35
no
35
novembre décembre 2017
couv
VIVRE EN PAIX AVEC LA MORT
VIEILLIR,
UNE QUESTION DE PLAISIR
POUR NOËL
DES JOUETS ÉCOLOS
NOS BONNES ADRESSES
POITIERS
Belgique 7,20 € Suisse 10,40 CHF
Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 142 720 € Siège social 19, rue Martel - 75010 Paris info@kaizen-magazine.fr www.kaizen-magazine.com Magazine bimestriel numéro 35 Novembre-décembre 2017 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Oudin Directrice d’EKO LIBRIS Françoise Vernet Rédacteur en chef Pascal Greboval Rédactrice en chef adjointe Sabah Rahmani Secrétaire de rédaction Diane Routex
Abonnements et commandes Camille Gaudy abonnement@kaizen-magazine.fr Tél. 01 56 03 54 71 (de 14 h à 18 h) 19, rue Martel - 75010 Paris Comptabilité Patricia Lecardonnel Attachée commerciale Cyrielle Bulgheroni Stagiaire pour ce numéro Maëlys Vésir Direction artistique, maquette et mise en pages photos Denis Faravel
2 de couv PUB
Éditeur Web Simon Beyrand
• hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Photo de couverture © plainpicture/Biederbick & Rumpf Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIRET : 539 732 990 000 38 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0322 K 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution
Édito
Fragile, la vie est belle édito Depuis que je suis né, j’ai peur de la mort. Peut-être même depuis un peu avant ! Dès le début de la grossesse de ma mère, les médecins lui ont suggéré de « ne pas [m]e garder », au risque de « mettre [sa] vie en danger ». Rien de moins ; c’était « elle ou moi ». On parlait de la mort au-dessus de ma tête avant même que je ne voie le jour ! L’ai-je entendu, ressenti ? Toujours est-il qu’elle me suit sans fin. À moins que ce soit notre peur intime à tous. Qu’on ne se l’avoue jamais, entre nous. Le sexe n’est – presque plus – un tabou ; la mort le demeure. En préparant ce sujet, notre discret, mais indispensable, gérant Patrick m’a dit : « Je vais avoir du mal à lire ce dossier. La mort, on n’en parle pas chez moi. Question d’éducation. » Et vous ? Êtes-vous confortable avec la mort ? Lirez-vous ce dossier ? On peut au moins s’accorder sur une chose : la mort nous touche tous. En cela, elle est juste. Pas de passe-droit, tout le monde y passe. Un poncif ! Mais, en ces temps où l’humanité se met en péril, où le transhumanisme ambitionne d’abolir cette égalité, regarder enfin en face la Faucheuse nous ferait sans doute réfléchir à deux fois avant d’ouvrir la boîte de Pandore. On a peur de ce que l’on met à distance. Regarder dans les yeux cette étrange inconnue, voilà peut-être le moyen d’être en paix avec notre finitude ? Une nouvelle fois, dans ce dossier, pas de solution « prête à penser », mais des pistes à explorer. Chacun fait comme il veut, comme il peut. L’objectif est d’être en paix ici et maintenant, pour profiter de ce souffle qui nous porte… Donnons-nous les chances pour que la vie soit belle. Autant que possible. Ensemble. C’est le choix qu’ont fait ma mère (toujours en vie) et mon père en ne cédant pas aux injonctions des médecins. Je les remercie d’avoir pris ce risque. La vie ne tient qu’à un fil, c’est ce qui en fait sa magie et sa beauté.
nos thés vrac équitables et Démeter
Nos thés verts et noirs proviennent d’Inde, de jardins cultivés en agriculture biodynamique, avec lesquels nous sommes en partenariat équitable. Nos thés sont donc labellisés Biopartenaire et Demeter. Pascal Greboval Rédacteur en chef
Erratum : dans notredépasse n 34, dans les le pages 40 à 42, il faut L’approche holistique de Demeter seul respect des lire que Delphine Bürkli est maire du 9 arrondissement de Paris et non de du 2 l’agriculture . cahiers des charges européens biologique. Il Régie de publicité et distribution s’agit pas uniquement d’exclure l’utilisation de produits dans magasins spécialisés Kaizen,nekésako ? AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50 chimiques de synthèse en agriculture. Chaquebon agriculteur Kaizen est un mot japonais signifiant littéralement « changement ». Distribution Presstalis Mais c’esttravaille égalementquotidiennement une méthode : celle dupour changement par lesles petits pas. renforcer processus de Notre thé noir Darjeeling est réalisé avec laLa perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille vie dans le sol qui donneront des plantes et des aliments Vente au n° pour les diffuseurs de l’année (First flush première cueillette nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre Groupe HOMMELL • Tél. 01 47 11 20 12 savoureux pour les consommateurs. FTGFOP), la plus fine à la saveur très florale. diffusion-hommell@sfep.fr
Aucun texte ni aucune illustration ne peut être reproduit-e sans l’autorisation du magazine. Merci.
arcadie.bio blog.arcadie.fr
o
e
e
courage, en faire un deuxième puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau.
