HS 17 : Jardiner à la ville, à la campagne

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COMMENT DE VENIR AUTONOME • TOME 4

FICHES PRATIQUES, REPORTAGES, PORTRAITS…

r e n i d r a J à la ville, à la campagne

AVEC LE REGARD DE

Gilles Clément


Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 98 913 € Siège social 74A, rue de Paris - 35000 Rennes info@kaizen-magazine.fr www.kaizen-magazine.com

COMMENT DEVENIR AUTONOME / K AIZEN – HORS-SÉR IE 17

Édito

Hors-série n° 17 « Jardiner à la ville, à la campagne » Avril 2021 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval

La révolte des citoyens jardiniers

Directeur de la publication Patrick Baldassari Rédacteur en chef Pascal Greboval Rédactrice en chef adjointe Sabah Rahmani Secrétaires de rédaction Emmanuelle Painvin Élise Lejeune

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Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (Imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées

’est la révolution par la bêche ! Si on a une bêche, de la semence et de la terre, il faut entrer en dissidence », défend avec humour et conviction Pierre Rabhi. Car aujourd’hui, jardiner en bio est devenu un acte porteur de sens. À la campagne comme à la ville, du jardin au balcon, en terrasse ou sur le toit, avec une grelinette ou avec les doigts, tout contact avec la terre est une invitation à renouer avec le vivant, nos sens et notre conscience. Les sagesses et les savoir-faire populaires ont souvent su cultiver cette connexion intuitive et spontanée à Gaïa. Malmenée depuis la pétrochimie, notre Terre nourricière a plus que jamais besoin de notre respect et de notre reconnaissance. Et si jardiner demande un peu d’effort, c’est pour beaucoup un plaisir, un partage, parfois un soutien, toujours une récompense. En forêt, dans une maison ou en appartement, dans un quartier, une entreprise, à l’école ou encore à l’hôpital ou en prison, on jardine en liberté. À cultiver son jardin, on en récolte toutes les saveurs : gustatives, sociales, psychologiques et créatives. « Les plantes communiquent », nous dit désormais la science, après les avoir longtemps considérées comme des organismes « végétatifs »… Sensibles à leur environnement – et sans nul doute aux personnes qui les entourent et en prennent soin –, elles rappellent les lois du vivant, de ce merveilleux réseau d’interconnexions entre matière, lumière, minéral, végétal, animal, humain… qui nous invite à l’humilité. La moindre parcelle de terre, même lovée dans une jardinière ou un pot, est un microcosme qui vous offrira l’occasion de toucher du doigt cette force de vie. Et plus nous serons nombreux à plonger nos doigts dans la terre, plus nous résisterons au système aliénant. Pot de terre contre pot de fer… Alors, aux bêches, citoyens !

SIRET : 539 732 990 000 38 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0322 K 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution

Sabah Rahmani, rédactrice en chef adjointe

Journalistes multimédias Maëlys Vésir Marius Gouttebelle Directrice administrative et financière Céline Pageot Attachée commerciale Aurore Gallon Chargée de communication Marie Geffroy Gestionnaire service abonnements Delphine Le Louarn Stagiaire pour ce numéro Marie Thomazic Abonnements et commandes 74A, rue de Paris - 35000 Rennes abonnement@kaizen-magazine.fr Tél. 02 23 24 26 40 Direction artistique, maquette et mise en pages • www.hobo.paris hobo.paris - hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Photo de couverture © PIXEL STORIES Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29

Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50 Distribution MLP Vente au numéro pour les diffuseurs Destination Média • Tél. 01 56 82 12 00 contact@destinationmedia.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peuvent être reproduits sans l’autorisation du magazine. Merci.

