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mars-avril 2017
DÉMOCRATIE AUX ACTES, CITOYENS ! THOMAS D’ANSEMBOURG CONSTRUISONS LA PAIX
BONNES ADRESSES Belgique 7,20 € Suisse 10,40 CHF
ROUEN
OLIVIER FÖLLMI
LE CHEMIN DE L’HUMILITÉ
Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 142 720 € Siège social 19, rue Martel - 75010 Paris www.kaizen-magazine.com Magazine bimestriel numéro 31 Mars-avril 2017 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Oudin Directrice d’EKO LIBRIS Françoise Vernet Rédacteur en chef Pascal Greboval Rédactrice en chef adjointe Sabah Rahmani Secrétaire de rédaction Diane Routex Éditeur Web Simon Beyrand Abonnements et commandes Camille Gaudy abonnement@kaizen-magazine.fr 19, rue Martel - 75010 Paris Comptabilité Patricia Lecardonnel Contact info@kaizen-magazine.fr Tél. 01 56 03 54 71 Direction artistique, maquette et mise en pages • hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Photo de couverture © Éric Coquelin Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIRET : 539 732 990 000 38 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Vente au n° pour les diffuseurs Groupe HOMMELL • Tél. 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peut être reproduit-e sans l’autorisation du magazine. Merci.
Édito
Nouveau mandat Ainsi s’achève un quinquennat. Un quinquennat composé de doutes, de labeur, d’efforts, mais aussi de rires, de joies, de riches rencontres et d’une croissance constante. Un quinquennat de construction pour laisser place à un quinquennat de développement. Un quinquennat qui laisse imaginer un horizon… plein d’espoir. À chacun son quinquennat ! Sans passer par une primaire, nous repartons pour un nouveau mandat, forts du soutien des lecteurs et des lectrices qui sont de plus en plus nombreux à nous rejoindre chaque jour. Voilà effectivement cinq ans que Kaizen a rencontré sa première abonnée, Hélène, sur le salon Primevère, à Lyon. C’était le 26 février 2012. Depuis, Hélène a entraîné du monde dans son sillage. Vous êtes aujourd’hui 20 000 personnes à nous lire à chaque numéro. Nous vous remercions chaleureusement de votre confiance ! Cinq ans à mettre en lumière le génie créateur de la société civile. Cinq ans à préférer le lien à la division. Cinq ans à militer pour et limiter le contre. Cinq ans à éviter le manichéisme, et proposer une vision écosystémique, certes complexe, mais naturelle. Et maintenant, de quoi sera fait demain ? En premier lieu, d’élections. Elles peuvent changer notre destinée collective. Nous invitons donc le ou la prochain-e locataire de l’Élysée à lire le dossier de ce numéro sur la démocratie et à s’abonner à Kaizen pour saisir le talent, la solidarité et l’humanité qui règnent en France. Et nous, à Kaizen, nous allons continuer à avancer pas à pas… Pour construire une autre société avec vous. Confiants, mais conscients de la fragilité de notre aventure. Car tel est notre quotidien depuis cinq ans : être en quête d’équilibre et de cohérence. Un exercice jubilatoire, mais de haut vol. C’est grâce à vous que nous gardons le souffle et l’énergie de déployer nos ailes. Alors, bon anniversaire ! Car ces cinq ans, ce sont les vôtres aussi. Pascal Greboval, rédacteur en chef P.-S. Un immense merci à celles et ceux qui ont travaillé de près ou de loin à la réussite de ce quinquennat. Avec une pensée affectueuse à Patrick Baldassari, Cyril Dion et Yvan Saint-Jours. P.-P.-S. Depuis cinq ans, nous pratiquons les mêmes prix. Or depuis cinq ans, il y a eu des évolutions : augmentation des tarifs postaux (+ 24 %), du nombre de pages du bimestriel (76 à 96 pages), de l’équipe salariée (de 2 à 8 équivalents temps plein), etc. Nous avons décidé d’augmenter le bimestriel de 5,90 € à 6,50 € et de maintenir les hors-série à 12 € pour faire face à ces changements et préserver nos équilibres.
Kaizen, késako ? Kaizen est un mot japonais signifiant littéralement « changement bon ». Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un deuxième puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau.
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Sommaire • Kaizen n
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6 Dans la boîte aux lettres de Kaizen
ELLES-ILS PENSENT DEMAIN
ELLES-ILS FONT LEUR PART
JE SUIS LE CHANGEMENT
8 Rencontre Thomas d’Ansembourg Construisons la paix
34 Portraits Bergers en zones urbaines, le retour de la nature en ville
68 Je vais bien, le monde va mieux Le thé vert
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Dossier Démocratie Aux actes, citoyens !