2017 • 3 • novembre-décembre Retrouvez nos produits Cook et L’Herbier de France dans votrekaizen boutique bio et sur arcadie.fr
Produits transformés et conditionnés dans le Gard
o
ELLES-ILS PENSENT 6
Rencontre Wilhelm Schmid : « La vie est intéressante parce qu’elle est limitée »
11
Les pièces du puzzle Les fleurs coupées, un vase de CO2 caché ?
14
Portfolio
35 • novembre-décembre 2017
ELLES-ILS FONT
JE CHANGE
sommaire 32 Portraits Guides spirituels : la nature comme manifestation du divin 34
Dossier
Mourir en paix et proche de la nature
Tempêtes aux phares ouest
66 Je vais bien, le monde va mieux Méditation : l’éveil de la pleine conscience 70 Do It Yourself Réutiliser les boîtes d’œufs avec les enfants
DÉCOUVREZ TOUTE LA PUISSANCE DES CHAMPIGNONS
75 Une randonnée, pas à pas… Entre Saint-Jean-de-Luz et Hendaye 76 Nos bonnes adresses Poitiers 80
PUB 1
Cuisine Le panais
NOUVEAU
50 Vent d’ailleurs Italie : les femmes au cœur de l’agriculture de demain 55 Politisons ! Cyril Dion
24 Créateurs de culture Esta Webster, une humoriste militante et novatrice 28 La voie du Kaizen Christophe André 30 Une nouvelle Retrouvailles, imaginée par François-Guillaume Lorrain
56 Et si on le faisait ensemble ? Toit à moi : un logement solidaire pour se réinsérer 60 Le goût de l’enfance De la cité à la musique classique pour les enfants d’El Camino 65 Écologie intérieure Gilles Farcet
LAB VERIFIED Le logo Lab Verified symbolise les hauts standards de qualité des produits. Il garantit que les produits ont fait l’objet de contrôles d’identification, de pureté et de puissance.
87 Le sourire d’Yvan Saint-Jours
89 Les rendez-vous Kaizen 92 La Fabrique des Colibris 94 La chronique de Pierre Rabhi
Disponible dans les boutiques de diététique et magasins bio 4 • kaizen • numéro 35
DISTRIBUTION S.A.R.L.
(+33) 04 68 35 41 31 • www.noria-distribution.com kaizen • novembre-décembre 2017 • 5
© PHOTOS : FOTOLIA.COM . FRÉDÉRIC FOUCHÉ
Sommaire • Kaizen n
Rencontre
rencontre
Wilhelm Schmid rencontre « La vie est intéressante parce qu’elle est limitée » Le philosophe allemand Wilhelm Schmid est un spécialiste de l’art de vivre. Dans Sérénité, vieillir est un art, il partage ses réflexions sur le vieillissement et nous livre des clefs pour aborder sereinement et positivement le troisième âge. Entretien réalisé par Nelly Pons - Photos : Heike Steinweg En tant que philosophe, vous avez été très remarqué pour votre essai sur le bonheur 1. Comment en êtes‑vous venu à vous intéresser à l’art de vieillir dans Sérénité, vieillir est un art (Piranha, 2016) ? Un jour, j’ai eu 60 ans ! J’étais sûr que, comme j’étais un philosophe, ça ne me poserait aucun problème. Que je tournerais la page des belles années de ma jeunesse sans sourciller. Mais ce n’est pas ce qu’il s’est passé. Le jour de mon anniversaire, je me suis mis à être très inquiet. Pendant des semaines, je ne pouvais m’empêcher de penser à ma vie. Celle que j’avais eue, celle qui me restait. Face à l’angoisse du temps qui passe, je me suis alors demandé : de quoi ai-je besoin pour passer ce cap ? C’était évident. J’avais besoin de sérénité. Mais comment ? La réponse n’a pas été instantanée. Elle m’a pris du temps. Après avoir longuement réfléchi à la question, j’en suis arrivé aux dix points que j’ai développés dans ce livre ; dix étapes vers la sérénité. Pouvez‑vous nous en livrer l’essence ? La toute première étape consiste à réfléchir aux différents « âges » de la vie, à les reconnaître, les comprendre et, bien sûr, les accepter. Le vieillissement n’est que l’avant-dernier stade d’un processus complexe, appelé vie. Il vient boucler un cycle. Par ailleurs, la reconnaissance et la valorisation de nos habitudes, comme autant de repères qui nous facilitent la vie, nous permettent de mieux faire face aux changements inhérents à notre condition humaine.
