Kaizen hors-série 12 : Santé, vers une convergence des médecines by kaizen-magazine

SANTÉ

COUVERTURE

VERS UNE CONVERGENCE DES MÉDECINES Des ponts entre médecine conventionnelle et hypnose, médecine chinoise, ayurvéda, naturopathie, jeûne…

Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 142 720 € Siège social 19, rue Martel - 75010 Paris info@kaizen-magazine.fr www.kaizen-magazine.com Hors-série n° 12 Santé : vers une convergence des médecines Novembre 2018 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Baldassari Rédacteur en chef Pascal Greboval

D I T O

À VOTRE SANTÉ

R I A L

OURS + EDITO

Rédactrice en chef adjointe Sabah Rahmani Secrétaires de rédaction Emmanuelle Painvin Diane Routex Sarah Touzeau Journaliste multimédia Maëlys Vésir

Abonnements et commandes Camille Gaudy abonnement@kaizen-magazine.fr Tél. 01 56 03 54 71 (de 14 h à 18 h) 19, rue Martel - 75010 Paris Attachée commerciale Cyrielle Bulgheroni Stagiaires pour ce numéro Solène Peillard Marion Mauger Direction artistique, maquette et mise en pages • www.hobo.paris hobo.studio - hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Illustration de couverture Cécilia Pepper Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (Imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIRET : 539 732 990 000 38 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0322 K 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50

élébrer la vie, n’est-ce pas aussi porter un toast à sa santé ? N’est-ce pas aspirer à une vie harmonieuse, tonique et joyeuse ? À un équilibre, à la fois physique, psychique et spirituel ? Si les médecines anciennes avaient la sagesse de cette quête holistique, la médecine moderne allopathique s’en est peu à peu détournée au profit de la performance scientifique, technologique et économique. Pour des résultats certes parfois révolutionnaires, notamment en chirurgie, mais aussi des effets secondaires risqués, et une prise en charge de plus en plus distante avec le patient… Alors comment « remettre l’humain au centre », au centre de sa vie et des préoccupations médicales ? Les médecines complémentaires, héritées de nos traditions (herboristerie, hypnose, jeûne…) ou venues d’ailleurs (médecines chinoise, ayurvédique, chamanique…), font doucement leur place aux côtés de la médecine conventionnelle, après avoir été trop longtemps exclues et méprisées. En France, des médecins et des hôpitaux d’avant-garde ont choisi la voie de la collaboration comme voie de guérison, pour le mieux-être du patient. Une convergence des médecines, au fil de la vie et au fil des saisons, précieuse, car plus respectueuse de la nature et de l’humain. Dans ce hors-série Santé, nous avons sélectionné pour vous les plus belles synergies de cette médecine du xxie siècle ! Une médecine intégrative et écologique qui privilégie une approche globale de l’être, en lien subtil avec la diversité et la complexité du vivant. Incarnant ainsi la célèbre citation du poète romain Juvénal : mens sana in corpore sano, un esprit sain dans un corps sain. Sabah Rahmani Rédactrice en chef adjointe

Distribution Presstalis Vente au n° pour les diffuseurs Groupe HOMMELL • Tél. 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peut être reproduit-e sans l’autorisation du magazine. Merci. S A N T É : V E R S U N E C O N V E R G E N C E D E S M É D EC I N E S —

— É D I TO R I A L

A U T

LES

R I

AUTRICES

KARINE HENDRIKS

E S

Journaliste depuis vingt ans, j’ai commencé ma carrière à la radio, avant de me tourner vers la presse écrite. Je me passionne pour tous les sujets liés à l’enfance, à la maternité, aux apprentissages, aussi bien du point de vue sociétal que scientifique. De fil en aiguille, le cerveau, les neurosciences, mais aussi la médecine et les pratiques complémentaires sont devenues de nouveaux terrains d’exploration, pour tenter de mieux comprendre ce que nous sommes, ce que nous devenons et ce que nous pourrions être.

PRÉSENTATION AUTEUR NATHALIE FERRON

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Je suis journaliste spécialisée en santé, psycho et développement personnel. Je travaille pour la presse magazine et suis également autrice. J’ai notamment publié Transformer sa vie par la méditation (Albin Michel, 2013), Le Grand Livre de l’ayurvéda santé-détox (Leduc, 2017) et Mieux voir en un clin d’œil avec la méthode Bates (Leduc, 2018). —

ADÉLAÏDE ROBAULT Journaliste indépendante, je collabore à des titres de la presse nationale et vais là où la curiosité me mène. Les questions de santé font naturellement partie de mes centres d’intérêt, encore plus quand il s’agit de proposer un regard différent sur les enjeux actuels en sortant des sentiers battus. Ce que je préfère ? Rencontrer des porteurs de projet qui veulent changer le monde et les faire connaître à tous. —

D E S S I N AT R I C E

CÉCILIA PEPPER Quand on me demande « depuis quand tu dessines ? », je réponds que tous les enfants dessinent ; moi, c’est juste que je n’ai pas arrêté. Après des études de sculpture à Paris – où je suis née – et de cinéma d’animation en Norvège, je suis devenue illustratrice, notamment pour Kaizen, Actes Sud ou encore L’âge de faire. Je suis aussi décoratrice pour le dessin animé, croqueuse professionnelle et carnettiste au quotidien… www.ceciliapepper.com