72 Do It Yourself Le bouchon de liège, sens dessus dessous (de plat) !
13 Les pièces du puzzle Le jardinage Une activité à cultiver 16
Portfolio
76 Nos bonnes adresses Rouen
Olivier Föllmi Le chemin de l’humilité
80 52 Vent d’ailleurs Au Danemark, un supermarché de produits périmés contre le gaspillage
Cuisine
L’alliaire officinale
57 Politisons ! Cyril Dion
26 Créateurs de culture La Dînée, un repas au service de l’art 30 La voie du Kaizen Christophe André 32 Une nouvelle Lire dans les vignes par Régine Detambel
4 • kaizen • numéro 31
58 Et si on le faisait ensemble ? La ville, un espace à fabriquer ensemble 62 Le goût de l’enfance L’École des musiques vivantes donne le la au collectif 67 Écologie intérieure Gilles Farcet
87 Le sourire d’Yvan Saint-Jours 89 Les rendez-vous Kaizen 92 Paroles de Colibris 94 La chronique de Pierre Rabhi
Rencontre
Thomas d’Ansembourg Construisons la paix La Paix, ça s’apprend ! clame Thomas d’Ansembourg en titre de son dernier livre paru chez Actes Sud fin 2016. Pour ce thérapeute belge, ancien avocat, chaque citoyen peut renouer avec sa paix intérieure avec des méthodes simples de développement personnel. Une réconciliation bénéfique pour toute la société. Rencontre avec un homme joyeux et serein. Propos recueillis par Pascal Greboval et Sabah Rahmani - Photos : Patrick Lazic Si la paix est un apprentissage, pourquoi, selon vous, est-elle aussi un état naturel ? Nous sommes nés pour être en paix, j’en suis de plus en plus convaincu. Ce n’est pas une proposition naïve, c’est le fruit de près de vingt-cinq ans d’accompagnement. J’observe que les personnes qui apprennent à se rapprocher d’elles-mêmes retrouvent la paix. Elles reviennent dans ce qu’elles sont par essence : paisibles, joyeuses, fécondes, partageantes et aimantes. C’est notre nature ! Le processus de pacification est un retour à l’état d’origine. D’ailleurs, les récentes découvertes en neurosciences ont montré que le nouveau-né est empathique par nature. Il a envie de s’amuser et il n’est pas dans des rapports de pouvoir ; il a le goût d’être proche de l’autre. C’est en grandissant dans nos systèmes que l’on devient antipathique, que l’on apprend à se couper de nos ressentis et à se faire violence. Pourtant, on dit aussi que l’état de domination est naturel… Je ne le crois pas ou, plutôt, je ne le crois plus. Lors de ma formation d’avocat, on nous répétait que « l’homme est un loup pour l’homme », que c’est la loi de la compétition évoquée par Darwin – « manger ou être mangé ». Mais ce n’est pas ce que je vois. La domination,
le contrôle, la manipulation naissent dans les blessures. Un manipulateur est un être blessé. Un séducteur à répétition est un être blessé qui manque d’estime de soi, quelqu’un qui veut contrôler et qui, en fait, n’a pas le contrôle de soi… Ce sont des personnes qui n’ont pas trouvé leur sécurité intérieure, leur confort, leur confiance et leur capacité à créer un lien. La paix intérieure peut-elle influer sur la vie en société ? Oui, car on peut être contagieux de sa paix intérieure. C’est le bénéfice citoyen du travail sur l’intériorité, que j’évoque dans mon livre précédent Du Je au Nous, L’Intériorité citoyenne : le meilleur de soi au service de tous [Les Éditions de l’Homme, 2014]. Si nous voulons contribuer à pacifier le monde, le premier espace de pacification, c’est nous-même. Cela demande un certain travail de connaissance de soi, de toutes nos parties, notamment de l’ombre que l’on n’aime pas trop aller voir, mais que l’on a besoin d’intégrer pour être unifié et centré, et ce, pour pouvoir aussi accueillir l’ombre de l’autre. Lorsque nous entrons dans cette démarche de manière suffisamment rigoureuse – c’est une hygiène de vie que l’on instaure –, j’observe que nous devenons spontanément généreux de nous-même. kaizen • mars-avril 2017 • 9
À la saison des pluies, la surface du Salar d’Uyuni (Bolivie), situé à plus de 3 600 mètres d’altitude, se transforme en un immense miroir.
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Portfolio
Olivier Föllmi Le chemin de l’humilité Le photographe franco-suisse Olivier Föllmi sillonne le globe depuis trente ans. De l’Himalaya – où il a vécu – à la cordillère des Andes, en passant par l’Inde et l’Afghanistan, ses photos nous invitent à changer de regard sur le monde. Elles conjuguent nature, humilité et sagesse. Entretien réalisé par Pascal Greboval
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Dossier
Démocratie Aux actes, citoyens ! D’élections en abstentions et de désillusions en renonciations, d’autres voix composent les accords d’une nouvelle partition démocratique. Leur objectif : revaloriser la souveraineté du peuple diluée dans les méandres de la représentativité. Facilitation, collaboration, participation, éducation populaire : tous les instruments sont là pour orchestrer un véritable retour des citoyens au concert démocratique. À l’instar des mouvements nés en Espagne, en Grèce ou aux États-Unis, les initiatives citoyennes en France font naître des voies politiques prometteuses. Voyage au cœur de cette nouvelle ère. Dossier réalisé par Sylvain Lapoix
Merci au cabinet d’avocats NMCG pour leur contribution lors de notre campagne de financement participatif KissKissBankBank en 2015.
© Éric Coquelin
Dossier
Démocratie : aux actes citoyens !
© Éric Coquelin
La démocratie, une histoire de pouvoir
L
a crise de régime de notre démocratie n’est peut-être qu’une passagère crise de foi. Gavée par l’exemple athénien, notre mythologie républicaine semble avoir oublié les racines de ce système et celle du mal qui le ronge. Le terme démocratie vient du grec dêmos, « peuple », et kratos, qui désigne, dans la langue d’Aristote, le « pouvoir ». Mais kratos peut aussi se traduire par « violence », constate, goguenard, l’anthropologue américain proche d’Occupy Wall Street David Graeber, qui cite la Politique d’Aristote 1. Pour le penseur athénien, le régime est le reflet de ceux qui ne contesteront pas les décisions prises. C’est l’armée qui détermine la classe régnante et donc le système : dans les cités où la cavalerie, unité d’élite, tient le haut du pavé, l’aristocratie s’installe pour ne pas risquer la mutinerie. Alors qu’à Athènes, où l’infanterie légère prime, la démocratie a pu s’imposer. Par la force, donc. Nulle trace ici de la fameuse sagesse du peuple grec, ou même de l’iségorie, ce droit attribué aux citoyens de l’Athènes antique de prendre la parole à l’ecclésia, l’assemblée.
Du pouvoir du peuple à la chose publique Ce droit du peuple à s’exprimer cède, dans l’esprit des rédacteurs des premières constitutions en 38 • kaizen • numéro 31
Loin des idéaux d’une démocratie directe et participative, les républiques occidentales fondées au xviiie siècle ont dévoyé le mythe du modèle athénien. La vision élitiste des Pères fondateurs a privilégié en réalité l’intérêt des États au détriment de la voix citoyenne.
