Kaizen hors-série 7 : Pour une enfance joyeuse (6-12 ans)

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Pour une enfance joyeuse

Pour une enfance joyeuse Tome 2 6 à 12 ans

Manuel des apprentis… sages

Avec ce petit manuel d’apprentis sages, Kaizen vous offre les clefs pour que votre enfant soit bien dans son corps, bien dans sa tête, préserve sa curiosité d’apprendre et tisse des liens harmonieux avec son entourage. L’éducation consciente est un long pro‑ cessus qui œuvre pour une enfance joyeuse et qui pose les pierres d’une vie heureuse. La sixième année, considérée comme l’âge de raison, marque l’entrée dans une période plutôt calme, entre la petite enfance et l’adolescence. Un moment charnière où les parents et les grands‑parents accompagnent l’enfant dans la construction de sa personnalité et de son avenir d’adulte.

Manuel des apprentis… sages

Pour que les enfants se dotent de capa‑ cités d’adaptation et de réflexion dans un monde en mouvement, ce hors-série livre quelques pistes possibles : inciter davantage aux jeux coopératifs, mettre en place des temps de méditation parta‑ gés, permettre à l’enfant harcelé de chan‑ ger de posture, favoriser les apprentis‑ sages en respectant son tempérament, encourager le contact avec la nature… À l’aide de fiches pratiques, d’interviews, de bonnes adresses et d’exemples d’ini‑ tiatives, vous découvrirez un nouvel horizon de la parentalité.

« On ne naît pas vertueux, on le devient. Et cela passe par l’éducation. »

979-10-93452-15-9

André Comte-Sponville


édito

Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 142 720 € Siège social 95, rue du Faubourg-Saint-Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.com Hors-série numéro 7 Mai 2016 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Oudin Directrice d’EKO LIBRIS Françoise Vernet Rédacteur en chef Pascal Greboval Rédactrice en chef adjointe Axelle Bibring-Pilliot Secrétaire de rédaction Diane Routex Stagiaire pour ce numéro Jessica Robineau

Comment devenir grand ? « Maintenant, tu es grand ! - Oui, mais pourquoi faire ? - Parce que devenir un adulte fait partie du cycle naturel. - Mais, je ne veux pas vivre dans le monde des adultes. - Ah, mais pourquoi ? - Les grands, moi, je le trouve stressés et pas très drôles. - Mais, tu n’es pas obligé de devenir comme ça ! - Et comment faire ? Tu t’es vu ?

Éditeur Web Simon Beyrand

(Silence)

Direction artistique, maquette et mise en pages

- Et si tu m’apprenais ?

• hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33

- Mais, c’est toi, l’adulte !

Contact info@kaizen-magazine.fr Tél. 01 56 03 54 71 Abonnements et commandes Camille Gaudy camille@kaizen-magazine.fr 19, rue Martel - 75010 Paris

- C’est vrai ! Mais je crois qu’il y a un souci. Tu vois, on répète le même modèle éducatif depuis des années et je ne suis pas sûr qu’on progresse. Papy était stressé, moi, je suis hyper-stressé et je n’ai pas envie que tu le sois encore plus. Sans parler des gestes de jardinier de ton grand-père que je n’ai pas su perpétuer. Mais le passé n’existe plus, regardons demain. La pensée négative ne résout pas les problèmes.

Illustration de couverture Cécilia Pepper

- Ça veut dire quoi ?

Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29

- Qu’il est peut-être temps de changer de lunettes !

Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIREN : 539 732 990 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 92284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Vente au n° pour les diffuseurs Groupe HOMMELL Tél. 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr

- Mais, tu n’as pas de lunettes ! - C’est une expression pour dire que je dois imaginer un autre modèle d’éducation pour toi, différent de celui que j’ai reçu. J’aimerais préserver ta curiosité d’enfant, entretenir ta joie de vivre, et que tu sois heureux dans tes relations. - Et comment tu vas faire ? - Je vais te faire confiance, et je vais lire ce hors-série. - Ça, c’est une première sage décision ! » Bonne lecture Pascal Greboval rédacteur en chef

Aucun texte ni aucune illustration ne peut être reproduit-e sans l’autorisation du magazine. Merci. Kaizen • Hors-série no 7 • Pour une enfance joyeuse • 3


Sommaire Édito Présentation des auteurs Préface 6-12 ans, comment vivent-ils/elles ? Ressources

Sommaire

3 4 6 8 120

Bien dans son corps, bien dans sa tête

10

Apprendre

48

Vivre ensemble

84

Comment grandir en harmonie ?

12

Apprendre, et si c’était naturel ?

50

La relation aux autres, une aventure à vivre ?

86

16

Fiche pratique - Bouger en s’amusant pour mieux apprendre

54

Fiche pratique - Cultiver son bonheur avec un stylo : journaux et compagnie 18

BD - Biomimétisme : s’inspirer de la nature

Les rapports de force : une énergie à canaliser

90

55

Quel cadre ? Quelles limites ?

92

BD - Déjouer les phobies

19

Des écoles différentes

56

Comment respecter leur rythme ?

20

Fiche pratique - Comment gérer les écrans ?

94

Fiche pratique - Les rituels pour l'aider à bien dormir

Visuel, auditif, kinesthésique : à chacun son profil pédagogique ?

62

Sexualité : comment en parler ?

96

23

BD - L'art de la concentration

63

Frères et sœurs : une relation à nourrir

98

Enfant : 1 – Stress : 0

24

Le goût de la nature, ça s’apprend !

64

Communication non violente : communiquer pour vivre en paix

28

Fiche pratique - Une séance de mandala créatif en famille 68

Caractère, tempérament : optimisons ses talents

Fiche pratique - La ronde EFT : un remède au stress

100

Vivre sans sucre, une chance pour la santé 30

Accompagner la précocité

70

Fiche pratique - Communication non violente : des outils pour passer à l’acte 102

Petits yogis : un cadeau pour la vie

32

Faciliter l’acte d’apprendre

72

BD - La CNV

103

Fiche pratique - Les solutions naturelles aux petits maux des enfants

Fiche pratique - J’aide mon enfant à mieux apprendre grâce au lapbook

Les jeux coopératifs : tous gagnants

104

36

74

La spiritualité, une richesse à accompagner

Penser est un travail de la main

76

38

École de cirque, en piste pour l'harmonie 40 Fiche pratique - Et si on arrêtait le lait de vache ?

42

BD - Faire circuler l'énergie

43

Interview - Jacques Fradin : La bonne éducation, c'est d'apprendre à dépasser l'échec

44

Mieux apprendre et avec plaisir grâce aux Octofun Interview - Bruno Giuliani : Pour apprendre, réveiller la capacité jubilatoire

78

80

Fiche pratique - Laisser place à l’imagination : inventer un jeu coopératif 108 Adultisme… Question d’égalité !

110

Être le parent que vous souhaitez être

112

Fiche pratique - Un médiateur pour harmoniser les relations

114

BD - Sois le changement que tu veux voir dans le monde.

115

Interview - Emmanuelle Piquet : Offrir une autonomie relationnelle à nos enfants 116

Kaizen • Hors-série no 7 • Pour une enfance joyeuse • 5



Bien dans son corps Bien dans sa tête Comment grandir en harmonie ?