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KAIZEN —

— HORS-SÉRIE N°12

S O

Préface

THIERRY JANSSEN : « LA VIE, C’EST LE LIEN » ��8

M M A I R E

OUVERTURE

�� 14

Interview

MICHÈLE RIVASI ET DOMINIQUE ERAUD : « SE DIRIGER VERS LA MÉDECINE INTÉGRATIVE » �� 16

Point de vue

QUELLE RECONNAISSANCE POUR LES MÉDECINES COMPLÉMENTAIRES ? �� 20

Point de vue

DÉPASSER LES BLOCAGES DU CORPS MÉDICAL �� 22

Point de vue

EFFET PLACEBO : L’ATOUT SANTÉ �� 25

Point de vue

QUELLE PLACE À L’UNIVERSITÉ POUR LES MÉDECINES COMPLÉMENTAIRES ? �� 28

JUNIORS

�� 30

Interview

CHRISTINE COQUART : « L’ENFANT A LE MEILLEUR SYSTÈME IMMUNITAIRE QU’ON PUISSE DEMANDER » �� 32

Reportage

SOMM

LA MÉDECINE ANTHROPOSOPHIQUE EN PÉDIATRIE �� 36

Portrait

NATACHA SOULARD-LACROIX : LA NATUROPATHIE : UN TERRAIN DE JEU À EXPLORER POUR L’ENFANT �� 40

Reportage

MIEUX VIVRE SA GROSSESSE À LA MATERNITÉ DES LILAS �� 42

Reportage

SHIATSU : LA RELAXATION DU CORPS CONTRE LES MAUX DE L’ESPRIT �� 46

ESPRIT SAIN, CORPS SAIN �� 48

Portrait

CATHERINE GAUCHER : PRIMUM NON NOCERE (D’ABORD, NE PAS NUIRE) �� 50

Point de vue

GRAPHOTHÉRAPIE : SOIGNER LE MAL D’ÉCRIRE ��52

Point de vue

PROBLÈMES DERMATO DES ADOS : FAITES-LEUR NATURELLEMENT LA PEAU ! ��55

KAIZEN —

— HORS-SÉRIE N°12

S O M M A I R E

�� 58

Interview

DR LUC ROTENBERG & PAULE RYCKEMBEUSCH : « NOUS SOMMES TOUS DES ÊTRES D’ÉNERGIE… » �� 60

Portrait

MAIRE

JÉRÉMIE AZOU FAIT RAMER DE CONCERT KINÉ ET OSTÉO �� 64

SENIORS

�� 94

Interview

JEAN-GÉRARD BLOCH : « LA MÉDITATION PERMET DE DÉCOUVRIR TOUT UN CHAMP DE CONNAISSANCES DE LA NATURE HUMAINE » ��96

Point de vue

Reportage

LA NATUROPATHIE POUR VIEILLIR AU NATUREL ��100

Reportage

ISABELLE EL KHIARI : INFIRMIÈRE EN SOINS PALLIATIFS DOUX �� 102

UN DISPENSAIRE OUVERT À TOUS �� 66 LES CHAMANES ENTRENT À L’HÔPITAL DE TAHITI ��70

Reportage

BIEN VIVRE APRÈS UN CANCER �� 71

Point de vue

L’AURICULOTHÉRAPIE : UN OUTIL POUR VAINCRE LES DOULEURS DU CANCER ��72

Point de vue

AYURVÉDA : UNE MÉDECINE ANCESTRALE ENCORE MÉCONNUE �� 74

Portrait

Reportage

LE JARDINAGE : TERREAU D’APAISEMENT �� 104

Reportage

THERMALISME : L’ATOUT RHUMATO �� 106

Reportage

ALZHEIMER : LES VERTUS THÉRAPEUTIQUES DE LA MUSIQUE �� 108

AU PRÉSENT �� 110

Point de vue

LA SOPHROLOGIE POUR AIDER À RETROUVER LE SOMMEIL ��76

Point de vue

LE JEÛNE SE REFAIT UNE SANTÉ ��78

Portrait

BÉRENGÈRE ARNAL : LA PHYTOTHÉRAPIE AU SERVICE DE LA GYNÉCOLOGIE �� 82

Reportage

LA MÉDECINE CHINOISE À L’HÔPITAL �� 84

Reportage

Portrait

ALAIN BELLONE : LA SOPHRO-ANALYSE POUR SOURIRE À LA VIE �� 112

Point de vue

LES HUILES ESSENTIELLES À LA RESCOUSSE DES SENIORS ��114

Point de vue

L’ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL POUR ADOUCIR LA FIN DE VIE �� 116

L’HYPNOSE AU BLOC OPÉRATOIRE ��87

Bibliographie

Point de vue

Abonnement

HYPNOSE : N’AYEZ PLUS PEUR DU DENTISTE ! �� 90

��118

��122

CHALEURS HUMAINES �� 92

S A N T É : V E R S U N E C O N V E R G E N C E D E S M É D EC I N E S —

— SOMMAIRE

Photographies © DPA/Photononstop

ADULTES

P R

THIERRY JANSSEN

É F A C E

« LA VIE, C’EST LE LIEN »

CHIRURGIEN DEVENU PSYCHOTHÉRAPEUTE SPÉCIALISÉ DANS L’ACCOMPAGNEMENT DES PATIENTS ATTEINTS DE MALADIES PHYSIQUES, THIERRY JANSSEN EST UN PRÉCURSEUR D’UNE MÉDECINE INTÉGRATIVE OÙ MÉDECINES CONVENTIONNELLE ET COMPLÉMENTAIRES COLLABORENT AU SERVICE DU PATIENT. UNE APPROCHE GLOBALE QUI REPLACE L’HUMANITÉ ET LA SPIRITUALITÉ AU CENTRE. Pourquoi avez-vous quitté la médecine conventionnelle ?

La raison pour laquelle j’ai arrêté la chirurgie vient de ma vie personnelle. Ce n’est pas du tout un rejet de la médecine conventionnelle. J’éprouvais une tension permanente, due à une ambition démesurée de ma part et à une volonté, ou du moins une tentative, de guérir de vieilles blessures et, peut-être, d’être aimé. Mais dans un environnement où les soignants se comportent un peu comme s’ils étaient des machines, je ne prenais pas du tout la mesure de mes limites. Et mon mental gouvernait absolument tout le projet, décidant que je pouvais dépasser ces limites. Progressivement, une forme d’insatisfaction s’est manifestée parce que j’avais pris le chemin de la médecine pour être en contact avec la vie, avec l’humain. Or le grand problème dans le monde médical, c’est que l’on est déconnecté des fondements mêmes de la vie. Avec les étudiants qui étaient dans mon service, je me rendais compte que la plupart des futurs médecins avaient très peur de la maladie et préféraient ne pas aborder le sujet de la mort. Nous avons tous peur de la maladie. Cela fait partie de notre instinct de survie. Il est normal d’avoir peur de la mort. Mais peut-être que les soignants font partie des gens qui en ont plus particulièrement peur. Quand un système médical promet la toute-puissance,

KAIZEN —

— HORS-SÉRIE N°12

PREF

il ne faut pas s’étonner que ses acteurs – les soignants – se sacrifient pour cette toute-puissance. Ils sont prêts à tout. Cela peut aller jusqu’à des épuisements, des tensions extrêmes comme j’en ai connues. J’ai donc quitté le métier parce que je ne voulais plus vivre dans cette tension.

T JAN

Et comment vous êtes-vous orienté vers les médecines complémentaires ?

Je pense que l’on porte tous en nous les choses depuis très longtemps. En ce qui me concerne, enfant, j’avais l’esprit très curieux. Je me suis intéressé dès l’âge de 5 ou 6 ans à nombre de cultures antiques, chinoise, indienne et égyptienne notamment. J’ai pratiqué le yoga dès l’âge de 9 ans. J’avais donc une ouverture que j’ai perdue pendant mes études médicales parce que j’ai été formaté. Quand je me suis autorisé à quitter cet univers médical, tout est revenu. Tout mon intérêt anthropologique, toute la curiosité à l’égard des autres cultures. J’ai toujours eu besoin de faire des ponts entre les choses – entre les gens aussi d’ailleurs –, de comprendre ce qui est de l’ordre d’un dénominateur commun, ce qui réunit, plutôt que ce qui sépare. En quittant l’univers médical, inévitablement, j’ai rencontré d’autres gens. Je me suis dit : « Il y a tellement de choses utiles à la compréhension des principes fondamentaux du vivant que ces médecines dites “alternatives” ou “complémentaires” abordent de façon plus subtile que notre médecine très mécaniste et matérialiste. Quelque part, celle-ci ne s’intéresse qu’à la dimension matérielle de l’existence alors qu’il y a toute une dimension informationnelle et énergétique ! » L’univers est fait de matière, d’énergie et d’information. Or notre médecine s’intéresse essentiellement à la dimension matérielle. Mais pas à toute cette dimension informationnelle et énergétique. Lors de ces re-

FACE

NSEN

« Ce n’est pas la science qui déshumanise la médecine. C’est la représentation que nous avons du monde qui déshumanise notre monde et la médecine. »

S A N T É : V E R S U N E C O N V E R G E N C E D E S M É D EC I N E S —

— P R É FA C E

P O I N T D E V U

QUELLE RECONNAISSANCE P O U R L E S M É D E C I N E S C O M P L É M E N TA I R E S ?

RECONNAISSANCE OFFICIELLE DES MAC

Encensées par les patients qui y ont recours, décriées par une partie des praticiens issus du cursus universitaire, les médecines complémentaires suscitent bien des débats. Quel crédit leur accorder ? Sans manichéisme, faisons le point…

’Organisation mondiale de la santé (OMS) comptabilise plus de 400 médecines « alternatives », « complémentaires » ou « traditionnelles ». Ces termes recouvrent des pratiques hétérogènes, telles que la chiropraxie 1, l’ostéopathie, l’acupuncture, la naturopathie, la phytothérapie, l’homéopathie, la réflexologie, le qi gong, le yoga, la méditation… Certaines sont séculaires, voire millénaires, comme la médecine traditionnelle chinoise [lire page 84] ou l’ayurvéda indien [lire page 74]. Selon les organismes et les pays, la liste diffère sensiblement. La Commission européenne a retenu de son côté l’appellation « pratiques non conventionnelles », reprise en France par la direction générale de la Santé (DGS) sous le terme « pratiques de soins non conventionnelles » (PSNC), précisant que leur point commun est de n’être « ni reconnues, au plan scientifique, par la médecine conventionnelle ni enseignées