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Sommaire

6 Édito ................ 3 Présentation des auteurs ...... 4

Avant-propos de Pierre Rabhi « La révolution par la bêche ! » ... 8

Préface de Gilles Clément « Accéder au jardin, c’est se libérer » ...... 10

Les bases du jardin

Jardiner au balcon

Interview Stefano Mancuso « L’horizon des plantes concerne les générations futures » .......................................... 16

Le regard de Gilles Clément « Travailler avec les mains et acquérir une connaissance du vivant » ................................. 44

Quatre approches écoresponsables ......................... 20 Terre, vie et santé du sol .......................................... 22 Gestion de l’eau ........................................................ 26

Reportage Des loggias comestibles en plein cœur de Lyon ..... 46 Fiche pratique Quelles plantes dans quels pots ? ............................ 50 Cultiver sur les toits et créer de la vie ..................... 52

Récolter ses graines ................................................. 30

Portrait Joe et Pascal, néojardiniers perchés ....................... 56

Troquer ses graines au lieu d’acheter ..................... 31

Reportage Primum non nocere, un potager sur le toit ........... 58

Calendrier Mon potager mois par mois .................................... 32

Fiche pratique Culture verticale pour optimiser les petits espaces ...................................................... 62

Bien choisir ses outils .............................................. 34

Portrait Jessica, ou l’art du très petit jardin ......................... 64

Le pouvoir des plantes aromatiques ....................... 38

Un jardin dans mon école ....................................... 66 Fiche pratique Regrowing, faire pousser des légumes dans sa cuisine ......................................................... 70

Origine du papier : pages intérieures : Belgique ; encart : Allemagne ; couverture : Pays-Bas. Taux de fibres recyclées : 0 %. Ce magazine est imprimé sur un papier issu de forêts gérées durablement. Eutrophisation : Ptot = 0,018 kg/t. Pour les abonnés : une relance de fin d’abonnement.


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Ateliers, stages et formations .... 138 Bibliographie .............................. 140

Abonnement ........ 146

Jardiner en ville

Jardiner à la campagne

Le regard de Gilles Clément « Lorsqu’on sème une graine, c’est pour demain » .... 74

Le regard de Gilles Clément « Il est bien question d’un art de vivre » .............. 108

Reportage Des urbainculteurs aux portes de Paris ................. 76

Reportage Les terrasses nourricières de Marie-Hélène Germain et Jean-Claude Audigier ........................................ 110

Fiche pratique Demander un permis de végétaliser ....................... 80 Jardins partagés, la ville en vert et pour tous ........ 82 Portrait Aline, de cadre sup à cheffe de jardin urbain ........ 86 Reportage Nantes nourricière et solidaire face à la crise ........ 88 Fiche pratique Construire un hôtel à insectes ................................ 92 Gérer la pollution des sols urbains ......................... 94 Fiche pratique Des insectes en ville, c’est possible ! ........................ 97 Portrait Bernadette, Betty et Pierre, cojardiner et cultiver la convivialité ......................................... 98 Ces jardins de soin qui font du bien ..................... 100 Fiche pratique Construire un châssis à semis ............................... 104

Fiche pratique Purins de plantes, élixirs naturels ........................ 114 Jardiner avec un climat qui change ...................... 116 Fiche pratique La rotation des cultures ......................................... 120 Portrait Marc et Annie Grollimund, bienvenue au potager-mandala ! ........................... 122 Reportage La Forêt gourmande de Fabrice Desjours ............ 124 Fiche pratique Accueillir des poules au jardin ............................. 128 Portrait Marie, alliée de la terre et de la lune ..................... 130 Comment se protéger des « ravageurs » ? ............. 132 Fiche pratique Une serre dans mon jardin .................................... 136

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Avant-propos

Pierre Rabhi

« La révolution par la bêche ! » L’agriculteur et philosophe Pierre Rabhi rappelle les multiples bienfaits à cultiver son jardin… extérieur et intérieur. Le potager serait-il à la source du changement social et intime ? Vous êtes très sollicité par vos engagements citoyens. Trouvez-vous encore le temps de jardiner ? Oui, j’ai toujours dit que, malgré mes nombreuses activités, mon jardin n’était pas négociable ! Le jardinage est extrêmement important car il me relie véritablement à la vie réelle. Alors que nous sommes pris dans une effervescence, dans une sorte de frénésie où la vie a presque l’air de se gaspiller, jardiner me remet dans une bonne cadence.

présent, les jours rallongent et, petit à petit, la végétation s’éveille. C’est magnifique ! On prépare la terre, on enlève l’herbe gênante. J’ai déjà transplanté des tomates, des poivrons, des aubergines, et semé des oignons, des pois chiches, des courges, etc. Le jardin est en pleine expansion.