Caractère, tempérament : optimisons ses talents FICHE PRATIQUE

12

..................................................................................

16

..............

Cultiver son bonheur avec un stylo : journaux et compagnie

18

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BD

Déjouer les phobies

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Comment respecter leur rythme ? FICHE PRATIQUE

Les rituels pour l'aider à bien dormir

Enfant : 1 – Stress : 0 FICHE PRATIQUE

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.................................................................................................................................

La ronde EFT : un remède au stress

Vivre sans sucre, une chance pour la santé Petits yogis : un cadeau pour la vie FICHE PRATIQUE

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.....................................

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Les solutions naturelles aux petits maux des enfants

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La spiritualité, une richesse à accompagner École de cirque, en piste pour l'harmonie FICHE PRATIQUE BD

Et si on arrêtait le lait de vache ? Faire circuler l'énergie

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19

20 23 24 28 30 32 36 38 40 42 43

Interview : Jacques Fradin • La bonne éducation, c'est apprendre à dépasser l'échec 44 ..........................................................................


Bien dans son corps

Comment grandir

en harmonie ?

Entre 6 et 12 ans, l’enfant vit une période de croissance physique intense, mais régulière, qui cache des évolutions profondes : la naissance du sens moral et la construction d’une identité autonome et de l’image du corps. Des changements que les parents peuvent accompagner en douceur.

A

vant l’adolescence, l’enfant traverse une période des conséquences que cela peut avoir sur sa stricte perentre 6 et 12 ans où ses pulsions sexuelles se sonne – être puni ou disputé. De même, il est désormais font discrètes. Derrière ce calme, qui n’est capable de faire la différence entre son imaginaire et la qu’apparent, l’enfant construit sa personnalité, se rend réalité, et donc entre la vérité et le mensonge – vers 8 disponible pour des relations affectives, découvre le ou 9 ans. Ce qui signifie qu’il peut mentir sciemment, collectif et se passionne surtout pour les apprentissages ! pour des motivations diverses : se protéger, éviter des C’est la période-clef pour la lecture, les langues, les conséquences qu’il redoute, etc. Mais, comme le rapmathématiques, les premières notions pelle le pédagogue Alexander S. Neill de science, d’histoire et de géograPréparez-vous dans Libres enfants de Summerhill phie. Il s’intéresse, au‑delà de ce qu’il (1960), « si vous voulez que votre à répondre à mille vit au quotidien, aux choses et aux enfant dise la vérité, ne lui mentez personnes plus lointaines. Préparezpas ».Cela signifie également la fin de « pourquoi ? » vous à répondre à mille « pourquoi ? », la « pensée magique » et des persondes plus concrets – « Pourquoi doit-on arroser les nages imaginaires. Le père Noël, la Petite souris et le tomates ? », « Comment fait le bébé pour rentrer dans monstre sous le lit vont être progressivement relégués le ventre de la maman ? » – aux plus symboliques – au rang de l’imaginaire justement. « Pourquoi Mamie est morte ? », « Comment font les enfants qui n’ont pas de parents ? » Car la réflexion DES EXERCICES PHYSIQUES VARIÉS explore à cet âge de nouveaux champs. On parlait jadis POUR L’AIDER À SE CONSTRUIRE du fameux « âge de raison », autour de 7 ans, considéré Selon le pédagogue Rudolf Steiner, l’enfant fait l’expécomme le début de l’attitude raisonnable qui caractérise rience d’être séparé du monde vers 9 ans. Cette « crise l’âge adulte. Cette nouvelle période voit naître le sens du Rubicon » peut se traduire par des angoisses, une moral. L’enfant est alors capable de comprendre la profonde tristesse, un retrait ou un besoin d’isolement ; notion de bien et de mal, de juste et d’injuste, au-delà parfois, aussi, par un nouveau rapport à l’autorité.

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Bien dans sa tête

Privilégier le rapport à la nature constitue une source d’harmonie.

L’enfant quitte en partie l’enfance. Pour l’aider à aller besoins moteurs –, vous pouvez lui proposer plusieurs chercher de nouvelles forces intérieures, on peut lui séances de sport par semaine, si possible des sports proposer des activités de construction et des histoires différents. Mais, définir une limite reste arbitraire. ou légendes qui parlent également de reconstruction. « Bien sûr, faire passer la performance avant le plaisir, Pour autant, le corps des enfants, en croissance régulière c’est une mauvaise idée. L’autre risque du sport à sur toute la période, nécessite une grande attention. outrance pour le développement de l’enfant, c’est que « Mon conseil ? Ne pas oublier le corps. Entre 6 et ce dernier se spécialise dans une seule discipline. Mais, 12 ans, il n’y a pas que les apprentistant que les activités sont variées et que sages, indique Anne Auvé, psychomoL ’enfant l’enfant est heureux, vous pouvez y tricienne et auteur du blog journalpsyaller », poursuit Anne. Pas de règles, quitte en partie chomotricienne.fr. À partir de 6 ans, donc, quant au choix des activités. Et tous les apprentissages innés sont en l’enfance. d’ailleurs, il n’y a pas que les activités place. Les enfants peuvent organiser cadrées qui contribuent à un dévelopleur corps dans le temps et dans l’espace. Ils sont égapement harmonieux de l’enfant. Comme chez les plus lement capables d’organiser un raisonnement. Ils petits, les 6-12 ans tirent profit de la motricité libre. peuvent même percevoir leur corps sans avoir besoin Une balade dans la forêt, une séance de danse libre et de le mettre en mouvement. Tout est prêt pour comde chant à tue-tête dans le salon, une folle partie de mencer des activités physiques. » Toute expérience est mime ou de théâtre contribuent à tant de choses : exerbonne à prendre : selon l’envie de l’enfant et son besoin cice physique, expression des émotions, exploration d’exercice – oui, tous les enfants n’ont pas les mêmes des sensations… Kaizen • Hors-série no 7 • Pour une enfance joyeuse • 13


Bien dans son corps

Comment respecter

leur rythme ?

Dans un monde où tout s’accélère, l’enfance n’est pas épargnée. Alors, comment créer des conditions qui permettent à l’enfant de grandir sereinement, à son rythme, en préservant sa curiosité naturelle et sa capacité de récupération ?