KAIZEN —

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au cours de la formation initiale des professionnels de santé ». Concrètement, les accords professionnels continuent de jouer un rôle important dans la reconnaissance des différentes pratiques : en France, le Conseil national de l’Ordre des médecins – qui privilégie le terme « médecines alternatives et complémentaires » (MAC) – en reconnaît officiellement quatre : l’acupuncture, la mésothérapie, l’ostéopathie et l’homéopathie. Les médecins peuvent mentionner ces titres à condition d’être titulaires du diplôme correspondant pour les trois premières, l’homéopathie étant une simple « orientation d’activité » que les médecins peuvent mentionner depuis 1974. DES PRATIQUES ENCORE EN SALLE D’ATTENTE L’acupuncture en France est réservée aux médecins, sagesfemmes et chirurgiens-dentistes. Les praticiens n’appartenant pas au corps médical peuvent être poursuivis pour exercice illégal de la médecine. La mésothérapie est réservée aux seuls médecins formés à cette technique. En revanche, tout médecin peut prescrire un traitement homéopathique, y compris les dentistes. Depuis 2011, les sages-femmes ont aussi le droit de prescrire des médicaments homéopathiques pour les pathologies liées à la grossesse. En ce qui concerne l’ostéopathie, la loi autorise l’usage de ce titre non seulement aux médecins, sages-femmes, masseurskinésithérapeutes et infirmiers, titulaires d’un diplôme reconnu par l’Ordre des médecins, mais aussi aux nonprofessionnels de santé titulaires d’un diplôme délivré par

P O

DÉPASSER

I N T D E V

LES BLOCAGES DU CORPS MÉDICAL

U E

PAPIER POURQUOI B

Les médecines complémentaires se développent en France et entrent peu à peu à l’hôpital. Mais leur insertion dans les parcours de soins reste complexe et suscite de vifs débats au sein du corps médical.

orsqu’elle a commencé à pratiquer l’auriculothérapie à l’Institut Gustave-Roussy, à Villejuif (Val-deMarne), le Dr Sabine Brûlé se souvient très bien des réactions de ses collègues : « Ils rigolaient ! Quelques-uns étaient curieux, mais pour la plupart, ce n’était pas crédible parce que ça ne correspondait pas à ce qu’ils avaient appris. » C’était en 1982. Trente-six ans plus tard, cette technique dérivée de l’acupuncture a trouvé sa place dans l’établissement dans le cadre de la lutte contre la douleur pour les patients atteints de cancer [lire page 72]. Progressivement, les médecines alternatives et complémentaires (MAC) s’imposent dans le paysage de la santé : selon le Conseil national de l’Ordre des médecins, 40 % des Français y auraient déjà eu recours, proportion qui augmente chez les personnes atteintes d’une maladie grave

ou chronique. En 2015, 6 115 médecins en France (sur 281 000 environ) ont déclaré un titre ou une orientation de médecine alternative et complémentaire. Un sur cinq exerce à l’hôpital 1. Acupuncture, hypnose, ostéopathie, sophrologie, méditation, mais aussi Qi gong ou shiatsu sont aujourd’hui proposés dans un nombre croissant de services. En 2010, un Centre intégré de médecine chinoise a même vu le jour à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Il reste pourtant difficile de savoir qui, comment et combien de soignants les utilisent réellement. Pour la première fois, en 2012, la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a tenté d’établir un état des lieux. Selon son rapport 2, plus de quinze types de traitements complémentaires ont été identifiés sur l’ensemble de l’AP-HP, dans des structures de soins variées (centres antidouleur, soins palliatifs, gynécologie-obstétrique, pédiatrie, gériatrie, oncologie…). L’acupuncture, l’hypnose et l’ostéopathie sont les plus utilisées. « La moitié des praticiens identifiés appartiennent aux professions médicales (médecins en majorité, et sages-femmes), l’autre moitié est composée de professions paramédicales et de psychologues. » TISSER DES PONTS ENTRE LES DEUX MÉDECINES Les MAC se sont implantées dans les hôpitaux discrètement, par la base, et non de manière rationnelle et planifiée. « Cela repose uniquement sur la volonté des équipes en place, et souvent l’ouverture d’esprit d’un chef de service », affirme le Dr Sabine Brûlé. « Les futurs médecins

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R E P O R T A

LA MÉDECINE

ANTHROPOSOPHIQUE

E N P É D I AT R I E

L’hôpital cantonal de Fribourg a ouvert en 2015 le premier centre de pédiatrie intégrative. Une démarche pionnière qui associe à la médecine conventionnelle la médecine anthroposophique. Considérant le patient avec ses forces et avec bienveillance, celle-ci vise à le soutenir dans sa défense contre la maladie.

REPOR HÔPITAL PÉDIATR

artin a 10 jours, il bâille et s’étire à l’abri de son « isolette », sa couveuse. Né avec sept semaines d’avance, le petit semble apprécier l’effleurement prodigué par son infirmière. Elle le frôle à peine, les mains enduites d’un macérat huileux de rose qui doit l’aider à maintenir sa température corporelle. Ce geste inhabituel en néonatologie fait partie des soins de médecine anthroposophique (MA) effectués depuis 2015 dans le service pédiatrie de l’Hôpital fribourgeois (HFR). La médecine anthroposophique, pratique holistique, inclut l’art-thérapie et considère l’homme dans sa globalité, à la fois comme un être physique, vivant, psychique et spirituel, au sens philosophique du terme. Les médicaments qu’elle utilise sont tirés de plantes, d’animaux et de minéraux et se présentent sous forme de préparations phytothérapeutiques ou homéopathiques. Ils visent à soutenir les forces d’autorégulation de l’organisme.

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« REMETTRE L’HUMAIN AU CENTRE DES SOINS » À l’Hôpital fribourgeois, tout a commencé par hasard, avec le recrutement d’un médecin diplômé en médecine anthroposophique. Johannes Wildhaber, pneumologue et chef du service pédiatrie, y a vu l’occasion de concrétiser une vieille envie : construire un projet de médecine intégrative en mariant des soins conventionnels avec une médecine complémentaire, comme la médecine anthroposophique, qui permet d’inclure homéopathie et naturopathie. C’est ce qu’il fait depuis 2015 avec son nouvel adjoint, le pédiatre Benedikt Huber. Leur but ? « La bienveillance, répond Johannes Wildhaber, avec un sourire. Remettre l’humain au centre des soins, ne pas voir le patient comme un malade, mais le voir avec ses forces, le soutenir dans sa défense contre la maladie. » Pour construire ce projet, les deux spécialistes ont eux-mêmes suivi une formation en médecine anthroposophique. Élaborée par le philosophe Rudolph Steiner et le Dr Ita Wegman dans les années 1920, cette orientation est aujourd’hui pratiquée par 4 800 médecins dans 22 pays européens, selon l’Association pour la recherche et l’enseignement de la médecine anthroposophique (AREMA). Il existe donc une clinique, un réseau professionnel et une recherche, comme l’attestent les centaines de publications recensées au seul mot Anthroposophic sur PubMed.gov 1. Une première palette de soins faite de frictions, effleurements, enveloppements, inhalations et médicaments spéci-

MIEUX VIVRE

E P O R T A G

GROSSESSE À L A M AT E R N I T É D E S L I L A S

REPOR GROSSESSE

Parce qu’accoucher n’est pas qu’un acte physique, la Maternité des Lilas offre aux femmes enceintes un accompagnement multiforme et global, pour leur permettre de vivre pleinement ce moment et appréhender la grossesse dans toutes ses dimensions.

e piano résonne joyeusement dans la salle Tatami aux murs peints en blanc, vert et rouge. Confortablement assises sur de gros ballons, cinq femmes au ventre arrondi font des vocalises : « Pio pio pio pio pio pio ! », « Oui oui oui oui oui oui ! » « Allez chercher l’appui dans le sol, pour donner de l’élan. Faites-vous confiance, vous en êtes capables », lance Marie-Laure Potel, qui anime l’atelier de chant prénatal à la Maternité des Lilas depuis plus de vingt ans. « C’est ici, en 1976, et à Pithiviers la même année, que le chant prénatal est né dans les maternités françaises, avec Marie-Louise Aucher », raconte-t-elle. Fondatrice de la psychophonie, une démarche novatrice qui considère que la voix relie les différents plans de l’être – physique, émotionnel, spirituel, énergétique –, cette musicienne et cantatrice a eu l’intuition, aujourd’hui

