Kaizen 33 : Le couple, une quête d'harmonie

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juillet-août 2017

LE COUPLE couv UNE QUÊTE D’HARMO ONIE CONTRACEPTION

QUELLES MÉTHODES ? COLOCATION INTERGÉNÉRATIONNELLE

VIVRE ENSEMBLE À TOUS LES ÂGES

BONNES ADRESSES

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Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 142 720 € Siège social 19, rue Martel - 75010 Paris info@kaizen-magazine.fr www.kaizen-magazine.com Magazine bimestriel numéro 33 Juillet-août 2017 Imprimé sur papier certifié PEFC

Crédit Coopératif – Société coopérative anonyme de Banque Populaire à capital variable – RCS Nanterre 349 974 931 01213 – APE 6419 Z – N° ORIAS 07 005 463 – 12, boulevard Pesaro – CS 10002 – 92024 Nanterre cedex . – Illustration : Artus – LA S U I TE & CO

Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Oudin Directrice d’EKO LIBRIS Françoise Vernet Rédacteur en chef Pascal Greboval Rédactrice en chef adjointe Sabah Rahmani Secrétaire de rédaction Diane Routex Éditeur Web Simon Beyrand Abonnements et commandes Camille Gaudy abonnement@kaizen-magazine.fr Tél. 01 56 03 54 71 (de 14 h à 18 h) 19, rue Martel - 75010 Paris Comptabilité Patricia Lecardonnel Attachée commerciale Cyrielle Bulgheroni Stagiaires pour ce numéro Laure Hänggi et Djigui Diarra Direction artistique, maquette et mise en pages • hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Photo de couverture © Alain Soldeville/Picturetank Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIRET : 539 732 990 000 38 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50

Édito

Vivre édito ensemble ? it ImMobilIER Créd

et TravAux

Vivre ensemble. Une expression que d’aucuns servent tel un jus de citron dynamisant pour inverser la courbe d’une société qui ferme les portes au collectif et promeut la réussite individuelle. Une expression galvaudée qui résumerait un changement de paradigme, alors que, depuis des siècles, l’être humain vit avec d’autres êtres humains. Dans leur grotte, Cro-Magnon et Néandertal éprouvaient déjà le « vivre-ensemble ». L’altérité est consubstantielle à l’humanité. Sans tu, je n’existe pas. Le vivre-ensemble est polymorphe. Le couple en est une manifestation. La colocation intergénérationnelle en est une autre. Si le premier est le fruit d’un sentiment – l’amour –, la seconde répond à la nécessité de se loger à moindres frais. Ils n’ont a priori aucun point commun, pourtant les deux invitent à la réflexion sur l’acceptation de l’autre. Comment tolérer que l’autre pense, fasse autrement ? Ai-je plus raison que lui ? Comment comprendre sa carte mentale ? Devons-nous souligner nos différences ou développer nos points de convergence ? Autant de questions qui peuvent nous emmener sur la voie de la sagesse et de l’harmonie. Dans les pages de ce Kaizen d’été, vous ne trouverez pas les réponses toutes faites à ces questions. À chacun son chemin. Mais nous vous donnons des pistes de réflexion sur comment… bien vivre ensemble ! Toute l’équipe de Kaizen vous souhaite un bel été et de bonnes vacances. Pascal Greboval Rédacteur en chef

Kaizen, késako ? Kaizen est un mot japonais signifiant littéralement « changement bon ».

Le Crédit Coopératif, une banque utile pour vous accompagner dans tous vos projets, a développé une gamme Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. de financements à des taux compétitifs, souples et modulables adaptée à vosdebesoins : tout prêtauimmobilier La perspective de changer brutalement, passer du tout, réveille et travaux Vente au n° pour les diffuseurs nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendreinnovantes Groupe HOMMELLprêt • Tél.à01 47 11zéro, 20 12 prêt épargne logement, prêt relais. Ces offres sont complétées de solutions classique, taux diffusion-hommell@sfep.fr courage, en faire un deuxième puis toute une multitude, chaque jour, avec pour celles et ceux qui agisssent pour l’environnement : Prêt éco-habitat, PreVair… Distribution Presstalis

Aucun texte ni aucune illustration ne peut être reproduit-e sans l’autorisation du magazine. Merci.

régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau.

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kaizen 3 de 10 jours • juillet-août Offre soumise à conditions, sous réserve d’acceptation de votre dossier de prêt par le Crédit Coopératif et après expiration du délai légal de rétractation. (1) L’emprunteur dispose d’un2017 délai de •réflexion avant d’accepter l’offre de prêt. La réalisation de la vente est subordonnée à l’obtention du prêt. Si celui-ci n’est pas obtenu, le vendeur doit lui rembourser les sommes versées. (2) La souscription par l’emprunteur à une assurance destinée à garantir le prêt est rendue obligatoire par le prêteur pour tous les prêts à la consommation d’un montant supérieur à 21 500 €.


Sommaire • Kaizen n

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ELLES-ILS PENSENT DEMAIN 6

Rencontre Idriss Aberkane La sagesse au coin du cerveau

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ELLES-ILS FONT LEUR PART

sommaire 32 Portraits Des guides nous offrent la nature en partage 34

Dossier Le couple Une quête d’harmonie

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JE SUIS LE CHANGEMENT 66 Je vais bien, le monde va mieux Canoë-kayak : l’émerveillement à portée de pagaies 70 Do It Yourself Transformer ses vieux t-shirts avec zéro couture 75 Je passe à l’acte Comment organiser une disco soupe

Les pièces du puzzle Contraception : quelles méthodes ?

76 Nos bonnes adresses L’Ardèche méridionale

Portfolio

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Cuisine

La framboise des bois

Parades amoureuses

Des rituels spectaculaires pour séduire 50 Vent d’ailleurs À Hawaï, une ONG se mobilise pour la distribution alimentaire 55 Politisons ! Cyril Dion 24 Créateurs de culture Spectacles sans CO2 : des artistes passent à l’acte 28 La voie du Kaizen Christophe André 30 Une nouvelle La Bijoutière qui polissait les êtres par Laureline Amanieux

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56 Et si on le faisait ensemble ? Un toit pour deux générations

87 Le sourire d’Yvan Saint-Jours

60 Le goût de l’enfance La tête dans les étoiles avec les enfants

89 Les rendez-vous Kaizen

65 Écologie intérieure Gilles Farcet

94 La chronique de Pierre Rabhi

92 La Fabrique des Colibris


rencontre


Rencontre

rencontre Idriss Aberkane La sagesse au coin du cerveau Dans son livre Libérez votre cerveau !, Traité de neurosagesse pour changer l’école et la société (Robert Laffont, 2016), le consultant-chercheur en neurosciences Idriss Aberkane dénonce les dérives du système matérialiste et propose une vision plus consciente et gaie des apprentissages. Propos recueillis par Sabah Rahmani - Photos : Julien Faure