Il nourrit donc votre jardin intérieur… Tout à fait, parce qu’il se passe alors des phénomènes sensibles et que l’on entre dans un autre rapport au temps. Le jardinage apprend par exemple la patience : j’aurais beau engueuler mon plant de tomates, il ne donnera rien avant d’être mûr. Lorsqu’on jardine, on n’a aucune garantie de réussite ; les choses doivent évoluer par elles-mêmes. On peut réussir magnifiquement et échouer tout aussi magnifiquement. Cela nous incite à l’humilité. On n’est pas maître. On fait du relatif, pas de l’absolu. Grâce au jardinage, on se replace dans les cycles de la vie, extérieurs et intérieurs, à l’image du rythme de la respiration, des battements du cœur, de la circulation du sang, puisqu’on est tous cadencés.

Quelle attention doit-on porter au sol d’un jardin ? Il faut d’abord cultiver la terre avec soin, sans bien entendu utiliser d’engrais et de pesticides. Cette attention, l’agriculture biologique nous la donne. Plus sensible, l’agriculture biodynamique va quant à elle encore plus loin car elle intègre les énergies cosmiques (Lune, Soleil, etc.) et pas seulement les énergies terrestres. Pour nourrir les sols, on fait du compost afin de produire de l’humus – élément clé de la vie. Grâce à cette matière organique, les bactéries et les micro-organismes de toutes sortes, le sol est « dopé » positivement. En réalité, on imite ce qui se fait dans la nature, notamment dans le monde forestier où les végétaux décomposés se transforment en humus. On travaille ainsi la terre sans trop de violence. On ne fait pas de retournement profond – sauf exception, pas plus de 40 centimètres environ selon le sol, qui, seul, nous indique la façon dont il faut le traiter.

Comment vivez-vous le printemps, saison du renouveau ? Je le vis très bien car, durant cette période, les énergies terrestres et cosmiques se conjuguent pour que la vie puisse reprendre sa vitalité et sortir du sommeil de l’hiver. Le printemps marque le début ; le soleil est plus

En plus de ces connaissances sur le jardinage, vous dites qu’il faut être attentif et observateur pour cultiver… Oui, car tout est lié. J’associe la connaissance, la pensée et je pourrais presque dire l’amour. Jardiner nécessite et demande une énergie particulière : le corps est sollicité


Lesdubases jardin


Plantes, sol, eau, graines, calendrier, outils… Et si l’on révisait les bases du jardin écologique ? Interview Stefano Mancuso « L’horizon des plantes concerne les générations futures » .......................................... 16 Quatre approches écoresponsables ......................... 20 Terre, vie et santé du sol .......................................... 22 Gestion de l’eau ........................................................ 26 Récolter ses graines ................................................. 30 Troquer ses graines au lieu d’acheter ..................... 31 Calendrier Mon potager mois par mois .................................... 32 Bien choisir ses outils .............................................. 34 Le pouvoir des plantes aromatiques ....................... 38


Jardiner au balcon


Au balcon, sur le toit, dans une école, une cuisine, une loggia… Nul besoin d’avoir une grande parcelle pour jardiner heureux ! Le regard de Gilles Clément « Travailler avec les mains et acquérir une connaissance du vivant » ................................. 44 Reportage Des loggias comestibles en plein cœur de Lyon ..... 46 Fiche pratique Quelles plantes dans quels pots ? ............................ 50 Cultiver sur les toits et créer de la vie ..................... 52 Portrait Joe et Pascal, néojardiniers perchés ....................... 56 Reportage Primum non nocere, un potager sur le toit ........... 58 Fiche pratique Culture verticale pour optimiser les petits espaces ...................................................... 62 Portrait Jessica, ou l’art du très petit jardin ......................... 64 Un jardin dans mon école ....................................... 66 Fiche pratique Regrowing, faire pousser des légumes dans sa cuisine ......................................................... 70


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Jardiner au balcon

Culture verticale pour optimiser les petits espaces Quand on possède un espace réduit pour jardiner, les surfaces verticales entourant le balcon ou la terrasse peuvent tout à fait servir de support de culture. Explications de Jean-Jacques Morvan, professeur d’horticulture et expert en jardinage sur le site Mon Petit Coin Vert.

