numéro 18 janvier-février 2015
dossier
Bien changer le monde pas à pas
nos bonnes Quel adresses transport en ville ? annecy
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Bonne
les marchés gratuits les nouveaux paradis du troc
05 Édito 07 Ils sont Kaizen
SOMMAIRE
18
janvier-février 2015
Portfolio 40 Michel d'Oultremont : Féerie aquatique
63 La voie du Kaizen Florence Servan-Schreiber : Aller bien est une décision citoyenne
64 Portraits
08 Le journal
Les nouveaux savonniers à froid
des actus positives
66 Le bon plan
10 Et si on le faisait ?
Annecy
Un marché où tout est gratuit
14 Ensemble,
50 Changeons
Lyon aide les Roms en Roumanie
À Saillans, dans la Drôme, les habitants prennent le pouvoir
on va plus loin
18 Vent du Sud Tunisie : construire la démocratie locale
de gouvernance
56 Infographie Comment se déplacer en ville ?
70 Do It Yourself La douceur cachée du vinaigre
74 Sauvage et délicieux Le gingembre ... une racine qui met le feu !
20 Désenfumage
58 Créateurs
Que recèle la loi relative à la transition énergétique pour la croissance ver te ?
Bookcrossing : des inconnus vous offrent des livres
de culture
24 Dossier Bien manger Bonne santé
80 Les rendez-vous Kaizen 83 Le sourire d’Yvan 88 Colibris reporters 90 Le regard
de Pierre Rabhi | JANVIER-FÉVRIER 2015 |
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Magazine bimestriel numéro 18 Janvier-février 2015 Imprimé sur papier recyclé blanchi sans chlore Directeur de la publication Patrick Oudin Directrice d'EKO LIBRIS Françoise Vernet Directeur de la rédaction Cyril Dion Rédacteur en chef Pascal Greboval Directeur artistique Yvan Saint-Jours Secrétaire de rédaction Diane Routex Contact contact@kaizen-magazine.fr Tél. 01 56 03 54 71 Abonnements abonnement@kaizen-magazine.fr Comptabilité et administration administration@kaizen-magazine.fr Rédaction redaction@kaizen-magazine.fr Photo de couverture © Anne-Sophie Mauffré Maquette et mise en pages Schuller-Graphic SIREN : 539 732 990 I APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 92284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution
NOUVELLE ANNÉE, NOUVEAU KAIZEN Plus de 2 400 ans après qu'Hippocrate, le précurseur de la diététique, l'ait affirmé, nous continuons à « être ce que nous mangeons ». Il nous a fallu des milliers de pages de littérature médicale pour prouver et approuver cet axiome d'une logique imparable : ce que nous ingérons devient la matière qui nous constitue. Manger est donc le premier moyen de rester en bonne santé, mais également de nous soigner. Cela peut paraître indéniable, et pourtant, combien de personnes, combien de médecins agissent encore en dépit de cette évidence. Évidence que les Indiens ou les Chinois ont intégrée à leur médecine traditionnelle depuis des siècles. Dans le dossier de cette nouvelle année, vous trouverez donc de quoi vous faire plaisir tout en prenant soin de votre corps, mais aussi de quoi convaincre les derniers sceptiques ! Ce numéro est également le dernier de cette formule. À partir du prochain numéro (mars-avril), nous espérons pouvoir vous proposer un Kaizen réinventé, encore plus axé sur la mise en action, la mise en lien, mais aussi un Kaizen plus ouvert. Vous êtes la communauté qui a permis à Kaizen d'exister, nous voulons désormais vous donner les moyens de diffuser le cœur de notre message au plus grand nombre. Plus que jamais, nous avons besoin de nous rassembler et de construire une société plus juste, plus écologique, plus attentive aux êtres humains. Pour participer à cette nouvelle aventure, nous vous invitons à participer sur la page KissKissBankBank du projet (voir page 9). Toute l'équipe se joint à moi pour vous souhaiter une nouvelle année pleine de joies, d'accomplissement et d'équilibre.
Distribution Presstalis Distribution export Export Press Vente au no pour les diffuseurs : Alexandre Campi Groupe HOMMELL Tél. 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peut être reproduit-e sans l'autorisation du magazine. Merci.