D

epuis plusieurs années, notamment grâce aux digestion, sécrétion d’hormones… – sont calées sur travaux du sociologue et philosophe allemand un cycle de 24 heures. On parle de rythme circadien. Hartmut Rosa, on sait que notre époque est en Il existe des moyennes qui peuvent servir d’indicateurs proie à l’accélération. Si cette dernière est bien sûr aux parents. Par exemple, selon la National Sleep technique, elle concerne aussi nos rythmes de vie ainsi Foundation, il faut de 9 à 11 heures de sommeil à un que le changement social et culturel. Isabelle et Benoît, enfant entre 6 et 13 ans pour être en pleine forme. Les même s’ils cherchent à conjuguer au quotidien le respect chercheurs ont par ailleurs constaté que les perfordu rythme de leurs trois enfants et leur métier d’artisans mances cognitives suivent également un rythme régubiscuitiers en Picardie, le lier au fil de la journée 1. Elles constatent chaque jour : « Malgré Les performances augmentent de 9 heures jusqu’à nos efforts, les enfants ont sou11 heures environ pour décliner cognitives suivent vent l’impression que ça va trop jusqu’à 14 heures, l’heure de la vite. Alors on a diminué leurs également un rythme. sieste ou des coups de fatigue. activités extrascolaires et, quand L’attention remonte ensuite ils sont fatigués, ils ne vont pas à l’école et je les garde jusqu’en fin d’après-midi. Un simple coup d’œil à volontiers à la maison. Il y a même un lit dans notre l’emploi du temps de nos écoliers suffit à comprendre biscuiterie pour accueillir nos enfants ou ceux de nos qu’on laisse peu de place à leur rythme naturel. Quant employés dans la journée. » Mais comment revenir à à l’heure du coucher, elle se situe en général à 21 heures un rythme plus naturel ? Existe-t-il d’ailleurs un rythme vers 8 ans et à 22 heures au début de l’adolescence. plus naturel ? Si l’on regarde du côté de la chronobioAttention à la quantité de lumière artificielle reçue par logie, on apprend qu’à partir de 4 ans, les différentes la rétine – télévision, tablette… –, qui retarde la sécréfonctions biologiques de l’enfant – veille, sommeil, tion d’hormones du sommeil.

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Bien dans sa tête

LA JOURNÉE IDÉALE À 8 ANS

CHACUN SON RYTHME Mais, s’il existe des moyennes, les variations individuelles sont parfois énormes, de l’ordre de 2 à 3 heures pour le sommeil, par exemple. De nombreux parents constatent ainsi que leurs enfants sont des chouettes qui veillent tard le soir ou des alouettes qui chantonnent dès l’aube. Une seule solution : observer et s’adapter. Jean-Philippe et Séverine sont parents de Gabriel, 7 ans : « L’enjeu, pour nous, c’est d’essayer de respecter son rythme d’enfant hypertonique. Il dormait déjà très peu étant bébé et il a du mal à rester assis. Le moment du repas est parfois compliqué ! Mais son rythme, c’est ce qu’il est. À nous de respecter cela, même si on l’amène aussi à comprendre que ça ne nous arrange pas toujours. » Dans tous les cas, la notion de régularité des rythmes est essentielle. En effet, la coupure apparemment salvatrice du week-end induit une baisse de performances le lundi chez les petits écoliers ! Le lundi – pour cause de désynchronisation – et le vendredi – pour cause de fatigue accumulée – sont les moins bons jours pour les apprentissages. Quant au manque de sommeil, il se paie très vite le lendemain : une privation partielle de sommeil sur une seule nuit pour un enfant de 10 à 14 ans suffit à perturber l’apprentissage des tâches les plus complexes et les moins habituelles, c'est-à-dire les tâches de créativité 2.

Voici quelques indications pour organiser la journée de votre enfant selon son rythme, même si rien ne remplace l’observation attentive. • Vers 7 h-7 h 30 : dring ! Le corps est déjà prêt au réveil grâce au pic de cortisol qui mobilise l’énergie. • 9 h-10 h : l’attention augmente tranquillement. Si votre enfant peut profiter de la lumière du jour – balade en plein air –, il sera plus en forme le reste de la journée. • 10 h-11 h : c’est le pic de vigilance. La mémoire à court terme fonctionne au mieux. Place au travail cérébral ! • 12 h-12 h 30 : à table ! Un repas complet et partagé permet de reprendre des forces. • Vers 14 h : temps calme. Les apprentissages ou les activités physiques sont à éviter. • Entre 15 h et 16 h 30 : la mémoire à long terme est efficace. C’est le moment d’apprendre ou de réviser. • Vers 17 h : c’est l’heure des activités physiques, car les capacités sensorielles et motrices sont au maximum. • Vers 19 h-20 h : à table ! Préférez un repas pauvre en graisses, qui sera mieux digéré et n’entravera pas l’endormissement. • 21 h : au lit !

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Bien dans son corps

Enfant : 1

Stress : 0 Le stress, hélas, n’attend pas le nombre des années. Pour aider son enfant à retrouver la sérénité, des techniques existent : la méthode Tipi, la gestion des modes mentaux, la visualisation... L ’enfant peut même en pratiquer certaines en toute autonomie pour devenir acteur de son équilibre.

M

athéo est un enfant inquiet. Petit déjà, il se mettait à pleurer quand un jouet restait dans le jardin, avait mal au ventre avant d’aller à l’école et peur lorsque sa maman s’éloignait. À son entrée en 6e, les choses se sont accélérées. « Il faisait des crises d’angoisse, raconte sa mère Carène. Il avait des vomissements à l’école. On a parlé de phobie scolaire et même envisagé de le déscolariser. » Un cas de stress chez l’enfant qui n’est pas si rare, puisque selon l’Unicef, un tiers des 6-18 ans est en situation de souffrance psychologique. Les raisons qui génèrent du mal-être chez l’enfant sont variées : timidité, manque de confiance, énurésie, peur du noir, séparation des parents, perfectionnisme… Même si la championne des générateurs de stress reste l’école, signe d’une pression de réussite de la part de la société sur nos chers bambins. Pour Mathéo, la compréhension de l’histoire familiale a été déterminante. « Nous sommes allés voir une psychologue. Nous avons compris que je le surprotégeais suite au décès d’un bébé dans la famille peu après sa naissance. On a mis presque un an à sortir de tout ça. Aujourd’hui, c’est un autre Mathéo. Il est indépendant et bien dans ses baskets », raconte Carène.

u contact de la nature et des animaux, A l’enfant retrouve le calme.

24 • Kaizen • Hors-série no 7 • Pour une enfance joyeuse

LE STRESS POLYMORPHE Les symptômes du stress sont très différents d’un enfant à l’autre. Il peut s’agir d’un changement soudain d’humeur – apathie, colère… – ou de symptômes physiques


Bien dans sa tête – mal au ventre ou à la tête, tics nerveux... C’est ce qu’a ses raisonnements sont erronés, ses comportements vécu le fils de Stéphanie, Raphaël, alors en CE1, qui inadaptés. « Un enfant en colère se focalise sur des “morsouffrait de violentes douleurs au ventre. L’hôpital ceaux” d’information. […] Plutôt que de le contrer, n’ayant rien trouvé de suspect leur a suggéré de consulter dites-lui que vous le comprenez et qu’il a raison. Cela un psychologue. « Je le stressais trop, se souvient baissera son niveau d’agressivité et l’incitera dans un Stéphanie. J’ai plus de deux heures de transport par jour deuxième temps à s’ouvrir et à être plus attentif », et, à l’époque, je venais de prendre des responsabilités conseillent Brigitte Durruty et Catherine Schwennicke supplémentaires : tout était trop organisé. » C’est bien dans Parent zen (Éditions de l’Homme, 2014). Que là le problème du stress : il a mille causes apparentes et l’enfant réagisse par la colère ou l’inhibition (lire encadré mille visages. Mais, comme l’ont démontré les outils de ci-dessous), la première aide d’un parent consiste à l’approche neurocognitive comreconnaître son état émotionnel. portementale conçue par Jacques « C’est à l’intérieur Grâce à une écoute active et bienFradin (lire interview page 44), bien sûr, mais aussi qu’il faut aller chercher veillante, dans 90 % des cas, le stress n’est grâce à des outils qui favorisent pas lié à un danger pour notre des solutions. » l’expression des émotions. survie, mais à notre état d’esprit, Certains enfants utilisent un cousqui peut dépendre de nos croyances ou de la manière sin de colère, d’autres écrivent dans un journal intime dont nous avons été élevés. Ce n’est pas le contrôle de ou collent au mur de leur chambre un nuage, un tonnerre maths qui me stresse, mais ma peur de décevoir mes ou un grand soleil en guise de météo intérieure. Chez parents ou de voir mes amis se moquer de moi. Certaines Stéphanie, on a rétabli l’équilibre avec un rythme beaude mes croyances peuvent renforcer ce stress : je crois coup plus paisible, de l’écoute et une bonne dose de… que je suis nul en maths, que la prof ne m’aime pas, que danse : « On danse beaucoup le soir quand on a passé je ne sais pas gérer mon temps… C’est donc à l’intérieur une mauvaise journée. Aujourd’hui, je suis à mi-temps qu’il faut aller chercher des solutions, dans le triangle et je vais chercher mes enfants à la sortie de l’école. Ils indissociable émotions-pensées-comportements. En ont le temps de traîner, de faire une journée pyjama s’ils cas de stress, le triangle est négatif. L’enfant se sent mal, en ont envie. Et Raphaël n’a plus mal au ventre ! »