Nos habitudes nous offrent des moments de répit, dans lesquels nous puisons notre force pour affronter l’imprévu de l’âge. Elles nous amènent aussi à considérer la notion de plaisir, étape importante sur le chemin de la sérénité. Les petits plaisirs quotidiens, pour qui sait s’en délecter en conscience, ouvrent la porte au bonheur. Parmi eux, le toucher est fondamental. Il rompt notre sentiment de solitude et nous aide à mieux faire face aux souffrances et aux maladies qui nous guettent en prenant de l’âge. Il nous permet de resserrer nos liens d’amitié et d’amour, essentiels à notre bien-être. Une autre clef importante consiste à réussir un retour sur soi, ce qui donne du sens à notre vie. En étant en accord avec les choix que nous avons faits et ceux qu’il nous reste à faire, nous surmontons aisément les désagréments de l’âge. C’est aussi une étape essentielle vers les deux dernières, à savoir, notre rapport à la mort et à sa part de mystère. Se sentir relié à un infini, auquel il importe peu de donner un nom, apporte une sérénité essentielle pour traverser notre dernier palier dans la joie. Pourquoi le toucher est‑il un élément aussi fonda‑ mental à vos yeux ? C’est la partie la plus importante sur le chemin de la sérénité. Le toucher est quelque chose de fabuleux. Chaque femme, chaque homme en a un profond besoin. Pourtant, c’est étonnant de voir que certaines personnes, même dans les relations amoureuses, ne kaizen • novembre-décembre 2017 • 7
Rencontre
rencontre
Wilhelm Schmid rencontre « La vie est intéressante parce qu’elle est limitée » Le philosophe allemand Wilhelm Schmid est un spécialiste de l’art de vivre. Dans Sérénité, vieillir est un art, il partage ses réflexions sur le vieillissement et nous livre des clefs pour aborder sereinement et positivement le troisième âge. Entretien réalisé par Nelly Pons - Photos : Heike Steinweg En tant que philosophe, vous avez été très remarqué pour votre essai sur le bonheur 1. Comment en êtes‑vous venu à vous intéresser à l’art de vieillir dans Sérénité, vieillir est un art (Piranha, 2016) ? Un jour, j’ai eu 60 ans ! J’étais sûr que, comme j’étais un philosophe, ça ne me poserait aucun problème. Que je tournerais la page des belles années de ma jeunesse sans sourciller. Mais ce n’est pas ce qu’il s’est passé. Le jour de mon anniversaire, je me suis mis à être très inquiet. Pendant des semaines, je ne pouvais m’empêcher de penser à ma vie. Celle que j’avais eue, celle qui me restait. Face à l’angoisse du temps qui passe, je me suis alors demandé : de quoi ai-je besoin pour passer ce cap ? C’était évident. J’avais besoin de sérénité. Mais comment ? La réponse n’a pas été instantanée. Elle m’a pris du temps. Après avoir longuement réfléchi à la question, j’en suis arrivé aux dix points que j’ai développés dans ce livre ; dix étapes vers la sérénité. Pouvez‑vous nous en livrer l’essence ? La toute première étape consiste à réfléchir aux différents « âges » de la vie, à les reconnaître, les comprendre et, bien sûr, les accepter. Le vieillissement n’est que l’avant-dernier stade d’un processus complexe, appelé vie. Il vient boucler un cycle. Par ailleurs, la reconnaissance et la valorisation de nos habitudes, comme autant de repères qui nous facilitent la vie, nous permettent de mieux faire face aux changements inhérents à notre condition humaine.