KAIZEN « Changer le monde pas à pas »
Cyril Dion Directeur de la rédaction
Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse Sandrine Novarino Tél. 05 63 94 15 50
ÉDITO
Kaizen késaco ? Kaizen est un mot japonais signifiant littéralement « changement bon ». Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un deuxième puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau.
© Linda Louis
Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 142 720 € 95, rue du Faubourg-Saint-Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.com
TEXTE ET PHOTOS STÉPHANE PERRAUD
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ET SI ON LE FAISAIT ?
La gratiféria repose sur un principe simple : donner des vêtements ou des objets qu'on n'utilise plus et en récupérer de nouveaux, sans aucun échange d'argent. Né en Argentine, le phénomène essaime en France avec succès.
'une cagette de vêtements posée à même le sol, Christelle extrait une paire de chaussures presque neuve. Son regard s'illumine : « Trop bien ! Je les prends. » Dix minutes plus tôt, cette jeune lyonnaise avait déposé sur un portant au milieu du jardin public plusieurs petits hauts qui dormaient dans sa penderie. En ce dernier dimanche de septembre, elle renouvelle sa garde-robe pour pas un sou. Voilà le principe même d'une gratiféria. Ce néologisme espagnol, contraction de gratis et feria, signifie « foire gratuite ». Le phénomène est né en 2010 en Argentine et se répand depuis dans le monde entier. En France, voilà déjà plus de deux ans
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que ces marchés sans argent investissent les lieux publics à l'initiative de simples citoyens. « On ne connaissait pas le terme gratiféria quand on a créé cet événement. Pour éveiller la curiosité, on l'a baptisé Troc ton slip !, même s'il n'y a pas de notion d'échange ou de réciprocité. On apporte ce qu'on veut. Ou rien. Et l'on repart avec ce qui nous plaît », explique Sophie Haeffelé, appuyée par Hélène Thevenot et Jérôme Grias, organisateurs de cette gratiféria lyonnaise qui s'ignore. Issus du monde du spectacle et très engagés dans les échanges de savoirs au sein d'une association de quartier, ces trois jeunes bénévoles n'en reviennent toujours pas du succès rencontré. « On a fait un peu de com-
munication sur les réseaux sociaux, et plusieurs centaines de personnes sont venues déposer des habits et quelques objets – disques, livres, bijoux – dans un petit parc qu'on a investi le temps d'un après-midi. On croise ici des gens très différents les uns des autres, des étudiants, des familles aisées, des sans-abri venus par hasard… Tout le monde se parle, prend le temps d'essayer, d'échanger des conseils. Curieusement, de nombreuses personnes n'osent rien prendre ou demandent, gênées, si elles peuvent laisser un peu d'argent. Visiblement, on possède tous la culture du don, mais pas celle de la gratuité », estime Sophie.
Ci-dessus : Une gratiféria invite à se débarrasser de possessions matérielles devenues inutiles ou superflues, afin qu'elles circulent et profitent à d'autres. Page de gauche : Christelle est arrivée avec un sac de vêtements à donner. Elle repartira de la gratiféria avec une douzaine de nouvelles pièces, dont une paire de chaussures. | JANVIER-FÉVRIER 2015 |
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AIDE LES
EN ROUMANIE
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TEXTE ET PHOTOS MARIANNE RIGAUX
ans les rues poussiéreuses du quartier rom de Tinca, dans le Nord-Ouest de la Roumanie, les Français sont les bienvenus. Les Lyonnais, encore plus. « Ça, c'est grâce aux Français », lance une femme entourée d'enfants en montrant un compteur électrique. Tous les aménagements des quatre dernières années, les habitants du village les doivent au Grand Lyon, la communauté urbaine de Lyon. Entre Tinca et la collectivité française, c'est une histoire d'amitié, mais aussi de pragmatisme. En 2010, Hubert Julien-Laferrière, vice-président du Grand Lyon délégué à la coopération décentralisée et à la solidarité internationale, fait un constat sans appel : la moitié des Roms présents dans l'agglomération de Lyon sont originaires de Tinca et de ses environs. Le village, situé à deux pas de la frontière hongroise, compte 8 000 habitants, dont 2 500 Roms, selon les chiffres de la mairie. Ils subsistent en faisant des allers-retours entre la Roumanie et la France. Ils viennent mendier ou travailler, rapportent les économies au pays, repartent quand les caisses sont vides. Et ainsi de suite. En novembre 2011, le Grand Lyon engage un projet de développement à Tinca pour améliorer les conditions de vie de sa population rom. Objectif affiché : donner envie aux habitants de réduire leurs allers-retours et, à terme, leur permettre de trouver du travail en Roumanie. Autrement dit : faire en sorte que les Roms restent en Roumanie, comme le résument rapidement certains médias ou politiques. Certes ! Mais en leur apportant aussi un début de confort.
