www.credit-cooperatif.coop
K23_couverture_revudiane.indd 1
KAIZEN NO 23 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2015
Crédit Coopératif – Société coopérative anonyme de Banque Populaire à capital variable – RCS Nanterre 349 974 931 01213 – APE 6419 Z – N° ORIAS 07 005 463 – 12, boulevard Pesaro – CS 10002 – 92024 Nanterre cedex – Illustration : Artus – LA SUI TE & CO
23
no novembre décembre 2015
23
23
DEMAIN, COMMENT VIVRONS-NOUS ? DOSSIER > CAP-VERT,
BHOUTAN, BANGLADESH... ILS MONTRENT LA VOIE
INTERVIEW MÉLANIE LAURENT & CYRIL DION
BONNES ADRESSES À PARIS
POUR LA COP21 16/10/2015 15:07
Magazine bimestriel numéro 23 Novembre-décembre 2015 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion et Yvan Saint-Jours Directeur de la publication Patrick Oudin Directrice d’EKO LIBRIS Françoise Vernet Rédacteur en chef Pascal Greboval Secrétaire de rédaction Diane Routex Éditeur Web Simon Beyrand Direction artistique • hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Maquette et mise en pages Schuller-Graphic Contact info@kaizen-magazine.fr Tél. 01 56 03 54 71 Abonnements et commandes camille@kaizen-magazine.fr 19, rue Martel 75010 Paris Photo de couverture © Guillaume Collange et © Fanny Dion Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIREN : 539 732 990 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 92284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Vente au n° pour les diffuseurs : Groupe HOMMELL Tél. 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peut être reproduit-e sans l’autorisation du magazine. Merci.
▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲
Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 142 720 € Siège social 95, rue du Faubourg-Saint-Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.com
Édito
Que sera demain ?
C
«
ueille le jour sans te soucier du lendemain », nous répond Horace. Le passé n’est plus, le futur nous fuit. Pour autant, notre cerveau nous projette sans cesse vers cet ailleurs. Pour une raison simple : nous avons besoin d’anticiper. C’est une question de survie. Comme les geais à gorge blanche qui cachent de la nourriture pour leurs futurs repas, l’être humain, pour s’alimenter et se loger, devance demain. Et demain s’annonce un peu moins confortable qu’hier, nous préviennent de nombreux scientifiques, comme le rappelle Jean Jouzel (lire page 42). Avec une potentielle augmentation de la température de 4 °C sur l’ensemble de la planète, les conditions de vie deviendraient assez différentes. Loin de nous l’idée de sombrer dans le catastrophisme, ce n’est pas notre credo. On peut d’ailleurs s’interroger sur ce ressort. « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », clamait Jacques Chirac au sommet de la Terre en 2002. Pour quel résultat ? Augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère – record atteint en mars 2015 –, érosion de la biodiversité, etc. D’ailleurs, il aurait été plus évocateur d’énoncer : « Notre maison coule et nous n’avons pas assez de barques. » ; la montée des eaux étant malheureusement bien plus visible, tangible qu’un feu mondial. Mais, ne craignons pas la noyade, il existe des solutions reproductibles et joyeuses pour éteindre l’incendie et construire des barques. C’est ce que Kaizen donne à voir, depuis trois ans, et de nouveau dans ce numéro. Le film Demain, réalisé par Mélanie Laurent et Cyril Dion (lire leur interview page 10), témoigne brillamment du même champ des possibles. Comment expliquer, dès lors, que le pouvoir d’achat préoccupe plus les Français que le réchauffement climatique ? Selon un sondage récent 1, la lutte contre le réchauffement climatique est une priorité pour 13 % des personnes interrogées, bien loin derrière le pouvoir d’achat (36 %) ! Par égoïsme ? Parce que cette question nous renvoie à notre finitude et qu’elle nous inhibe ? Parce que ça semble trop complexe et que nous préférons laisser le soin à d’autres de gérer notre avenir ? C’est oublier deux points : le pouvoir d’achat, tel que brandi aujourd’hui par les économistes, et son corollaire, une croissance infinie, sont les instruments qui scient la branche sur laquelle nous sommes assis. Et, pour paraphraser Albert Einstein, on ne peut pas changer un système en gardant les mêmes principes, et les mêmes personnes qui l’ont mis en place et l’entretiennent. C’est à chacun de nous, dans son quotidien, ainsi qu’aux élus, qui participent – ou non – à la COP21, de faire en sorte de préserver une planète vivable pour nos enfants. C’est à nous d’agir… Aujourd’hui. Un véritable défi enthousiasmant. Pascal Greboval, Rédacteur en chef 1
Étude BVA-Place to B, Les Français et l’information sur le climat, mars 2015
Kaizen, késako ? Kaizen est un mot japonais signifiant littéralement « changement bon ». Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un deuxième puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau.
