Kaizen 24 : La terre, source de bien-être

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SOMMEIL

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HIVERNALE

LA TERRE, SOURCE DE BIEN-ÊTRE

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janvier février 2016

Dossier

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Magazine bimestriel numéro 24 Janvier-février 2016 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion et Yvan Saint-Jours Directeur de la publication Patrick Oudin Directrice d’EKO LIBRIS Françoise Vernet Rédacteur en chef Pascal Greboval Secrétaire de rédaction Diane Routex Éditeur Web Simon Beyrand Direction artistique • hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Maquette et mise en pages Schuller-Graphic Contact info@kaizen-magazine.fr Tél. 01 56 03 54 71 Abonnements et commandes camille@kaizen-magazine.fr 19, rue Martel - 75010 Paris Dessin de couverture T0ad Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIREN : 539 732 990 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 92284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Vente au n° pour les diffuseurs : Groupe HOMMELL Tél. 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peut être reproduit-e sans l’autorisation du magazine. Merci.

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Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 142 720 € Siège social 95, rue du Faubourg-Saint-Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.com

Édito

Remettre les pieds sur terre… « Tout augmente, vous ne trouvez pas ? — Oui, vous avez raison. La température augmente, le niveau des océans augmente, le nombre d’électeurs frontistes et de djihadistes augmente aussi. — C’est ce qu’on appelle la croissance ? — Tout croît… Et décroît, c’est la loi de la nature. — Et vous pensez que ces phénomènes sont liés ? — Rappelez-vous, « celui qui cueille une fleur, dérange une étoile », selon F ­ rancis Thompson. Donc, forcément, un peu ! Tant sur le plan du processus que des causes et des effets. Bien que ce soit plus subtil et complexe que cela, résumons : pendant des années, les Occidentaux ont développé un modèle de société qui repose sur l’exploitation des énergies fossiles. Conséquence, le climat s’est déréglé avec divers effets – perte de la biodiversité, montée des eaux, sécheresse, etc. Ce qui provoque des déplacements massifs de population, ceux à venir s’annonçant encore plus importants. Et quand le climat politique et social est torride, c’est l’étincelle qui déclenche l’embrasement. Ainsi, en Syrie, la révolte est née après deux ans de sécheresse. Dans le même temps, accros à l’or noir, les puissances occidentales, pour préserver le carburant de leur développement, n’ont pas hésité à mettre les pieds dans le plat (de pétrole). Arrangements avec l’Arabie saoudite (tenant d’un islam radical) et le Qatar et invasion de l’Irak. Ajoutez une dose d’aveuglement et d’intérêt politique et financier, mélangez et naît Daech, avec les conséquences que l’on sait. Additionnez ensuite immigration plus terrorisme, et vous obtenez un repli sécuritaire. Outre cet aspect systémique, on peut noter systématiquement le manque de vision à long terme sur ces décisions stratégiques de la part des gouvernements (occidentaux) ces cinquante dernières années : tout miser sur les énergies fossiles, envahir l’Irak, favoriser l’essor du Front national sous Mitterrand, etc. — Comment faire ? — Il est temps de remettre les pieds sur terre. Cette terre qui nous héberge, nous nourrit, nous guérit. Cette terre qu’il faut préserver, cultiver, choyer pour récolter fleurs, fruits, légumes riches en arômes, en saveurs, en nutriments. Une terre sans chimie, sans pétrole et ses avatars précités. Une Terre qui, vue du ciel, n’a pas de frontières. Ensuite, tout dépendra des graines que nous allons planter sur nos balcons, dans nos jardins et dans nos cœurs. » Voilà ce que nous vous souhaitons : semer et récolter tout au long de l’année des graines de paix et d’amour. Toute l’équipe vous souhaite une bonne année 2016. Décidément, tout augmente. Pascal Greboval, rédacteur en chef

Kaizen, késako ? Kaizen est un mot japonais signifiant littéralement « changement bon ». Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un deuxième puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau.

kaizen • janvier-février 2016 • 3


Dans la boîte aux lettres de Kaizen

ELLES-ILS PENSENT DEMAIN

ELLES-ILS FONT LEUR PART

JE SUIS LE CHANGEMENT

10 Rencontre Sri Sri Ravi Shankar

34 Et si on le faisait ensemble ? Lutherie Urbaine : recyclage de sons perdus

62 Je vais bien, le monde va mieux La natation

15 Les pièces du puzzle L’allaitement, une saine pratique

18 Portfolio

38 Portraits Deux artisans du bois

40 Dossier

67 Do It Yourself Cosmétiques à base de miel 71 Nos bonnes adresses Lyon : la Croix-Rousse

76 Cuisine

L’habitat en terre à travers le monde

La terre dans tous ses états

La cannelle

28 Une nouvelle Troc à deux-roues de Michel Hutt

54 Vent d’ailleurs À Prague, des SDF vous font visiter la ville

83 Le sourire d’Yvan

30 La voie du Kaizen Florence Servan-Schreiber

56 Le goût de l’enfance L'Outil en main redonne du cœur à l'ouvrage

88 Portraits de Colibris

compléments alimentaires sont connus et appréciés par les utilisateurs et les prescripteurs. Ce ne sont pas des médicaments. Leur utilisation ne peut remplacer une alimentation variée et équilibrée et un mode de vie sain. Nous vous invitons à demander conseil auprès de votre spécialiste. Ne pas dépasser la dose journalière conseillée. Pour votre santé, mangez au moins cinq fruits et légumes par jour. www.mangerbouger.fr

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85 Les rendez-vous Kaizen

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© Trinette Reed/Blend Images/Photononstop

ELLES-ILS PENSENT DEMAIN Rencontre • 10 Les pièces du puzzle • 15 Portfolio • 18 Une nouvelle • 28 La voie du Kaizen • 30


© Trinette Reed/Blend Images/Photononstop

ELLES-ILS PENSENT DEMAIN Rencontre • 10 Les pièces du puzzle • 15 Portfolio • 18 Une nouvelle • 28 La voie du Kaizen • 30


elles-ils pensent

Rencontre

Sri Sri Ravi Shankar

Sur le chemin de la paix intérieure Considéré comme l’un des grands maîtres spirituels de l'Inde, Sri Sri Ravi Shankar a créé, en 1981, la fondation L'Art de vivre, qui s’applique à promouvoir un monde sans stress ni violence à travers des stages de méditation, de yoga ou de respiration. Entretien réalisé par Cyril Dion (avant les attentats du 13 novembre 2015) Traduction : Diane Routex

Cyril Dion Comment envisagez-vous la crise écologique, économique et spirituelle profonde que nous traversons actuellement ? Sri Sri Ravi Shankar Je vois qu’il y a un véritable défi et, à la fois, je vois que les gens ont la volonté de le relever. Effectivement, le monde fait face à énormément de problèmes, mais cela a un côté positif : nous sommes obligés de nous prendre en main, de devenir acteurs du changement. Jamais auparavant autant de personnes ne s’étaient intéressées à la défense de l’environnement. Il y a vingt ou trente ans, on n’avait pas ou peu le souci de préserver la forêt et les océans, de protéger la terre des produits chimiques. Aujourd’hui, l’alimentation bio est en train de devenir la norme, et les gens sont conscients de la nécessité de sauvegarder la nature. Je dirais que c’est plutôt un bon présage !