© Thomas Ott / ITD Monde
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FAIRE AUTREMENT AVEC LES ROMS Selon Olivier Brachet, vice-président du Grand Lyon chargé du logement, « cette collaboration est née de la volonté et de l'obligation d'aborder l'immigration rom autrement. Les solutions à apporter à ces personnes ont changé, car leur statut juridique a changé. » Aujourd'hui, 15 000 à 20 000 Roms vivent en France, dont 1 500 à 2 000 à Lyon. « En 1994, quand je dirigeais l'association Forum réfugiés, j'ai vu arriver à Lyon les premiers Roms de Roumanie. Mon travail était de les aider à obtenir le droit d'asile. Aujourd'hui, le droit d'asile ne s'applique plus, ils sont citoyens européens et circulent librement. On ne peut plus les aider de la même manière. Désormais, travailler avec les
─ « Essayer de les aider là-bas. » ─ Roms, c'est soit leur faire accéder aux droits sociaux ici, soit essayer de les aider là-bas. » Un travail rendu difficile par le racisme dont sont victimes les Roms en Roumanie. Avant de se lancer avec Teodor Coste, le maire de Tinca, le Grand Lyon a essuyé le refus d'autres maires, peu enclins à faire bouger les choses. Cette collaboration est une première, et elle dispose d'un budget conséquent : 491 600 euros, dont 300 000 euros venant de la communauté urbaine de Lyon. Le reste est apporté par la Fondation Abbé Pierre, la ville de Tinca et le département de Bihor, en Roumanie. L'ONG ITD monde (anciennement Villes en transition) a été choisie pour gérer l'ensemble de l'opération.
Le centre multifonctionnel de Tinca. | JANVIER-FÉVRIER 2015 |
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ENSEMBLE, ON VA PLUS LOIN
Sans angélisme ni illusions, une collectivité française investit dans un village roumain pour tenter une autre approche de l'immigration.
Dossier
RÉALISÉ PAR MARIE FUKS
IEN MANGER ONNE SANTÉ 24 | JANVIER-FÉVRIER 2015 |
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© Alfred Cromback/Le Carton /Picturetank
Comme se le demande Pierre Rabhi, faut-il se souhaiter « bon appétit » ou « bonne chance » quand on passe à table ? Tout dépend de ce que l'on mange… Indigestions, lourdeurs d'estomac, mais aussi obésité ou maladies cardiovasculaires nous rappellent que ce que nous mettons dans notre assiette peut nous jouer des tours ! Satisfaire nos besoins nutritionnels n'est pas une question de quantité, mais de qualité. Et si nous essayions de comprendre comment nos choix alimentaires influencent notre santé ?
Ce vanneau huppé semble se mirer dans l'eau. La lumière d'avril se reflétant sur le givre est féerique.
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Michel d'Oultremont, jeune photographe belge sur les traces de Vincent Munier, utilise l'image pour nous sensibiliser à la beauté de la nature. Il nous propose ici une féerie aquatique. PORTFOLIO MICHEL D'OULTREMONT | JANVIER-FÉVRIER 2015 |
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À Saillans,
dans la Drôme, LES HABITANTS PRENNENT LE POUVOIR TEXTE AUDE RAUX PHOTOS ÉLÉONORE DE FRAHAN
C'est une première en France : aux municipales de mars 2014, dans ce village, une liste citoyenne s'est présentée et a remporté les élections. Depuis, la mairie fonctionne de façon innovante suivant un système – pensé par les habitants – à la fois collégial et participatif.