kaizen • novembre-décembre 2015 • 3
kaizen 23 7
novembre-décembre 2015
Dans la boîte aux lettres de Kaizen
ELLES-ILS PENSENT DEMAIN
ELLES-ILS FONT LEUR PART
JE SUIS LE CHANGEMENT
10 Rencontre Cyril Dion et Mélanie Laurent
34 Et si on le faisait ensemble ? Donnez, prenez… Osez la gratuité !
64 Je vais bien, le monde va mieux Une séance de Pilates
15 Les pièces du puzzle La compensation carbone : quelles règles du jeu ?
38 Portraits Deux femmes qui bousculent la certification
68 Do It Yourself Une seconde vie pour vos vieux pulls 72 Nos bonnes adresses Paris pendant la COP21
18 Portfolio
40 Dossier
74 Cuisine
Beth Moon fait parler les arbres
COP21 : Ces pays qui pansent demain
La prunelle
28 Une nouvelle Le Mauvais homme de Julie de Lestrange
56 Vent du Sud Iran : l’agriculture biologique au féminin
81 Le sourire d’Yvan
30 La voie du Kaizen Christophe André
58 Le goût de l’enfance Enfant précoce… Retrouver le bonheur d’apprendre
88 Paroles de Colibris
4 • kaizen • numéro 23
83 Les rendez-vous Kaizen
90 La chronique de Pierre Rabhi
© Fanny Dion
Rencontre
Mélanie Laurent &Cyril Dion regardent demain 10 • kaizen • numéro 23
elles-ils pensent
Et si montrer des solutions était la meilleure façon de résoudre les crises écologiques, économiques et sociales que traversent nos pays ? C’est le pari que font Cyril Dion et Mélanie Laurent avec leur film Demain, qui sort en salles le 2 décembre. Entretien réalisé par Pascal Greboval À retrouver en intégralité sur www.kaizen-magazine.com
Pascal Greboval Comment vous est venue l’idée de réaliser ce film ? Cyril Dion J’avais envie de le faire depuis très longtemps, depuis que j’ai participé au film Solutions locales pour un désordre global de Coline Serreau [2010]. J’ai remarqué qu’on passait un temps fou à élaborer des constats catastrophistes et à envisager le pire au lieu d’imaginer ce que pourrait être la société de demain. Très souvent, on agit parce qu’on a commencé par rêver les choses. Si on ne cherche pas à dépeindre aux gens un monde plus agréable, où l’on vivrait mieux, où l’on trouverait du plaisir à faire notre travail tous les jours, où l'on donnerait du sens à nos actes, mais si au contraire on passe notre temps à prédire la mort des animaux et le réchauffement climatique, on ne peut générer aucun enthousiasme. On suscite du rejet, du déni, du ras-le-bol pour systématiquement culpabiliser les gens. Alors j’ai eu l’idée d’un film qui serait comme le plan de la maison de nos rêves pour demain, qui donnerait envie d’y habiter. Mélanie Laurent Il se trouve que j’avais besoin de « changer de maison » à cette époque-là. J’avais rencontré Cyril lors de la campagne Tous candidats du mouvement Colibris, je lui avais demandé de me montrer un endroit où l’on verrait concrètement ce que signifie le changement, et il m’a emmenée à la ferme permacole du Bec-Hellouin. Quelques jours après, il m’a montré ce qu’il appelle « le plan de la maison de ses rêves », et j’ai voulu participer à l’aventure. Mais, toutes les maisons ne sont pas écoconstruites… D’où vous vient cette sensibilité aux questions écologiques ? Mélanie J’ai toujours été sensible à l’environnement, depuis toute petite. Certainement grâce à mon éducation. Et puis l’école a joué un rôle important. J’étais au collège Decroly, à Saint-Mandé, dont l’organisation est très proche de celle de l’école que nous avons filmée en Finlande… Adulte, j’ai commencé à creuser le sujet lorsqu’on m’a proposé d’être l’égérie d’une marque de shampooings. J’ai contacté
Greenpeace pour avoir leur avis sur le produit. Ils m’ont dit que c’était le pire, qu’il était le résultat d’une immense déforestation. Je n’ai pas fait la pub et, à la place, je me suis documentée sur tous ces sujets. Lorsque Cyril m’a parlé de l’étude catastrophique [étude cofinancée par l'un des laboratoires de la NASA, annonçant un effondrement probable de notre civilisation dans les 40 années à venir] que nous évoquons au début du film, il se trouve que j’étais enceinte. J’ai eu besoin de faire quelque chose de concret. Rattacher mon métier de réalisatrice à un tel projet prenait tout à coup plus de sens qu’un enchaînement de petites actions isolées. Le film serait donc le meilleur moyen de véhiculer cette vision de l’avenir que vous voulez transmettre ? Mélanie Le film est un excellent support, surtout au cinéma. Il permet aux gens de se retrouver dans une salle, de partager des émotions et un savoir, de discuter de ce qu’ils ont vu et ressenti... Cyril L’idée était aussi de raconter une histoire. Nous avons été très inspirés par un livre de Nancy Huston, L’Espèce fabulatrice [Actes Sud, 2008]. L’auteur y avance que les êtres humains fonctionnent à partir de récits, de fictions qui leur permettent d’appréhender et de traduire la réalité. Alors nous avons voulu élaborer une nouvelle histoire de l’avenir, qui propose un imaginaire différent de celui que nous voyons généralement. Peut-être est-ce l’un des moyens les plus efficaces pour donner envie de construire une autre société. Pour autant, vous ne proposez pas un modèle unique, une seule façon de résoudre tous nos problèmes… Cyril Au contraire ! Pour tous les acteurs que nous avons filmés, nous avons besoin de passer d’une société standardisée, industrialisée, pyramidale, à un monde plus inspiré de la nature où la diversité et l’interdépendance constituent le fondement de nos organisations.
kaizen • novembre-décembre 2015 • 11
Portfolio
Beth Moon
fait parler les arbres Pour réaliser la série Portraits of Time, Beth Moon a étudié et photographié les plus anciens arbres du monde pendant quatorze ans. Dans les montagnes, dans les plaines, sur des terrains privés ou au sein de sites protégés, la photographe américaine a su capturer la beauté de ces arbres parfois millénaires et pour certains menacés d’extinction. Kaizen vous en présente quelques-uns. Propos recueillis par Pascal Greboval Traduction : Diane Routex
Avenue of the Baobabs (« L’Allée des baobabs »)
18 • kaizen • numéro 23
elles-ils pensent
kaizen • novembre-décembre 2015 • 19
Et si on le faisait ensemble ?
Donnez, prenez…
Osez la gratuité ! Les boîtes de partage essaiment dans nos villes et nos campagnes. Elles changent le quotidien des habitants et créent du lien social. Et si vous en installiez une près de chez vous ? Texte et photos : Stéphane Perraud 34 • kaizen • numéro 23
elles-ils font
«
V
ous avez vu mon skate ? Je l'ai trouvé dans la boîte. » Juché sur sa planche à roulettes qu'il ne quitte plus, Medhi, 10 ans, fait partie des habitués de la Givebox – littéralement : « boîte à donner » – installée depuis un an dans le quartier de la Guillotière, à Lyon. Ne vous fiez pas à l'anglicisme, le concept vient d'Allemagne. En 2011, Andreas Richter, jeune styliste lassé de voir s'entasser des babioles chez lui, les dispose dans une cabine en bois sur le trottoir, invitant les passants à se servir et à déposer à leur tour des objets et des vêtements qu'ils n'utilisent plus. Succès immédiat. Quatre ans plus tard, les Givebox ont essaimé dans tout le pays, mais aussi en Angleterre, au Canada, en Espagne… « Quand on a découvert l'idée sur Internet, elle nous a paru tellement évidente qu'on a aussitôt voulu installer une boîte près de chez nous. On peut donner sans prendre, prendre sans donner, c'est libre, gratuit, sans surveillance », expliquent Lisa Lejeune et Magali Seghetto, à l'origine de la première Givebox lyonnaise, en 2014. Les deux trentenaires, respectivement designer et graphiste, ont conçu une grande boîte à partir de chutes de bois, avec l'aide des étudiants de l'école de design dans laquelle Lisa intervient. La mairie a donné son accord pour l'installer à titre expérimental pendant un mois sur une placette. Devant l'enthousiasme des habitants, l'accord est depuis sans cesse renouvelé. Tous ont d’ailleurs une petite histoire à raconter à propos de cette boîte : « Un matin, j'ai déposé un cheval à bascule. Quelques minutes après, une petite fille est venue le chercher. Ses yeux brillaient », se souvient Chantal, 50 ans. Chacun s'émerveille des trouvailles qu'il a pu faire : une poussette, de la vaisselle, une jolie robe… Et énumère ce qu'il a donné. Ce qui part le plus vite, ce sont les articles de puériculture et les jouets. La règle, écrite sur la boîte, veut qu'on dépose des objets en bon état, qu'on pourrait offrir à un ami.