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confirmée par les recherches sur la sensorialité fœtale 1, que le fœtus est sensible aux stimulations auditives intrautérines, notamment d’origine maternelle, qui participent à son développement perceptif. « Pendant la grossesse, chanter favorise aussi le bien-être, la détente de la femme enceinte, et affine la conscience corporelle, permet de sentir son corps, fait travailler la respiration, les abdominaux, autant de choses qui peuvent servir lors de l’accouchement », ajoute Marie-Laure Potel. SE RÉAPPROPRIER LA NAISSANCE Le chant prénatal n’est qu’une des multiples approches non médicales de la grossesse que propose la maternité emblématique de Seine-Saint-Denis. Dans ce haut lieu, depuis les années 1960, de la défense du droit des femmes à accoucher dans le respect de leurs souhaits, les futures mamans ont accès à un éventail d’activités et de consultations de toutes sortes. « La synergie entre la médecine allopathique et les approches complémentaires est au cœur même de l’histoire de cet établissement, de sa culture, de sa philosophie », expose MarieLaure Brival, chef du service de gynécologie-obstétrique et directrice médicale. La Maternité des Lilas a été fondée en 1964, dans la mouvance des Bluets à Paris et des travaux du Dr Fernand Lamaze sur la préparation à l’accouchement. Son crédo depuis toujours : permettre aux femmes de se réapproprier la naissance, en réaction à une médicalisation de plus en plus grande. Arrivée en 1982, Marie-Laure Brival défend cet héritage : « Rapidement et surtout à partir des

R E

SHIATSU

P O R T A

L A R E L A X AT I O N D U C O R P S C O N T R E L E S M A U X D E L’ E S P R I T

G E

SHIATSU

Thérapie manuelle venue du Japon, le shiatsu peut compléter utilement la prise en charge d’enfants et d’adolescents confrontés à des difficultés psychologiques.

u milieu de la salle informatique, une fille est assise en tailleur, deux autres allongées sur le ventre. À leurs côtés, deux femmes et un homme leur prennent le pouls, puis entament un massage en exerçant des pressions sur l’ensemble du corps. Ces praticiens de shiatsu interviennent depuis début 2018 au microlycée Villon, dans le 14e arrondissement de Paris, qui accueille une cinquantaine d’élèves décrocheurs souhaitant reprendre leur scolarité. Phobie scolaire, harcèlement, problèmes familiaux, tous ont traversé des moments difficiles. « La plupart souffrent de stress, d’anxiété, de problèmes de sommeil. Ils bénéficient d’une prise en charge médicale et souvent psychologique à l’extérieur, précise Clément Dirson, professeur de français. L’objectif était de leur proposer un accompagnement différent, passant davantage par le corps. »

L E SH IATSU , C’EST… Un soin manuel japonais, qui consiste en un enchaînement de pressions rythmées le long des méridiens pour restaurer la libre circulation de l’énergie. Au Japon, il est reconnu depuis 1955 comme une médecine à part entière.

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Soigner à la fois le corps et l’esprit, tel est le but affiché du shiatsu. Cette thérapie manuelle japonaise prend sa source dans l’une des branches de la médecine chinoise, le massage des points d’acupuncture. « La séance commence par la prise des pouls chinois, explique Marie-Séraphine Vincent, l’une des praticiennes. Nous pouvons sentir la qualité des douze méridiens qui relient tous les organes du corps, ce qui nous permet d’orienter notre shiatsu. » Par un enchaînement de pressions rythmées, le praticien régule les flux d’énergie déréglés par les émotions, le stress environnant, les chocs, les excès. Considéré comme un véritable soin au Japon, le shiatsu se « reçoit » comme un traitement libérant des tensions. PRÉVENIR ET APAISER En France, où il a été introduit dans les années 1970, il n’est pas reconnu médicalement. Mais il peut s’intégrer utilement à un protocole de soins, estime Bernard Bouheret, kinésithérapeute et fondateur de l’École de shiatsu thérapeutique de Paris, d’où sont issus les praticiens intervenant au microlycée Villon. « Des médecins en France commencent à s’intéresser à cette technique qui considère l’humain comme un tout. Le shiatsu a une vocation préventive, mais soulage aussi bon nombre de douleurs liées notamment aux maladies chroniques, améliore le sommeil, apaise les émotions, a des effets positifs sur tout ce qui est lié au stress et au surmenage. » Accessible à tous, il convient selon lui très bien aux adolescents : « Le shiatsu se pratique sur des habits légers, et non sur la peau nue : ce n’est pas un toucher intrusif ni sensuel. » À leur sortie de l’atelier, les élèves confirment :

— E SPR I T S AI N, CO RPS S AI N —

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C'est dans ce vieux corps de ferme drômois, entre Valence et Romans-sur-Isère, qu'est installé Philippe Matza.

Ostéopathe de formation, c'est en s'intéressant aux énergies et aux nouvelles technologies que Philippe est devenu thérapeute quantique.

E n thérapie quantique, on considère la personne comme un tout... Le corps et l'esprit sont intimement liés, ainsi que la personne à son environnement.

BD BRULÉS / COUPEUR Le patient est allongé, habillé et relié au bio-résonateur, une machine très élaborée qui émet et reçoit des ondes électromagnétiques.

Comment ça va en ce moment ? Dites-moi tout !

Philippe Matza pose beaucoup de questions.

Moi, ce qui m'intéresse, c'est l'axe de vie de la personne.

Il interroge le patient verbalement, mais aussi à l'aide d'une sonde.

Il cherche les liens entre les blessures psychologiques et les pathologies corporelles du patient. KAIZEN —

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Parlez-moi un petit peu de votre père...

P O I N T D E V U E

GRAPHOTHÉRAPIE SOIGNER LE MAL

PAPIER D’ÉCRIRE GRAPHOT

Quand l’apprentissage de l’écriture vire au cauchemar, les graphothérapeutes peuvent aider les enfants à retrouver confiance et plaisir. Une profession en quête de reconnaissance.

our Anatole, l’année de CE2 avait mal commencé. « Dès la première semaine, j’ai été convoquée par la maîtresse, raconte sa maman, Oriane. Elle m’a dit que ça n’allait pas être possible de continuer comme ça ! » Le garçon de 8 ans, qui a sauté le CP, écrit très mal et surtout trop lentement. Sur les conseils de l’école, sa maman prend contact avec une graphothérapeute. « Dès la première séance, on a vu la différence, c’était miraculeux ! Elle a débloqué quelque chose. Aujourd’hui, après six séances, il écrit dans les lignes, c’est plus propre et surtout il a repris confiance en lui », se réjouit Oriane.

