Kaizen 27 : La lumière, clef du vivant, énergie de demain

Page 1

27

no 27

Des produits éthiques et riches de sens puisés au cœur des savoirs traditionnels.

27

juillet août 2016

DOSSIER

LA LUMIÈRE CLEF DU VIVANT, ÉNERGIE DE DEMAIN

Champ de thé à Uji - Japon Origine de nos thés : Sencha - Matcha -Guyokuro BONNES ADRESSES

Encens - épices -Thés - Tisanes- Fleurs

Partagez notre univers et nos valeurs sur WWW.AROMANDISE.COM

KAIZEN NO 27 JUILLET-AOÛT 2016

LE GOLFE DU MORBIHAN

SIESTE

MARCHE NORDIQUE

LES MÉDUSES

C’EST BON POUR LA SANTÉ

ÊTRE EN FORME FACILEMENT

UN ÉTÉ POUR LES AIMER

Belgique 6,50 € - Suisse 9,40 CHF


Magazine bimestriel numéro 27 Juillet-août 2016 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Oudin Directrice d’EKO LIBRIS Françoise Vernet Rédacteur en chef Pascal Greboval Rédactrice en chef adjointe Axelle Bibring-Pilliot Secrétaire de rédaction Diane Routex Éditeur Web Simon Beyrand Stagiaire pour ce numéro Jessica Robineau Direction artistique • hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Maquette et mise en pages Schuller-Graphic Contact info@kaizen-magazine.fr Tél. 01 56 03 54 71 Abonnements et commandes Camille Gaudy camille@kaizen-magazine.fr 19, rue Martel - 75010 Paris Photo de couverture : Hœdic, Morbihan, © Biosphoto/Laurent Laveder Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIREN : 539 732 990 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 92284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Vente au n° pour les diffuseurs Groupe HOMMELL Tél. 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peut être reproduit-e sans l’autorisation du magazine. Merci.

ssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssss

Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 142 720 € Siège social 95, rue du Faubourg-Saint-Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.com

Édito

Jeux de lumière

L

a lumière vous permet de lire ce magazine. Qu’elle soit naturelle ou artificielle, froide ou chaude, douce ou dure. C’est une évidence. Mais, comme le rappelle Christophe André dans sa chronique page 28, il y a tellement de choses évidentes qu’on oublie souvent. Sans lumière, point de lecture, pas de vie non plus, ou sous une forme qui ne serait pas celle que nous connaissons. Et c’est parce qu’elle est un élément essentiel de notre vie que nous lui consacrons un dossier. Contrairement à l’eau, l’air et la terre, elle n’est pas à préserver. La lumière n’est pas en danger. Nous sommes d’ailleurs plutôt confrontés à des excès de lux ! Par exemple, dans les rames du TGV, pourquoi les lumières sont-elles allumées en plein jour ? Ne sommes-nous plus capables de rester vingt secondes, le temps de traverser un tunnel à 200 kilomètres-heure, dans l’obscurité ? Cette abondance de lumière artificielle est-elle la réponse à une pénurie de lumière intérieure ? Je vous laisse répondre. L’été est un temps propice pour penser. La question est, avant tout, d’en faire bon usage. La façon dont nous l’utilisons peut changer notre manière de vivre. Elle améliore en partie notre qualité de vie. Ce qu’avait compris Godin en créant le familistère de Guise. La luminosité des appartements était l’un des « équivalents de richesse » instaurés pour les résidents, avec également la circulation de l'air ou l'accès à l'eau potable. Alors, le temps d’un été, oublions les lumières artificielles et profitons de toutes les lumières naturelles, de Pont-Aven à la Provence. Elles ont inspiré Gauguin et Van Gogh. Pas les néons du métro. Le métro n’existait pas ? Il faudra faire la lumière là-dessus ! La lumière aurait aussi un usage symbolique ? Peut-être était-ce le message métaphorique porté par un autre grand peintre, Rembrandt : la vie serait-elle la maîtrise d’un art subtil, celui du clair-obscur ? Toute l’équipe vous souhaite un bel été et de bonnes vacances. Pascal Greboval Rédacteur en chef

Kaizen, késako ? Kaizen est un mot japonais signifiant littéralement « changement bon ». Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un deuxième puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau.

kaizen • juillet-août 2016 • 3


kaizen 27

enerfip.fr

juillet-août 2016

6 Dans la boîte aux lettres de Kaizen

ELLES-ILS PENSENT DEMAIN

ELLES-ILS FONT LEUR PART

JE SUIS LE CHANGEMENT

8 Rencontre Philippe Bray : Sculpteur d’Arbres de vie

30 Dossier

64 Je vais bien, le monde va mieux La marche nordique 68 Do It Yourself Le verre, un matériau à tout faire !

13 Les pièces du puzzle La sieste, mère de toutes les vertus ?

La lumière, clef du vivant, énergie de demain

76 Cuisine

28 La voie du Kaizen Christophe André

48 Vent d’ailleurs Brésil : les favelas font leur transition écologique 53 Politisons ! par Cyril Dion 54 Et si on le faisait ensemble ? Les communes remettent en selle le cheval territorial 58 Créateurs de culture La Grande parade métèque, un carnaval haut en couleur

Crédit photo : Nis&For -

46 Portraits Cuisiniers à domicile : ils vous livrent partage, plaisir et bien-être !

26 Une nouvelle Le Portrait de Grez-sur Loing de Sylvain Lapoix

J’ai prêté 200€ à un projet local de production d’énergie photovoltaïque, pour que le futur se construise ici et avec moi.

72 Nos bonnes adresses Le golfe du Morbihan

17 Portfolio

Les méduses, impératrices des mers

Fanny, Green Business Angel

La myrtille des bois 83 Le sourire d’Yvan Saint-Jours 85 Les rendez-vous Kaizen 88 Paroles de Colibris 90 La chronique de Pierre Rabhi

VOUS AUSSI, DONNEZ UNE NOUVELLE ÉNERGIE À VOTRE ÉPARGNE. Avec Enerfip, solution de financement participatif, vous avez tout intérêt à soutenir le développement des énergies renouvelables en France. Éolien, solaire ou biomasse, dès 100€ et sans frais, investissez directement dans le projet de votre choix et bénéficiez de taux d’intérêt allant jusqu’à 6% brut ! Pour découvrir comment épargner dans le bon sens, rendezvous sur enerfip.fr

63 Écologie intérieure par Gilles Farcet Enerfip est immatriculée au RCS de Montpellier sous le numéro 804 231 546, au Registre Unique des Intermédiaires en Assurance, Banque et Finance (ORIAS) sous le n°15003274 et agréé par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) en tant que Conseiller en Investissements Participatifs .

4 • kaizen • numéro 27

Investir dans des obligations présente un risque de perte en capital et de liquidité. N’investissez que l’argent dont vous n’avez pas besoin immédiatement, et diversifiez votre épargne.


Rencontre

Philippe Bray

Sculpteur d’Arbres de vie Artiste sculpteur, Philippe Bray vit au milieu des Landes, en parfaite symbiose avec la nature qui l’entoure. Il y façonne des Arbres de vie, sièges uniques réalisés à partir de fûts. Bienvenue dans le monde vibratoire et bienveillant de Philippe, sculpteur de vie. Entretien réalisé par Delphine Evesque • Photos : Patrick Evesque

Delphine Evesque Pouvez-vous nous raconter la genèse de ces Arbres de vie ? Philippe Bray Il y a quelques années, j’ai fait un rêve : je me suis vu dans un arbre. Alors que je ne me rappelle que rarement de mes rêves, celui-ci m’a profondément marqué. J’ai vécu cette nuit-là une expérience d’unité intérieure indescriptible et un sentiment de plénitude profonde. Ce rêve était accompagné de mots : les arbres me disaient que leur vocation était de revenir dans les villes et chez les gens pour leur permettre de se reconnecter à la sagesse de la nature. Dès le lendemain, j’ai eu envie de sculpter. J’ai acheté cinq fûts, je les ai mis debout et j’ai cherché les mouvements de tronçonneuse appropriés pour creuser l’intérieur de l’arbre. Au bout de quelque temps, j’ai fini par trouver les gestes adéquats. Quand j’ai pu m’asseoir dedans pour la première fois, il était 2 heures du matin, je venais de terminer à la frontale. Il pleuvait, on était en plein

hiver et, après m’être blotti dans l’arbre, j’y suis resté trois quarts d’heure. Le temps s’était arrêté. J’ai pris conscience qu’il se passait autre chose que le simple fait d’être assis. Je ressentais un bien-être intérieur fort ; je me sentais protégé, serein, connecté à quelque chose de plus vaste que moi. Que faisiez-vous dans la vie à l’époque de ce rêve? J’étais artisan fustier 1 et j’avais déjà une connexion forte avec les arbres. Nos clients, après avoir emménagé dans leur maison en rondins, témoignaient régulièrement de la grande sérénité qu’ils éprouvaient. Lorsque j’ai fait ce rêve, mon entreprise tournait bien, nous avions des contrats réguliers de construction de fustes. Ce qui s’est produit alors reste pour moi une expérience de vie intense. Je me régalais tant à sculpter les fûts que je n’arrêtais pas de dire autour de moi : « Si j’avais du temps, je ne ferais que ça. » Et, chose kaizen • juillet-août 2016 • 9


Rencontre

Philippe Bray

Sculpteur d’Arbres de vie Artiste sculpteur, Philippe Bray vit au milieu des Landes, en parfaite symbiose avec la nature qui l’entoure. Il y façonne des Arbres de vie, sièges uniques réalisés à partir de fûts. Bienvenue dans le monde vibratoire et bienveillant de Philippe, sculpteur de vie. Entretien réalisé par Delphine Evesque • Photos : Patrick Evesque

Delphine Evesque Pouvez-vous nous raconter la genèse de ces Arbres de vie ? Philippe Bray Il y a quelques années, j’ai fait un rêve : je me suis vu dans un arbre. Alors que je ne me rappelle que rarement de mes rêves, celui-ci m’a profondément marqué. J’ai vécu cette nuit-là une expérience d’unité intérieure indescriptible et un sentiment de plénitude profonde. Ce rêve était accompagné de mots : les arbres me disaient que leur vocation était de revenir dans les villes et chez les gens pour leur permettre de se reconnecter à la sagesse de la nature. Dès le lendemain, j’ai eu envie de sculpter. J’ai acheté cinq fûts, je les ai mis debout et j’ai cherché les mouvements de tronçonneuse appropriés pour creuser l’intérieur de l’arbre. Au bout de quelque temps, j’ai fini par trouver les gestes adéquats. Quand j’ai pu m’asseoir dedans pour la première fois, il était 2 heures du matin, je venais de terminer à la frontale. Il pleuvait, on était en plein

hiver et, après m’être blotti dans l’arbre, j’y suis resté trois quarts d’heure. Le temps s’était arrêté. J’ai pris conscience qu’il se passait autre chose que le simple fait d’être assis. Je ressentais un bien-être intérieur fort ; je me sentais protégé, serein, connecté à quelque chose de plus vaste que moi. Que faisiez-vous dans la vie à l’époque de ce rêve? J’étais artisan fustier 1 et j’avais déjà une connexion forte avec les arbres. Nos clients, après avoir emménagé dans leur maison en rondins, témoignaient régulièrement de la grande sérénité qu’ils éprouvaient. Lorsque j’ai fait ce rêve, mon entreprise tournait bien, nous avions des contrats réguliers de construction de fustes. Ce qui s’est produit alors reste pour moi une expérience de vie intense. Je me régalais tant à sculpter les fûts que je n’arrêtais pas de dire autour de moi : « Si j’avais du temps, je ne ferais que ça. » Et, chose kaizen • juillet-août 2016 • 9


Dossier

La lumière

Clef du vivant, énergie de demain Rayons du Soleil qui nous réveillent le matin, lumière bleue de nos écrans qui peut perturber notre sommeil, éclairage artificiel chassant la nuit des grandes villes, panneaux solaires offrant une énergie renouvelable… Nous ne nous en rendons pas forcément compte, mais notre vie est régie par la lumière. Au lendemain de 2015, décrétée année internationale de la lumière par l’ONU, plongeons au cœur de la lumière, à la base de toute vie, et qui porte en elle les solutions de demain.

