Kaizen 30 : Demain, quelle agriculture ?

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janvier février 2017

DOSSIER

DEMAIN

couv QUELLE AGRICULTURE ? Nourrir 10 milliards d’humains avec l’agroécologie et la permaculture

BONNES ADRESSES

BRUXELLES

Belgique 6,50 € Suisse 9,40 CHF

LE CHOCOLAT

JON PALAIS

TOXIQUE OU BÉNÉFIQUE ?

LA NON-VIOLENCE POUR CHANGER LE MONDE


3 Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 142 720 € Siège social 19, rue Martel 75010 Paris www.kaizen-magazine.com

Édito

Des produits éthiques et riches de sens

Magazine bimestriel numéro 30 Janvier-février 2017 Imprimé sur papier certifié PEFC

des savoirs traditionnels ! puisés au coeur Cultiver son jardin édito

Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Oudin Directrice d’EKO LIBRIS Françoise Vernet Rédacteur en chef Pascal Greboval Secrétaire de rédaction Diane Routex Éditeur Web Simon Beyrand Abonnements et commandes Camille Gaudy camille@kaizen-magazine.fr 19, rue Martel - 75010 Paris Assistante commerciale Patricia Salle Comptabilité Patricia Lecardonnel Contact info@kaizen-magazine.fr Tél. 01 56 03 54 71 Direction artistique, maquette et mise en pages • hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Photo de couverture © BONNINSTUDIO Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées

SIRET : 539 732 990 000 38 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Vente au n° pour les diffuseurs Groupe HOMMELL • Tél. 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peut être reproduit-e sans l’autorisation du magazine. Merci.

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mour, paix, harmonie : voilà, entre autres, ce que nous vous souhaitons pour cette année à venir. Goûter ces fruits de la vie nécessite un travail quotidien sans relâche. Une fois les graines semées, les tâches sont nombreuses : prendre soin de l’autre, être attentif aux mots, vigilant aux intentions, et créer des écosystèmes qui permettent de trouver un équilibre, un épanouissement de l’être. Comme le résume Voltaire, « il faut cultiver notre jardin ». Sommes-nous en capacité d’être de bons jardiniers ? Et comment peut-on le devenir ? Depuis quatre ans, chez Kaizen, nous évitons le prêt-à-penser. Nous préférons être guidés par des valeurs. Prendre soin de la vie nous semble être une bonne base. C’est dans cette dynamique que nous vous donnons à lire dans ce numéro un dossier sur l’agriculture. Celle de demain, qui ne considère pas la vie comme une suite de bocaux alignés sur une étagère. Celle qui prône la diversité, source de richesse. Loin de l’agriculture moderne, intensive. D’ailleurs, comment cette dernière a-t-elle pu s’affranchir de ce principe de diversité et nier le vivant, au cœur pourtant de son activité ? Le progrès est-il source d’égarement ? Faisons en sorte que ce soit une parenthèse dans l’histoire de l’humanité. C’est la proposition de l’agroécologie et de la permaculture : renouer avec ce principe élémentaire. Dessiner un nouvel horizon qui dépasse l’unique domaine de l’agriculture, où coopération, cohérence et éthique s’alimentent mutuellement. En fermant ainsi l’épisode de l’agriculture dévastatrice, ces démarches – agricoles – ouvrent le champ des possibles. Un paradigme où nourriture terrestre et spirituelle ne font qu’une. Dans ces nouveaux espaces de cultures pousseront, à n’en point douter, ces fruits si chers de la vie : amour, paix et harmonie. Pour que vous puissiez les récolter à votre guise, nous continuerons de planter ces graines en 2017. Toute l’équipe de Kaizen vous présente ses meilleurs vœux. Pascal Greboval Rédacteur en chef

Kaizen, késako ? Kaizen est un mot japonais signifiant littéralement « changement bon ». Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un deuxième puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau.

En vente en magasins biologiques. Retrouvez l’ensemble de la gamme sur : 2017 • 3 kaizen • janvier-février

www.aromandise.com


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Sommaire • Kaizen n

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Dans la boîte aux lettres de Kaizen

ELLES-ILS PENSENT DEMAIN 8

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Rencontre Jon Palais Les deux faces de la non-violence

ELLES-ILS FONT LEUR PART

JE SUIS LE CHANGEMENT

34 Portraits Des entrepreneurs remettent l’humain au cœur du travail

68 Je vais bien, le monde va mieux Le ski de randonnée nordique

sommaire 36

Dossier Demain, quelle agriculture ?

72 Do It Yourself Orange, citron et pomelo : le trio gagnant pour passer l’hiver en beauté

13 Les pièces du puzzle Le chocolat Toxique ou bénéfique ? 17

Portfolio

76 Nos bonnes adresses Bruxelles

Alexandre Sattler La route de la joie

80 52 Vent d’ailleurs Cavoli Nostri : quand l’agriculture sociale trace son sillon

Cuisine Le curcuma

57 Politisons ! Cyril Dion 26 Créateurs de culture La Réserve des arts ou l’art de prolonger la vie des rebuts

58 Et si on le faisait ensemble ? Une éolienne rien que pour les enfants !

30 La voie du Kaizen Florence Servan-Schreiber

62 Le goût de l’enfance L’autodéfense intellectuelle sur les bancs de l’école

89 Les rendez-vous Kaizen

67 Écologie intérieure Gilles Farcet

94 La chronique de Pierre Rabhi

32 Une nouvelle L’Allée des possibles par Nelly Pons

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87 Le sourire d’Yvan Saint-Jours