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Encore mal connue, la graphothérapie est une méthode de rééducation non médicale de l’écriture. « Très souvent, les parents viennent nous consulter sur préconisation des enseignants parce qu’il y a une difficulté qui persiste en dépit des ateliers de soutien », explique Florence de Montesquieu, graphothérapeute depuis treize ans à Paris. « D’autres arrivent par le bouche-à-oreille, ou nous sont adressés par des professionnels, orthophonistes, psychomotriciens, psychologues, parfois aussi des pédiatres ou des pédopsychiatres spécialisés par exemple dans les problématiques de l’attention ou encore les enfants précoces. » C’est le cas du Dr Olivier Revol, qui a préfacé le livre coécrit par Florence de Montesquieu et Chantal Thoulon-Page, La Rééducation de l’écriture de l’enfant et de l’adolescent. Chef du service de psychopathologie du développement de l’enfant et de l’adolescent au CHU de Lyon, ce spécialiste des enfants à haut potentiel travaille depuis une dizaine d’années avec des graphothérapeutes : « Certains enfants précoces présentent parfois un gros décalage entre l’oral et l’écrit, surtout les garçons. Cela concerne pratiquement la moitié des garçons que je reçois. Ils comprennent vite, savent lire tôt, mais arrivés en CP, le geste graphique ne suit pas, constate-t-il. Comme ils pensent plus vite qu’ils

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PROBLÈMES DERMATO PAPIER FOND DES ACNÉE ADOS FA I T E S - L E U R N AT U R E L L E M E N T L A P E A U ! Acné, eczéma, psoriasis… la plupart des problèmes spécifiques de la peau peuvent être traités par des solutions naturelles. Éclairages avec trois médecins dermatologues.

uccès des cosmétiques naturels et faits maison, essor du bio, méfiance accrue envers les médicaments… Face à l’évolution de la société, de plus en de plus de dermatologues s’ouvrent aujourd’hui à de nouveaux traitements et envisagent les solutions aux problèmes de peau dans une perspective plus large, incluant l’hygiène de vie, l’alimentation, le stress et les facteurs environnementaux. ACNÉ : OBSERVEZ LE CONTENU DE VOTRE ASSIETTE Sous une forme plus ou moins sévère, l’acné touche 80 à 90 % des adolescents français 1. « Pendant longtemps, nous avons pensé que l’acné était une fatalité, un passage obligatoire pendant l’adolescence, causé par les fluctuations hormonales. Or on s’aperçoit que l’acné ne concerne que les adolescents vivant dans des milieux urbains et industrialisés. Dans certaines contrées d’Amazonie ou d’Asie, par exemple, ce problème n’existe pas », souligne le Dr Nina

Roos, médecin dermatologue à Paris. Pollution, stress, tabagisme, sommeil, alimentation… De nombreux facteurs jouent un rôle notable dans cette affection dermatologique. Et plutôt que de prescrire à tout-va un médicament ciblé, il semble aujourd’hui plus pertinent d’envisager une prise en charge globale. « Mon premier réflexe face à un adolescent qui présente de l’acné est de l’interroger sur sa façon de s’alimenter. Les sucreries, les aliments transformés comme les céréales du petit-déjeuner, les conserves, la charcuterie, les produits laitiers… aggravent indéniablement le problème », ajoute le Dr Marie-Pierre Hill-Sylvestre, dermatologue à Nice. La peau étant le reflet de l’état de notre organisme, consommer davantage de légumes – notamment à feuilles vertes –, de fruits frais, secs et à coque, si possible bio, et d’aliments soufrés tels que le radis noir, le raifort, ainsi que des légumes de la famille des crucifères, va désengorger le foie et aider à se détoxifier. Des conseils que prône également le Dr Paul Dupont, dermatologue à Toulouse et ancien chef de clinique en endocrinologie et nutrition.

S A N T É : V E R S U N E C O N V E R G E N C E D E S M É D EC I N E S —

— JUNIORS

I N T D E V U E

JÉRÉMIE AZOU

O R T R A

FA I T R A M E R D E CO N C E RT K I N É E T O ST ÉO

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LE CHAMPION OLYMPIQUE D’AVIRON JÉRÉMIE AZOU VIENT DE PRENDRE SA RETRAITE SPORTIVE ET SE CONSACRE DÉSORMAIS ENTIÈREMENT À SA PROFESSION DE MASSEUR-KINÉSITHÉRAPEUTE. SE FORMER ÉGALEMENT À L’OSTÉOPATHIE LUI EST APPARU COMME UNE ÉVIDENCE POUR OFFRIR UNE PALETTE DE SOINS PLUS COMPLÈTE AUX PATIENTS.

ien avant de devenir un sportif reconnu, il avait déjà choisi sa profession. « Mes parents étaient infirmiers tous les deux, et ils avaient plusieurs amis kinés, ça m’a toujours attiré. Au collège, je parlais déjà de faire ce métier. » Son bac S avec mention en poche, il quitte Avignon pour Lyon, suit une première année de médecine tout en poursuivant l’entraînement d’aviron, et intègre une école de kinésithérapie, dans le cadre des places réservées aux sportifs de haut niveau. En 2012, il commence à travailler dans un cabinet à Meyzieu, dans la banlieue lyonnaise, conjuguant une trentaine d’heures hebdomadaires de consultations et vingt à vingtcinq heures de pratique sportive. « En France, l’aviron reste un sport amateur », rappelle-t-il. Au bout d’un an, il ressent le besoin d’élargir ses compétences et entame une formation d’ostéopathe, toujours à Lyon, à raison d’une semaine par mois pendant trois ans. « En équipe de France, nous essayons de faire appel à des kinés qui ont la double casquette, ou au moins des notions de thérapie manuelle. Nous cherchons à optimaliser tous les paramètres inhérents à la performance et à recruter les profils les plus complets, c’est peut-être pour cela que nous sommes ouverts à ces approches différentes. » Le milieu sportif a en effet largement contribué à donner à l’ostéopathie ses lettres de noblesse à partir des années 1990. « Pour moi, ostéopathie et kinésithérapie sont un peu comme des “faux jumeaux”, à la fois très différents et très complémentaires », estime Jérémie Azou. Le kinésithérapeute est avant tout un thérapeute de la rééducation suite à un traumatisme. L’ostéopathe, lui, développe une approche plus globale :

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son but est d’harmoniser le corps dans son ensemble et de rechercher les zones de dysfonctionnement à l’origine de douleurs ou de troubles de la mobilité. « J’ai notamment reçu un enseignement plus approfondi sur tout ce qui concerne les tissus nerveux. J’ai appris à distinguer un étirement neural d’un étirement musculaire. Cela permet de mieux prendre en charge une sciatique par exemple. Ou encore de poser un diagnostic plus complet pour une tendinite du coude ou du poignet : au-delà de la souffrance musculaire, il peut y avoir une souffrance au niveau du nerf qu’il faut traiter en parallèle. » « Mon objectif, c’est d’avoir la plus grosse boîte à outils possible pour résoudre un problème », résume-t-il. Pour certaines pathologies, la kinésithérapie s’impose naturellement : par exemple, après une rupture des ligaments croisés, le protocole de rééducation est long, il faut faire un travail de renforcement musculaire et de proprioception. Dans ce cadre, le kiné peut être amené à utiliser du matériel et divers appareils : tapis, vélo, haltères… L’ostéopathe est plutôt un « hyperexpert de l’articulation », explique Jérémie Azou, et de tout ce qui est tissu mou, comme les muscles et la peau. Sa méthode de soin repose uniquement sur des techniques manuelles, soit structurelles – celles qui font « craquer les articulations » –, soit fonctionnelles, par le biais d’étirements, et vise à harmoniser le corps dans son ensemble. Depuis novembre dernier, le retraité des bassins, âgé de 29 ans, s’est installé à Valenciennes, où il a suivi sa compagne. Il a rejoint quatre confrères dans un cabinet spécialisé dans le sport. « Je ne fais pas de séances spécifiques d’ostéopathie, car nous avons un ostéopathe sur place. Mais avoir suivi le double cursus me permet d’orienter plus facilement un patient quand j’estime que l’ostéopathie pourrait apporter un plus. » Ce qui n’est pas forcément le cas. « Certains patients se disent “l’ostéo va me remettre sur pied en une demi-heure”. Parfois, il y a besoin d’un travail plus en profondeur, et aussi que le patient se prenne un peu plus en charge, en matière d’alimentation et de sommeil, et fasse ses exercices avec plus d’implication. Nous ne sommes pas des magiciens ! » l K. H.

PORT KINE /OSTÉ

R E P O R

LES CHAMANES E N T R E N T À L’ H Ô P I TA L D E TA H I T I

T A G

En mai 2018, des soignants du Centre hospitalier de la Polynésie française (CHPF) et des tradipraticiens se sont rencontrés lors d’un séminaire de découverte. Un premier pas vers un possible rapprochement des deux médecines.