Occident, la place à la « chose publique », la res publica, dont la racine et l’esprit s’ancrent dans la Rome antique. De Paris à Washington, cette filiation remplit les blasons, gonfle les nomenclatures de questeurs, érige un « Capitole » aux États-Unis… Mais, outre les symboles, cette inspiration charrie le sentiment élitiste qui dominait le discours des maîtres latins. Loin de vanter la sagesse et la légitimité du peuple, les révolutionnaires du xixe siècle – américains aussi bien que français – instituent une « aristocratie élective » pour remplacer l’aristocratie héréditaire. Alors que Montesquieu ou Rousseau préconisaient au siècle précédent de désigner des dirigeants par tirage au sort – suivant certaines pratiques grecques et certaines modalités –, un siècle plus tard, les Pères fondateurs choisissent de chasser la monarchie par une autre forme de pouvoir. Ils professent à la tribune leur haine d’un régime guidé par les citoyens, qui serait synonyme d’anarchie, un « régime sanglant », selon John Adams, fer de lance de la révolution américaine et artisan de la Déclaration d’indépendance des États‑Unis (1776). En France, le propagandiste auteur de Qu’est-ce que le Tiers-État ? (1789), Emmanuel-Joseph Sièyes, n’est pas moins sec avec ce régime : « Le peuple […] dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être) […] ne peut agir que par ses représentants. »
Dossier
Démocratie : aux actes citoyens !
Vers de nouvelles pratiques démocratiques
© Éric Coquelin
Parallèlement à la crise que traverse la démocratie institutionnelle, d’autres formes fleurissent et renouvellent les champs de la participation et de la représentation. La philosophe Sandra Laugier et la militante Elisa Lewis observent les leçons de ce printemps de la citoyenneté.
Considérez-vous que nous sommes aujourd’hui en démocratie ? Sandra Laugier La démocratie est à bout de souffle dans la mesure où le peuple n’a plus le sentiment d’être représenté. Les commentateurs peinent à comprendre ce phénomène et en viennent à critiquer le peuple, comme avec la victoire du Brexit. Dire que le peuple fait n’importe quoi est un propos antidémocratique qui montre le problème actuel entre le peuple et ses représentants. Mais, hors de la vie politique officielle, quelque chose de différent se développe : le mouvement d’occupation des places, les opposants à Notre‑Dame-des-Landes, les Indignés… Il ne s’agit plus d’institutions démocratiques, mais d’une démocratie en actes où les acteurs s’organisent et agissent suivant des valeurs d’égalité. Si l’on adopte cette double définition de la démocratie, on constate que la démocratie comme régime idéal de vie n’est pas effective, tandis que la démocratie comme forme de vie se développe de plus en plus. La démocratie est une valeur dévaluée qui doit être illustrée et exemplifiée. Elisa Lewis Notre système politique est étouffé par l’exaltation d’un homme providentiel. Les partis politiques s’accrochent au monopole de désignation des candidats et, malgré leur perte d’autorité, ils demeurent les gardiens du temple. Cela pose particulièrement problème quand des sujets sont imposés de manière artificielle dans le débat public : les controverses sur la déchéance de nationalité et sur le burkini constituent deux exemples flagrants de construction
Vent d’ailleurs
Au Danemark, un supermarché de produits périmés contre le gaspillage En février 2016, les Danois ont vu s’ouvrir à Copenhague le tout premier magasin de produits périmés du pays. Unique en son genre, Wefood fait la chasse au gaspillage et le plein de clients soucieux de dépenser moins et de protéger la planète. Texte et photos : Pascale Sury
En venant régulièrement faire ses courses ici, Sara a le sentiment de participer à une bonne cause.
S
ur l’île d’Amager, à Copenhague, les bénévoles de Wefood s’affairent dans le magasin avant l’ouverture prévue à 15 heures. Fruits, légumes, produits surgelés, boissons et aliments secs : il leur reste quelques minutes pour tout mettre en rayons. Dans ce supermarché pas comme les autres, seuls des produits qui étaient destinés à la poubelle – date de durabilité minimale (DDM) dépassée, emballage endommagé, mauvais étiquetage… – sont proposés à la vente. Encore tout à fait consommables, ils sont récupérés gratuitement auprès d’enseignes classiques et revendus entre 30 et 50 % moins cher. À l’exception de fruits et de légumes, Wefood vend essentiellement des denrées sèches. Certains aliments, comme le pain, sont même donnés aux clients. Après son lancement en février 2016, le concept n’a pas mis longtemps à séduire : « Beaucoup de gens sont intéressés par ce genre d’initiative : les retraités, les étudiants, les personnes plus démunies, mais aussi les plus aisées ! », explique René Olsen, cuisinier de profession. À côté de son travail, il prend le temps de venir aider ici bénévolement cinq heures par semaine. « Il y a une ambiance agréable entre les bénévoles et j’aime l’idée de participer à une bonne cause. Cela me détend et me permet de rencontrer du monde », confie-t-il. Au total, ce sont quatre-vingts bénévoles qui font tourner le magasin d’Amager. « Wefood est unique, car il ne s’adresse pas seulement aux faibles revenus et aux sans-abri, mais à tous les consommateurs préoccupés par la quantité de déchets alimentaires produits par ce pays », assure Sofie Møller Wulff, chargée de communication pour l’organisation non gouvernementale DanChurchAid, à l’origine du projet. Au Danemark, comme en France d’ailleurs, vendre des produits périmés est légal si l’étiquette indique clairement la date de durabilité minimale (DDM) – qui assure la qualité gustative et nutritionnelle du produit. En revanche, il est interdit de commercialiser des aliments ayant une date limite de consommation (DLC) dépassée, car ils présentent des risques sanitaires. Mais, en général, les supermarchés de la ville préfèrent ne pas proposer de produits dont la DDM est dépassée, même de quelques jours. « Nous collaborons avec des enseignes qui ne veulent plus vendre ces produits. C’est une question d’image. Elles ne souhaitent pas prendre le risque de “dégoûter” les consommateurs », explique Sofie. Pourtant, au Danemark, le gaspillage est devenu un sujet de réflexion majeur 1 et les initiatives de réduction des déchets fleurissent : sensibilisation dans les écoles, développement d’une application mobile
Pour aller récupérer des petites quantités d’aliments, les bénévoles utilisent le vélo Wefood à la place du camion. Il est équipé d’un mini-frigo pour le transport des surgelés.