© Tadej Gregl

Pensez-vous que cela sera suffisant ? Car, le modèle actuel est si puissant que nous avons peut-être vingt ans maximum pour renverser le cours des choses… Je suis très optimiste. Je pense que les gens sont beaucoup plus sensibles à ces questions qu’on ne le pense et, quand ce sera le bon moment, ils se battront pour la bonne cause. Voyez ce qu’il s’est passé à Paris en janvier 2015 [attentat contre le journal Charlie Hebdo]. Après l’attaque de quelques terroristes, des millions de personnes se sont levées

et ont manifesté pour la paix. Alors je dirais que, oui, quel que soit le défi à relever, le peuple sera toujours présent pour y répondre. D’après vous, de quoi les gens ont-ils besoin pour passer à l’action ? De catastrophes, comme celle de janvier 2015, ou d’autre chose ? Les gens sont conscients de ce qu’il se passe, notamment grâce aux médias, dont le rôle est de les informer pour qu’ils puissent réagir et agir pour la bonne cause. Mais, au-delà de ça, nous avons besoin d’être éduqués à la paix. Voilà exactement ce qu’il nous manque. Que ce soit à la maison ou à l’école, personne ne nous a jamais appris à gérer nos émotions. Quand nous sommes stressés, contrariés, déprimés, quand nous sommes en colère, agités… Nous ne savons pas comment réagir ! Dans notre éducation, il nous manque un enseignement qui nous montrerait comment trouver le calme et la paix. Si les gouvernements ne consacraient ne serait-ce qu’ 1 ou 2 % du budget de la défense à l’éducation à la paix, le monde serait meilleur… Est-ce là le but de vos enseignements, et plus spécifiquement des techniques de respiration ? Oui, les exercices de respiration et de méditation mènent vers le bien-être intérieur ; ils vous aident à vous connecter à vous-même, à vous sentir relié. La corruption dans les sociétés est due à un manque kaizen • janvier-février 2016 • 11


elles-ils pensent

Rencontre

Sri Sri Ravi Shankar

Sur le chemin de la paix intérieure Considéré comme l’un des grands maîtres spirituels de l'Inde, Sri Sri Ravi Shankar a créé, en 1981, la fondation L'Art de vivre, qui s’applique à promouvoir un monde sans stress ni violence à travers des stages de méditation, de yoga ou de respiration. Entretien réalisé par Cyril Dion (avant les attentats du 13 novembre 2015) Traduction : Diane Routex

Cyril Dion Comment envisagez-vous la crise écologique, économique et spirituelle profonde que nous traversons actuellement ? Sri Sri Ravi Shankar Je vois qu’il y a un véritable défi et, à la fois, je vois que les gens ont la volonté de le relever. Effectivement, le monde fait face à énormément de problèmes, mais cela a un côté positif : nous sommes obligés de nous prendre en main, de devenir acteurs du changement. Jamais auparavant autant de personnes ne s’étaient intéressées à la défense de l’environnement. Il y a vingt ou trente ans, on n’avait pas ou peu le souci de préserver la forêt et les océans, de protéger la terre des produits chimiques. Aujourd’hui, l’alimentation bio est en train de devenir la norme, et les gens sont conscients de la nécessité de sauvegarder la nature. Je dirais que c’est plutôt un bon présage !

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Pensez-vous que cela sera suffisant ? Car, le modèle actuel est si puissant que nous avons peut-être vingt ans maximum pour renverser le cours des choses… Je suis très optimiste. Je pense que les gens sont beaucoup plus sensibles à ces questions qu’on ne le pense et, quand ce sera le bon moment, ils se battront pour la bonne cause. Voyez ce qu’il s’est passé à Paris en janvier 2015 [attentat contre le journal Charlie Hebdo]. Après l’attaque de quelques terroristes, des millions de personnes se sont levées

et ont manifesté pour la paix. Alors je dirais que, oui, quel que soit le défi à relever, le peuple sera toujours présent pour y répondre. D’après vous, de quoi les gens ont-ils besoin pour passer à l’action ? De catastrophes, comme celle de janvier 2015, ou d’autre chose ? Les gens sont conscients de ce qu’il se passe, notamment grâce aux médias, dont le rôle est de les informer pour qu’ils puissent réagir et agir pour la bonne cause. Mais, au-delà de ça, nous avons besoin d’être éduqués à la paix. Voilà exactement ce qu’il nous manque. Que ce soit à la maison ou à l’école, personne ne nous a jamais appris à gérer nos émotions. Quand nous sommes stressés, contrariés, déprimés, quand nous sommes en colère, agités… Nous ne savons pas comment réagir ! Dans notre éducation, il nous manque un enseignement qui nous montrerait comment trouver le calme et la paix. Si les gouvernements ne consacraient ne serait-ce qu’ 1 ou 2 % du budget de la défense à l’éducation à la paix, le monde serait meilleur… Est-ce là le but de vos enseignements, et plus spécifiquement des techniques de respiration ? Oui, les exercices de respiration et de méditation mènent vers le bien-être intérieur ; ils vous aident à vous connecter à vous-même, à vous sentir relié. La corruption dans les sociétés est due à un manque kaizen • janvier-février 2016 • 11


elles-ils pensent

Portfolio

L’habitat en terre

Stéphane Perraud Quelle est la place de l'habitat en terre dans le monde ? Thierry Joffroy La terre crue, utilisée depuis onze millénaires, reste aujourd'hui le matériau de construction le plus répandu dans le monde. Selon nos données provenant de 150 pays, nous estimons qu'un tiers de l'humanité vit dans un habitat en terre, soit plus de deux milliards de personnes. Dans les mégalopoles d'Afrique ou du Moyen-Orient, le béton a fait son apparition. Mais, dans les villages et les

petites villes, construire en terre reste le réflexe numéro un. Autour de Ouagadougou, par exemple, la capitale du Burkina Faso, on trouve quantité de mares utilisées pour l'argile. Les familles se réunissent et montent une maison en quelques semaines. Ce matériau est également toujours très utilisé au Mali, en Bolivie, au Pérou, en Colombie, en Asie centrale, en Chine…

à travers le monde

Architecte, chercheur et président de CRAterre, le Centre international de la construction en terre, Thierry Joffroy dresse pour Kaizen un tour d'horizon planétaire de l'habitat en terre crue. Entretien réalisé par Stéphane Perraud

Maisons en adobe, Santa Fe, Nouveau-Mexique, États-Unis - © Radius Images/Photononstop

18 • kaizen • numéro 24

Maisons en adobe, près de Garzê, préfecture autonome tibétaine située dans la province du Sichuan - © Siegfried Martin/Bilderberg/Photononstop

kaizen • janvier-février 2016 • 19


elles-ils pensent

Portfolio

L’habitat en terre

Stéphane Perraud Quelle est la place de l'habitat en terre dans le monde ? Thierry Joffroy La terre crue, utilisée depuis onze millénaires, reste aujourd'hui le matériau de construction le plus répandu dans le monde. Selon nos données provenant de 150 pays, nous estimons qu'un tiers de l'humanité vit dans un habitat en terre, soit plus de deux milliards de personnes. Dans les mégalopoles d'Afrique ou du Moyen-Orient, le béton a fait son apparition. Mais, dans les villages et les

petites villes, construire en terre reste le réflexe numéro un. Autour de Ouagadougou, par exemple, la capitale du Burkina Faso, on trouve quantité de mares utilisées pour l'argile. Les familles se réunissent et montent une maison en quelques semaines. Ce matériau est également toujours très utilisé au Mali, en Bolivie, au Pérou, en Colombie, en Asie centrale, en Chine…

à travers le monde

Architecte, chercheur et président de CRAterre, le Centre international de la construction en terre, Thierry Joffroy dresse pour Kaizen un tour d'horizon planétaire de l'habitat en terre crue. Entretien réalisé par Stéphane Perraud

Maisons en adobe, Santa Fe, Nouveau-Mexique, États-Unis - © Radius Images/Photononstop

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Maisons en adobe, près de Garzê, préfecture autonome tibétaine située dans la province du Sichuan - © Siegfried Martin/Bilderberg/Photononstop

kaizen • janvier-février 2016 • 19


© Sylvain Cordier/Biosphoto

ELLES-ILS FONT LEUR PART Et si on le faisait ensemble ? • 34 Portraits • 38 Dossier • 40 Vent d'ailleurs • 54 Le goût de l’enfance • 56


© Sylvain Cordier/Biosphoto

ELLES-ILS FONT LEUR PART Et si on le faisait ensemble ? • 34 Portraits • 38 Dossier • 40 Vent d'ailleurs • 54 Le goût de l’enfance • 56


elles-ils font

B

Et si on le faisait ensemble ?