© Biosphoto/SPL - Science Photo Library/Babak Tafreshi/Twan

Dossier réalisé par Fanny Costes

30 • kaizen • numéro 27

kaizen • juillet-août 2016 • 31


Dossier

La lumière

Clef du vivant, énergie de demain Rayons du Soleil qui nous réveillent le matin, lumière bleue de nos écrans qui peut perturber notre sommeil, éclairage artificiel chassant la nuit des grandes villes, panneaux solaires offrant une énergie renouvelable… Nous ne nous en rendons pas forcément compte, mais notre vie est régie par la lumière. Au lendemain de 2015, décrétée année internationale de la lumière par l’ONU, plongeons au cœur de la lumière, à la base de toute vie, et qui porte en elle les solutions de demain.

© Biosphoto/SPL - Science Photo Library/Babak Tafreshi/Twan

Dossier réalisé par Fanny Costes

30 • kaizen • numéro 27

kaizen • juillet-août 2016 • 31


© Biosphoto/SPL - Science Photo Library/Babak Tafreshi/Twan

La lumière : clef du vivant, énergie de demain

De la lumière à la vie Essentielle à la photosynthèse et à la vision, source d’oxygène et de nourriture, la lumière est déterminante dans la régulation des cycles végétaux et animaux. La lumière et la vie ? Une subtile alchimie. « Toute activité organique fut bien évidemment à l’origine empruntée au soleil. […] Il ne faut pas perdre de vue que ces forces vives, aux aspects mouvants et compliqués, quelquefois nos impitoyables ennemies, souvent nos humbles servantes, sont descendues et descendent toujours sur notre planète de l’astre inépuisable », écrivait, en 1870, le chimiste Fernand Papillon 1. Avait-il raison ? Sans lumière solaire, la vie n’existerait pas ? « En tout cas, il n’y aurait pas la vie telle que nous la connaissons », répond Daniel Hennequin, phy36 • kaizen • numéro 27

sicien, chercheur au laboratoire de physique des lasers, atomes et molécules (PhLAM) du CNRS. Car certaines formes de vie ont réussi à se développer sans lumière. La présence de sources hydrothermales profondes, à proximité de volcans notamment, met en évidence l’existence de micro-organismes qui ne voient jamais la lumière. Toutefois, la diversité des espèces végétales et animales tout comme le fonctionnement de notre environnement et d’une majorité d’organismes sont indissociables de la lumière.

La lumière, source d’oxygène et de nourriture La compréhension du processus de la photosynthèse est essentielle pour saisir le lien entre lumière et vie. « Pour qu’il y ait vie, il faut des minéraux et du glucose. Si les humains avalent des aliments que leur organisme transforme en glucose, les plantes ne peuvent synthétiser le glucose du carbone capté dans l’atmosphère et de l’eau contenue dans la terre qu’en exploitant la lumière du Soleil », explique Daniel Hennequin. Ajoutons que les plantes ne sont pas les seules à « se nourrir » par photosynthèse, les algues et les cyanobactéries qui pullulent dans nos océans également. Aussi la lumière est-elle à la base de notre chaîne alimentaire. Surtout, la photosynthèse, par oxydation de l’eau, donne la capacité aux végétaux de produire l’air que nous respirons. Et cette histoire a commencé il y a près de 3 milliards d’années avec les cyanobactéries, premiers organismes identifiés usant de la photosynthèse. « L’oxygène se dégageant a d’abord servi à oxyder toutes les matières minérales, les métaux dont la Terre était constituée. Le gaz emprisonné dans la croûte terrestre a ensuite été libéré dans l’atmosphère et bombardé par les rayons ultraviolets émis par le Soleil. Ce phénomène a décomposé une partie de l’oxygène et l’a transformé en ozone. Ce qui a permis de protéger les organismes vivants des effets délétères des ultraviolets », racontait la photo-physico-chimiste Élisabeth Bardez sur les ondes de France Inter, en 2015 2. La lumière nous permet donc non seulement de manger et de respirer, mais nous protège aussi indirectement de son puissant rayonnement.

Sans lumière, ni vision ni couleurs La lumière détermine également l’aptitude des animaux à voir. Sans lumière, impossible pour l’œil de capter une forme ou une couleur. « La couleur n’existe pas en tant que telle. C’est la sensation que procure le cerveau lorsque la lumière frappe les photorécepteurs », explique le photo-physico-chimiste Bernard Valeur dans La Lumière et la vie (Belin, 2015). Et la perception de ces couleurs est vitale chez beaucoup d’espèces, car elles donnent des signaux qui vont permettre aux organismes de survivre. Elles interviennent ainsi dans la communication, la reproduction, la défense ou la pollinisation. « Les couleurs des animaux jouent […] un rôle écologique, c’est-à-dire un rôle dans les relations avec d'autres animaux et avec le milieu. Les pigments sont mis à profit pour se camoufler, effrayer des prédateurs ou les abuser, attirer un partenaire sexuel, alerter d'autres animaux, etc.

© Getty Images/iStockphoto/Nancy Nehring

Dossier

La vie sur Terre telle que nous la connaissons dépend étroitement de la lumière générée par le Soleil.

Plusieurs espèces ont, par exemple, la faculté par mimétisme de prendre des couleurs très voisines de celles de leur environnement (homochromie) : phasmes, papillons-feuilles, poissons plats sur des fonds sableux… et le fameux caméléon », souligne Bernard Valeur 3.

Régulation des cycles naturels La lumière et son alternance avec la nuit ont finalement conditionné la façon dont l’environnement et les êtres vivants croissent, dorment et se nourrissent au quotidien. Grâce aux photorécepteurs dont ils sont dotés, plantes et animaux perçoivent la différence entre obscurité et lumière. Les végétaux ont ainsi ajusté leur croissance et leur floraison selon la direction, la durée, l’intensité et la qualité de la lumière. L’hibernation est aussi largement liée à la lumière. « Le photopériodisme animal ne concerne pas un cycle journalier, dit circadien, mais annuel. Il est régi par la photopériode, c’est-à-dire la durée du jour. Et quand les jours raccourcissent, des signaux sont transmis de telle sorte que certains mammifères comme les marmottes, le hérisson et le hamster entrent en hibernation », rappelle Bernard Valeur. Nul doute donc que, sans lumière naturelle, l’environnement verdoyant et éclatant dans lequel nous vivons et la diversité des espèces qu’il accueille, nous y compris, ne pourraient survivre. n 1

La Revue des deux mondes, tome 88

2

www.franceinter.fr/emission-la-tete-au-carre-la-lumiere-et-la-vie

3

Dans « Les Couleurs dans la nature », article publié sur le site du CNRS.

POUR ALLER PLUS LOIN • Daniel Hennequin, B. Boulanger, S. Guellati-Khélifa et M. Stehle, Lumière en lumière, Du photon à l'Internet, EDP Sciences, 2016 • Élisabeth Bardez et Bernard Valeur, La Lumière et la vie, Une subtile alchimie, Belin, 2015

kaizen • juillet-août 2016 • 37


Les protecteurs des nuits étoilées

La lumière : clef du vivant, énergie de demain

Quand l’éclairage des villes s’économise Coûteux – 37 % de la facture d’électricité des collectivités selon l’Ademe – et polluant l’air et le ciel, l’éclairage public doit faire peau neuve. Quantité de solutions, souvent évidentes, parfois très innovantes, se répandent donc sur le territoire.

© Biosphoto/Laurent Laveder

M

38 • kaizen • numéro 27

ême si elle peut sembler tardive, la prise de conscience se généralise et les collectivités se mobilisent peu à peu pour modifier l’éclairage public. Quand les budgets le permettent ou qu’un nouveau quartier sort de terre, elles optent pour le remplacement des luminaires obsolètes – boules diffusantes, lampes à vapeur de mercure... – par des DELs, moins énergivores. Plus de la moitié du parc serait concernée. « On peut aussi réduire l’intensité de 30 à 40 % : la population ne s’en aperçoit souvent pas. Ou orienter les luminaires vers le sol pour ne pas éclairer le ciel », explique Gilles Bégout, vice-président de Limoges Métropole et chargé de la voirie et des déplacements urbains. L’agglomération de la capitale de la porcelaine est d’ailleurs allée plus loin en se portant volontaire pour expérimenter le procédé Lumiroute. Objectif : réduire l’éclairement – l’intensité lumineuse – de la chaussée et les sensations d’éblouissement. Deux sections routières de 200 mètres recouvertes de deux enrobés clairs différents, et éclairées par des lampadaires plus espacés et moins puissants, sont donc testées depuis janvier 2014. « Nous voulons montrer qu’on peut économiser entre 26 % et 40 % d’énergie. Mais le coût financier reste élevé et

La réduction et l’adaptation de l’éclairage extérieur ne sont pas seulement des enjeux économiques et climatiques. Ils sont aussi au cœur des mesures de protection de notre patrimoine naturel. C’est justement dans le but de préserver un ciel étoilé masqué par la pollution lumineuse que l’International Dark-Sky Association (IDA) a créé le label Réserve internationale du ciel étoilé (RICE). Premier labellisé en 2007, le parc national du Mont‑Mégantic, au Canada, a depuis été suivi par le parc national d'Exmoor en Angleterre ou, depuis 2013, par le territoire français du pic du Midi. « Ce label est une sorte de mode d’emploi de protection du ciel étoilé. Au départ réclamé par les astronomes dont le travail d’observation était très perturbé par l’éclairage nocturne artificiel, il s’avère être un guide pour améliorer l’éclairage des

251 communes de la RICE », estime Nicolas Bourgeois, chef de projet Unesco et RICE du pic du Midi. Car, pour obtenir le label, les territoires doivent entreprendre des mesures pour retrouver une bonne qualité du ciel, et cela commence par un grand travail sur l’éclairage. Les communes sont ainsi encouragées à modifier les usages de la lumière, en éliminant les flux émis vers le ciel, en éteignant certaines zones, en diminuant l’intensité d’éclairement, en remplaçant les vieux luminaires par des technologies plus flexibles… « Il ne s’agit donc pas forcément d’éteindre l’éclairage extérieur, mais d’encourager les élus à s’investir et investir pour qu’il soit plus respectueux de l’environnement au sol comme en l’air », ajoute Nicolas Bourgeois. darksky.org

nous réfléchissons déjà avec les entreprises routières à la création d’un enrobé à partir de déchets concassés de porcelaine », précise Gilles Bégout.