Les plantes à privilégier

Le jardinage vertical est idéal pour optimiser sa surface de culture. Mais toutes les plantes ne s’y prêtent pas. On abandonne l’idée des légumes qui ont besoin d’une terre profonde pour leurs racines ou encore les espèces trop lourdes et trop volumineuses, comme les courges. Salades, mâche, oignons, radis, haricots, tomates, pois ou encore piments n’auront en revanche aucun souci à prendre de la hauteur. Les herbes aromatiques s’y trouveront aussi parfaitement à l’aise. Les cucurbitacées sont une autre bonne option, comme les concombres ou les cornichons. Sans oublier les fraisiers ou encore les capucines grimpantes, comestibles.

Des branches pour palisser

L’une des bases de la culture verticale est de palisser, c’est-à-dire lier les branches d’une plante sur un support pour leur imposer une direction. « Pour former un treillis sur lequel palisser les plantes, je récupère des branches bien droites de noisetier ou de châtaignier dans des talus, explique Jean-Jacques Morvan. Je fixe deux branches verticalement sur un mur, puis, dans l’espace qui les sépare, j’accroche horizontalement des branches plus petites. On peut s’amuser à faire un tissage très esthétique. » Au pied du treillis, on place les pots de plantes qu’on palisse au treillis au fur et à mesure de leur pousse. Plaqués au mur, les végétaux résistent mieux au vent et bénéficient, la nuit, de la réfraction de la chaleur du mur. En vertical, Jean-Jacques fait pousser des courgettes, des concombres, des melons, des haricots d’Espagne et des chayotes [de la famille des cucurbitacées]. « Autre option : attacher horizontalement plusieurs fils solides entre les deux branches verticales et y fixer des pots individuels, en géotextile par exemple. Légers et écologiques, ils sont opaques à la lumière, protégeant ainsi les racines », poursuit l’expert.


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Une palette plantée

Récupérez une palette dont le bois n’a pas été traité avec des produits chimiques. Posée à la verticale contre un mur, elle deviendra un bon support de culture… Il suffit de la bricoler un peu ! D’abord, agrafez du géotextile sur les bords intérieurs de la palette, « pour éviter de perdre du terreau à chaque arrosage ». Comblez les vides de la partie arrière en clouant des planches dans les trous. Glissez ensuite deux tuyaux de la même hauteur que la palette dont l’extrémité dépassera de la surface de la terre ; ils vous permettront d’arroser en profondeur. Remplissez la palette de terre, plantez à la surface et glissez d’autres plants à chaque étage, en les passant à travers les lattes de la palette. Imbibez bien la motte de terre du plant pour vous faciliter la tâche. Vous pouvez aussi installer tout simplement la palette contre un mur et y fixer des pots ou des sacs à planter. Veillez à la fixer pour ne pas qu’elle bascule vers l’avant.

Une tour de bouteilles en plastique

Une autre technique consiste à créer une ou plusieurs tours de culture à partir de bouteilles en plastique. Légère, cette méthode ingénieuse permet une distribution de l’eau par gravité sans avoir à fabriquer un système d’arrosage. Le principe est plutôt simple. Une tour est généralement constituée de quatre bouteilles empilées. Vous pouvez aligner trois ou quatre tours côte à côte. Découpez un rectangle de 10 × 5 centimètres au milieu de chaque bouteille. La plante sortira par ce trou. Percez chaque bouchon et découpez dans chaque fond de bouteille un rond légèrement plus grand que le diamètre du goulot. Insérez le goulot d’une bouteille dans le fond d’une autre, puis fixez-les en revissant le bouchon de la première bouteille. Placez la tour goulots vers le bas. Pour la suspendre, tout dépend de l’environnement du balcon : à un crochet existant, un rebord de fenêtre, un dessous d’étagère. Remplissez chaque bouteille de terre et plantez de préférence des herbes aromatiques ou des fraisiers.

Un meuble de récup

L’idée est d’installer sur son balcon ou sa terrasse un meuble de récupération permettant d’empiler plusieurs étages de pots à cultiver : une vieille commode fera par exemple très bien l’affaire. On ouvre le tiroir du bas au maximum, les suivants de moins en moins, de manière à former un escalier de plantes. Chacune bénéficiera ainsi d’un maximum de soleil.