Qu’entendez-vous par neurosagesse ? C’est la grande question qui avait été posée par l’écrivain de science-fiction et de vulgarisation scientifique Isaac Asimov [au xxe siècle] : une civilisation qui produit beaucoup de connaissances, combien de sagesse produit-elle ? Il a dit qu’une civilisation qui crée trop de connaissances et pas assez de sagesse est vouée à l’extinction. Et, en neurosciences, c’est tout à fait vrai ! Aujourd’hui, les connaissances progressent à grande vitesse, aussi bien dans le transhumanisme, ou augmentation de l’humain – comme avec le projet Neuralink d’Elon Musk [visant à connecter nos cerveaux aux machines] –, que dans le déchiffrage des pensées, des décisions et même de la personnalité ou des intentions. Pourtant, alors que la vie mentale se déverrouille scientifiquement, l’être humain ne gagne pas en sagesse. Or comme l’écrivait Rabelais : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». C’est ce qui vous a motivé à écrire votre livre ? Ce qui m’a poussé à l’écrire, c’est le scandale qui a été révélé aux États-Unis en 2015. On a appris

que des membres de l’Association américaine de psychologie s’étaient rendus coupables de participation aux programmes de torture de la CIA ! Ils ont utilisé leurs recherches en neurosciences pour aider cette agence à développer de nouvelles techniques de souffrance et d’intimidation mentale en se basant sur le phénomène de l’impuissance apprise [s’habituer tellement à la souffrance qu’on ne tente plus d’y mettre fin, même quand c’est possible]. Avec les connaissances du cerveau que l’on a aujourd’hui, on peut faire d’énormes dégâts, voire contrôler la société. C’est ce que j’appelle le neurofascisme, car, dans ce cas-là, on verrouille notre vie mentale, qui est censée être le dernier bastion de notre liberté. Avec les neurosciences, on peut faire le meilleur comme le pire. Le pire ayant déjà été fait, il est donc urgent de s’interroger sur la neurosagesse. Alors, pour vous, le « connais-toi toi-même » de Socrate passerait par « connais ton cerveau » ? Exactement, car connaître le cerveau humain, c’est intimement connaître l’être humain. Si vous ne connaissez pas votre cerveau, d’autres le kaizen • juillet-août 2017 • 7


portfolio

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portfolioPortfolio Parades amoureuses Des rituels spectaculaires pour séduire Pour une nuit ou pour une plus longue durée, les animaux déploient des jeux de séduction époustouflants afin d’attirer un ou une partenaire sexuel-le. Sans devenir voyeurs, observons la magie de ces parades nuptiales… Entretien avec Jean-Philippe Anglade, directeur scientifique de l’agence Biosphoto.

© Jean-Michel Labat/Biosphoto

Propos recueillis par Pascal Greboval.

Girafes réticulées paradant, Kenya

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Dossier

LE COUPLE UNE QUÊTE D’HARMO ONIE dossier La vie à deux est une invitation à considérer l’altérité comme une chance. Selon Pierre Rabhi, le couple est « une forme d’initiation, un catalyseur du changement personnel » *. À géométrie variable et en perpétuelle évolution, il se vit d’autant de manières qu’il existe d’individus. Pour autant, entre passion et raison, entre havre de paix et tempête, trouver l’harmonie de façon durable dans le couple est un apprentissage quotidien pour tous. Dès lors, comment cultiver ce jardin pour en cueillir les roses, sans un jour se piquer aux épines ? Comment perpétuer l’amour dans un couple, fruit d’une rencontre amoureuse entre deux êtres ? Telle est la quête de ce dossier… * La Convergence des consciences, Le Passeur, 2016

© Alain Soldeville/Picturetank

© Ron Nickel/Design Pics/Photononsto

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Dossier réalisé par Carole Testa

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À travers le monde, le mariage demeure un rituel important. Pour illustrer ce dossier, nous avons choisi de montrer quelques-unes de ces célébrations, qui témoignent de l’universalité des unions.


dossier

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Dossier

LE COUPLE UNE QUÊTE D’HARMO ONIE

Trouver en soi les clefs d’une relation épanouie

dossier

Désamorcer les héritages de notre histoire qui gênent la vie de couple : tel est le but des stages proposés par la thérapeute Laurène Castelli. À l’aide de temps d’échanges et de jeux de rôle, chacun est amené à mieux comprendre les mécanismes de la vie à deux. «

J

e fais toujours tout pour plaire à l’autre au point de m’oublier moi-même. » « J’ai besoin de dominer mon conjoint. » « Je ne me sens pas digne d’être aimée. » Assis en cercle devant la cheminée, les douze participants du stage « Couple, comment déconstruire les projections héritées de notre histoire », animé par Laurène Castelli, livrent quelques tendances de leur foncLa thérapeute tionnement amoureux. Laurène Castelli. Qu’ils soient en couple ou célibataires, ils sont venus seuls dans ce coin du Quercy pour explorer pendant quatre jours leur mode relationnel amoureux et leurs blocages. Le groupe écoute chacun avec bienveillance et la thérapeute fait émerger, par le dialogue, les raisons de ces mécanismes. « Le couple est un chaudron où se rejouent nos angoisses © Carole Testa anciennes, et c’est aussi la plus grande occasion de les résoudre et de gagner l’estime de soi, la confiance en soi », résume-t-elle. Pour elle, les souffrances et les attentes déçues sont liées au modèle d’attachement : « On aime son conjoint comme, enfant, on a aimé ceux qui nous ont élevé. Si une personne a vécu avec ses parents une relation d’oppression ou de peur, elle la projette et la reproduit dans son couple. Elle choisit son conjoint de façon à reconstituer ce théâtre d’ombres, endosser le rôle qu’elle connaît bien et faire endosser à l’autre – malgré lui ! – celui du parent. » 40 • kaizen • numéro 33

Ces rôles, Emma, la quarantaine, s’attache à les observer dans son couple avec Samuel. « Ayant connu la peur face à la violence de mes parents, je redoute d’être dominée par mon compagnon, détaille-t-elle. Je n’exprime pas assez mes désaccords, de peur de le mettre en colère et de perdre son amour. » De son côté, à 43 ans, Alex vit depuis huit ans avec Carole, 30 ans. Il se dit très heureux en couple, mais souligne : « Enfant, je me sentais envahi par l’émotivité de ma mère. Mon père ne savait pas lui poser de limites. Alors aujourd’hui, je garde à distance mes émotions et celles des autres, et pour cela je critique, je remets tout en question et j’infantilise ma femme pour m’assurer qu’elle ne m’écrasera pas. » Très loin de l’image idyllique de la fusion amoureuse, c’est ce type de processus autodestructeur que Laurène Castelli appelle la fusion : « une dépendance affective qui risque à long terme d’éteindre l’amour et le désir ».