Un retour au noir protecteur ? À Quesnoy-sur-Deûle – Hauts-de-France –, commune périurbaine de 7 000 habitants, l’équipe municipale a décidé de couper l’éclairage public la nuit depuis mars 2015. « En rase campagne, l’éclairage est arrêté entre 23 heures et 5 heures du matin ; en zone agglomérée, entre 0 heure 30 et 5 heures 30 du dimanche au jeudi et entre 1 heure 30 et 6 heures du jeudi soir au dimanche matin », s’enthousiasme la maire de la ville, Rose-Marie Hallynck. Cette décision a pourtant fait grincer des dents : beaucoup s’inquiétaient pour leur sécurité. « Mais, lors du premier bilan, en novembre 2015, nous avons constaté que les chiffres de la délinquance communiqués par la gendarmerie avaient sensiblement baissé », indique la maire. Restent certains éternels réfractaires. « La peur du noir existe. Comme pour tout changement, s’y habituer prend du temps. Investir dans des DELs aurait un coût élevé et n’inviterait pas à changer nos comportements », tranche cette élue déterminée à moins gaspiller. D’ailleurs, en attendant la facture finale, les estimations lui donnent raison : entre 2013 et 2016, les coûts liés à l'éclairage public à Quesnoy passeraient de 65 000 euros à 35 000 euros. Ce retour de la nuit dans nos espaces urbanisés n’est pas unique en France. Des villes comme Blois (41), Givors (69), Épinal (88) et Arvieux (05) ont aussi choisi d’éteindre au cœur de la nuit. Pour allier sécurité et extinction des feux, d’autres optent pour l’éclairage à la demande. À Lyon, la passerelle de la Paix est plongée dans le noir durant quelques heures la nuit, mais tout passage détecté enclenche l’allu-

© Biosphoto/SPL - Science Photo Library/Babak Tafreshi/Twan

Dossier

mage des DEL. Chez nos voisins allemands, à Dörentrup, le concept d’éclairage à la demande est adopté depuis 2008. Dans la trentaine de rues éteintes chaque nuit, les rares passants peuvent allumer la lumière pendant 15 minutes après avoir envoyé un texto précisant leur itinéraire via le service Dial4light. Ainsi, sans plonger nos espaces publics dans le noir, nous pouvons au moins les tamiser. n POUR ALLER PLUS LOIN - www.lumiroute.fr

kaizen • juillet-août 2016 • 39


La lumière : clef du vivant, énergie de demain

Li-Fi, la lumière nous connectera Allumer la lumière pour se connecter à Internet, voilà ce que promet le Li-Fi. Plus rapide que le wifi, cette technologie n’émet aucune onde radioélectrique, ne traverse pas les murs et nécessite peu d’infrastructures. Des atouts qui intéressent particulièrement entreprises, établissements de santé et écoles. Explications.

L

© Biosphoto/Laurent Laveder

e Light Fidelity n’est pas une technologie nouvelle. Si son nom date bien du xxi e siècle, Alexander Graham Bell avait déjà démontré au xixe siècle avec son photophone la possibilité de transmettre des informations grâce aux fréquences lumineuses. « Le Li-Fi s’apparente à du morse optique. Il fonctionne grâce à une DEL. Pour transférer des données informatiques, qui ne sont qu'un enchaînement de 0 et de 1, elle s'allume et s'éteint 10 millions de fois par seconde. Les anciennes ampoules étaient beaucoup plus lentes. Voilà pourquoi le Li-Fi n’émerge qu’aujourd’hui », explique Suat Topsu, fondateur d’Oledcomm, entreprise pionnière du Li-Fi. Testé en laboratoires depuis le milieu des années 2000, le Li-Fi livre aujourd’hui tous ses atouts. Ce qui le constitue à la base, la lumière, ne traverse pas les corps, contrairement aux ondes radioélectriques utilisées par le wifi. Après avoir reconnu des cas d’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques, la France a, depuis 2015, interdit l’installation de boîtiers wifi dans les crèches et garderies. De leur côté, certains États d’Inde, ainsi que plusieurs villes d’Allemagne, d’Autriche, d’Angleterre, d ­ ’Irlande ou même Hérouville-Saint-Clair, dans le Calvados, ont déjà retiré toutes les installations wifi de leurs écoles. « Le Li-Fi offre une alternative pour fournir Internet, notamment dans les établissements où les normes électromagnétiques interdisent la présence

42 • kaizen • numéro 27

de wifi. Dans les hôpitaux, par exemple, où les ondes émises peuvent perturber le fonctionnement de certains appareils », souligne Édouard Lebrun, responsable du développement commercial du Li-Fi chez l’entreprise de luminaires Lucibel. Depuis mai 2015, l'hôpital de Perpignan teste ainsi les DELs Oledcomm dans son service d'urgences. Autre avantage de cet Internet issu de l’éclairage : il sécurise les données transmises par son utilisateur. Contrairement aux ondes radioélectriques du wifi, qui traversent les murs, les ondes lumineuses ne peuvent être captées que dans un espace restreint, sous un éclairage DEL prévu à cet effet. Dans les grandes entreprises, les secteurs liés à la défense ou les banques, où circulent des informations confidentielles, l’intérêt est non négligeable contre les risques de piratage. En 2012, le premier client ­d’Oledcomm a ainsi été le groupe Thales. Et le siège parisien de Sogeprom, filiale de la Société générale, teste aujourd’hui les premiers lampadaires Li-Fi de Lucibel, dont la commercialisation est prévue en septembre 2016.

La rapidité à moindre coût Mais le Li-Fi devrait conquérir un public bien plus large. D’abord parce qu’il affiche des capacités supérieures au wifi. « Les produits aujourd’hui commercialisés ont un débit cinq à vingt fois supérieur à celui d’une borne wifi », chiffre Suat Topsu. De plus, alors que les ampoules à incandescence sont interdites depuis 2015, les éclairagistes annoncent peu à peu renoncer à la fabrication de lampes fluocompactes. La DEL devrait donc devenir la norme. Sachant qu’on estime leur nombre à 20 milliards en 2020, la technologie Li-Fi n’aurait plus qu’à être ajoutée à une infrastructure déjà existante, quand, aujourd’hui, il faut tirer des lignes coûteuses pour les opérateurs. Mais le marché grand public n’est pas pour maintenant, « car en plus d’un luminaire DEL, il faut aujourd’hui se doter d’une clef Li-Fi. Les appareils grand public de type smartphone ou tablette ne sont pas équipés de l’émetteur pour recevoir le signal wifi. Cela engendre donc un coût supérieur », explique Édouard Lebrun. Un frein qui n’inquiète pas le fondateur d’Oledcomm, pour qui le Li-Fi deviendra une technologie de masse dès 2018, le temps que les fabricants de smartphones adaptent leurs appareils. « Et la population geek y viendra plus tôt. Il y a bien eu des clefs wifi au départ. Nous développons notamment une puce intégrable derrière les caméras des smartphones. Nous avons récemment présenté une première version de 2 cm sur 2 cm. Et nous comptons arriver à 0,8 mm sur 0,8 mm afin de pouvoir les intégrer dès 2018 », avance-t-il.

© Science Museum/SSPL/Biosphoto

Dossier

Une réponse dans la transition énergétique Pour lui, aucun doute, le Li-Fi va devenir le troisième plus grand réseau de communication après le réseau filaire et hertzien. D’autant que la seule connectivité n’est pas en jeu. À l’heure des grands engagements pour le climat, combiner l’éclairage DEL peu consommateur et la transmission de données permet d’économiser de l’énergie. « La plupart des villes dans le monde, en particulier dans les pays émergents, veulent mener une transition énergétique et une transition numérique. Deux transitions contradictoires au départ puisque la seconde invite à consommer une énergie que l’on veut économiser dans la première. Avec le Li-Fi, tout change », analyse Suat Topsu. Et, à ceux qui s’inquiètent de consommations supplémentaires dues à la nécessité d’allumer la lumière pour accéder au Li-Fi, il argue qu’« il en est de même de la borne wifi, qui consomme chaque heure l'équivalent de trois ampoules DEL, et ce 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Comme le Li-Fi permet de réduire le nombre de bornes‎wifi, même si on doit allumer quelques heures de plus dans la journée, le bilan énergétique est quand même positif. » Sans mener le Wifi à sa perte, qui garde l’avantage de la mobilité, le Li-Fi changera à coup sûr la manière dont nous nous éclairerons demain. n POUR ALLER PLUS LOIN www.oledcomm.com/fr www.lucibel.com

kaizen • juillet-août 2016 • 43


La lumière : clef du vivant, énergie de demain

Architecture : place à la lumière naturelle ! La lumière naturelle, bonne pour le moral, a aussi des atouts énergétiques non négligeables. Elle est l’un des fondements de l’architecture bioclimatique, même s’il faut prendre garde aux contrastes, comme l’illustre Vincent Pierré, dirigeant du bureau d’études Terranergie.

À

Saint-Dié-des-Vosges, l’amplitude thermique annuelle est élevée. C’est dans cette ville de 20 000 âmes au climat contrasté que s’est installé Vincent Pierré. Natif de la région, il y a acheté en 2011 une bâtisse de 1920 érigée sur trois niveaux. « À cette époque, les matériaux de construction ne permettaient pas de grandes ouvertures. Même si c’était le début de la généralisation des composants préfabriqués pour les linteaux, les fenêtres restent assez étroites et la lumière naturelle était donc relativement faible », raconte son propriétaire. C’est pourquoi ce féru d’architecture bioclimatique a décidé d’ajouter une extension dotée d’un mur de verre en 2013. « D’autant qu’aucune façade n’était vraiment bien exposée. De forme triangulaire, l’extension nous a permis d’obtenir deux grandes pièces, une au rez-de-chaussée, l’autre au premier étage bénéficiant d’une façade désormais exposée plein sud », poursuit Vincent Pierré. La recherche de la lumière est caractéristique de l’architecture moderne. « Pour un architecte, la lumière naturelle est primordiale. C’est la base de tout espace à vivre », rappelle Emmanuel Negroni, architecte designer, fondateur de l’agence Archivision. Et la problématique énergétique, mondialement partagée, a redonné à la lumière sa place de choix. La réglementation thermique en place, dite RT 2012,

© Biosphoto/Laurent Laveder

exige des constructions neuves un seuil d’éclairement naturel minimum. Objectif : limiter la consommation d’éclairage et de chauffage. « Elle impose un minimum de surface vitrée et cela évite que les promoteurs peu scrupuleux bâtissent des maisons de 90 m2 avec des ouvertures ridicules, obligeant leurs hôtes à s’éclairer artificiellement. Car construire en blocs de béton, cela coûte peu. Mais ce n’est pas ce qu’il y a de mieux pour les yeux, qui sont faits pour la lumière du Soleil. Et je ne parle pas du confort psychologique », interpelle Vincent Pierré.