92 Paroles de Colibris


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rencontre


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Rencontre

rencontre Jon Palais Les deux faces de la non-violence Jon Palais est l’un des porte-parole d’Alternatiba et d’ANV-COP21 (Action non-violente COP21). Il manie l’énergie des propositions et la force de l’opposition comme le yin et le yang pour préserver notre planète et construire une autre société. La non-violence est au cœur de cette double démarche. Rencontre avec un enragé de nature. Propos recueillis par Pascal Greboval, avec Lucile Vannier - Photos : Patrick Lazic Pascal Greboval Comment devient-on l’un des porte-parole d’Alternatiba et d’ANV-COP21 ? Jon Palais C’est la conjugaison d’un parcours personnel et politique. Je me suis toujours senti proche de la nature et ai très vite été inquiété par la disparition de certaines espèces. J’ai commencé à militer à Greenpeace en 2006. À la même époque, revoir le film de Richard Attenborough sur Gandhi [Gandhi, 1982] m’a convaincu de la pertinence de l’action non violente. Les actions directes non violentes créent des situations de confrontation : on s’interpose pour bloquer un convoi ou un chantier, par exemple, ce qui engendre un conflit. Mais le conflit n’est pas la violence : c’est la façon dont il se déroule qui peut dégénérer en violence, ou a contrario évoluer de manière positive. Si on désamorce la tension et la violence, si on capte l’attention, alors le dialogue peut s’installer. À partir de 2011, j’ai milité aussi auprès de l’association Bizi ! [« Vivre » en basque], au Pays basque. C’est à ce moment que j’ai compris que la bataille du climat était centrale. Cette lutte conditionne non seulement les enjeux environnementaux et de justice sociale, mais aussi les enjeux de démocratie, de paix, et même de survie de l’humanité. C’est en comprenant cela que j’ai participé, avec B i z i   ! , a u l a n c e m e n t d ’A l t e r n a t i b a , p u i s d’ANV-COP21.

En parallèle, en 2009, alors âgé de 30 ans, j’ai commencé à avoir des crises de spondylarthrite ankylosante, une maladie auto-immune que les médecins m’expliquaient chaque fois d’une manière différente. Mon état empirait, j’avais de plus en plus de mal à marcher : ma vie prenait un tournant radical. Le déclic est venu d’un médecin revenu d’Inde, où il avait étudié la médecine ayurvédique. Il ne parlait pas de « maladie », car il s’agit de notre propre organisme qui se met à produire des anticorps qui se retournent contre lui. Selon ce médecin, si le corps et l’esprit sont capables de créer ce dysfonctionnement, ils sont aussi capables de faire l’inverse. Il m’a dit qu’il fallait comprendre les raisons pour lesquelles mon corps avait déclenché cela. J’ai pris conscience Pendant qu’Alternatiba a démontré l’ampleur des solutions possibles, à travers une centaine de Villages des alternatives organisés avant la COP21, le Tour Alternatiba ou le livre Alternativez-vous (Les Liens qui libèrent, 2015), ANV-COP21 (Action non-violente COP21) a mobilisé sur des actions non violentes tels le blocage du sommet du pétrole offshore à Pau, en avril 2016, et l’opération Faucheurs de chaises. Depuis mai 2016, ces deux mouvements ont fusionné. Ils élaborent désormais leurs projets ensemble.

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portfolio

Portfolio

Vendeuse de fruits au pied du mont Popa, en Birmanie.

La route de la joie Photos : Alexandre Sattler - Poèmes : Stéphanie Machto Photographe voyageur humaniste et naturaliste, Alexandre Sattler court le monde afin d’en capturer les splendeurs et les couleurs. Rires, sourires, allégresse : ses clichés témoignent de la beauté et de la richesse de l’humanité. Stéphanie Machto, passionnée d’écriture, aime tisser les mots. Ils ont réuni leurs talents et mêlé habilement images et poèmes pour nous offrir un tour du monde de la joie. Un véritable message d’espoir.

POUR ALLER PLUS LOIN Alexandre Sattler et Stéphanie Machto, Éclats de joie, Hozhoni, 2016

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portfolio

Jeune Népalaise dans le village de Kagbeni.

Audacieux Hmong gardant ses buffles dans les rizières de Sapa, au Viêtnam.

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dossier

© BONNINSTUDIO


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Dossier

Demain, quelle agriculture ? dossier

Se nourrir est bien notre première nécessité. Pendant des siècles, nous avons pu assouvir ce besoin élémentaire sans porter préjudice ni à la Terre ni à notre santé… Jusqu’à l’industrialisation de l’agriculture. Il est temps de revenir à des pratiques naturelles qui respectent la vie des humains comme celle des écosystèmes. Inspirés par l’agroécologie et la permaculture, des défricheurs inventent de nouveaux modèles. Et si on s’en inspirait ? Dossier réalisé par Frédérique Basset


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Dossier

Demain, quelle agriculture ?

Vers une renaissance de l’agriculture

dossier

D’un côté, des géants de l’agroalimentaire qui transforment la terre en champ de bataille. De l’autre, des îlots de résistance de plus en plus nombreux à travers le monde et des agriculteurs qui redeviennent paysans. Le combat de David contre Goliath ?

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ue ton alimentation soit ton premier médic a m e n t » , e n s e i g n a i t e n s u b st a n ce Hippocrate, le père de la médecine, au ve siècle av. J.-C. Or de quoi se nourrit-on depuis près de cent ans ? D’aliments cultivés à coups d’engrais chimiques et de pesticides qui empoisonnent autant la terre, ceux qui la travaillent que les consommateurs ! L’agriculture s’est transformée en une arme détruisant sur son passage les sols et la biodiversité, polluant l’air et les nappes phréatiques. Cerise sur le gâteau, depuis les années 1980, les OGM (organismes génétiquement modifiés), protégés par des brevets détenus par une poignée de multinationales, se sont

invités dans les champs. Les conséquences se passent de commentaires : obligation pour les paysans de racheter leurs semences chaque année, contamination des champs voisins non OGM et bio, absence d’évaluation des risques sanitaires… « Mais il faudra bien nourrir 10 milliards d’individus en 2050 ! », s’exclament les partisans de cette agriculture, comme Monsanto ou Bayer. Deux géants qui ont fusionné en 2016 pour créer un mastodonte agrochimique possédant désormais un tiers du marché international des semences ! Pourtant, nourrir 10 milliards de personnes, c’est possible autrement. En 2011, dans son rapport Agroécologie et droit à l’alimentation, le rapporteur spécial des Nations unies, Olivier De Schutter (lire son interview pages suivantes), affirmait déjà que les techniques agroécologiques permettraient de nourrir la planète – et de sauver le climat – en obtenant des rendements plus importants que l’agriculture conventionnelle.