Lutherie Urbaine :

recyclage de sons perdus Lutherie Urbaine, une ressourcerie musicale située à Bagnolet, en Seine‑Saint‑Denis, accueille à la fois des ateliers, des résidences, un fab lab et des concerts. Ici, des professionnels et des amateurs fabriquent, à partir d’objets et de matériaux de récupération, des instruments de musique innovants. Texte : Aude Raux • Photos : Jérômine Dérigny

34 • kaizen • numéro 24

ien alignés comme des notes de musique sur une partition, cinq enfants âgés de 6 à 8 ans écoutent Diana Huidobro, musicienne intervenante à Lutherie Urbaine. « Bonjour, s’exclame-t-elle d’une voix chantante. Mon “magasin” est ouvert ! Que puis-je vous proposer aujourd’hui ? » Les LULLitiens – LULL pour Lutherie Urbaine Le Local – choisissent chacun un instrument de musique : « Dans la famille à gratter, je voudrais le güiro ! » « Et moi, dans la famille à secouer, le double shaker ! » Signe particulier : chaque instrument a été confectionné à partir d’objets récupérés. Après s’être familiarisés avec les sons et les rythmes, les enfants inscrits à l’atelier du samedi matin apprendront à réaliser eux-mêmes des instruments de musique, par exemple un tambour avec une boîte de conserve et une radiographie. « Les deux premiers mois, nous découvrons les instruments déjà fabriqués, histoire de susciter le désir, précise Diana Huidobro. Puis, lors d’une séance commune aux deux groupes, nous passerons à la construction. Les plus grands aideront alors les plus petits. Non seulement parce qu’ils savent utiliser un double-décimètre ou tracer un trait bien droit, mais aussi pour créer un esprit de solidarité entre eux, puisqu’ils joueront ensemble lors du spectacle de fin d’année. »

« J’aime beaucoup l’approche qui consiste à éveiller, de façon ludique, les enfants à la musique, tout en les sensibilisant à la réduction de nos déchets. On est loin du côté académique des conservatoires. On n’est pas non plus dans le consumérisme de certains ateliers pour enfants qui proposent des produits “tout faits”. C’est vraiment un lieu à part. »

Faire de la musique « pour pas un rond » Claviers d’ordinateur, tuyaux d’arrosage, tubes en PVC, casseroles ou encore pompes à vélo… Autant d’objets qui, une fois détournés de leur fonction première, sensibilisent le public à une écologie de l’écoute. À l’origine, le projet s’intitulait Lutteries Urbaines et Lutherie Urbaine, en référence au combat mené à la fois contre la société de consommation et la musique élitiste. Trop long ! Demeure donc simplement Lutherie Urbaine, mais la lutte reste la même. L’association – qui subsiste à 69 % grâce aux subventions publiques 1 et à 31 % grâce à des fonds propres – a été fondée en 2000 par Alain Guazzelli, professeur de batterie au conservatoire de Stains, et Jean-Louis Mechali, batteur et compositeur, soucieux de décloisonnement et d’environnement : « Je

Sensibiliser les enfants aux déchets À entendre cette professionnelle originaire ­d’Argentine, qui travaille en ce moment sur un spectacle de contes africains, l’objectif de ces ateliers consiste à développer « l’esprit de débrouille, comme il perdure en Amérique latine ou en Afrique. Et à enseigner la musique en s’amusant. Après tout, jouer, c’est récupérer et détourner des objets : un enfant dans son bain transforme spontanément un flacon de shampooing en bateau. » Ainsi, Diana demande aux petits participants de rapporter de chez eux des chaussettes trouées, des bouteilles en plastique vides ou encore des boîtes en polystyrène. « Quand on fabrique soi-même son instrument de musique, en plus à partir d’objets venant de la maison, on y est davantage attaché, souligne-t-elle. Cela permet également de développer l’esprit critique de l’enfant et de le faire s’interroger sur ce qu’il s’apprête à jeter à la poubelle. » Ses paroles font écho à celles de Carolina Saquel, une maman qui a inscrit son fils, Tristan, 3 ans et demi, à l’atelier des LULLitiens : kaizen • janvier-février 2016 • 35


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Et si on le faisait ensemble ?

Lutherie Urbaine :

recyclage de sons perdus Lutherie Urbaine, une ressourcerie musicale située à Bagnolet, en Seine‑Saint‑Denis, accueille à la fois des ateliers, des résidences, un fab lab et des concerts. Ici, des professionnels et des amateurs fabriquent, à partir d’objets et de matériaux de récupération, des instruments de musique innovants. Texte : Aude Raux • Photos : Jérômine Dérigny

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ien alignés comme des notes de musique sur une partition, cinq enfants âgés de 6 à 8 ans écoutent Diana Huidobro, musicienne intervenante à Lutherie Urbaine. « Bonjour, s’exclame-t-elle d’une voix chantante. Mon “magasin” est ouvert ! Que puis-je vous proposer aujourd’hui ? » Les LULLitiens – LULL pour Lutherie Urbaine Le Local – choisissent chacun un instrument de musique : « Dans la famille à gratter, je voudrais le güiro ! » « Et moi, dans la famille à secouer, le double shaker ! » Signe particulier : chaque instrument a été confectionné à partir d’objets récupérés. Après s’être familiarisés avec les sons et les rythmes, les enfants inscrits à l’atelier du samedi matin apprendront à réaliser eux-mêmes des instruments de musique, par exemple un tambour avec une boîte de conserve et une radiographie. « Les deux premiers mois, nous découvrons les instruments déjà fabriqués, histoire de susciter le désir, précise Diana Huidobro. Puis, lors d’une séance commune aux deux groupes, nous passerons à la construction. Les plus grands aideront alors les plus petits. Non seulement parce qu’ils savent utiliser un double-décimètre ou tracer un trait bien droit, mais aussi pour créer un esprit de solidarité entre eux, puisqu’ils joueront ensemble lors du spectacle de fin d’année. »

« J’aime beaucoup l’approche qui consiste à éveiller, de façon ludique, les enfants à la musique, tout en les sensibilisant à la réduction de nos déchets. On est loin du côté académique des conservatoires. On n’est pas non plus dans le consumérisme de certains ateliers pour enfants qui proposent des produits “tout faits”. C’est vraiment un lieu à part. »

Faire de la musique « pour pas un rond » Claviers d’ordinateur, tuyaux d’arrosage, tubes en PVC, casseroles ou encore pompes à vélo… Autant d’objets qui, une fois détournés de leur fonction première, sensibilisent le public à une écologie de l’écoute. À l’origine, le projet s’intitulait Lutteries Urbaines et Lutherie Urbaine, en référence au combat mené à la fois contre la société de consommation et la musique élitiste. Trop long ! Demeure donc simplement Lutherie Urbaine, mais la lutte reste la même. L’association – qui subsiste à 69 % grâce aux subventions publiques 1 et à 31 % grâce à des fonds propres – a été fondée en 2000 par Alain Guazzelli, professeur de batterie au conservatoire de Stains, et Jean-Louis Mechali, batteur et compositeur, soucieux de décloisonnement et d’environnement : « Je

Sensibiliser les enfants aux déchets À entendre cette professionnelle originaire ­d’Argentine, qui travaille en ce moment sur un spectacle de contes africains, l’objectif de ces ateliers consiste à développer « l’esprit de débrouille, comme il perdure en Amérique latine ou en Afrique. Et à enseigner la musique en s’amusant. Après tout, jouer, c’est récupérer et détourner des objets : un enfant dans son bain transforme spontanément un flacon de shampooing en bateau. » Ainsi, Diana demande aux petits participants de rapporter de chez eux des chaussettes trouées, des bouteilles en plastique vides ou encore des boîtes en polystyrène. « Quand on fabrique soi-même son instrument de musique, en plus à partir d’objets venant de la maison, on y est davantage attaché, souligne-t-elle. Cela permet également de développer l’esprit critique de l’enfant et de le faire s’interroger sur ce qu’il s’apprête à jeter à la poubelle. » Ses paroles font écho à celles de Carolina Saquel, une maman qui a inscrit son fils, Tristan, 3 ans et demi, à l’atelier des LULLitiens : kaizen • janvier-février 2016 • 35


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Dossier

La terre

dans tous ses états Entre les mains d'un paysan, d'un potier ou d'un bâtisseur, elle donne naissance à du blé, des bols, une maison. Malmenée par l'agriculture intensive, oubliée par les urbanistes, la terre reste une richesse. Redonnons-lui sa véritable valeur. Car nous lui devons tout. Dossier réalisé par Stéphane Perraud

