26
26
no
mai juin 2016
26
depuis 30 ans au coeur de la nature
VOYAGER cueillette reine des prés - filière Massif Central - photo : Maxime Beaufey
AUTREMENT
DOSSIER
ANGERS BONNES ADRESSES
le choix Depuis 30 ans, L’Herbier de France s’implique dans la création, le maintien et le développement de filières françaises en plantes aromatiques et médicinales. À ce jour, la marque s’investit dans 3 filières françaises certifiées Biopartenaire, ce qui représente 15 plantes, plus 1 filière locale créée en 2012, en cours de certification.
arcadie.bio blog.arcadie.fr
PRODUITS DISPONIBLES DANS VOTRE BOUTIQUE BIO ET SUR ARCADIE.FR L'Herbier de France est une marque d’Arcadie - Produits issus de l’Agriculture Biologique - Certifiés par Écocert Environnement
KAIZEN NO 26 MAI-JUIN 2016
15 plantes certifiées équitables par BIOPARTENAIRE
TRANSHUMANISME
LA NATURE OUBLIÉE Belgique 6,50 € - Suisse 9,40 CHF
HYPNOSE
PATIENT CONSCIENT
EAU
BOUTEILLE OU ROBINET ?
Magazine bimestriel numéro 26 Mai-juin 2016 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Oudin Directrice d’EKO LIBRIS Françoise Vernet Rédacteur en chef Pascal Greboval Rédactrice en chef adjointe Axelle Bibring-Pilliot Secrétaire de rédaction Diane Routex Éditeur Web Simon Beyrand Direction artistique • hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Maquette et mise en pages Schuller-Graphic Contact info@kaizen-magazine.fr Tél. 01 56 03 54 71 Abonnements et commandes Camille Gaudy camille@kaizen-magazine.fr 19, rue Martel - 75010 Paris
ssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssss
Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 142 720 € Siège social 95, rue du Faubourg-Saint-Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.com
Photo de couverture Lieu : Kenya Crédit : © John Warburton-Lee/JAI/Corbis Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIREN : 539 732 990 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 92284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Vente au n° pour les diffuseurs Groupe HOMMELL Tél. 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peut être reproduit-e sans l’autorisation du magazine. Merci.
Édito
Du cul-de-sac au sac à dos
L
e voyage m’a ouvert les portes. Les portes de la conscience. Sans un voyage au long cours, je n’aurais pas participé avec Yvan Saint-Jours, Cyril Dion et Patrick Baldassari à la création de Kaizen. Ma sensibilité à la fragilité de la Terre était faible. Le prisme hexagonal avait forgé ma vision du monde. Tel le proverbe chinois « Dis-le-moi et je l'oublie. Montre-le-moi et je le retiens. Implique-moi et je comprends », cette promenade planétaire d’une année m’a imprégné de la beauté du monde et de sa vulnérabilité, des impasses écologiques et économiques de notre modèle, des inégalités de nos conditions, du rôle déterminant des médias « classiques » – des machines à fabriquer de la peur –, enfin et surtout de l’unicité de notre destin. Il est une chose de savoir que le capitalisme occidental s’est en partie développé sur le dos des mineurs de Potosí, en Bolivie ; il en est une autre de s’asseoir dans cette ville et de ressentir intimement : « Si je peux voyager, ce que presque aucun Bolivien ne pourra jamais faire, pas même pour aller visiter le plus bel endroit au monde distant de quelques kilomètres, le salar d’Uyuni, c’est parce que des millions de leurs ancêtres sont morts dans les mines d’argent locales et ont permis l’essor de notre société capitaliste. » Pénétrant ! Certains n’ont pas besoin de ce type de voyage initiatique. C’est tout à leur honneur. Nous n’avançons pas tous au même pas. Mais c’est parce que mon pas fut lent, propice à la rencontre, que j’ai pu me nourrir sur les routes du monde, me frotter à l’altérité, m’enrichir de la diversité, percevoir d’autres champs des possibles, effleurer la complexité de concepts réputés simples. Constater aussi les dérives du tourisme de masse. L’argument « créateur d’emploi » ne tient pas la distance. La Tunisie, l’Égypte, la vallée des Annapurnas… Autant de territoires qui ont tout misé sur ce tourisme et se trouvent aujourd’hui bien démunis, une fois les sirènes parties. Enfin, rencontrer des peuples premiers, comme les Indiens kogis – en Colombie –, impose l’impensable : nous nous sommes coupés de notre part d’humanité, avec laquelle Geneviève Azam (lire page 8) nous invite à renouer rapidement. Alors, dans un élan de résilience et d’euphorie, prenons nos sacoches, nos sacs à dos et partons sur les routes vicinales et les chemins de traverse... à pas lents. Seul compte le voyage, pas la destination. Nous ne sommes que des chasseurs-cueilleurs égarés. Pascal Greboval Rédacteur en chef
Kaizen, késako ? Kaizen est un mot japonais signifiant littéralement « changement bon ». Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un deuxième puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau.
kaizen • mai-juin 2016 • 3
kaizen 26 6
Mercredi 18 mai 2016
mai-juin 2016
Espace Encan, La Rochelle
Dans la boîte aux lettres de Kaizen
CONFÉRENCE ENVIRONNEMENT
ELLES-ILS PENSENT DEMAIN
ELLES-ILS FONT LEUR PART
JE SUIS LE CHANGEMENT
8
30 Dossier
64 Je vais bien, le monde va mieux Hypnose
Rencontre Geneviève Azam : Réconcilier la nature et les humains
68 Do It Yourself Les huiles essentielles cosmétiques
13 Les pièces du puzzle Eau : bouteille ou robinet ?
16 Portfolio
72 Nos bonnes adresses Angers Et si on voyageait autrement ?
76 Cuisine
46 Portraits Magnétiseurs : des guérisseurs (presque) comme les autres
Les fées de la nature 26 Une nouvelle Vie meilleure, meilleure adresse d’Irina Teodorescu 28 La voie du Kaizen Florence Servan-Schreiber
48 Vent d’ailleurs En Australie, une laverie itinérante tisse du lien 53 Politisons ! par Cyril Dion 54 Et si on le faisait ensemble ? Les travaux solidaires de l’autoréhabilitation accompagnée 58 Le goût de l’enfance Le géocaching : la chasse au trésor 2.0
Nature et bienveillance AVEC MATTHIEU RICARD PROGR A M ME : 19h00
CHANTS avec « Voix libres »
19h30
INTERVENTION de Matthieu Ricard Chercheur en génétique cellulaire, interprète du Dalaï Lama
20h30
MÉDITATION et temps d’échanges
21h15
SÉANCE DE DÉDICACES
Le mouron des oiseaux 83 Le sourire d’Yvan Saint-Jours 85 Les rendez-vous Kaizen 88 Paroles de Colibris
CONFÉRENCE EN DIRECT SUR : www.youtube.com/groupeleanature
90 La chronique de Pierre Rabhi
63 Écologie intérieure par Gilles Farcet
4 • kaizen • numéro 26
Entrée gratuite uniquement sur réservation et dans la limite des places disponibles : www.leanature.com
FondationLeaNature Librairie Calligrammes
#NatureEtBienveillance
les conséquences de nos actes. Par exemple, nous sommes incapables de démonter une centrale nucléaire ou d'en gérer les déchets. Le revers de la toute-puissance, c’est l’impuissance. Alors que, reconnaître la fragilité, c’est se donner les moyens de comprendre et choisir jusqu’où nous pouvons aller. De ce fait, la fragilité devient une force. Comment cette idée de fragilité humaine s’est-elle retrouvée au cœur de votre travail ? Mon travail part de l’inquiétude née des difficultés à trouver des engagements pour relever les défis qui sont devant nous. J’ai le sentiment que, si nous ne concevons pas d’accord politique, au sens large, pour lutter contre l’effondrement de la biodiversité et le réchauffement climatique, cela pourrait donner des ailes à ceux qui pensent qu’il y aura toujours une solution technique aux désastres que nous nous apprêtons à vivre. Il y a aujourd’hui deux clans qui s’opposent dans la manière de saisir notre époque. Certains la pensent comme une sorte de moment passager, avec des menaces face auxquelles nous saurons trouver des solutions techniques. D’autres considèrent au contraire que la crise ne vient pas d’un défaut de technique ou de rationalité instrumentale, mais justement d’une saturation, d’un excès de ces outils. C’est pourquoi il est temps de prendre acte de la fragilité, constitutive, de l’humanité, des sociétés et des écosystèmes.
Rencontre
Geneviève Azam
Réconcilier la nature et les humains Économiste et philosophe, Geneviève Azam s’intéresse aux impacts du capitalisme sur nos imaginaires collectifs. Dans Osons rester humain, Les Impasses de la toute-puissance, elle fait l’éloge de notre fragilité et nous met en garde contre le transhumanisme, ce courant de pensée qui répand avec lui ses rêves d’éternité et de toute-puissance. Entretien et photo réalisés par Hugo Noig • Dessin : Julie Graux 8 • kaizen • numéro 26
Hugo Noig Dans votre dernier livre, vous appelez à dépasser la « toute-puissance ». De quelle puissance s’agit-il ? Geneviève Azam Le sentiment de la toute-puissance se nourrit de promesses et de rêves prométhéens qui finissent par dépasser ceux qui les ont conçus. Prenez le changement climatique : alors que les projets de modification du système terrestre à grande échelle, dits projets de géoingénierie, étaient encore considérés il y a peu comme marginaux, ils sont désormais officiellement invoqués comme solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. C’est le cas en particulier de la capture et du s tockage du carbone émis dans l’atmosphère, une technique actuellement à l’étude. Le discours technoscientifique produit de l’aveuglement et du déni ; il empêche les décisions nécessaires pour freiner sans attendre le réchauffement climatique. Cette toute-puissance est pourtant malmenée dans les faits, car nous savons que nous ne maîtrisons pas
En quoi ce concept nous permettrait-il de mieux affronter la réalité de la situation ? La fragilité de nos écosystèmes, mais aussi de nos démocraties ou du système économique mondial, est aujourd’hui prouvée. Mais cette connaissance ne semble pas suffisante. On a beau savoir, aucune action n’est menée. Pourquoi ? C’est une vraie question. Je pense que cette prise de conscience doit passer par l’émotion, le vécu ou l’expérience ressentie, sans lesquels on ne peut pas mesurer l’immensité de l’enjeu devant nous. Car, ce dont on parle, c’est d’une lutte qui met en jeu la pérennité et la dignité de la vie humaine – et de celle des autres espèces. Si cette lutte pour la vie ne paraît pas fondamentale, c’est aussi que sa fragilité n’a pas été directement éprouvée. Notre vision de l’individu moderne et éclairé est défaillante. Si la raison est nécessaire, il faut aussi susciter quelque chose en dehors d’elle, quelque chose qui conduit à porter un regard à la fois émerveillé et inquiet sur la nature et sur le monde. Sommes-nous trop obnubilés par la technique ? Ce n’est pas la technique en elle-même qui est un problème. La technique fait partie de la condition humaine. Il y a un certain nombre de low-tech 1 dont nous aurons besoin, voire de high-tech dans certains domaines. kaizen • mai-juin 2016 • 9
les conséquences de nos actes. Par exemple, nous sommes incapables de démonter une centrale nucléaire ou d'en gérer les déchets. Le revers de la toute-puissance, c’est l’impuissance. Alors que, reconnaître la fragilité, c’est se donner les moyens de comprendre et choisir jusqu’où nous pouvons aller. De ce fait, la fragilité devient une force. Comment cette idée de fragilité humaine s’est-elle retrouvée au cœur de votre travail ? Mon travail part de l’inquiétude née des difficultés à trouver des engagements pour relever les défis qui sont devant nous. J’ai le sentiment que, si nous ne concevons pas d’accord politique, au sens large, pour lutter contre l’effondrement de la biodiversité et le réchauffement climatique, cela pourrait donner des ailes à ceux qui pensent qu’il y aura toujours une solution technique aux désastres que nous nous apprêtons à vivre. Il y a aujourd’hui deux clans qui s’opposent dans la manière de saisir notre époque. Certains la pensent comme une sorte de moment passager, avec des menaces face auxquelles nous saurons trouver des solutions techniques. D’autres considèrent au contraire que la crise ne vient pas d’un défaut de technique ou de rationalité instrumentale, mais justement d’une saturation, d’un excès de ces outils. C’est pourquoi il est temps de prendre acte de la fragilité, constitutive, de l’humanité, des sociétés et des écosystèmes.
Rencontre
Geneviève Azam
Réconcilier la nature et les humains Économiste et philosophe, Geneviève Azam s’intéresse aux impacts du capitalisme sur nos imaginaires collectifs. Dans Osons rester humain, Les Impasses de la toute-puissance, elle fait l’éloge de notre fragilité et nous met en garde contre le transhumanisme, ce courant de pensée qui répand avec lui ses rêves d’éternité et de toute-puissance. Entretien et photo réalisés par Hugo Noig • Dessin : Julie Graux 8 • kaizen • numéro 26
Hugo Noig Dans votre dernier livre, vous appelez à dépasser la « toute-puissance ». De quelle puissance s’agit-il ? Geneviève Azam Le sentiment de la toute-puissance se nourrit de promesses et de rêves prométhéens qui finissent par dépasser ceux qui les ont conçus. Prenez le changement climatique : alors que les projets de modification du système terrestre à grande échelle, dits projets de géoingénierie, étaient encore considérés il y a peu comme marginaux, ils sont désormais officiellement invoqués comme solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. C’est le cas en particulier de la capture et du s tockage du carbone émis dans l’atmosphère, une technique actuellement à l’étude. Le discours technoscientifique produit de l’aveuglement et du déni ; il empêche les décisions nécessaires pour freiner sans attendre le réchauffement climatique. Cette toute-puissance est pourtant malmenée dans les faits, car nous savons que nous ne maîtrisons pas
En quoi ce concept nous permettrait-il de mieux affronter la réalité de la situation ? La fragilité de nos écosystèmes, mais aussi de nos démocraties ou du système économique mondial, est aujourd’hui prouvée. Mais cette connaissance ne semble pas suffisante. On a beau savoir, aucune action n’est menée. Pourquoi ? C’est une vraie question. Je pense que cette prise de conscience doit passer par l’émotion, le vécu ou l’expérience ressentie, sans lesquels on ne peut pas mesurer l’immensité de l’enjeu devant nous. Car, ce dont on parle, c’est d’une lutte qui met en jeu la pérennité et la dignité de la vie humaine – et de celle des autres espèces. Si cette lutte pour la vie ne paraît pas fondamentale, c’est aussi que sa fragilité n’a pas été directement éprouvée. Notre vision de l’individu moderne et éclairé est défaillante. Si la raison est nécessaire, il faut aussi susciter quelque chose en dehors d’elle, quelque chose qui conduit à porter un regard à la fois émerveillé et inquiet sur la nature et sur le monde. Sommes-nous trop obnubilés par la technique ? Ce n’est pas la technique en elle-même qui est un problème. La technique fait partie de la condition humaine. Il y a un certain nombre de low-tech 1 dont nous aurons besoin, voire de high-tech dans certains domaines. kaizen • mai-juin 2016 • 9
Portfolio
Paroles de fées Les fées sont partout ! Prenons le temps de les découvrir avec François Lasserre, insectologue, et Stéphane Hette, photographe, auteurs du livre jeunesse Les Vraies fées de la nature, qui présente de manière à la fois poétique et sérieuse les insectes ailés qui nous entourent. Une invitation à porter un regard différent sur ces petits habitants. Entretien réalisé par Pascal Greboval
La fée aurore, Anthocharis cardamines
16 • kaizen • numéro 26
kaizen • mai-juin 2016 • 17
Portfolio
Paroles de fées Les fées sont partout ! Prenons le temps de les découvrir avec François Lasserre, insectologue, et Stéphane Hette, photographe, auteurs du livre jeunesse Les Vraies fées de la nature, qui présente de manière à la fois poétique et sérieuse les insectes ailés qui nous entourent. Une invitation à porter un regard différent sur ces petits habitants. Entretien réalisé par Pascal Greboval
La fée aurore, Anthocharis cardamines
16 • kaizen • numéro 26
kaizen • mai-juin 2016 • 17
Dossier
Et si on voyageait
autrement ? Les voyages forment la jeunesse, bousculent nos certitudes et favorisent les échanges et la construction d’un monde meilleur. Mais ils peuvent aussi avoir de nombreux impacts négatifs sur les populations et l’environnement. L’occasion de réfléchir à d’autres façons de voyager. Plus sobrement. Dossier réalisé par Véronique Bury
© Éléonore Henry de Frahan
Merci à Etika mondo pour sa contribution lors de notre campagne KissKissBankBank.