« Je croise parfois quelqu'un avec l'un de mes vêtements sur le dos, c'est amusant. Mais, surtout, cette boîte a changé les relations dans le quartier. On se salue, on prend des nouvelles », explique Gérard.
Un soutien public Le Havre, Besançon, Montpellier et Nantes ont déjà leur boîte de partage. Mais c'est à Lyon que le phénomène semble prendre le plus d'ampleur. En un an, quatre autres boîtes ont déjà vu le jour et plusieurs sont en projet, toutes à l'initiative d'habitants. Le relais d'une MJC ou d'un centre social permet de les inscrire dans un cadre plus officiel. Pour créer sa boîte de partage sur la colline de Fourvière, Stéphanie Genelot s'est inspirée, elle, de la Suisse. On trouve déjà à Genève une trentaine de boîtes d'échange entre voisins. Et ce n'est qu'un début. Plus petites, elles sont constituées d'un seul module métallique. Un choix assumé. « Le volume réduit dissuade les habitants d'y déposer des encombrants. Il faut aussi bien réfléchir à l'emplacement. On évite les lieux trop fréquentés, car les utilisateurs ressentent parfois une gêne à prendre des objets », explique Catherine Armand, de Happy City Lab, une structure associative à l'origine du concept genevois. Elle a su convaincre les pouvoirs publics de financer ces boîtes qui participent à la réduction des déchets et kaizen • novembre-décembre 2015 • 35
Dossier
40 • kaizen • numéro 23
elles-ils font
Ces pays qui pansent demain Texte et photos : collectif Argos
D
e par le monde, des femmes et des hommes ont décidé de faire l’avenir plutôt que de le subir. Qu’ils habitent en ville ou à la campagne, au cœur de la forêt ou au milieu de l’océan, au sommet de montagnes verdoyantes ou en plein désert, tous ont pris, à leur échelle, l’initiative de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre afin de réduire leur empreinte carbone. Sans attendre la COP21 – la 21 e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, organisée au Bourget du 30 novembre au 11 décembre –, ces pionniers tentent de limiter le réchauffement de l’air. Au Bangladesh, par exemple, des mères de famille éclairent leur maison avec des panneaux solaires achetés grâce au microcrédit. Au Bhoutan, les paysans se passent d’intrants issus de la pétrochimie pour tendre vers une agriculture 100 % biologique, en harmonie
avec la nature. Le Cap-Vert ambitionne de devenir le premier pays en développement entièrement autonome grâce à l’énergie renouvelable du vent et du soleil. À Abu Dhabi, émirat regorgeant de pétrole, un laboratoire urbain dédié aux énergies propres du futur, Masdar, a jailli des sables. Dernière escale : l'Indonésie, où l’exploitation écologique du palmier à sucre permet d’éviter le déboisement de la forêt, précieux puits de carbone. Autant d’histoires porteuses d’espoir, témoignages d’un avenir désirable. À portée de main. ■
Pour aller plus loin • Un livre : Collectif Argos, Empreinte, à paraître le 12 novembre 2015 aux éditions du Chêne. • Une exposition : Collectif Argos, Empreinte, du 28 novembre 2015 au 8 janvier 2016, à la Salle des Prévôts de l’Hôtel de Ville de Paris, entrée libre. • Un site : www.collectifargos.com
kaizen • novembre-décembre 2015 • 41
Dossier
Ces pays qui pansent demain
Bangladesh Le soleil contre le mariage des mineures Texte : Cécile Bontron • Photos : Laurent Weyl
Berceau de la microfinance pour petits entrepreneurs, le Bangladesh réinvente le concept en lançant le plus grand programme au monde de panneaux solaires individuels. 3 millions de systèmes photovoltaïques ont déjà été installés en zone rurale depuis 2003 ; 3 millions de plus sont attendus pour 2017.