Utiliser le « plafond »

« Pour gagner encore plus d’espace et exploiter la hauteur, on peut installer sur une terrasse une treille, suggère Jean-Jacques Morvan. Attention toutefois au vent, qui peut être un facteur limitant. » Vous pourrez ainsi cultiver toute la surface du « ciel ». Avant de vous lancer, veillez à consulter le règlement de copropriété à ce sujet. Les plantes qui se développeront sur la treille créeront de l’ombrage. On y plante surtout du raisin, mais on peut aussi cultiver d’autres plantes grimpantes, comme le houblon ou le kiwi. A. G.

Pour aller + loin • www.monpetitcoinvert.com

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Jardiner au balcon

Jessica,

ou l’art du très petit jardin

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Dans son appartement perché sur la butte Montmartre, Jessica est devenue experte dans l’art de cultiver des légumes au balcon. Pour partager ses connaissances et savoir-faire, elle propose aux urbains des ateliers souriants et gourmands.

maginez une grande table sur laquelle sont joliment posés des sachets en origami contenant des échantillons de graines et des petits pots prêts à accueillir des semis d’aromates. Nous sommes dans le jardin du musée de Montmartre, à Paris, et Jessica accueille un petit groupe d’adultes qu’elle initie au potager de balcon. Parmi eux, Delphine, une amie de longue date. « Elle a vraiment le souci de s’assurer qu’on pourra se débrouiller de retour à la maison. Elle a beaucoup insisté sur le fait que la main verte, cela n’existe pas. Que l’important, c’était de commencer. Sa façon de répondre aux questions est très pointue, mais rassurante. » « J’adore aider les gens à comprendre la façon dont fonctionne un jardin. Nous sommes en ville, les gens ont peu de connaissances sur le sujet. Ce savoir s’est perdu très vite, en seulement deux générations. Et j’ai vraiment envie de transmettre cette reconnexion à la nature. »

Avant de plonger les mains dans la terre de son balcon, puis de s’organiser pour transmettre ce qu’elle a appris, Jessica occupait un « job de bureau », qui lui prenait beaucoup de temps et a fini par la mener au burn-out. Une fois remise, elle a réfléchi à ce qui lui faisait envie, et le jardinage s’est imposé comme un écho à ses souvenirs d’enfance ; une occasion de développer une activité manuelle. « J’ai grandi à la campagne et j’avais l’habitude d’aller chercher au jardin ce dont j’avais besoin, raconte-t-elle. Produire une partie de ce que je consomme compte pour moi. »

Organiser, planifier, déguster

Pour commencer, Jessica a testé les plantes aromatiques, puis elle s’est lancée dans les salades, les épinards et autres légumes-feuilles avant de découvrir les fleurs comestibles (capucines, bourraches, soucis, bleuets) et les tout petits légumes-racines (carottes et oignons). « Voir les plantes pousser, les cueillir, puis les cuisiner m’apporte une grande satisfaction, souritelle. Même si cela ne suffit pas, puisque nous sommes cinq à la maison. » Pour agrandir son espace cultivable, Jessica a posé des pots sur le toit qui jouxte son appartement. Elle


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« J’a i fait de mon hobby un métier. » des plantes comestibles dans les plates-bandes fleuries. « J’aime lire, aussi. Des grands classiques, comme Le Traité Rustica du potager, ou des choses plus spécifiques telles que Mon balcon en permaculture. »

Ateliers lactofermentation

a recyclé de vieilles caisses de vin en bois, s’est essayée aux très grands sacs conçus pour les jardinières et jardiniers qui vivent loin du sol. « J’habite au troisième étage. Par conséquent, monter la terre n’a rien d’évident, détaille Jessica. Au départ, j’amenais des sacs de terreau puis, petit à petit, j’ai commencé à le mélanger à mon compost car je me suis mise au lombricompostage. J’essaie de réutiliser tout ce que je peux côté cartons. Quelquefois, j’ajoute de la fibre de coco. Je fais un mélange. En ville, à Paris en particulier, il n’y a pas grand-chose en matière de ressources. Il faut apprendre à s’organiser. » Côté inspiration, Jessica glane çà et là. Elle observe les créations des autres jardiniers, scrute leurs agencements, apprécie quand les jardiniers de la Ville de Paris mettent