Dossier
Et si on voyageait
autrement ? Les voyages forment la jeunesse, bousculent nos certitudes et favorisent les échanges et la construction d’un monde meilleur. Mais ils peuvent aussi avoir de nombreux impacts négatifs sur les populations et l’environnement. L’occasion de réfléchir à d’autres façons de voyager. Plus sobrement. Dossier réalisé par Véronique Bury
© Éléonore Henry de Frahan
Merci à Etika mondo pour sa contribution lors de notre campagne KissKissBankBank.
Récolte du thé à Darjeeling, en Inde.
Un éventail de chartes et de labels
© Jérômine Derigny
Vers un tourisme plus responsable Les agences de voyages sont de plus en plus nombreuses à mettre en avant une démarche responsable, tournée vers un tourisme éthique, durable et solidaire. Sous leur impulsion, plusieurs labels et autres chartes ont vu le jour afin de sensibiliser les voyageurs. Tour d’horizon.
E
lles le savent. Si elles ne veulent pas scier la branche sur laquelle elles sont assises, les agences de voyages doivent évoluer vers un tourisme durable. C’est-à-dire plus respectueux de l’environnement, plus éthique d’un point de vue économique et plus solidaire envers les populations locales, ceci afin de ne pas contribuer à détruire ou à dénaturer les sites visités. Certaines n’ont d’ailleurs pas attendu que l’OMT leur montre la voie pour retrousser leurs manches. Par ailleurs, au début des années 2000, au lendemain de la publication par l’OMT du Code mondial d’éthique du tourisme, plusieurs agences et voyagistes spécialisés dans le trek et le voyage d’aventure se sont rassemblés pour créer l’association ATR, Agir pour un tourisme responsable. « À l’époque, nous étions plusieurs à proposer des voyages sur un axe nord-sud avec des destinations extrêmement pauvres et des différences importantes entre nos voyageurs et les populations locales : cela a déclenché une envie d’aller plus loin en matière de solidarité. D’autant plus que nous nous sommes vite aperçus que nous avions déjà, chacun de notre côté, mis en place des actions intéressantes, 36 • kaizen • numéro 26
citoyennes et responsables », explique Vincent Fonvieille, PDG de l’agence La Balaguère et président d’ATR. Le voyagiste Atalante avait également déjà élaboré, en 1996, une charte de bonne conduite à destination des voyageurs se rendant dans le désert du Sahara. « L’idée a donc été de créer un référentiel et de nous engager sur un certain nombre de grands principes – 18 – déclinés en plusieurs critères – 25 –, tout en demandant à un organisme extérieur indépendant de le valider et de le contrôler », poursuit Vincent Fonvieille. Seule façon d’être crédibles aux yeux des voyageurs et des autorités. Au programme ? Le respect de l’environnement, bien sûr, mais aussi et surtout celui des populations locales en décidant « de les associer, de les intégrer, de les former ». Ce qui signifie : privilégier les emplois directs locaux, assurer des conditions de travail décentes en veillant notamment au respect des minima sociaux, mais aussi participer financièrement à des projets de développement locaux. Certifié par l’Afaq-Afnor en 2008 et désormais par Écocert, le label est devenu une référence dans le milieu du tourisme durable.
Parallèlement à la création de ce label, une autre association, l’Ates – Association pour le tourisme équitable et solidaire –, s’est également créée en 2006. Elle regroupe aujourd’hui une quinzaine de voyagistes proposant des voyages solidaires qui respectent la charte de qualité de l’Ates. Une charte plus exigeante et contraignante – nombre de touristes limité à 12 par groupe, durée des séjours, information des voyageurs sur la situation économique, sociale, culturelle, environnementale et politique de la destination, etc. – que celle d’ATR, mais sans véritable certification derrière. Chez Voyageurs et voyagistes éco-responsables – VVE –, c’est autour d’un système de double charte – voyageurs et voyagistes –, que les membres adhérents se sont rassemblés à partir de 2007. Mais, pas de label ni de contrôle d’un organe extérieur. Chacun s’engage simplement à respecter les nombreux critères avancés par l’association, dont « la totale transparence du prix du voyage, assortie du pourcentage réel du prix revenant aux intervenants de terrain ». Un peu difficile, donc, pour les voyageurs, de s’y retrouver. « Il ne faut pas hésiter à interroger les voyagistes, à leur demander des informations concrètes », conseille Jean-Pierre Lamic, directeur de VVE. Car voyager responsable, c’est aussi apprendre à être responsable soi-même en déjouant les astuces marketing des agences – il n’est pas rare en effet de voir des voyages estampillés « durables » avec de longs trajets en 4x4 – et en refusant de céder à la guerre des prix que se livrent les agences. n
Les principaux labels, certifications et chartes • ATR : retrouvez les 16 critères de la nouvelle mouture du label d’ATR et les voyagistes labellisés sur www.tourisme-responsable.org. • Ates : une quinzaine d’agences de voyages se sont engagées à respecter la charte et les critères mis en place par l’Ates : www.tourismesolidaire.org. • VVE : 2 500 voyageurs et 21 voyagistes sont adhérents : blog.voyages-eco-responsables.org. • La Clef verte est un label attribué en France aux campings et hôtels respectueux de l’environnement et des ressources naturelles : www.laclefverte.org. •L es Gîtes panda sont des hébergements Gîtes de France auxquels le WWF a accordé son label : ecotourisme.gites-de-france.com. •L ’Écolabel européen : délivré et certifié par l’Afnor, ce label est le seul label écologique officiel européen utilisable dans tous les pays de l’Union européenne : www.ecolabel.eu.
POUR ALLER PLUS LOIN • www.labalaguere.com • www.atalante.fr • www.echoway.org : une association qui répertorie les lieux d’accueil du tourisme équitable, solidaire et écologique et les missions d’écovolontariat dans le monde entier • www.voyageons-autrement.com : un portail d’informations sur le tourisme responsable
DIDIER JEHANNO Cofondateur de l’association Aventure du bout du monde – ABM, conseille et guide depuis plus de 25 ans les voyageurs indépendants. « Le voyage, ce n’est pas aller dans les agences, c’est aller par soi-même. » Non pas que le cofondateur d’ABM et responsable du festival Partir autrement, Didier Jehanno, soit totalement contre l’idée de s’envoler avec une agence de voyages. « Si on a peu de temps et que l’on ne veut pas s’ennuyer avec l’organisation d’un voyage, il y a pléthore de choix. » Mais, pour lui, « l’enrichissement personnel sera moindre, car ce type de voyage sera toujours encadré, aura déjà été fait par d’autres voyageurs, suivra des traces. Ce qui est important, c’est justement de faire soi-même sa propre trace, en se laissant porter par les événements. » Une façon aussi d’être quelque part un peu plus responsable. « Bien sûr, on peut se fier à certains labels, mais cela reste du marketing pour essayer de vendre des circuits. Certes, ces voyagistes essaient de trouver des hébergements plus responsables et durables, mais il faut savoir où va vraiment l’argent, avec qui, comment », affirme le conseiller, qui a vu le tourisme dévaster certaines régions du globe. « Au Népal, beaucoup d'habitants ont abandonné l’agriculture et l’élevage pour faire des lodges, parce
qu’ils voyaient leurs voisins s’enrichir de cette manière. Alors qu’ils vivaient en autosuffisance, ils sont devenus dépendants du tourisme. » Pour ce grand voyageur, il est donc « important de prendre en compte notamment le niveau de vie du pays dans lequel on se rend. Car, en tant qu’Occidentaux, nous avons souvent un pouvoir d’achat supérieur, ce qui peut créer des déséquilibres. » Après, voyager autrement, « c’est aussi réfléchir à son impact écologique. Est-ce que l’on prend l’avion pour une semaine ? Ou est-ce que l’on part à vélo pour trois mois, mais moins souvent ? » Enfin, c’est forcément « essayer de sortir des sentiers battus et du tourisme de masse. Et, pour cela, il faut du temps pour se perdre dans les méandres des pays, de leurs transports en commun, pour s’éloigner de toutes les structures touristiques et surtout pour s’arrêter. S’arrêter sur un banc, dans un village, et laisser faire les choses, les autres venir à vous… Ce n’est pas inné, il faut du temps, de la patience, être souriant : c’est un comportement différent. » Mais tellement plus empli d’humanité. www.abm.fr • www.partirautrement.fr
kaizen • mai-juin 2016 • 37
Dossier
Et si on voyageait autrement ?
Et si on voyageait utile ?
E
© Cybelle planète
n février 2016, Corentin de Chatelperron a repris la mer sur son nouveau voilier, Le Nomade des mers. Objectif ? Recenser aux quatre coins du globe les low-tech, c’est-à-dire « ces technologies simples, peu coûteuses, facilement reproductibles et surtout utiles à l’être humain et à l’environnement », explique cet ingénieur breton de 32 ans déjà parti en 2010 sur un bateau construit pour partie en fibre de jute (lire son portrait dans Kaizen no 15), afin de promouvoir cette ressource naturelle. Et il n’est pas le seul sur cette planète à utiliser le voyage pour faire émerger des solutions ou se rendre utile. Comme lui, de plus en plus de voyageurs cherchent à donner un sens à leur périple. Certains partent faire de l’humanitaire ou de l’écovolontariat afin de prêter main-forte à
Réserve de biosphère Manú, Amazonie, Pérou.
38 • kaizen • numéro 26
des associations ou des ONG. « Je n’avais pas envie de partir comme une simple touriste. J’avais besoin de me reconnecter à la nature en allant à la rencontre d’un pays, d’une culture, tout en servant à quelque chose », explique Nathalie Boyer, 58 ans, partie trois semaines avec Volontaires pour la nature pour aider des communautés sénégalaises à développer les principes de l’écotourisme. Pour Céline Arnal, fondatrice de Cybelle planète, association d’écologie participative, « ces écovolontaires sont souvent des personnes sensibilisées à l’environnement ou à la disparition des espèces, mais pas forcément des écologistes convaincus. Ils veulent aider, mais ne savent pas comment faire. C’est ce qui les amène à se tourner vers ce type de missions. » D’autres préfèrent profiter de leur voyage pour communiquer sur certains sujets qu’ils défendent, à l’image de Julien Leblay, qui n’oublie jamais, lors de ses périples à vélo à travers le monde, de promouvoir le don du sang en organisant des conférences et des appels au don dans les villes qu’il traverse. « J’ai été transfusé à l’âge de 16 ans et je n’ai plus le droit de donner mon sang en France. C’est donc une façon de militer pour ce qui m’a sauvé la vie. »
Le voyage comme apprentissage Enfin, il y a aussi tous ceux qui voient désormais le voyage comme un tremplin pour leur vie future, une façon d’ajouter une corde à leur arc. Ils partent pour apprendre une autre langue, comprendre l’agroécologie ou la permaculture – souvent à travers le woofing –, découvrir les différentes ficelles de l’écoconstruction avant de revenir bâtir leur propre maison... Tout cela dans un souci de partage et d’échange. C’est d’ailleurs dans cette optique
© Cybelle planète
Le voyage n’est pas toujours synonyme de vacances ou d’aventure. Il peut aussi être le désir d’une expérience unique, d’un enrichissement personnel, d’un besoin d’apporter son aide et de donner du sens à son périple en le rendant tout simplement utile. Une excellente manière de devenir acteur du monde de demain.