Bien habiter grâce aux vertus du soleil Chez lui, la luminosité apportée par son mur de verre permet en plus un apport de chaleur passif. « Dès qu’il y a du soleil, on ne chauffe pas. Il n’y a aucun radiateur sur les 350 m2 de la maison. Nous avons simplement un petit poêle à bois placé en son centre, ainsi qu’un poêle bouilleur pour assurer la production d’eau chaude sanitaire quand notre système solaire thermique est insuffisant. Résultat : nous ne consommons que 6 stères de bois par an », détaille Vincent Pierré. Une précision, toutefois : la « serre » ne produit pas seule cet effet de confort. Cela est également rendu possible par la présence de murs de granit massifs et de 250 mm d’isolant sur toute la surface de la maison.

Une source d’équilibre à… équilibrer On aurait tort de croire qu’il faudrait généraliser la construction d’habitats majoritairement vitrés. « Avec une ossature en bois ou en paille, comme c’était le cas dans ma précédente maison, notre extension aurait été un enfer, car il n’y aurait pas eu de masse suffisante pour gérer les apports solaires », prévient le propriétaire de Saint-Dié. Il rappelle ainsi que la lumière a plusieurs composantes. Outre la lumière visible, intéressante en matière de vision, de qualité d’espace et d’économies d’éclairage, il y a aussi des infrarouges qui transportent une énorme quantité d’énergie. « Une fois qu’ils touchent un matériau, ils le réchauffent. C’est le mécanisme du solaire thermique. Et en plein mois de juin, le rayonnement solaire est d’1 kilowatt par mètre carré, l’équivalent d’un radiateur ouvert à fond ! », poursuit-il. Sans un matériau capable de capter, mais aussi de contenir cette énergie, impossible de transmettre la chaleur de manière homogène tout au long de l’année. « Sans lumière, on dépérirait. Mais il en faut la juste quantité, pour une question de bien-être, confirme Matthieu Cornier, architecte lyonnais. Sinon, on peut engendrer de véritables catastrophes l’été. Il faut doser les sources de lumière pour avoir un apport constant sans que cela soit inconfortable en hiver ou en été. » Outre le matériau du bâti, le climat dans lequel on vit doit donc également déterminer la manière dont on construit. Dans le nord et dans les endroits au climat contrasté, maximiser les apports solaires passifs se justifie. Dans le sud, beaucoup moins. « Si l’architecture méditerranéenne est assez refermée, c’est qu’en toute saison, il y a une luminosité naturelle forte, souligne Vincent Pierré. Si on a des bâtiments, c’est aussi pour se protéger des ambiances extérieures, sinon on habiterait dehors sous des bâches. » Et d’ajouter : « En architecture comme dans la vie, on ne doit pas faire de la lumière une religion. » Pour le confort visuel comme pour le confort thermique, tout est une question d’équilibre. n

Le bioclimatisme en quelques mots La démarche bioclimatique consiste à utiliser les éléments favorables du climat tout en se protégeant des éléments néfastes. Une maison bioclimatique est conçue pour capter l’énergie solaire, la stocker et la rediffuser à l’intérieur, notamment en orientant les pièces à vivre au sud avec des façades vitrées. Des matériaux de construction à grande inertie thermique, c’est-à-dire capables d’absorber une grande quantité d’énergie et de la restituer, réguleront la chaleur sur la journée.

© Vincent Pierré

Dossier

Inspirée de l'architecture bioclimatique, la rénovation de Vincent Pierré permet à ce dernier de se passer de chauffage. POUR ALLER PLUS LOIN - www.negroni-archivision.com


Q

Seu Antonio, habitant de Salgueiro, est le responsable du potager communautaire.

Vent d’ailleurs

Brésil : les favelas

font leur transition écologique À Rio de Janeiro, l’ONG Pro-Natura accompagne les favelas vers un développement économique attentif aux écosystèmes. Objectif : rompre le cercle vicieux formé par la pauvreté et la dégradation de l'environnement. Texte : Guillaume Jan • Photos : Elsa Leydier

48 • kaizen • numéro 27

uartier de Tijuca, dans le nord de Rio. Vissé à la façade vert et jaune d’une baraque de guingois, à l’angle d’un escalier à pic et d’une ruelle sinueuse descendue des hauteurs de la favela Salgueiro, un haut-parleur retient l’attention des passants depuis ce matin. L’amplificateur relaie des informations sur la vie locale et prodigue des conseils de santé et de nutrition, le tout entrecoupé par des rythmes de samba joyeuse et de funk fiévreux. « C’est la radio du quartier, explique Antonia Caetano Mascarenhas, responsable du projet Se Liga Salgueiro – « Réveille-toi Salgueiro ». Deux samedis par mois, nous proposons trois heures de programmes relayés par trente haut-parleurs. Nous arrivons à toucher la plupart des 6 300 habitants de la favela. » Créée en juillet 2015, cette radio est la première étape de l’ambitieux projet mené par l’ONG Pro-Natura : lutter contre la pauvreté et la dégradation de l'environnement dans les favelas de Rio de Janeiro. « Nous aidons les habitants à élaborer des solutions économiques qui leur permettront d’améliorer leur niveau de vie tout en préservant les ressources naturelles du lieu », précise la dynamique Antonia. Après quinze mois de concertation avec les résidents afin d’identifier les actions à mener en priorité – accès à l’eau et à l’électricité, traitement des déchets, transports vers le centre-ville –, la radio a été lancée pour faire passer les informations essentielles. L’émission de ce midi rappelle l’intérêt de manger des fruits et légumes cultivés localement, au moment où un potager communautaire d’environ 100 m², inauguré par l’ONG en décembre 2015, commence à produire ses premiers légumes biologiques : carottes, laitues, tomates, mais aussi maïs, épices, herbes médicinales… « Nous allons en ouvrir deux autres de 60 m2, glisse Antonia. Ces jardins partagés permettront aux habitants qui les cultivent de se nourrir, mais ils visent également à renforcer la cohésion sociale du quartier, qui n’est pacifié que depuis quelques années. »

à rassurer les investisseurs et les visiteurs avant la Coupe du monde de football de 2014 et les Jeux olympiques que la ville accueille du 5 au 21 août 2016, la plupart des favelas concernées jouissent aujourd’hui – provisoirement ? – d’une atmosphère plus sereine. L’argent de la drogue n’y est plus la principale source de revenus et l’avenir peut être envisagé avec davantage d’optimisme : « Le moment est venu de poser les bases d’une nouvelle économie, saine et respectueuse de l’environnement », estime Marcelo de Andrade, fondateur et président de Pro-Natura Brésil. C’est la municipalité de Rio qui a invité l’ONG, en 2014, à mettre en place le projet Se Liga Salgueiro, qui pourrait être ensuite dupliqué dans d’autres favelas. « Nous n’en sommes qu’au début, poursuit Marcelo. En 2017, nous transformerons les ordures du quartier Salgueiro en énergie. » Alors que près de la moitié de l’électricité des favelas provient de raccordements illégaux, l’ONG prépare la mise en place d’un réseau de collecte des déchets pour pouvoir les transformer en biogaz. Une ruelle à l'entrée de la favela Salgueiro.

Un projet pilote prêt à essaimer Pendant trois décennies, la plupart des 900 favelas de Rio ont été synonymes de trafic de cocaïne et de violence extrême, les autorités ayant progressivement délaissé ces bidonvilles bâtis illégalement. Dommage collatéral : cette urbanisation anarchique a détérioré les écosystèmes. À partir de 2008, la municipalité de Rio a souhaité reprendre le contrôle dans ces zones de non-droit, en menant plusieurs opérations de « pacification ». Si beaucoup considèrent que cette médiatique campagne de sécurisation visait avant tout kaizen • juillet-août 2016 • 49


Q

Seu Antonio, habitant de Salgueiro, est le responsable du potager communautaire.

Vent d’ailleurs

Brésil : les favelas

font leur transition écologique À Rio de Janeiro, l’ONG Pro-Natura accompagne les favelas vers un développement économique attentif aux écosystèmes. Objectif : rompre le cercle vicieux formé par la pauvreté et la dégradation de l'environnement. Texte : Guillaume Jan • Photos : Elsa Leydier

48 • kaizen • numéro 27

uartier de Tijuca, dans le nord de Rio. Vissé à la façade vert et jaune d’une baraque de guingois, à l’angle d’un escalier à pic et d’une ruelle sinueuse descendue des hauteurs de la favela Salgueiro, un haut-parleur retient l’attention des passants depuis ce matin. L’amplificateur relaie des informations sur la vie locale et prodigue des conseils de santé et de nutrition, le tout entrecoupé par des rythmes de samba joyeuse et de funk fiévreux. « C’est la radio du quartier, explique Antonia Caetano Mascarenhas, responsable du projet Se Liga Salgueiro – « Réveille-toi Salgueiro ». Deux samedis par mois, nous proposons trois heures de programmes relayés par trente haut-parleurs. Nous arrivons à toucher la plupart des 6 300 habitants de la favela. » Créée en juillet 2015, cette radio est la première étape de l’ambitieux projet mené par l’ONG Pro-Natura : lutter contre la pauvreté et la dégradation de l'environnement dans les favelas de Rio de Janeiro. « Nous aidons les habitants à élaborer des solutions économiques qui leur permettront d’améliorer leur niveau de vie tout en préservant les ressources naturelles du lieu », précise la dynamique Antonia. Après quinze mois de concertation avec les résidents afin d’identifier les actions à mener en priorité – accès à l’eau et à l’électricité, traitement des déchets, transports vers le centre-ville –, la radio a été lancée pour faire passer les informations essentielles. L’émission de ce midi rappelle l’intérêt de manger des fruits et légumes cultivés localement, au moment où un potager communautaire d’environ 100 m², inauguré par l’ONG en décembre 2015, commence à produire ses premiers légumes biologiques : carottes, laitues, tomates, mais aussi maïs, épices, herbes médicinales… « Nous allons en ouvrir deux autres de 60 m2, glisse Antonia. Ces jardins partagés permettront aux habitants qui les cultivent de se nourrir, mais ils visent également à renforcer la cohésion sociale du quartier, qui n’est pacifié que depuis quelques années. »

à rassurer les investisseurs et les visiteurs avant la Coupe du monde de football de 2014 et les Jeux olympiques que la ville accueille du 5 au 21 août 2016, la plupart des favelas concernées jouissent aujourd’hui – provisoirement ? – d’une atmosphère plus sereine. L’argent de la drogue n’y est plus la principale source de revenus et l’avenir peut être envisagé avec davantage d’optimisme : « Le moment est venu de poser les bases d’une nouvelle économie, saine et respectueuse de l’environnement », estime Marcelo de Andrade, fondateur et président de Pro-Natura Brésil. C’est la municipalité de Rio qui a invité l’ONG, en 2014, à mettre en place le projet Se Liga Salgueiro, qui pourrait être ensuite dupliqué dans d’autres favelas. « Nous n’en sommes qu’au début, poursuit Marcelo. En 2017, nous transformerons les ordures du quartier Salgueiro en énergie. » Alors que près de la moitié de l’électricité des favelas provient de raccordements illégaux, l’ONG prépare la mise en place d’un réseau de collecte des déchets pour pouvoir les transformer en biogaz. Une ruelle à l'entrée de la favela Salgueiro.