Nos habitudes nous offrent des moments de répit, dans lesquels nous puisons notre force pour affronter l’imprévu de l’âge. Elles nous amènent aussi à considérer la notion de plaisir, étape importante sur le chemin de la sérénité. Les petits plaisirs quotidiens, pour qui sait s’en délecter en conscience, ouvrent la porte au bonheur. Parmi eux, le toucher est fondamental. Il rompt notre sentiment de solitude et nous aide à mieux faire face aux souffrances et aux maladies qui nous guettent en prenant de l’âge. Il nous permet de resserrer nos liens d’amitié et d’amour, essentiels à notre bien-être. Une autre clef importante consiste à réussir un retour sur soi, ce qui donne du sens à notre vie. En étant en accord avec les choix que nous avons faits et ceux qu’il nous reste à faire, nous surmontons aisément les désagréments de l’âge. C’est aussi une étape essentielle vers les deux dernières, à savoir, notre rapport à la mort et à sa part de mystère. Se sentir relié à un infini, auquel il importe peu de donner un nom, apporte une sérénité essentielle pour traverser notre dernier palier dans la joie. Pourquoi le toucher est‑il un élément aussi fonda‑ mental à vos yeux ? C’est la partie la plus importante sur le chemin de la sérénité. Le toucher est quelque chose de fabuleux. Chaque femme, chaque homme en a un profond besoin. Pourtant, c’est étonnant de voir que certaines personnes, même dans les relations amoureuses, ne kaizen • novembre-décembre 2017 • 7
portfolio
Portfolio
portfolio
Tempêtes aux phares ouest Exacerbées par le dérèglement climatique, les tempêtes réveillent nos sens… Et peut-être nos consciences ? Le collectif de photographes Breizhscapes s’attache à nous offrir des images de mer en furie où, au milieu des éléments déchaînés, les phares résistent superbement.
© Charles Marion
Breizhscapes est un collectif de six photographes bretons : Charles Marion, Philippe Manguin, Ronan Follic, Fabrice Le Borgne, Mathieu Rivrin et Nicolas Le Dilhuit. Né en 2013 autour d’une passion commune pour les paysages de la région, le collectif édite un magazine gratuit en ligne, Breizhscapes Mag. Un livre – Regards croisés en Bretagne – a vu le jour en 2015. www.breizhscapes.com
Phare Ar-Men (Île-de-Sein, Finistère), tempête Petra, 2014.
14 • kaizen • numéro 35
kaizen • novembre-décembre 2017 • 15
portfolio
Portfolio
portfolio
Tempêtes aux phares ouest Exacerbées par le dérèglement climatique, les tempêtes réveillent nos sens… Et peut-être nos consciences ? Le collectif de photographes Breizhscapes s’attache à nous offrir des images de mer en furie où, au milieu des éléments déchaînés, les phares résistent superbement.
© Charles Marion
Breizhscapes est un collectif de six photographes bretons : Charles Marion, Philippe Manguin, Ronan Follic, Fabrice Le Borgne, Mathieu Rivrin et Nicolas Le Dilhuit. Né en 2013 autour d’une passion commune pour les paysages de la région, le collectif édite un magazine gratuit en ligne, Breizhscapes Mag. Un livre – Regards croisés en Bretagne – a vu le jour en 2015. www.breizhscapes.com
Phare Ar-Men (Île-de-Sein, Finistère), tempête Petra, 2014.
14 • kaizen • numéro 35
kaizen • novembre-décembre 2017 • 15
dossier
dossier
Source d’angoisse, largement refoulée dans l’espace public, la mort reste un tabou majeur de notre société. La veillée du corps semble appartenir à un temps révolu, remplacée par la vieille chimère de la cryogénisation, à l’heure où le transhumanisme n’ambitionne rien d’autre que la vie éternelle. Et tandis que prospère un juteux « marché de la mort » autour de quelques grandes entreprises, la facture écologique des funérailles s’alourdit. Pourtant, d’autres voies existent. Tant dans les pratiques sociales que dans les réflexions spirituelles, plusieurs acteurs proposent une autre approche de la fin de vie. Rencontre avec celles et ceux qui rendent la mort plus respectueuse du vivant.