REPÈRES : LE STRESS, C’EST QUOI ? Le stress est une réaction de l’organisme pour s’adapter. Il sécrète de l’adrénaline pour mobiliser des ressources énergétiques. En effet, notre organisme fonctionne toujours comme si nous vivions en pleine nature, à la merci des prédateurs. Il dispose d’une palette de trois réponses possibles en cas de danger : la fuite, qui devra mobiliser toutes les ressources énergétiques pour être rapide ; la lutte, si le prédateur est trop près et que le combat est inévitable ; et enfin l’inhibition – faire le mort. On constate d’ailleurs que, selon son tempérament, chaque individu peut avoir une préférence réflexe pour une de ces réponses. Mais quand le stress est trop important ou qu’il s’installe dans la durée, l’organisme sécrète alors du cortisol, une hormone qui a de nombreux effets secondaires négatifs : anxiété, problèmes de sommeil, système immunitaire

défaillant, fonte musculaire… En cas de stress répété, l’enfant comme l’adulte passe par trois phases : la phase d’alerte – qui entraîne une augmentation du rythme cardiaque et de la respiration, des troubles digestifs… –, la phase de résistance – les hormones de stress sont sécrétées en petites quantités, provoquant insomnie, irritabilité, maux de tête… – et la phase d’épuisement. Si cette dernière est souvent visible – l’enfant craque –, la phase de résistance peut passer inaperçue, car l’enfant ne ressent pas nécessairement d’inconfort. Le pendant psychologique du stress physique et de son cortège de symptômes – maux de ventre, de tête, problèmes de sommeil… – est l’anxiété, qui perturbe également la capacité de concentration et la mémoire.

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Apprendre Apprendre, et si c’était naturel ? FICHE PRATIQUE BD

50

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Bouger en s’amusant pour mieux apprendre 54 .......

Biomimétisme : s’inspirer de la nature

55

....................................

Des écoles différentes

56

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FICHE PRATIQUE

Visuel, auditif, kinesthésique : à chacun son profil pédagogique ?

62

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BD

L 'art de la concentration

Le goût de la nature, ça s’apprend ! FICHE PRATIQUE

63

.............................................................................................

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64

Une séance de mandala créatif en famille

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Accompagner la précocité

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Faciliter l’acte d’apprendre FICHE PRATIQUE

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J’aide mon enfant à mieux apprendre grâce au lapbook

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68 70 72 74

Penser est un travail de la main

76

Mieux apprendre et avec plaisir grâce aux Octofun

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Interview : Bruno Giuliani Pour apprendre, réveiller la capacité jubilatoire

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Apprendre

Apprendre,

et si c’était naturel ? Les enfants sont des chercheurs nés, passionnément désireux de comprendre le monde qui les entoure. L ’éducateur américain John Holt, qui a consacré sa vie à ce sujet, en est convaincu : les enfants ont le désir d’acquérir autant que possible des aptitudes et de s’en servir. Et si notre principal défi était d’entretenir cet aiguillon du désir ?

A

es enfants n’apprennent jamais aussi bien que lorsqu’ils sont L autonomes dans leurs expériences.

50 • Kaizen • Hors-série no 7 • Pour une enfance joyeuse

pprendre est une activité naturelle chez dans un cadre de sécurité et de bienveillance. Ce qui est au départ l’intuition de philosophes comme Aristote ou saint Augustin, pour qui le désir de savoir est une pulsion fondamentale des humains, est aujourd’hui vérifiée par la science et par les expériences telles que celles menées à la Sudbury Valley School, aux États-Unis, ou dans le système éducatif finlandais. Elles montrent qu’en mettant les enfants dans les conditions de développer leurs capacités naturelles, sans évaluation ni punition, ils apprennent mieux et accèdent sans difficulté à l’enseignement supérieur et à des carrières variées. André Stern, auteur de … Et je ne suis jamais allé à l’école (Actes Sud, 2011), et bien d’autres témoignent du fait qu’ils ont grandi et se sont épanouis sans fréquenter les sentiers scolaires, mais grâce au jeu et à l’enthousiasme par lesquels apprendre se fait « tout seul ». Pour le professeur de psychologie Peter Gray, auteur de Free to learn (Basic Books, 2013), l’enfant a bien une soif naturelle d’apprendre. Ce désir ne s’émousse pas avec l’âge, mais, ce qui va l’abîmer, ce sera la logique de punitions et de récompenses, le stress, la menace ou encore le système de scolarisation trop coercitif. Ainsi, les motivations externes positives


Apprendre

La découverte du travail manuel éveille la curiosité des enfants.

n classe ou dans la nature, le plaisir et les émotions E positives sont nécessaires pour rendre les apprentissages féconds.

ou négatives ont plutôt tendance à écraser la motivation interne. Au contraire, le jeu et le libre choix constituent une pédagogie naturelle. Peter Gray estime que les enfants sont programmés pour apprendre par eux‑mêmes, prenant référence à la fois sur des données scientifiques, mais aussi sur les études anthropologiques portant sur les cultures de chasseurs-cueilleurs. Ce qui fait voler en éclats beaucoup de certitudes au sujet de l’apprentissage... HYMNE À LA JOIE Comment, alors, entretenir, voire amplifier le désir d’apprendre ? Quels sont les facteurs et conditions favorables ? En premier lieu viennent le plaisir, l’enthousiasme et les émotions positives. Ils sont nécessaires pour rendre les apprentissages féconds. D’après les découvertes du neurobiologiste Gerald Hüther, pour que notre corps soit capable d’apprentissage, son centre

émotionnel doit être activé, autrement dit, l’enfant doit être touché émotionnellement. La théorie du flow ou de l’expérience optimale en est une illustration. Le flow qualifie l’état dans lequel on se trouve lorsqu’on est totalement absorbé par une activité. On éprouve alors une joie et une liberté qui modifient Apprendre est une notre perception du temps. Cet état est asso- activité naturelle cié à une meilleure perchez les enfants. formance, mais également au développement de la créativité, de l’estime de soi et à une réduction du stress. Ce plaisir est naturel lorsque l’enfant a la possibilité de s’amuser et d’explorer librement. Il est encore plus fort quand il est partagé, d’où la pertinence des méthodes coopératives et collaboratives. Pour sauvegarder leur soif d’apprendre, les enfants ont besoin d’un cadre de sécurité avec des règles Kaizen • Hors-série no 7 • Pour une enfance joyeuse • 51


Apprendre

FICHE PRATIQUE

Une séance de mandala créatif en famille

Créer et peindre un mandala est l’occasion de se réunir autour d’une table – ou sur le sol ! – et de se recentrer à travers une activité, tout en mettant des couleurs dans la vie. « Dans le simple fait de tracer un cercle, le groupe se délimite un territoire d’expression. Les participants se mettent d’accord pour s’offrir un espace de création libre », . souligne Mustapha Rayth, artiste peintre, auteur du livre Le Mandala créatif (Grancher, 2016).