D
ans la pièce unique de la maison faite de tôle et de bambous tressés, une petite fille de 9 ans récite à tue-tête les vers de la poétesse Sufia Kamal, grande figure bangladaise du XXe siècle. Et tous les voisins l’écoutent avec attention. La nuit étant tombée, ils profitent aussi de la lumière qui jaillit de la fenêtre et de la porte. Car, sur Vatiburail Keranir, une île éphémère – ou « char » – formée par les courants du Brahmapoutre, seule la Lune éclaire parfois le village et les champs de jutes, de riz ou de cacahuètes. Mais, il y a dix mois, les parents de Sumaya ont pu acquérir un panneau solaire, comme 3 millions de foyers au Bangladesh depuis le lancement du programme d'électrification rurale par panneaux solaires individuels. Le plus important programme au monde. La Banque mondiale et l'État bangladais, soutenus par des institutions et des agences de développement qu'ils ont réussi à convaincre, ont lancé le projet en 2003 pour tenter d'apporter l'électricité dans de nombreuses zones isolées. Le principe : les panneaux, lé44 • kaizen • numéro 23
gèrement subventionnés, sont vendus aux familles via un microcrédit. Le succès du programme a dépassé toutes les espérances, avec des objectifs sans cesse atteints et repoussés. Le prochain : avoir implanté 6 illions de panneaux en tout pour 2017. Aujourd'hui, 65 % de la population a accès à l'électricité, dont 10 % grâce au photovoltaïque. Avant l'énergie solaire, les familles s'éclairaient toutes à la lampe à kérosène. Une seule lampe était partagée entre les enfants faisant leurs devoirs à la lumière vacillante et dans la fumée polluante, et les parents s’occupant des tâches domestiques. Cette lampe, devenue indispensable à des millions de personnes, a paradoxalement été la clef du programme des panneaux solaires individuels. IDCOL – Infrastructure development company limited –, l'agence gouvernementale gérant le projet, a calculé un remboursement mensuel équivalent au coût du kérosène. Au lieu de payer le liquide graisseux, les ménages remboursent sur deux ou trois ans les 155 euros – ou plus selon la
Dossier
Ces pays qui pansent demain
Bhoutan Les sillons du bonheur Tendre vers une agriculture 100 % biologique, tel est le souhait, annoncé en 2012, du Bhoutan, royaume de 700 000 habitants enclavé entre deux géants, la Chine et l’Inde, aux productions agricoles intensives. Le Bhoutan s’était déjà distingué dans les années 1970 en choisissant un modèle de développement basé, non pas sur la mesure du produit intérieur brut, mais sur celle du bonheur national brut. Texte : Aude Raux Photos : Éléonore Henry de Frahan
S
erein sous son grand chapeau de paille, Jigme Tshering, paysan, voit le monde avec philosophie : « La méditation est ma seule médecine. Si chacun s’occupait de sa vie intérieure, le climat ne serait pas déréglé. On se reconnecterait à la nature. Heureusement, nos dirigeants sont conscients qu’il faut préserver notre écosystème. » Des mots qui font écho à la déclaration, en 2012, de Pema Gyamtsho, alors ministre de l’Agriculture : « Si l'on pratique l'agriculture intensive, cela implique l'utilisation de nombreuses substances chimiques, ce qui ne correspond pas à notre croyance bouddhiste qui nous demande de vivre en harmonie avec la nature. Nous aimons que les insectes et les plantes soient heureux. » Depuis, le Bhoutan a entamé sa transition agricole. En ce printemps 2015, Yuden et Sangay Dorji font sortir de la terre nourricière des brocolis, des épinards et des concombres croquants. Leur potager est aménagé en terrasses sur les contreforts de l’Himalaya. Les souvenirs de ce couple de paysans sont durs comme la pierre : « Pendant dix ans, nous 46 • kaizen • numéro 23
avons utilisé des produits chimiques. Au début, c’était facile : il suffisait de les répandre et tout poussait vite, les légumes étaient gros. Mais, le sol est devenu dur et compact, comme de la pierre. » Afin d’y remédier, ils fondent une coopérative, avec 21 autres agriculteurs, et demandent à suivre une formation aux techniques de l’agriculture biologique dispensée gratuitement par le National Organic Program (NOP), un organisme émanant du ministère de l’Agriculture et des Forêts. « On nous a conseillé d’utiliser du fumier comme fertilisant pour nourrir le sol. Pour faire un insecticide naturel, on mélange de l’urine et du lait de vache qu’on dilue avec de l’eau. Nous désherbons également à la main. Depuis que l’on applique ces méthodes, le sol est tendre, facile à labourer. » Cultiver en bio exige patience, travail et main-d’œuvre. Pour ces raisons, les paysans bhoutanais, après avoir longtemps fait du bio sans le savoir, avaient commencé à avoir recours à des intrants issus de la pétrochimie dans les années 1960. Avant de prendre conscience de leurs conséquences néfastes.
Vent du Sud
© DR
Iran : l’agriculture
biologique au féminin Depuis trente-cinq ans, Shirin Parsi transforme le paysage agricole de la région du Gilan, dans le nord-ouest de l’Iran. Son cheval de bataille : l’agriculture biologique et la protection de l’environnement. Texte : Frédérique Basset
A
u pays de l’or noir, certains ont choisi de consacrer leur vie à l’or vert. C’est le cas de Shirin Parsi. Au lendemain de la révolution islamique de 1979, cette Iranienne qui avait suivi des études littéraires en France a décidé de retourner dans son pays et de s’installer à Shanderman, dans la région du Gilan. Sur les terres héritées de son beau-père, Shirin cultive aujourd’hui 13 hectares de rizières et 8 hectares d’arbres destinés à la construction. Mais, qu’est-ce qui a motivé cette intellectuelle et son mari architecte à mettre les mains dans la terre ? « Nous avons décidé de vivre autrement, au 56 • kaizen • numéro 23
plus près de la nature. Pour être heureux, on n’a pas besoin de beaucoup d’argent. Ce qui me plaît, dans l’agriculture, c’est la vie qui revient à chaque saison. » C’est donc sans aucune formation agricole que Shirin s’est lancée dans la culture du riz, bravant les obstacles. Entre la saison des pluies et la saison sèche, le climat représente une véritable épreuve dans cette région. « Après une année de sécheresse où la récolte a été désastreuse, nous avons amélioré l’irrigation en transformant nos petites parcelles en terrains de 1 000 m2 et 2 000 m2, et nous avons mécanisé, car la main-d’œuvre était devenue très
elles-ils font
chère. La récolte, qui durait auparavant un mois, est réalisée en dix jours grâce aux machines. Nous avons creusé un puits de 100 mètres de profondeur qui alimente aussi les champs de nos voisins, soit 40 hectares, et un système de petits ruisseaux permet d’irriguer les rizières. » Aujourd’hui, il faut encore s’adapter, dérèglement climatique oblige. Les pluies se font plus rares et les hivers plus doux. Du coup, le riz est planté 20 jours plus tôt et récolté un mois plus tôt.