© Julie Graux

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u bord du champ, les tas de pierres té‑ moignent du travail de l'humain. « Quand je me suis installé ici, il n'y avait que des cailloux. J'en ai retiré des tonnes. J'ai ensuite attendu six ans avant de cultiver cette parcelle, pour qu'elle se re‑ mette du choc. Aujourd'hui, elle fait ma fierté », té‑ moigne Gérard Lefranc, agriculteur bio dans la mon‑ tagne drômoise 1. Semée de blé dur à l'automne, cette terre rude, mais fertile, lui donnera de beaux épis l'été prochain. Rien qu’en la faisant couler entre ses doigts, Gérard sait qu'elle est prête à jouer son rôle nourricier. Cependant, ce geste paysan ancestral se perd. « La terre est devenue un simple outil de pro‑ duction. Après la Seconde Guerre mondiale, le sec‑ teur agricole s'est industrialisé. Les engrais et les pesticides ont appauvri les sols », explique le jour‑ naliste Fabrice Nicolino dans son dernier livre 2. Le phénomène est mondial. « Les terres agricoles sont rachetées par des financiers pour créer de gigan‑ tesques monocultures. S'ils ont compris que la terre constituait une vraie richesse, ils la détruisent mé‑ thodiquement. Ils l'exploitent quelques années, puis

l'abandonnent quand elle ne donne plus rien », révèle l'agronome Jacques Caplat (lire page suivante). Les terres fertiles disponibles se raréfient. Depuis les débuts de l’agriculture intensive, l’érosion des sols – c’est‑à‑dire l'amincissement de la couche arable – s’accentue de manière inquiétante 3. Ce que John Crawford de l’université de Sydney a résumé dans le magazine Time en décembre 2012 par cette phrase choc : « Il reste soixante ans de sols. » À chacun de faire sa part. Tournons‑nous vers ceux qui ont un lien charnel avec la terre. Achetons bio et local à des paysans qui la chérissent. Retournons chez les po‑ tiers qui la transforment en assiette ou en bol, utili‑ sons‑la pour construire ou rénover nos maisons et retrouvons les vertus de l'argile pour nous soigner. Ensemble, plongeons les mains dans la terre. Elle nous le rendra au centuple. n www.rimon‑saveurs.fr Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu'est devenue l'agriculture, Éditions Les Échappés, 2015 3 Lire à ce sujet : J. Balesdent, É. Dambrine et J‑C Fardeau, Les Sols ont-ils de la mémoire ?, 80 clés pour comprendre les sols, éditions Quæ, 2015 1

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Dossier

La terre

dans tous ses états Entre les mains d'un paysan, d'un potier ou d'un bâtisseur, elle donne naissance à du blé, des bols, une maison. Malmenée par l'agriculture intensive, oubliée par les urbanistes, la terre reste une richesse. Redonnons-lui sa véritable valeur. Car nous lui devons tout. Dossier réalisé par Stéphane Perraud

© Julie Graux

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u bord du champ, les tas de pierres té‑ moignent du travail de l'humain. « Quand je me suis installé ici, il n'y avait que des cailloux. J'en ai retiré des tonnes. J'ai ensuite attendu six ans avant de cultiver cette parcelle, pour qu'elle se re‑ mette du choc. Aujourd'hui, elle fait ma fierté », té‑ moigne Gérard Lefranc, agriculteur bio dans la mon‑ tagne drômoise 1. Semée de blé dur à l'automne, cette terre rude, mais fertile, lui donnera de beaux épis l'été prochain. Rien qu’en la faisant couler entre ses doigts, Gérard sait qu'elle est prête à jouer son rôle nourricier. Cependant, ce geste paysan ancestral se perd. « La terre est devenue un simple outil de pro‑ duction. Après la Seconde Guerre mondiale, le sec‑ teur agricole s'est industrialisé. Les engrais et les pesticides ont appauvri les sols », explique le jour‑ naliste Fabrice Nicolino dans son dernier livre 2. Le phénomène est mondial. « Les terres agricoles sont rachetées par des financiers pour créer de gigan‑ tesques monocultures. S'ils ont compris que la terre constituait une vraie richesse, ils la détruisent mé‑ thodiquement. Ils l'exploitent quelques années, puis

l'abandonnent quand elle ne donne plus rien », révèle l'agronome Jacques Caplat (lire page suivante). Les terres fertiles disponibles se raréfient. Depuis les débuts de l’agriculture intensive, l’érosion des sols – c’est‑à‑dire l'amincissement de la couche arable – s’accentue de manière inquiétante 3. Ce que John Crawford de l’université de Sydney a résumé dans le magazine Time en décembre 2012 par cette phrase choc : « Il reste soixante ans de sols. » À chacun de faire sa part. Tournons‑nous vers ceux qui ont un lien charnel avec la terre. Achetons bio et local à des paysans qui la chérissent. Retournons chez les po‑ tiers qui la transforment en assiette ou en bol, utili‑ sons‑la pour construire ou rénover nos maisons et retrouvons les vertus de l'argile pour nous soigner. Ensemble, plongeons les mains dans la terre. Elle nous le rendra au centuple. n www.rimon‑saveurs.fr Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu'est devenue l'agriculture, Éditions Les Échappés, 2015 3 Lire à ce sujet : J. Balesdent, É. Dambrine et J‑C Fardeau, Les Sols ont-ils de la mémoire ?, 80 clés pour comprendre les sols, éditions Quæ, 2015 1

2

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Dossier

Gens de terroir Céline la vigneronne et Christophe le maraîcher se sont installés avec le soutien de Terre de liens. Tous deux entretiennent un rapport intime avec leur terre. Qui le leur rend bien. Portraits.

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a terre ? C'est du couscous ! Elle est si fine que je plante mes tomates à la petite cuillère. Pas besoin d'outils », s'enthousiasme Christophe Gaudry. À 37 ans, après un burn out, cet ancien technicien logistique est devenu agriculteur. « Je voulais donner un sens à ma vie, revenir à de vraies valeurs. L'appel de la terre a été le plus fort », résume-t-il sobrement. Impliqué dans une Amap – Association pour le maintien d'une agriculture pay‑ sanne – près de Saint-Étienne, il se lie d'amitié avec des producteurs qui l'encouragent à s'installer. Il passe un brevet agricole en arboriculture et effectue un stage chez un vieux paysan de la Loire prêt à lui céder ses terres. Jusqu'au jour où l'addition tombe : « Il en voulait vingt fois le prix estimé ! », se désole Christophe. La course au foncier s'engage, véritable parcours du combattant. Il visite d'autres fermes aux tarifs prohibitifs avant de découvrir enfin la perle rare, à Veauche, dans la banlieue stéphanoise.

© DR

«

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« Elle n'était plus en production, ce qui permettait de démarrer en certification bio immédiatement, sans passer par une période de conversion. » Reste à trouver 210 000 euros pour l'acquisition. Nouvelle déconvenue : aucune banque n'accepte de le suivre. Il se tourne finalement vers la Foncière Terre de liens. Adieu l'achat, bonjour la location. Il signe son bail en mai 2013 pour un loyer annuel de 700 euros pour 2,5 hectares et un bâtiment agricole, auquel s'ajoutent 250 euros mensuels pour la maison. « Mon installation a doublé le nombre d'agriculteurs de la commune. On est passés d’un à deux ! », s'amuse-t‑il. D'emblée, il opte pour la permaculture, une méthode qui prend en compte la biodiversité des écosys‑ tèmes, et aménage des buttes sur lesquelles poussent d'étonnants fruits et légumes : des concombres in‑ diens, des aubergines japonaises, des poireaux per‑ pétuels, des argousiers… Au total, 70 références