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Le mandala profite aux enfants sur le plan de la créativité, de l’imagination ou encore de la concentration et de l’attention. La construction et l’expression de leur monde intérieur sont favorisées. Quelques conseils pour tirer le meilleur parti de la séance de mandala créatif : s’accorder le droit de se salir et de déborder et accueillir sans jugement ce qui est créé, sans susciter d’interférences avec la personne qui est en train de dessiner. Matériel : carton, papier, chiffons, ciseaux, compas, pinceaux, peinture blanche mate pour le fond, peinture – acrylique ou simple gouache – de couleurs primaires : cyan, jaune, magenta et peinture noire. Temps de réalisation : une ou deux heures . Peut se pratiquer de 4 à 20 personnes (varier la taille du support).


FICHE PRATIQUE

Apprendre

ÉTAPE 1 : CRÉATION DU SUPPORT •S e procurer un support rigide en carton ou, à défaut, en papier ou en tissu, voire une planche en bois, d’une taille minimale de 60 cm x 60 cm. Pour faciliter l’adhérence, apprêter le support avec une ou deux couches de peinture blanche – récupérée d’un fond de pot par exemple –, de préférence une peinture à l’eau plutôt mate. •S elon le nombre de couches disposées, attendre une demi-heure à une heure qu'elles sèchent. ÉTAPE 2 : DESSINER LA STRUCTURE •T racer la structure de base ci-contre, qui consiste en deux cercles périphériques au centre desquels figure un carré et, au milieu, un gros point central. ÉTAPE 3 : PEINDRE •P oser le support sur une table. •A vant de commencer à ajouter des couleurs, demander à chacun de dessiner sur des feuilles ou du carton une ou des formes qu’il souhaite voir sur le mandala : un cheval, un arbre, une fleur… Découper la forme, la tremper dans un petit tas de peinture – déposé sur une assiette par exemple – et en tamponner la surface du mandala pour révéler le motif. •À chacun ensuite d’utiliser en toute liberté les couleurs avec des pinceaux, des morceaux de chiffon ou simplement ses doigts pour les apposer sur le support, dessiner ou éclabousser…

ÉTAPE 4 : ORGANISER UNE ROTATION • Après deux minutes de peinture, changer de place autour de la table pour prendre celle du voisin. • Utiliser un sablier ou un minuteur de sorte à tourner dans le sens des aiguilles d’une montre autour de la table régulièrement. Ainsi, à la fin de la séance, le mandala devient une création collective. ÉTAPE 5 • S’arrêter dès qu’il ne reste plus un espace de fond blanc sur le support. Marquer un temps d’arrêt et choisir, soit d’en rester là, soit de réaliser des finitions au pinceau sur les formes dessinées.

Kaizen • Hors-série no 7 • Pour une enfance joyeuse • 69


Apprendre

Interview

Pour apprendre, réveiller la capacité jubilatoire Entretien avec Bruno Giuliani, philosophe, éducateur, thérapeute, auteur de L ’Expérience du bonheur, une philosophie de la joie (Almora, 2014). Il a créé la méthode Joîa, art de vivre dans la joie, pour aider enfants et parents à cultiver le bonheur et vivre pleinement. Pour lui, seule la joie d’apprendre peut motiver un esprit à travailler à sa propre évolution. Comment préserver l'enthousiasme et la capacité de l’enfant à s'émerveiller et à rêver, au fur et à mesure qu’il avance en âge ?

plus artistes et créateurs qu’on ne le croit, ce sont des magiciens.

En entrant dans le monde de ce qui l’émerveille natuQuel est, pour vous, le meilleur moyen d’apprentissage ? rellement et en faisant appel à son imaginaire et sa Il me semble évident que c’est d’entrer par la porte du capacité à jouer, ce qui suppose d’observer son enfant, ressenti jubilatoire : la joie de comprendre et de découde l’écouter, d’être en empathie avec lui, pour entrer vrir qui part du désir de l’enfant. S’il jubile de mathéen résonance avec son monde et solliciter son aptitude matiser, on va entrer dans la musique par les équations, créatrice à imaginer, à rêver, à exprimer toutes ses émos’il veut comprendre comment fonctionne un avion, tions. Cela est rendu possible c’est à travers l’aéronautique par des activités de jeux que Les enfants sont beaucoup qu’on va introduire les lois de l’on construit ensemble, en la nature, la physique, etc. plus artistes et créateurs suivant le désir de l’enfant, L’enfant est naturellement c’est-à-dire des jeux créatifs. qu’on ne le croit, amoureux de ce qui lui donne Par exemple, on peut créer une du plaisir. Si vous entrez par ce sont des magiciens. histoire, un conte de fées. cette porte, il va être capable « C’est l’histoire d’un roi qui se réveille un matin dans de se donner des moyens et faire des efforts pour son château. Que lui arrive-t-il ? » Là, ce sont les enfants apprendre et comprendre, parce qu’il sera très motivé. qui continuent et on construit ensemble un monde Ensuite, c’est de passer par l’action, l’expérience vécue, imaginaire que je leur propose ensuite de dessiner, de en tout. Pour aborder la technologie, prenons une 2 CV. jouer et même de filmer. Les enfants sont beaucoup On la démonte, on regarde comment elle est faite et 80 • Kaizen • Hors-série no 7 • Pour une enfance joyeuse


La joie est un outil pédagogique capable de préserver l'enthousiasme et l'envie d'apprendre de l'enfant.

on la remonte ensemble. À travers le fonctionnement de la voiture, l’enfant comprend le fonctionnement de l’énergie, de l’hydraulique et de l’électricité. Pour apprendre une langue, rien de tel que de faire un séjour linguistique, se lier d’amitié, réaliser un projet motivant et, d’un coup, apprendre est lié à la motivation de communiquer avec son ami. Si je veux faire connaître les arbres à mon enfant, je me rends en forêt avec lui, lui demande de choisir l’arbre qu’il préfère et répond à ses questions. L’expérience vécue développe des capacités d’intuition et de compréhension directes qui génèrent une joie active. Quel est le rôle des parents pour aider leur enfant à mieux apprendre ?