Préserver le vivant Il y a dix ans, Shirin a fait sa révolution biologique en décidant de se passer des engrais chimiques et des pesticides sur une parcelle de 2 000 m 2. Aujourd’hui, 5 hectares de rizières sur les 13 cultivés le sont en bio. « Nous convertissons les terres progressivement, car, au début, la production bio est plus faible. » Shirin utilise du compost et pratique la lutte biologique avec des trichogrammes, ces minuscules insectes dont la larve parasite l’œuf des prédateurs. « De plus en plus d’agriculteurs nous imitent et se convertissent au bio. Nous sommes désormais un modèle pour cette région qui compte 4 000 hectares de terres agricoles, principalement des rizières. » En 2014, Shirin a effectué un pas de plus en avant : l’Icarda 1 lui a confié toutes les variétés anciennes de riz d’Iran, soit 202 au total. « Mon projet est d’avoir ma propre banque de semences afin de préserver la biodiversité. Je lutte contre l’agriculture intensive, j’écris des articles qui expliquent nos pratiques, prouvant qu’on peut cultiver sans chimie ni OGM. » Mais, cette activiste de la culture biologique s’inquiète pour l’avenir de son pays. « On construit des routes, des villas et, pour cela, on détruit la forêt et les terres agricoles. La nature n’est pas à vendre ! Malheureusement, si un agriculteur se défait d’un hectare de terrain, il peut vivre pendant cent ans sans travailler avec l’argent qu’on lui donne : c’est tentant. Plus personne ne veut cultiver. Les jeunes rêvent de vivre en Europe ou aux États-Unis, car ils ne voient pas les richesses de notre pays. Si personne ne cultive la terre, que va-t-on manger ? »
récréation, les déchets sont triés, des goûters bio sont organisés... L’association apprend également aux femmes de la région à préserver leurs savoir-faire traditionnels, en encourageant la création de vêtements à partir de la laine de mouton par exemple. Par ailleurs, Shirin a rejoint il y a douze ans l’association des Femmes entrepreneurs, dont l’objectif est d’encourager l’entreprenariat féminin grâce à des conférences et des rencontres. « Les hommes se moquaient de nous, mais ils ne s’y sont pas opposés. En Iran, on doit aller pas à pas. Petit à petit, on cimente nos pas et personne ne peut plus nous empêcher de continuer ! » Les 16 et 17 décembre 2015 se tiendra à Rasht, la capitale du Gilan, le 12e forum de l’association des Femmes entrepreneurs, consacré pour la première fois à l’écologie. « Toutes les femmes qui sont impliquées dans l’écologie et la préservation de l’environnement seront invitées à venir témoigner de leurs actions. » Shirin n’est pas prête à baisser la garde, d’autant que, elle en est convaincue, « les consciences s’éveillent ». ■ 1
La banque de gènes à vocation agricole du Centre international de recherches agricoles dans les régions sèches (Icarda) est l’une des plus importantes dans le monde.
L’entreprenariat au féminin Soucieuse de protéger la nature, Shirin a participé à la création, en 2008, de la Société des femmes et des jeunes de Gilan pour la protection de l’environnement qui compte aujourd’hui 300 adhérents et qui a pour mission de sensibiliser les écoliers à travers des ateliers et des sorties nature. L’association forme aussi les institutrices de deux écoles afin de transformer leur établissement en école verte. Résultats : des jardins fleurissent dans les cours de
© DR
kaizen • novembre-décembre 2015 • 57
Le goût de l'enfance
© Aldo Sperber/Picturetank
Enfant précoce…
Retrouver le bonheur d’apprendre Contrairement à ce que l’on imagine, être un enfant intellectuellement précoce (EIP) ou à haut potentiel (EHP), selon le terme aujourd’hui consacré 1, n’est pas un gage de réussite. Pourtant, si chacun fait sa part, ces enfants peuvent redécouvrir le plaisir d’apprendre, s’épanouir et employer leur différence comme une force au service des autres. Texte : Marie Fuks
58 • kaizen • numéro 23
elles-ils font
l’école primaire, Amandine refusait d’aller en classe, prétextant qu’elle s’ennuyait, explique Noëlle, sa maman. Elle ne s’intéressait pas aux cours, présentait des problèmes de dysgraphie et de dyslexie, et on sentait peser sur elle une tristesse inouïe. » Noëlle se documente et décide de lui faire passer un test de QI qui révèle sa précocité 2. Une initiative heureuse si l’on considère, ainsi qu’en témoigne Jean-Michel Audoual, professeur principal d’une classe accueillant des EHP au collège Sainte-Marthe Chavagnes d’Angoulême, que « 50 % des EHP qui arrivent au collège sont en échec scolaire ». Des difficultés qui s’expliquent sur le plan neurocognitif (lire l’entretien avec Olivier Revol page 61) et résultant en général d’un défaut de repérage précoce. « Souvent, dès la naissance, un EHP se différencie par son regard vif, sa curiosité et son tonus, explique Vlinka Antelme, présidente de l’Association française pour les enfants précoces (AFEP). Ensuite, il peut être identifié par son parler précoce, la richesse de son vocabulaire, sa grande curiosité et sa mémoire très efficiente. » C’est donc dès la maternelle qu’il faut prendre en compte ces particularités et se faire conseiller. À noter que les EIP représentent, selon les différents travaux et études, de 2 à 5 % des élèves, quels que soient le milieu social et l’environnement familial.
Ne pas rester seul « Avant de consulter un pédopsychiatre ou un psychologue, explique Jean-Michel Audoual, le premier réflexe consiste à rencontrer l’enseignant afin d’évoquer les résultats, le mal-être, l’ennui ou l’attitude contradictoire de l’enfant, sage à la maison et intenable à l’école. » Cette démarche peut être utilement associée à un test de QI (lire encadré page suivante) qui permettra de confirmer le HP. Cela dit, si certains enseignants ou responsables d’établissements sont ouverts et capables d’appréhender les spécificités pédagogiques des EHP, tous ne sont pas enclins à s’intéresser à ce profil d’élèves. « Lorsque nous avons envisagé de faire sauter une classe à Amandine, l’institutrice nous l’a vivement déconseillé, s’appuyant sur le fait qu’elle faisait des fautes », poursuit Noëlle. Quant à Françoise, elle a très vite « lâché
© Cédric Faimali/Picturetank
À
«
l’affaire », l’enseignant ayant trop à faire avec son triple niveau pour s’attarder sur les facilités de son fils. « À l’âge de 6 ans, Antoine lisait beaucoup, avait une capacité d’analyse surprenante et tenait des discussions presque philosophiques sur le sens de la vie, explique-t-elle. Face à la réaction de son instituteur, il nous a semblé préférable de chercher à voir ce que nous pouvions faire pour aider notre enfant à s’épanouir et à s’intégrer. » Françoise adhère à l’AFEP, assiste à des conférences et rejoint des groupes de discussion qui lui permettent de cheminer et de prendre la décision de changer son fils d’école et de lui faire sauter une classe.