« Dans son entreprise, elle était chargée de la planification et de l’organisation. Là, elle fait pareil, constate Delphine. Elle optimise, elle invente, elle s’organise. Elle a transposé son savoir-faire. Je trouve cela vraiment chouette. » « J’ai fait de mon hobby un métier », reprend Jessica, qui entretient donc un petit potager dans le jardin du musée de Montmartre où se tiennent ses ateliers quand le temps n’est pas au confinement. Quand elle peut, cette microentrepreneure s’inspire de ce qu’elle récolte dans ses jardinières, pots et autres contenants de balcon. « Je pars de ce que j’ai envie de cuisiner pour décider de ce que je plante sur mon balcon, et vice versa », décrit-elle. Le plaisir des senteurs, celle de la coriandre par exemple, la guide aussi. Sa dernière découverte, c’est le shiso, une plante « qui donne un goût anisé aux soupes ». Elle s’est promis d’en avoir à disposition cette année. À côté du jardinage, Jessica développe une activité « fermentation des légumes » : « Il est intéressant de relier les deux. La lactofermentation fait travailler les mêmes bactéries que celles du sol. » Elle anime des ateliers pour les adultes sur le sujet et propose sur son blog Au four & au moulin des recettes de conserves, comme les citrons confits au sel, assorties d’explications érudites sur l’histoire de la fermentation, et de très jolies photos. L’importance de la transmission, encore et toujours, avec précision et élégance. N. W.

Pour aller + loin • www.aufouraumoulin.com

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Jardiner au balcon

Un jardin

dans mon école Moins de stress, plus de coopération et des apprentissages facilités : ce sont quelques-uns des trésors que l’on peut récolter quand on fait classe dehors, notamment au potager. Les enseignants qui se sont lancés dans cette aventure sont heureux. Leurs élèves aussi.

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n jardin plein de fleurs et des tomates bien mûres, prêtes à être cueillies. Voilà ce qu’ont trouvé les enfants de l’école Saint-Charles, à Quimper, quand ils ont repris l’école en septembre 2020. « Pour les plantations, je m’organise en fonction des contraintes scolaires, explique Isabelle, l’enseignante à l’origine de cette activité au potager. Il faut que l’on puisse récolter après l’été. » Les pommes de terre aussi peuvent être récoltées à la fin de la période estivale. « C’est LE truc à faire avec les enfants, conseille Hugo Marteau de l’association Nous, les graines de demain, qui accompagne des projets de jardins à l’école. Ils fouillent la terre et trouvent des pommes de terre, comme ils le feraient dans une chasse au trésor. Même chose avec les vers de terre ou les escargots. »

Activités manuelles : le grand bonheur

« Le plus important consiste à aménager des bandes de terre et à les pailler, commente Hugo Marteau. Ensuite, on fait ce que l’on veut. On sème et on plante des fleurs, des bulbes, des légumes… ou rien du tout. Une fois que l’espace est prêt et réservé, tout peut arriver. » Dans le jardin de l’école bretonne, Isabelle et les enfants ont aménagé une butte de permaculture de 12 x 2 mètres. « C’était notre travail de l’hiver 2019-2020, retrace l’enseignante. On a creusé avec les élèves volontaires sur le temps du déjeuner ou le soir. On a enfoui des feuilles, des branches, des déchets de cantine. On a ajouté de la terre et du terreau. Au printemps, après le confinement, on a semé et planté. »


Jardiner en ville


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Jardiner en ville

Le regard de Gilles Clément

« Lorsqu’on sème une graine, c’est pour demain » Naturellement tourné vers le futur, le jardin en ville aborde les sujets fondamentaux du vivre-ensemble et de la santé. Un nouveau « territoire mental d’espérance »…