Surtout, écouter leur amour pour leur enfant, écouter leur instinct pour l’aider à développer sa propre créativité. Il sait beaucoup mieux que nous ce dont il a besoin. J’invite les parents à laisser l’enfant s’épanouir dans une sorte de « perma éducation » fondée sur

l’observation qui reconnaisse la nature de l’enfant et l’aide à développer ce qu’il a de vivant en lui. Finalement, l’aider dans ses apprentissages, c’est le mettre dans les conditions de faire et de vivre ce qui l’épanouit le plus. D’où l’importance de faire la distinction entre les faux et les vrais besoins pour l’accompagner vers ce Laisser l’enfant qui le motive vraiment. s’épanouir dans Par exemple, je reçois un enfant à qui l’on reproche une sorte de d’être paresseux. Il ne « perma éducation ». l’est pas ! Il n’a juste pas eu l’opportunité de développer sa formidable énergie de vie, ce qui fait qu’il a envie de dormir ou de regarder la télé. En faisant émerger son aspiration la plus forte, en l’occurrence son désir de créer, on s’aperçoit que sa capacité créatrice est d’inventer des machines. Dès lors que cet enfant s’amuse à créer des machines, il retrouve son enthousiasme et change totalement de comportement. Kaizen • Hors-série no 7 • Pour une enfance joyeuse • 81



Vivre ensemble La relation aux autres, une aventure à vivre ?

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Les rapports de force : une énergie à canaliser Quel cadre ? Quelles limites ? FICHE PRATIQUE

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Comment gérer les écrans ?

Sexualité : comment en parler ?

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Frères et sœurs : une relation à nourrir Communication non violente : communiquer pour vivre en paix FICHE PRATIQUE

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Communication non violente : des outils pour passer à l’acte 102 ��������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������

BD

La CNV

Les jeux coopératifs : tous gagnants FICHE PRATIQUE

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Laisser place à l’imagination : inventer un jeu coopératif

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Adultisme… Question d’égalité !

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Être le parent que vous souhaitez être FICHE PRATIQUE

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Un médiateur pour harmoniser les relations 114 ����

Sois le changement que tu veux voir dans le monde. BD

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Interview : Emmanuelle Piquet Offrir une autonomie relationnelle à nos enfants

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Vivre ensemble

La relation aux autres,

une aventure à vivre ? De 6 à 12 ans, l’enfant quitte le « je fais tout seul » propre aux plus petits et va se préparer à entrer dans l'adolescence, marquée par le besoin d'être accepté par le groupe. Dans cette période de transition ouverte sur l’autre, c’est aussi sa confiance en lui qui se construit.

P

our Victoria Godard, formatrice et thérapeute en spontanément à solliciter d'autres camarades. Cette éducation bienveillante, le principal besoin psypériode de l'enfance est propice au développement des chologique de l'enfant de 6 à 12 ans est de « faire amitiés et des disputes dans la cour de récréation. Ces avec les autres ». Il œuvre pour élargir son cercle de relations se font de plus en plus éloignées du regard des connaissances, aussi bien d'enfants que d'adultes. Cette adultes et, pour certaines, il en émergera des rapports de expansion de son monde va de pair avec la naissance des force et autres situations inconfortables. La place des passions, qui le poussent à rencontrer des adultes aptes parents dans ces conflits est, tant que ceux-ci ne dégéà transmettre des informations sur des sujets spécifiques. nèrent pas, « hors du terrain ». Victoria Godard recomL'enfant cherche à ouvrir des portes : le cercle familial mande d’« ouvrir, à la maison, un espace de discussion n'est plus sa seule référence. Il découvre les autres pour que l'enfant puisse livrer ce qu'il vit ». Les parents, manières de faire et d'être. Les par l'écoute active et le quesinteractions avec les personnes Cette période de l'enfance tionnement, accompagnent étrangères à la famille s'intenl'enfant dans sa réflexion et sa est propice au sifient. Victoria Godard souquête de discernement. L'idée ligne l'importance pour eux de développement des amitiés. est de lui permettre de réfléchir sortir des murs de la classe pour à ce qu'il vit et à ce que cela découvrir l’existence de différences culturelles et phyprovoque en lui, afin de l'amener à prendre par lui-même siques, mais aussi de différents métiers. La soif de ses décisions. « Si l'adulte refrène son envie de donner connaître et d'apprendre est à son plus haut niveau. des conseils au profit de questions permettant à l'enfant Jusque-là, l'enfant apprenait sans effort, telle une éponge de cheminer, ce dernier devient en capacité d'élaborer qui se remplit d'eau par capillarité. À partir de 6 ans, il des solutions, car son néocortex, la partie du cerveau qui devient acteur de ses apprentissages et peut consacrer gouverne la réflexion, commence à fonctionner correcune énergie importante à comprendre et à apprendre tement », précise Victoria Godard. Ces temps d'échanges ce qui l’intéresse. Il sera d'autant plus fier d'une réalisasont idéals pour transmettre aux enfants les outils – comtion qu'elle sera faite en groupe et dépassera ce qu'il était munication non violente, techniques de médiation… – capable de réaliser seul. Cela s'inscrit dans un besoin d'une communication efficace et authentique avec leurs d'entraide et de collaboration avec ses pairs qui le pousse pairs comme avec les adultes.

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Vivre ensemble

EMPATHIE ET CONNAISSANCE DE SOI se donner l'occasion de faire les choix les plus justes et À partir de 6 ans, l'enfant est en capacité de prendre les mieux adaptés pour soi », rappelle Catherine du recul sur ses propres actes. Catherine Schwennicke, Schwennicke, qui recommande de « valoriser le plaisir psychologue et coauteur du livre Parent zen (éditions de l'action quand l'enfant entreprend un projet plutôt de l’Homme, 2014), suggère que de valoriser le résultat. aux parents de faire d’abord « Bien se connaître, c'est se Plutôt que de dire “Tu as vrais'exprimer l'enfant sur la situament bien joué au foot !”, prédonner l'occasion de faire tion avant de donner leur avis. férer la formulation “C'était Pour cela, l'inviter par des les choix les plus justes. » chouette de te voir prendre questions du type : « Qu'en autant de plaisir à jouer penses-tu ? Après, si tu le veux, je te donnerai mon aujourd'hui.” » Ce type d'encouragement vaut donc avis. » Il forge ainsi sa capacité à se faire un avis sur ce quelle que soit l'issue du match et permet à l'enfant de qu'il fait et ce qui l'entoure. Pour la psychologue, c'est se connecter avec son plaisir de faire. un moment charnière, car « il dispose de six années pour développer son regard critique sur les comportePRÉSERVER LA NATURE DE L'ENFANT ments et un regard lucide sur lui avant d'entrer dans Si l'enfant aime bouger, il est important de préserver l'adolescence ». S'il développe une bonne connaissance des temps pour qu'il puisse avoir la liberté de le faire de lui-même, il disposera de bases plus stables de librement, même si ces comportements dérangent les confiance en lui. Tout cela lui sera précieux pour faire parents. Dans des conditions négociées au préalable, face à des responsabilités grandissantes, comme ses l'enfant qui peut faire ce qu'il aime faire au plus profond choix d'orientation scolaire. « Bien se connaître, c'est de lui-même trouvera là une source d'énergie positive Kaizen • Hors-série no 7 • Pour une enfance joyeuse • 87


Vivre ensemble

Les rapports de force :

une énergie à canaliser Dans les relations entre enfants, les rapports de force sont récurrents. Ils embarrassent les adultes, qui ne savent pas comment réagir, et les enfants, qui peuvent se sentir piégés dans un fonctionnement qui ne leur convient pas. Ils ont néanmoins une utilité qu'il est intéressant de connaître pour la préserver.