Réconcilier ses personnages intérieurs Par groupes de trois, les stagiaires vont commencer à creuser ces problématiques. Lors de jeux de rôle, chacun à son tour rejoue une situation difficile et récurrente en couple, face aux deux autres stagiaires dont l’un endosse le rôle du conjoint pendant que le second prodigue des encouragements. « Nous arrivons dans le couple avec notre histoire et plusieurs personnages intérieurs exprimant les humeurs et les émotions nées dans l’enfance et l’adolescence », explique la thérapeute. Selon le ressenti de chacun, les personnages intérieurs qui s’expriment alors peuvent être le bébé qui craint l’abandon, l’enfant qui réclame d’être au centre de l’attention de ses parents, l’adolescent qui a envie de tout rejeter… Par exemple, Sandrine  1 se sent abandonnée par son conjoint s’il ne manifeste pas


Dossier

LE COUPLE UNE QUÊTE D’HARMO ONIE

Trouver sa liberté intérieure pour nourrir le désir

dossier

L’épanouissement intérieur de chaque partenaire est indispensable à une vie sexuelle harmonieuse, selon plusieurs spécialistes du couple. Mais comment entretenir le désir ? Réflexions et témoignages sur une sexualité heureuse.

C

omment faire durer le désir et défier la routine ? Par-delà les contraintes et contrariétés de la vie quotidienne, la rencontre sexuelle entre deux êtres qui tissent une relation stable permet à chacun d’« exprimer sa confiance en soi et son rayonnement intérieur », souligne la thérapeute Laurène Castelli (lire page 40). Elle peut être épanouissante dans le couple à certaines conditions, que résume la sexologue et thérapeute de couple Sandra Saint-Aimé : « bien connaître son corps – y compris par la masturbation –, exprimer clairement ses besoins et ses désirs à son partenaire, et ne pas attendre que le plaisir vienne de l’autre ».

Après vingt ans de vie commune, Céline et Jérôme, 44 ans, aiment pimenter leur vie amoureuse avec des massages sensuels et des dîners aux saveurs étonnantes qu’ils préparent l’un pour l’autre. « Cette sensualité crée de la complicité et du lien amoureux, confie Jérôme. C’est plus important que les petits agacements de la vie quotidienne que je ressens parfois, quand elle laisse traîner ses affaires par exemple… Je choisis la concorde. »

Le plaisir : une responsabilité partagée

e/Photononstop © Chromorange/Vario Creativ

Comment oser dire à l’autre ce qu’on aime et ce qu’on attend, alors que les tabous qui pèsent sur l’expression du désir rendent parfois la communication difficile ? « Comment reprocher à l’autre de ne pas deviner ce qu’on ne dit pas ?, s’interroge Sandra Saint-Aimé. Chacun est responsable du plaisir partagé au sein du couple. » Cette responsabilité réduit selon elle les risques d’instaurer un rapport de domination. Zoé, 29 ans, revendique un féminisme égalitariste : « Je n’aime pas le cliché qui veut que l’homme prenne seul l’initiative et qu’il soit le garant du plaisir. J’essaie donc de relâcher la pression qui pèse sur les hommes : une panne d’érection n’est pas si grave, nous avons des mains et une bouche en plus de notre sexe ! » « Mieux on se connaît, plus on se désire », confient Christophe et Valérie, 58 ans tous les deux et en couple depuis onze ans. « Notre sexualité se nourrit du lien amoureux et de la confiance que nous entretenons au quotidien, précise Valérie. Par exemple, je suis parfois inquiète de voir ma peau vieillir, mais je porte mon attention sur ce qui nous aimante l’un vers 44 • kaizen • numéro 33


vent d’ailleurs

Vent d’ailleurs

À Hawaï, une ONG se mobilise pour la distribution alimentaire Dans l’État américain d’Hawaï, une personne sur huit a déjà eu recours aux banques alimentaires. Chaque semaine, dans la banlieue d’Honolulu, la capitale, les bénévoles de l’association Feeding the Hungry distribuent de la nourriture à près de huit cents familles, contribuant à tisser du lien dans la communauté. Texte et photos : Aurore Staiger

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En 2016, les bénévoles de Feeding the Hungry ont distribué plus d’un million de tonnes de nourriture.

J

eudi matin, sous un pont autoroutier de Kalihi, un quartier de la banlieue ouest d’Honolulu, à Hawaï. Une équipe de bénévoles installe tables, chaises, bancs et tréteaux. D’autres les rejoignent pour réceptionner les invendus des grandes surfaces et épiceries livrés par les camions de la Hawaii Foodbank, la principale banque alimentaire de cet archipel du Pacifique. « Ce matin, l’un des camions apporte une palette de jus d’orange, ce qui est très rare », note Cindy Bauer, la cofondatrice de Feeding the Hungry (« nourrir ceux qui ont faim »), programme phare de l’organisation humanitaire Surfing the Nations. Pâtisseries, pains, brioches, fruits et légumes, conserves et yaourts… Tous les jeudis à 11 heures, des centaines de personnes viennent ici chercher de quoi nourrir leurs familles. En arrivant, chaque bénéficiaire donne son adresse, présente une carte d’identité et signe un document attestant que ses revenus sont inférieurs à un certain seuil. La plupart sont des immigrés asiatiques âgés qui représentent leurs enfants et petits-enfants, occupés au travail ou à l’école. Tous les profils de bénéficiaires cohabitent : sans-abri, handicapés, vétérans, travailleurs célibataires, personnes sans emploi, etc. Le rendez-vous a lieu sur un emplacement loué à l’église coréenne voisine, à l’abri du soleil et de la pluie, pour que les produits frais souffrent moins. Cela fait presque dix ans que Surfing the Nations organise cette distribution. Cette ONG, fondée en 1998 par le surfeur Tom Bauer et son épouse Cindy, originaires de Californie, a pour vocation d’aider les familles pauvres d’Hawaï et d’ailleurs et de créer du lien. Parmi ses chantiers : la réhabilitation d’un quartier sensible dans la localité de Wahiawa (ouverture d’un café associatif et d’une boutique solidaire), la distribution de nourriture ou encore l’organisation d’activités pour les jeunes défavorisés. Tous les projets font écho à l’Aloha spirit – ou « esprit Aloha » – si cher aux Hawaïens, philosophie de vie ancestrale centrée sur le partage et la vie en communauté.