– To Good To Go – qui met en relation restaurateurs et consommateurs pour que ces derniers puissent récupérer des plats prêts à partir à la poubelle, mise en place de stratégies de réduction des déchets dans les restaurants et les hôpitaux… En réduisant de 25 % ses déchets alimentaires entre 2010 et 2015, le pays est devenu un modèle en la matière !
Un magasin pour dépenser moins et protéger la planète Au-delà des économies qu’ils réalisent, les clients viennent ici pour lutter contre le gaspillage alimentaire : « Il est totalement aberrant de jeter de la nourriture. Il faut agir », confie Sara, une habituée des lieux. « Je viens très régulièrement. Si je devais résumer l’esprit du supermarché en un mot, ce serait “social” ou “communauté”. Tout le monde est le bienvenu ! Si je préfère acheter mes aliments ici plutôt qu’ailleurs, c’est à la fois pour soutenir une bonne cause, payer moins cher et parce que je me soucie de l’environnement et de mon empreinte carbone », ajoute-t-elle. kaizen • mars-avril 2017 • 53
Et si on le faisait ensemble ?
La ville, un espace à fabriquer ensemble « Rendre la ville plus conviviale et partagée », tel est le manifeste des membres de Ya+K. Leur outil ? Le bricolage ! Ce collectif de jeunes architectes, urbanistes, designers et artistes propose de concevoir et fabriquer la ville avec ceux qui l’habitent en s’inspirant de l’esprit du « fait maison ». Texte : Aude Raux - Photos : Jérômine Derigny
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M
«
oi qui ai besoin de m’évader dans ma tête, j’aime regarder par la fenêtre. Depuis que le collectif Ya+K est là, je peux à nouveau rêver face à la dalle Maurice Thorez : la vie a repris », confie Raphaël Toubeul. Ce monsieur épris de liberté habite l’un des logements sociaux qui encerclent cette dalle construite à la fin des années 1960 à Bagnolet (Seine‑Saint-Denis). Pour insuffler la vie dans cet envi‑ ronnement minéral devenu insalubre, la mairie a de‑ mandé au centre social Pablo-Neruda, situé également sur la dalle, d’accueillir Ya+K en résidence au cours de l’année 2014. À force d’y passer du temps, le collectif de bricoleurs est devenu indéboulonnable : ils y ont désormais leur bureau ! Par une belle journée ensoleil‑ lée d’hiver, Mohamed Monji scie et cloue des planches de bois pour ériger un kiosque et une terrasse qui accueilleront des concerts et des fêtes de quartier. Élève de terminale en ébénisterie, ce voisin de la dalle est en service civique auprès du collectif depuis mai 2016 avec deux autres jeunes : « Franchement, tout ce qui a été fait, ça aménage mieux la dalle, et puis les gens se parlent entre eux. Ils s’arrêtent et nous posent des questions : “Qu’est-ce que vous faites ?” Il y en a même qui nous proposent un coup de main. C’est important d’apprendre aux gens à bricoler pour qu’ils se débrouillent tout seuls. » Deux enfants passent sous l’aile de leurs mamans et s’arrêtent observer les bricoleurs à l’ouvrage : « Oh ! C’est quoi ? Une cabane pour faire pousser des fraises ? » Lors d’ateliers
Avec le collectif Ya+K, les habitants de Bagnolet se réapproprient l’aménagement de leur ville.
participatifs de bricolage réalisés à partir de palettes récupérées dans la rue, du mobilier urbain a été fabri‑ qué et aménagé sur la dalle, comme des bancs publics. Quant aux jardinières, envahies hier par les crottes de chien et les herbes indésirables, elles ont été amélio‑ rées et métamorphosées en potagers partagés. Aujourd’hui, dans les bacs poussent des fèves, des choux ou encore des arbres fruitiers comme des pê‑ chers et des noyers. Un compost de quartier, géré par les riverains, a également été installé.