Des écovolontaires collectent des échantillons dans la réserve de biosphère Manú, au Pérou.
que Kevin Belliot, 27 ans, est parti en Inde en 2015, après avoir travaillé plusieurs années dans le nucléaire. « J’avais envie d’employer ma matière grise dans un domaine qui correspondait à mes valeurs. » Après un premier séjour avec Ingénieurs sans frontières en Inde, où il apporte ses compétences sur un projet d’assainissement de l’eau, Kevin rencontre Boris Aubligine, le fondateur d’Etika mondo. « Je suis reparti dans ce pays pendant quatre mois pour découvrir différentes initiatives autour de l’agroécologie et de l’écoconstruction. L’idée étant d’analyser, d’aider et de comprendre les valeurs et les fonctionnements de chaque structure visitée et d’en rédiger un compte rendu à chaque fois. » De cette expérience, Kevin a retiré des compétences qu’il a immédiatement pu exploiter au Népal au lendemain des séismes de 2015, en participant à la création d’une association. « J’avais appris tout un tas de techniques d’autoconstruction à base de matériaux locaux que j’ai pu transposer pour aider à la reconstruction d’une école et d’un système d’eau potable », explique-t-il. Aujourd’hui, il ambitionne de créer une ferme permacole et agroécologique en France. « Tout ce que j’entreprends désormais est en accord avec ce que je suis et ce que je pense. Je me sens plus serein », avoue-t-il. De quoi ravir Boris Aubligine à l’origine de ce concept d’accompagnement des jeunes. « Etika mondo n’est pas une agence de voyages, rappelle-t-il. On a juste mis
en place un concept pour aider les jeunes à identifier qui ils sont et quels sont leurs rêves. Ensuite, on leur apprend à être pragmatiques en leur donnant une méthode de travail. Mais ce sont eux qui montent leur projet, eux qui démarchent les structures dans lesquelles ils se rendront. » Mathilde Imer et Delphine Blumereau, elles, sont parties en mars 2016 en Amérique du Sud. Épaulées et guidées, elles aussi, par Etika mondo. Leur projet ? Aller découvrir et analyser d’autres formes d’organisations démocratiques. « On trouvait que la démocratie en France ne répondait plus à nos attentes et on s’est donc demandé comment on pouvait, à notre niveau, contribuer à changer les choses dans notre propre pays », confient les deux amies, déjà persuadées des aspects positifs de cette expérience. « Quel que soit ce que nous rapporterons, ce voyage va déjà nous permettre de sortir de notre bulle et du conditionnement culturel dans lequel nous avons grandi. » Une façon de ne pas rester sclérosé dans sa propre culture. D’ouvrir les yeux, de grandir et de participer, déjà, à la construction du monde de demain. n POUR ALLER PLUS LOIN nomadedesmers.org • www.volontairesnature.org www.cybelle-planete.org • j.leblay.free.fr etikamondo.com • www.eco-volontaire.com
kaizen • mai-juin 2016 • 39
Et si on voyageait autrement ?
Et si voyager autrement, c’était prendre le temps de profiter du chemin et des rencontres, sans penser à la destination finale ? Que ce soit à pied, à vélo, en voilier, en train ou même en auto-stop, il existe mille et une façons de découvrir un pays et ses habitants.
D
relation au temps. Sans compter que cela nous forçait aussi à sortir véritablement des sentiers battus et à passer par des chemins que l’on n’aurait peut‑être pas empruntés avec un autre moyen de locomotion », explique Julia Gaubert, revenue il y a un an et demi d’une traversée de l’Europe à pied de Tallinn à Lisbonne avec son compagnon Mathieu Sabourin. Pour ce couple, la marche était en effet la meilleure façon d’embrasser totalement un territoire, d’aller à la rencontre de ses habitants et de le comprendre. « Jusqu’alors, j’étais frustrée de visiter des villes européennes en deux ou trois jours. J’avais l’impression de surconsommer quelque chose et de ne voir qu’une partie d’un pays. Or je ne voulais pas résumer les pays à leurs grandes villes, j’avais envie d’autre chose. » Fuir les sentiers balisés des guides touristiques, emprunter d’autres itinéraires, ralentir pour prendre le temps de découvrir et de humer l’instant présent : tel est le credo de ces voyageurs aux pas lents. Patricia Rossetti, elle, a opté pour le vélo il y a un an, lorsqu’elle a décidé de partir pour un périple au long cours. « J’aime cette lenteur qu’offre le vélo. J’ai l’impression d’être davantage en prise directe avec la nature et les éléments que derrière la vitre d’un train. C’est un moyen de locomotion lent, mais quand même plus rapide que la marche. Cela permet de rester indépendant et libre, d’aller où bon nous semble. Et puis les gens ont un regard différent sur les voyageurs à vélo. Ils sont plus curieux, ont peut-être un peu Patricia a choisi de voyager à vélo pour être en prise directe avec la nature. plus d’estime. En tout cas, ils ne © DR
ans un monde qui va de plus en plus vite et où l’on peut se rendre à l’autre bout de la planète en un claquement de doigts, certains voyageurs font le choix de la lenteur. Plus tortues que lièvres, ils partent à pied, moins loin, enfourchent leur vélo, même pour une semaine, glissent sur l’eau en voilier ou en kayak, privilégient les transports locaux, trains ou bus, afin de renouer ici et là avec l’essence même du voyage : le chemin et la rencontre avec l’autre. « Nous avons choisi la marche, parce que, après avoir démissionné de nos jobs respectifs qui nous imposaient un rythme intense, nous voulions partir sans contrainte, sans problème technique potentiel, être totalement libres tout en ayant une autre
40 • kaizen • numéro 26
Car, ralentir, ce n’est pas que choisir un mode de transport moins polluant ou partir plus longtemps. C’est aussi la seule façon de s’immerger dans un pays. « En se confrontant à d’autres cultures, à d’autres réalités, on se confronte à soi-même et on apprend beaucoup sur soi… Mais, pour cela, il faut du temps ! Le temps de laisser la place aux imprévus, le temps de rencontrer les gens et de pouvoir comprendre leur culture, comment ils
Aller moins vite pour faciliter les échanges La marche et le vélo aideraient donc aussi à nouer des liens. « Je suis parti sans téléphone, sans ordinateur, sans GPS. Juste avec quelques cartes achetées au fil du voyage. Cela me forçait à demander régulièrement mon chemin », explique Jacques Geffrier, de retour de cinq ans autour du monde en vélo et bateau-stop. Pour ce voyageur parti sans date de retour, « le chemin est bien plus intéressant que la destination ». Choisir la lenteur, ne pas se mettre de chronomètre, « c’est une façon d’éviter de se projeter et donc de vivre plus intensément l’instant présent ». Que ce soit sur un vélo ou sur un voilier face à l’immensité de l’océan. À une différence près : « Le bateau-stop exige d’accepter la promiscuité et de savoir se faire accepter. » C’est une autre forme de voyage, tout aussi lente, dépendante des éléments et des rencontres – « On peut trouver un bateau sur lequel embarquer en trois jours comme en trois semaines » –, mais qui pousse le voyageur à sortir de sa zone de confort et à apprendre la patience.
Participer aux fêtes traditionnelles est un bon moyen de tisser du lien. Ici, chez les Hmong, au Laos.
Laisser la place aux imprévus : telle est la devise de Nicolas lorsqu'il voyage.
vivent. Cela ne se fait pas en deux ou trois jours », explique Nicolas Breton, de retour d’un périple d’un an et demi hors des sentiers battus. Prendre le temps, c’est donc aussi savoir poser son vélo ou son sac à dos et observer autour de soi, laisser une place à l’imprévu et à la rencontre… Voire s’installer quelque temps chez l’habitant en échange de services. « Prendre le temps d’aller vivre avec les gens permet de mieux connaître le pays qu’en visitant tous les sites touristiques en un mois », reconnaît Patricia, qui n’a pas hésité à utiliser les réseaux d’hospitalité pour rencontrer les populations locales. « J’aimais bien cette idée d'offrir mon aide en échange du gîte et du couvert. Ces pauses m’ont beaucoup apporté et m’apporteront encore beaucoup, longtemps après mon retour. » N’est-ce pas ça, aussi, le voyage ? Partir et revenir différent ? n © DR
Ralentir et aller vers l’autre
nous regardent pas comme des touristes lambda, ils sont bienveillants et viennent plus facilement nous aider. Cela facilite donc les rencontres, même lorsqu’on ne connaît pas la langue ou la culture du pays… »
© Pascal Greboval
Dossier
Un peu comme lorsque, dans certains pays, on opte pour les transports en commun. « Si on n’est pas pressé, en Inde, les voyages en bus ou en train méritent le détour. On y sent la vie du pays battre et c’est une bonne occasion pour échanger avec les habitants, toujours curieux de voir des routards grimper à leurs côtés », lâche Bruno Morchain, tour-du-mondiste.
kaizen • mai-juin 2016 • 41
Et si on voyageait autrement ?
Guillaume Mouton « Sur les routes, j’ai découvert la gratitude. »
© DR
Guillaume Mouton est l’acolyte de Nans Thomassey dans l’émission Nus et culottés. C’est aussi un fervent militant du « voyage autrement » : marche, auto-stop… Il nous livre sa vision du voyage. En 2009, vous avez traversé le continent américain en auto-stop. Pourquoi avoir choisi ce mode de transport ? Guillaume Mouton À l’époque, j’étais étudiant et, avec mon amie, nous avions très peu de moyens. Le stop était idéal. C'était aussi une façon d’aller à la rencontre des populations locales. Nous menions un projet qui consistait à interroger des personnes travaillant dans l’environnement et sur des questions sociales et humanitaires : nous nous sommes vite rendu compte que le stop nous permettait d’élargir
notre vision. Lors de notre visite du barrage d’Itaipu, au Paraguay, par exemple, nous avions été surpris de voir tout ce qui avait été fait pour prendre en compte les questions environnementales. Pour autant, en repartant, nous avons aussi appris de notre chauffeur que la construction avait engendré de gros problèmes d’insalubrité, notamment à cause de cette nouvelle retenue d’eau, et que tout un tas de maladies s’étaient développées depuis dans la région. La situation était tout à coup devenue beaucoup moins idyllique !
La rencontre est-elle un élément essentiel dans le voyage ? C’est un ingrédient primordial. Bien sûr, on peut aller à la rencontre d’autres cultures via des formes de voyages organisés par des agences. Cela peut d’ailleurs être un bon premier pas. Mais je pense que, si l’on veut vraiment goûter à la sueur, à l’essence de ces autres cultures, il faut y mettre du sien, il faut se mouiller et parfois perdre quelques plumes. C’est pour cette raison que j’ai aussi eu envie de voyager à travers les réseaux d’hospitalité. J’ai même fini par aller toquer directement aux portes pour demander de manière spontanée l’hospitalité à des personnes qui n’avaient pas forcément d’accès à Internet. Cela m’a permis d’avoir des échanges encore plus sincères. Faire de l’auto-stop, n’est-ce pas aussi une façon de ralentir ? Cela m’est arrivé très souvent d’attendre pendant des heures que quelqu’un s’arrête, mais c’est pendant ces attentes-là que j’ai pu me rencontrer vraiment. Cela a été un peu comme une déconstruction lente et douloureuse, une déconstruction de l’ego. Tu te dis : « C’est super, je suis un aventurier, je traverse le monde, c’est génial ! » Mais, n’empêche, si les automobilistes décident de ne pas s’arrêter, tu restes tout seul dans ton désert à te faire fouetter par le sable ! Qu’est-ce que cela fait du bien de revenir à sa place d’humain ! De comprendre que, sans les autres, on n’est rien. Oui, on peut faire certaines choses tout seul, mais cette façon de voyager m’a permis d’avoir réellement de la gratitude pour tout ce que les autres ont pu m’apporter dans ma vie, que ce soit les gens de ma famille qui m’ont amené à mes tournois de sport, mes professeurs qui ont pris un quart d’heure de plus pour m’expliquer quelque chose, ou toutes ces autres fois où quelqu’un a pu m’aider. Je me rends compte à quel point cela m’a permis d’avancer et de m’épanouir. Et je réalise combien ressentir de la gratitude me permet aujourd’hui de ne pas me sentir en reste avec les autres. De ne pas culpabiliser et penser que je devrais être redevable. Aujourd’hui, je me dis plutôt : « J’ai envie d’aider à mon tour, mais je le fais vraiment avec plaisir, pas parce qu’il le faut. » C’est ce que j’ai découvert en faisant du stop : cette gratitude envers les autres, envers moi, envers la vie. n POUR ALLER PLUS LOIN Retrouvez l’intégralité de cet entretien sur
© DR
www.kaizen-magazine.com/voyager-autrement
42 • kaizen • numéro 26
© DR
Dossier
Voyager slow, mode d’emploi • À pied : le site de la communauté des randonneurs légers est une mine d’informations et de bons conseils avant de prendre la route : www.randonner-leger.org. • À vélo : l’association Cyclo-camping international regroupe et informe les voyageurs à vélo : www.cci.asso.fr. À noter qu’il existe également un système d’hébergement entre cyclorandonneurs : fr.warmshowers.org. • En bateau : s’il est préférable de se rendre dans les marinas pour discuter avec les marins, il est également possible de trouver ou de poster des annonces pour embarquer en bateau-stop sur différents sites : www.findacrew.org, www.stw.fr, www.floatplan.com, www.vogavecmoi.com, www.bourse-aux-equipiers.com. • En train : les sites Internet qui répertorient l’ensemble des trajets en train dans le monde sont rares : www.seat61.com, www.b-europe.com. • Dormir : de nombreux réseaux existent pour vous permettre de loger facilement chez l’habitant, parmi les plus usités, on trouve : www.couchsurfing.org, www.hospitalityclub.org, www.bewelcome.org. En échange d’un coup de main : www.workaway.info, www.wwoofinternational.org, www.wwoof.fr.
kaizen • mai-juin 2016 • 43
L
Lucas (g.) et Nicholas (d.), les fondateurs d'Orange Sky Laundry, avec un bénéficiaire.