Un tribunal pour juger Monsanto

© Maxime de Rostolan

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Face à l’appropriation du gardemanger de l’humanité par l’agrochimie, la résistance s’organise : à la suite de deux moratoires (2002-2007 et 2007-2013), le Bénin continue de s’opposer à l’arrivée de Monsanto sur ses terres ; en 2016, après huit ans de culture de coton transgénique Bt, faute de rendements suffisants, le Burkina Faso lui a


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Dossier

Demain, quelle agriculture ?

Une microferme pleine d’avenir

dossier

© Jean-Robert Dantou / Agence Vu’

Créée en 2014 par Maxime de Rostolan, la microferme expérimentale du domaine de la Bourdaisière, près de Tours, est le premier projet de l’association Fermes d’avenir, qui promeut un nouveau modèle où agroécologie rime avec rentabilité. Objectif : créer 25 000 microfermes et 100 000 emplois en dix ans.

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© Jean-Robert Dantou / Agence Vu’

’est l’histoire d’un jeune des quartiers chics de la banlieue parisienne qui, au lieu de suivre les traces de sa lignée, décide de mettre les mains dans la terre. En 2004, son diplôme d’ingénieur en poche, il part pour deux ans faire un tour du monde de l’eau, qui donnera lieu à un livre, Les Aventuriers de l’or bleu (Presses de la Renaissance, 2007). Mais, pour Maxime de Rostolan, l’eau n’est qu’une étape. « Louis-Albert de Broglie, propriétaire de la maison Deyrolles [société de taxidermie], voulait remettre au goût du jour ses planches pédagogiques sur les enjeux de développement durable et m’en a confié la direction. Parallèlement, j’étais bénévole au Samu social, car on ne peut pas prendre soin de la planète sans prendre soin des humains. » Le jeune homme poursuit son parcours en travaillant, dès 2009, à une plateforme de financement participatif, Blue Bees, spécialisée dans le prêt et le don pour des projets agroécologiques et lancée en 2013. En 2010, il participe à la création du comité français de l’association Biomimicry Europa, promouvant le biomimétisme pour éviter l’utilisation de matériaux non durables. Les propos de Janine Benyus, dans son livre de référence Biomimétisme, Quand la nature inspire des innovations durables (Rue de l’Échiquier, 2011), l’interpellent : « Si […] nous sommes vraiment acquis à la durabilité […], l’agriculture doit figurer tout en haut de notre liste de priorités. » Maxime se forme alors à la permaculture à la ferme du Bec Hellouin, puis s’inscrit en Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole (BP-REA), spécialité maraîchage bio. « J’ai compris que près d’un quart des agriculteurs 50 • kaizen • numéro 30

partiront à la retraite dans les sept prochaines années. Le renouvellement passera donc forcément par des néoruraux, comme moi. » En août 2012, Maxime et Louis-Albert de Broglie – surnommé le Prince jardinier depuis qu’il a créé un Conservatoire national de la tomate au château de la Bourdaisière –, décident de monter une ferme agroécologique s’inspirant de la permaculture, sur une prairie d’1,4 hectare. « Nous avons écrit le projet avec Claire et Gildas Véret, professeurs de permaculture, et constitué un comité scientifique [Auxilia conseils, HEC Paris, université Pierre-et-Marie-Curie, AgroParisTech], dont les recherches ont permis de publier le Plaidoyer Fermes d’avenir, qui établit un bilan quantitatif et qualitatif des bénéfices des fermes agroécologiques, et propose des leviers d’action. La conclusion est qu’il est possible de créer 25 000 microfermes pour 100 000 emplois directs et indirects, permettant de fournir 33 % de la population française en fruits et légumes bio locaux. »


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Vent d’ailleurs

Cavoli Nostri : quand l’agriculture sociale trace son sillon

vent d’ailleurs

En Italie, dans les champs du village de Feletto, près de Turin, une coopérative agricole sociale et biologique emploie depuis avril 2011 trois personnes handicapées et un réfugié politique. Un modèle gagnant-gagnant. Texte et photos : Frédérique Basset


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© Cavoli Nostri

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vent d’ailleurs

avez-vous planter les choux ? Sans doute, mais peut-être pas à la mode italienne de Cavoli Nostri (« nos choux »). Cette coopérative agricole sociale a été créée en avril 2011 à Feletto, un petit village situé à 30 kilomètres au nord de Turin. Tout a commencé en 2009 quand Stefania Fumagalli, employée à la Coldiretti – l’un des trois principaux syndicats agricoles italiens, qui représente les petites et moyennes exploitations –, a rencontré frère Marco et frère Umberto. Tous deux géraient alors la Piccola Casa Cottolengo (« la petite maison Cottolengo ») à Feletto, qui accueille des personnes handicapées. « Les frères et les hôtes cultivaient la terre, et j’ai pensé qu’on pourrait monter un projet agricole ensemble », raconte Stefania, aujourd’hui toujours bénévole à Cavoli Nostri. « J’ai réuni un groupe de personnes qui partageaient le même rêve : créer un projet économique qui valorise les individus les plus vulnérables et qui soit un modèle de développement durable. » L’aventure pouvait démarrer. « Nous avons fait le tour des expériences d’agriculture sociale [lire encadré page suivante] en Toscane, expliquent Silvia Venturelli, membre de la coopérative, et Elena Micheletti, l’actuelle présidente [salariée à mi-temps], et nous nous sommes lancés dans la création de Cavoli Nostri, sans avoir jamais mis les mains dans la terre ! » En dehors des champs de Feletto, Silvia est psychologue et Elena gère des programmes européens liés aux territoires ruraux. Sur les douze membres de la coopérative, sept sont salariés à temps partiel, dont trois personnes souffrant d’un handicap mental léger et un réfugié politique. Tous les sept ont un contrat d’ouvrier agricole à durée déterminée, renouvelable tous les ans, l’objectif étant bien sûr de pérenniser ces emplois. Ils sont payés minimum 600 euros par mois pour une durée de travail de 20 heures par semaine l’hiver, et