Rechercher l’harmonie avant tout « Dès qu’ils ont des doutes, des questions, voire qu’ils se heurtent à l’incompréhension des enseignants, les parents doivent s’appuyer sur les associations d’EHP 3 », confirme le Dr Olivier Revol, chef du service de neuropsychiatrie de l’enfant au CHU de Lyon. Elles sauront les éclairer et leur éviter certains écueils, comme l’explique Vlinka Antelme : « Face à ces enfants en recherche permanente de savoir, les parents doivent veiller à ne pas en faire des adultes avant l’heure au détriment de leur développement kaizen • novembre-décembre 2015 • 59
Je vais bien, le monde va mieux
Une séance de Pilates
pour tonifier les muscles et gagner en souplesse En partenariat avec le Centre Qee Photos : Patrick Lazic Texte : Élodie Ley
L
e Pilates – du nom de son inventeur, l’Allemand Joseph Pilates – est une méthode douce qui vise à renforcer les muscles de tout le corps en profondeur et de façon harmonieuse. La posture s’en trouve améliorée, l’équilibre favorisé et la pression sur les articulations réduite. La précision, la concentration et une respiration contrôlée sont de mise pour maximiser les effets bénéfiques du Pilates. Nous vous proposons deux exercices complémentaires qui permettent de renforcer les muscles du dos et du ventre. Après un échauffement léger, le matin ou le soir, vous pouvez réaliser chaque exercice deux ou trois fois de suite. ■
Exercice 1
Variations autour de la position « shoulder bridge » Il s'agit d'un travail d'équilibre, de stabilité et de e renforcement des muscles de l'arrière des jambes ainsi que de ceux du dos.
64 • kaizen • numéro 23
1) Allongez-vous sur le dos, jambes pliées et légèrement écartées, épaules relâchées. Gardez une petite cambrure naturelle, ne plaquez pas le dos au sol.
je change
2) Sur une inspiration, remontez le bassin vers le plafond en prenant appui sur les pieds et sans hyperextension lombaire. L’arrière des cuisses, ainsi que les fessiers, sont contractés et les abdominaux sont engagés. C’est la position appelée shoulder bridge.
5)
En repartant de la position shoulder bridge, sur une expiration, transférez le poids du corps sur la jambe droite pour développer le bas de la jambe gauche juste dans le prolongement du genou et sans monter la cuisse. Les hanches sont toujours alignées, le bassin est stable.
3) Sur une expiration, transférez le poids du corps sur la jambe droite pour soulever la gauche, genou vers le plafond. La difficulté est de ne pas bouger le bassin et de garder les hanches alignée alignées. es. 6)
4)
Faites la même chose avec l'autre jambe.
7) De la dernière position, remontez les bras vers le plafond, puis vers la tête, sans monter les épaules, qui doivent rester loin des oreilles, et sans « sortir les côtes » vers le plafond. L'extension du dos reste la même. Les abdominaux sont engagés.
Reposez le pied, transférez le poids sur l'autre jambe pour faire la même chose de l'autre côté.
kaizen • novembre-décembre 2015 • 65
Nos bonnes adresses
Que faire à Paris pendant la COP21 ? Texte : Anne-Sophie Novel • Dessin : Manu Thuret
Que faire et où se rendre pendant la COP21 ? Car, si les négociations internationales menées au Bourget ne sont accessibles qu'aux représentants et organisations accrédités, de nombreuses initiatives ouvertes à tous entendent bien faire bouger la capitale pour le climat. À vous de jouer !
• COP21 : du 30 novembre au 12 décembre, le centre de négociations de l'ONU va être installé au Bourget, dans une zone bleue uniquement accessible aux négociateurs accrédités des 195 pays qu'ils représentent. Des espaces dédiés à la société civile – les espaces Générations climat – seront situés à proximité de cette zone bleue et ouverts de 9 h à 19 h, du 30 novembre au 11 décembre (sauf le 6 décembre). Chacun pourra s'y rendre librement pour assister à des débats, des conférences ou visiter des expositions. La galerie, espace des solutions proposées par les entreprises aux professionnels, sera aussi ouvert du 2 au 9 décembre, à côté du centre de négociations du Bourget. Parc des expositions Paris-Le Bourget 93350 Le Bourget bourget.cop21.gouv.fr et www.lagalerie-cop21.com
• Tout au long de l’année, avec son programme
Destination COP21, la Recyclerie sensibilise aux enjeux du dérèglement climatique avec des ateliers et des conférences. Pendant la COP21, ce café-restaurant à l'esprit récup’ et DIY entend réunir les jeunes désireux de débattre des négociations autour d'un verre. La Recyclerie 83, boulevard Ornano - 75018 Paris 01 42 57 58 49 • www.larecyclerie.com/cop-21
• Place to B : du 28 novembre au 13 décembre, le St Christopher's Inn et son bar associé, le Belushi's, vont être totalement transformés pour accueillir plus de 600 blogueurs, journalistes, photographes, des72 • kaizen • numéro 23
sinateurs et artistes. Porté par l'association Ecolo-Info, ce projet entend créer un nouveau récit sur le climat. Concerts et happenings y seront organisés, le tout retransmis en direct sur le site Internet. St Christopher's Inn Gare du Nord 5, rue de Dunkerque - 75010 Paris www.placetob-cop21paris.com
• Du 1
au 11 décembre, la Gaîté lyrique accueillera l'association COAL et son programme ArtCOP21. Rencontres, débats, projections, performances, concerts, jeux vidéo, ateliers, brunchs y seront organisés pour échanger et réfléchir aux grands enjeux culturels du climat et de l’écologie. La Gaîté lyrique 3 bis, rue Papin - 75003 Paris 01 53 01 52 00 • www.artcop21.com/fr/events er
• Human Energy : du 5 au 12 décembre, une grande
batterie humaine va se déployer au niveau de la tour Eiffel. L'artiste Yann Toma invite chaque participant à danser, pédaler, courir ou s'étirer, jouer, découvrir ou rêver, pour produire des unités d'énergie comptabilisées mondialement par l'application et affichées sur des compteurs géants. Chaque soir, l'énergie accumulée éclairera la tour Eiffel. La semaine précédente, du 28 novembre au 4 décembre, c'est le projet One Heart One Tree qui occupera la tour Eiffel et agira en faveur de la reforestation. La tour Eiffel 5, avenue Anatole-France - 75007 Paris www.humanenergy.fr et www.1heart1tree.org