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n ne peut pas déclarer que ces atouts précieux du jardinage sont réservés au seul territoire urbain. Sur le plan de la santé, cela ne se discute pas : le jardin équilibre le corps, supprime le stress. On peut le qualifier de territoire mental d’espérance tant il est vrai que cette activité est constamment tournée vers le futur. Lorsqu’on sème une graine, c’est pour demain ; aucune nostalgie possible dans l’espace du jardin. Ce sentiment règne partout, ville ou campagne. Ce n’est pas la même chose avec le « vivre-ensemble », car tout dépend de la densité de l’habitat et du nombre de personnes motivées ayant un accès facile à un territoire se destinant au jardin. La ville offre souvent plus de possibilités dans ce domaine que la campagne, parfois désertée ou peu habitée. Le jardin comme outil thérapeutique devrait être mieux valorisé tant il semble efficace. Encore faut-il avoir la place de faire un jardin. Comme certains

hôpitaux, celui de Nancy par exemple, dont il est question dans ce hors-série [lire page 100]. Heureusement, de nombreux établissements de santé possèdent un espace équivalent à un parc ou un grand jardin. Toutefois, ces espaces sont souvent appréciés pour leur décor apaisant sans qu’il soit envisagé d’offrir aux patients une activité de terrain. Il y a une très grande différence entre le jardin comme environnement apaisant et le jardin comme lieu d’expérimentation où l’on met les mains dans la terre. Dans ce domaine particulier – le rééquilibrage par le jardinage –, les travaux d’Anne Ribes, infirmière devenue paysagiste, spécialiste des jardins de soins, font partie des initiatives importantes qui ont contribué à améliorer le rétablissement des patients dans tous les lieux de « résidence par détention », qu’il s’agisse d’hôpitaux ou de prisons. Certains « parcs » d’agrément, associés au bâti comme un espace valorisant l’architecture, ont désormais changé de fonction pour devenir des lieux d’expression


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Jardiner en ville

Construire

un hôtel à insectes Jolis et utiles, les hôtels à insectes serviront de refuge durant l’hiver aux coccinelles et autres mangeurs de pucerons (syrphes, perce-oreilles, carabes, chrysopes…). Les pollinisateurs (bourdons, abeilles solitaires, papillons) pourraient aussi être séduits par un hôtel à leur mesure. Pas à pas pour en fabriquer un vous-même avec des matériaux de récupération.

Comment ?

Il est possible de réaliser des hôtels à insectes de différentes tailles : tout dépend de la place et du temps dont on dispose. Pour l’armature, vous pouvez récupérer une vieille étagère ou un vieux meuble – choisissez de préférence un bois imputrescible : douglas, mélèze, chêne, châtaignier – ou la confectionner à partir de planches récupérées. Veillez à ce que cette ossature soit suffisamment solide pour supporter un poids important et prévoyez une couverture imperméable de la structure (toit en ardoises, par exemple). Aménagez ensuite des petits

compartiments et remplissez-les avec des fagots de branches, des tiges creuses (de sureau, par exemple), des bûches percées de trous imitant les galeries, de la paille, des briques, des pots en terre retournés et bourrés de paille ou de copeaux, des pommes de pin, des feuilles mortes. L’idée consiste à obtenir des trous et espaces plus ou moins gros pour correspondre aux insectes de chaque espèce.

Où poser son gîte miniature ?

L’hôtel doit être orienté sud, sud-est, de préférence dos au vent, pour que les insectes profitent du soleil matinal sans être importunés par d’éventuelles bourrasques. N’oubliez pas de le surélever d’environ 20 à 30 centimètres (sur des parpaings, par exemple) pour le protéger de l’humidité. Il faut évidemment qu’il y ait à manger pas trop loin (fleurs, arbres, plates-bandes, haies), sans quoi vos hôtes fileront aussi vite qu’ils sont arrivés. Pensez à vérifier régulièrement que les matériaux ne s’abîment pas et n’hésitez pas à changer les branches, écorces et feuilles qui seraient trop endommagées. Cette attention sera récompensée, car, au fil des mois et des années, la diversité s’étoffera ! N. W.


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Des insectes en ville, c’est possible ! Voici quelques conseils pour que les insectes s’invitent dans les jardins urbains, par Hugues Mouret, de l’association Arthropologia. Planter des haies

Restituer de la biodiversité, c’est redonner de la vie au sol. Il faut donc planter des arbres. En plus de créer des zones d’ombre, très bénéfiques dans les villes, surchar­ gées d’espaces minéralisés, ils apportent de l’humidité. Si l’on peut planter une double haie – sans oublier en premier lieu de se mettre d’accord avec son voisin –, l’espace susceptible d’accueillir les insectes sera plus étendu. Ils pourront s’y réfugier l’hiver, quand il fait froid, mais aussi l’été, lorsqu’il fait très chaud. Les arbustes, souvent riches en fleurs, sont particulièrement recommandés. Un prunus, par exemple, est un gros fournisseur de fleurs qui offre l’équivalent de 20 à 30 mètres carrés de surfaces de prairies.

