou la continuité de nos activités professionnelles ? Les sites de comparaison et les plateformes d’avis clients ne nous évitent-ils pas un mauvais repas ou une mauvaise affaire ? Les applications comme To Good To Go, Yuka, Vinted, La Roue verte, AlloVoisins ou encore WAG (We Act for Good) ne facilitent-elles pas l’adoption massive de modes de vie et de consommation écoresponsables ?
LA TENTATION DU « TOUJOURS PLUS » Évidemment, comme bien d’autres technologies, les outils numériques sont pratiques et rendent de nombreux services. Ils sont aussi – c’est notamment le cas des médias – un vecteur de diffusion. Pour les nouvelles générations, ils sont désormais culturels. Néanmoins, à bien des égards, le numérique peut devenir non pas un outil, mais un frein, un amplificateur de stress, voire une drogue. Sur la base du regard expert de sociologues, médecins du travail, psychologues et neuroscientifiques, de nouveaux mots, souvent des anglicismes, ont fait leur apparition pour qualifier les maux de nos vies et sociétés numériques. On parle ainsi de blurring
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[ SOLUTIONS / Par Serge Hardy et Fanny Costes /
VIVE LE LOGICIEL
LIBRE !
Fin des années 1970. L’ordinateur personnel se développe. Des sociétés comme IBM et HP engrangent de copieux bénéfices tandis que de « petits nouveaux » – Microsoft et Apple – tentent de percer. Dans le même temps, des « libristes » prônent déjà le partage, l’utilisation et la modification sans limites des programmes. Dopé par le Web, ce mouvement aux accents philosophiques place le bien commun au centre de l’informatique.
ARTI
MAP LDES CARTES POUR a philosophie du logiciel libre repose sur quatre libertés considérées comme fondamentales à tout programme informatique, garantissant que ce dernier peut être utilisé sans limitation, étudié et amélioré, redistribué et publié librement après modification. Élaborée et popularisée aux États-Unis par le « hacker » Richard Stallman au début des années 1980, la notion de logiciel libre naît en réaction aux logiciels commerciaux traditionnels. Soumis à une protection industrielle interdisant toute transformation et tout partage, le code source – ensemble des instructions qui constituent un logiciel sous une forme lisible – est de plus en plus souvent indisponible. Les hackers 1, ces programmeurs expérimentés issus des grandes universités américaines à l’esprit communautaire et libertaire, ne peuvent alors plus exercer pleinement leur art de réécrire à leur guise les programmes qu’ils utilisent. Afin de défendre ces libertés, Richard Stallman publie une licence spécifique, la GPL (General Public License) dont le but est de garantir qu’aucune modification d’un logiciel donné ne puisse aller à l’encontre des quatre libertés. Ainsi, le créateur d’un programme intégrant cette licence le met à disposition gratuitement et autorise tout un chacun à le modifier.
[ 116 /> K AIZEN & ZENIK A / HORS-SÉRIE NUMÉRIQUE RESPONSABLE /
Personne ne peut légalement s’attribuer la propriété du logiciel ni son exploitation exclusive. Avec les années 1990 et l’avènement du Web, l’esprit du libre se répand et suscite des vocations. Parmi les nombreux projets portés par la Free Software Foundation, créée par Stallman en 1985, il y a celui de créer une version libre d’Unix, « père » de la plupart des systèmes d’exploitation actuels. Cette alternative prend le nom de GNU, un acronyme facétieux et à tiroirs prisé des hackers : « GNU is Not Unix ».
VOUS AVEZ DIT LINUX ? Dans le même temps, à Helsinki, Linus Torvalds, un étudiant en informatique, souhaite à des fins d’apprentissage créer sa propre version de système d’exploitation libre : un noyau dénommé Linux. Si l’utilisation de GNU/Linux ou de l’un de ses nombreux dérivés, comme Debian ou Ubuntu, reste à ce jour minoritaire sur les ordinateurs de bureau, il s’est largement imposé dans le monde professionnel. Citons par exemple, parmi les centaines de distributions Linux 2, les dérivés Ubuntu : Ubuntu Studio, spécialisée dans la création sonore ; GendBuntu, développée par et pour la Gendarmerie nationale pour en maîtriser le contenu et le fonctionnement ; Emmabuntüs, proposée par Emmaüs et destinée à équiper des ordinateurs reconditionnés
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+ NUMÉRIQUE
RESPONSABLE L’informatique peut-elle être écologique ? Si la notion de progrès signifie « mieux vivre », alors nous y sommes tous favorables pour demain, pour l’ensemble des êtres humains. Reste à savoir comment on tend vers ce progrès… Pour certains, le progrès passe par plus de technologie – notre réalité, depuis des siècles. Pour d’autres, il passe à présent par notre désaliénation vis-à-vis de la technologie, numérique en particulier. En cinquante ans, en effet, l’informatique puis le numérique sont devenus omniprésents dans nos vies, professionnelles, personnelles. Ordinateurs, smartphones sont partout, tout le temps. Le numérique a bouleversé nos quotidiens. Internet nous donne accès à une information infinie. Les réseaux sociaux nous permettent de communiquer avec des milliers de personnes à l’autre bout du monde, tout en nous éloignant de ceux qui vivent à côté de nous. Tout va plus vite : envoi de fichiers instantané, trading haute fréquence…
4 DE COUV
À l’ère de l’immédiateté, dans ce monde du « tout-numérique », nous éprouvons l’emprise : sur nos ressources, sur nos biens communs, et sur nos cerveaux. Sommes-nous rendus quelque part entre 1984 (de George Orwell) et Le Meilleur des mondes (d’Aldous Huxley), entre dictature et hyperconsommation, à l’image de la Chine ? Ou pouvons-nous tirer profit du numérique pour faire face à la crise écologique ? Et si le moment était venu d’appuyer sur « pause », de prendre un peu de recul, de passer au numérique responsable… Dans ce hors-série, les équipes de Kaizen et Zenika ont conjugué leurs forces pour, à la fois, alerter sur les risques et faire émerger des solutions, révéler le potentiel du numérique.
9-791-093-452-593
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » Rabelais