40 heures l’été. « Je ne compte pas les heures supplémentaires en bénévole !, s’exclame Silvia, mais, qu’importe, je vis la sobriété heureuse ! »

Du rêve… à la réalisation Les débuts de Cavoli Nostri n’ont pas été sans heurts. Pas facile de monter un projet économiquement viable, d’apprendre à travailler la terre, d’accompagner des personnes handicapées, et de faire vivre la démocratie participative et la gestion collective. « Nous venons tous du secteur social et nous ne savions rien sur les entreprises agricoles », reconnaît Martina Sabbadini, consultante pour la Coldiretti et membre salariée de Cavoli Nostri. À la fin de sa journée de travail, Martina s’occupe de la gestion administrative de la coopérative, et le samedi, elle file à Feletto. « Si un jour je peux entièrement me consacrer à Cavoli Nostri, je n’hésiterai pas ! » C’est aussi le souhait d’Elena : « J’ai tout de suite aimé le défi de ce projet et les personnes qui le portent, même si nous avons eu beaucoup de difficultés pour passer du rêve à la réalisation. On a appris en se trompant ! » Il est 6 heures du matin. À Feletto, la Piccola Casa Cottolengo est déjà bien animée. Comme beaucoup d’autres établissements du même genre dans la kaizen • janvier-février 2017 • 53


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et si on le faisait ensemble ? Et si on le faisait ensemble ?

Conscients ou non de l’enjeu, les jeunes sociétaires sont fiers de participer à ce projet écologique innovant.

Une éolienne rien que pour les enfants ! Pour la première fois en France, des enfants sont propriétaires d’une éolienne. Juchée sur une colline ardennaise, au sein du parc éolien citoyen des Ailes des Crêtes, elle tourne depuis septembre 2016. Un cas d’école exemplaire. Texte : Nathalie Diot - Photos : Carl Hocquart

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’est quoi une part d’éolienne ? Ça veut dire qu’on a une pale ? » Lilou, 11 ans, le nez en l’air, observe la première Éolienne des enfants de France, mise en production en septembre 2016 dans les Ardennes. Comme 309 autres enfants – dont moitié d’Ardennais et moitié de Bretons, Picards ou Pyrénéens liés au territoire ou à des adultes séduits par l’action –, la fillette a reçu un cadeau original : 58 • kaizen • numéro 30

une part d’éolienne appartenant exclusivement à des enfants et érigée au sein du premier parc éolien citoyen de Champagne-Ardenne, les Ailes des Crêtes, juché sur une colline de la communauté de communes des Crêtes préardennaises, près de Charleville-Mézières. Financé en majorité par des particuliers, ce parc abritant trois éoliennes est le troisième du genre en France après Béganne


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Les enfants, réels détenteurs de leur part

(Morbihan) en 2014 [lire Kaizen no 11] et un deuxième en Loire-Atlantique début 2016. L’objectif de ces parcs éoliens citoyens est que la richesse du vent aille aux mains des citoyens, et non pas à celles d’investisseurs, comme c’est le cas dans les autres parcs éoliens.

Plus vertueux que le livret A « Plutôt que d’ouvrir un livret A, j’ai trouvé plus porteuse de sens l’idée d’offrir un petit bout d’éolienne à mes fils », explique Sophie Braquet, maman d’Émilien, 3 ans, et d’Arthur, 3 mois. D’autant que l’entrée au capital est abordable : 100 euros la part. « Il y a une portée symbolique et idéologique aussi. C’est l’occasion d’être acteur de la transition énergétique plutôt que de râler qu’on court à la catastrophe et de ne rien faire. » « Nous voulons leur léguer une énergie propre, inépuisable, non spéculative », indique Christel Sauvage, présidente de l’Éolienne des enfants et directrice du fournisseur d’électricité verte Énercoop Ardennes-Champagne, un des membres fondateurs du parc citoyen. « C’est mieux qu’une action dans le pétrole », lance Éric, 17 ans. Avec son frère, Daniel, 15 ans, ils se sentent « fiers » de participer à cette aventure inédite. Les plus jeunes sont intimidés, un peu effrayés face aux 74 mètres de « leur » éolienne, mais contents aussi. « C’est une démarche d’éducation populaire », explique Jean-Marie Oudart, vice-président de la communauté de communes des Crêtes préardennaises, qui soutient le projet de parc depuis le début. Créer du lien est aussi un des objectifs de cette éolienne. Depuis 2014, date officielle de création de la société Ailes des Crêtes, une fête annuelle réunit les sociétaires, toutes générations confondues. Les enfants jouent ensemble, construisent des cerfs-volants… L’inauguration du parc en juillet 2016 a attiré des centaines de personnes venues parfois des départements voisins. Bien entendu, il n’est pas question de transformer les enfants en rentiers. Tant qu’ils seront mineurs, ils n’auront pas de retour en argent. Plusieurs options sont à l’étude pour réinvestir les bénéfices estimés d’ici quatre ans – entre 4 et 7 % : achat de livres, organisation de sorties et de moments festifs… Un comité stratégique a été créé en ce sens. Constitué de cinq membres, dont deux parents d’enfants sociétaires, son rôle est surtout de protéger leurs intérêts et de « garantir l’esprit non spéculatif », précise

Pour assurer l’entrée d’entités différentes au capital du parc éolien, « personne physique, morale ou col‑ lectivités », la formule de la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) n’a pu être retenue. La société par actions simplifiée (SAS) a donc été choi‑ sie, avec une singularité toutefois, puisqu’elle fonc‑ tionne selon trois principes de la SCIC : une personne égale une voix ; 57,5 % minimum des excédents sont réinvestis dans la société ; et les dividendes sont plafonnés selon un taux légal. Les parents et grands‑parents peuvent prendre des parts de capital au nom des enfants en direct dans la SAS Éolienne des enfants ou via Énercoop. Même « sous adminis‑ tration de tuteurs légaux », le jeune sociétaire est bien le seul et unique détenteur des parts.

et si on le faisait ensemble ?