vent d’ailleurs

Une solide équipe de bénévoles L’ONG est entièrement gérée par des bénévoles. Des dizaines viennent chaque année du monde entier pour prêter main-forte au noyau dur hawaïen et acquérir des compétences professionnelles. Feeding the Hungry est le plus gros programme de Surfing the Nations, et il ne s’est pas fait en un jour. Cindy se rappelle très bien des débuts : « Je distribuais des

repas pour sept familles ; on faisait la tournée en van avec une amie dans ce même quartier. » Aujourd’hui, plus de sept cents familles bénéficient de cette aide alimentaire. Dans le décor paradisiaque d’Hawaï, le coût de la vie est extrêmement élevé du fait des importations, et la précarité se développe. Feeding the Hungry est l’une des 220 structures de distribution alimentaire approvisionnées par la Hawaii Foodbank. Dans son dernier rapport publié en 2015, cette dernière a identifié qu’un insulaire sur cinq est dans le besoin : 287 000 personnes ont recours à ses programmes de redistribution chaque année, sur les 1,35 million d’habitants que compte l’archipel. Dans un tel contexte, les initiatives peinent parfois à suivre. « C’est normal, explique Cindy, il faut beaucoup d’énergie, d’aides financières, et surtout une solide équipe de bénévoles. » C’est là que réside la force de Surfing the Nations. Malgré leur bonne volonté, certaines structures qui distribuent aussi les invendus – foyers, églises, ou même personnes seules justifiant d’un statut d’association… – ont dû jeter l’éponge. « Je me souviens d’une église qui avait mis en place sa propre distribution, raconte Cindy, elle a subitement tout arrêté, dépassée par la forte demande. Il faut commencer petit et grandir ensuite : kaizen • juillet-août 2017 • 51


et si on le faisait ensemble ?

Et si on le faisait ensemble ?

Un toit pour deux générations Conviviale et solidaire, la cohabitation entre jeunes et seniors séduit de plus en plus. Cette démarche peu coûteuse et fiable permet de lutter contre la solitude et offre un nouveau visage à la sagesse de nos anciens. Une expérience à essaimer sans modération ! Texte : Sabah Rahmani - Photos : Éléonore Henry de Frahan

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Venue du Vietnam pour étudier, Chi Phuong a été accueillie dans l’appartement parisien d’Annette.

Depuis deux ans qu’il vit chez elle, Zendhong a su nouer une grande complicité avec Nicole.

D

epuis qu’elle a ouvert sa porte, Élisabeth a retrouvé le sourire. Dans son appartement lumineux du quatrième étage à Versailles (78), la septuagénaire s’affaire avec enthousiasme aux côtés de la jeune Giovanna qui prépare un tiramisu. Le dessert italien titille les papilles et la curiosité de son hôte : « On voyage, c’est très agréable ! » Depuis quelques mois, Élisabeth héberge l’étudiante italienne via l’association Ensemble2générations. Fondé sur des valeurs de solidarité, ce dispositif national a pour objectif de « rompre la solitude des seniors et aussi celles des jeunes en créant un pont, tant au niveau culturel que social. C’est également une manière d’aider les jeunes à régler leur problématique de logement », explique Isabelle Étienne, chargée de mission pour l’association créée en 2006. En effet, l’Insee révélait déjà en 2005 que les cinq millions de jeunes âgés de 18 à 29 ans qui ne vivent plus chez leurs parents sont davantage exposés aux difficultés de logement en raison de leurs bas revenus et de l’absence de garanties suffisantes. Ancienne enseignante, Élisabeth confie qu’elle a « toujours aimé être avec les jeunes, les aider et discuter avec eux ». Même si sa décision d’accueillir un ou une étudiant-e a été prise à un moment douloureux de sa vie : « Au décès de mon mari, cela a été épouvantable, je ne supportais plus la solitude, surtout en fin de journée quand la lumière du jour tombe. J’avais beau mettre la radio ou la télé, il n’y avait pas d’échanges. Alors, quand j’ai entendu parler de la colocation intergénérationnelle, je me suis dit que c’était tout à fait ce qu’il me fallait ! » Restée seule après le décès de son conjoint et le départ de ses trois filles qui vivent désormais en famille dans la région, Élisabeth loue depuis 2012 l’une de ses quatre chambres pour la durée d’un an à dix-huit mois à des étudiants. De son côté, Giovanna a opté cette année pour cette formule d’hébergement bon marché en vue de préparer son agrégation d’italien loin des tentations festives d’une colocation entre jeunes… En cohabitant avec une senior, la jeune femme de 28 ans savait qu’elle se sentirait à l’aise : « Ce choix est venu spontanément, car, en Italie, j’avais l’habitude de rendre visite à mes oncles plutôt âgés. J’aime vivre avec des gens d’une autre génération. C’est une belle expérience ! » Avec un loyer mensuel de 330 euros pour une chambre privée, Giovanna reste totalement indépendante : « Je n’ai pas d’obligations, mais, évidemment, si Élisabeth

et si on le faisait ensemble ?

a besoin de moi, je suis là. Car le principe de base est d’avoir une entraide du point de vue moral et matériel et d’assurer un peu de convivialité et une atmosphère chaleureuse dans la maison. »

Créer des liens durables Au fil des mois, les deux femmes ont tissé des liens qui dépassent la simple relation locataire-propriétaire. « On discute de tout, on regarde la télé, et, parfois, Giovanna m’aide à régler mes problèmes avec Internet, car les personnes âgées, avec Internet, c’est pas simple ! », note avec humour Élisabeth. L’étudiante souligne qu’elle aussi bénéficie de l’expertise de son hôte : « Un jour, j’avais un texte ancien kaizen • juillet-août 2017 • 57


Le goût de l’enfance

La tête dans les étoiles avec les enfants Pas besoin d’être astrophysicien pour lever les yeux au ciel et admirer étoiles et planètes ! Là-haut se dessine un monde infini propice à l’imagination et source de nombreuses émotions pour les grands… et les petits. Texte : François Lasserre

S

i la pollution et les lumières de nos villes empêchent souvent de voir les étoiles, quel enfant n’a jamais eu le regard attiré par une Lune majestueuse ? Depuis toujours, nous levons les yeux au ciel et prenons conscience qu’il existe des choses ailleurs, hors de notre monde. Toutes nos grandes réalisations ancestrales, comme les alignements de mégalithes, les pyramides et les agroglyphes, semblent avoir un 60 • kaizen • numéro 33

rapport avec le ciel. Une théorie existe même selon laquelle les peintures de Lascaux, et celles d’autres grottes, auraient été réalisées sur le modèle de l’alignement des étoiles. Que ce soit dans le domaine artistique, ésotérique ou scientifique, le ciel est omniprésent dans nos vies. Il nous accompagne d’une façon ou d’une autre et constitue une formidable occasion d’éveiller la curiosité des enfants.