REPORTAGE HÔPITAL TAHITI MED TRADI

maginez une vallée reculée où des médecins auraient passé un week-end avec des chamanes et des masseurs magnétiseurs, à écouter le message des étoiles et à découvrir une tradition ancestrale. C’est ce qui est arrivé à neuf équipes issues des services de cardiologie, d’anesthésie-réanimation, d’oncologie et de soins palliatifs du Centre hospitalier de la Polynésie française (CHPF) à Tahiti, rassemblées avec des tradipraticiens. Une initiative inédite organisée avec l’association culturelle Haururu (« hau » pour paix et « ruru » pour réunion) et le Réseau polynésien des maladies respiratoires (REPMAR). Pour Éric Parrat, pneumologue au CHPF et président du REPMAR, l’enjeu est double. D’un côté, permettre à la tradimédecine, devenue clandestine à force d’être bannie, de revivre en entrant à l’hôpital. De l’autre, « ramener le bonheur » dans les services. « L’hôpital est en forte déshumanisation pour les soignants et les patients. La révolution biotechnologique ne mesure pas les défis qu’elle porte en elle. C’est un tel bouleversement que tout le monde s’y perd. On ne soigne plus des malades, mais des maladies, témoigne-t-il. Ce qui est paradoxal, c’est que lorsqu’on essaye de ramener de l’humain, la société répond

en réclamant de la technique. Les soignants y reviennent alors par l’éducation thérapeutique et l’accompagnement. » TOTALE CONFIANCE Confronté à une forte proportion de cancers bronchiques mortels 1, Éric Parrat a cherché ce que la médecine traditionnelle pouvait faire dans un contexte où les médecins, souvent métropolitains, et les malades ne partagent pas les mêmes codes culturels. En Polynésie, on ne se plaint pas si on souffre et la maladie est synonyme de honte. Ce pneumologue propose ainsi à ses patients de recevoir un masseur à l’hôpital : « Les tradipraticiens sont aussi des médiateurs et partagent la même éthique que nous. Ils respectent le secret médical. Ces massages énergétiques prodigués avec des huiles parfumées, les monoï, apportent du bien-être en fin de vie dans des cas où on ne peut plus répondre aux souffrances et où patients et soignants développent des angoisses. J’ai vu des malades apaisés après dix ou vingt minutes avec le chamane. Nous sommes en totale confiance. » À terme, Éric Parrat souhaite que la médecine tahitienne devienne un objet d’étude. Sur le plan médical, le projet se fonde sur une éthique faite de « respect et d’humilité », insiste-t-il, et « s’inscrit totalement dans les recommandations de l’OMS pour l’intégration de la médecine traditionnelle ». l A. R. 1

Selon la thèse d’une ex-interne ayant travaillé avec Éric Parrat,

la Polynésie est confrontée à un fort tabagisme, chez les hommes comme chez les femmes. Les cancers sont dépistés trop tardivement, à un stade métastasé, et les Polynésiens, n’allant pas chez le médecin, meurent rapidement. Une caractéristique polynésienne : on y vend légalement un tabac de mauvaise qualité, fait de rebuts, non vendu en métropole, car trop fort en nicotine et en goudrons.

— POUR ALLER PLUS LOIN www.chpf.pf • www.haururu.pf

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P O I N T D

AYURVÉDA UNE MÉDECINE ANCESTRALE ENCORE MÉCONNUE

E V U E

PAPIER MEDECINE CLASS

Médecine indienne datant de plus de 4 000 ans, l’ayurvéda met l’accent sur une prise en charge globale de la santé et sur la prévention. Si elle suscite une réelle demande, elle n’est pas encore suffisamment reconnue en France pour être véritablement intégrée dans le parcours de soins.

’ayurvéda – ou « science de la vie » – conçoit la santé comme un équilibre entre le corps, le mental et le spirituel, l’être humain vivant en interaction constante avec son environnement. Elle envisage le corps humain selon trois constitutions – Vata, Pitta et Kapha – comprenant les cinq éléments – air, feu, eau, terre, éther [lire encadré]. L’organisme est gouverné par des humeurs (doshas) et parcouru de circuits énergétiques (nadis). L’alimentation, le sommeil, la méditation et l’exercice font partie des traitements autant que les médicaments pour recouvrer la santé dans une approche aussi bien préventive que curative. Même si cette médecine ancestrale fait de plus en plus parler d’elle, notamment grâce au succès du yoga, des massages bienêtre comme l’abhyanga et des cures ayurvédiques, l’ayurvéda est encore peu exercé en France à l’heure actuelle. Cancérologue à l’hôpital européen Georges-Pompidou, le Dr Cloé Brami s’est formée à la médecine intégrative en 2011 au Memorial Sloan Kettering Cancer Center (ÉtatsUnis) ainsi qu’à la méditation de pleine conscience. Elle anime des groupes de méditation et a participé à la conception de l’Institut Rafaël, un centre de médecine intégrative de l’après cancer, qui ouvre ses portes à l’automne 2018 à Levallois-Perret [lire page 71]. Selon elle, l’ayurvéda a bien sa place dans le champ de la médecine intégrative, mais cette pratique présente des concepts abstraits et trop éloignés des représentations médicales occidentales, ce qui limite son intégration dans le système de soins français. « Contrairement à la médecine chinoise qui a pu entrer à l’hôpital par le biais des essais cliniques réalisés sur l’acupuncture, l’ayurvéda n’a pas encore fait la preuve de son effi-

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cacité selon les critères de l’Evidence Based Medicine 1 », souligne le Dr Cloé Brami. La philosophie qui cimente cette médecine se trouve probablement trop éloignée de nos catégories de pensée. « La médecine occidentale a toujours eu besoin de preuves avant d’envisager d’autres représentations du corps et de remettre en question ses acquis. L’intégration de l’ayurvéda ne pourra se faire à l’hôpital que par le biais de l’un de ses outils, comme le massage par exemple », estime la cancérologue.

UNE OFFRE DE SOINS ÉPARSE ET PEU ORGANISÉE En cabinet, l’ayurvéda se pratique un peu « à la carte ». L’offre de soins ayurvédiques reste fragmentée, éparse et peu organisée. Certains thérapeutes proposent des massages, d’autres des conseils nutritionnels ou encore des cures ayurvédiques adaptées aux Occidentaux en matière de soins et de durée. « Ce sont davantage des conseillers en bien-être ayurvédique que des thérapeutes traditionnels. Très peu d’entre eux savent établir un diagnostic en utilisant la prise du pouls, par exemple », remarque Serge Michenaud, qui dirige avec Deepali Patel le centre de yoga et d’ayurvéda Art de Vivre à Paris. Comme pour la médecine chinoise, la pharmacopée ayurvédique pose aussi problème : manque de confiance envers des remèdes jugés trop « exotiques », inadaptation à la réglementation européenne en matière d’usage de plantes médicinales… « Il faudra un peu de temps et beaucoup de volonté pour que la médecine officielle accepte d’intégrer ces remèdes et de les prescrire », ajoute Serge Michenaud.