es habitants de Saillans sont à l'image de la Drôme, l'une des dernières rivières torrentielles sauvages d'Europe, qui irrigue leur ravissant village adossé au Vercors : ingouvernables ! Lors des municipales de mars 2014, ils ont présenté une liste collégiale et participative : Autrement pour Saillans… tous ensemble. Et la vague démocratique a déferlé : ces citoyens, tous novices en politique, ont remporté les élections au premier tour, avec 56,77 % des voix, pour un taux de participation de 78,97 % (sur 1 070 inscrits). « Saillans est une commune contestataire. C'est dans ses gênes. D'ailleurs,
L 50 | JANVIER-FÉVRIER 2015 |
depuis 1945, pas un maire n'a été réélu. » Six mois après sa défaite, François Pégon, maire congédié par ses administrés, confie son amertume à la terrasse ensoleillée d'un café, face au prieuré restauré sous son mandat : « La démocratie participative est un miroir aux alouettes. Voir ce groupuscule qui se dit apolitique prendre la commune, alors qu'il y a une forte idéologie derrière, que je qualifierais d'altermondialiste et d'anticapitaliste, me fait craindre que Saillans ne périclite. La politique est une affaire de professionnels, de techniciens. En plus, ils ont été élus, non pas sur un programme, mais sur une méthode… »
Bookcrossing :
DES INCONNUS VOUS OFFRENT DES LIVRES
© Pascal Greboval
TEXTE CLAIRE TEYSSERRE-ORION DESSINS LE CIL VERT
CRÉATEURS DE CULTURE
Libérer des livres pour faire du monde une bibliothèque : tel est le rêve des adeptes du bookcrossing. Ce phénomène, qui connaît de nombreuses déclinaisons, est aussi créateur de lien social. u café parisien Le Petit Châtelet, chaque deuxième mardi du mois, des piles de livres envahissent la salle du sous-sol. Et une drôle de rumeur emplit l'espace : des femmes et des hommes de tous âges et de tous horizons professionnels parlent littérature en s'échangeant des ouvrages. Il est aussi question de « libération » et de « chasse », des termes qui semblent incongrus dans la bouche des membres d'un club de lecture… Il s'agit en réalité d'une rencontre de bookcrosseurs. Le bookcrossing (parfois traduit par « passe-livre » en français), système d'échange de livres, a été inventé par Ron Hornbaker, un Américain amoureux des livres et expert en sites Internet communautaires. En 2001, il a l'idée de concevoir une plate-forme Web sur laquelle il sera possible d'attribuer un numéro à un livre pour suivre son périple. Car, pour un bookcrosseur, un livre a bien mieux à faire que de prendre la poussière sur une étagère. Au contraire, les
A
livres doivent avant tout voyager pour rencontrer le plus de lecteurs possible. Ces derniers pourront ensuite partager leurs impressions sur le site et libérer à leur tour l'ouvrage qu'ils avaient attrapé. Aujourd'hui [décembre 2014], Bookcrossing.com possède une communauté de plus de 1,3 million de bookcrosseurs, et presque 11 millions de livres répertoriés sont en circulation dans le monde entier. Autant dire que le bookcrossing est loin d'être un club sélect !