© Laurent Laveder/Biosphoto

goût de l’enfance


© François Lasserre

C’EST DÉCIDÉ, J’EXPLORE LE CIEL ! Pour cela, rien de plus simple. Équipé d’une couverture et d’un transat, il suffit de guetter la soirée idéale : une température clémente et un ciel clair et bien noir, loin des lumières parasites des villes qui gênent les observations. Pour les plus téméraires et pour prolonger une soirée magique à la belle étoile, préférez le bivouac. On peut commencer seul et sans outils d’observation. Ceux qui veulent aller plus loin dès la première soirée pourront utiliser une des applications qui permettent de visualiser en direct les éléments du ciel. Testez les gratuites et, si vous devenez mordu, quelques euros vous apporteront confort et ergonomie. Pour les débutants, on peut conseiller : Stellarium, Carte du ciel, Sky Map et Star Walk. C’est parti !

lumière, mais réfléchissent celle du Soleil. En se concentrant bien, on peut remarquer que leur lumière ne scintille pas comme celle des étoiles. C’est assez subtil, mais voilà comment distinguer une étoile d’une planète : si la lumière scintille, il s’agit de l’une des quelque cinq mille étoiles observables à l’œil nu dans un ciel bien noir et situées à des années-lumière. Si la lumière est fixe, alors il y a des chances que ce soit une planète toute proche, c’est-à-dire à des millions ou milliards de kilomètres seulement !

goût de l’enfance

PREMIÈRE ÉTAPE : QUE VOIT-ON ? En levant les yeux au ciel, on voit en général deux choses : des points qui brillent et la Lune. Les points sont des étoiles très éloignées ou des planètes plus proches. La Lune, elle, est l’unique satellite de la Terre, attiré par elle, et qui tourne autour à 380 000 kilomètres de distance.

CINQUIÈME ÉTAPE : LES CONSTELLATIONS Déterminées de façon subjective, les formes que représentent les alignements d’étoiles servent à se repérer dans le ciel. À partir de la Grande Ourse, et muni d’une carte du ciel (papier ou virtuelle), on pourra rechercher les autres. Les constellations sont composées d’étoiles aux caractéristiques et aux noms variés : Bételgeuse, Bellatrix, Sirius, Véga, Aldébaran, Castor, Pollux, Mizar, etc. Interroger les enfants sur ce que ces noms leur évoquent est une piste à suivre pour stimuler leur imagination. On peut aussi laisser la rêverie prendre le dessus et trouver soi-même des formes, comme le faisaient nos ancêtres. Ici, un serpent, là, un vélo, ailleurs, une fleur, etc.

DEUXIÈME ÉTAPE : OÙ SE SITUE LA TERRE ? On ne sait pas trop, car tout bouge dans l’Univers, mais nous sommes en tout cas à l’intérieur d’une galaxie appelée la Voie lactée. Nous en apercevons le centre lorsque nous regardons dans le ciel la « voie lactée », cette bande blanchâtre légèrement arquée. Il s’agit de très nombreuses étoiles superposées, d’où cette impression de « lait ».

QUATRIÈME ÉTAPE : ÉTOILES OU PLANÈTES ? Les étoiles sont des soleils, c’est-à-dire des astres qui brûlent en émettant de la lumière. Notre Soleil est si proche que nous apercevons sa forme ronde. Les autres étoiles sont loin, en dehors de notre système solaire, et ne forment que des points. Les planètes et la Lune, elles, sont des astres qui n’émettent pas de

© François Lasserre

TROISIÈME ÉTAPE : NE PAS PERDRE LE NORD Une étoile permet de nous situer par rapport au nord : l’Étoile polaire. Pour la trouver, rien de plus facile. D’abord, il faut repérer la Grande Ourse, cette constellation en forme de grande casserole. Ensuite, on prolongera vers le haut le tracé du rebord de la cuve opposé au manche en comptant environ cinq fois sa longueur. Cette distance nous amène sur l’Étoile polaire, un peu isolée. Si le ciel est d’un noir profond, on peut remarquer qu’elle est la première étoile du manche d’une autre casserole, plus petite, qui n’est autre que la Petite Ourse.

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Je vais bien, le monde va mieux

je vais bien le monde va CANOË-KAYAK mieux L’émerveillement à portée de pagaies Glisser sur l’eau, se perdre dans les méandres des rivières, partir à la découverte de la faune et de la flore tout en se musclant en douceur et en travaillant son souffle : voilà ce que propose le canoë-kayak. Une activité ludique et accessible au plus grand nombre à essayer dès cet été. Texte et photos : Véronique Bury «

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e n’avais jamais vu la Marne de cette manière », sourit Sami. Il y a moins d’une heure, ce père de famille appréhendait encore d’enfiler un gilet de sauvetage pour grimper dans un kayak avec sa fille de 11 ans. Désormais, sur l’eau, il savoure une balade de deux heures à la découverte de la réserve naturelle de la boucle de la Marne. En quelques coups de pagaie, les quatre kayakistes amateurs et leur guide de la base nautique de Champigny-sur-Marne (94) se sont faufilés au cœur d’une nature quasi vierge. Ici, un cygne s’occupe de ses petits, là, un héron traverse paisiblement son île et, sous les embarcations, on aperçoit les nénuphars qui approchent la surface de l’eau. L’été n’est pas encore là, mais, en ce week-end ensoleillé d’avril, les amoureux de nature 66 • kaizen • numéro 33

et d’activités sportives sont de sortie sur l’eau aux alentours de la base nautique Roland-Bouchier de Champigny-sur-Marne. « C’est très dépaysant et cela donne envie de s’inscrire en club pour y retourner de façon plus régulière », s’enthousiasme Yannick, un trentenaire venu avec sa compagne. C’est en observant les embarcations glisser sur l’eau lors de ses balades à vélo dans cette banlieue du sud-est de Paris qu’il a eu envie d’essayer. « Je voulais m’acheter un kayak, mais on m’a conseillé d’effectuer une première sortie encadrée afin de découvrir l’activité et de mieux comprendre les courants de la rivière », commente le jeune homme. Ici, contrairement aux abords d’autres cours d’eau comme l’Ardèche et la Dordogne, on ne pratique plus la location de kayaks sans moniteur. Ceci afin


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de préserver le site, mais aussi d’inciter les gens à venir apprendre les rudiments de cette activité de pleine nature auprès de professionnels. Car, si le canoë-kayak est devenu une activité accessible au plus grand nombre, il nécessite tout de même un minimum d’apprentissage et de connaissances techniques et environnementales afin de naviguer en toute autonomie et sans danger.