Vent d’ailleurs
En Australie,
une laverie itinérante tisse du lien
Depuis juillet 2014, Nic Marchesi et Lucas Patchett, deux jeunes Australiens, sont à la tête d'Orange Sky Laundry. Le concept : placer des machines à laver à l'arrière de vans pour nettoyer les vêtements des plus démunis dans plusieurs villes du pays. Aujourd'hui, 452 bénévoles font partie de l’aventure. Texte et photos : Mélinda Trochu
48 • kaizen • numéro 26
undi, 8 h 30. Alors que la plupart des Melbourniens sont déjà au travail, Justine Adams gare un van orangé devant St Mary's, un service d'aide aux sans-abri qui propose repas, soutien d'urgence et douches, situé sur Brunswick Street. Tous les lundis matin, elle pilote l’une des équipes melbourniennes d'Orange Sky Laundry. Une fois le van garé et raccordé au réseau d'eau de St Mary's – les eaux usées sont déversées dans des endroits prévus à cet effet –, les bénévoles installent des chaises sur le trottoir, utiles pour papoter tranquillement. Car la laverie répond à deux besoins importants des sans-abri : nettoyer leurs vêtements et maintenir du lien social. « Certains de nos bénéficiaires disparaissent parfois plusieurs mois ; on espère toujours que rien ne leur est arrivé... », raconte Justine. Un homme lance alors à la cantonade : « On m'a dit que je vous avais manqué la semaine dernière ! », tout en évitant des paniers à linge éparpillés sur le trottoir. À tout juste 28 ans, Justine explique son engagement : « Je cherchais à faire du bénévolat, car, à part au lycée et à l’église, je ne m'étais jamais réellement impliquée dans quelque chose. Le problème, avec les associations existant depuis longtemps, c'est qu’il faut se plier à leurs exigences. Alors, quand j'ai entendu à la radio qu'Orange Sky Laundry cherchait des bénévoles, j'ai postulé. C'était facile, ils avaient tout à mettre en place. » En Australie, les lycéens sont incités à donner de leur temps. Par exemple, dans ce cadre, Justine a dormi dehors avec des SDF lorsqu'elle était plus jeune. Ce n'est donc pas sa première expérience avec le monde de la rue. Laver quelques affaires n'est pas bien compliqué. Tenir une discussion peut l'être. « Parfois, ils nous parlent de leurs traumatismes, ce sont des sujets sensibles pour eux comme pour nous », explique Rebecca Chong. La jeune comptable a négocié avec son patron pour commencer plus tard le lundi matin. Parmi de nombreuses possibilités de bénévolat, elle a choisi la laverie itinérante parce qu'elle aime les choses simples et pratiques. « On peut toujours donner de l'argent aux associations, mais, ici, chaque semaine, je vois directement le résultat de mon bénévolat ! »
heure est nécessaire pour récupérer ses affaires propres et séchées. Les bénévoles restent deux ou trois heures sur place. « En attendant, les bénéficiaires peuvent prendre un petit déjeuner à St Mary's ou aller faire quelques courses. Et, si jamais ils ne sont pas de retour avant notre départ, on laisse leur linge à l'intérieur du bâtiment. » Une femme s'avance discrètement, confie ses vêtements puis disparaît rapidement. À son retour, Alexandra accepte de confier son histoire. En 2009, son mari est victime d’une agression dans la rue, à Melbourne, qui le laisse handicapé. En 2015, elle perd son travail et se retrouve sans domicile. L'ancienne infirmière n'arrivant pas à trouver de travail stable, elle a décidé de reprendre des études en horticulture et cumule les petits boulots. « Je sais utiliser une tronçonneuse ! », indique-t-elle fièrement. Alexandra se rend deux fois par semaine aux rendez-vous d'Orange Sky Laundry. « Je trouve cette idée brillante ! Et le vrai plus, ce sont les discussions avec les bénévoles. C'est vraiment important pour moi, car le monde de la rue est très dur. » À 49 ans, elle vit pour l'instant avec son mari à l'arrière de son van. « Se garer est le principal problème, j'ai eu plusieurs amendes. Mais l'un des agents de stationnement du quartier de North Melbourne commence à me connaître et est compréhensif... » Trouver des toilettes sûres est également un défi. Peu à peu, l'australo-hongroise apprend les règles et les astuces de la rue. « Ici, contrairement à une laverie classique, quand je fais laver mes affaires, je me sens totalement acceptée. Je reçois en plus un service avec le sourire. Rebecca se plonge dans le manuel d'utilisation des machines.
D’un van à l'autre À l'arrière du van, deux machines à laver d'une capacité de dix kilos chacune et deux séchoirs attendent d'être utilisés. « Notre record, sur ce créneau du lundi matin, ça a été douze machines, mais, en ce moment, c'est calme, alors on fait plutôt deux ou trois machines », détaille Rebecca. En moyenne, une kaizen • mai-juin 2016 • 49
L
Lucas (g.) et Nicholas (d.), les fondateurs d'Orange Sky Laundry, avec un bénéficiaire.
Vent d’ailleurs
En Australie,
une laverie itinérante tisse du lien
Depuis juillet 2014, Nic Marchesi et Lucas Patchett, deux jeunes Australiens, sont à la tête d'Orange Sky Laundry. Le concept : placer des machines à laver à l'arrière de vans pour nettoyer les vêtements des plus démunis dans plusieurs villes du pays. Aujourd'hui, 452 bénévoles font partie de l’aventure. Texte et photos : Mélinda Trochu
48 • kaizen • numéro 26
undi, 8 h 30. Alors que la plupart des Melbourniens sont déjà au travail, Justine Adams gare un van orangé devant St Mary's, un service d'aide aux sans-abri qui propose repas, soutien d'urgence et douches, situé sur Brunswick Street. Tous les lundis matin, elle pilote l’une des équipes melbourniennes d'Orange Sky Laundry. Une fois le van garé et raccordé au réseau d'eau de St Mary's – les eaux usées sont déversées dans des endroits prévus à cet effet –, les bénévoles installent des chaises sur le trottoir, utiles pour papoter tranquillement. Car la laverie répond à deux besoins importants des sans-abri : nettoyer leurs vêtements et maintenir du lien social. « Certains de nos bénéficiaires disparaissent parfois plusieurs mois ; on espère toujours que rien ne leur est arrivé... », raconte Justine. Un homme lance alors à la cantonade : « On m'a dit que je vous avais manqué la semaine dernière ! », tout en évitant des paniers à linge éparpillés sur le trottoir. À tout juste 28 ans, Justine explique son engagement : « Je cherchais à faire du bénévolat, car, à part au lycée et à l’église, je ne m'étais jamais réellement impliquée dans quelque chose. Le problème, avec les associations existant depuis longtemps, c'est qu’il faut se plier à leurs exigences. Alors, quand j'ai entendu à la radio qu'Orange Sky Laundry cherchait des bénévoles, j'ai postulé. C'était facile, ils avaient tout à mettre en place. » En Australie, les lycéens sont incités à donner de leur temps. Par exemple, dans ce cadre, Justine a dormi dehors avec des SDF lorsqu'elle était plus jeune. Ce n'est donc pas sa première expérience avec le monde de la rue. Laver quelques affaires n'est pas bien compliqué. Tenir une discussion peut l'être. « Parfois, ils nous parlent de leurs traumatismes, ce sont des sujets sensibles pour eux comme pour nous », explique Rebecca Chong. La jeune comptable a négocié avec son patron pour commencer plus tard le lundi matin. Parmi de nombreuses possibilités de bénévolat, elle a choisi la laverie itinérante parce qu'elle aime les choses simples et pratiques. « On peut toujours donner de l'argent aux associations, mais, ici, chaque semaine, je vois directement le résultat de mon bénévolat ! »
heure est nécessaire pour récupérer ses affaires propres et séchées. Les bénévoles restent deux ou trois heures sur place. « En attendant, les bénéficiaires peuvent prendre un petit déjeuner à St Mary's ou aller faire quelques courses. Et, si jamais ils ne sont pas de retour avant notre départ, on laisse leur linge à l'intérieur du bâtiment. » Une femme s'avance discrètement, confie ses vêtements puis disparaît rapidement. À son retour, Alexandra accepte de confier son histoire. En 2009, son mari est victime d’une agression dans la rue, à Melbourne, qui le laisse handicapé. En 2015, elle perd son travail et se retrouve sans domicile. L'ancienne infirmière n'arrivant pas à trouver de travail stable, elle a décidé de reprendre des études en horticulture et cumule les petits boulots. « Je sais utiliser une tronçonneuse ! », indique-t-elle fièrement. Alexandra se rend deux fois par semaine aux rendez-vous d'Orange Sky Laundry. « Je trouve cette idée brillante ! Et le vrai plus, ce sont les discussions avec les bénévoles. C'est vraiment important pour moi, car le monde de la rue est très dur. » À 49 ans, elle vit pour l'instant avec son mari à l'arrière de son van. « Se garer est le principal problème, j'ai eu plusieurs amendes. Mais l'un des agents de stationnement du quartier de North Melbourne commence à me connaître et est compréhensif... » Trouver des toilettes sûres est également un défi. Peu à peu, l'australo-hongroise apprend les règles et les astuces de la rue. « Ici, contrairement à une laverie classique, quand je fais laver mes affaires, je me sens totalement acceptée. Je reçois en plus un service avec le sourire. Rebecca se plonge dans le manuel d'utilisation des machines.
D’un van à l'autre À l'arrière du van, deux machines à laver d'une capacité de dix kilos chacune et deux séchoirs attendent d'être utilisés. « Notre record, sur ce créneau du lundi matin, ça a été douze machines, mais, en ce moment, c'est calme, alors on fait plutôt deux ou trois machines », détaille Rebecca. En moyenne, une kaizen • mai-juin 2016 • 49
E
Et si on le faisait ensemble ?
Les travaux solidaires
de l’autoréhabilitation accompagnée L’autoréhabilitation accompagnée permet à un particulier de réaliser tout ou partie des travaux de rénovation de son logement dégradé ou énergivore en se faisant accompagner d’un animateur sociotechnique. Les effets positifs de ce dispositif, reconnu par les autorités publiques, sont nombreux : restauration du lien social, prévention sanitaire ou encore maîtrise de l’énergie. Texte : Judith Chetrit 54 • kaizen • numéro 26
savoir une concurrence déloyale au secteur du bâtiment. C’est là où le bât blesse : le dispositif, mis en place par plusieurs associations, a fait l’objet d’une concertation ministérielle lancée par Cécile Duflot fin 2013. Mais, faute d’entente avec les autres ministères et les professionnels du bâtiment, aucune décision n’a été prise. Sur le terrain, certaines initiatives se sont déjà arrêtées, car leurs subventions n’ont pas été renouvelées.
Des chantiers participatifs générateurs de lien social Au sein du réseau associatif des Compagnons bâtisseurs, Rachid Maziane, directeur du département Développement et Innovation, dit ne pas être surpris par ces freins. Présent dans dix régions en France, ce mouvement associatif a formalisé la démarche de l’autoréhabilitation accompagnée et réalise 1 200 chantiers par an. « Chaque famille signe un contrat qui l’engage. Elle doit être volontaire et a une obligation de présence et de participation auprès de notre trio magique : un animateur technique, un jeune en service civique et un bénévole », résume‑t-il. Les Compagnons bâtisseurs interviennent auprès de bailleurs tant publics que privés et sont même sollicités par des propriétaires occupants en
Un dispositif pour aider les ménages les plus modestes « Des locataires nous ont demandé si l’on connaissait des gens pour faire des travaux chez eux à moindre coût, raconte Margaux Iribarnegaray, directrice de l’association Itinér’air. Nous avons donc lancé, fin 2014, un service d’autoréhabilitation accompagnée, qui compte déjà une dizaine de personnes sur liste d’attente. » Les locataires sont sélectionnés après évaluation de l’urgence de leur situation – insalubrité, difficultés économiques et sociales, etc. L’association leur demande jusqu’à 40 euros de participation en fonction de leur « reste à vivre » pour les matériaux et l’encadrement technique du chantier, d’une durée moyenne de douze jours. En un an, une vingtaine de familles ont ainsi pu être encadrées par Jean‑Marc. « Une fois, j’ai aidé une femme victime de violences à refaire son intérieur ; elle m’a dit qu’elle avait l’impression de reconstruire sa vie », se réjouit-il. « Je ne suis pas un artisan du bâtiment. C’est du travail social que je fais. » Comme pour éloigner le principal reproche fait à l’autoréhabilitation accompagnée, à
© Pascal Greboval
© Jean-Marc Binet
n entrant dans l’appartement d’Éric, un rapide coup d’œil suffit à Jean-Marc, éducateur technique spécialisé au sein de l’association d’insertion sociale Itinér’air, pour évaluer le travail qu’il reste à effectuer. Les couloirs, débarrassés de leurs quatre couches de papier peint désuet, attendent un dernier coup de pinceau. « Il a déjà fallu bien dissoudre la colle et poser de l’enduit », commente Jean-Marc. Ce matin-là, il supervise l’aménagement d’un placard et la pose de rideaux dans la chambre de la fille d’Éric. Cela fait seize ans que ce fraiseur au chômage de 48 ans a emménagé dans cette HLM du quartier Argentine, à Beauvais. Il n’avait jamais fait de travaux. « Je n’aime pas ça », maugrée-t-il, tout en souriant. Il se dira plus tard ravi d’avoir gagné en autonomie. C’est son assistante sociale qui l’a mis en relation avec Jean-Marc. Ce type de chantier participatif, auquel peuvent être associés d’autres bénévoles ou d’anciens bénéficiaires, constitue le cœur de l’autoréhabilitation accompagnée (ARA). Le principe est simple : à travers des associations, des ménages modestes bénéficient d’une aide financière pour le matériel et la main-d’œuvre, principal poste de dépenses des travaux, et d’une aide pratique prodiguée à travers la transmission de savoir-faire.
kaizen • mai-juin 2016 • 55
E
Et si on le faisait ensemble ?
Les travaux solidaires
de l’autoréhabilitation accompagnée L’autoréhabilitation accompagnée permet à un particulier de réaliser tout ou partie des travaux de rénovation de son logement dégradé ou énergivore en se faisant accompagner d’un animateur sociotechnique. Les effets positifs de ce dispositif, reconnu par les autorités publiques, sont nombreux : restauration du lien social, prévention sanitaire ou encore maîtrise de l’énergie. Texte : Judith Chetrit 54 • kaizen • numéro 26
savoir une concurrence déloyale au secteur du bâtiment. C’est là où le bât blesse : le dispositif, mis en place par plusieurs associations, a fait l’objet d’une concertation ministérielle lancée par Cécile Duflot fin 2013. Mais, faute d’entente avec les autres ministères et les professionnels du bâtiment, aucune décision n’a été prise. Sur le terrain, certaines initiatives se sont déjà arrêtées, car leurs subventions n’ont pas été renouvelées.