Semer des fleurs

Les insectes ont besoin du sucre offert par le nectar des fleurs. Plus on en plante, plus on a de chances de les attirer. On peut choisir des fleurs comestibles comme les capucines ou les soucis. Les plantes aromatiques sont un moyen facile d’appâter les insectes. Attention avec les plants, qui seront issus de l’agriculture biologique et n’auront pas été traités avec des pesticides.

Vérifier l’accès à l’eau

On s’assure que les insectes pourront s’abreuver, ce qui n’est pas toujours facile en ville, où une grande partie des eaux sont drainées. On peut prévoir une mare de récu­ pération de l’eau de pluie, qui constituera par ailleurs un réservoir de biodiversité très intéressant. L’inconvénient, ce sont les moustiques, car ils n’ont pas assez de préda­ teurs. Une réserve remplie d’eau et de sable et/ou de cail­ loux peut permettre aux insectes de boire sans que les moustiques puissent y élire domicile.

Entretenir avec discernement

Nous conseillons de réserver au moins 30 % de la sur­ face du jardin à la nature ; il ne faut pas vouloir tout « nettoyer ». Les insectes ne viendront pas s’installer au pied d’un arbre planté dans une pelouse tondue rase. Il convient de leur donner de quoi se cacher : tas de feuilles, de pierres, vieilles écorces, etc. Un hôtel à insectes [lire page 92] ne remplacera jamais les surfaces disponibles sous un paillage ou d’autres espaces hors sol. On n’hésite pas à laisser des espaces de renaturation spontanée. Si on dispose d’un espace de prairie, on doit essayer de ne pas tout faucher d’un coup, pour laisser la possibilité aux insectes de se réfugier dans la partie non coupée. Le risque serait de faire disparaître tous les insectes et animaux.

Jouer collectif

Recréer de la biodiversité seul, dans son jardin, est une tâche difficile. L’effet oasis au milieu d’un espace urbain minéralisé ne fonctionne pas très bien. Le mieux est d’essayer de convaincre ses voisins de jardin de réserver également de leur côté une place à des espaces de nature. On peut aussi s’organiser pour végétaliser les pieds d’immeubles et d’entreprises, les endroits non construits des habitats collectifs, les bords de rues et de routes, en travaillant par exemple avec la commune [lire page 80]. Ces lieux, s’ils sont a priori improductifs, permettront de créer un maillage de biodiversité et les insectes pour­ ront circuler. N. W.

Pour aller + loin • www.arthropologia.org

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Jardiner à la campagne


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r e n i Ja rd à la ville, à la campagne

Voie royale vers l’autonomie, l’acte de jardiner n’est-il pas aussi un art de vivre ? Voire un acte révolutionnaire ? Quelle que soit votre démarche, en jardinant, vous vous reconnectez au vivant. Et, bonne nouvelle, le vivant est partout : au balcon, en terrasse, sur les toits, à la ville, à la campagne… Après les Trente Glorieuses et l’expansion des supermarchés, le temps est venu de troquer le caddie pour la bêche ! Citoyen·nes des champs ou citoyen·nes des villes, avec ce nouveau hors-série « Comment devenir autonome », tome 4, Kaizen vous invite à (re)découvrir le plaisir de jardiner, où que vous viviez. Jardin de curé, jardin ouvrier, jardin partagé, jardin sur le toit… De la simple jardinière sur le balcon à la butte en permaculture, tout le monde peut créer et cultiver le jardin qui lui correspond. Avec • des fiches pratiques, • des reportages, • des portraits, • les regards de Pierre Rabhi et Gilles Clément…

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« Tout jardin est, d’abord l’apprentissage du temps, du temps qu’il fait, la pluie, le vent, le soleil, et le temps qui passe, le cycle des saisons. » Erik Orsenna


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