P

our Tarisayi de Cugnac, formatrice en Discipline positive, le grand secret pour aider les enfants à dépasser les luttes de pouvoir, c'est, en tant qu'adulte, de lâcher prise sur ce sujet. La plupart des rapports de force s'inscrivent dans le triangle de Karpman (lire encadré page ci-contre) où les enfants prennent alternativement l'une des trois places. En sortir signifie parvenir à n'être ni la victime, ni le per-

Les élèves de la Werfklas (Pays-Bas) participent aux travaux des champs. Objectif : prendre conscience de leur environnement.

90 • Kaizen • Hors-série no 7 • Pour une enfance joyeuse

sécuteur, ni le sauveur. Un adulte qui voit des enfants en conflit a tendance à se positionner en sauveur. Il entre dans le triangle de Karpman, maintenant la victime et le persécuteur dans leur position. Si ce même adulte décide de rester en dehors du triangle, la victime, dépourvue de sauveur, comprend qu'elle n'a personne pour l'aider. Elle doit donc faire un choix : se laisser martyriser ou prendre son pouvoir et dire stop. Cela n'exonère pas l'adulte d'aller à leur rencontre et de leur dire par exemple : « Je vois que vous vous disputez, j'ai confiance dans votre capacité à régler le problème. » Tarisayi de Cugnac rappelle que « l'enfant a un intérêt à vivre cette situation, c'est une opportunité de grandir en la dépassant. S’il trouve les ressources pour en sortir, il disposera de cet atout pour toute sa vie. » SORTIR DU TRIANGLE DE KARPMAN Si un enfant se positionne préférentiellement en victime, il est intéressant de lui faire saisir ce que recherche le persécuteur. Pour ce faire, Tarisayi de Cugnac utilise l’exemple suivant : quand un enfant court après des pigeons pour qu'ils s'envolent, il est persécuteur. Ce qui l'excite, c'est de voir les volatiles prendre peur et s'envoler. Si les oiseaux cessaient de déguerpir, le jeu deviendrait vite sans intérêt. Il s'agit là d'amener l'enfant à comprendre que ce qui excite le persécuteur, c'est de voir la peur de l'autre. Il peut ensuite créer des stratégies pour ne pas rester dans cette place de victime. Quand la situation l'exige, si l'enfant ne se


Vivre ensemble

Quel cadre ?

Quelles limites ? Poser des règles, des limites aux enfants est largement admis, mais peu expliqué aux parents. L 'intention avec laquelle le cadre est mis est aussi importante que le contenu des consignes pour que les enfants se sentent respectés et en tiennent compte.

L

e rôle des parents est de transmettre à leurs enfants première fois ces questions à la suite d'une conférence ce qui, dans notre société, est acceptable ou non sur la parentalité bienveillante. Cette réflexion engagée en matière de comportement, car si toutes les avec son conjoint leur a permis de comprendre que le émotions doivent être accueillies, les comportements respect physique et verbal au sein de la famille et ne sont pas tous convenables. Pour cela, L'Atelier des vis‑à‑vis des autres personnes était essentiel. Ils ont parents, dirigé par Nadège Larcher et Sophie aussi choisi d'être fermes sur l'aide pour les tâches Benkemoun, invite à « offrir ménagères, et plus souples sur un cadre sécurisant au sein Les règles doivent certains points, comme l'heure duquel l'enfant évolue en du coucher. Les règles ont fait être formulées de façon liberté sans que l'adulte cherche l'objet d'une discussion en à le contrôler ». Les règles positive. famille pour que tous aient le connues de tous – donc énonmême niveau d'information et cées clairement –, constantes et cohérentes, sont la que chacun puisse parler de son ressenti. Les enfants base d'un fonctionnement propice à l'épanouissement étaient ravis de ce partage et enthousiastes à l'idée de des enfants. Car « si le cadre varie en fonction de trouver une organisation qui convienne à tous. Les l'humeur de l'adulte, on n'est plus dans l'autorité, règles doivent être formulées de façon positive – mais dans l'arbitraire ». « Quand quelqu'un parle, on l'écoute jusqu'au bout avant de prendre la parole. » – et s'appliquer à tous – LA GENÈSE DU CADRE dans la mesure des capacités de chacun. « Une fois que Pour les parents, la première étape consiste à se poser les règles ont été acceptées de tous, un simple rappel les questions suivantes : « Qu'est-ce que nous accepde la règle en cas de transgression suffit à endiguer la tons ? Qu'est-ce que nous refusons ? » Élodie, maman majorité des incidents. Il arrive même que l'un des de trois enfants de 2, 6 et 8 ans, s'est posé pour la enfants nous rappelle la règle », s'amuse Élodie.

92 • Kaizen • Hors-série no 7 • Pour une enfance joyeuse


Vivre ensemble

FICHE PRATIQUE

Communication non violente Des outils pour passer à l’acte Communiquer s'apprend. Comme dans tout apprentissage, les débuts peuvent être balbutiants. Voici quelques pistes pour poser les premières pierres d'une communication plus efficace.

2. Réfléchir avant de réagir. Pendant ce laps de temps, une introspection est salutaire : qu'est-ce qui est touché en soi ? Quel est le besoin, la blessure qui se réveille ? Quand la source de la réaction est trouvée, envisager un échange plus apaisé avec l'autre devient possible. Les enfants ont besoin d'être accompagnés vers cette pause pour se calmer. Leur proposer de faire une activité qui les ressource ou de s'isoler – pas un isolement punitif, un temps pour eux – pour reprendre leurs esprits avant d'engager la discussion peut être salutaire. 1. Parler de soi. C'est essentiel, car l'autre est le déclencheur de la réaction et non la cause. Chaque réaction prend sa source dans l'histoire personnelle de celui qui vit une émotion. À la question « Est-ce que quelqu'un d'autre à ma place réagirait différemment ? », la première réponse est souvent « non », puis, en y réfléchissant, il est possible de comprendre que, oui, telle ou telle autre personne aurait sans doute réagi autrement. C'est en soi qu'est l'origine de la réaction, même si elle est déclenchée par ce qu'a fait le tiers. Pour s'en convaincre, il suffit de se souvenir de la dernière tension familiale et de faire un point sur ce qui l’a déclenchée. Ce déclencheur est-il toujours de nature à engager une telle réaction ou est-ce que, bien reposé, de bonne humeur, votre réaction pourrait être différente ? Cela est valable pour les adultes, mais aussi pour les enfants qui, épuisés ou agacés, peuvent avoir des réactions disproportionnées. Prendre conscience que l'autre a allumé un pétard dont la poudre était déjà à l'intérieur de soi est utile pour tous.