choisies pour leur résistance, leur complémentarité et leur capacité à ne pas dégrader le sol. « Je ne travaille pas la terre. Je n'ai pour seuls outils qu'une pelle, un râteau et des sécateurs. J'effectue des ro‑ tations de cultures en plantant du sorgho, du maïs et des tournesols. Ma terre est si riche qu'ils at‑ teignent 4 mètres de haut ! Quand ils sont secs, je les broie sur place, cela recapitalise le sol pour plu‑ sieurs années », précise-t-il. Dans son terrain, les vers de terre abondent. Ils participent à l'aération et au drainage du sol. Leurs galeries facilitent l'installation des racines des plantes et leur alimentation en eau. Les vers transportent avec eux des éléments nutri‑ tifs et font remonter du sous-sol des oligo-éléments. De précieux auxiliaires. Grâce au paillage qui évite l'évaporation, Christophe arrose très peu. L'été der‑ nier, même par 43 degrés, son sol restait humide sous le couvert. Il a produit de superbes courgettes. Et à l'automne, il a récolté 160 kilos de courge sur un seul pied, sans jamais s'en occuper ! Ses légumes font le bonheur des restaurants et des familles des environs sous forme de paniers… à prix libre. Étonnamment, le système fonctionne et les ache‑ teurs déboursent spontanément entre 15 et 20 euros par panier. « Pour vivre, une petite surface suffit en associant intelligemment les cultures et en recyclant tous les déchets. La marge nette est plus importante en permaculture, le travail moins fatigant et j'ai le temps de m'occuper de ma famille », assure‑t-il. « Quand je pense que le technicien de la chambre d'agriculture prédisait que jamais rien ne pousserait sur cette terre marécageuse… »

Des vignes au naturel Installée comme vigneronne dans le Jura depuis 2007, Céline Gormally n'a pas choisi non plus les parcelles les plus faciles pour s'installer. « Ma pre‑ mière vigne avait subi des décennies de traitement, le sol se cassait la figure… Et pourtant, elle m'a plu », raconte cette mère de trois enfants qui produit un vin naturel, sans intrants. En trois ans, la terre s'est rétablie grâce à la technique de la bouse de corne. « On garnit de bouse des cornes de vache qu'on enterre dans un grand trou à l'automne. Elles fer‑ mentent tout l'hiver. Au printemps, on récupère une préparation brune qu'on dilue pour l'épandre dans les vignes. Cela favorise l'activité microbienne et la formation d'humus. Très vite, le sol redevient souple », explique-t-elle. Une technique très em‑

© Stéphane Perraud

La terre dans tous ses états

ployée en biodynamie. Céline pulvérise aussi des tisanes de pissenlit, d'ortie et de prêle pour fortifier ses cultures et prévenir d'éventuelles maladies. Elle se contente d'un désherbage mécanique sous les ceps et laisse l'herbe pousser dans le rang, source de biodiversité. « La terre d'ici tire vers le rouge, elle est grasse après la pluie, elle colle aux bottes, j'aime bien ça », témoigne-t-elle en laissant sa fille courir à la recherche des grains oubliés par les vendan‑ geurs. Aujourd'hui, Céline travaille sur cinq hectares, dont deux sont la propriété de Terre de liens. « J'avais la possibilité de les acheter, mais j'aime l'idée qu'une partie de mes terres resteront en bio après moi, quoi qu'il arrive. » Sur une aussi petite surface, elle parvient à réunir tous les cépages du Jura : chardonnay, savagnin, trousseau, pinot noir et poulsard. Les vendanges ne sont pas mélangées, chaque parcelle a sa cuvée, ce qui permet au terroir de s'exprimer pleinement. Le nom de son domaine, Les Dolomies, fait référence à la roche calcaire sur laquelle s'accroche son vignoble. Cela se retrouve dans ses vins. Son chardonnay Les Combes affiche une belle acidité, une salinité et une tension inatten‑ dues. Le climat et le terroir en ont décidé ainsi. n

Pour aller plus loin Christophe Gaudry Ferme de la Plagne 103, avenue de la Libération 42340 Veauche fermedelaplagne.blogspot.fr Céline Gormally Les Dolomies 40, rue de l’Asile 39230 Passenans www.les-dolomies.com

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Dossier

La terre dans tous ses états

Des terres libres et sauvages Pour protéger faune et flore, plusieurs pays européens ont créé des parcs où la nature est laissée en libre évolution. La France s'y met timidement.

D

ans le Parc national suisse, chamois, cerfs et marmottes sont au paradis. Dans l'Est du pays, sur 17 000 hectares, nos voisins helvètes ont décidé il y a un siècle qu'ici, la nature pourrait se dé‑ velopper sans entraves. Si la randonnée y est fortement conseillée, étant donné la richesse faunistique et flo‑ ristique, le pastoralisme, la sylviculture et la chasse sont prohibés. La forêt, qui avait totalement disparu, est revenue naturellement. 1 500 cerfs vivent désormais sur ce territoire en été, alors que l'animal avait été exterminé au xixe siècle. En hiver, ces animaux majes‑ tueux partent chercher le soleil dans les vallées voi‑ sines. Des prédateurs naturels, comme le loup, l'ours et le lynx, ont également refait leur apparition. Objectif : faire de ce lieu une véritable terre sauvage, comme autrefois. Car la nature sait se réguler sur la durée. Elle n'a pas besoin de l’être humain, qui, au mieux, l'amé‑

nage, au pire, la détruit. Depuis, le modèle suisse a fait des petits. Une trentaine de zones où la nature est laissée en libre évolution ont vu le jour en Europe, comme le massif montagneux des Rhodopes en Bulgarie, l’Apennin central en Italie ou une partie des Carpates orientales situées à cheval sur la Pologne, l’Ukraine et la Slovaquie. Toutes font partie du réseau Rewilding Europe, dont l’objectif est de rendre un mil‑ lion d’hectares à la nature d’ici 2020.

La France se met en route Avec 132 petits hectares inscrits, la France est très en retard sur ses voisins européens. « Nous sommes ce‑ pendant fiers d'avoir pu intégrer ce réseau », explique Madline Reynaud, la directrice de l'Association pour la protection des animaux sauvages – Aspas –, à l'ori‑

Vue sur la Réserve de vie sauvage du Grand Barry, entre Vercors et Diois : 132 hectares exempts de toute présence humaine.

gine de la création de la Réserve de vie sauvage du Grand Barry, située au sud du massif du Vercors. Un paysage aride et escarpé où les arbres s'accrochent aux rochers. « En 2014, nous avons racheté à des par‑ ticuliers ces 132 hectares de terres pour les soustraire à l’activité humaine », témoigne Madline. « Nous consi‑ dérons que l'État fait mal son travail. Hormis quelques rares réserves biologiques intégrales, il n'existe pas de zones préservées comme celle-là en France. Savez‑vous par exemple que la chasse est autorisée dans plusieurs parcs nationaux et dans 70 % des ré‑ serves naturelles ? » Dans les parcs régionaux, c'est pire. Comme les élus siègent au conseil d'administra‑ tion, ils renégocient les chartes. La pression écono‑ mique et touristique s’accommode mal de la protection de la nature. « Puisque les rares espaces dédiés ne jouent plus leur rôle, nous sommes obligés d'acheter de la terre pour mieux lui rendre sa liberté. C'est pa‑ radoxal, mais efficace. Ici, on croise des chamois, des chevreuils, des blaireaux, des renards, et même des aigles royaux et des vautours fauves. Mais, attention, il ne s'agit pas de mettre la nature sous cloche », pré‑ cise Madline. Au Grand Barry, chasse, pêche, cueillette, exploitation forestière et loisirs motorisés sont inter‑ dits, mais la randonnée est autorisée. Sur le terrain, les chasseurs semblent pour l’instant respecter cette pro‑ priété privée d’un nouveau genre. « Contrairement à leurs craintes, les animaux ne pullulent pas. Ils ont tous des prédateurs naturels et leur terrain de jeu va bien au-delà de la réserve… où la chasse est autorisée. » Pour acheter ce pan de montagne, l’Aspas a débour‑ sé 150 000 euros. L’association s’est appuyée sur les cotisations, les dons et les legs de ses 11 000 adhérents et de partenaires. La réserve naturelle du Grand Barry

devrait être la première d’une longue liste. Une dona‑ tion de 60 hectares de zone humide a récemment permis la création de la Réserve des deux lacs, à Châteauneuf-du-Rhône (Drôme), où la pêche est dé‑ sormais interdite. Et dans les Côtes-d’Armor, une autre donation a fait naître la Réserve du Trégor : 60 hectares de forêts et de futaies longés par le Léguer, un fleuve côtier qui abrite des saumons. L’Aspas monte actuel‑ lement un quatrième projet en Auvergne, avec l'asso‑ ciation Forêts sauvages et le WWF, pour créer une réserve de 300 hectares. Et elle recherche dans tout le pays d’autres terres comme celles-là, peu impactées par la présence humaine, sans activité agricole ni ha‑ bitations. n