Un projet pilote prêt à essaimer Pendant trois décennies, la plupart des 900 favelas de Rio ont été synonymes de trafic de cocaïne et de violence extrême, les autorités ayant progressivement délaissé ces bidonvilles bâtis illégalement. Dommage collatéral : cette urbanisation anarchique a détérioré les écosystèmes. À partir de 2008, la municipalité de Rio a souhaité reprendre le contrôle dans ces zones de non-droit, en menant plusieurs opérations de « pacification ». Si beaucoup considèrent que cette médiatique campagne de sécurisation visait avant tout kaizen • juillet-août 2016 • 49


À

Les communes remettent

en selle le cheval territorial De plus en plus de collectivités territoriales misent sur le cheval de trait pour remplir leurs missions de service public. En France, environ 200 communes y ont ainsi recours, principalement pour le ramassage scolaire, la collecte de déchets et l’entretien des espaces verts. Le tout dans la bienveillance. Tiercé gagnant d’un point de vue écologique et social. Texte :  Aude Raux 54 • kaizen • numéro 27

ou la collecte des déchets, comme à Pont‑Sainte‑Marie – environ 5 000 habitants –, dans l’Aube. « Nous avons lancé l’expérience en 2009, se souvient le maire, Pascal Landréat. En matière de tri sélectif, on stagnait, tant au niveau de la quantité de déchets collectés que de leur qualité. L’idée du cheval territorial m’est venue après le visionnage d’un reportage sur un cheval qui aidait à ramasser des déchets sur une plage. » C’est ainsi que l’attelage a remplacé le camion pour recueillir les sacs jaunes des habitants. Avec succès, à écouter le maire : au bout de six mois, les tonnages de collecte, gérée par la société Hippo‑écolo, ont augmenté de 18 %. « Car le cheval est le meilleur ambassadeur du tri, constate Pascal Landréat. Grâce à lui, les habitants trient davantage, et mieux, leurs déchets. Je n’ai même pas eu besoin de faire une campagne de communication pour les y inciter. Le fait de remettre du vivant en zone urbaine a un impact psychologique positif sur les gens. L’été, on les voit s’attarder au passage du cheval. » En récompense de ces progrès, l’aide versée à Pont‑Sainte-Marie par Éco-emballages est passée de 17 000 € à 40 000 € par an. Depuis, sept autres communes de l’agglomération de Troyes ont décidé de transposer l’initiative sur leur territoire : en juillet 2016, la collecte hippomobile concerne 30 000 habitants du Grand Troyes. Après avoir essuyé les critiques au sein même de son conseil municipal, Pascal Landréat jubile : « L’idée de la collecte hippomobile était au départ considérée comme folklorique, voire ringarde. On m’a reproché de

Ramassage scolaire, collecte des déchets et entretien des espaces verts « Ce service municipal gratuit, géré en régie, date de 2011, souligne Max Rascalou, adjoint à l’hippomobilité. Le principal atout est d’ordre écologique : il n’y a plus d’embouteillages dans le centre, ni de bruits de klaxon ni de disputes ! » En un mot, plus de respect, pour l’environnement comme pour les gens. En témoigne Richard Moreau, groom chargé de l’accueil des enfants et de l’entretien des chevaux : « Avec mes deux coéquipiers, le meneur et celui qui va se mettre auprès des chevaux à chaque arrêt, on transmet aux enfants, humblement, le respect des êtres vivants. Créer une relation avec l’animal est un bon moyen pour appréhender cette valeur dans sa globalité. J’observe aussi que les enfants arrivent détendus à l’école. Ils sont ainsi plus aptes à recevoir les enseignements qu’en ayant démarré leur journée avec des “Allez, dépêche-toi, saute dans la voiture, vite !”Pour nous tous, c’est une belle aventure. »

Environ 200 communes françaises misent sur le cheval territorial Une aventure que vivent 200 communes environ en France, selon la Commission nationale des chevaux territoriaux. Que ce soit pour le transport scolaire

À Vendargues, les élèves se rendent à l'école en hippobus.

© Mairie de Vendargues

Et si on le faisait ensemble ?

© Éléonore Henry de Frahan

Vendargues, dans l’Hérault, le ramassage scolaire se fait en 2 CV. Comprenez : en roulotte tirée par… deux chevaux ! 8 h 15 : Baptiste, élève en CM2, attend l’hippobus à l’arrêt installé à 10 mètres de sa maison. « Comme on arrive à l’école à 8 h 50, j’ai le temps de discuter avec les copains. Et puis, je peux caresser Quignon, l’un des deux chevaux. » Stanislas Loyau, son papa, est conquis : « C’est magique. On crée de beaux souvenirs à mon fils. Depuis que nous ne le conduisons plus en voiture, il gagne également en autonomie, et ce, en toute sécurité : l’équipe d’encadrants est très vigilante. Enfin, pour nous, parents, cela nous évite d’aller dans le centre en voiture et, contrairement au car, on limite l’empreinte carbone. » En cette année scolaire 2015-2016, 106 élèves de trois écoles primaires et une maternelle sont inscrits à l’hippobus de Vendargues – environ 6 000 habitants. Tous les matins et en fin d’après-midi, deux calèches, de 24 places chacune, sillonnent la commune sur près de quatre kilomètres pour marquer l’un des 12 arrêts d’hippobus.

kaizen • juillet-août 2016 • 55


À

Les communes remettent

en selle le cheval territorial De plus en plus de collectivités territoriales misent sur le cheval de trait pour remplir leurs missions de service public. En France, environ 200 communes y ont ainsi recours, principalement pour le ramassage scolaire, la collecte de déchets et l’entretien des espaces verts. Le tout dans la bienveillance. Tiercé gagnant d’un point de vue écologique et social. Texte :  Aude Raux 54 • kaizen • numéro 27

ou la collecte des déchets, comme à Pont‑Sainte‑Marie – environ 5 000 habitants –, dans l’Aube. « Nous avons lancé l’expérience en 2009, se souvient le maire, Pascal Landréat. En matière de tri sélectif, on stagnait, tant au niveau de la quantité de déchets collectés que de leur qualité. L’idée du cheval territorial m’est venue après le visionnage d’un reportage sur un cheval qui aidait à ramasser des déchets sur une plage. » C’est ainsi que l’attelage a remplacé le camion pour recueillir les sacs jaunes des habitants. Avec succès, à écouter le maire : au bout de six mois, les tonnages de collecte, gérée par la société Hippo‑écolo, ont augmenté de 18 %. « Car le cheval est le meilleur ambassadeur du tri, constate Pascal Landréat. Grâce à lui, les habitants trient davantage, et mieux, leurs déchets. Je n’ai même pas eu besoin de faire une campagne de communication pour les y inciter. Le fait de remettre du vivant en zone urbaine a un impact psychologique positif sur les gens. L’été, on les voit s’attarder au passage du cheval. » En récompense de ces progrès, l’aide versée à Pont‑Sainte-Marie par Éco-emballages est passée de 17 000 € à 40 000 € par an. Depuis, sept autres communes de l’agglomération de Troyes ont décidé de transposer l’initiative sur leur territoire : en juillet 2016, la collecte hippomobile concerne 30 000 habitants du Grand Troyes. Après avoir essuyé les critiques au sein même de son conseil municipal, Pascal Landréat jubile : « L’idée de la collecte hippomobile était au départ considérée comme folklorique, voire ringarde. On m’a reproché de

Ramassage scolaire, collecte des déchets et entretien des espaces verts « Ce service municipal gratuit, géré en régie, date de 2011, souligne Max Rascalou, adjoint à l’hippomobilité. Le principal atout est d’ordre écologique : il n’y a plus d’embouteillages dans le centre, ni de bruits de klaxon ni de disputes ! » En un mot, plus de respect, pour l’environnement comme pour les gens. En témoigne Richard Moreau, groom chargé de l’accueil des enfants et de l’entretien des chevaux : « Avec mes deux coéquipiers, le meneur et celui qui va se mettre auprès des chevaux à chaque arrêt, on transmet aux enfants, humblement, le respect des êtres vivants. Créer une relation avec l’animal est un bon moyen pour appréhender cette valeur dans sa globalité. J’observe aussi que les enfants arrivent détendus à l’école. Ils sont ainsi plus aptes à recevoir les enseignements qu’en ayant démarré leur journée avec des “Allez, dépêche-toi, saute dans la voiture, vite !”Pour nous tous, c’est une belle aventure. »

Environ 200 communes françaises misent sur le cheval territorial Une aventure que vivent 200 communes environ en France, selon la Commission nationale des chevaux territoriaux. Que ce soit pour le transport scolaire

À Vendargues, les élèves se rendent à l'école en hippobus.

© Mairie de Vendargues

Et si on le faisait ensemble ?

© Éléonore Henry de Frahan

Vendargues, dans l’Hérault, le ramassage scolaire se fait en 2 CV. Comprenez : en roulotte tirée par… deux chevaux ! 8 h 15 : Baptiste, élève en CM2, attend l’hippobus à l’arrêt installé à 10 mètres de sa maison. « Comme on arrive à l’école à 8 h 50, j’ai le temps de discuter avec les copains. Et puis, je peux caresser Quignon, l’un des deux chevaux. » Stanislas Loyau, son papa, est conquis : « C’est magique. On crée de beaux souvenirs à mon fils. Depuis que nous ne le conduisons plus en voiture, il gagne également en autonomie, et ce, en toute sécurité : l’équipe d’encadrants est très vigilante. Enfin, pour nous, parents, cela nous évite d’aller dans le centre en voiture et, contrairement au car, on limite l’empreinte carbone. » En cette année scolaire 2015-2016, 106 élèves de trois écoles primaires et une maternelle sont inscrits à l’hippobus de Vendargues – environ 6 000 habitants. Tous les matins et en fin d’après-midi, deux calèches, de 24 places chacune, sillonnent la commune sur près de quatre kilomètres pour marquer l’un des 12 arrêts d’hippobus.