UNE RENCONTRE : DU VIRTUEL AU RÉEL Mariesg – c'est son pseudonyme – a découvert le bookcrossing il y a huit ans, à la faveur d'un article de presse. Pour cette professeur des écoles, l'amour des livres, ainsi qu'un certain attrait pour la dimension ludique du phénomène, ont fait le reste : cela lui plaît de libérer des livres, d'en trouver d'autres, et de traquer leurs destinées. Elle s'est d'abord adonnée à ces fameuses « libérations sauvages », qui consistent
© Pascal Greboval
à laisser des livres dans des lieux publics, dans un train, sur un banc… Mais, aujourd'hui, Mariesg préfère la convivialité bien réelle des réunions au Petit Châtelet. Elle y a trouvé de véritables amis, et les discussions ne se cantonnent pas à la littérature. Quand elle voyage dans une autre ville, elle ne manque jamais de contacter les bookcrosseurs autochtones. Pour continuer à faire de nouvelles rencontres, des Méga Bookcrossings – les « MBC » – sont organisés dans plusieurs villes, à Bordeaux, Lyon ou Saint-Malo. Là, des bookcrosseurs de la France entière se retrouvent pour libérer et traquer des livres, mais surtout pour se rencontrer et échanger ! Cependant, le bookcrossing peine à trouver son élan en France. L'Allemagne est souvent citée comme l'exemple idéal dans la communauté : elle compte quatre fois plus de bookcrosseurs que l'Hexagone, et c'est le deuxième pays où le phénomène est le plus fort après les États-Unis. Pour expliquer cette différence, les bookcrosseurs émettent l'hypothèse d'une certaine méfiance des Français vis-à-vis de la gratuité : ils oseraient moins se saisir de ce qui est offert. Par conséquent, les bookcrosseurs français | JANVIER-FÉVRIER 2015 |
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Annecy TEXTE ET PHOTOS PASCAL GREBOVAL L
6 6 | JANVIER-FÉVRIER JANVIER FÉVRIER 2015 |
es Colibris, les Incroyables comestibles, les membres de Villes en transition, mais aussi les « sans étiquette » : à Annecy comme nulle part ailleurs, ils font leur part. Ils ? Quelques personnes motivées pour inciter la population annécienne à penser sa ville autrement. Comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, tous ces différents mouvements coopèrent. Résultat de ce travail collectif : depuis mars 2014, ils disposent d'une belle vitrine, un potager libre situé... rue du Travail ! Cette ancienne friche a été transformée, en quelques semaines, en un jardin ouvert à tous permettant de créer du lien social, de former aux techniques de permaculture et de partager les récoltes. Un bel exemple de réappropriation de l'espace public et du « faire ensemble ». Lieu tout aussi symbolique – situé... chemin des Grèves ! – : Alterlocal. Depuis 2010, cette association organise rencontres, échanges de savoirs et de savoir-faire (éducation populaire), concerts et disco soupes avec pour objectif de lutter contre toute forme d'uniformisation et d'isolement.
L
MANGER Comme tant d'autres personnes rencontrées lors de la rédaction de ces Bons plans, Pascale a complètement changé de vie du jour au lendemain. En 2010, elle quitte le secteur de la parfumerie, dans lequel elle s'ennuie, pour se lancer dans la restauration. Élevée par une mère très en avance sur le sujet – « On mangeait déjà bio dans les années 1970 à la maison. » –, elle ouvre naturellement un établissement 100 % bio : L'Heure bio. Depuis, elle prépare de très bons plats avec des produits locaux et de saison, en ayant le souci de satisfaire les végétariens. Si vous ne pouvez pas profiter de la terrasse ensoleillée place des Cordeliers, n'hésitez pas à emporter votre repas dans des emballages 100 % biodégradables et à aller les déguster au bord du Thiou, à quelques pas de là. Envie d'une pizza bio à 4 heures du matin ? À Annecy, c'est possible ! Au début, cela prête à sourire : conjuguer bio et pizza en libre-service 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, quelle drôle d'idée ! Mais après avoir testé, on rigole moins ! C'est bon et efficace. « On peut nous faire diverses critiques, comme le manque d'humanité », reconnaît Jean-Édouard, le directeur de La Source, l'épicerie attenante qui gère l'automate à pizzas. « Mais c'était la seule solution pour maintenir l'activité de restauration le midi. » | JANVIER-FÉVRIER JAN 2015 |
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LE BON PLAN
En quelques décennies, le lac d'Annecy a vu sa réputation s'inverser : il s'enorgueillit aujourd'hui d'être le lac le plus pur d'Europe, avec un taux de nitrates inférieur à un milligramme par litre. Et si la ville s'inscrivait elle aussi dans cette voie dynamique ?
D.I.Y
fais-le toi-même
DU VINAIGRE TEXTE SYLVIE HAMPIKIAN PHOTOS CARINE LUTT
Et voilà ! Il fallait bien que ça arrive : notre rubrique do it yourself tourne au vinaigre ! Dans l'esprit Kaizen, bien entendu, c'est-à-dire pour adoucir l'odeur quelque peu aigrelette de cet ingrédient et lui rendre la place qu'il mérite dans les soins de toilette.