Pour aller plus loin www.aspas-nature.org www.rewildingeurope.com

Achetez une part de forêt Haro sur le bois bourguignon ! Depuis quelques années, des financiers rachètent d’immenses parcelles de feuillus au cœur du Morvan, qu’ils rasent et remplacent par des monocultures de résineux à croissance rapide. « Ils transforment nos belles forêts en usines à bois pour alimenter des projets de chaufferies surdimensionnés. Si l’on se contente de faire des rotations de pins douglas, le sol sera tellement pauvre que, bientôt, plus rien ne poussera ici », déplore Lucienne Haèse, à l'origine du Groupement forestier pour la sauvegarde des feuillus du Morvan (GFSGM). Pour 160 euros, vous pouvez acheter un carré de forêt et participer à la préservation des chênes, châtaigniers, hêtres, frênes et autres merisiers de la région. 500 particuliers ont ainsi pu acquérir 270 hectares de bois, gérés de façon douce et durable, avec prélèvements par éclaircies et maintien des arbres morts au sol pour favoriser la régénération naturelle. Pour que la terre de la forêt morvandelle sente toujours l'humus. www.sauvegarde-forets-morvan.com

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© Aspas


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I

Le goût de l'enfance

L'Outil en main

redonne du cœur à l'ouvrage Depuis presque trente ans, l'association L'Outil en main fait découvrir les métiers de l'artisanat à des enfants âgés de 9 à 14 ans. Des professionnels à la retraite les initient au plaisir du travail manuel à travers des ateliers très concrets, où la main s'allie à l'esprit pour créer. Texte : Clarisse Briot • Photos : Éléonore Henry de Frahan

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ci, on coud, là, on soude ; un peu plus loin, on taille la pierre ou on modèle la terre. On découpe, on scie, on râpe, on colle. Les gestes se répètent, les outils obéissent et la concentration est de rigueur tous les mercredis après-midi, dans le vaste atelier de L'Outil en main d'Antony, dans les Hauts-de‑Seine, l'une des 137 antennes que compte l'association nationale (lire encadré page suivante). Une trentaine d'enfants, âgés d'une dizaine d'années, viennent s'initier aux métiers artisanaux et du patrimoine, découvrir les mérites du travail manuel et fabriquer leurs propres objets. Pour les accompagner dans cette découverte, des bénévoles – pour la plupart des artisans à la retraite – ressortent leurs blouses et leurs tabliers et remettent avec passion l'ouvrage sur le métier. Couture, cuisine, dessin, calligraphie, art floral, mais aussi ferronnerie, sculpture, taille de pierre, mosaïque : un parcours riche au gré de différents ateliers – environ une dizaine – est proposé aux enfants, échelonné sur deux années scolaires, à raison de quatre à huit séances par métier. De quoi satisfaire toutes les curiosités. À l'atelier mosaïque animé par Élisabeth, Arthur, 11 ans, et Jade, 12 ans, sont consciencieusement penchés sur leur ouvrage. Tous deux découpent à la pince de petits émaux de Briare et des morceaux de verre coloré qu'ils apposeront ensuite sur leurs œuvres respectives : une composition toute en clefs de sol pour Jade, qui suit par ailleurs des leçons de musique, et un bateau voguant sur les mers pour Arthur, passionné de voile. Ce dernier a vite pris le coup. Il manie la pince de la main droite, l'abrite au creux de sa main gauche pour éviter les éclats, et « clac ! », il donne aux émaux la forme désirée. « Depuis que j'ai cinq ans, je bricole avec mon père », confie-t-il. Après quelques séances seulement, le garçon, qui veut devenir ingénieur en optique, comme son papa, a déjà parfaitement saisi l'esprit des ateliers. « Une tête sans les mains, ça ne sert à rien », explique-t-il avec sérieux. Transmettre aux jeunes générations, élevées aux écrans et aux tablettes, la valeur du travail manuel est en effet un des objectifs de l'association. Élisabeth en sait quelque chose, elle qui s'est reconvertie après une première carrière dans l'industrie pharmaceutique. « Je ne voulais pas attendre la retraite pour faire ce dont j'avais envie. Et je ne regrette pas ! »,

s'exclame‑t-elle. Aujourd'hui retraitée de son activité de mosaïste, elle accompagne les enfants afin qu'« ils prennent à leur tour plaisir à faire des choses de leurs mains ».

« L’ imagination d’un enfant est incommensurable. » Un enseignement du geste qui motive tout particulièrement Marcel. Ancien Compagnon du Tour de France, il initie les enfants à l'art exigeant de la taille de pierre. Après six années comme Compagnon, Marcel a embrassé une brillante carrière dans les travaux publics. Et ce n'est qu'une fois retiré des affaires qu'il a remis le nez dans sa malle à outils. « La taille de pierre, c'est comme le vélo, ça ne

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Le goût de l'enfance

L'Outil en main

redonne du cœur à l'ouvrage Depuis presque trente ans, l'association L'Outil en main fait découvrir les métiers de l'artisanat à des enfants âgés de 9 à 14 ans. Des professionnels à la retraite les initient au plaisir du travail manuel à travers des ateliers très concrets, où la main s'allie à l'esprit pour créer. Texte : Clarisse Briot • Photos : Éléonore Henry de Frahan

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ci, on coud, là, on soude ; un peu plus loin, on taille la pierre ou on modèle la terre. On découpe, on scie, on râpe, on colle. Les gestes se répètent, les outils obéissent et la concentration est de rigueur tous les mercredis après-midi, dans le vaste atelier de L'Outil en main d'Antony, dans les Hauts-de‑Seine, l'une des 137 antennes que compte l'association nationale (lire encadré page suivante). Une trentaine d'enfants, âgés d'une dizaine d'années, viennent s'initier aux métiers artisanaux et du patrimoine, découvrir les mérites du travail manuel et fabriquer leurs propres objets. Pour les accompagner dans cette découverte, des bénévoles – pour la plupart des artisans à la retraite – ressortent leurs blouses et leurs tabliers et remettent avec passion l'ouvrage sur le métier. Couture, cuisine, dessin, calligraphie, art floral, mais aussi ferronnerie, sculpture, taille de pierre, mosaïque : un parcours riche au gré de différents ateliers – environ une dizaine – est proposé aux enfants, échelonné sur deux années scolaires, à raison de quatre à huit séances par métier. De quoi satisfaire toutes les curiosités. À l'atelier mosaïque animé par Élisabeth, Arthur, 11 ans, et Jade, 12 ans, sont consciencieusement penchés sur leur ouvrage. Tous deux découpent à la pince de petits émaux de Briare et des morceaux de verre coloré qu'ils apposeront ensuite sur leurs œuvres respectives : une composition toute en clefs de sol pour Jade, qui suit par ailleurs des leçons de musique, et un bateau voguant sur les mers pour Arthur, passionné de voile. Ce dernier a vite pris le coup. Il manie la pince de la main droite, l'abrite au creux de sa main gauche pour éviter les éclats, et « clac ! », il donne aux émaux la forme désirée. « Depuis que j'ai cinq ans, je bricole avec mon père », confie-t-il. Après quelques séances seulement, le garçon, qui veut devenir ingénieur en optique, comme son papa, a déjà parfaitement saisi l'esprit des ateliers. « Une tête sans les mains, ça ne sert à rien », explique-t-il avec sérieux. Transmettre aux jeunes générations, élevées aux écrans et aux tablettes, la valeur du travail manuel est en effet un des objectifs de l'association. Élisabeth en sait quelque chose, elle qui s'est reconvertie après une première carrière dans l'industrie pharmaceutique. « Je ne voulais pas attendre la retraite pour faire ce dont j'avais envie. Et je ne regrette pas ! »,

s'exclame‑t-elle. Aujourd'hui retraitée de son activité de mosaïste, elle accompagne les enfants afin qu'« ils prennent à leur tour plaisir à faire des choses de leurs mains ».