Un urbanisme résilient, par et pour les habitants L’association Ya+K, fondée en 2011, rassemble deux ar‑ chitectes, un urbaniste, un designer et un artiste, tous adeptes du do it yourself 1. Leur credo : que les ci‑ toyens se réapproprient l’espace urbain. Il s’agit d’un urbanisme du quotidien qui s’imagine et se fait par les habitants, « un urbanisme DIT (Do It Together 2) », comme l’écrit Étienne Delprat, l’un des cofondateurs de Ya+K, dans son Manuel illustré de bricolage urbain (lire encadré page suivante). Un manifeste auquel Sophie Callaf, directrice du centre Pablo-Neruda, adhère pleinement : « L’idée, c’est qu’on ne conçoit et on ne construit rien les uns sans les autres. Et c’est ce qui s’est concrètement passé. Les membres de Ya+K ont entraîné du monde dans leur sillage en diffusant un esprit créatif autour d’eux. » kaizen • mars-avril 2017 • 59
Le goût de l’enfance
L’École des musiques vivantes donne le la au collectif À Joyeuse, en pleine zone rurale d’Ardèche méridionale, une école de musique associative propose un enseignement basé sur le collectif. Dès la première année, les enfants, multi-instrumentistes, se produisent ensemble sur scène. Une méthode vivante et responsabilisante qui favorise l’apprentissage. Texte : Nelly Pons - Photos : Antoine Combier
Q
uatorze heures, un mercredi après-midi, à Joyeuse, petite commune ardéchoise de moins de deux mille habitants. Neuf enfants de 6 à 8 ans déferlent dans le bâtiment communal qui héberge l’École des musiques vivantes. Après s’être exercés au chant, ils commencent à travailler la lecture et l’écriture des notes : rondes, noires, croches, clef de sol… Cette digression un peu scolaire ne durera pas longtemps, car ici, c’est la pratique qui prime : « Quand nous leur parlons d’une double-croche ou d’un accord, ils savent très bien ce que c’est et à quoi ça sert. Mais la manière dont ça swingue ne s’écrit pas ! », explique Samantha Guerry, accordéoniste, pianiste et chanteuse, née dans la Drôme voisine. En 2010, elle a rejoint le projet de l’École des musiques vivantes initié par Vincent Landelle 1 en 1999 : « J’avais envie que les enfants de ce territoire aient facilement accès à la culture », indique-t-elle. S’inspirant de la pédagogie de Philou Blot, de l’École qui swingue 2, Vincent a choisi d’aborder l’enseignement de la musique à travers le prisme du collectif et de la polyrythmie. Il a développé sa propre méthodologie, qu’il continue de faire évoluer en inventant constamment de nouveaux jeux et de nouvelles façons d’apprendre : « Ça demande de sacrées ressources, de la créativité. J’essaie d’apporter un côté magique, de faire en sorte qu’ils s’éclatent. » Nouvelle déferlante dans les escaliers. Les enfants rejoignent Vincent Landelle dans une grande salle remplie d’instruments en tous genres. Debout en cercle, ils abordent la rythmique au moyen des percussions corporelles : ils marchent, tapent, rient… En se servant du jeu, Vincent affûte leur capacité à conserver le rythme. Il détourne leur attention, leur parle vite, leur pose plein de questions… À présent bien dans le tempo, les enfants se saisissent de surdos (gros tambour), de cloches ou de tambourins pour former une batucada, un ensemble de percussions brésiliennes. Chacun saisit un instrument – ils savent jouer de tous – puis en change au
bout de quelques instants. Vincent insiste : « Ce n’est pas l’instrument ou le niveau qui sont importants, mais l’attitude du musicien. » Le but n’étant pas de jouer coûte que coûte, seul dans son coin, mais d’œuvrer dans le groupe, d’écouter, de sentir, pour faire émerger une musique qui fonctionne.
Apprendre à vivre ensemble À 15 heures 30, le groupe du deuxième cycle – constitué d’enfants âgés de 8 à 11 ans – arrive. Cette fois, les instruments utilisés sont plus complexes : batterie, marimba, xylophone, clavier, guitare, accordéon… Aujourd’hui, les élèves travaillent la mélodie du film d’animation japonais Mon voisin Totoro 3, arrangée par Vincent et Samantha : « C’est la petite Alice qui nous l’a apprise. Elle en avait retrouvé les notes à l’oreille sur le piano de sa mère pour les partager avec le groupe. » Preuve encore que, contrairement à l’apprentissage classique qui isole, les cours collectifs stimulent l’enfant. Louison, 9 ans, le confirme : « Seule, je n’y arriverai pas. » À 18 heures, la classe orchestre – La Ruche – prend le relais. Changement d’ambiance. Les ados n’attendent kaizen • mars-avril 2017 • 63
« La première tasse humecte mes lèvres et ma gorge. La deuxième bannit ma solitude. La troisième dissipe la lourdeur de mon esprit, rendu confus par tant de lecture. […] » Lu Tong (790-835), connu comme « le fou du thé »
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je change
Je vais bien, le monde va mieux
Les plantes indispensables à votre santé Le thé vert Il y a quelques décennies, en Occident, le thé se buvait noir. Et voici maintenant que la tendance est au thé vert. Cet antique breuvage n’a pas été victime du greenwashing 1, mais c’est le regard que nous portons sur lui qui a changé. De simple infusion traditionnelle, le thé vert est devenu une véritable boisson de santé grâce à une meilleure connaissance de ses composants. Texte : Sylvie Hampikian - Photos : Olivier Degorce & Amandine Geers
Son portrait Malgré la grande variété présente dans le commerce, sur le plan botanique, le thé est unique. Il appartient à la seule espèce Camellia sinensis, qui englobe deux variétés : le thé de Chine et le thé d’Assam (Inde). Cousin du camélia d’ornement, le théier est un bel arbre à fleurs blanc et or, qui peut atteindre 20 mètres de hauteur. On récolte principalement ses feuilles, qui sont ensuite préparées pour obtenir les divers types commerciaux de thé. Le thé vert subit un simple chauffage avant que ses feuilles ne soient coupées (ou non), puis enroulées sur elles-mêmes pour former autant de « grains » plus ou moins gros. Il ne subit ni oxydation ni fermentation, contrairement aux thés noirs, blancs, bruns et Oolong.
Ses propriétés Les vertus du thé vert découlent de ce mode de préparation, qui respecte au maximum les composants antioxydants de ses feuilles. Il s’agit principalement de polyphénols, et plus précisément de flavonoïdes du groupe des catéchines. Les études scientifiques ont clairement montré que leurs effets
sur notre métabolisme permettaient d’atténuer le syndrome métabolique (hypercholestérolémie, surpoids, hypertension) et de prévenir le diabète et les maladies cardiovasculaires. Le thé vert est aussi capable de favoriser la perte de poids en complément d’un régime adapté, cela notamment grâce à ses effets sur la lipolyse (élimination des graisses). Mais le thé vert contient aussi de la caféine (appelée théine dans ce cas), surtout connue pour ses propriétés excitantes. Raison pour laquelle consommer du thé vert améliore les performances physiques et intellectuelles. C’est aussi à la caféine que le thé vert doit les propriétés diurétiques et drainantes qui contribuent à ses effets minceur.