Un sport doux pour renforcer les bras et les dorsaux

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En partant avec un moniteur, qui plus est un guide nature comme ici, on apprend à manier correctement sa pagaie et à diriger son bateau, mais aussi à lire le courant et à se placer au bon endroit pour descendre la rivière. On découvre également qu’il existe sur chaque rivière des zones de contre-courant sur lesquelles on peut s’appuyer pour se reposer ou remonter la rivière. Partir en groupe est donc une manière de profiter en toute sécurité des bienfaits de cette activité santé. Car, quand il est pratiqué comme loisir, le kayak est en effet « une activité douce qui se rapproche des sports en aérobie, c’est-à-dire de longue durée, comme la marche nordique, la randonnée ou la course à pied », soutient le guide nature Emmanuel Quevremont. Glisser sur l’eau dans un

kayak « améliore le système cardiovasculaire, renforce les bras, mais aussi la ceinture abdominale et les dorsaux ». Un bon point pour tous ceux qui passent de longues journées assis devant un ordinateur. « Cette activité permet aussi de travailler les jambes par un effet de transmission qui part des bras avec l’accroche que l’on va trouver dans l’eau avec la pagaie jusqu’à une poussée des jambes à l’intérieur du bateau sur les cale-pieds. C’est donc une activité très complète », poursuit le moniteur. Christine, 41 ans, et Marie-Christine, 60 ans, qui rentrent tout juste d’une petite balade d’une heure entre copines avec leur kayak monoplace, le confirment : « Je ne suis pas sportive à la base, mais je m’aperçois que cette activité me fait un bien fou dans mon corps comme dans ma tête », constate la première qui a découvert l’activité il y a trois ans et ne passe plus une semaine sans aller glisser sur l’eau. Même chose pour Marie-Christine : « À mon âge, j’ai plein de douleurs de vieille, mais pas sur le kayak. Je me sens bien sur l’eau, cela me détend… D’autant plus que l’on peut très facilement doser son effort. » Se laisser porter par le courant, observer la nature au plus près, là où elle est encore sauvage, tout en se faisant bercer par le doux bruit de la pagaie qui fend l’eau : une jolie façon d’entretenir son corps. n kaizen • juillet-août 2017 • 67


Nos bonnes adresses

le bon plan

© AL-ADT107-Pont d'Arc

L’Ardèche méridionale

Un territoire à savourer sans modération Texte et photos : Pascal Greboval - Dessin : Manu Thuret

DORMIR Pendant des années, Agnès et Frédéric ont été dans une démarche durable sans le savoir. Amoureux de la nature, ils faisaient en sorte de préserver leur environnement, et plus particulièrement celui du camping du DOMAINE DE BRIANGE, qu’ils ont racheté en 1997. En 2012, ils décident d’affermir leurs convictions. Ils transforment et réaménagent le camping en accentuant la dimension écologique : un sens de circulation pour les voitures plus « doux », l’installation d’un système d’éclairage 100 % solaire et une réduction de 25 % de la consommation d’eau et d’électricité. Dans cette dynamique, ils ont mis en place des conditions pour expérimenter l’habitat groupé. Ils ont installé des sortes de chalets (potentiellement indépendants) reliés à un « grand chalet » où l’on peut se retrouver (si l’habitat groupé vous 76 • kaizen • numéro 33

tente, LE HAMEAU DES BUIS, un peu plus au nord, organise des visites et des formations). Sont également mis à disposition des petits potagers en permaculture où l’on peut cueillir par exemple de succulentes fraises. Un sentier découverte jalonne le camping et vous avez la possibilité de vous laisser bercer dans un immense hamac pour admirer la Voie lactée. Pour ceux qui préfèrent le camping classique, de larges emplacements arborés vous attendent. Envie de nature, de calme et de sérénité ? Rendez-vous chez Nelly et Antoine, que l’on connaît bien chez Kaizen ! Construite en matériaux écologiques LA YOURTE DES DEUX AYGUES est située dans une prairie, à 100 mètres de la rivière et de sa grande plage de sable. Le matin, après avoir savouré le petit déjeuner sur la terrasse, vous aurez une folle envie de rester. Réalisé par Valéry, avec l’aide précieuse de ses parents, le gîte LE NID DES ANGES est un joyau d’écoconstruction. Tout est conçu ici pour se reposer


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et « trouver le sens de sa vie », selon le jeune propriétaire. Entre les différentes terrasses, le salon pour mélomanes (avec un système de son haut de gamme) et l’espace pour des temps de relaxation (yoga, méditation…), le tout arrangé dans un écrin en bois et paille respectant les principes du feng shui, il est certain qu’on aspire à se déconnecter. Ça tombe bien : c’est une zone blanche ! L’idéal donc pour les électrosensibles. À LA BASTIDE D’AGUYANE, cinq chambres d’hôtes vous attendent pour vous faire découvrir l’Ardèche de façon responsable. Outre des matériaux de construction et des modes de production énergétiques écologiques, Philippe donne à ses hôtes les clefs pour s’inscrire dans un tourisme durable, « un tourisme où l’on s’intéresse à la vie locale », en leur faisant rencontrer les gens du coin, petits producteurs ou artisans, de façon privilégiée.

MANGER

Dominant une superbe vallée, l’ÉCOGÎTE DU JAL est un autre bon choix pour poser son sac. Construit en matériaux écologiques et autonome en énergie, ce gîte vous garantit une empreinte carbone réduite pendant vos vacances. De plus, Alain et Marie possèdent une petite exploitation agricole bio et réalisent un circuit très court, puisque les aliments passent directement de la fourche à la fourchette de la table d’hôtes de leur gîte de randonnée, situé en contrebas du domaine.

le bon plan

Heureux les habitants de Joyeuse qui disposent de deux bonnes adresses pour se restaurer. Au BOUCHE À OREILLE, Laure vous invite à goûter une cuisine de saison et locale. « C’est ma façon de faire de la politique, de faire ma part de colibri », explique la jeune femme. Comme c’est aussi une cave à vin, avec une sélection de vins biodynamiques, voilà une première bonne raison de faire une halte joyeuse dans ce petit bourg. L’autre bonne raison, c'est LE GINKO BILOBA. Sur la terrasse calme et fraîche vous attendent des boissons et mets savoureux « réalisés essentiellement avec des produits locaux ou bio ». Rafaël et Amélie préfèrent en effet choisir les produits en fonction des liens qu’ils ont tissés avec les producteurs du territoire plutôt que de faire confiance à un label ! Profitant de l’énergie apaisante de l’arbre éponyme âgé de 250 ans trônant sur la terrasse, vous apprécierez aussi les deux ou trois concerts hebdomadaires (en haute saison).