« L’ imagination d’un enfant est incommensurable. » Un enseignement du geste qui motive tout particulièrement Marcel. Ancien Compagnon du Tour de France, il initie les enfants à l'art exigeant de la taille de pierre. Après six années comme Compagnon, Marcel a embrassé une brillante carrière dans les travaux publics. Et ce n'est qu'une fois retiré des affaires qu'il a remis le nez dans sa malle à outils. « La taille de pierre, c'est comme le vélo, ça ne

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JE SUIS LE CHANGEMENT Je vais bien, le monde va mieux • 62 Do It Yourself • 66 Nos bonnes adresses • 71 Cuisine • 76 Le sourire d’Yvan • 83 Les rendez-vous • 85 Paroles de Colibris • 88 La chronique de Pierre Rabhi • 90

© Pascal Greboval


JE SUIS LE CHANGEMENT Je vais bien, le monde va mieux • 62 Do It Yourself • 66 Nos bonnes adresses • 71 Cuisine • 76 Le sourire d’Yvan • 83 Les rendez-vous • 85 Paroles de Colibris • 88 La chronique de Pierre Rabhi • 90

© Pascal Greboval


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Les produits de la ruche à la loupe

DIY

Do It Yourself

Le miel est fabriqué à partir de la récolte des butineuses, constituée du nectar des plantes mellifères ou, plus rarement, du miellat de pucerons. Ces récoltes sont transformées par les enzymes digestives des butineuses, puis des ouvrières. Au final, la composition et la texture du miel varient selon son origine, ce qui lui octroie un large spectre de propriétés, à la base de l’apithérapie. En cosmétique, on privilégie le miel d’acacia, en raison de sa douceur et de sa texture liquide – il ne cristallise pas –, facilitant son usage dans les préparations. Ses bienfaits pour la peau sont remarquables. D’une part, il est acide, avec un pH voisin de 4, ce qui lui confère des qualités exfoliantes – élimination des cellules mortes –, mais aussi un effet légèrement irritant s’il est appliqué pur. Par sa richesse en sucres – notamment fructose –, il a des propriétés hydratantes – humectantes – et stimulantes. Il apporte aussi des acides aminés, enzymes, sels minéraux, vitamines, facteurs antibactériens et antioxydants, qui en font un soin très complet : lissant, adoucissant, assainissant, nourrissant, tonifiant, réparateur, cicatrisant. Il convient à tous les types de peau, incluant les peaux sèches et fatiguées aussi bien que les peaux acnéiques. De plus, il hydrate, protège et nourrit les cheveux qu'il rend souples et brillants. Il accentue la blondeur naturelle grâce à un léger effet éclaircissant. Mais, attention à bien rincer les soins, au

Soutenir l’apiculture bio Le miel oppose les végans – qui n’en consomment pas ni n’en utilisent – aux végétariens. Sans prendre parti « pour ou contre l’apiculture », une pratique vieille d’au moins 10 000 ans, nous vous conseillons, quitte à acheter du miel, de privilégier la production artisanale labellisée bio, aux miels industriels douteux. En tant que garants de la santé des abeilles domestiques, les apiculteurs représentent des observateurs précieux de la qualité – ou non – de l’environnement.

risque d’être poursuivi par un essaim de bestioles par l’odeur alléchées – ce n’est pas une blague ! La cire d’abeille est le matériau de base des alvéoles de la ruche. En cosmétique, elle est essentielle pour préparer des émulsions plus ou moins épaisses selon son dosage. Elle est notamment incontournable dans les baumes à lèvres. Ses propriétés filmogènes – couvrantes – contribuent à son action protectrice et antidéshydratante. On peut employer la cire jaune – filtrée – qui a des propriétés assainissantes, ou la cire blanche extra-pure, plus délicate, mais moins riche. Elle est vendue en pharmacie, dans les boutiques spécialisées en ingrédients pour cosmétiques – en granulés – ou parfois chez l’apiculteur – en feuillets. La propolis est destinée à défendre l'entrée de la ruche. Elle contient notamment 5 à 10 % d'huiles essentielles, des acides organiques et des polyphé-

Il était une fois

Cosmétiques à base de miel et des produits de la ruche

Prenez le temps d’observer une abeille : pas un bouton, pas une ride, pas un cheveu blanc ! N’y a-t-il pas meilleure preuve des bienfaits cosmétiques du miel ? Bon, d’accord, en deux mois de vie, l’abeille n’a guère le temps de se flétrir, et, entre pesticides, prédateurs et parasites, elle a d’autres chats à fouetter… Raison de plus pour la remercier de produire de tels trésors. Texte : Sylvie Hampikian • Photos : Carine Lutt

En 1862, un certain Edwin Smith, marchand, collectionneur et égyptologue, fit l’acquisition à Louxor d’un papyrus datant du XVIe siècle avant J.-C. Probablement écrit par un médecin militaire, c’est le plus ancien recueil de médecine et de chirurgie connu au monde. Il décrit principalement le traitement des blessures et donne les formules – le plus souvent à base de miel – de soins antiseptiques et cicatrisants. Pas vraiment de recettes cosmétiques, mais on y trouve déjà les propriétés cicatrisantes et réparatrices du miel. Ces soins précèdent de près de 3 000 ans les travaux du Pr Descottes de l’hôpital de Limoges, qui, jusqu’à sa mort en 2009, utilisait le miel contre les escarres. Entre ces deux dates, le miel n’a jamais été oublié. Ainsi, dans le non moins célèbre papyrus Ebers – XVIe-XIVe siècle avant notre ère –, sur 900 formules de remèdes, plus de 500 contiennent du miel. Hippocrate, considéré comme le père de la médecine occidentale, a largement préconisé l’emploi du miel en médecine, suivi ensuite par Virgile, Pline l’Ancien ou Dioscoride. Galien, le « père de la pharmacie », le conseille pour combattre les inflammations. Au Moyen Âge et au cours des

siècles suivants, le miel entre dans la composition de cérats, de mellites, d’oxymels, d’opiats… Beaucoup de ces formes galéniques ont aujourd’hui disparu, mais le miel reste fidèle au poste dans les cosmétiques, tels les baumes à lèvres, les crèmes antirides, les crèmes pour les mains, les shampooings, etc. La cire d’abeille, quant à elle, est employée depuis l’Antiquité comme épaississant et stabilisant dans les remèdes et les cosmétiques. Le fameux cérat de Galien – huile d’amande, eau de rose, cire d’abeille – figure toujours dans la Pharmacopée, avec une formule quasiment inchangée depuis près de 2 000 ans. Elle n’a jamais perdu cette place de choix et entre dans la composition INCI – la nomenclature internationale des ingrédients cosmétiques – de très nombreux soins sous le nom de cera alba – cire blanche – ou, plus rarement, cera flava – cire jaune –, souvent suivi de « beeswax ». D’emploi plus récent, la propolis est présente dans des spécialités à visée antiseptique – soins buccodentaires, pommades, soins antiacnéiques, gouttes auriculaires… kaizen • janvier-février 2016 • 67


je change

Le Mur des Canuts Peinture murale conçue et réalisée par les designers et peintres muralistes de CitéCréation. Cette fresque est située boulevard des Canuts, Lyon 4e. Photo © CitéCréation

Nos bonnes adresses

Lyon :

le plateau de la Croix-Rousse Texte et photos : Pascal Greboval • Dessin : Manu Thuret