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Le goût de l’enfance

L’autodéfense intellectuelle sur les bancs de l’école Les cours d’autodéfense intellectuelle ont été mis en place au collège Travail Langevin, à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), à la rentrée scolaire 2015. Ces rencontres hors temps scolaire, animées par des intervenants issus de différentes disciplines, permettent aux élèves de se muscler le cerveau et d’affûter leur esprit critique. Texte : Aude Raux - Photos : Jérômine Derigny

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a violence est l’arme des faibles » : telle est la punchline  1 du poète latin Syrus (né vers 85 av. J.-C.) ! Pour ne pas en venir aux poings, s’impose une mise au point. C’est ainsi qu’une fois par mois, Anne-Lise Le Brun organise un cours d’autodéfense intellectuelle. « Il s’agit de se muscler le cerveau et d’affûter son esprit critique », explique la jeune femme. Grâce à elle, le collège Travail Langevin à Bagnolet (Seine-Saint-Denis) ouvre ses portes à des professionnels venus de tous les horizons pour élargir celui des élèves. Tout est parti d’une phrase : « Si nous avions un vrai système d’éducation, on y donnerait des cours d’autodéfense intellectuelle. » Des mots prononcés par l’Américain Noam Chomsky, professeur émérite de linguistique au MIT (Massachusetts Institute of Technology) et cités dans Petit cours d’autodéfense intellectuelle  2,un ouvrage écrit par le Canadien Normand Baillargeon. Ce professeur en sciences de l’éducation y décortique les outils fondamentaux que doit maîtriser tout penseur critique : le langage, la logique, la rhétorique, les nombres, les probabilités ou encore la statistique. « C’est devenu mon livre de chevet », confie Anne-Lise Le Brun, pour qui la transmission a toujours été un sujet d’intérêt. En témoigne, parmi ses nombreux engagements, la revue thématique illustrée qu’elle a cofondée, Citrus, dont la ligne éditoriale est axée sur l’éducation populaire. La rentrée, en 2012, de son fils aîné au collège Travail Langevin a réveillé chez cette maman de trois enfants de sombres souvenirs de sa propre scolarité : « J’ai trouvé que c’était une supercherie : les élèves n’étaient pas protégés du “système” qui impose ses normes. L’école ne nous ouvrait pas assez au monde et ne nous amenait pas à penser par nous-mêmes. C’est d’autant plus vrai quand il n’y a plus de mixité sociale qui permettrait d’amoindrir les inégalités scolaires. »

N’étant pas professeur, « seulement parent élu », Anne-Lise Le Brun se tourne vers le principal adjoint du collège, Laurent Kaufmann : « C’est un véritable humaniste qui a une relation magnifique avec les élèves. Il m’a tout de suite dit : “Oui ! On y va !” » À la rentrée scolaire 2015, sous la bannière de l’Université populaire de Bagnolet, Anne-Lise organise son premier cours d’autodéfense intellectuelle. « Un mois plus tard, il y a eu les attentats du 13 novembre, poursuit-elle, et c’est devenu une urgence absolue, une responsabilité énorme que d’amener ces enfants qui grandissent devant les écrans à chercher l’information par eux-mêmes, en croisant leurs sources.

goût de l’enfance

Ne plus être télé commandés Pour nourrir sa réflexion sur la transmission, Anne-Lise Le Brun s’est notamment formée, en 2014, à l’Université populaire de Bagnolet, en suivant un cycle consacré à l’éducation. Un matin, en buvant son café, la jeune femme entend à la radio une interview de Sophie Mazet. En 2011, cette enseignante d’anglais dans un lycée de Saint-Ouen (aussi en Seine-Saint-Denis) a été la première, en France, à avoir donné des cours d’autodéfense intellectuelle pour les jeunes 3. Anne-Lise Le Brun demande à la rencontrer : « À chacune de ses phrases, je me disais : “C’est ça, c’est exactement ça que je voulais faire.” » Pour le moment, son cours et celui de Sophie Mazet sont les deux seuls recensés en France, et un troisième est en cours de création.

Anne-Lise Le Brun, fondatrice des cours d’autodéfense intellectuelle, et un intervenant, l’humoriste Ahmed Sylla.

À être davantage dans le doute que dans l’assertion. » Loin du « vu à la télé », comme le dénonce le rappeur Gaël Faye dans son titre TV 4 : « Je suis prisonnier de mes chaînes vu qu’ici la télé commande. »

Des clefs pour comprendre la complexité du monde « J’ai dit oui, raconte Laurent Kaufmann, parce qu’il faut tenter autre chose : les instruments traditionnels de l’Éducation nationale ne suffisent pas avec ces élèves. Il y a beaucoup de familles défavorisées et une grande diversité de nationalités. Avec le temps, j’ai moins de certitudes, mais des convictions. Parmi lesquelles : il faut se parler. » Aux lendemains de la fusillade contre l’équipe de Charlie hebdo survenue le 7 janvier 2015, le principal adjoint avait observé l’incompréhension se dresser tel un mur entre adolescents kaizen • janvier-février 2017 • 63


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je vais bien le monde va mieux Je vais bien, le monde va mieux

Le ski de randonnée nordique La glisse en douceur Le ski de randonnée nordique est une pratique douce encore relativement méconnue en France s’apparentant à la marche et à la randonnée. Pourtant, cette façon de glisser hors de toute trace, fidèle aux origines du ski, permet de s’immerger dans la nature hivernale en s’adaptant au niveau physique et technique de chacun. Texte : Xavier Crépin - Photos : Mikaël Chambru 68 • kaizen • numéro 30