Dossier
Mourir en paix et proche de la nature
Dossier réalisé par Barnabé Binctin
RS EU
N
LL
AI
PO
D’
E
VU
JA
RT MO LA -
© Philippe Widling/Design Pics/Photononsto
Dessin © TOad
p
Si la mort est un phénomène universel, la manière de la célébrer varie selon les cultures. Pour illustrer ce dossier, nous avons choisi de montrer quelques-uns des rituels ayant lieu à travers le monde.
dossier
dossier
Source d’angoisse, largement refoulée dans l’espace public, la mort reste un tabou majeur de notre société. La veillée du corps semble appartenir à un temps révolu, remplacée par la vieille chimère de la cryogénisation, à l’heure où le transhumanisme n’ambitionne rien d’autre que la vie éternelle. Et tandis que prospère un juteux « marché de la mort » autour de quelques grandes entreprises, la facture écologique des funérailles s’alourdit. Pourtant, d’autres voies existent. Tant dans les pratiques sociales que dans les réflexions spirituelles, plusieurs acteurs proposent une autre approche de la fin de vie. Rencontre avec celles et ceux qui rendent la mort plus respectueuse du vivant.
Dossier
Mourir en paix et proche de la nature
Dossier réalisé par Barnabé Binctin
RS EU
N
LL
AI
PO
D’
E
VU
JA
RT MO LA -
© Philippe Widling/Design Pics/Photononsto
Dessin © TOad
p
Si la mort est un phénomène universel, la manière de la célébrer varie selon les cultures. Pour illustrer ce dossier, nous avons choisi de montrer quelques-uns des rituels ayant lieu à travers le monde.
À la ferme Grange Scott, près de Turin, Lucia Dentis gère 167 hectares de terres.
Vent d’ailleurs
Italie Les femmes au cœur de l’agriculture de demain
vent d’ailleurs
D
ans le champ, c’est une femme qui est sur le tracteur. À 47 ans, Lucia Dentis a l’habitude. C’est elle qui, depuis 1995, gère Grange Scott, la ferme créée par son grand-père à quelques kilomètres de Turin. Issue d’une formation scientifique, elle aurait pu faire un autre métier, mais elle a choisi d’être agricultrice. « Mon père avait peur que je ne m’en sorte pas. Il a bien essayé de me faire changer d’idée, mais j’ai la tête dure et je n’ai pas renoncé ! », s’exclame Lucia dans un grand éclat de rire. « L’agriculture n’est pas un travail que l’on peut improviser, ça doit être une passion. Car elle réclame des sacrifices. C’est un milieu plus difficile pour les femmes que pour les hommes, mais les problèmes de l’agriculture concernent tout le monde, le dialogue entre nous est essentiel pour trouver des solutions. » Femme engagée, Lucia est devenue il y a quatre ans la présidente de l’association Donne in Campo (« Femmes au champ ») pour la région du Piémont.
vent d’ailleurs
Faire entendre la voix des agricultrices
Depuis 1999, Donne in Campo (« Femmes au champ ») aide les agricultrices italiennes à se mettre en réseau afin de rompre leur isolement et soutenir leurs initiatives. L’association regroupe aujourd’hui quelque quinze mille membres aux idées innovantes. Texte et photos : Frédérique Basset
50 • kaizen • numéro 35
Née en 1999, Donne in Campo est une aile de la Confédération italienne des agriculteurs (CIA), l’un des trois principaux syndicats agricoles du pays. Elle a pour principes l’innovation dans la tradition et un environnement durable pour une société durable. Aujourd’hui, l’association compte dans ses rangs quelque quinze mille agricultrices, ainsi que des universitaires pour le travail de recherche sur l’égalité femmes-hommes, l’agriculture biologique et l’échange de savoirs. « Nous avons créé cette association pour peser sur les politiques et faire entendre la voix des femmes, car ce sont les pionnières de l’agriculture du futur. Elles contribuent activement au développement d’activités permettant de revitaliser le territoire : agritourisme, agriculture biologique, sociale, pédagogique, artisanale… », revendique la présidente nationale Mara Longhin. Mara sait de quoi elle parle. Dans sa ferme, près de Venise, elle cultive 40 hectares de plantes fourragères pour nourrir ses cent soixante vaches laitières, transforme le lait en yaourts et glaces et fait de la vente directe. Sans oublier l’accueil des scolaires.