7 0 | JANVIER-FÉVRIER 2015 |
FAIS-LE TOI-MÊME
AUX PLANTES Recette extraite de J'embellis mes cheveux, de Sylvie Hampikian, Alexandra Perrogon et Carine Lutt, septembre 2014, éditions Terre Vivante, 120 p., 14 €.
Les différentes versions de ce vinaigre, à base de plantes renommées pour les soins des cheveux, s'emploient soit en friction du cuir chevelu, soit comme lotion de rinçage. Le vinaigre de romarin a les deux usages, car il est réputé pour favoriser la pousse des cheveux, les embellir, les fortifier et leur donner de beaux reflets. Le vinaigre de lavande est recommandé en rinçage après un shampooing antipoux, dont il complète l'action. Le vinaigre aux plantes est plutôt destiné à la friction du cuir chevelu. Il permettra de traiter l'hyperséborrhée (cheveux gras), les pellicules, et de prévenir la chute excessive des cheveux. 1
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Préparation : 10 minutes Macération : 2 semaines Conservation : plusieurs mois à température ambiante Fréquence moyenne d'utilisation : de 1 fois par semaine à 2 fois par jour pour la friction capillaire ou après chaque shampooing en rinçage Ingrédients : • 400 à 500 ml de vinaigre de cidre (ou, à défaut, de vinaigre blanc) • 1 tasse de romarin ou de lavande ou d'un mélange de plantes séchées (par exemple : sauge, romarin, lavande, cannelle, bois de Panama…)
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1/ Préparez le romarin ou la lavande ou le mélange de plantes. Si nécessaire, coupez les grosses feuilles, les rameaux, les racines et les écorces en petits morceaux. Faites chauffer le vinaigre jusqu'à frémissement. Ajoutez les plantes et faites cuire à couvert 5 minutes à feu doux. Retirez du feu. 2/ Versez le tout, sans filtrer, dans un grand bocal et laissez macérer pendant 10 à 15 jours à température ambiante. Veillez à ce que les plantes soient bien immergées dans le vinaigre. 3/ Filtrez à travers un filtre à café ou une passoire très fine ; mettez en bouteille et étiquetez. Pour l'usage en friction (vinaigre au romarin, vinaigre aux plantes), le mieux est de verser un peu de vinaigre dans un flacon muni d'en embout conique, ce qui facilitera l'application sur le cuir chevelu. Pour l'usage en rinçage (vinaigre au romarin, vinaigre à la lavande), la bouteille d'origine conviendra parfaitement. | JANVIER-FÉVRIER 2015 |
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Cuisine SAUVAGE &DÉLICIEUX UX !
TEXTE ET PHOTOS LINDA LOUIS
Le gingembre réchauffe aussi bien notre palais que notre organisme, grâce à ses notes piquantes, camphrées, citronnées, et à ses principes actifs très puissants. En hiver, il s'impose tout naturellement.
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posent sur leurs étals, et c'est sous cette forme que l'on réalise le meilleur gingembre confit. En cuisine, comme dans la pharmacopée, cette racine épicée aux multiples bienfaits nous stimule et tombe à pic en cette période de froid !
VERTUS THÉRAPEUTIQUES ET MÉDICINALES Le gingembre offre des propriétés antioxydantes et antibactériennes (grâce au gingérol, au shogaol et au zingérone, composés phénoliques responsables du piquant ou pseudo-chaleur). C'est un tonique général pour l'organisme qui combat : • les infections (état grippal, migraine) ; • la fatigue chronique ou passagère ; • les problèmes digestifs (manque d'appétit, nausées postopératoires, de grossesse ou liées au mal des transports, ballonnements…) ; • les diarrhées ; • les douleurs musculaires (en usage externe). Pour les nausées et l es problèmes digestifs : infusion de 1 g (½ c. à c.) de gingembre frais râpé dans 200 ml d'eau chaude pendant 5 minutes, 3 fois par jour. Traitement aussi bien préventif que curatif. Pour la grippe : même remède que ci-dessus, jusqu'à la fin des symptômes. Traitement aussi bien préventif que curatif. Pour les douleurs musculaires ou l'arthrose : application de 3 à 4 gouttes d'huile essentielle diluées dans 1 c. à s. d'huile neutre, 3 fois par jour, sur la zone douloureuse. Pour stimuler la libido : même remède que ci-dessus, application sur le ventre ou dans le creux des reins (bien se laver les mains après !). Le gingembre n'est pas contre-indiqué aux femmes enceintes, mais il leur est recommandé de ne pas le consommer sur une trop longue période. N'en prenez pas plus de 10 g frais par jour.