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3. Accepter l'autre tel qu'il est sans vouloir le changer. Il peut résulter de l'échange des prises de conscience et donc des changements de comportement, mais cela doit venir de la personne elle-même. Le questionnement ouvert peut permettre de favoriser le cheminement en offrant un espace de réflexion. Les enfants ont leur propre personnalité et tracent leur propre chemin. Vouloir les changer est le meilleur moyen de créer des résistances qui compliquent la communication. 4. Écouter l'autre pendant qu'il parle. La plupart des personnes pensent à ce qu'elles vont dire ensuite, alors même que l'autre s'exprime encore. C'est cela qui est à l'origine des discussions familiales où les uns et les autres se coupent la parole. Mais, le cerveau n'étant pas en capacité de faire deux choses en même temps, le temps consacré à préparer la réponse ne l'est pas à écouter les mots prononcés. Comment répondre à un message qui n'a pas été vraiment entendu ?



Vivre ensemble

Les jeux coopératifs :

tous gagnants

Dans la plupart des jeux, il y a un gagnant et des perdants. Le gagnant tient son statut de l'échec des autres. Les jeux coopératifs proposent de changer de paradigme : à l'issue de la partie, tous les joueurs gagnent ou perdent ensemble, car l'enjeu est un défi à relever collectivement.

Q

uand Guillaume Lenoble, papa d'Éléa, 5 ans, et collectivement et il encourage la reconnaissance du de Kélian, 7 ans, créateur de Belugames.com, groupe pour les idées et actions individuelles. Cette site de référencement et de vente de jeux coopédynamique amène les joueurs à prendre du plaisir dans ratifs, jouait avec ses enfants à des jeux compétitifs, il la coopération. Guillaume confirme, le sourire aux lèvres, lui arrivait de « laisser gagner » l'un d'entre eux pour que les « ouais ! » collectifs lancés de concert en cas de éviter les larmes et les crises de colère. Les sessions de victoire, suivis des « tapes dans les mains comme une jeu étaient assez courtes, car, après la première partie, équipe de sport » créent une complicité qui dure bien « Kélian préférait souvent s'arrêter : s'il avait perdu, il après le jeu. « À la fin du temps de jeu, on a tendance à était déçu et plus très enclin à s'amuser et, s'il avait gagné, continuer à faire des activités en commun, comme aller il préférait rester sur une victoire ». Pour Mohamed se promener ou cuisiner, car une dynamique d'équipe Slimani, coordonnateur de l'association Le Pas de côté s'est installée et tout le monde a envie de la prolonger », (lire plus bas) et détenteur d'un DESS en sciences du confie Coralie, la femme de Guillaume. jeu, « c'est l'avantage du jeu coopératif : quand la notion de gagner ou de perdre est la résultante d'un travail CHACUN Y TROUVE SON COMPTE d'équipe, le plaisir est partagé en cas de victoire et la Avant de connaître les jeux coopératifs, la famille Lenoble déception – collective – moins difficile à vivre si la partie se retrouvait confrontée au problème du choix du jeu : est perdue ». Le passage des trop complexe, et Éléa ne poujeux classiques vers les jeux de Prendre du plaisir vait pas jouer ; trop simple, et coopération nécessite parfois c'était Kélian qui s’ennuyait dans la coopération. un temps d'adaptation pour rapidement ou alors gagnait certains enfants qui, habitués à gagner, peuvent être un toutes les parties. Le jeu en équipe permet à chacun de peu « en manque » lors des premières parties. Mohamed contribuer à hauteur de ses compétences. « Kélian orgaSlimani accompagne ces enfants vers le plaisir de gagner nise le jeu alors qu'Éléa bouge les pions sur le plateau.

104 • Kaizen • Hors-série no 7 • Pour une enfance joyeuse


Vivre ensemble

Ne pas s’affronter, viser un objectif commun crée une atmosphère joyeuse et bienveillante.

Et, lorsqu'il s'agit de se retrouver dans des positions incroyables, comme dans Acrobatino [Haba, à partir de 3 ans], ce sont les adultes qui peinent à réaliser les défis ! » Il y a aussi de francs moments de rigolade quand, « à force de voir les coccinelles du Bal masqué des coccinelles [Selecta, à partir de 4 ans] s'embrasser, Éléa fait de même avec ses partenaires de jeu ». Ce type de scène est favorisé par l'ambiance joyeuse entre les joueurs qui visent un objectif commun. Autre spécificité de la coopération : si tous les joueurs sont d'accord pour enfreindre ou modifier une règle, cela est possible. « Éléa propose parfois des aménagements de la règle tellement énormes que nous piquons tous un fou rire et, en même temps, du haut de ses 5 ans, elle développe des stratégies incroyables pour faire tourner le jeu à l'avantage de l'équipe », s'amuse Coralie, qui se souvient aussi d’une partie de jeu entre adultes avec des Flamands qui refusaient tout aménagement : « La culture influe sur notre façon de jouer. » Pouvoir suivre la règle, mais aussi la faire évoluer pour rendre la partie prenante, nécessite une souplesse cognitive intéressante pour favoriser la capacité d'adaptation et la prise d'initiatives.

JOUER, C'EST FAIRE SOCIÉTÉ Et si apprendre à gagner ou à perdre collectivement était un premier pas vers plus de solidarité dans la société ? C'est le pari de l'association Le Pas de côté, qui promeut l'intelligence collective dès le plus jeune âge afin que la complémentarité et les différences au sein d'une équipe soient perçues comme des forces par les joueurs. Pour favoriser l'émergence d'une société de la coopération, le jeu est un très bon outil. Derrière l'aspect ludique et agréable de ces moments autour de la table, Mohamed Slimani observe attentivement ce qu’il se passe entre les joueurs et il lui arrive d'aller échanger en fin de partie avec l’un des équipiers sur son comportement ou son ressenti. Par exemple, à un enfant agacé d'avoir perdu – fût-ce en équipe –, accusant un joueur d'avoir « fait les mauvais choix ou eu de mauvais tirages aux dés », Mohamed Slimani rappellera la notion de coopération. Car, « en plus des Kaizen • Hors-série no 7 • Pour une enfance joyeuse • 105


Pour une enfance joyeuse

Pour une enfance joyeuse Tome 2 6 à 12 ans

Manuel des apprentis… sages

Avec ce petit manuel d’apprentis sages, Kaizen vous offre les clefs pour que votre enfant soit bien dans son corps, bien dans sa tête, préserve sa curiosité d’apprendre et tisse des liens harmonieux avec son entourage. L’éducation consciente est un long pro‑ cessus qui œuvre pour une enfance joyeuse et qui pose les pierres d’une vie heureuse. La sixième année, considérée comme l’âge de raison, marque l’entrée dans une période plutôt calme, entre la petite enfance et l’adolescence. Un moment charnière où les parents et les grands‑parents accompagnent l’enfant dans la construction de sa personnalité et de son avenir d’adulte.

Manuel des apprentis… sages

Pour que les enfants se dotent de capa‑ cités d’adaptation et de réflexion dans un monde en mouvement, ce hors-série livre quelques pistes possibles : inciter davantage aux jeux coopératifs, mettre en place des temps de méditation parta‑ gés, permettre à l’enfant harcelé de chan‑ ger de posture, favoriser les apprentis‑ sages en respectant son tempérament, encourager le contact avec la nature… À l’aide de fiches pratiques, d’interviews, de bonnes adresses et d’exemples d’ini‑ tiatives, vous découvrirez un nouvel horizon de la parentalité.

« On ne naît pas vertueux, on le devient. Et cela passe par l’éducation. »

979-10-93452-15-9

André Comte-Sponville


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