On l’emploie comment ? En boisson, au naturel : le thé vert est une boisson tonifiante et désaltérante, à consommer chaude ou froide. On compte 1 à 2 cuillères à café rases de feuilles séchées dans une tasse de 250 à 300 ml d’eau chaude. Il est important que cette dernière soit frémissante et non bouillante, pour ne pas altérer les actifs. On laisse infuser 3 à 5 minutes, si possible sous un couvercle, avant de filtrer si nécessaire. Pour kaizen • mars-avril 2017 • 69
Nos bonnes adresses
Rouen
La ville aux cent clochers écolo « L’une des plus belles villes de France », indique le guide touristique au petit bonhomme avec son sac à dos. Forcément, quand on en est natif, on y croit ! En route vers le chef-lieu de la Normandie, où souffle enfin l’élan de la transition. Texte et photos : Pascal Greboval - Dessin : Manu Thuret Si vous venez en touriste, l’office de tourisme de Rouen suggère une liste de Greeters ! Késaco ? Un Greeter (de l’anglais greeter, « hôte », lire Kaizen no 9) est un habitant passionné par son territoire. Il vous permettra de découvrir gratuitement Rouen et la vallée de la Seine à travers ses coups de cœur, le temps d’une promenade originale et insolite.
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MANGER Quand tu entres à LA CANTINE, Marie te tutoie tout de suite : « Bonjour ! Tu connais le principe ? Tu as fait ton choix ? » Tu comprends immédiatement que tu n’es pas dans un restaurant classique. Et quand on demande à cette « PDG bénévole » ses motivations pour ouvrir un tel lieu, elle devient intarissable : « Je réponds avec ce restaurant à la question “Qu’est-ce que je peux faire localement pour faire bouger la société ?” Pour moi, c’est faire en sorte que les gamins puissent manger équilibré, en proposant des plats de légumes au prix du kebab [moins de 7 euros] ; que les gens soient en bonne santé ; que cesse l’appauvrissement des goûts… C’est un choix politique ! », martèle-t-elle enfin. Ouvert en 2014, La Cantine repose sur la personnalité de Marie, mais aussi des bénévoles, « des retraités qui veulent s’occuper, des jeunes qui souhaitent savoir si la cuisine les intéresse, des gens en transition, bref, un panel hétéroclite ». Voilà une excellente adresse pour manger sain – les produits sont pour la plupart bio et locaux – pour trois fois rien. Heureux les Rouennais, qui disposent, avec LA CONJURATION DES FOURNEAUX, d’un second restaurant associatif. À l’origine, une bande de jeunes amis très engagés dans les luttes sociales et politiques. « Nous avions pris l’habitude, lors de certains mouvements sociaux, d’apporter à manger aux grévistes, et on trouvait que c’était de beaux moments de partage, d’échanges et de convivialité. » En 2012, quand l’occasion s’est présentée, ils ont décidé d’ouvrir une cantine associative. Depuis, une vingtaine d’amis bénévoles se relaient pour assurer cuisine, service et bonne ambiance. « L’objectif est aussi de créer du lien, en plaçant les clients à côté d’inconnus pour qu’ils échangent. Et ça marche ! », se félicite le collectif. Avec des plats faits maison et des prix tout petits (plat à 5 euros), le bouche-à-oreille a vite fonctionné : il faut arriver tôt le midi pour trouver une place. Pour prolonger la dynamique de la réflexion citoyenne, des débats et des animations culturelles sont organisés. À noter notamment, la soirée burgers tous les 1ers jeudis du mois.
ALTERNOO est une petite épicerie qui vend essentiellement des produits locaux et bio de saison. « Nous encourageons le circuit court », argumente Benjamin, son créateur. « Nous travaillons avec cinquante producteurs normands, dont vingt maraîchers. En collaborant en amont avec les producteurs, notre objectif est de réduire le gaspillage alimentaire dès la production, qui représente 30 % des pertes. » Derrière la vitrine, l’équipe d’Alternoo propose donc une réflexion globale sur l’alimentation et accompagne les jeunes producteurs qui souhaitent s’installer.
MODE ET BEAUTÉ Une valeur sûre : EKYOG propose, comme dans ses autres magasins en France, des vêtements pour femmes éthiques et bio. Envie de soins sains et d’une beauté bio ? Le salon LUMIÈRE ET BEAUTÉ est la bonne adresse à Rouen. En utilisant les produits du Dr Hauschka, Maryse vous prémunit des effets délétères des produits de la cosmétique classique. kaizen • mars-avril 2017 • 77
Cuisine
L’alliaire officinale De l’ail… qui n’en est pas ! Texte et photos : Linda Louis
De la même famille que le chou, cette plante toute pimpante nous livre à chaque printemps un parfum d’ail très délicat qui égaye nos assiettes. Abondante, facile à reconnaître, savoureuse, bourrée de charme avec ses petites fleurs blanches, l’alliaire fait partie des basiques de la cuisine sauvage.
SAUVAGE & DÉLICIEUX !