Des chantiers participatifs générateurs de lien social Au sein du réseau associatif des Compagnons bâtisseurs, Rachid Maziane, directeur du département Développement et Innovation, dit ne pas être surpris par ces freins. Présent dans dix régions en France, ce mouvement associatif a formalisé la démarche de l’autoréhabilitation accompagnée et réalise 1 200 chantiers par an. « Chaque famille signe un contrat qui l’engage. Elle doit être volontaire et a une obligation de présence et de participation auprès de notre trio magique : un animateur technique, un jeune en service civique et un bénévole », résume‑t-il. Les Compagnons bâtisseurs interviennent auprès de bailleurs tant publics que privés et sont même sollicités par des propriétaires occupants en
Un dispositif pour aider les ménages les plus modestes « Des locataires nous ont demandé si l’on connaissait des gens pour faire des travaux chez eux à moindre coût, raconte Margaux Iribarnegaray, directrice de l’association Itinér’air. Nous avons donc lancé, fin 2014, un service d’autoréhabilitation accompagnée, qui compte déjà une dizaine de personnes sur liste d’attente. » Les locataires sont sélectionnés après évaluation de l’urgence de leur situation – insalubrité, difficultés économiques et sociales, etc. L’association leur demande jusqu’à 40 euros de participation en fonction de leur « reste à vivre » pour les matériaux et l’encadrement technique du chantier, d’une durée moyenne de douze jours. En un an, une vingtaine de familles ont ainsi pu être encadrées par Jean‑Marc. « Une fois, j’ai aidé une femme victime de violences à refaire son intérieur ; elle m’a dit qu’elle avait l’impression de reconstruire sa vie », se réjouit-il. « Je ne suis pas un artisan du bâtiment. C’est du travail social que je fais. » Comme pour éloigner le principal reproche fait à l’autoréhabilitation accompagnée, à
© Pascal Greboval
© Jean-Marc Binet
n entrant dans l’appartement d’Éric, un rapide coup d’œil suffit à Jean-Marc, éducateur technique spécialisé au sein de l’association d’insertion sociale Itinér’air, pour évaluer le travail qu’il reste à effectuer. Les couloirs, débarrassés de leurs quatre couches de papier peint désuet, attendent un dernier coup de pinceau. « Il a déjà fallu bien dissoudre la colle et poser de l’enduit », commente Jean-Marc. Ce matin-là, il supervise l’aménagement d’un placard et la pose de rideaux dans la chambre de la fille d’Éric. Cela fait seize ans que ce fraiseur au chômage de 48 ans a emménagé dans cette HLM du quartier Argentine, à Beauvais. Il n’avait jamais fait de travaux. « Je n’aime pas ça », maugrée-t-il, tout en souriant. Il se dira plus tard ravi d’avoir gagné en autonomie. C’est son assistante sociale qui l’a mis en relation avec Jean-Marc. Ce type de chantier participatif, auquel peuvent être associés d’autres bénévoles ou d’anciens bénéficiaires, constitue le cœur de l’autoréhabilitation accompagnée (ARA). Le principe est simple : à travers des associations, des ménages modestes bénéficient d’une aide financière pour le matériel et la main-d’œuvre, principal poste de dépenses des travaux, et d’une aide pratique prodiguée à travers la transmission de savoir-faire.
kaizen • mai-juin 2016 • 55
Géocaching, définition
L
Le goût de l’enfance
Le géocaching :
la chasse au trésor 2.0 Le géocaching est un moyen original et amusant de découvrir la richesse de la nature et des villes. Cette activité de plein air conjugue l’aspect ludique de la chasse au trésor et la modernité des smartphones et de leurs « applis ». Un loisir idéal pour motiver les enfants, et les grands, à prendre l’air. Texte et photos : François Lasserre 58 • kaizen • numéro 26
ors de ses week-ends entre amis, Alex, à la fois geek et nature, motive toujours le groupe pour sortir, quel que soit le temps : « Eh ! Dites donc, il y a une super cache à 346 mètres, on y va ? » Les plus enthousiastes sont souvent ceux qui ont déjà testé. Il faut dire que certains géocacheurs savent nous faire réfléchir. Parfois, il est nécessaire de verser de l’eau au fond d’un dispositif pour faire remonter la boîte. On rencontre aussi des contenants fermés, dont il faut chercher la clef ailleurs ! Le géocacheur, parfois très ingénieux, dissimule ses caches dans des endroits extraordinaires. Comme dans cette forêt de l’Eure – cache no GC4F53Y –, où il a fallu que tout un groupe de douze personnes, adultes et enfants, use de ruses et de réflexions pendant presque 15 minutes. Même Laurent, l’inconditionnel géotrouveur du groupe, a fini par ressortir son smartphone pour utiliser les indices que l’appli fournit pour chaque cache – description et photos. La boîte était bien là, camouflée au fond d’une souche ! Laurent raconte que les enfants se souviennent avec bonheur de cette recherche de cache, pendant laquelle tout le monde s’est extasié sur le paysage et ses arbres majestueux et tortueux, dignes de ceux décrits par Tolkien dans ses livres. Il remercie encore le géocacheur inconnu – pseudo Tingan's – qui leur a fait découvrir cette forêt un peu magique et dans laquelle il ne se serait jamais aventuré sans jouer au géocaching. La journée familiale s’est terminée par l'exploration des lavoirs du coin, de cache en cache dans les villages, dont celui de Saint-Pierre-de-Bailleul. Pour pimenter l’exercice, FranceGeocaching a lancé début janvier le concours Caches créatives 2016. Avec cette initiative, l’équipe souhaite inciter les géocacheurs à imaginer des caches de qualité et inventives. Voilà comment est née la cache no GC699N4, qui porte le nom de Couleurs des lucioles. Extrait de la description : « Vous ne le savez peut-être pas, mais les lucioles ont un langage codé ! […] Pour trouver cette cache, il
N. m. Néologisme, se prononce « géo-cache-ing ». De l’anglais geocaching : geo pour géographie, et caching pour l’action de dissimuler quelque chose. Le but est de trouver un contenant – appelé cache ou géocache –, localisé de manière plus ou moins précise par des coordonnées GPS et renfermant au minimum un journal de bord appelé logbook – pour noter son passage – et, souvent, de petits trésors. La première cache officielle a été géolocalisée dans l’Oregon, en 2000. Aujourd’hui, ce sont plus de 2 millions de géocaches qui sont réparties dans le monde. Les directives officielles du géocaching incitent les cacheurs de trésors – les géocacheurs – à faire découvrir aux géotrouveurs – vous, bientôt – des lieux insolites ou remarquables. Car c’est bien la découverte de la nature et de notre environnement qui est sousjacente à cette pratique, dans le plus grand respect des lieux.
faudra vous aventurer dans ce bois de nuit muni d'une lampe torche ou d'une frontale ainsi que d'une pile 9 V. » Nous voilà avertis, ce n’est pas une cache pour débutants ! Dans le même esprit de créativité, il y a les multi-caches, à trouver en deux étapes au moins. Prenons l’exemple de celle imaginée par Jude. Récemment, cette dernière a voulu faire découvrir un lieu qu’elle apprécie particulièrement : le bois du Breuil, à Honfleur. Pour nous obliger à faire le tour du bois, elle a créé une multi-cache – cache no GC5RZ7G. Pour obtenir les coordonnées définitives de la cache, il faut d’abord chercher des informations, par exemple : combien y a-t-il d’animaux présentés sur le panneau à l’entrée de la forêt ? Autre originalité, les caches Wherigo. Prenons l’exemple de la cache située aux Invalides, à Paris : L’évasion impossible – cache no GC2MACQ. Voilà comment Pestinette la commente en ligne : « Au bout d'un grand nombre d'échecs (super défouloir pour les enfants qui ont bien couru), nous finissons par comprendre le détail loupé et nous trouvons le BON chemin. » En effet, pour avoir les coordonnées de cette cache, il faut télécharger un jeu qui transforme les pelouses en prison, de laquelle on doit s’évader au plus vite en utilisant ses méninges. Voilà pourquoi il n’est pas impossible que vous aperceviez parfois des familles courir partout sur l’herbe des Invalides ! kaizen • mai-juin 2016 • 59
Géocaching, définition
L
Le goût de l’enfance
Le géocaching :
la chasse au trésor 2.0 Le géocaching est un moyen original et amusant de découvrir la richesse de la nature et des villes. Cette activité de plein air conjugue l’aspect ludique de la chasse au trésor et la modernité des smartphones et de leurs « applis ». Un loisir idéal pour motiver les enfants, et les grands, à prendre l’air. Texte et photos : François Lasserre 58 • kaizen • numéro 26
ors de ses week-ends entre amis, Alex, à la fois geek et nature, motive toujours le groupe pour sortir, quel que soit le temps : « Eh ! Dites donc, il y a une super cache à 346 mètres, on y va ? » Les plus enthousiastes sont souvent ceux qui ont déjà testé. Il faut dire que certains géocacheurs savent nous faire réfléchir. Parfois, il est nécessaire de verser de l’eau au fond d’un dispositif pour faire remonter la boîte. On rencontre aussi des contenants fermés, dont il faut chercher la clef ailleurs ! Le géocacheur, parfois très ingénieux, dissimule ses caches dans des endroits extraordinaires. Comme dans cette forêt de l’Eure – cache no GC4F53Y –, où il a fallu que tout un groupe de douze personnes, adultes et enfants, use de ruses et de réflexions pendant presque 15 minutes. Même Laurent, l’inconditionnel géotrouveur du groupe, a fini par ressortir son smartphone pour utiliser les indices que l’appli fournit pour chaque cache – description et photos. La boîte était bien là, camouflée au fond d’une souche ! Laurent raconte que les enfants se souviennent avec bonheur de cette recherche de cache, pendant laquelle tout le monde s’est extasié sur le paysage et ses arbres majestueux et tortueux, dignes de ceux décrits par Tolkien dans ses livres. Il remercie encore le géocacheur inconnu – pseudo Tingan's – qui leur a fait découvrir cette forêt un peu magique et dans laquelle il ne se serait jamais aventuré sans jouer au géocaching. La journée familiale s’est terminée par l'exploration des lavoirs du coin, de cache en cache dans les villages, dont celui de Saint-Pierre-de-Bailleul. Pour pimenter l’exercice, FranceGeocaching a lancé début janvier le concours Caches créatives 2016. Avec cette initiative, l’équipe souhaite inciter les géocacheurs à imaginer des caches de qualité et inventives. Voilà comment est née la cache no GC699N4, qui porte le nom de Couleurs des lucioles. Extrait de la description : « Vous ne le savez peut-être pas, mais les lucioles ont un langage codé ! […] Pour trouver cette cache, il
N. m. Néologisme, se prononce « géo-cache-ing ». De l’anglais geocaching : geo pour géographie, et caching pour l’action de dissimuler quelque chose. Le but est de trouver un contenant – appelé cache ou géocache –, localisé de manière plus ou moins précise par des coordonnées GPS et renfermant au minimum un journal de bord appelé logbook – pour noter son passage – et, souvent, de petits trésors. La première cache officielle a été géolocalisée dans l’Oregon, en 2000. Aujourd’hui, ce sont plus de 2 millions de géocaches qui sont réparties dans le monde. Les directives officielles du géocaching incitent les cacheurs de trésors – les géocacheurs – à faire découvrir aux géotrouveurs – vous, bientôt – des lieux insolites ou remarquables. Car c’est bien la découverte de la nature et de notre environnement qui est sousjacente à cette pratique, dans le plus grand respect des lieux.
faudra vous aventurer dans ce bois de nuit muni d'une lampe torche ou d'une frontale ainsi que d'une pile 9 V. » Nous voilà avertis, ce n’est pas une cache pour débutants ! Dans le même esprit de créativité, il y a les multi-caches, à trouver en deux étapes au moins. Prenons l’exemple de celle imaginée par Jude. Récemment, cette dernière a voulu faire découvrir un lieu qu’elle apprécie particulièrement : le bois du Breuil, à Honfleur. Pour nous obliger à faire le tour du bois, elle a créé une multi-cache – cache no GC5RZ7G. Pour obtenir les coordonnées définitives de la cache, il faut d’abord chercher des informations, par exemple : combien y a-t-il d’animaux présentés sur le panneau à l’entrée de la forêt ? Autre originalité, les caches Wherigo. Prenons l’exemple de la cache située aux Invalides, à Paris : L’évasion impossible – cache no GC2MACQ. Voilà comment Pestinette la commente en ligne : « Au bout d'un grand nombre d'échecs (super défouloir pour les enfants qui ont bien couru), nous finissons par comprendre le détail loupé et nous trouvons le BON chemin. » En effet, pour avoir les coordonnées de cette cache, il faut télécharger un jeu qui transforme les pelouses en prison, de laquelle on doit s’évader au plus vite en utilisant ses méninges. Voilà pourquoi il n’est pas impossible que vous aperceviez parfois des familles courir partout sur l’herbe des Invalides ! kaizen • mai-juin 2016 • 59
je change
Je vais bien, le monde va mieux
A
Hypnose
Le patient prend conscience La roulette du dentiste vous rend livide ? Votre psychothérapie fait du surplace ? Avez-vous pensé à l'hypnose ? Utilisée par des professionnels de santé, cette technique, avec l'état modifié de conscience qu'elle induit, tranquillise les patients, diminue ou supprime la douleur et peut lever des blocages inconscients. Texte : Xavier Crépin • Dessin : T0ad
rticles dans la presse, émissions de télévision, études scientifiques ou encore notoriété grandissante du « fascinateur » canadien Messmer qui subjugue les foules : l'hypnose fascine et intrigue. Aussi, de nombreux praticiens insistent sur la distinction entre l’« hypnose spectacle », qui relève du divertissement – souvent aux dépens de l'hypnotisé –, et l'hypnose thérapeutique. Mais le phénomène et le processus restent fondamentalement les mêmes. Par l'intermédiaire de la parole, d'un contact physique, d'images et de représentations mentales, l'hypnotiseur va induire un certain mode de fonctionnement du cerveau chez l'hypnotisé. Selon le psychiatre américain Milton H. Erickson (19011980), l'état d'hypnose « est un état de conscience particulier qui privilégie le fonctionnement inconscient par rapport au fonctionnement conscient ». Ce n'est ni l'état de veille ni l'état de sommeil. Pour Fanny, Parisienne de 35 ans qui consulte un hypnothérapeute pour se débarrasser de son anxiété, le changement d'état est imperceptible : « Je ne sens pas le moment où j’entre en hypnose. Mon psy me demande de me concentrer sur un point fixe. Il me touche le poignet et me parle. Je vois beaucoup d'images. C'est doux, je ressens une forme de bienveillance. » Quand le résultat recherché est psychologique, on parle alors d'hypnothérapie.
Rien ne se passera sans vous Contrairement à une idée reçue, l'état hypnotique ne présente aucun danger de rester « bloqué » ni d'être manipulé, dans tous les sens du terme, à son insu. L'hypnose n'est pas un abandon de la volonté, au contraire. L’implication du patient fait partie intégrante du processus. C'est cet engagement qui a amené Blandine, professeur d’anglais à Grenoble, à choisir de se faire retirer la thyroïde sous hypnose alors qu'habituellement une telle opération se fait sous anesthésie générale ! « C'était important pour moi de ne pas subir, mais de participer à l'opération. L'anesthésiste était derrière moi, ses mains posées sur ma tête, j'écoutais sa voix et le morceau de mu-
sique que j'avais choisi. J'étais pleinement consciente au moment où on a touché mon corps ! », confie‑t‑elle, enthousiaste et prête à recommencer. Accessoirement, elle a pu continuer à allaiter, car son organisme n'avait pas à éliminer d'anesthésiant. Quand l'effet recherché est physiologique, on peut recourir soit à l'hypnosédation – à visée sédative –, soit à l'hypnoanalgésie – contre la douleur –, selon que l'hypnose vient en complément d'une anesthésie chimique ou qu'elle s'y substitue.