IDENTIFICATION DE ZINGIBER OFFICINALE (ZINGIBÉRACÉES) • Plante vivace au port de r oseau, aux feuilles alternes, lancéolées, très longues et pointues, odorantes. • Inflorescence située à l'ais selle des feuilles, en forme d'épi, recouverte d'écailles lisses formant à maturit é des fleurs blanches et jaunes ponctuées de r ouge sur les lèvres. • Rhizome tubéreux, à croissance horizontale, constitué de segments noueux mar qués par des cic atrices foliaires, à la chair jaune et à la saveur piquante, poivrée, teintée de notes d'agrumes. • Présent dans toutes les zones tropicales.
À ne pas confondre avec… • Le curcuma (Curcuma longa) au rhizome bien plus petit, allongé et non ramifié, à la chair orange et non piquante (à utiliser av ec des gants, c ar il t ache beaucoup les doigts), disponible en épiceries biologiques. • Le galanga (Alpinia galanga), au rhizome as sez proche de celui du gingembre, quoique moins dodu, à la chair blanche, moins piquante et plus citronnée, disponible en épiceries asiatiques.
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CUISINE
as très locale, comme plante, diront certains ! Certes, le gingembre ne pousse pas sous nos latitudes, car il a besoin d'un climat très chaud et humide pour se développer. Mais il fait partie de notre culture gastronomique depuis le Moyen Âge et sublime nos plats d'un coup de baguette magique. Il s'inscrit parfaitement dans « l'exception Marco Polo ». Il s'agit, pour les locavores, de tolérer la consommation de quelques aliments ayant parcouru de longues distances, comme le café, le thé ou le chocolat, pourvu qu'ils soient issus du commerce équitable. D'ailleurs, certains historiens estiment que le célèbre voyageur aurait été le premier Européen à avoir découvert le gingembre sur pied. Probablement originaire de l'Inde, le gingembre aurait été acheminé dans un premier temps par les Arabes vers l'Afrique orientale. Égyptiens, Grecs et Romains s'en emparent alors et facilitent son commerce dans tout l'Occident. Au IXe siècle, il se vend à prix d'or (500 g équivalent à un mouton !) et envahit les cuisines royales. Aujourd'hui, ce rhizome épicé demeure un aliment très prisé des gastronomes adeptes de cuisine asiatique et médiévale ou de pâtisserie anglo-saxonne. En France, on connaît plus le gingembre sous sa forme presque séchée (appelé gingembre gris ou gingembre vêtu), avec sa robe gris doré et sa chair jaune, chaude et poivrée. Riche en amidon, il contient des protéines, des graisses et des huiles essentielles responsables du feu en bouche. Selon les variétés, il peut être de gros calibre et former des mains (Chine, Inde, Brésil), plus aromatique (Pérou, Jamaïque), plus riche en huiles essentielles (Nigeria, Cameroun). Dans ces pays, il se déniche frais, après 10 mois passés dans une terre fertile, chaude et humide. Il ressemble alors à un radis blanc, long et fin. Sa peau transparente et fine se retire facilement ; ses pousses sont rose pâle à la base ; sa chair blanche, tendre, humide et non fibreuse évoque celle d'une grosse asperge ; son goût est moins intense et piquant qu'à maturité. Certaines épiceries asiatiques en France en pro-
Agenda Kaizen 18 – janvier-février 2015
LES RENDEZ-VOUS
Passons à l’acte SPÉCIAL DÉCORATION D'INTÉRIEUR : Les Ateliers du Mathais Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs (38) www.lesateliersdumathais.fr 04 76 06 32 14
Syndrome du poisson lune. Réservation conseillée au 03 20 61 29 72