« En apprenant aux enfants à soigner les plantes et les animaux, ils comprennent d’où vient la nourriture et pourquoi le travail du paysan est si important. » Tout au long de l’année, la ferme de Lucia accueille elle aussi les enfants. « On a été l’une des premières fermes pédagogiques du Piémont il y a vingt ans de cela, raconte-t-elle. On a commencé par des interventions sur l’alimentation dans les écoles, puis les enfants sont venus à la ferme. De nos jours, ils n’ont plus l’occasion de voir des animaux ni le droit de jouer dans les flaques d’eau ou de toucher la terre. Leur promenade du dimanche, ils la font au supermarché ! » Trois activités leur sont proposées en fonction de l’âge : les plus jeunes dessinent avec les couleurs qu’offre la nature : terre, herbe, feuilles, fleurs ; ou approchent le monde animal et végétal avec les cinq sens. Les plus grands, quant à eux, vont à la découverte du maïs : ils égrainent des épis, moulent les grains dans le petit moulin de la ferme, et repartent avec leur sac de farine. « J’aime ces journées avec les enfants, car ils expriment tout de suite leur joie d’être en contact avec la nature et de faire eux-mêmes une activité dont ils voient le résultat. Aujourd’hui j’aimerais aussi travailler avec des institutions qui s’occupent d’enfants handicapés. »
Troc de savoirs et de savoir-faire Au-delà de l’accueil des enfants, l’association Donne in Campo organise des foires, des congrès, des marchés et propose des formations : de la sécurité alimentaire à la fertilité des sols en passant par les semences et l’agriculture sociale. Elle a également institué le troc des savoirs. « Certaines femmes pensent qu’elles ne savent rien, mais dès que l’on discute avec elles, on se rend compte que c’est faux, affirme Serena Giudici, coordinatrice de l’association. Nous voulons promouvoir les échanges horizontaux : celle qui a un savoir ou un savoir-faire particulier kaizen • novembre-décembre 2017 • 51
À la ferme Grange Scott, près de Turin, Lucia Dentis gère 167 hectares de terres.
Vent d’ailleurs
Italie Les femmes au cœur de l’agriculture de demain
vent d’ailleurs
D
ans le champ, c’est une femme qui est sur le tracteur. À 47 ans, Lucia Dentis a l’habitude. C’est elle qui, depuis 1995, gère Grange Scott, la ferme créée par son grand-père à quelques kilomètres de Turin. Issue d’une formation scientifique, elle aurait pu faire un autre métier, mais elle a choisi d’être agricultrice. « Mon père avait peur que je ne m’en sorte pas. Il a bien essayé de me faire changer d’idée, mais j’ai la tête dure et je n’ai pas renoncé ! », s’exclame Lucia dans un grand éclat de rire. « L’agriculture n’est pas un travail que l’on peut improviser, ça doit être une passion. Car elle réclame des sacrifices. C’est un milieu plus difficile pour les femmes que pour les hommes, mais les problèmes de l’agriculture concernent tout le monde, le dialogue entre nous est essentiel pour trouver des solutions. » Femme engagée, Lucia est devenue il y a quatre ans la présidente de l’association Donne in Campo (« Femmes au champ ») pour la région du Piémont.
vent d’ailleurs
Faire entendre la voix des agricultrices
Depuis 1999, Donne in Campo (« Femmes au champ ») aide les agricultrices italiennes à se mettre en réseau afin de rompre leur isolement et soutenir leurs initiatives. L’association regroupe aujourd’hui quelque quinze mille membres aux idées innovantes. Texte et photos : Frédérique Basset
50 • kaizen • numéro 35
Née en 1999, Donne in Campo est une aile de la Confédération italienne des agriculteurs (CIA), l’un des trois principaux syndicats agricoles du pays. Elle a pour principes l’innovation dans la tradition et un environnement durable pour une société durable. Aujourd’hui, l’association compte dans ses rangs quelque quinze mille agricultrices, ainsi que des universitaires pour le travail de recherche sur l’égalité femmes-hommes, l’agriculture biologique et l’échange de savoirs. « Nous avons créé cette association pour peser sur les politiques et faire entendre la voix des femmes, car ce sont les pionnières de l’agriculture du futur. Elles contribuent activement au développement d’activités permettant de revitaliser le territoire : agritourisme, agriculture biologique, sociale, pédagogique, artisanale… », revendique la présidente nationale Mara Longhin. Mara sait de quoi elle parle. Dans sa ferme, près de Venise, elle cultive 40 hectares de plantes fourragères pour nourrir ses cent soixante vaches laitières, transforme le lait en yaourts et glaces et fait de la vente directe. Sans oublier l’accueil des scolaires.