Des effets avérés scientifiquement En juin 2015, une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) 1 a cherché à évaluer l'efficacité de la pratique de l'hypnose à partir d'une vingtaine de rapports scientifiques. Le protocole suivi confirme que l'hypnose permet de réduire la consommation d'antalgiques et de sédatifs, d'améliorer le confort des patients au moment des soins et de diminuer l'anxiété. L'étude stipule en revanche que « les données actuelles sont insuffisantes voire décevantes dans d’autres indications comme le sevrage tabagique ou la prise en charge de la douleur lors de l’accouchement ». Si l'hypnose ne peut pas tout, les bénéfices avérés ouvrent déjà un vaste champ d'utilisation pour les professionnels qui souhaitent enrichir leur pratique : infirmiers, kinésithérapeutes, anesthésistes, psychiatres et psychologues, dentistes...
Améliorer le bien-être des patients Après 32 ans d'exercice de la chirurgie dentaire en Normandie, le docteur V. s'est formé à l’hypnose sur le tard, en 2014. Un apprentissage de 60 heures réservé à des chirurgiens-dentistes et stomatologues. « Dès le premier jour, je suis parvenu – tout comme les onze autres praticiens – à hypnotiser mon cobaye ! » En effet, seuls 10 % des individus seraient peu sensibles à l'hypnose, ce que confirme le docteur V. : « Il n'y a que trois personnes que je n'ai pas réussi à hypnotiser, dont mon épouse et mon associée. » kaizen • mai-juin 2016 • 65
je change
Je vais bien, le monde va mieux
A
Hypnose
Le patient prend conscience La roulette du dentiste vous rend livide ? Votre psychothérapie fait du surplace ? Avez-vous pensé à l'hypnose ? Utilisée par des professionnels de santé, cette technique, avec l'état modifié de conscience qu'elle induit, tranquillise les patients, diminue ou supprime la douleur et peut lever des blocages inconscients. Texte : Xavier Crépin • Dessin : T0ad
rticles dans la presse, émissions de télévision, études scientifiques ou encore notoriété grandissante du « fascinateur » canadien Messmer qui subjugue les foules : l'hypnose fascine et intrigue. Aussi, de nombreux praticiens insistent sur la distinction entre l’« hypnose spectacle », qui relève du divertissement – souvent aux dépens de l'hypnotisé –, et l'hypnose thérapeutique. Mais le phénomène et le processus restent fondamentalement les mêmes. Par l'intermédiaire de la parole, d'un contact physique, d'images et de représentations mentales, l'hypnotiseur va induire un certain mode de fonctionnement du cerveau chez l'hypnotisé. Selon le psychiatre américain Milton H. Erickson (19011980), l'état d'hypnose « est un état de conscience particulier qui privilégie le fonctionnement inconscient par rapport au fonctionnement conscient ». Ce n'est ni l'état de veille ni l'état de sommeil. Pour Fanny, Parisienne de 35 ans qui consulte un hypnothérapeute pour se débarrasser de son anxiété, le changement d'état est imperceptible : « Je ne sens pas le moment où j’entre en hypnose. Mon psy me demande de me concentrer sur un point fixe. Il me touche le poignet et me parle. Je vois beaucoup d'images. C'est doux, je ressens une forme de bienveillance. » Quand le résultat recherché est psychologique, on parle alors d'hypnothérapie.
Rien ne se passera sans vous Contrairement à une idée reçue, l'état hypnotique ne présente aucun danger de rester « bloqué » ni d'être manipulé, dans tous les sens du terme, à son insu. L'hypnose n'est pas un abandon de la volonté, au contraire. L’implication du patient fait partie intégrante du processus. C'est cet engagement qui a amené Blandine, professeur d’anglais à Grenoble, à choisir de se faire retirer la thyroïde sous hypnose alors qu'habituellement une telle opération se fait sous anesthésie générale ! « C'était important pour moi de ne pas subir, mais de participer à l'opération. L'anesthésiste était derrière moi, ses mains posées sur ma tête, j'écoutais sa voix et le morceau de mu-
sique que j'avais choisi. J'étais pleinement consciente au moment où on a touché mon corps ! », confie‑t‑elle, enthousiaste et prête à recommencer. Accessoirement, elle a pu continuer à allaiter, car son organisme n'avait pas à éliminer d'anesthésiant. Quand l'effet recherché est physiologique, on peut recourir soit à l'hypnosédation – à visée sédative –, soit à l'hypnoanalgésie – contre la douleur –, selon que l'hypnose vient en complément d'une anesthésie chimique ou qu'elle s'y substitue.
Des effets avérés scientifiquement En juin 2015, une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) 1 a cherché à évaluer l'efficacité de la pratique de l'hypnose à partir d'une vingtaine de rapports scientifiques. Le protocole suivi confirme que l'hypnose permet de réduire la consommation d'antalgiques et de sédatifs, d'améliorer le confort des patients au moment des soins et de diminuer l'anxiété. L'étude stipule en revanche que « les données actuelles sont insuffisantes voire décevantes dans d’autres indications comme le sevrage tabagique ou la prise en charge de la douleur lors de l’accouchement ». Si l'hypnose ne peut pas tout, les bénéfices avérés ouvrent déjà un vaste champ d'utilisation pour les professionnels qui souhaitent enrichir leur pratique : infirmiers, kinésithérapeutes, anesthésistes, psychiatres et psychologues, dentistes...
Améliorer le bien-être des patients Après 32 ans d'exercice de la chirurgie dentaire en Normandie, le docteur V. s'est formé à l’hypnose sur le tard, en 2014. Un apprentissage de 60 heures réservé à des chirurgiens-dentistes et stomatologues. « Dès le premier jour, je suis parvenu – tout comme les onze autres praticiens – à hypnotiser mon cobaye ! » En effet, seuls 10 % des individus seraient peu sensibles à l'hypnose, ce que confirme le docteur V. : « Il n'y a que trois personnes que je n'ai pas réussi à hypnotiser, dont mon épouse et mon associée. » kaizen • mai-juin 2016 • 65
je change
Les huiles essentielles cosmétiques à la loupe Les huiles essentielles sont des extraits végétaux qui concentrent les composés volatils des plantes aromatiques. Ces composés odorants sont doués de propriétés médicinales qui sont à la base de l’aromathérapie. Or certaines de ces propriétés peuvent aussi être mises à profit en cosmétique. Ainsi, une huile essentielle cicatrisante en aromathérapie sera régénérante et stimulante cutanée en cosmétique ; une huile essentielle antimicrobienne sera utile contre l’acné, etc.
DIY
Do It Yourself
Les huiles
essentielles cosmétiques Environ 200 huiles essentielles sont disponibles à la vente, dont une cinquantaine destinées à un usage cosmétique. Difficile, par conséquent, de choisir la bonne selon l’utilisation que l’on souhaite en faire. Et, une fois ce choix fait, comment l’employer facilement et bien la doser ? Texte : Sylvie Hampikian • Photos : Olivier Degorce
68 • kaizen • numéro 26
La première règle à retenir quant à l’usage des huiles essentielles (HEs) en cosmétique, c’est de ne jamais les employer pures, sauf dans de rares cas que nous verrons plus loin. Il faut donc les diluer dans une base. Les principales bases sont les huiles végétales (HVs), qui sont un véritable cadeau pour la peau (lire la recette de l’huile aromatique page 71), mais il existe de nombreux autres supports possibles : • shampooing, savon liquide, gel douche neutre bio : compter 2 ou 3 gouttes d’HE pour une dose correspondant à un lavage (lire la recette du shampooing express page suivante) ; • dispersant – base neutre pour bain ou lait végétal : compter 10 à 20 gouttes d’HE(s) dans 1 ou 2 bouchons de base à diluer dans l’eau du bain ; • gel, crème ou lait neutre : il peut s’agir de gel d’aloès cosmétique, d’une crème hydratante neutre, d’une base neutre achetée en boutique spécialisée en cosmétiques home-made, ou encore d’une base neutre maison pour les « experts » du do it yourself. Compter 1 goutte d’HE dans une noisette de base pour un soin du visage et 3 ou 4 gouttes dans une cuillère à soupe pour un soin du corps. Pour de plus gros volumes, suivre le dosage en encadré page suivante ; • masque : si vous confectionnez un masque à base d’argile, de fruit mixé ou de yaourt par exemple, vous pouvez l’enrichir en y ajoutant 3 gouttes d’HE. La seconde règle consiste à choisir une HE ou un mélange d’HEs adaptées à l’usage souhaité. Voici, pour vous y aider, des sélections d’HEs très utiles, bien tolérées et faciles d’emploi. Sauf mention particulière, elles conviennent à toute la famille, y compris aux enfants à partir de 5 ans. Par contre, on recommande d’éviter leur usage pendant la grossesse et l’allaitement : • HEs tous usages : lavande vraie – L. angustifolia –, lavandin super, géranium rosat, bois de rose 1 et petit grain bigaradier. Ces merveilles conviennent à toutes les peaux, soulagent les irritations, les petits bobos, et favorisent le bien-être général.
Ce sont des HEs de choix pour les peaux normales ou mixtes. Très douces, elles peuvent être employées pures, à raison de 1 ou 2 gouttes appliquées au doigt ou à l’aide d’un coton-tige sur un bouton d’acné ou de fièvre – herpès labial ; • HEs peaux grasses : pamplemousse 2, pomélo, romarin à verbénone ; • HEs peaux acnéiques : tea tree – arbre à thé –, ravintsara, manuka, thym à géraniol, saro ; • HEs peaux matures : encens oliban, géranium rosat, orange amère, patchouli, ylang-ylang, bois de rose. Vous pouvez aussi investir dans des HEs antirides plus puissantes, mais plus onéreuses, car au final ces soins reviennent bien moins cher que les crèmes antirides du commerce : ciste ladanifère, immortelle – hélichryse italienne – , néroli, rose ; • HEs peaux sensibles, couperosées : camomille romaine, immortelle, bois de santal, bois de rose ; • HEs cheveux gras, pellicules : romarin à verbénone, romarin à cinéole, tea tree, palmarosa ; • HEs cheveux ternes – apportent brillance, tonus, et parfument : ylang-ylang, cèdre, nard jatamansi, pamplemousse, thym ; • H Es antichute : gingembre, cannelle, bay Saint‑Thomas, nard jatamansi 3 ; • HEs massage relaxant : bois de santal, encens oliban, géranium rosat, mandarine, lavande vraie, camomille, litsée citronnée, petit grain bigaradier, néroli, rose. À mélanger avec de l'huile végétale – tournesol, sésame ou pépins de raisin par exemple ; • HEs massage tonifiant : eucalyptus radié, iary, lavande aspic, lavandin super, litsée citronnée, myrte vert, pin sylvestre, romarin à cinéole, saro. On peut ajouter de la menthe poivrée ou du citron à petite dose dans un mélange – lire l'encadré page suivante. n Des problèmes de gestion des ressources naturelles nuisent à cette excellente huile essentielle. On peut la remplacer par : bois de Hô, thym à linalol ou linaloe baies. 2 On recommande de ne pas s’exposer au soleil dans les 24 heures qui suivent l’application d’un soin contenant des essences d’agrumes, notamment de bergamote, de mandarine et de citron. 3 Ces huiles essentielles puissantes sont à réserver à cet usage capillaire. 1
kaizen • mai-juin 2016 • 69
je change
Les huiles essentielles cosmétiques à la loupe Les huiles essentielles sont des extraits végétaux qui concentrent les composés volatils des plantes aromatiques. Ces composés odorants sont doués de propriétés médicinales qui sont à la base de l’aromathérapie. Or certaines de ces propriétés peuvent aussi être mises à profit en cosmétique. Ainsi, une huile essentielle cicatrisante en aromathérapie sera régénérante et stimulante cutanée en cosmétique ; une huile essentielle antimicrobienne sera utile contre l’acné, etc.
DIY
Do It Yourself
Les huiles
essentielles cosmétiques Environ 200 huiles essentielles sont disponibles à la vente, dont une cinquantaine destinées à un usage cosmétique. Difficile, par conséquent, de choisir la bonne selon l’utilisation que l’on souhaite en faire. Et, une fois ce choix fait, comment l’employer facilement et bien la doser ? Texte : Sylvie Hampikian • Photos : Olivier Degorce
68 • kaizen • numéro 26
La première règle à retenir quant à l’usage des huiles essentielles (HEs) en cosmétique, c’est de ne jamais les employer pures, sauf dans de rares cas que nous verrons plus loin. Il faut donc les diluer dans une base. Les principales bases sont les huiles végétales (HVs), qui sont un véritable cadeau pour la peau (lire la recette de l’huile aromatique page 71), mais il existe de nombreux autres supports possibles : • shampooing, savon liquide, gel douche neutre bio : compter 2 ou 3 gouttes d’HE pour une dose correspondant à un lavage (lire la recette du shampooing express page suivante) ; • dispersant – base neutre pour bain ou lait végétal : compter 10 à 20 gouttes d’HE(s) dans 1 ou 2 bouchons de base à diluer dans l’eau du bain ; • gel, crème ou lait neutre : il peut s’agir de gel d’aloès cosmétique, d’une crème hydratante neutre, d’une base neutre achetée en boutique spécialisée en cosmétiques home-made, ou encore d’une base neutre maison pour les « experts » du do it yourself. Compter 1 goutte d’HE dans une noisette de base pour un soin du visage et 3 ou 4 gouttes dans une cuillère à soupe pour un soin du corps. Pour de plus gros volumes, suivre le dosage en encadré page suivante ; • masque : si vous confectionnez un masque à base d’argile, de fruit mixé ou de yaourt par exemple, vous pouvez l’enrichir en y ajoutant 3 gouttes d’HE. La seconde règle consiste à choisir une HE ou un mélange d’HEs adaptées à l’usage souhaité. Voici, pour vous y aider, des sélections d’HEs très utiles, bien tolérées et faciles d’emploi. Sauf mention particulière, elles conviennent à toute la famille, y compris aux enfants à partir de 5 ans. Par contre, on recommande d’éviter leur usage pendant la grossesse et l’allaitement : • HEs tous usages : lavande vraie – L. angustifolia –, lavandin super, géranium rosat, bois de rose 1 et petit grain bigaradier. Ces merveilles conviennent à toutes les peaux, soulagent les irritations, les petits bobos, et favorisent le bien-être général.