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LE JEÛNE S E R E FA I T U N E S A N T É

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PAPIER JEÛNE THÉR

Observé depuis la nuit des temps à des fins spirituelles, le jeûne est aujourd’hui envisagé par certains comme outil de détoxification, voire de soin. Il fait l’objet de travaux scientifiques prometteurs et intéresse un nombre croissant de médecins.

lors qu’il pratiquait le sport à haute dose au début des années 2000 – cyclisme et course à pied notamment – Fabien Moine s’est passionné pour la diététique, avant de s’intéresser au jeûne. « J’ai commencé par un premier jeûne de vingt-quatre heures, puis trente-six heures, soixante-douze heures et je suis passé à une semaine complète. En dix ans, j’ai jeûné plus de trente fois une semaine. Rapidement, j’ai constaté de meilleures performances à l’effort, une meilleure capacité de récupération, moins de douleurs articulaires. Mais le plus bluffant, ce sont mes migraines qui ont complètement disparu. » Cet ex-ingénieur informatique, devenu naturopathe et accompagnateur de jeûne, vient de réaliser Le Jeûne-Le film, « premier documentaire sur le jeûne tourné en France ». Conçu au départ « en hommage à Désiré Mérien, biologiste précurseur et fondateur de l’association Nature et Vie dans les années 1970 », le film, qui donne la parole à tous les acteurs du jeûne en France, s’avère être « une main tendue au monde médical ». En effet, dans notre pays, le jeûne n’est pas reconnu médicalement et ne

peut faire l’objet d’une prescription, malgré l’engouement de plus en plus grand que suscite cette pratique millénaire. « Au cours de l’Histoire, l’être humain a survécu grâce à sa capacité à faire face au manque de nourriture. Aujourd’hui, on sait bien qu’on mange trop, et mal », affirme Monique Poupart, ancienne chercheuse en pharmacologie et présidente de Randodiete. Trop de protéines animales, de graisses, de sucres. « Jeûner permet de purger ce qu’on a stocké en excès. Et il est plus facile de repartir après sur une alimentation plus saine », expose-t-elle. Les offres de cures de détox se multiplient, avec plusieurs formules : les uns, comme Désiré Mérien, proposent des séjours « hygiénistes », avec jeûne hydrique pur (on ne boit que de l’eau) et activité physique réduite. D’autres combinent le jeûne (généralement adouci par un jus de fruits frais le matin et un bouillon le soir) avec des promenades en montagne, comme Jeûne et Randonnée ou Randodiete. Mais – officiellement du moins – il ne peut s’agir que de jeûne préventif, destiné à nettoyer l’organisme et non à se soigner.

PRÉVENTIF OU THÉRAPEUTIQUE ? Dans d’autres pays pourtant, il est possible de pratiquer un jeûne « thérapeutique », comme en Allemagne ou en Russie, où des centres spécialisés se sont développés. Parmi les plus célèbres figure la clinique Buchinger Wilhelmi, que de nombreux Français ont découverte à l’occasion de la diffusion sur Arte, en 2012, du documentaire Le Jeûne, une nouvelle thérapie ?, réalisé par Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade. Fondée en Allemagne en

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PAPIER JEÛNE THÉR

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R E P O

L’HYPNOSE A U B LO C O P É R ATO I R E

REPORTAGE CHU HYPNOSE

Depuis une quinzaine d’années, l’hypnose s’invite au bloc opératoire. C’est le cas, depuis 2010, dans le service neurochirurgie de l’hôpital Bicêtre, au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). Une démarche pas si nouvelle, dont les atouts s’avèrent nombreux, à commencer par la participation active du patient.

e faire opérer sous hypnose ? Un scénario proche de la science-fiction il n’y a pas si longtemps. Pourtant, l’hypnose était déjà présente en anesthésie au xixe siècle, avant d’être supplantée par l’utilisation du chloroforme en 1847. « On appelait cela le “sommeil magnétique”. L’hypnose a ensuite été délaissée avec le développement de la pharmacologie moderne. Elle est de nouveau utilisée depuis une quinzaine d’années », précise Antoine Bioy, psychologue clinicien et enseignant à l’université Paris 8. Précurseur, l’hôpital de Liège, en Belgique, utilise depuis 1992 dans son service anesthésie-réanimation l’hypnosédation, hypnose associée à une anesthésie locale ou régionale. « C’est en anesthésie que l’hypnose se répand le plus à l’hôpital. C’est d’ailleurs un peu paradoxal, compte tenu du haut degré de technicité qui caractérise ces services », note le Dr Catherine Bernard, médecin anesthésiste et

hypnothérapeute à l’hôpital Bicêtre 1. À ses côtés, le Dr Sylvia Morar, neurochirurgien, s’est formée en 2002 et pratique l’hypnose pour différentes interventions : biopsie, scanner nécessitant la pose de cadres métalliques fixés dans le crâne et pour les patients présentant des douleurs neuropathiques 2. « L’hypnose évite une anesthésie générale. Le patient est moins angoissé et récupère plus vite. On observe aussi moins de saignements à la fois au bloc et en postopératoire », explique la spécialiste. L’hypnose permet de réduire les doses d’agents anesthésiques de 10 % à 50 %, selon le type d’intervention. Toutefois, s’en passer totalement s’avère compliqué : « il existe très peu de littérature scientifique sur ce point et je ne veux pas prendre le risque que le patient soit réveillé par la douleur », ajoute le Dr Sylvia Morar. PEU DE CONTRE-INDICATIONS L’arrivée de l’hypnose à l’hôpital est souvent perçue comme une évolution positive aussi bien pour le patient que pour le corps médical. Toutefois, même si elle est reconnue par la Société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR), cette pratique suscite encore certains préjugés. « Certaines personnes pensent qu’elles vont être manipulées ou perdre le contrôle. L’imaginaire collectif fantastique ou magique – l’hypnotiseur de spectacle – est encore bien présent »,

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NATUROPATHIE P O U R V I E I L L I R A U N AT U R E L

PAPIER GÉRIATRIE

Le recours à la naturopathie permet d’alléger les ordonnances et les effets secondaires quand les maladies chroniques et les maux de l’âge deviennent synonymes de prescriptions à rallonge.

elon une étude de la société OpenHealth, relayée en septembre 2017 par 60 millions de consommateurs 1, les plus de 65 ans prennent 7 à 58 spécia lités pharmaceutiques par jour ! Une consomma tion pour soulager des maladies souvent chroniques, qui n’est pas sans effets indésirables – troubles cognitifs, vertiges, chutes, démence… Que peut alors la naturo pathie ? « Il faut garder le plus utile de la médecine clas sique et utiliser des techniques douces pour les patholo gies secondaires. On évite ainsi la surmédication de la personne âgée qui est un patient fragile », préconise le

L A NATU RO PAT HI E, C’EST… Une approche globale de la personne et de sa santé, qui la considère dans son environnement et dans toutes ses dimensions – biologique, physiologique, psychologique, émotionnelle. La santé se définit comme un équilibre à rechercher et à maintenir dans ces dimensions. La naturopathie s’attache, dans un cadre préventif et d’éducation à la santé, à préserver cet équilibre grâce à l’hygiène de vie, avec dix techniques naturelles dont trois sont incontournables : l’alimentation, l’exercice physique et la gestion du stress et des émotions. Elle peut inclure des techniques respiratoires, manuelles ou réflexes, l’hydrothérapie (eau), la phytothérapie (plantes), l’aromathérapie (huiles essentielles), la réflexologie plantaire, les massages non thérapeutiques…

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Dr Daniel Caroff. Installé en Alsace, ce généraliste a com plété sa formation avec une capacité d’acupuncture à la faculté de Strasbourg et un diplôme universitaire en aroma thérapie et phytothérapie à l’université de Besançon. Autant de compétences qu’il rassemble dans son cabinet. « Je suis spécialisé en médecines complé mentaires, aimetil à dire. Je propose l’acupuncture, l’homéopathie, la phytothérapie, un suivi psychologique et la médecine manuelle, et mes patients choisissent. La séance va de trente à soixante minutes et on peut marier plusieurs approches. » Fort d’une expérience hospitalière en gériatrie, ce praticien trouve dans la naturopathie un outil très adapté au grand âge, à condition d’en accepter les limites. « Il faut comprendre que la naturopathie n’est pas là pour soigner, mais pour offrir une hygiène de vie et accompagner le patient, prévientil. Dans le cas des personnes âgées, elle peut limiter les effets secondaires de certaines prescriptions. On drainera par exemple le foie avec douceur et de manière adaptée chez quelqu’un qui prend beaucoup de médicaments chimiques fatiguant l’organe. Il existe aussi des plantes médicinales qui sti mulent la mémoire. Les personnes âgées sont souvent fatiguées, or il existe des remèdes et des techniques pour retrouver de l’énergie. On sort du cadre d’une prévention stricte, mais on peut encore porter l’attention sur l’hy giène de vie, l’alimentation. L’objectif n’est pas de redeve nir jeune. » Daniel Caroff voit régulièrement arriver des patients avec un sac de compléments alimentaires, comme