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lus fluide que la raquette et plus léger et accessible que le ski de randonnée alpin, le ski de randonnée nordique ajoute au plaisir de la glisse les bienfaits d’un effort doux et régulier, loin des stations hors sol et des usines à skieurs. De la balade de proximité à la randonnée de plusieurs heures voire plusieurs jours, ce ski d’excursion en terrains vierges s’adapte aux capacités et ambitions de tous : enfants ou adultes, skieurs ou néophytes, sportifs réguliers ou occasionnels. Avec le ski de randonnée nordique, chaque mot compte. Si la terminologie – « alpin » versus « nordique » – fait référence au relief et à la géographie du terrain, pour Mikaël, testeur de matériel pour le site de référence www.skirandonneenordique.com, la différence essentielle entre ces deux manières de glisser tient davantage « à la liberté du talon ». Quel que soit le type de fixation choisi – il existe plusieurs normes –, le talon se soulève, autorisant le « pas glissé » sur le plat et en montée comme la fente du virage télémark (voir photo ci-contre) à la descente. Ainsi, ce que Mikaël apprécie le plus dans ce ski backcountry (littéralement, ski d’« arrière-pays ») est de « jouer avec le terrain, lire le relief ». Grâce à des écailles anti-recul sculptées dans la semelle des skis, l’évolution est naturelle : « Au lieu de faire ma montée, puis ma descente, comme en randonnée alpine, je vais aller chercher la moindre pente pour m’amuser. » Sportif régulier, mais ne recherchant pas forcément la vitesse ni les fortes pentes, il lui arrive de pousser sa pratique jusqu’à l’itinérance sur plusieurs jours, y trouvant une analogie avec le voyage à vélo. Vincent, psychanalyste installé dans le Cantal depuis une quinzaine d’années, voit plutôt dans le ski de randonnée nordique un parallèle avec la randonnée pédestre. Adepte et promoteur de skis courts et larges ne nécessitant pas d’aptitude particulière pour

Le télémark est une technique de ski avec talon libre. Le virage télémark implique un fléchissement de la jambe intérieure.

la glisse – une sorte de « ski-raquette » –, il se définit comme un randonneur-explorateur. « J’adore sortir des sentiers battus, traverser de grands espaces enneigés, observer les animaux et faire une petite descente de temps en temps. Lenteur, effort… On est dans le slow par rapport au ski alpin. Et la communauté est super sympa. »

je vais bien le monde va mieux

Découvrir un territoire

Ski des origines, « le ski de randonnée nordique est un ski fait pour se déplacer dans un territoire », selon Mikaël, quand le ski de fond en est la forme domestiquée, issue des impératifs de la compétition. Le terme « randonnée » renvoie alors à la liberté d’évoluer hors pistes, loin des itinéraires damés, balisés et payants. C’est cette approche patrimoniale que Stéphane défend dans les Vosges, avec Évasions nordiques. Lui et ses collègues moniteurs de ski nordique enrichissent les sorties qu’ils proposent d’écologie, d’histoire et de connaissances du milieu hivernal pour le plus grand plaisir de leurs clients. Le ski de randonnée nordique, bien qu’encore confidentiel en France, devrait logiquement et rapidement se développer, notamment grâce à l’évolution et la diversification récente du matériel et à la multitude de pratiques qu’il permet. Ludique et moins exigeant techniquement que d’autres formes de ski, il pourrait bien être la discipline hivernale que vous attendiez ! n POUR ALLER PLUS LOIN • Le site www.skirandonneenordique.com regorge d’informations. Il répertorie des itinéraires et les professionnels et accueille la communauté sur son forum. • Le nouveau site www.skisraquettes.com accompagne l’arrivée en France des skis de randonnée nordique les plus accessibles techniquement. • www.evasionsnordiques.com

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Nos bonnes adresses

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Bruxelles, ma belle À Bruxelles, tout est réuni pour une escapade simple et joyeuse : située à 30 minutes de Lille, 1 heure 15 de Paris et 4 heures de Lyon (en train avec des billets à 15 euros depuis Paris), on y parle français et on y compte en euros. Pour que l’aventure soit totale, nous vous invitons à sortir du centre pour visiter une partie des 19 communes qui constituent Bruxelles-Capitale. Alors, en route sur les pas de Tintin pour savourer une bière belge – inscrite au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco depuis novembre 2016 ! Texte : Pascal Greboval - Dessin : Manu Thuret

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où des contes pour enfants t sont également « servis ». « Cela permet aux parents de passer du bon temps en famille. » Bref, un spot idéal où faire une halte à n’importe quel moment de la journée. Dolmat est une institution de la cuisine saine à Bruxelles. À l’ouverture, en 1973, l’approche macrobiotique était de mise dans l’élaboration des recettes. Vincent, en reprenant le restaurant en 2015, a ouvert la carte. « Je propose une cuisine du monde végétarienne en mélangeant les produits locaux et les épices. » Avec un buffet qui change chaque jour, vos papilles devraient se souvenir de ce séjour à Ixelles. « Respect du bien-être animal et écologie » sont les valeurs de Marie et Sullivan. Ce jeune couple ne trouvant pas de lieu en cohérence avec celles-là a décidé de créer La Grainerieu en février 2016. Un endroit très calme qui mêle épicerie en vrac et restauration végane. À deux pas, avec ce même principe d’épicerie-restaurant, Tan propose des produits et de très bons plats qui respectent les lois de la nature. Si vous préférez plus central et plus chic, la table d’hôtes Les Filles, au cœur du Bruxelles historique, est une valeur sûre de la restauration bio bruxelloise.