Ce sont des HEs de choix pour les peaux normales ou mixtes. Très douces, elles peuvent être employées pures, à raison de 1 ou 2 gouttes appliquées au doigt ou à l’aide d’un coton-tige sur un bouton d’acné ou de fièvre – herpès labial ; • HEs peaux grasses : pamplemousse 2, pomélo, romarin à verbénone ; • HEs peaux acnéiques : tea tree – arbre à thé –, ravintsara, manuka, thym à géraniol, saro ; • HEs peaux matures : encens oliban, géranium rosat, orange amère, patchouli, ylang-ylang, bois de rose. Vous pouvez aussi investir dans des HEs antirides plus puissantes, mais plus onéreuses, car au final ces soins reviennent bien moins cher que les crèmes antirides du commerce : ciste ladanifère, immortelle – hélichryse italienne – , néroli, rose ; • HEs peaux sensibles, couperosées : camomille romaine, immortelle, bois de santal, bois de rose ; • HEs cheveux gras, pellicules : romarin à verbénone, romarin à cinéole, tea tree, palmarosa ; • HEs cheveux ternes – apportent brillance, tonus, et parfument : ylang-ylang, cèdre, nard jatamansi, pamplemousse, thym ; • H Es antichute : gingembre, cannelle, bay Saint‑Thomas, nard jatamansi 3 ; • HEs massage relaxant : bois de santal, encens oliban, géranium rosat, mandarine, lavande vraie, camomille, litsée citronnée, petit grain bigaradier, néroli, rose. À mélanger avec de l'huile végétale – tournesol, sésame ou pépins de raisin par exemple ; • HEs massage tonifiant : eucalyptus radié, iary, lavande aspic, lavandin super, litsée citronnée, myrte vert, pin sylvestre, romarin à cinéole, saro. On peut ajouter de la menthe poivrée ou du citron à petite dose dans un mélange – lire l'encadré page suivante. n Des problèmes de gestion des ressources naturelles nuisent à cette excellente huile essentielle. On peut la remplacer par : bois de Hô, thym à linalol ou linaloe baies. 2 On recommande de ne pas s’exposer au soleil dans les 24 heures qui suivent l’application d’un soin contenant des essences d’agrumes, notamment de bergamote, de mandarine et de citron. 3 Ces huiles essentielles puissantes sont à réserver à cet usage capillaire. 1
kaizen • mai-juin 2016 • 69
je change
Nos bonnes adresses
Angers,
la douce verte Château, vélo, pineau… Les raisons de faire une halte à Angers sont nombreuses. Votre visite de la « Ville des fleurs » sera saine, car ici souffle le vent de la transition. Texte et photos : Pascal Greboval • Dessin : Manu Thuret
Boire et manger Ouvert fin 2013 par la jeune Suzy et ses parents, anciens apiculteurs bio, Les Casse-croûte de Suzy e propose une cuisine 100 % bio « certifiée ! », lancent en chœur les trois fondateurs. « Nous y tenons, par respect pour les producteurs avec qui nous travaillons et qui, eux, ne peuvent se soustraire à cette contrainte. » Victime de son succès, le restaurant a dû s’agrandir et ouvrir un second espace de l’autre côté de la rue. Il est vrai que le rapport qualité-prix défie toute concurrence ! Les quiches, sandwichs, 72 • kaizen • numéro 26
wraps et autres soupes à base de produits frais et locaux sont proposés en formules autour de 8 euros, dans une ambiance chaleureuse, à mi-chemin entre la cantine et le salon de thé : que demander de plus ? De la bonne musique ? Le père s’en charge ! Comme souvent dans les Bonnes adresses de Kaizen, voici le récit d’un changement de vie : après dix‑sept ans passés à la direction d’une maison de retraite, Madeleine se sent attirée par l’hôtellerie-restauration. In fine, après quelques formations, elle se décide à ouvrir un restaurant, Au murmure des carottes. On y mangera bio, de saison, local et végétarien, « mais pas uniquement, car aucune banque
n’a voulu soutenir un projet 100 % végétarien ». Bien que Madeleine reconnaisse avoir eu « des difficultés au début », le Murmure des carottes attire une population grandissante, qui mange sur place ou à emporter. « Et ce qui me plaît énormément, c’est la relation avec les producteurs locaux ; ils sont vraiment chouettes », se réjouit-elle. De la bonne humeur, de A à Z ! Encore un changement de vie ! Après quinze ans de professorat, Catherine éprouve le besoin d'exercer un autre métier. Elle crée Osé r , en 2012, un lieu chaleureux où règne la simplicité et qui a pour vocation de sensibiliser à la nourriture saine. Avec Thomas, qui s’active en cuisine, elle propose une carte qui change chaque semaine, composée de produits frais, locaux et de saison, et à 90 % biologiques. Amateurs de bons thés bio et de vins naturels, c’est aussi une excellente adresse pour venir bruncher le premier dimanche du mois. Très tôt, Anna a su ce qu’elle voulait. À l’âge de 11 ans, au sein d’une famille omnivore, elle devient végétarienne ; puis, quelques années plus tard, opte pour le régime végétalien ! C’est lors d’un voyage au Québec que lui vient une idée : « Je désirais ouvrir un lieu où je puisse manger comme j’en avais envie, car c’est parfois compliqué de trouver des menus végétaliens. » Elle décide de créer un food truck, La Vegan mobile, qui sera présent sur les marchés, dans des festivals et lors d’animations privées ou publiques. « L’avantage du food truck, outre l’investissement léger, c’est qu’il peut devenir un outil militant. Souvent, je discute longuement avec les clients. Nombreux sont ceux qui cherchent des solutions pour manger autrement. Et si, au moins une fois par semaine, une personne mange végétalien, c’est déjà un premier pas. » Le Welsh pub t a ouvert ses portes en 1978 : autant dire que ce bar est un monument des nuits angevines. Depuis 2005, Béa et James sont derrière le comptoir. À leur façon, ils font leur part : « Nous sommes plus un catalyseur de lien social », expliquent-ils. « C’est ici qu’est né par exemple le groupe local Colibris (lire page 88). Nous accueillons pour leurs réunions des mouvements qui n’ont pas de locaux, comme les opposants à Notre-Dame-desLandes et les faucheurs volontaires. » Outre ce havre de paix pour les militants en quête d’espace, Le Welsh pub met à disposition une vaste ludothèque en accès libre et organise des soirées jeux pour les familles, car « le jeu est un bon vecteur de lien social ». Échange de graines et troc de livres sont d’autres activités proposées par ce couple avenant. À L'Épicerie 2 Pauline u , c’est gagnant tous les jours ! Vous avez deux Pauline pour le prix d’une, et vous ne payez pas l’emballage. Imaginée par deux cousines homonymes, cette épicerie propose une sélection de légumes, vins, produits secs et pro-
duits d’entretien bio, locaux et vendus en vrac. Ouverte en mars 2016, en plein centre-ville, L'Épicerie 2 Pauline invite les consommateurs à devenir acteurs du changement : « Nous fournissons les bocaux et autres récipients, et nos balances sont adaptées pour que tout se passe facilement. » Le dernier dimanche du mois, le collectif Soupe angevine vous donne rendez-vous pour un Banquet, à 18 heures. Autour d’une soupe à base de produits « de récupération », devant la fontaine du Dialogue, place Romain, l’idée est de créer de la rencontre et du dialogue dans l’espace public. Et pour que l’écho soit plus fort, des crieurs publics sont présents pour déclamer tous vos messages.
Inspirer Vous êtes en quête de spiritualité, mais vous ne savez pas par où commencer ? Franchissez le seuil de la Librairie Chrysalide, vous rencontrerez Anne-Lise et sa sélection de livres « qui ouvrent les portes de toutes les spiritualités, l’objectif étant de favoriser la largeur d’esprit ».
e
r
kaizen • mai-juin 2016 • 73
je change
Nos bonnes adresses
Angers,
la douce verte Château, vélo, pineau… Les raisons de faire une halte à Angers sont nombreuses. Votre visite de la « Ville des fleurs » sera saine, car ici souffle le vent de la transition. Texte et photos : Pascal Greboval • Dessin : Manu Thuret
Boire et manger Ouvert fin 2013 par la jeune Suzy et ses parents, anciens apiculteurs bio, Les Casse-croûte de Suzy e propose une cuisine 100 % bio « certifiée ! », lancent en chœur les trois fondateurs. « Nous y tenons, par respect pour les producteurs avec qui nous travaillons et qui, eux, ne peuvent se soustraire à cette contrainte. » Victime de son succès, le restaurant a dû s’agrandir et ouvrir un second espace de l’autre côté de la rue. Il est vrai que le rapport qualité-prix défie toute concurrence ! Les quiches, sandwichs, 72 • kaizen • numéro 26
wraps et autres soupes à base de produits frais et locaux sont proposés en formules autour de 8 euros, dans une ambiance chaleureuse, à mi-chemin entre la cantine et le salon de thé : que demander de plus ? De la bonne musique ? Le père s’en charge ! Comme souvent dans les Bonnes adresses de Kaizen, voici le récit d’un changement de vie : après dix‑sept ans passés à la direction d’une maison de retraite, Madeleine se sent attirée par l’hôtellerie-restauration. In fine, après quelques formations, elle se décide à ouvrir un restaurant, Au murmure des carottes. On y mangera bio, de saison, local et végétarien, « mais pas uniquement, car aucune banque
n’a voulu soutenir un projet 100 % végétarien ». Bien que Madeleine reconnaisse avoir eu « des difficultés au début », le Murmure des carottes attire une population grandissante, qui mange sur place ou à emporter. « Et ce qui me plaît énormément, c’est la relation avec les producteurs locaux ; ils sont vraiment chouettes », se réjouit-elle. De la bonne humeur, de A à Z ! Encore un changement de vie ! Après quinze ans de professorat, Catherine éprouve le besoin d'exercer un autre métier. Elle crée Osé r , en 2012, un lieu chaleureux où règne la simplicité et qui a pour vocation de sensibiliser à la nourriture saine. Avec Thomas, qui s’active en cuisine, elle propose une carte qui change chaque semaine, composée de produits frais, locaux et de saison, et à 90 % biologiques. Amateurs de bons thés bio et de vins naturels, c’est aussi une excellente adresse pour venir bruncher le premier dimanche du mois. Très tôt, Anna a su ce qu’elle voulait. À l’âge de 11 ans, au sein d’une famille omnivore, elle devient végétarienne ; puis, quelques années plus tard, opte pour le régime végétalien ! C’est lors d’un voyage au Québec que lui vient une idée : « Je désirais ouvrir un lieu où je puisse manger comme j’en avais envie, car c’est parfois compliqué de trouver des menus végétaliens. » Elle décide de créer un food truck, La Vegan mobile, qui sera présent sur les marchés, dans des festivals et lors d’animations privées ou publiques. « L’avantage du food truck, outre l’investissement léger, c’est qu’il peut devenir un outil militant. Souvent, je discute longuement avec les clients. Nombreux sont ceux qui cherchent des solutions pour manger autrement. Et si, au moins une fois par semaine, une personne mange végétalien, c’est déjà un premier pas. » Le Welsh pub t a ouvert ses portes en 1978 : autant dire que ce bar est un monument des nuits angevines. Depuis 2005, Béa et James sont derrière le comptoir. À leur façon, ils font leur part : « Nous sommes plus un catalyseur de lien social », expliquent-ils. « C’est ici qu’est né par exemple le groupe local Colibris (lire page 88). Nous accueillons pour leurs réunions des mouvements qui n’ont pas de locaux, comme les opposants à Notre-Dame-desLandes et les faucheurs volontaires. » Outre ce havre de paix pour les militants en quête d’espace, Le Welsh pub met à disposition une vaste ludothèque en accès libre et organise des soirées jeux pour les familles, car « le jeu est un bon vecteur de lien social ». Échange de graines et troc de livres sont d’autres activités proposées par ce couple avenant. À L'Épicerie 2 Pauline u , c’est gagnant tous les jours ! Vous avez deux Pauline pour le prix d’une, et vous ne payez pas l’emballage. Imaginée par deux cousines homonymes, cette épicerie propose une sélection de légumes, vins, produits secs et pro-
duits d’entretien bio, locaux et vendus en vrac. Ouverte en mars 2016, en plein centre-ville, L'Épicerie 2 Pauline invite les consommateurs à devenir acteurs du changement : « Nous fournissons les bocaux et autres récipients, et nos balances sont adaptées pour que tout se passe facilement. » Le dernier dimanche du mois, le collectif Soupe angevine vous donne rendez-vous pour un Banquet, à 18 heures. Autour d’une soupe à base de produits « de récupération », devant la fontaine du Dialogue, place Romain, l’idée est de créer de la rencontre et du dialogue dans l’espace public. Et pour que l’écho soit plus fort, des crieurs publics sont présents pour déclamer tous vos messages.
Inspirer Vous êtes en quête de spiritualité, mais vous ne savez pas par où commencer ? Franchissez le seuil de la Librairie Chrysalide, vous rencontrerez Anne-Lise et sa sélection de livres « qui ouvrent les portes de toutes les spiritualités, l’objectif étant de favoriser la largeur d’esprit ».
e
r
kaizen • mai-juin 2016 • 73
je change
Cuisine
Le mouron des oiseaux … l’une des meilleures salades sauvages !
Vous recherchez une salade autre que la sempiternelle feuille de chêne ? Observez bien votre jardin ou le bord des chemins, il y a peut-être du mouron des oiseaux. Cette douce salade aux accents de noisette et de mâche comblera haut la main vos envies de saveurs vertes. Textes et photos : Linda Louis
Sauvage & délicieux !
L
e mouron des oiseaux, la plaie des jardiniers ? Beaucoup pestent contre cette « mauvaise » herbe qui pousse ici et là, à côté de la rhubarbe ou des courgettes, et l'arrachent à tout-va. Si elle prolifère sur votre terrain, c'est plutôt bon signe ! Une preuve que vous cultivez votre potager dans les règles de l'art et que votre terre est bien équilibrée, riche, mais sans excès, et limitée en pollution. Plante pionnière, le mouron des oiseaux niche également dans les pots de fleurs du jardin remplis d'un bon terreau fertile. Ses minuscules petites fleurs blanches étoilées – famille des stellaires, du latin stella : « étoile » – permettent de le reconnaître d'emblée. On évitera ainsi la confusion avec le mouron rouge, non comestible, aux fleurs rouges ou bleues (lire ci-dessous). Plutôt que de le mettre au compost, mangez-le ! La morgeline détient en effet la réputation – justifiée – d'être la meilleure salade sauvage qui soit. Délicieuse, douce, sans aucune amertume, elle peut se consommer telle quelle, sans nécessairement être panachée avec d'autres jeunes pousses de salade. Elle entre dans la composition de la fameuse salade japonaise composée de sept herbes printanières – nanakusa. Son nom, plutôt original, s'explique en deux temps. Tout d'abord, « mouron » est le nom révolu donné à la chevelure. Nous connaissons tous l'expression « se faire du mouron », autrement dit « des cheveux (blancs) » ; ou la formule, « ne plus avoir de mouron sur la cage », signifiant être chauve. Le port caractéristique en touffe de la stellaire intermédiaire donne l'effet d'une ondulante chevelure végétale. Et pourquoi « des oiseaux » ? Tout simplement parce que ces derniers raffolent de ses graines dorées, pas plus grosses que celles du pavot. On les distingue d'ailleurs au fond de l'évier quand on lave la plante. Amusez-vous à les croquer du bout des dents et découvrez à quel point elles sont goûteuses ! À ne pas confondre avec... Le mouron rouge ou bleu – Anagallis arvensis ou Anagallis foemina – de la famille des Primulacées – primevères –, non comestible – contient une saponine toxique, la cyclamine –, aux fleurs rouges ou bleues, entièrement sessile – sans « tige » sur la feuille –, aux feuilles ponctuées de noir dessous, à la tige carrée et glabre – sans poils. En cas de doute, goûtez une feuille et rejetez-la si elle est amère – test sans danger.