I
ci et là en campagne, elle inonde les talus, l’orée des bois et les chemins de randonnée, telle une vague verte ponctuée de petites touches blanches, conférant au paysage un cadre bucolique et poétique. L’alliaire aime s’installer dans les sols frais, mi-ombragés, riches en matière organique. C’est une plante bisannuelle : elle forme ses feuilles arrondies et disposées en touffe la première année pour ensuite montrer ses fleurs et ses fruits (les siliques) la deuxième année. Sa dernière phase de reproduction se fait via un bourgeonnement souterrain, ce qui lui permet de coloniser assez facilement les 80 • kaizen • numéro 31
territoires champêtres. Si sa saveur légèrement piquante et herbacée évoque l’ail, elle rappelle aussi les graines de brocoli germées, le cresson et les feuilles fraîches de moutarde et de raifort, qui font partie de la même famille. La cuisson est à éviter, car ses feuilles deviennent ensuite amères, de même que la dessiccation, qui lui fait perdre son goût et ses propriétés médicinales. C’est la raison pour laquelle son usage est avant tout condimentaire. On lit souvent dans les ouvrages botaniques que les graines peuvent être utilisées pour réaliser de la moutarde. Quand on voit leur
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taille – pas plus grosse qu’une graine de pavot –, on imagine à quel point le travail doit être fastidieux ! La consommation de graines d’alliaire est pourtant courante en Europe depuis des millénaires. Une étude publiée dans la revue en ligne PLOS ONE (« Phytoliths in Pottery Reveal the Use of Spice in European Prehistoric Cuisine », 2013) a mis en évidence l’utilisation de la plante comme épice sur le continent il y a presque six mille ans de ça – elle serait donc l’épice européenne la plus ancienne ! Les chercheurs ont en effet retrouvé des débris de feuilles et des graines d’alliaire dans des tessons de poteries préhistoriques, mis au jour sur trois sites au Danemark et en Allemagne. L’appellation garlic mustard (« moutarde à l’ail ») par les Anglais vient corroborer l’usage aromatique de cette plante, parfaite pour assaisonner nos plats printaniers ! À ne pas confondre avec… L’adénostyle à feuilles d’alliaire (Adenostyles alliariae) qui, comme son nom l’indique, développe des feuilles proches de l’« herbe à l’ail ». À maturité, ces dernières sont trois à quatre fois plus grandes, le limbe est denté de manière irrégulière et mucroné (le mucron est une petite pointe dure et raide qui se trouve à l’extrémité d’un organe végétal), blanc mat velouté dessous. Elles ne dégagent aucun parfum d’ail. Attention aux risques d’échinococcose, ou maladie dite du renard C’est une maladie rare, mais grave, transmise par un ver parasite présent dans les selles d’animaux sauvages (renards) ou domestiqués (chiens). Bien qu’on ne compte qu’une dizaine de cas par an en France, concentrés essentiellement dans le quart nord-est du pays, il convient d’observer certaines mesures de précaution. Ne cueillez que les feuilles d’alliaire situées à au moins 30 centimètres du sol.
•P lante bisannuelle de 40 à 90 centimètres de hauteur, présente au départ sous forme de tapis feuillu, puis, à maturité, développant une grande tige feuillée terminée par une grappe de petites fleurs blanches. Pousse souvent en colonie. • Feuilles de 5 à 12 centimètres, réniformes (en forme de rein) à la base puis plus petites, triangulaires et pointues en remontant sur la tige, vert tendre mat, aux nervures bien marquées et aux bords dentés réguliers et arrondis, développant une odeur d’ail quand on les froisse. • Fleurs blanches avec quatre pétales disposés en croix (caractéristique de la famille du chou, autrefois appelée Crucifères), regroupées quand la fleur est jeune, en grappes pendantes à maturité. • Graines (fruits) minuscules, de la taille d’une graine de pavot, contenues dans des siliques (capsules) allongées (caractéristiques des Brassicacées), disposées en arêtes de poisson sur la tige à maturité. • Habitat en lisières de bois, de chemins, dans les fossés aux pieds des haies et des talus.
En cuisine
C’est une plante à usage surtout condimentaire étant donné que l’on ne chauffe pas ses feuilles. En pesto, hachée menu et saupoudrée au dernier moment sur des pommes de terre sautées, ajoutée dans des salades, des rouleaux de printemps, sur des tartines, dans des fromages maison, dans les omelettes, elle apporte une note fraîche et aillée très agréable. Il est également possible de la panacher avec d’autres herbes printanières – ail des ours, mouron des oiseaux, ortie, plantain… – pour réaliser un jus d’herbes à l’extracteur. Si vous avez la patience, récoltez ses graines dans les siliques et mixez-les avec du sel et des graines de sésame pour réaliser un gomasio aillé. n
Vertus thérapeutiques et médicinales La plante est avant tout antiseptique, diurétique, vermifuge et détersive (propriétés nettoyantes) et, comme beaucoup de Brassicacées, elle a longtemps été utilisée pour ses vertus antiscorbutiques, grâce à sa forte teneur en vitamine C. Expectorante, elle se révèle précieuse au printemps, quand les bronchites n’ont pas dit leur dernier mot. Bronchites : décoction de feuilles (30 à 50 grammes) en les faisant bouillir dans 1 litre d’eau à feu doux et à couvert pendant 10 minutes. Filtrez, laissez refroidir et buvez.
Plaies infectées et purulentes, gelures, impétigo : même recette que ci-dessus en imbibant des compresses avec cette décoction ou en réalisant un jus d’herbes (à l’extracteur de jus ou en les mixant puis en les pressant). Vers intestinaux, nettoyage de printemps : consommation d’une grosse poignée de feuilles par jour en cure d’une semaine.