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THERMALISME

REPOR RHUMATISME

L ’A T O U T R H U M A T O

Découragées devant des médicaments qui ne les soulagent pas, des personnes souffrant de rhumatismes se tournent vers les cures thermales. Bien que leurs effets soient encore peu expliqués, ces soins apportent des bénéfices durables pour les curistes.

la station thermale de Rochefort, Brigitte et Annick, deux curistes enjouées, sont en pleine discussion avant d’entrer dans la cabine de soins. Après avoir déambulé dans le couloir de marche destiné à améliorer la circulation veineuse, les deux femmes dressent le même constat : « J’ai commencé à souffrir de rhumatismes aux lombaires à 26 ans. J’ai fait ma première cure ici à l’âge de 50 ans. Aujourd’hui, je ne prends plus d’antiinflammatoires », témoigne Brigitte, 67 ans, originaire de la Sarthe. « Moi, je suis d’abord venue ici pour mon mari qui souffrait d’arthrose au genou, il y a treize ans. Depuis qu’il vient en cure, il va beaucoup mieux et ne prend plus de médicaments. Il devait se faire opérer et finalement, il n’a pas eu besoin de cette intervention. Et depuis que je viens ici aussi, je n’ai plus connu de crises de lombalgies », raconte Annick qui vient de fêter ses 70 ans. « Les curistes viennent, pour 90 % d’entre eux, pour la rhumatologie et ont en moyenne 65 ans. La plupart du temps, ils découvrent le thermalisme après avoir pris des médicaments qui ne les soulagent pas », résume Frédéric Pelestor, directeur général de la station. Hydromassages, cataplasmes, douches au jet, rééducation en piscine : une vingtaine de soins différents sont ici prodigués en rhumatologie, phlébologie, dermatologie… Si les bienfaits de la cure semblent liés aux propriétés thérapeutiques de l’eau thermale, prendre soin de soi, s’éloigner des

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tracasseries du quotidien pendant trois semaines et recevoir des conseils contribueraient aussi à l’efficacité de la cure. Il est difficile de déterminer précisément les raisons du mieuxêtre des curistes, les études scientifiques étant complexes à mettre en place. Les soins thermaux en rhumatologie et en phlébologie pour l’insuffisance veineuse ont fait leurs preuves d’après des études européennes 1, mais les bénéfices dans d’autres orientations (dermatologie, infections ORL…) restent encore complexes à quantifier. Les bienfaits du thermalisme sont encore sujets à controverse. EN RHUMATOLOGIE, DES RÉSULTATS POSITIFS DANS 80 % DES CAS Pour autant, suivre une cure thermale n’est pas forcément une partie de plaisir. La première semaine peut s’avérer difficile : « Je ressens une grande fatigue au bout de quelques jours et les vieilles douleurs se manifestent avec plus d’intensité », reconnaît Annick. C’est ce qu’on appelle la « crise thermale ». « Les minéraux présents dans l’eau thermale vont activer l’inflammation. Certaines personnes peuvent même ressentir de la fièvre. Le médecin peut parfois demander un arrêt de la cure pendant deux ou trois jours. En général, les crises s’estompent les années suivantes », explique Frédéric Pelestor. Désagréable, mais passager, cet effet de la cure se manifeste avec une intensité variable et s’avère plus marqué la première année.

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R E P O R T

ALZHEIMER LES VERTUS THÉRAPEUTIQUES DE LA MUSIQUE

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Écouter de la musique, jouer d’un instrument… les bienfaits de la musique sont de plus en plus reconnus pour les malades d’Alzheimer. Parce qu’elle stimule la mémoire, recrée des souvenirs ou apaise les troubles, la musicothérapie constitue une alternative non médicamenteuse vertueuse dans la prise en charge de la maladie.

PAPIER ALZEI

lors que le déremboursement des médicaments anti-Alzheimer est effectif depuis le 1er août 2018 et que la Haute Autorité de santé préconise les thérapies non médicamenteuses dans la prise en

M U SIC & M E M ORY : U NE A LTE RN ATI VE AUX MÉD I CAMENTS ? Aux États-Unis, le programme de musicothérapie Music & Memory permet, grâce à une playlist personnalisée, de recréer les souvenirs des personnes atteintes de troubles cognitifs et de la maladie d’Alzheimer. Pour savoir si ce programme améliorait les symptômes de ces patients, des chercheurs de la Brown University School of Public Health ont mené une étude auprès de 12 905 résidents de 98 maisons de retraite participant au programme et d’un effectif équivalent servant de groupe témoin. En six mois, la proportion de résidents participant au programme qui a arrêté son traitement antipsychotique est passée de 17,6 % à 20,1 %, tandis qu’elle est restée stable dans le groupe témoin (entre 15 et 16 %). La musicothérapie pourrait donc augmenter l’arrêt des antipsychotiques et anxiolytiques utilisés pour traiter la démence, et ainsi éviter leurs effets secondaires, sans présenter de risques. Source : Kali S. Thomas et al., « Individualized Music Program is Associated with Improved Outcomes for U.S. Nursing Home Residents with Dementia »,

American Journal of Geriatric Psychiatry, 25, 9, septembre 2017.

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charge de cette maladie, la musique s’invite dans les hôpitaux, les Ehpad et les maisons de retraite. Auprès des malades, deux axes sont possibles. La musique peut être diffusée via des bornes musicales ou par le biais d’ateliers pour faire chanter les résidents. Elle peut aussi être envisagée de manière thérapeutique : apprentissage de nouvelles mélodies, utilisation de la musique pour accompagner les soins et réduire les troubles du comportement… Dans les deux cas, les bénéfices sont tangibles. Quels en sont alors les grands principes ? AMÉLIORER LA PLASTICITÉ DU CERVEAU Écouter ou jouer de la musique sollicite différentes régions du cerveau, notamment les circuits de la mémoire, du langage, de la motricité et ceux de l’émotion. « La musique active les circuits de la récompense en libérant de la dopamine. Elle calme la douleur et améliore la plasticité du cerveau en provoquant des changements dans les connexions synaptiques », souligne Hervé Platel, professeur de neuropsychologie et chercheur à l’Inserm de Caen. En jouant d’un instrument, nous sollicitons plusieurs types de mémoire : mémoire épisodique (le souvenir du contexte d’écoute), de travail, sémantique (les styles musicaux appréciés), perceptive (la mémoire des timbres de voix) et procédurale (apprentissage et automatisation des gestes). « Dans la maladie d’Alzheimer, ce sont les mémoires procédurales et perceptives qui sont atteintes en dernier. Il est donc possible d’apprendre à jouer d’un instrument même à un stade avancé de la maladie », estime le Dr Thierry Bautrant, méde-

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SANTÉ Et si le temps était venu de la coopération ? Et si la médecine allopathique – conventionnelle – et les médecines alternatives – complémentaires – conjuguaient leurs atouts au service de la santé des patients ?

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Pendant des siècles, l’être humain s’est soigné avec les plantes, les remèdes des druides, des chamanes… Avec l’émergence des sciences, au xixe siècle, il a progressivement délaissé ces pratiques au profit de la chimie. Cette médecine moderne, qui a permis entre autres d’allonger la durée de vie, a aussi eu des aspects délétères, de plus en plus pointés du doigt. Raison pour laquelle des pratiques naturelles refont surface ou sont remises au goût du jour. Ce hors-série, loin du combat stérile entre les médecines, montre qu’une convergence est possible. Avec des reportages, des points de vue, des interviews, il esquisse les contours d’une approche intégrative, où médecines allopathique et complémentaires – phytothérapie, naturopathie, ayurvéda, médecine chinoise, chiropraxie, etc. – s’associent pour le bien-être de chacun.e, à chaque saison de sa vie.

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« Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts. » Isaac Newton