Vertus thérapeutiques et médicinales La plante est désaltérante et diurétique. Tonique grâce à sa bonne teneur en vitamines A et C, pectorale, légèrement laxative et riche en oligo-éléments, comme le très rare sélénium – effet antioxydant –, elle est recommandée pour les convalescents et les personnes fatiguées. On ne réalise pas de tisanes avec le mouron des oiseaux, mais des décoctions : 30 g de mouron bouilli dans 500 ml d'eau, jusqu'à réduction de la moitié – à boire en dehors des repas. Pour profiter pleinement de ses nutriments, réalisez un jus d'herbe à l'aide d'un extracteur. En cuisine Le mouron des oiseaux se cuisine comme une salade, donc accompagné de tous les légumes de saison. Il permet de réaliser des rouleaux de printemps savoureux. Cuit, il n'en est pas moins bon et offre une saveur proche des fanes de radis. Mangez-le le plus frais possible, car il a tendance à flétrir, ou conservez-le comme une salade, dans un sachet congélation avec le moins d'air possible. ■
Identification de Stellaria media (Caryophyllacées) Plante annuelle de 10 à 40 cm de hauteur, plus ou moins couchée, formant une touffe – ou chevelure – verdoyante à la fois dense et éparse, composée d'une multitude des tiges – rondes, fines, tendres et ourlées d'une ligne de poils très fins alternant d'un nœud à l'autre – elles-mêmes composées de petites feuilles pointues et de petites fleurs blanches étoilées. Feuilles très petites – max. 1 cm de long –, ovales, aiguës, opposées sur la tige, sessiles – sans pétiole – sur la partie supérieure, pétiolées sur la partie inférieure, vert clair à sombre, légèrement mates, au goût de noisette fraîche ou de petit pois. Fleurs minuscules de 0,3 à 0,5 cm de diamètre, blanches, composées de 5 pétales blancs profondément divisés en deux – comme des oreilles de lapin, ce qui, à première vue, donne l'impression qu'il y en a 10. Graines de la taille d'une graine de pavot, nichées dans des capsules ovoïdes et pubescentes – finement poilues. Habitat dans les jardins, les potagers, au bord des chemins, à la lisière des bois – sur les sols équilibrés, riches en matières organiques. Récolte de mars à novembre. kaizen • mai-juin 2016 • 77
je change
Cuisine
Le mouron des oiseaux … l’une des meilleures salades sauvages !
Vous recherchez une salade autre que la sempiternelle feuille de chêne ? Observez bien votre jardin ou le bord des chemins, il y a peut-être du mouron des oiseaux. Cette douce salade aux accents de noisette et de mâche comblera haut la main vos envies de saveurs vertes. Textes et photos : Linda Louis
Sauvage & délicieux !
L
e mouron des oiseaux, la plaie des jardiniers ? Beaucoup pestent contre cette « mauvaise » herbe qui pousse ici et là, à côté de la rhubarbe ou des courgettes, et l'arrachent à tout-va. Si elle prolifère sur votre terrain, c'est plutôt bon signe ! Une preuve que vous cultivez votre potager dans les règles de l'art et que votre terre est bien équilibrée, riche, mais sans excès, et limitée en pollution. Plante pionnière, le mouron des oiseaux niche également dans les pots de fleurs du jardin remplis d'un bon terreau fertile. Ses minuscules petites fleurs blanches étoilées – famille des stellaires, du latin stella : « étoile » – permettent de le reconnaître d'emblée. On évitera ainsi la confusion avec le mouron rouge, non comestible, aux fleurs rouges ou bleues (lire ci-dessous). Plutôt que de le mettre au compost, mangez-le ! La morgeline détient en effet la réputation – justifiée – d'être la meilleure salade sauvage qui soit. Délicieuse, douce, sans aucune amertume, elle peut se consommer telle quelle, sans nécessairement être panachée avec d'autres jeunes pousses de salade. Elle entre dans la composition de la fameuse salade japonaise composée de sept herbes printanières – nanakusa. Son nom, plutôt original, s'explique en deux temps. Tout d'abord, « mouron » est le nom révolu donné à la chevelure. Nous connaissons tous l'expression « se faire du mouron », autrement dit « des cheveux (blancs) » ; ou la formule, « ne plus avoir de mouron sur la cage », signifiant être chauve. Le port caractéristique en touffe de la stellaire intermédiaire donne l'effet d'une ondulante chevelure végétale. Et pourquoi « des oiseaux » ? Tout simplement parce que ces derniers raffolent de ses graines dorées, pas plus grosses que celles du pavot. On les distingue d'ailleurs au fond de l'évier quand on lave la plante. Amusez-vous à les croquer du bout des dents et découvrez à quel point elles sont goûteuses ! À ne pas confondre avec... Le mouron rouge ou bleu – Anagallis arvensis ou Anagallis foemina – de la famille des Primulacées – primevères –, non comestible – contient une saponine toxique, la cyclamine –, aux fleurs rouges ou bleues, entièrement sessile – sans « tige » sur la feuille –, aux feuilles ponctuées de noir dessous, à la tige carrée et glabre – sans poils. En cas de doute, goûtez une feuille et rejetez-la si elle est amère – test sans danger.
Vertus thérapeutiques et médicinales La plante est désaltérante et diurétique. Tonique grâce à sa bonne teneur en vitamines A et C, pectorale, légèrement laxative et riche en oligo-éléments, comme le très rare sélénium – effet antioxydant –, elle est recommandée pour les convalescents et les personnes fatiguées. On ne réalise pas de tisanes avec le mouron des oiseaux, mais des décoctions : 30 g de mouron bouilli dans 500 ml d'eau, jusqu'à réduction de la moitié – à boire en dehors des repas. Pour profiter pleinement de ses nutriments, réalisez un jus d'herbe à l'aide d'un extracteur. En cuisine Le mouron des oiseaux se cuisine comme une salade, donc accompagné de tous les légumes de saison. Il permet de réaliser des rouleaux de printemps savoureux. Cuit, il n'en est pas moins bon et offre une saveur proche des fanes de radis. Mangez-le le plus frais possible, car il a tendance à flétrir, ou conservez-le comme une salade, dans un sachet congélation avec le moins d'air possible. ■
Identification de Stellaria media (Caryophyllacées) Plante annuelle de 10 à 40 cm de hauteur, plus ou moins couchée, formant une touffe – ou chevelure – verdoyante à la fois dense et éparse, composée d'une multitude des tiges – rondes, fines, tendres et ourlées d'une ligne de poils très fins alternant d'un nœud à l'autre – elles-mêmes composées de petites feuilles pointues et de petites fleurs blanches étoilées. Feuilles très petites – max. 1 cm de long –, ovales, aiguës, opposées sur la tige, sessiles – sans pétiole – sur la partie supérieure, pétiolées sur la partie inférieure, vert clair à sombre, légèrement mates, au goût de noisette fraîche ou de petit pois. Fleurs minuscules de 0,3 à 0,5 cm de diamètre, blanches, composées de 5 pétales blancs profondément divisés en deux – comme des oreilles de lapin, ce qui, à première vue, donne l'impression qu'il y en a 10. Graines de la taille d'une graine de pavot, nichées dans des capsules ovoïdes et pubescentes – finement poilues. Habitat dans les jardins, les potagers, au bord des chemins, à la lisière des bois – sur les sols équilibrés, riches en matières organiques. Récolte de mars à novembre. kaizen • mai-juin 2016 • 77
je change
Foire Éco Bio 35
e édition
d’Alsace
5 8 mai 2016 Parc Expo de Colmar
MAI 4 au 8 mai / La Roche-sur-Grane (26) Initiation Lien à la Terre. Vous repartirez chez vous avec une compréhension globale, une lucidité, un ancrage nouveau sur votre interaction d'humain avec la vie. www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 5 et 6 mai / Vichel (63) Stage « Initiation à la permaculture », animé par Olivier Gruié. Cultiver son autonomie en harmonie avec la nature. lamaison.cheznous.coop 06 70 85 89 51
L’AGENDA KAIZEN 2016 MAI-JUIN
19 mai à 20 h 30 / La Ferté-Macé (61) Projection du film Le Sel de la terre, de Wim Wenders, sur Sebastião Salgado (lire Kaizen no 25), suivie d’un débat. www.viremoisdelaphoto.com [KAIZEN PRÉSENT ET PARTENAIRE] 27 au 30 mai / Paris Salon Naturally, 15e édition Paris Expo Porte de Versailles - 75015 www.vivez-nature.com [ÉVÉNEMENT KAIZEN] 30 mai à 20 h 30 / Paris Ciné-débat autour du film Tout s’accélère, en présence du réalisateur Gilles Vernet. Cinéma Le Chaplin - 24, place Denfert-Rochereau - 75014 www.kaizen-magazine.com/ calendrier
RENDEZ-VOUS 450 exposants, dégustations, conférences, cinéma, ateliers, concerts, contes, théâtre et restauration. AGRICULTURE - ALIMENTATION - ENVIRONNEMENT - SANTÉ - HABITAT - ÉNERGIE - ÉDUCATION - BIEN-ÊTRE - CULTURE - RELATIONS SOLIDAIRES
Entrée payante : 6 €, gratuite pour les moins de 14 ans. Garderie gratuite à partir de 3 ans. Plus d’informations : www.foireecobioalsace.fr
[KAIZEN PRÉSENT ET PARTENAIRE] 5 au 8 mai / Colmar (68) Foire Écobio d'Alsace, 35e édition. Parc des expositions www.foireecobioalsace.fr 09 77 69 11 23 9 au 14 mai / Val-Maravel (26) Stage « Arts de vie sauvage ». Vous découvrirez les techniques suivantes : feu par friction et par percussion, taille de silex, vannerie sauvage, travail du bois, abri et nourriture sauvages… www.ecolenaturesavoirs.com 04 75 21 43 84 14 et 15 mai / Lablachère (07) Stage « Les bases de l’apiculture » terre-humanisme.org 04 75 36 65 40
ATTENTE PUB
[CONFÉRENCE KAIZEN] 18 mai à 20 h / Lyon (69) Comment entretenir le désir d’apprendre ? Avec Philippe Meirieu, Dr Adrian Serban et Hélène Lacoste. Conférence animée par Pascal Greboval. Goethe-Institut - 18, rue François Dauphin - 69002 Réservations : www.kaizen-magazine. com/conferences [CONFÉRENCE KAIZEN] 19 mai à 20 h / Vienne (38) Entre 6 et 12 ans, comment vivre avec les autres ? Avec Emmanuelle Piquet et Muriel Fifils. Conférence animée par Pascal Greboval. Amphithéâtre Agora de l’Institut Robin - 1, cours Marc-Antoine Brillier Réservations : www.kaizen-magazine. com/conferences
[CONFÉRENCE KAIZEN] 31 mai à 20 h / Paris Comment entretenir le désir d’apprendre ? Avec Jacques Fradin, Antonella Verdiani et Ramin Farhangi. Conférence animée par Pascal Greboval. Goethe-Institut - 17, avenue d’Iéna - 75116 Réservations : www.kaizen-magazine. com/conferences
JUIN 4 et 5 juin / France entière Fête du vélo, 20e édition www.feteduvelo.fr • 01 49 35 69 34 6 au 10 juin / Lablachère (07) Stage « Cheminons vers l'autonomie » pour avoir les bases essentielles qui conduisent à l’autonomie familiale. terre-humanisme.org • 04 75 36 65 40 10 au 12 juin / Sainte-Croix (26) Stage « Sortir de la ville » : idées et perspectives pour s’installer en espace rural. www.ecolenaturesavoirs.com 04 75 21 43 84 12 juin / Limoges (87) Foire bio-écologique Coccinelles et compagnie. www.foire-bio-coccinelles-et-cie.org 06 32 05 48 92 13 au 17 juin / Saint-André-de-Lancize (48) Stage « Le Potager agroécologique niveau 1 » : pour acquérir les bases pratiques et théoriques pour démarrer. terre-humanisme.org • 04 75 36 65 40
14 et 15 juin / La Roche-sur-Grane (26) Initiation à l'Holacracy dispensée par Bernard Marie Chiquet. www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 [CONFÉRENCE KAIZEN] 23 juin / Marseille (13) Comment protéger la biodiversité de la Méditerranée ? Avec François Sarano. Conférence animée par Pascal Greboval. Friche La Belle de mai - 41, rue Jobin Réservations : www.kaizen-magazine. com/conferences 25 juin / La Roche-sur-Grane (26) Fête des Amanins pour la Terre et l'Humanisme : cette année, les Amanins fêtent les 10 ans de l'école du Colibri ! www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 25 et 26 juin / Montreuil (93) Estivales de la permaculture, 6e édition Prairie des Murs à pêches www.festival-permaculture.fr
PASSEZ À L’ACTE ! Si un magazine est un outil intéressant pour insuffler une nouvelle culture, Kaizen ne serait pas grand-chose sans les lecteurs et lectrices qui portent avec eux les idées du changement ! Nous vous proposons donc de vous/ nous rencontrer pour échanger, partager vos projets et construire ensemble. Pour ce faire, nous avons lancé les cafés Kaizen, dit Kawaa-Kaizen ! Après le succès rencontré par le premier Kawaa-Kaizen organisé fin mars à Paris sur le thème des jardins urbains, deux autres rencontres sont déjà prévues ! • 19 mai à 18 h 30 – parc Montsouris, Paris (75014) – Thème : Comment voir la nature et ses habitants ? dans le cadre de la Fête de la nature – Animation : François Lasserre • 1 6 juin à 19 h – Café Le Panama, Rennes (35) Thème : Voyager autrement Animation : Pascal Greboval Faites votre part ! Pour participer ou organiser à côté de chez vous, partout en France, un Kawaa-Kaizen, rendez-vous sur : www.kaizen-magazine.com/rencontres ou www.kawaa.co/fr/groupe/356/kaizen À vous de jouer !
kaizen • mai-juin 2016 • 85