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RENDEZ-VOUS MARS 1er au 5 mars / Val-Maravel (26) Stage La Nuit pour alliée. Un séjour un brin décalé durant lequel les participants vivront de nuit afin d’appréhender leurs peurs de la nature. www.ecolenaturesavoirs.com 04 75 21 43 84 [KAIZEN PARTENAIRE] 1er au 15 mars / Rambouillet et Poigny-la-Forêt (78) La Quinzaine des possibles : rencontres, projections et débats autour de la transition, de l’éducation, de la finance… https://tinyurl.com/ quinzainedespossibles • 09 61 22 89 91 [KAIZEN PRÉSENT ET PARTENAIRE] 3 au 5 mars / Chassieu (69) Salon Primevère dédié aux solutions écologiques et solidaires, 31e édition [CONFÉRENCE KAIZEN] vendredi 3 à 20 h : échange avec Pierre Rabhi autour de son dernier livre La Convergence des consciences. Animation : Pascal Greboval. [CONFÉRENCE KAIZEN] dimanche 5 à 12 h : Quelle est la place de l’écologie dans la campagne présidentielle de 2017 ? Pascal Greboval, rédacteur en chef de Kaizen, et Hervé Kempf, rédacteur en chef de Reporterre, donnent leurs clefs de lecture pour comprendre cette situation. Eurexpo • http://salonprimevere.org 04 74 72 89 90 [KAIZEN PARTENAIRE] 16 mars à 19 h / Paris Rencontre dans le cadre de la sortie du livre S’engager dans une AMAP, collection Je passe à l’acte (coédition Kaizen-Actes Sud), en présence des auteurs Marie-Noëlle Himbert et Françoise Vernet. Nature et Découvertes Marais 20 bis, rue Sainte-Croix de la Bretonnerie - 75004 www.natureetdecouvertes.com/ conference/2040 • 01 42 96 36 91 17 mars à 20 h / Ramonville-Saint-Agne (31) Conférence Éduquer à la joie, avec Antonella Verdiani, fondatrice du Printemps de l’éducation. Le lendemain, un atelier est organisé à Grenade (31) • www.comturquoise.fr [KAIZEN PRÉSENT ET PARTENAIRE] 17 au 20 mars / Paris Salon Vivre autrement, 30e édition Parc Floral - 75010 www.salon-vivreautrement.com
[CONFÉRENCE KAIZEN] 22 mars à 19 h 30 / Paris Démocratie, passons à l’acte ! Avec Yannick Jadot (candidat écologiste), Elisa Lewis (vice-présidente de l’association Démocratie ouverte) et Charlotte Marchandise-Franquet (candidate citoyenne Laprimaire.org). Animation : Pascal Greboval. Goethe-Institut - 17, avenue d’Iéna - 75116 Réservations : www.kaizen-magazine. com/conferences 24 au 26 mars / Grimaud (83) Salon La Vie autrement, organisé par l’association Bio-Logiques, 15e édition. www.bio-logiques.fr 25 mars, 22 avril et 20 mai / La Roche-sur-Grane (26) Cycle d’accompagnement À l’école des parents. Trois journées animées par Anne Fruchaud, Julie Bournay, Marie Christine Bonnaud et Isabelle Peloux. www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 [ÉVÉNEMENT KAIZEN] 28 mars à 20 h 30 / Paris Ciné-débat autour du film La Communauté, en présence de Mathieu Labonne, directeur du Mouvement Colibris, coordinateur du projet Oasis. Cinéma Le Chaplin 24, place Denfert-Rochereau - 75014 www.kaizen-magazine.com/ cine-debats
AVRIL 3 au 7 avril / Lablachère (07) Stage Le Potager agroécologique terre-humanisme.org • 04 75 36 65 40 [KAIZEN PARTENAIRE] 6 et 7 avril / Annonay (07) Festival La Bio dans les étoiles. Thème : potagers partout et bio pour tous ! Avec Jacques Caplat, Philippe Desbrosses, Marc Dufumier… www.labiodanslesetoiles.com 04 75 32 43 60 [VACANCES KAIZEN] 14 au 17 avril / Saint-Andéol (26) Séjour Bourgeons et expressions à La Lune en bouche avec les Sorcières du Vercors : gemmothérapie, cueillette et transformations des bourgeons et des jeunes pousses. Réservations : www.kaizen-magazine. com/vacances-les-sorcieres-du-vercors 15 au 17 avril / Montaigut-sur-Save (31) Stage Identification et utilisation des plantes sauvages les plus courantes. terre-humanisme.org • 04 75 36 65 40
L’AGENDA KAIZEN 2017 MARS-AVRIL [KAIZEN PRÉSENT ET PARTENAIRE] 22 et 23 avril / Paris Salon Veggie world Le Centquatre - 5, rue Curial - 75019 veggieworld.de/fr [CONFÉRENCE KAIZEN] 26 avril à 19 h / Lyon De la fourche à la fourchette Goethe-Institut 18, rue François Dauphin - 69002 Réservations : www.kaizen-magazine. com/conferences [CONFÉRENCE KAIZEN] 27 avril à 19 h / Marseille (13) Ma vie zéro déchet Friche La Belle de mai - 41, rue Jobin Réservations : www.kaizen-magazine. com/conferences [KAIZEN PARTENAIRE] 28 avril à 19 h / Lyon Rencontre dans le cadre de la sortie du livre S’engager dans une AMAP, collection Je passe à l’acte (coédition Kaizen - Actes Sud), en présence de l’une des auteurs, Françoise Vernet. Librairie Raconte-moi la Terre 14, rue du Plat - 69002 www.racontemoilaterre.com 04 78 92 60 22
PASSEZ À L’ACTE ! Vous souhaitez prendre part à la transition vers une société plus durable et plus solidaire ? Kaizen est heureux de s’associer au « tiers lieu culturel » La REcyclerie pour organiser un débat mensuel sur les solutions à mettre en œuvre. L’occasion de construire, ensemble, le monde que nous voulons. La Recyclerie - 83, boulevard Ornano - 75018 Paris www.larecyclerie.com/agenda 20 mars à 18 h 30 Le débat perché : Observer la biodiversité de la canopée avec le tree-climbing Une vie mystérieuse fourmille dans le feuillage des grands arbres. Venez découvrir les missions d’exploration organisées par le Muséum d’histoire naturelle dans la canopée des forêts tropicales. Avec Jérémie Thomas (En quête d’arbre), Éric Gilbert et Adeline Soulier (maîtres de conférences au Muséum d’histoire naturelle) et Philippe Psaïla (photographe). Modération : Françoise Vernet. 10 avril à 18 h 30 Quel est l’impact des médias alternatifs dans la campagne présidentielle ? Les citoyens s’approprient plus que jamais la campagne présidentielle. Des civic-tech aux médias libres, ces initiatives ont-elles réellement un impact sur la vie politique ? Avec Edwy Plenel (Mediapart), Natalia Gallois (collectif d’anciens d’I-Télé associés pour créer le journal Explicite), Valentin Chaput (Open Source Politics). Modération : Pascal Greboval.
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