kaizen • juillet-août 2016 • 55


je change

L

Je vais bien, le monde va mieux

La marche nordique

Pour des balades pleines de vitalité Marcher, c’est bien. Le faire d’un pas vif et rythmé tout en travaillant son souffle et l’ensemble des muscles de son corps, c’est encore mieux et rendu possible grâce à la marche nordique, une pratique douce et accessible au plus grand nombre, qui arrive tout droit de Scandinavie. Texte et photos : Véronique Bury 64 • kaizen • numéro 27

es week-ends, au bois de Vincennes, on assiste souvent au même spectacle. Dès que les rayons du soleil réchauffent l’atmosphère, les coureurs chaussent leurs baskets, les promeneurs se retrouvent au bord du lac et les bandes d’amis s’installent autour d’énormes pique-niques. Mais, depuis peu, une autre catégorie de personnes s’active aussi, bâtons en mains, sur les sentiers de ce parc parisien : les amateurs de marche nordique. Ce samedi matin, ils sont d’ailleurs une cinquantaine de l’Athlétique Club de Paris-Joinville à s’être donné rendez-vous pour une heure et demie de balade cadencée. « Je suis devenue accro ! », sourit Claudine, 63 ans, qui, malgré une seule année de pratique, ne raterait pour rien au monde sa séance hebdomadaire. « Cela m’apporte un réel bien-être ! » Même enthousiasme pour Clément, 66 ans, qui a enfin trouvé une alternative à la course à pied : « Aujourd’hui, je me sens à nouveau en forme. Je me suis remusclé et j’ai retrouvé une bonne condition physique. En plus, c’est une activité de plein air : le top ! » Mais, de quoi parle-t-on au juste ? De randonnée ? « Non ! », répondent de concert les pratiquants. Certes, l’idée consiste bien à marcher dans la nature à l’aide de bâtons, mais la comparaison s’arrête là. « La marche nordique est une marche améliorée avec bâtons qui exige un minimum de technicité », prévient Claude Leroy, le coach de la séance. Les bâtons, différents de ceux utilisés dans le cadre de la randonnée, servent en effet à se propulser vers l’avant et à travailler le haut du corps grâce à un mouvement coordonné des bras et des jambes. « C’est une marche plus dynamique et plus sportive, car 80 % des chaînes musculaires sont sollicitées : les membres inférieurs, bien sûr, mais également les muscles du dos, les abdominaux et les bras. Comparativement à la marche traditionnelle, où l’on ne travaille que le bas du corps, on dépense donc 40 % d’énergie en plus. » L’utilisation des bâtons permet aussi de « soulager les articulations, s’équilibrer, favoriser l’auto-grandissement du corps, ouvrir la cage thoracique et avoir ainsi une meilleure ventilation ».

et la longueur des parcours empruntés ». Frédérique, 65 ans, a débuté ainsi, il y a quatre ans. « À l’époque, je fumais beaucoup et je manquais énormément de souffle », explique-t-elle tout en continuant à suivre ses camarades qui s’enfoncent dans le bois. « Maintenant, je me sens nettement mieux et j’ai considérablement diminué ma consommation de cigarettes. » À ses côtés, Karine et Delphine, deux quadragénaires, affichent un large sourire, ravies elles aussi d’avoir opté pour un sport qui réponde à leur besoin. La première y trouve un excellent moyen pour entretenir sa condition physique avant de se remettre au tennis, et la seconde apprécie le fait de travailler son souffle tout en préservant son dos. « C’est un sport très complet d’un point de vue musculaire et cardiaque », reconnaît Delphine, qui aime « pouvoir varier le rythme en fonction de [s]a forme ». Karine, elle, mentionne le côté « convivial » de l’activité, car « on peut s’entraîner tout en discutant ! » Enfin… Tant que la cadence de la sortie ne grimpe pas trop en intensité ! Car les plus expérimentés n’hésitent pas à marcher à plus de 7 km/h, se rapprochant ainsi du rythme d’un joggeur amateur. C’est d’ailleurs l’un des principaux avantages de cette activité : que l’on soit sportif ou non, jeune ou moins jeune, compétiteur ou pas, chacun peut l’adapter à son niveau et à ses besoins. Pour être plus en forme, perdre du poids ou tout simplement pour réveiller son corps et son esprit. n ne convention a été signée entre la Fédération française d'athléU tisme et la Fédération française de pneumologie pour proposer des séances adaptées aux patients sortant d’un circuit de soins médicaux.

1

Une activité adaptée à tous Mais ce n’est pas tout ! En plus de déverrouiller le corps en lui redonnant une certaine mobilité et tonicité, la marche nordique permet un apprentissage et une montée en intensité tout en douceur. « C’est une activité d'endurance parfaitement adaptée aux personnes en surpoids ou qui n’ont jamais fait de sport », souligne Claude Leroy, qui propose une séance hebdomadaire pour les insuffisants respiratoires 1 « en adaptant le rythme de la marche [4 à 5 km/h contre 6 à 8 pour les groupes expérimentés] kaizen • juillet-août 2016 • 65


je change

L

Je vais bien, le monde va mieux

La marche nordique

Pour des balades pleines de vitalité Marcher, c’est bien. Le faire d’un pas vif et rythmé tout en travaillant son souffle et l’ensemble des muscles de son corps, c’est encore mieux et rendu possible grâce à la marche nordique, une pratique douce et accessible au plus grand nombre, qui arrive tout droit de Scandinavie. Texte et photos : Véronique Bury 64 • kaizen • numéro 27

es week-ends, au bois de Vincennes, on assiste souvent au même spectacle. Dès que les rayons du soleil réchauffent l’atmosphère, les coureurs chaussent leurs baskets, les promeneurs se retrouvent au bord du lac et les bandes d’amis s’installent autour d’énormes pique-niques. Mais, depuis peu, une autre catégorie de personnes s’active aussi, bâtons en mains, sur les sentiers de ce parc parisien : les amateurs de marche nordique. Ce samedi matin, ils sont d’ailleurs une cinquantaine de l’Athlétique Club de Paris-Joinville à s’être donné rendez-vous pour une heure et demie de balade cadencée. « Je suis devenue accro ! », sourit Claudine, 63 ans, qui, malgré une seule année de pratique, ne raterait pour rien au monde sa séance hebdomadaire. « Cela m’apporte un réel bien-être ! » Même enthousiasme pour Clément, 66 ans, qui a enfin trouvé une alternative à la course à pied : « Aujourd’hui, je me sens à nouveau en forme. Je me suis remusclé et j’ai retrouvé une bonne condition physique. En plus, c’est une activité de plein air : le top ! » Mais, de quoi parle-t-on au juste ? De randonnée ? « Non ! », répondent de concert les pratiquants. Certes, l’idée consiste bien à marcher dans la nature à l’aide de bâtons, mais la comparaison s’arrête là. « La marche nordique est une marche améliorée avec bâtons qui exige un minimum de technicité », prévient Claude Leroy, le coach de la séance. Les bâtons, différents de ceux utilisés dans le cadre de la randonnée, servent en effet à se propulser vers l’avant et à travailler le haut du corps grâce à un mouvement coordonné des bras et des jambes. « C’est une marche plus dynamique et plus sportive, car 80 % des chaînes musculaires sont sollicitées : les membres inférieurs, bien sûr, mais également les muscles du dos, les abdominaux et les bras. Comparativement à la marche traditionnelle, où l’on ne travaille que le bas du corps, on dépense donc 40 % d’énergie en plus. » L’utilisation des bâtons permet aussi de « soulager les articulations, s’équilibrer, favoriser l’auto-grandissement du corps, ouvrir la cage thoracique et avoir ainsi une meilleure ventilation ».

et la longueur des parcours empruntés ». Frédérique, 65 ans, a débuté ainsi, il y a quatre ans. « À l’époque, je fumais beaucoup et je manquais énormément de souffle », explique-t-elle tout en continuant à suivre ses camarades qui s’enfoncent dans le bois. « Maintenant, je me sens nettement mieux et j’ai considérablement diminué ma consommation de cigarettes. » À ses côtés, Karine et Delphine, deux quadragénaires, affichent un large sourire, ravies elles aussi d’avoir opté pour un sport qui réponde à leur besoin. La première y trouve un excellent moyen pour entretenir sa condition physique avant de se remettre au tennis, et la seconde apprécie le fait de travailler son souffle tout en préservant son dos. « C’est un sport très complet d’un point de vue musculaire et cardiaque », reconnaît Delphine, qui aime « pouvoir varier le rythme en fonction de [s]a forme ». Karine, elle, mentionne le côté « convivial » de l’activité, car « on peut s’entraîner tout en discutant ! » Enfin… Tant que la cadence de la sortie ne grimpe pas trop en intensité ! Car les plus expérimentés n’hésitent pas à marcher à plus de 7 km/h, se rapprochant ainsi du rythme d’un joggeur amateur. C’est d’ailleurs l’un des principaux avantages de cette activité : que l’on soit sportif ou non, jeune ou moins jeune, compétiteur ou pas, chacun peut l’adapter à son niveau et à ses besoins. Pour être plus en forme, perdre du poids ou tout simplement pour réveiller son corps et son esprit. n ne convention a été signée entre la Fédération française d'athléU tisme et la Fédération française de pneumologie pour proposer des séances adaptées aux patients sortant d’un circuit de soins médicaux.

1

Une activité adaptée à tous Mais ce n’est pas tout ! En plus de déverrouiller le corps en lui redonnant une certaine mobilité et tonicité, la marche nordique permet un apprentissage et une montée en intensité tout en douceur. « C’est une activité d'endurance parfaitement adaptée aux personnes en surpoids ou qui n’ont jamais fait de sport », souligne Claude Leroy, qui propose une séance hebdomadaire pour les insuffisants respiratoires 1 « en adaptant le rythme de la marche [4 à 5 km/h contre 6 à 8 pour les groupes expérimentés] kaizen • juillet-août 2016 • 65


je change

© Pierre Bouras

Nos bonnes adresses

Le long du golfe bleu et vert

Le Morbihan – du breton, signifiant la petite (bihan) mer (mor) – doit son nom au golfe éponyme. Donc facile d’en faire le tour à pied ou à vélo, facile d’y naviguer en canoë ou en stand up paddle et facile d’y trouver des adresses en harmonie avec ce territoire. Texte et photos : Pascal Greboval • Dessin : Manu Thuret

Découvrir la nature « Puisque nous avons installé des hôtels à insectes et des nichoirs à chauves-souris, on peut bien héberger quelques touristes », résume dans un grand sourire Claude, le bienheureux propriétaire du Camping La Fontaine du Hallate e. Sur 3 hectares arborés – dotés d’un petit jardin en permaculture où les estivants peuvent cueillir légumes et aromates –, vous avez le choix entre de beaux emplacements pour camper à un prix raisonnable – 17 euros pour deux par nuit –, des mobil-homes classiques, 72 • kaizen • numéro 27

une yourte, un pod – ou hutte de camping – et un kota – chalet finlandais –, regroupés dans un « petit village d’ailleurs ». Après avoir transformé la ferme familiale en aire naturelle de camping en 1993, Claude et Élisabeth ont augmenté et amélioré la capacité d’accueil en 2000, tout en gardant le même esprit : être proche de la nature. Pour être cohérents avec leurs valeurs et réduire l’empreinte carbone du camping, ils ont mis en place différentes solutions vertueuses. « Grâce à l’installation de panneaux photovoltaïques, nous produisons plus d’électricité que nous n’en avons besoin : c’est un camping à énergie positive », affirme Claude. L’eau chaude est produite

à 95 % par les panneaux solaires thermiques. Enfin, la consommation d’eau se limite à 65 litres par nuitée, contre 150 litres pour un camping classique. Résultat : ce coin de paradis est l’unique camping au monde certifié Green Globe ! Quand un mobil-home est hors d’usage, Claude le recycle : un a été transformé en salon de thé, un autre en espace de bien-être. « Tout ceci a été rendu possible grâce aux touristes, qui se comportent comme des partenaires », conclut Claude. Qui donnant son avis sur le débit de la douche, qui sur le compost, etc. Bref, un bel endroit où l’on aimerait rester pour écouter les oiseaux et le silence… Mais le golfe recèle d’autres merveilles. Pour les découvrir, deux adresses complémentaires : la maison du parc naturel régional du golfe du Morbihan et la Maison de la nature. Dans la première, vous trouverez des suggestions de sorties organisées par le parc naturel régional, comme des balades ornithologiques autour de Sarzeau – inscriptions auprès de l’office de tourisme de Sarzeau – ou par des prestataires « labellisés » par le parc : sortie en kayak, en bateau avec un pêcheur de bars, etc. La seconde propose tout au long de l’année de découvrir l’environnement et la biodiversité du territoire à travers des ateliers et des animations.