Perchée sur la colline, la Croix-Rousse est marquée par son passé ouvrier. C’est dans ce quartier où l’industrie de la soie a connu ses heures de gloire qu’est née la révolte des canuts ; c’est aussi ici que sont nés le premier conseil de prud’hommes et la première boutique coopérative. La soie est partie, restent les liens tissés. Boire et manger L’envie de travailler dans un domaine qui le passionne a poussé Sébastien à quitter les écrans informatiques pour les caves. Passionné et curieux, il a appris son nouveau métier de caviste en faisant un tour de France des vignerons traditionnels. Preuve que l’on peut avancer pas à pas… Un an plus tard, il a ouvert Ô vins d'anges e, une cave à vins naturels. « La diversité des vins, et surtout leur authenticité, qui reflète la personnalité des producteurs », l’ont séduit. « Les vins naturels ne sont pas des produits standardisés », prévient-il. Vous pourrez donc apprécier, découvrir ou redécouvrir ici « le vrai goût du raisin et des terroirs ». Du jeudi au samedi, Sébastien métamorphose sa cave en bar à vins et

propose des produits de bouche qui s’inscrivent dans la même démarche : le naturel avant tout ! Des rencontres avec les vignerons sélectionnés et des cours d’œnologie complètent l’animation de ce lieu chaleureux. Une cave à fréquenter sans modération ! En 2007, Élisa, alors à la tête d’un restaurant mexicain, ressent le besoin de retrouver le goût authentique de la cuisine de ses grands-mères jurassiennes. « J’avais envie de mélanger produits locaux et de saison et épices. » Elle ouvre Le Jardin d’intérieur r, un restaurant qui travaille autour de trois valeurs : l’écologie, le plaisir et le bien-être. De fait : « Aucun produit fini n’entre en cuisine, nous préparons même nos graines germées ! », indique Élisa. Pour compléter la carte et partager les clefs d’une cuisine saine, elle donne des cours – comptez 45 euros – une fois par mois. kaizen • janvier-février 2016 • 71


je change

primevère

JANVIER

salon-rencontres de l’alter-écologie

26-27-28 février 2016 Eurexpo - Lyon/Chassieu

30

envoi gratuit par la poste

ans

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L’AGENDA KAIZEN 2016 JANVIER-FÉVRIER

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29 e édition Parc Floral de Paris

25 au 27 janvier / Montpellier (34) Millésime Bio, mondial du vin biologique Parc des expositions www.millesime-bio.com

Château de Vincennes Horaires : 10h30 – 19h / 18h le lundi

25 au 30 janvier / Vernouillet (28) Festival Écofilm L'Agora www.vernouillet28.fr • 02 37 62 80 79 26 au 28 janvier / Dunkerque (59) Assises européennes de la transition énergétique, 17e édition www.assises-energie.net 03 28 65 81 81

Vivre Autrement s a l o n

2 février / Partout en France Journée mondiale des zones humides jmzh.lpo.fr 10 au 14 février / La Roche-sur-Grane (26) et Bellegarde-en-Diois (26) Formation Piloter sa transition, ou l’art du passage. À l’occasion de ce stage, vous pourrez partager des témoignages, découvrir et pratiquer les différents outils qui accompagnent le changement, permettent de qualifier un projet, une action, et de le mettre en œuvre. www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 et www.ecolenaturesavoirs.com

RENDEZ-VOUS

mars 2016

l e

FÉVRIER

21 au 31 janvier / Die et Biovallée (26) 14es Rencontres d'Écologie au quotidien www.ecologieauquotidien.fr 04 75 21 00 56

salonprimevere.org

RS CO U PAR VINS DES O BI

16 et 17 janvier / Montluçon (03) Salon du bien-être Naturellement zen Centre Athanor www.centreathanor.com 04 70 08 14 45

20 au 27 janvier / Salon-de-Provence (13) Ciné-Festival Terre et Avenir, 3e édition salontransition.fr

salon associatif et engagé

programme 88 pages

29 au 31 janvier / Yvetot (14) Salon de l’habitat et des écosolutions, 22e édition www.expo-normandie.fr • 06 09 25 15 01

16 et 17 janvier / Quimper (29) Salon Breizh Nature breizh-nature.bzh • 02 98 52 01 44

… et c’e st pas fi ni !

sants 500 expo ats es de déb 150 heur spectacle 1 salle de

7 au 10 janvier / La Roche-sur-Grane (26) Pause partagée avec Pierre Rabhi www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05

[CONFÉRENCE KAIZEN] 27 janvier à 19 h 30 / Paris Quel avenir pour nos terres agricoles ? Avec Vincent Jannot, Jacques Caplat et Linda Bedouet. Conférence animée par Cyril Dion. Goethe-Institut, 17, avenue d’Iéna – 75116 Réservations : www.kaizen-magazine.com

é t h i q u e & b i o

pour 2 personnes ou à télécharger sur www.salon-vivreautrement.com

kaizen1

Votre entrée gratuite

27 au 31 janvier / La Roche-sur-Grane (26) Forum L'écoentrepreneur : pour une transition entrepreneuriale écologique. Avec Pierre Rabhi, Béatrice Barras, Didier Perréol… www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05

12 au 14 février / Clermont-Ferrand (63) Salon Zen & Bio www.salon-zenetbio.com 01 45 56 09 09 14 au 17 février / La Roche-sur-Grane (26) Séjour Papilles : un séjour familial et festif à l’occasion des vacances d’hiver autour d’une nourriture saine issue de l’autonomie des jardins des Amanins. www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 20 au 25 février / La Roche-sur-Grane (26) Séjour Un hiver à la ferme : loin de la folie des stations de ski, un séjour familial autour du faire ensemble, de la rencontre et du lien à la terre. www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 [KAIZEN PRÉSENT ET PARTENAIRE] 26 au 28 février / Chassieu (69) Salon Primevère, 30e édition Eurexpo Lyon salonprimevere.org • 04 74 72 89 90 29 février au 4 mars / Lablachère (07) Stage Le Potager Agroécologique niveau 1 : pour acquérir les bases pratiques et théoriques pour démarrer un potager agroécologique. www.terre-humanisme.org 04 75 36 65 40

PASSEZ À L’ACTE ! Si notre dossier (page 40) vous a inspiré, imaginez quel effet il pourrait provoquer chez les petits ! Avec ces stages de poterie adaptés à leur âge, ils pourront plonger avec délectation les mains dans la terre pour façonner leurs plus beaux rêves… 6 janvier au 29 février / Bastennes (40) Stages de modelage pour enfants de 6 à 15 ans, le mercredi et le samedi de 9 h à 12 h ou de 14 h 30 à 17 h 30. Informations et réservations : Yvan-Jouvenel, 06 71 12 52 46 ou jouvenel.y.g@gmail.com 16 janvier de 9 h à midi / Arthun (42) Un atelier poterie avec pour thème : les étangs ! Les enfants, à partir de 7 ans, pourront fabriquer canard ou poisson en argile avec une terre provenant des étangs. Avant cela, le guide naturaliste du site leur fera découvrir la faune et la flore des étangs foréziens. Maison des étangs du Forez - Réserve de Biterne - 42130 Arthun www.maisondesetangsduforez.com 04 77 76 23 12 15 au 26 février de 10 h à 11 h 30 / Dieulefit (26) Une initiation au modelage qui permet aux enfants de découvrir différentes techniques de créations avec le matériau terre. Possibilité d’initiation aux techniques du décor. Maison de la Céramique du Pays de Dieulefit Rue des Reymonds - 26220 Dieulefit www.maisondelaceramique.fr • 04 75 50 20 98 22 au 24 février de 10 h à 13 h / Saint-André-deSangonis (34) Un programme bien défini permet aux enfants d’aborder un maximum de techniques – tournage, boulettes, sgraffite, plaque… – tout en jouant. Atelier de poterie de Véronique Ferber 8, rue des Marguerites - 34725 Saint-Andréde-Sangonis www.atelier-ceramique-gres.com 04 67 57 27 05 22 au 26 février de 10 h à 12 h / Paris L’Association des mordus d'argile ouvre l’atelier aux enfants à partir de 5 ans pour un stage de modelage. Un thème est proposé aux jeunes participants qui façonnent leurs pièces en utilisant les techniques du modelage – pincé, plaque, collage à la barbotine. Les pièces sont ensuite décorées au pinceau en utilisant des terres colorées – engobes. L'Argilerie - 4 bis, rue Clavel - 75019 Paris www.argilerie.fr • 06 95 12 36 01

LA SÉLECTION BIO & NATURELLE

kaizen • janvier-février 2016 • 85


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