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et naturelle, celle que l’on n’aurait jamais dû abandonner ». « Et d’ailleurs, pourquoi sommes-nous allés à ce point à contre-courant ? », s’interroge-t-elle. Bref, si, comme Raphaëlle, cette question vous taraude, venez retrouver ici la voie d’une cuisine authentique. L’été, la cour du château permet de savourer les petits plats préparés avec amour dans un cadre fort agréable. En baptisant son enseigne Le P’tit beur r, r Fouad a démontré – si besoin il en était – son sens de l’humour et de la dérision, sa simplicité d ’ê t r e a u m o n d e   ! Ouverte depuis septembre 2016 à Saint-Gilles, cette adresse mixe petite épicerie de quartier et restauration maison. « Proposer des produits 100 % bio est le dénominateur commun de ces deux activités et les vins sont tous naturels. » Autour de ce principe simple, Fouad décline une offre large : petit déjeuner servi dès 7 heures 30, plats chauds sur place ou à emporter le midi, apéro le soir et brunch le dimanche

© Pascal Greboval

Envie de manger sain dans un endroit cosy ? Direction L’Estaminet e. Dans l’ancienne sellerie, rénovée avec goût, d’un château du côté de Schaerbeek, Raphaëlle prépare ses plats avec soin. Avec des aliments de saison, bio et locaux au maximum, cette sympathique autodidacte, échappée du monde la communication, offre « une cuisine simple

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Cuisine

Le curcuma… une épice en or ! Texte et photos : Linda Louis

© Martí Sans

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SAUVAGE & DÉLICIEUX ! En poudre à la saveur légèrement poivrée, muscadée et amère, ou en rhizome frais à dénicher chez son épicier bio, le curcuma illumine les assiettes et réveille les organismes fatigués. Si, autrefois, son cousin le gingembre lui volait la vedette, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le « safran des Indes » arrive en haut du panier des superaliments, à condition de bien savoir le doser et l’utiliser.

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i vous avez déjà fait l’expérience de manipuler du curcuma frais à pleines mains, vous devez vous en souvenir ! Il tache incroyablement et laisse une empreinte jaune sans équivoque sur les doigts, la planche en bois, les récipients en plastique… Le rhizome a d’ailleurs longtemps été utilisé comme agent tinctorial pour les vêtements des moines bouddhistes et l’est encore aujourd’hui pour les tissus, la laine ou les peintures naturelles. Originaire d’Asie du Sud-Est (Inde), le curcuma est mentionné dans le plus vieux traité de médecine chinoise, le Shennong bencao jing (datant selon certains de plus de deux mille ans avant Jésus-Christ, selon d’autres des débuts de notre ère…), et dans les tablettes sumériennes et assyriennes datées de 600 ans av. J.-C.. Il a ensuite voyagé jusque dans nos contrées par la route de la soie. Appelé gingembre jaune, il ne rencontrera pas le même succès que son cousin à la chair jaune clair et à la saveur piquante. Seulement voilà, aujourd’hui, le curcuma a le vent en poupe dans le milieu des médecines naturelles occidentales grâce à de nombreuses études menées à son sujet, en particulier sur son constituant majeur, la curcumine. À la clef, l’espoir de comprendre ses mécanismes d’action et de traiter de nombreuses maladies.

je change IDENTIFICATION DE CURCUMA LONGA (ZINGIBÉRACÉES)

• Plante herbacée, robuste, d’environ 1 m de hauteur, cultivée pour son rhizome à peau épaisse, écailleuse, gris-brun à l’extérieur, jaune orangé intense à l’intérieur, donnant naissance à maturité à de petits rhizomes secondaires en forme de doigts. • Grandes feuilles vertes, oblongues, effilées à l’extrémité, portées par de longs pétioles engainant. • Fleurs jaunes ou blanches, parfois bordées de violet, groupées en épis séparés par des bractées vert pâle. • Fruit (rarement produit) en capsule globuleuse. • Habitat en zone tropicale (Inde, Asie du Sud-Est). Disponible frais sur les marchés de septembre à mars.

Si les Indiens et les Chinois connaissent depuis bien longtemps ses propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires, la science valide désormais certaines de leurs connaissances empiriques et ancestrales. On a ainsi découvert que la curcumine joue un rôle bénéfique dans la lutte contre les troubles digestifs, gastriques, hépatiques, musculaires et oculaires, contre l’asthme, l’eczéma, les maladies rhumatismales et cardio-vasculaires, et même contre certains cancers. Bien que très encourageantes, beaucoup de ces données sont reprises d’après des études de laboratoire sur des animaux ; il convient ainsi d’aborder ces informations à leur juste mesure… et d’inviter le curcuma en cuisine avant tout pour le plaisir.

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En cuisine

Un seul conseil : mettez des gants en latex si vous le cuisinez frais ! Il se pèle à la petite cuillère, comme le gingembre, se râpe beaucoup mieux que lui (car bien moins fibreux), se consomme cru mixé en smoothie avec des fruits. En poudre, il se glisse partout, laissez libre cours à vos envies. Attention à ne pas trop forcer la dose, car sa saveur amère n’est pas toujours appréciée. n

Vertus thérapeutiques et médicinales Comme le curcuma est liposoluble, il est nécessaire de le mélanger avec un corps gras (ghee, huile de tournesol, huile de coco) pour une meilleure absorption de la curcumine dans notre organisme. Des études ont rapporté en outre que la pipérine, substance active contenue dans le péricarpe du poivre noir, augmente sa biodisponibilité. Attention, si vous avez des problèmes digestifs, n’utilisez pas de poivre : il peut irriter les muqueuses. Afin de tonifier l’organisme et de renforcer les défenses immunitaires, faites une cure de curcuma (traitement préventif : 1 à 2 semaines). Consommez-en entre 4 et 8 g en

poudre par jour, soit l’équivalent d’1 à 2 c. à café. Le plus simple et le plus pratique est de boire du lait d’or (lire recette page suivante) 2 ou 3 fois par jour. Vous pouvez combiner la cure en préparant un plat type curry, en ajoutant 1 c. à c. de curcuma dans une soupe, un gâteau, des crêpes, du pain, etc., toujours avec un apport en graisse et en poivre noir. Pour les infections plus virulentes (grippe, angine, gastro-entérite…), les crises de rhumatisme, d’eczéma, les douleurs musculaires et dentaires durables ou les gros coups de fatigue, il est possible de prendre de l’extrait bio concentré à 95 % en curcuminoïdes. kaizen • janvier-février 2017 • 81