e

r

Manger Le grand air, la nature, la mer, ça creuse ! Où se restaurer dans le golfe ? Avec la kyrielle de producteurs bio présents sur le territoire, l’occasion de manger sainement est garantie. Vous n’êtes évidemment pas obligé de faire le tour de tous les producteurs, sauf si vous voulez les rencontrer… Ce qui peut être fort intéressant. La plupart se sont regroupés dans des lieux de vente pour proposer leurs produits en direct, sans intermédiaire, en tenant des permanences, comme au Local bio r , à Séné, aux Producteurs du coin, à Vannes, et au Court circuit, à Sarzeau. Des petits et grands magasins bio, qui se ravitaillent en partie chez ces mêmes producteurs, sont présents dans tout le golfe. Comme celui de Carnac, Carnac côté bio, en plein centre, tenu par la dynamique Maïwenn. Plutôt envie de goûter des plats cuisinés par des mains expertes ? À Vannes, deux coups gagnants assurés : à L'EntreChoc t, Caroline et Emmanuelle, deux charmantes sœurs, vous accueillent avec le sourire de 10 heures à 19 heures. Le midi, c’est « une petite restauration, avec des tartes, quiches, soupes, risottos, et un menu qui change toutes les semaines ». Les produits sont bio et locaux. En signant la charte Vegoresto, elles s’engagent à proposer un plat et un dessert 100 % végétal par jour. Le reste de la journée, c’est un endroit zen, sur la terrasse comme

t

kaizen • juillet-août 2016 • 73


je change

© Pierre Bouras

Nos bonnes adresses

Le long du golfe bleu et vert

Le Morbihan – du breton, signifiant la petite (bihan) mer (mor) – doit son nom au golfe éponyme. Donc facile d’en faire le tour à pied ou à vélo, facile d’y naviguer en canoë ou en stand up paddle et facile d’y trouver des adresses en harmonie avec ce territoire. Texte et photos : Pascal Greboval • Dessin : Manu Thuret

Découvrir la nature « Puisque nous avons installé des hôtels à insectes et des nichoirs à chauves-souris, on peut bien héberger quelques touristes », résume dans un grand sourire Claude, le bienheureux propriétaire du Camping La Fontaine du Hallate e. Sur 3 hectares arborés – dotés d’un petit jardin en permaculture où les estivants peuvent cueillir légumes et aromates –, vous avez le choix entre de beaux emplacements pour camper à un prix raisonnable – 17 euros pour deux par nuit –, des mobil-homes classiques, 72 • kaizen • numéro 27

une yourte, un pod – ou hutte de camping – et un kota – chalet finlandais –, regroupés dans un « petit village d’ailleurs ». Après avoir transformé la ferme familiale en aire naturelle de camping en 1993, Claude et Élisabeth ont augmenté et amélioré la capacité d’accueil en 2000, tout en gardant le même esprit : être proche de la nature. Pour être cohérents avec leurs valeurs et réduire l’empreinte carbone du camping, ils ont mis en place différentes solutions vertueuses. « Grâce à l’installation de panneaux photovoltaïques, nous produisons plus d’électricité que nous n’en avons besoin : c’est un camping à énergie positive », affirme Claude. L’eau chaude est produite

à 95 % par les panneaux solaires thermiques. Enfin, la consommation d’eau se limite à 65 litres par nuitée, contre 150 litres pour un camping classique. Résultat : ce coin de paradis est l’unique camping au monde certifié Green Globe ! Quand un mobil-home est hors d’usage, Claude le recycle : un a été transformé en salon de thé, un autre en espace de bien-être. « Tout ceci a été rendu possible grâce aux touristes, qui se comportent comme des partenaires », conclut Claude. Qui donnant son avis sur le débit de la douche, qui sur le compost, etc. Bref, un bel endroit où l’on aimerait rester pour écouter les oiseaux et le silence… Mais le golfe recèle d’autres merveilles. Pour les découvrir, deux adresses complémentaires : la maison du parc naturel régional du golfe du Morbihan et la Maison de la nature. Dans la première, vous trouverez des suggestions de sorties organisées par le parc naturel régional, comme des balades ornithologiques autour de Sarzeau – inscriptions auprès de l’office de tourisme de Sarzeau – ou par des prestataires « labellisés » par le parc : sortie en kayak, en bateau avec un pêcheur de bars, etc. La seconde propose tout au long de l’année de découvrir l’environnement et la biodiversité du territoire à travers des ateliers et des animations.

e

r

Manger Le grand air, la nature, la mer, ça creuse ! Où se restaurer dans le golfe ? Avec la kyrielle de producteurs bio présents sur le territoire, l’occasion de manger sainement est garantie. Vous n’êtes évidemment pas obligé de faire le tour de tous les producteurs, sauf si vous voulez les rencontrer… Ce qui peut être fort intéressant. La plupart se sont regroupés dans des lieux de vente pour proposer leurs produits en direct, sans intermédiaire, en tenant des permanences, comme au Local bio r , à Séné, aux Producteurs du coin, à Vannes, et au Court circuit, à Sarzeau. Des petits et grands magasins bio, qui se ravitaillent en partie chez ces mêmes producteurs, sont présents dans tout le golfe. Comme celui de Carnac, Carnac côté bio, en plein centre, tenu par la dynamique Maïwenn. Plutôt envie de goûter des plats cuisinés par des mains expertes ? À Vannes, deux coups gagnants assurés : à L'EntreChoc t, Caroline et Emmanuelle, deux charmantes sœurs, vous accueillent avec le sourire de 10 heures à 19 heures. Le midi, c’est « une petite restauration, avec des tartes, quiches, soupes, risottos, et un menu qui change toutes les semaines ». Les produits sont bio et locaux. En signant la charte Vegoresto, elles s’engagent à proposer un plat et un dessert 100 % végétal par jour. Le reste de la journée, c’est un endroit zen, sur la terrasse comme

t

kaizen • juillet-août 2016 • 73


je change

Cuisine

Sauvage & délicieux !

V

La myrtille des bois … Oh ! La belle bleue !

Si petite, si discrète et pourtant si convoitée ! En été, la myrtille des bois ravit autant nos yeux que notre palais, avec sa belle robe bleutée et son goût acidulé qui explose en bouche. Textes et photos : Linda Louis

accinium myrtillus pour le botaniste, airelle noire, brimbelle, bleuet, raisin des bois pour le cueilleur... Pour beaucoup, elle reste la reine des fruits sauvages, un superaliment local qui n'a rien à envier aux baies amérindiennes vendues à prix d'or dans les magasins bio. Juteuse, peu sucrée, revitalisante, elle arrive à point nommé pour désaltérer et redonner du pep au détour d'une balade estivale. Le myrtillier sauvage est un arbrisseau rampant et verdoyant qui, tel un gros bouquet touffu planté en terre, arbore de petites feuilles lisses et pointues autour desquelles prospèrent des baies sombres et pruineuses. Sociable, il forme un grand tapis de verdure dans les sous-bois à humus acide. C’est d’ailleurs en montagne qu’on le rencontre le plus souvent, mais pas seulement. Plus disséminé, il pousse également en plaine, de la Bretagne à la Normandie, et, plus rarement, du nord de la France jusqu’en dessous du bassin parisien. La découverte d’une station de myrtilles sauvages relève du Saint Graal pour certaines personnes, qui tentent parfois d’en planter dans leur jardin. Peine perdue. La plante est exigeante en matière de sol. Sa cousine arbustive américaine, Vaccinium corymbosum, cultivée par des petits producteurs, permet de combler cette envie de fruits rouges. Contrairement à la myrtille des bois, elle est plus grosse, dotée d’une chair vert clair et moins aromatique. Un peu de sucre de canne en accompagnement lui donne cependant un petit goût sauvage intéressant. Dans tous les cas, cueillez les myrtilles en début d'après-midi, quand le soleil est au zénith, car elles concentrent alors encore plus le sucre contenu dans leur chair. Du jus coule un peu sur vos doigts ? Ce n’est pas grave, elles sont à point ! Ce que dit la loi La récolte de myrtilles des bois est soumise à la réglementation et, à ce titre, interdite ou tolérée dans certains départements ou régions par des arrêtés préfectoraux fixant la date d’ouverture de récolte, les quantités maximales à prélever ou l’autorisation ou non du peigne. Sont concernés : Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Aquitaine, Drôme, Eure-et-Loir, Haute-Loire, Isère, Jura, Loire, Loiret, Nord-Pas-de-Calais et Puy‑de‑Dôme. Renseignez-vous auprès de votre

Identification de Vaccinium myrtillus (Éricacées) Sous-arbrisseau de 20 à 60 cm, très glabre – lisse – et verdoyant, aux tiges érigées et légèrement arquées. Petites feuilles de 2 à 3 cm, ovales-aiguës – pointues –, finement dentées, planes, vert franc et légèrement luisantes, à peine nervées en dessous, coriaces. Petites fleurs de 4 à 6 mm, solitaires ou en paire, en forme de grelot, blanc-vert clair, rose clair à rose soutenu. Baies de 5 à 9 mm, noires et recouvertes d'une pruine leur donnant un aspect bleuté et poudré, à chair rouge, juteuses, légèrement sucrées et acides. Habitat ensoleillé à mi-ombre, dans les bois clairs, sur sols acides et siliceux, souvent en zones montagneuses – de 400 à 2 500 m d'altitude. Récolte en juillet et août, plus rarement en septembre. La myrtille des marais (Vaccinium uliginosum), à chair blanche et jus clair, se situe, comme son nom l'indique, dans les marais, dans les tourbières, les landes et les bois humides – souvent protégés.

préfecture ou sur www.tela-botanica.org. Demandez une autorisation de cueillette aux propriétaires pour les stations situées sur un terrain privé. Attention au risque d'échinococcose, ou maladie dite du renard. C’est une maladie rare, mais grave, transmise par un ver parasite présent dans les selles d’animaux sauvages – renards – ou domestiqués – chiens. Bien qu’on ne compte qu’une dizaine de cas par an, concentrés essentiellement dans le quart nord-est de la France, il convient d’observer certaines mesures de précaution. Ne cueillez que les myrtilles situées en hauteur. Pour écarter tout risque, faites-les cuire 10 minutes à 60 °C, 5 minutes à 70 °C, 1 minute à 100 °C ou séchez-les. Si les œufs sont détruits par la chaleur, ils résistent néanmoins à la congélation. À ne pas confondre avec... Les baies de : la belladone (Atropa belladonna), noires et luisantes : mortelles ; du lierre grimpant (Hedera helix), regroupées en ombelles : très toxiques ; de la bourdaine (Rhamnus frangula) et du nerprun (Rhamnus catharticus), noires et bleutées : toxiques ; de la morelle noire (Solanum nigrum), noires et peu brillantes : consommables cuites, mais peu fameuses. kaizen • juillet-août 2016 • 77


je change

Cuisine

Sauvage & délicieux !