« En apprenant aux enfants à soigner les plantes et les animaux, ils comprennent d’où vient la nourriture et pourquoi le travail du paysan est si important. » Tout au long de l’année, la ferme de Lucia accueille elle aussi les enfants. « On a été l’une des premières fermes pédagogiques du Piémont il y a vingt ans de cela, raconte-t-elle. On a commencé par des interventions sur l’alimentation dans les écoles, puis les enfants sont venus à la ferme. De nos jours, ils n’ont plus l’occasion de voir des animaux ni le droit de jouer dans les flaques d’eau ou de toucher la terre. Leur promenade du dimanche, ils la font au supermarché ! » Trois activités leur sont proposées en fonction de l’âge : les plus jeunes dessinent avec les couleurs qu’offre la nature : terre, herbe, feuilles, fleurs ; ou approchent le monde animal et végétal avec les cinq sens. Les plus grands, quant à eux, vont à la découverte du maïs : ils égrainent des épis, moulent les grains dans le petit moulin de la ferme, et repartent avec leur sac de farine. « J’aime ces journées avec les enfants, car ils expriment tout de suite leur joie d’être en contact avec la nature et de faire eux-mêmes une activité dont ils voient le résultat. Aujourd’hui j’aimerais aussi travailler avec des institutions qui s’occupent d’enfants handicapés. »
Troc de savoirs et de savoir-faire Au-delà de l’accueil des enfants, l’association Donne in Campo organise des foires, des congrès, des marchés et propose des formations : de la sécurité alimentaire à la fertilité des sols en passant par les semences et l’agriculture sociale. Elle a également institué le troc des savoirs. « Certaines femmes pensent qu’elles ne savent rien, mais dès que l’on discute avec elles, on se rend compte que c’est faux, affirme Serena Giudici, coordinatrice de l’association. Nous voulons promouvoir les échanges horizontaux : celle qui a un savoir ou un savoir-faire particulier kaizen • novembre-décembre 2017 • 51
Grâce à ses campagnes de sensibilisation, Toit à moi a pu réunir 700 parrains à travers la France et acheter 18 appartements.
Et si on le faisait ensemble ?
un logement solidaire pour se réinsérer
et si on le faisait ensemble ?
S
ur le rebord de la fenêtre de son appartement près du centre-ville de Nantes, dont l’association Toit à moi lui a confié les clefs, Serge fait pousser des plants de tomates : « Regardez, les premiers fruits viennent de sortir. Je vais bientôt pouvoir en mettre dans mes ratatouilles. » Originaire de Marseille, cet homme de 50 ans a quitté sa ville natale il y a onze ans, désireux de « voir autre chose ». « Le problème, c’est que je fonce et je réfléchis après. Je suis comme un volcan d’Auvergne. » Mais Serge reste discret, et garde ses secrets enfouis. On apprendra seulement qu’il a « atterri à Nantes il y a cinq ans parce que c’est une ville où, dit-on, il fait bon vivre ». Pas pour lui, qui y a rencontré des difficultés : « J’ai été intérimaire pour la grande distribution, mais j’ai toujours claqué de l’argent. Je suis surendetté. Pendant un mois et demi, j’ai dormi dans la rue : d’abord dans une cage d’escalier, puis dans un lieu désaffecté. Le week-end, je m’offrais deux nuits d’hôtel pour récupérer. Et un jour, j’ai craqué. J’ai annoncé à la directrice de l’agence d’intérim que j’arrêtais de travailler. Quand elle a appris mes conditions de vie par un collègue, elle m’a orienté vers Toit à moi. » En novembre 2016, l’association a logé Serge dans un appartement de 40 mètres carrés joliment rénové. Et, depuis, elle l’accompagne dans sa réinsertion. « Sans Toit à moi, j’aurais tout abandonné », confie le quinquagénaire, dont l’accent ensoleillé se perle de larmes à l’évocation de ce passé.
et si on le faisait ensemble ?
Acheter plutôt que louer
Créée à Nantes il y a dix ans, l’association Toit à moi achète des appartements grâce aux dons qu’elle reçoit pour loger des sans-abri. Au-delà d’un toit, elle propose aux personnes en difficulté un accompagnement complet pour les aider à rebondir. Texte : Aude Raux - Photos : Florence Mary
56 • kaizen • numéro 35
© DR
Toit à moi :
Autour de la table ont pris place quatre bénéficiaires et cinq des six salariés de Toit à moi, dont Denis Castin, délégué général et cofondateur de l’association. L’envie de réunir des gens qui cotisent pour acheter un appartement afin qu’un sans-abri y habite lui est venue en 2006. « Le fait que l’association soit propriétaire, et non locataire, permet de s’inscrire dans la pérennité : quand un bénéficiaire s’en va, un autre lui succède », précise-t-il. Il suffit que cent personnes versent 20 euros par mois pendant cinq ans pour rembourser l’emprunt contracté auprès d’une banque afin d’acquérir un logement d’environ 35 mètres carrés. Aujourd’hui, grâce à la générosité de sept cents parrains répartis dans toute la France, l’association possède dix-huit appartements. Denis Castin se souvient : « J’ai toujours été profondément perturbé par la misère autour de moi. J’avais Denis Castin (g.), cofondateur de l’association, et Hélène Menanteau, coordinatrice d’accompagnement social, conduisent un nouveau bénéficiaire à son futur appartement.