je change
•
Les 5 et 6 décembre se tiendra à Montreuil le Sommet citoyen pour le climat. Il comprendra un Climat Forum, un Village mondial des alternatives – par Alternatiba –, et un marché paysan de la Confédération paysanne. 93100 Montreuil coalitionclimat21.org/fr/contenu/le-sommet-citoyen-pour-le-climat
• Du 7 au 11 décembre, la Coalition climat se servira du 104 pour déployer une Zone d’Action pour le Climat (ZAC) qui abritera les échanges des altermondialistes du monde entier. CENTQUATRE-PARIS 5, rue Curial - 75019 Paris 01 53 35 50 00 coalitionclimat21.org/fr/contenu/la-zone-dactionpour-le-climat • Pathway to Paris : le 4 décembre, un concert dont les profits seront reversés en intégralité à 350.org, en présence de Bill McKibben, Naomi Klein, Vandana Shiva… Théâtre du Trianon 80, boulevard de Rochechouart - 75018 Paris 01 44 92 78 00 www.letrianon.fr/event/pathway-to-paris
• Supernature 2015 : concert géant et gratuit autour de Marc Cerrone, le samedi 5 décembre. Arc de triomphe Place Charles-de-Gaulle - 75008 Paris
•
Solutions COP21 : du 4 au 10 décembre, pour découvrir les solutions proposées par les entreprises et la société civile. Le Grand Palais 3, avenue du Général-Eisenhower - 75008 Paris www.solutionscop21.org
• L'Université de la terre et le Parlement des en-
trepreneurs d'avenir se tiendront les 4 et 5 décembre, pour faire « changer tous les climats ». Maison de l'UNESCO 125, avenue de Suffren - 75007 Paris 01 45 44 51 75 • www.universitedelaterre.com et www.entrepreneursdavenir.com
• Du 30 novembre au 6 décembre, visitez le pavil-
lon Tara. Au programme : un cycle d’expositions sur le climat, des conférences, des visites de la goélette et des rencontres avec le public pour sensibiliser à la cause des océans. Base Tara 11, boulevard Bourdon - 75004 Paris 01 42 01 38 57 • oceans.taraexpeditions.org
•
Marche pour le Climat 2015 : rendez-vous le 29 novembre pour participer à la grande marche pour le climat. Place de la République - 75010 Paris
•
Mind the Earth : exposition du 26 novembre au 10 janvier afin de « raconter l'histoire différemment » à partir des images de Google Earth. Maison du Danemark 142, avenue des Champs-Élysées - 75008 Paris www.maisondudanemark.dk/fr
• Empreinte : une exposition du Collectif Argos [lire
leur dossier page 40], du 28 novembre au 8 janvier. Salle des Prévôts de l’Hôtel de ville de Paris Place de l'Hôtel-de-ville - 75004 Paris www.collectifargos.com kaizen • novembre-décembre 2015 • 73
Cuisine
La prunelle … qui s'y frotte s'y pique ! L'épine noire ne se laisse pas si facilement apprivoiser avec ses branches acérées et ses petites baies bien trop acidulées pour nos palais ! Quelques astuces culinaires permettent néanmoins d'atténuer son astringence et de révéler ses notes d'amande amère... Textes et photos : Linda Louis
je change
Sauvage & délicieux !
R
ecette pour gagner un concours de grimaces : rendez-vous à la campagne, près d’une haie champêtre ou en lisière de forêt. Repérez des arbrisseaux à l'écorce gris-brun argenté, ourlés de longues épines noires et de petites baies bleutées. Choisissez-en une assez grosse et croquez dedans... Voyez comme votre bouche se tord et vos yeux se plissent ! Le prunellier (Prunus spinosa), a priori indomptable, est la variété de prunier sauvage la plus connue – Prunus cerasifera produit des fruits rose foncé un peu plus gros. Ses fruits, abondants et facilement reconnaissables, deviennent délicieux une fois cuisinés avec du sucre, dilués dans du jus de pommes ou mis à macérer dans du vinaigre et du sel. Plus tard, en mars, les fleurs du prunellier ornent nos campagnes de jolies touches nacrées et mouchetées, annonçant le début du printemps. Contrairement à l'épine blanche – ou aubépine –, et à l'instar du merisier, l'épine noire forme ses inflorescences avant les feuilles. Elles se consomment en tisane, à condition de les récolter bien fermes, avant éclosion, sinon vous n'obtiendrez qu'un mélange de pétales qui se désagrègent. En mai, on glane les jeunes pousses flexibles et pourpres pour réaliser le fameux vin d'épines – ou trouspinette, voir recette page suivante. Soyez vigilant sur les quantités consommées, car ce délicieux breuvage étourdit très vite à cause de sa teneur – relative – en acide cyanhydrique. Vigoureux, le prunellier. Il avoisine souvent les 50 ans et produit un système racinaire en surface très puissant. Il drageonne et marcotte aussi spontanément que la ronce et, en tant qu'essence pionnière, il colonise très vite l'espace qui s'offre à lui. Avec l'aubépine, l'églantier, le cornouiller sanguin et la clématite, il forme alors une haie défensive et nourricière qui protège et fait vivre tout un petit monde en effervescence : blaireau, renard, écureuil, belette, hérisson, faisan, perdrix et autres petits oiseaux, comme la pie-grièche écorcheur qui empale les insectes qu'elle capture sur les épines de l'arbuste. Sans oublier les chenilles qui se délectent des jeunes feuilles tendres aux beaux jours. À ne pas confondre avec... Le myrtillier au port buissonnant, verdoyant et assez bas – moins de 70 cm de hauteur –, inféodé aux
Identification de Prunus spinosa (Rosacées) Arbrisseau – arbuste à multiples troncs – de 2 à 4 m de haut, comportant des rameaux à l'écorce gris-brun argenté, ponctués d'épines longues et acérées mesurant jusqu'à 4 cm. Feuilles petites, ovales, à marge dentée, vert clair à vert foncé. Fleurs petites et blanches, à cinq pétales – floraison sur les rameaux de l'année précédente. Petites baies rondes et noires de la taille d'une grosse myrtille, recouvertes de pruine bleutée, à la chair vert clair, juteuse, très acide et âpre, comportant un gros noyau. Habitat dans les bois clairs, en lisière de forêt, dans les haies champêtres et les friches. Récolte des fleurs en mars-avril, des jeunes pousses en mai et des baies à partir d'octobre et jusqu'en décembre.