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RENDEZ-VOUS NVIER-FÉVRIER L’AGENDA KAIZEN 2017 • JA

JANVIER [ÉVÉNEMENT KAIZEN] 12 janvier à 20 h 30 / Paris Ciné-débat autour du film Food Coop en présence du réalisateur Tom Boothe. Cinéma Le Chaplin - 24, place Denfert-Rochereau - 75014 www.kaizen-magazine.com/cine-debats 13 au 15 janvier / Quimper (29) Salon Breizh Nature, 2e édition breizh-nature.bzh • 02 98 52 01 44 14 et 15 janvier / Montluçon (03) Salon du bien-être Naturellement zen Centre Athanor www.centreathanor.com • 04 70 08 14 45 14 au 18 janvier / La Roche-sur-Grane (26) Forum L’Écoentrepreneur : pour une transition entrepreneuriale écologique. Un séminaire d’intelligence collective dédié aux entrepreneurs, intrapreneurs, consultants et citoyens investis qui veulent réconcilier économie et écologie. www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 21 et 22 janvier / La-Roche-sur-Grane (26) Stage Psychologie & coopération, pour s’interroger sur l’écologie relationnelle. www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 24 au 26 janvier / Bordeaux (33) Assises européennes de la transition énergétique, 18e édition Palais des congrès www.assises-energie.net • 05 56 11 99 00

25 janvier au 1er février / Salon-deProvence (13) Ciné-festival Terre & Avenir, 4e édition salontransition.fr [KAIZEN PRÉSENT ET PARTENAIRE] 26 au 30 janvier / Paris Salon Bien-être, médecines douces et thalasso Paris Expo Porte de Versailles - 75015 www.salon-medecinedouce.com 27 au 29 janvier / Yvetot (14) Salon de l’habitat et des écosolutions, 23e édition www.expo-normandie.fr • 06 09 25 15 01

2 février / Partout en France Journée mondiale des zones humides. jmzh.lpo.fr [KAIZEN PARTENAIRE] 4 février à 14 h / Auneau (28) Ciné-débat autour du film Demain en présence de Françoise Vernet, directrice du magazine Kaizen. Médiathèque Désiré Klein www.kaizen-magazine.com/cine-debats 02 37 91 90 93 [CONFÉRENCE KAIZEN] 14 février à 19 h 30 / Paris Demain, quelle agriculture ? Avec Nicolas Brahic, éleveur de cochons bio dans le Larzac, Xavier Mathias (Fermes d’avenir) et Jean-Louis Colas, vice-président du Réseau national des espaces-test agricoles (RENETA). Conférence animée par Françoise Vernet. Goethe-Institut - 17, avenue d’Iéna - 75016 Réservations : www.kaizen-magazine. com/conferences

rendez-vous 27 janvier au 5 février / Die et Biovallée (26) 15es Rencontres d’Écologie au quotidien www.ecologieauquotidien.fr 04 75 21 00 56

FÉVRIER 1er au 5 février / La Roche-sur-Grane (26) et Bellegarde-en-Diois (26) Formation Piloter sa transition, ou l’art du passage. À l’occasion de ce stage, vous pourrez partager des témoignages, découvrir et pratiquer les différents outils qui accompagnent le changement, permettent de qualifier un projet, une action, et de le mettre en œuvre. www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 et www.ecolenaturesavoirs.com

19 au 22 février / La Roche-sur-Grane (26) Séjour Papilles : un séjour familial et festif à l’occasion des vacances d’hiver autour d’une nourriture saine issue de l’autonomie des jardins des Amanins. www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 [ATELIER KAIZEN] 24 février à 10 h 30 / Paris Atelier Surfer écolo : entre éthique et bonnes pratiques à adopter, en partenariat avec l’association GRAINE Île-de-France. Maison des Acteurs du Paris durable 21, rue des Blancs Manteaux, 75004 www.graine-idf.org [ÉVÉNEMENT KAIZEN] 28 février à 19 h / Paris Kaizen fête ses 5 ans et son 31e numéro ! Pour plus d’informations sur cette soirée, rendez-vous sur notre site Internet en février ! www.kaizen-magazine.com

PASSEZ À L’ACTE ! Si la lecture de notre dossier page 36 vous a donné envie de plonger les mains dans la terre, voici une sélection de stages et de conférences pour vous initier à l’art de la permaculture et de l’agroécologie. 21 et 22 janvier / Fondettes (37) Stage de permaculture à la ferme biologique La Petite fève, à 5 minutes de Tours. Un week-end qui vous permettra de repartir avec une boîte à outils de techniques et de pratiques pour réaliser votre jardin en permaculture. Un moment de rencontres, de partage et de bons conseils. www.kiwi-nature.com/21-22-janvierpermaculture • 06 99 43 12 93

4 février / Claix (38) Conférence Jardiner bio, c’est facile ! Pascal Aspe, jardinier en chef des jardins bio de Terre vivante vous donnera tous les conseils pour réussir votre jardin sans aucun produit chimique. catalogue.ville-claix.fr • 04 76 98 56 79 3 au 5 février / Fatouville-Grestain (27) Stage d’initiation à la permaculture. Ce stage a pour but de vous donner des bases solides pour aménager votre environnement, selon vos besoins. Il se déroule à L’Arbre aux étoiles, un écolieu où la permaculture est mise en pratique (buttes de culture, poulailler, spirale

aromatique…), mais prévoit aussi la visite d’autres lieux à proximité pratiquant la permaculture. www.escargotier.org • 06 29 46 39 43 27 février au 3 mars / Lablachère (07) Stage Le Jardin vivrier agroécologique. Au programme : connaître les caractéristiques du sol, approfondir sa compréhension du sol vivant, renforcer les connaissances sur les processus de compostage, comprendre le système de défense naturelle des végétaux, acquérir des connaissances pour cultiver des plantes saines et utiliser les traitements naturels. terre-humanisme.org • 04 75 36 65 40

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