Envie de manger bio et indonésien en Ardèche ? Direction Les Vans, chez NATALIE COOKING. Née du côté de Jakarta, la pétillante Natalie propose une cuisine traditionnelle avec des produits achetés en grande partie localement et en bio. « Je fais pour le mieux, en fonction de recettes », glisse-t-elle. Dans ce département où la chaleur parfois vous accable, faire escale ici pour boire un Jamou – « jus de fruits à base de curcuma, gingembre et citron » – est revitalisant ! Et n’hésitez pas à rentrer malgré la taille réduite de l’échoppe : Natalie a négocié avec le café voisin pour qu’en cas d’affluence les clients puissent y savourer ses plats. En venant à LA GARIGUETTE, vous faites le choix de manger engagé ! Les menus sont élaborés à partir de produits frais, locaux et de saison, mais, surtout, ce restaurant est un atelier chantier d’insertion (ACI). Il permet à huit personnes encadrées par deux chefs de retrouver le chemin de l’emploi. Si le cadre de la zone artisanale vous sied peu, profitez de leur activité traiteur. kaizen • juillet-août 2017 • 77


Cuisine cuisine

La framboise des bois Tendre rubis sylvestre… Elle éclate en bouche et suscite l’émerveillement chez l’enfant qui la picore au détour d’une balade en forêt. Plus petite que sa sœur cultivée, la framboise sauvage offre des notes plus acidulées et un irrésistible parfum de sous-bois. Textes et photos : Linda Louis

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’est l’un de nos plus anciens fruits et les fouilles archéologiques ont permis d’établir qu’il faisait partie de l’alimentation courante de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs. Pline l’Ancien, naturaliste romain, dans son encyclopédie Histoire naturelle (publiée au ier siècle), parle de la framboise, qu’il aurait vue à profusion sur le mont Ida, en Grèce (d’où son nom latin, Rubus idaeus). Cela nous ramène à l’habitat originel et typique du framboisier : les sous-bois montagneux. En France, il prospère dans les ronciers, les éboulis siliceux et calcaires des Vosges, du Massif central, des Pyrénées ou des Alpes. On le trouve plus rarement en plaine, mais toujours dans des bois clairs, des coupes forestières, 80 • kaizen • numéro 33

partout où les rayons du soleil peuvent l’atteindre (espèce héliophile). La framboise des bois fait partie de la même famille que la mûre, celle des Rosacées, du genre Rubus. Ce qui les rapproche, c’est notamment la forme de leur fruit, petites drupéoles agglomérées gorgées de jus et contenant une graine. Ce qui les distingue, c’est le pédoncule qui se détache chez la framboise, laissant un petit trou, alors que pour la mûre, il reste dedans. Il existe tellement de variétés de Rubus (plusieurs centaines, car elles s’hybrident à loisir) qu’une discipline botanique de classification a vu le jour : la batologie, du grec ancien « bátos », la ronce.


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Ce sont des espèces pionnières qui aiment coloniser les zones claires, avant de laisser la place aux grands arbres. On les retrouve ainsi naturellement aux côtés de l’aubépine, du prunellier, du sureau et du sorbier des oiseaux. La présence d’épines semble répondre à deux préoccupations : la protection et la conquête de l’espace. Les ronciers à framboises servent ainsi de gîte et de couvert à toute une faune (oiseaux, petits mammifères, insectes…). La défense et la survie de l’espèce sont assurées avec succès, car, si les cervidés se régalent des jeunes pousses, ils ne touchent pas aux cannes adultes ni aux vieilles feuilles. Le promeneur-cueilleur en ramassera raisonnablement et uniquement pour son usage personnel. La « ronce du mont Ida », bien que faiblement exposée au risque de disparition (catégorie LC – préoccupation mineure – sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature), doit être glanée avec respect et conscience….

IDENTIFICATION DE RUBUS IDAEUS L. (ROSACÉES)

• Sous-arbrisseau touffu et verdoyant de 1 à 2 m de hauteur, composé de grandes tiges (cannes) avec quelques petits aiguillons rougeâtres ou bleutés (souvent au pied), érigées depuis le sol et produisant des drageons. • Feuilles moyennes, tendres au toucher, ovales et pointues, dentées sur les bords, légèrement gaufrées, épineuses sur la nervure intérieure, vert glauque au-dessus et blanche au-dessous. • Fleurs petites, blanc verdâtre, composées de 5 pétales. • Fruits ou polydrupes rose foncé à rouges, de 1 à 2,5 cm de long, juteux, sucrés et moyennement acides (juillet-août). • Habitat dans les montagnes, les sous-bois clairs et les coupes forestières (répartition en diagonale sur la moitié de la France, de la Haute-Normandie aux Alpes, en passant par l’Auvergne ainsi que les Pyrénées).

cuisine

Attention au risque d’échinococcose, ou maladie dite du renard C’est une maladie rare, mais grave, transmise par un ver parasite présent dans les selles d’animaux sauvages (renards) ou domestiqués (chiens). Bien qu’on ne compte qu’une dizaine de cas par an en France, concentrés essentiellement dans le quart nord-est du pays, il convient d’observer certaines mesures de précaution. Ne cueillez que les framboises situées à au moins 30 centimètres du sol.

En cuisine

Rien de bien compliqué avec la framboise, tout lui va ! Délicieuse crue, déposée sur un fond de tarte et une crème pâtissière, un tiramisu, dans une salade de fruits ou mixée pour la transformer en sorbet, elle s’ajoute également dans les clafoutis, pâtes à

gâteaux ou à pancakes, dans un cocktail ou du kombucha… Sans oublier la sublime association framboise-chocolat ! En conserves, les options sont nombreuses : sirop, confiture, pâte et cuir de fruits, chutney, vinaigre aromatisé (laissez macérer une poignée de framboises dans du vinaigre), liqueur et ratafia… En version salée, elle égaye les salades vertes parsemées de fromage de brebis et de noisettes torréfiées, les tartines de chèvre, et, une fois réduite en coulis, elle permet de caraméliser des brochettes de tofu ou des légumes racines. n

Vertus thérapeutiques et médicinales La framboise est hydratante grâce à sa forte teneur en eau, laxative du fait des fibres et de la cellulose contenues dans ses graines, et dynamisante en raison de la présence de vitamine C. C’est l’un des fruits les plus riches en fer, en potassium et en magnésium. Sa bonne teneur en anthocyanines (pigments rouges) permet de contrer l’oxydation du mauvais cholestérol, un facteur de risque des maladies cardiovasculaires. La framboise agit également sur les troubles digestifs. Son huile, élaborée à partir de ses graines, contient beaucoup de vitamine E et de carotènes ; elle permet de prévenir le vieillissement de la

peau. Connue comme cicatrisante et anti-inflammatoire, elle soulage les démangeaisons et filtre en partie les rayons UV. Constipation, baisse de tonus : cure de framboises fraîches ! Nausée : tisane de feuilles (une pincée sèche dans 200 ml d’eau bouillante infusée pendant 10 minutes). Hydratation, cicatrisation et protection de la peau : application d’huile de pépins de framboise matin et soir (en été).