zones forestières de moyenne altitude, sans épines, produisant des baies bleutées également pruineuses, mais délicieuses et sans noyau. Vertus thérapeutiques et médicinales Les boutons floraux, cueillis avant l'éclosion, et consommés en tisane – 1 c. à c. séchée pour une tasse de 250 ml – sont antispasmodiques, stimulants et laxatifs. Les prunelles, riches en tanins et en vitamine C, sont également recommandées pour les troubles de la constipation et les baisses de tonus saisonnières. Le jus, dilué dans du jus de pommes, est utilisé en gargarismes contre les affections de la bouche – gingivites, aphtes, maux de gorge... En cuisine Pour limiter l'astringence des prunelles, deux solutions s'offrent à vous : 1. Cueillez-les après les gelées ; rincez-les abondamment ; frottez-les avec un torchon pour retirer la pruine ; faites-les macérer dans du vinaigre et du sel – voir recette des pickles page suivante. Il en résulte de petites cerises très douces, aromatiques et sans aucune âpreté. 2. Faites éclater les baies dans une casserole remplie d'eau bouillante ; égouttez le jus obtenu ; mélangez-le avec du jus de pommes et du sucre ; ou passez les prunelles au moulin à légumes pour obtenir une compotée, à diluer elle aussi avec le fruit doux de votre choix – pomme, poire, banane. Si vous n'avez pas le temps de transformer toutes vos prunelles, vous pouvez les congeler en vrac dans un sachet. ■ kaizen • novembre-décembre 2015 • 75
je change
NOVEMBRE [CONFÉRENCE KAIZEN] 2 novembre à 19 h / Tours (37) Conférence « Demain, quel climat ? », avec Aude Raux, Guillaume Sainteny et Isabelle La Jeunesse, animée par Pascal Greboval Université de Tours www.kaizen-magazine.com 5 au 7 novembre / Bordeaux (33) Les tribunes de la presse, 5e édition. « Dérèglement climatique : la Terre a-t-elle perdu la boule ? » Théâtre national de Bordeaux www.tribunesdelapresse.org
26 novembre à 20 h 30 / Chemillé-Melay (49) Conférence de Sophie Rabhi-Bouquet : « Prendre soin de l'humain à travers l'enfant : un enjeu pour nos sociétés » Théâtre Foirail Réservations : 02 41 46 14 64 [KAIZEN PRÉSENT & PARTENAIRE] 27 au 29 novembre / Lille (59) Salon NaturaBio, 15e édition Grand Palais www.salon-naturabio.com 01 45 56 09 09 28 et 29 novembre / Saint-Étienne (42) Salon Tatou Juste, 10e édition Parc des expositions www.tatoujuste.org • 06 52 77 56 85
[KAIZEN PRÉSENT & PARTENAIRE] 7 au 15 novembre / Paris Salon Marjolaine Parc floral de Paris - 75012 www.salon-marjolaine.com 01 45 56 09 09
29 novembre / Paris Rendez-vous du bien-être, 2e édition, par le collectif Les Sensation’elles Centre des Arts Holistiques – 75010 Inscriptions sur www.weezevent.com/ les-rendez-vous-du-bien-etre-2emeedition
10 au 15 novembre / La-Roche-surGrane (26) Forum « Un changement humain pour un changement de société » www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05
30 novembre au 6 décembre / La-Roche-sur-Grane (26) Stage « Créer son écoprojet » www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05
14 au 22 novembre / France entière Semaine de la solidarité internationale, 18e édition www.lasemaine.org
30 novembre au 11 décembre / Le Bourget (93) COP21 => Retrouvez en détail nos bons plans pour la COP21 page 72 www.cop21.gouv.fr
L’AGENDA KAIZEN 2015 NOVEMBRE-DÉCEMBRE
S U O V Z E D N E R 20 au 22 novembre / Poitiers (86) Salon Respire la vie, 14e édition Parc des expositions www.respirezlavie.com • 01 45 56 09 09 20 au 23 novembre / Chassieu (69) Salon Vivez nature, 16e édition Eurexpo Lyon www.vivez-nature.com [CONFÉRENCE KAIZEN] 23 novembre à 19 h / Paris Conférence « Demain, quel climat ? », avec Gaël Derive, Aude Raux et Emmanuel Druon, animée par Cyril Dion Goethe-Institut 17, avenue d’Iéna - 75116 Réservations : www.kaizen-magazine.com
DÉCEMBRE 2 décembre / La-Roche-sur-Grane (26) Atelier École du Colibri et pédagogie de la coopération www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 [KAIZEN PRÉSENT] 4 et 5 décembre / Paris Université de la Terre, 6e édition Maison de l'UNESCO - 75007 www.universitedelaterre.com
4 au 6 décembre / Montpellier (34) Salon BioHarmonies Parc des expositions www.salon-bioharmonies.com 04 66 62 07 16 [KAIZEN PRÉSENT] 5 décembre / Paris Colloque « C'est possible ! », en présence de Vandana Shiva, Emmanuel Druon, Rob Hopkins... La Villette - 75019 www.lavillette.com • 01 40 03 75 75 11 au 13 décembre / Pau (64) Salon Aspholède, 20e édition Parc des expositions www.utovie.com
PASSEZ À L’ACTE ! Et si vous testiez… passer Noël autrement ? Plusieurs associations d’aide envers les plus démunis accueillent à cette période des bénévoles supplémentaires qui ont décidé de troquer la bûche et l’échange de cadeaux contre une soirée de solidarité. Voici quelques pistes pour faire la fête tous ensemble. La Fondation de France organise près de 150 Réveillons de la solidarité dans toute la France. www.fondationdefrance.org Le Secours Populaire vous propose de rejoindre l’équipe de ses Pères Noël verts qui distribuent des cadeaux aux familles les plus défavorisées. www.secourspopulaire.fr Les Petits frères des pauvres recherchent des « bénévoles de Noël » disponibles pour réveillonner avec des personnes âgées souffrant de solitude. www.petitsfreresdespauvres.fr Parmi les personnes qui vont passer Noël seules, il y a peut-être votre voisine du dessus… Sur le site de Voisins Solidaires, vous pouvez télécharger le kit de communication « Noël des voisins » qui comprend des invitations à glisser dans les boîtes aux lettres. www.voisinssolidaires.fr
4 au 6 décembre – La Roche-surForon (74) Salon Naturellia www.naturellia.com • 04 50 03 03 37
Pour partager un repas convivial avec des inconnus, tout en luttant contre le gaspillage alimentaire, pourquoi ne pas organiser ou participer à une Discosoupe de Noël ? discosoupe.org
4 au 6 décembre / Bergerac (24) Foire bio de Bergerac, 11e édition foirebiobergerac.canalblog.com
D’autres associations ont sans doute besoin de renfort pour cette période – et plus si affinités –, retrouvez-les sur www.francebenevolat.org
kaizen • novembre-décembre 2015 • 83