V

La myrtille des bois … Oh ! La belle bleue !

Si petite, si discrète et pourtant si convoitée ! En été, la myrtille des bois ravit autant nos yeux que notre palais, avec sa belle robe bleutée et son goût acidulé qui explose en bouche. Textes et photos : Linda Louis

accinium myrtillus pour le botaniste, airelle noire, brimbelle, bleuet, raisin des bois pour le cueilleur... Pour beaucoup, elle reste la reine des fruits sauvages, un superaliment local qui n'a rien à envier aux baies amérindiennes vendues à prix d'or dans les magasins bio. Juteuse, peu sucrée, revitalisante, elle arrive à point nommé pour désaltérer et redonner du pep au détour d'une balade estivale. Le myrtillier sauvage est un arbrisseau rampant et verdoyant qui, tel un gros bouquet touffu planté en terre, arbore de petites feuilles lisses et pointues autour desquelles prospèrent des baies sombres et pruineuses. Sociable, il forme un grand tapis de verdure dans les sous-bois à humus acide. C’est d’ailleurs en montagne qu’on le rencontre le plus souvent, mais pas seulement. Plus disséminé, il pousse également en plaine, de la Bretagne à la Normandie, et, plus rarement, du nord de la France jusqu’en dessous du bassin parisien. La découverte d’une station de myrtilles sauvages relève du Saint Graal pour certaines personnes, qui tentent parfois d’en planter dans leur jardin. Peine perdue. La plante est exigeante en matière de sol. Sa cousine arbustive américaine, Vaccinium corymbosum, cultivée par des petits producteurs, permet de combler cette envie de fruits rouges. Contrairement à la myrtille des bois, elle est plus grosse, dotée d’une chair vert clair et moins aromatique. Un peu de sucre de canne en accompagnement lui donne cependant un petit goût sauvage intéressant. Dans tous les cas, cueillez les myrtilles en début d'après-midi, quand le soleil est au zénith, car elles concentrent alors encore plus le sucre contenu dans leur chair. Du jus coule un peu sur vos doigts ? Ce n’est pas grave, elles sont à point ! Ce que dit la loi La récolte de myrtilles des bois est soumise à la réglementation et, à ce titre, interdite ou tolérée dans certains départements ou régions par des arrêtés préfectoraux fixant la date d’ouverture de récolte, les quantités maximales à prélever ou l’autorisation ou non du peigne. Sont concernés : Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Aquitaine, Drôme, Eure-et-Loir, Haute-Loire, Isère, Jura, Loire, Loiret, Nord-Pas-de-Calais et Puy‑de‑Dôme. Renseignez-vous auprès de votre

Identification de Vaccinium myrtillus (Éricacées) Sous-arbrisseau de 20 à 60 cm, très glabre – lisse – et verdoyant, aux tiges érigées et légèrement arquées. Petites feuilles de 2 à 3 cm, ovales-aiguës – pointues –, finement dentées, planes, vert franc et légèrement luisantes, à peine nervées en dessous, coriaces. Petites fleurs de 4 à 6 mm, solitaires ou en paire, en forme de grelot, blanc-vert clair, rose clair à rose soutenu. Baies de 5 à 9 mm, noires et recouvertes d'une pruine leur donnant un aspect bleuté et poudré, à chair rouge, juteuses, légèrement sucrées et acides. Habitat ensoleillé à mi-ombre, dans les bois clairs, sur sols acides et siliceux, souvent en zones montagneuses – de 400 à 2 500 m d'altitude. Récolte en juillet et août, plus rarement en septembre. La myrtille des marais (Vaccinium uliginosum), à chair blanche et jus clair, se situe, comme son nom l'indique, dans les marais, dans les tourbières, les landes et les bois humides – souvent protégés.

préfecture ou sur www.tela-botanica.org. Demandez une autorisation de cueillette aux propriétaires pour les stations situées sur un terrain privé. Attention au risque d'échinococcose, ou maladie dite du renard. C’est une maladie rare, mais grave, transmise par un ver parasite présent dans les selles d’animaux sauvages – renards – ou domestiqués – chiens. Bien qu’on ne compte qu’une dizaine de cas par an, concentrés essentiellement dans le quart nord-est de la France, il convient d’observer certaines mesures de précaution. Ne cueillez que les myrtilles situées en hauteur. Pour écarter tout risque, faites-les cuire 10 minutes à 60 °C, 5 minutes à 70 °C, 1 minute à 100 °C ou séchez-les. Si les œufs sont détruits par la chaleur, ils résistent néanmoins à la congélation. À ne pas confondre avec... Les baies de : la belladone (Atropa belladonna), noires et luisantes : mortelles ; du lierre grimpant (Hedera helix), regroupées en ombelles : très toxiques ; de la bourdaine (Rhamnus frangula) et du nerprun (Rhamnus catharticus), noires et bleutées : toxiques ; de la morelle noire (Solanum nigrum), noires et peu brillantes : consommables cuites, mais peu fameuses. kaizen • juillet-août 2016 • 77


je change

Crédit Coopératif – Société coopérative anonyme de Banque Populaire à capital variable – RCS Nanterre 349 974 931 01213 – APE 6419 Z – N° ORIAS 07 005 463 – 12, boulevard Pesaro – CS 10002 – 92024 Nanterre cedex – Illustration : Artus – LA SUITE & CO

JUILLET

UNE AUTRE BANQUE EST POSSIBLE

Juillet et août / Parc naturel régional du golfe du Morbihan (56) Sorties Découverte des oiseaux des marais, chaque semaine, animées par David Lédan. www.golfe-morbihan.fr/sortiedecouverte-oiseaux • 02 97 41 82 37 1er au 3 juillet / Lyon (69) Dialogues en humanité, 16e édition. Temps d’échanges où des citoyens se côtoient et débattent. dialoguesenhumanite.org

L’AGENDA KAIZEN 2016 JUILLET-AOÛT

20 au 29 juillet / Marlhes (42) Les Estivales de la question animale, 14e édition www.question-animale.org

6 août / Lafrançaise (82) Foire bio et artisanale, 23e édition www.lafrancaise-tourisme.fr 06 17 18 82 19

AOÛT

8 au 12 août / Lablachère (07) Stage Cuisine végétarienne & diététique terre-humanisme.org • 04 75 36 65 40

1er au 5 août / Saint-André-de-Lancize (48) Stage Le Potager agroécologique niveau 1 : pour acquérir les bases pratiques et théoriques. terre-humanisme.org • 04 75 36 65 40

25 au 27 août / Charleville-Mézières (08) Festival musical Cabaret vert : The Inspector Cluzo, Bloc Party ou encore Indochine seront à l'affiche de cet écofestival. cabaretvert.com

RENDEZ-VOUS 3 juillet / Poucharramet (31) Festival AgitaTerre, 3e édition : grande fête populaire organisée autour du mieux vivre ensemble et de l’écologie pratique. agitaterre.3pa.info 6 au 8 juillet / La Roche-sur-Grane (26) Stage À l’école des parents. Anne Fruchaud, Julie Bournay, Marie‑Christine Bonnaud et Isabelle Peloux vous proposeront des outils théoriques et pratiques pour aborder le rôle de parent. www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 [KAIZEN PARTENAIRE] 8 au 10 juillet / Tours (37) Festival Terres du Son www.terresduson.com/2016 8 au 10 juillet / Chamonix (74) Chamonix yoga festival www.chamonixyogafestival.com 8 au 16 juillet / Foix (09) Festival de films Résistances, 20e édition festival-resistances.fr • 05 61 65 44 23

Avec le Livret Coopération pour ma Région, c’est vous qui décidez dans quelle région va votre argent. Vous participez ainsi localement au financement de l’Économie Sociale et Solidaire.

#PourMaRégion

Pour en savoir plus sur ce livret, flashez ce code Détail et conditions disponibles en agences et sur www.credit-cooperatif.coop

11 au 14 juillet / Lyon (69) Terra 2016, 12e congrès mondial sur les architectures de terre Centre de Congrès (69006) terra2016.sciencesconf.org 18 au 24 juillet / Mèze (34) et alentours Festival de Thau, festival de musiques du monde écoresponsable www.festivaldethau.com 04 67 18 70 83

26 au 28 août / Rohrbach-lès-Bitche (57) Salon bio, nature, santé et habitat, 20e édition 03 87 09 70 95

PASSEZ À L’ACTE ! En famille, seul ou entre amis, vivez vos vacances autrement avec ces séjours originaux ! 6 au 15 juillet / Montaigut-sur-Save (31) Séjour écoresponsable 1 pied dans le cirque, l’autre à la ferme, pour les enfants à partir de 8 ans. Découverte des arts du cirque et de la vie à la ferme tout en apprenant l’autonomie. sensactifs.org/sejours 10 juillet au 28 août / La Roche-sur-Grane (26) Séjours à la ferme aux Amanins. Expérimentez des savoirs écologiques à travers des ateliers ludiques et pédagogiques animés par des professionnels et adaptés aux adultes et aux enfants : faire le fromage et le pain, travailler le potager, découvrir le compost et la phytoépuration, etc. www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 [SÉJOUR KAIZEN] 16 au 23 juillet / La Lune en bouche, Saint-Andéol (26) Séjour Alimentation saine : ateliers et formation le matin, activités ou farniente selon les goûts l'après-midi. Ce stage sera animé par Stéphanie et Emmanuel Rochoux, tous deux enseignants et chercheurs en biologie et en science des aliments. www.laluneenbouche.com • 04 75 21 26 34

[SÉJOUR KAIZEN] 24 au 30 juillet / La Lune en bouche, Saint-Andéol (26) Stage Méditation selon l’approche du bouddhisme tibétain, animé par Éric Guiomar. Ce stage vous permettra d’acquérir des outils pour stabiliser votre esprit et appréhender tous les phénomènes de votre vie avec un esprit prêt, frais, ouvert et libre de tout concept. La journée sera organisée autour de 4 sessions d’une heure ainsi que de la préparation collective des repas. Mercredi : journée balade. www.laluneenbouche.com • 04 75 21 26 34 [SÉJOUR KAIZEN] 14 au 20 août / Vernines (63) Séjour Randonnée et qi gong au gîte Le Bonheur dans le pré (1 068 m d’altitude), associant marche douce et disciplines d’éveil corporel. Au cœur des volcans d’Auvergne, vous découvrirez l’art énergétique chinois. Séjour résidentiel, étapes de 3 ou 4 heures de marche. Pour le qi gong, aucune pratique préalable n’est nécessaire. www.kaizen-magazine.com/vacances-qigong • 04 73 21 54 78 19 au 27 août / Val-Maravel (26) Retraite en nature : pratique et expérimentation de la diète. Retraite en immersion et isolement dans la nature avec des prises de plantes médicinales, le tout encadré par une équipe de professionnels. www.ecolenaturesavoirs.com • 04 75 21 43 84 20 au 27 août / Plougrescant (22) Stage randonnée et yoga : 5 heures de yoga par jour (postures, respiration, relaxation, méditation), randonnées et marches conscientes et ateliers de créativité (écriture, land art…). www.ateliers-soleil.fr • 06 84 98 38 63

kaizen • juillet-août 2016 • 85


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.