8 janvier : Institut Goethe – (Paris 75016) Conférence Kaizen : Se soigner par l'alimentation, avec le docteur Jean-Michel Lecerf, le chef Michel Zobler et la journaliste Marie Fuks. Soirée animée par Cyril Dion. Réservations sur : www.kaizen-magazine.com
• 5 au 17 janvier : Stage « Les enduits naturels » • 23 au 27 février : Stage « Les stucs »
24 janvier au 2 février : Die et Biovallée de la Drôme (26) 13es rencontres de la citoyenneté et de l'écologie au quotidien www.ecologieauquotidien.fr 04 75 21 00 56
Terra Originalis Breuillet (91) www.terra-originalis.com 09 50 27 35 06
16 au 18 janvier : Parc des expositions – Metz (57) 9e édition du Salon pour les économies d'énergie www.metz-expo.com - 03 87 55 66 46
26 au 28 janvier : Parc des Expositions – Montpellier (34) 22e Millésime Bio, mondial du vin biologique www.millesime-bio.com - 04 99 06 08 41
16 au 19 janvier : Les Amanins – La Roche-sur-Grâne (26) Pause partagée avec la chanteuse Emily Loizeau www.lesamanins.com - 04 75 43 75 05
27 au 29 janvier : Bordeaux (33) 16es Assises de l'énergie www.assises-energie.net - 05 56 99 86 26
Janvier
17 au 18 janvier : Centre Athanor – Montluçon (03) Salon du bien-être naturellement zen. www.centreathanor.com 19 au 24 janvier : Espace Multifonctions – Vernouillet (28) 10e édition du festival Ecofilm www.vernouillet28.fr - 02 37 62 80 79
28 janvier au 1er février : Les Amanins – La Roche-sur-Grâne (26) Forum : « L'écoentrepeneur : pour une transition entrepreneuriale écologique ». Un séminaire d'intelligence collective riche et unique pour co-construire un cheminement concret vers l'entrepreneuriat de demain. www.lesamanins.com - 04 75 43 75 05
20 au 27 janvier : Salon-de-Provence (13) 2e édition du Ciné-Festival Terre et Avenir www.salontransition.fr
30 janvier au 1er février : Parc des expositions Le Chorus – Vannes (56) 14e édition du salon Bio & Bien-être « Respire la Vie » www.respirelavie.fr - 02 41 38 60 00
22 janvier : Immeuble Jacques Chaban Delmas – Paris (75017) Colloque Agriculture et société : Regards croisés sur la biodiversité 01 46 22 09 86
30 janvier au 1er février : Salle du Vieux Moulin – Yvetot (14) 21e édition Salon de l'habitat et de l'écosolution www.expo-normandie.fr - 06 09 25 15 01
24 janvier : Pocheco – Forest-sur-Marque (59) Rencontre avec Emmanuel Druon à l'occasion de la sortie de son livre Le
30 janvier au 2 février : Grande Halle de la Villette – Paris (75019) 42e édition du salon Vivez nature www.vivez-nature.com
• 17 janvier : Stage « Décorer à la chaux »
Février 3 au 10 février : partout en Île-de-France 32e Festival international du film d'environnement www.fife.iledefrance.fr 6 au 9 février : La Trocardière – Rezé (Nantes 44) 26e édition du salon Natura Bio www.salon-natura.com - 02 51 70 30 40 13 au 15 février : Espace Encan – La Rochelle (17) 12e édition du salon bio et bien-être Respire la Vie www.respirelavie.fr 20 au 22 février : Eurexpo – Chassieu (Lyon 69) / Kaizen partenaire et présent 29e édition du Salon-Rencontres de l'alter-écologie Primevère primevere.salon.free.fr 22 au 27 février : Les Amanins – La Roche-sur-Grâne (26) Séjour familial « Un hiver à la ferme », autour du lien à la terre et du faire ensemble. www.lesamanins.com - 04 75 43 75 05 27 février au 1er mars : Parc des Expositions – Rennes (35) 11e édition du salon bio & bien-être Respire la Vie www.respirelavie.fr - 02 41 38 60 00 | JANVIER-FÉVRIER JANVIE ER-FÉVRIER E R 2015 |
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