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je change

Rendez - vous L’AGENDA ÉTÉ 2017 Juin [CINÉ KAIZEN] 29 juin à 20 h 30 / Paris Ciné-débat autour du film Être et devenir en présence de la réalisatrice Clara Bellar. Cinéma Le Chaplin - 6, rue Péclet - 75015 www.lescinemaschaplin.fr/st-lambert

Juillet [RENCONTRE JE PASSE À L’ACTE] 1er juillet à 16 h / Lille (59) Rencontre autour de la nouvelle collection Je passe à l’acte éditée par Kaizen et Actes Sud. Librairie Le Furet du Nord - 15, place Charles de Gaulle • www.furet.com

9 juillet au 31 août / La Roche-sur-Grane (26) Séjours à la ferme aux Amanins. Expérimentez des savoirs écologiques à travers des ateliers adaptés aux adultes et aux enfants : faire le fromage et le pain, travailler le potager, découvrir le compost et la phytoépuration, etc. www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 [DÉBAT KAIZEN/LA RECYCLERIE] 10 juillet à 18 h 30 / Paris Tourisme durable : les nouveaux voyageurs. Avec Guillaume Cromer, président de l’association Acteurs du tourisme durable ; David Marie, président de WWOOF France ; Ludovic Hubler, auteur du best-seller Le Monde en stop. Modération : Pascal Greboval. La Recyclerie - 83, boulevard Ornano - 75018 www.larecyclerie.com/agenda

PASSEZ À L’ACTE ! La lecture de nos Bonnes adresses page 76 vous a donné l’envie subite de partir en terres ardéchoises ? Tant mieux, car les activités porteuses de sens ne manquent pas ici ! Voici quelques pistes… 4 au 6 août / Les Vans (07) Festival Fatche ! Un festival musical comme on les aime avec un village associatif et collaboratif composé d’associations locales qui œuvrent pour changer de paradigme ! Pour vos oreilles : Suissa, Mardi GRO Brass Band ou encore Radio Kaizman. https://desnueesdarts.com 21 au 23 août / Lablachère (07) Stage « Pains et blés anciens » pour acquérir les connaissances de base sur les céréales et le pain : historique de l’évolution des céréales, diversité des semences, fabrication de levain et frasage, pétrissage et cuisson, gluten… https://terre-humanisme.org • 04 75 36 65 40 Juillet et août / Saint-Remèze (07) Séjours randonnée et VTT organisés par le camping écolo de Briange, avec le guide Mathieu Robert, accompagnateur en montagne et moniteur de VTT. Deux jours et une nuit pour découvrir de manière privilégiée la faune et la flore des gorges de l’Ardèche. Le camping organise également des séjours canoë. www.campingdebriange.com 04 75 04 14 43

rendez-vous

[RENCONTRE JE PASSE À L’ACTE] 2 juillet à 11 h / Lomme (59) Rencontre autour de la nouvelle collection Je passe à l’acte éditée par Kaizen et Actes Sud. L’Odyssée médiathèque de Lomme - 794, avenue de Dunkerque • www.ville-lomme.fr

7 au 9 juillet / Lyon (69) Dialogues en humanité, 17e édition. Temps d’échanges où des citoyens se côtoient et débattent. https://dialoguesenhumanite.org 7 au 9 juillet / La Roche-sur-Grane (26) Cycle d’accompagnement à la parentalité : découvrez des outils théoriques et pratiques pour aborder le rôle de parents sous les dimensions relationnelles, psychologiques et surtout pratiques. www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 7 au 15 juillet / Foix (09) Festival de films Résistances, 21e édition https://festival-resistances.fr

10 au 14 juillet / Saint-André-de-Lancize (48) Stage « Les fondamentaux de l’agroécologie » : découverte des différentes facettes de l’agroécologie, pour un public débutant. https://terre-humanisme.org • 04 75 36 65 40 17 au 25 juillet / Mèze (34) et alentours Festival de Thau, festival de musiques du monde écoresponsable. www.festivaldethau.com • 04 67 18 70 83 22 juillet à 16 h / Paris Débat « Le rôle des initiatives citoyennes dans le domaine de l’alimentation » avec le réseau des Amap d’Île-de-France, #MaVoix et Françoise Vernet, coauteure du livre S’engager dans une Amap (Kaizen/Actes Sud). Cité de la mode et du design 34, quai d’Austerlitz – 75013 www.citemodedesign.fr

Août

8 au 13 juillet / Les Voivres (88) Camp alternatif Estiv’Alter organisé par le CCFD-Terre Solidaire Alsace-Lorraine pour réfléchir au changement. ac.blaise@ccfd-terresolidaire.org

7 au 11 août / Canté (09) Stage « Cheminons vers l’autonomie » pour acquérir les bases essentielles qui conduisent à l’autonomie familiale. https://terre-humanisme.org • 04 75 36 65 40

[SÉJOUR KAIZEN] 9 au 15 juillet et 20 au 26 août / Vernines (63) Séjour randonnée et qi gong « Les lacs et volcans d’Auvergne » au gîte Le Bonheur dans le pré, associant marche douce et disciplines d’éveil corporel. Au cœur des volcans d’Auvergne, vous découvrirez l’art énergétique chinois. www.kaizen-magazine.com/vacancesqigong • 04 73 21 54 78

[SÉJOUR KAIZEN] 13 au 19 août / Vernines (63) Séjour randonnée et qi gong « Auvergne mystérieuse » au gîte Le Bonheur dans le pré, associant marche douce et disciplines d’éveil corporel. Vous découvrirez entre autres le temple de Mercure au sommet du puy de Dôme et les grottes de Jonas. www.kaizen-magazine.com/vacancesqigong • 04 73 21 54 78

[SÉJOUR KAIZEN] 13 au 19 août / Saint-Andéol (26) Séjour « Alimentation équilibrée et végétarienne » à La Lune en bouche, animé par Stéphanie Perrault et Emmanuel Rochoux, deux enseignants en biochimie, en microbiologie et en science des aliments. www.kaizen-magazine.com/vacances-lalune-en-bouche • 04 75 21 26 34 [SÉJOURS KAIZEN] 4 formules en août / Sainte-Croix (26) Stage « Oser faire, oser être » avec les Sorcières du Vercors à l’ancien monastère de Sainte-Croix : immersion à la découverte des plantes avec des ateliers pratiques, mais aussi d’autres thèmes comme la danse, le yoga, le qi gong, la rythmique, le chant, le dessin, la méditation, la sophrologie, des surprises… • 4 jours du 20 au 23 août • 4 jours du 24 au 27 août • 8 jours du 20 au 27 août toute la journée • 8 jours du 20 au 27 août (matinées seulement) www.kaizen-magazine.com/ vacances-les-sorcieres-du-vercors 21 au 25 août / Saint-André-de-Lancize (48) Stage « Le Potager agroécologique » : les bases essentielles pour bien démarrer son jardin dans le respect de la nature. terre-humanisme.org • 04 75 36 65 40

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