Tous les jours de la semaine, excepté le mercredi, Serge se rend au siège de Toit à moi, situé dans le parc de la clinique Saint-Augustin qui met gracieusement l’un de ses bâtiments à la disposition de l’association. « Je ne me sens pas prêt à reprendre le travail, estime-t-il. Je risquerais de craquer sous la pression tellement j’ai de la haine en moi. En attendant, l’association vient de m’embaucher pour préparer les déjeuners et le dîner du vendredi soir qui sont ouverts à tous ses membres. J’ai un contrat aidé de 22 heures par semaine. » Au menu d’un repas collectif : un délicieux hommage aux racines italiennes de Serge avec une tomate-mozzarella, des arancini – spécialités siciliennes à base de riz – et une tarte aux abricots. Sous les vivats, le cuisinier entonne une chanson et esquisse quelques pas de danse ! kaizen • novembre-décembre 2017 • 57
Grâce à ses campagnes de sensibilisation, Toit à moi a pu réunir 700 parrains à travers la France et acheter 18 appartements.
Et si on le faisait ensemble ?
un logement solidaire pour se réinsérer
et si on le faisait ensemble ?
S
ur le rebord de la fenêtre de son appartement près du centre-ville de Nantes, dont l’association Toit à moi lui a confié les clefs, Serge fait pousser des plants de tomates : « Regardez, les premiers fruits viennent de sortir. Je vais bientôt pouvoir en mettre dans mes ratatouilles. » Originaire de Marseille, cet homme de 50 ans a quitté sa ville natale il y a onze ans, désireux de « voir autre chose ». « Le problème, c’est que je fonce et je réfléchis après. Je suis comme un volcan d’Auvergne. » Mais Serge reste discret, et garde ses secrets enfouis. On apprendra seulement qu’il a « atterri à Nantes il y a cinq ans parce que c’est une ville où, dit-on, il fait bon vivre ». Pas pour lui, qui y a rencontré des difficultés : « J’ai été intérimaire pour la grande distribution, mais j’ai toujours claqué de l’argent. Je suis surendetté. Pendant un mois et demi, j’ai dormi dans la rue : d’abord dans une cage d’escalier, puis dans un lieu désaffecté. Le week-end, je m’offrais deux nuits d’hôtel pour récupérer. Et un jour, j’ai craqué. J’ai annoncé à la directrice de l’agence d’intérim que j’arrêtais de travailler. Quand elle a appris mes conditions de vie par un collègue, elle m’a orienté vers Toit à moi. » En novembre 2016, l’association a logé Serge dans un appartement de 40 mètres carrés joliment rénové. Et, depuis, elle l’accompagne dans sa réinsertion. « Sans Toit à moi, j’aurais tout abandonné », confie le quinquagénaire, dont l’accent ensoleillé se perle de larmes à l’évocation de ce passé.
et si on le faisait ensemble ?
Acheter plutôt que louer
Créée à Nantes il y a dix ans, l’association Toit à moi achète des appartements grâce aux dons qu’elle reçoit pour loger des sans-abri. Au-delà d’un toit, elle propose aux personnes en difficulté un accompagnement complet pour les aider à rebondir. Texte : Aude Raux - Photos : Florence Mary
56 • kaizen • numéro 35
© DR
Toit à moi :
Autour de la table ont pris place quatre bénéficiaires et cinq des six salariés de Toit à moi, dont Denis Castin, délégué général et cofondateur de l’association. L’envie de réunir des gens qui cotisent pour acheter un appartement afin qu’un sans-abri y habite lui est venue en 2006. « Le fait que l’association soit propriétaire, et non locataire, permet de s’inscrire dans la pérennité : quand un bénéficiaire s’en va, un autre lui succède », précise-t-il. Il suffit que cent personnes versent 20 euros par mois pendant cinq ans pour rembourser l’emprunt contracté auprès d’une banque afin d’acquérir un logement d’environ 35 mètres carrés. Aujourd’hui, grâce à la générosité de sept cents parrains répartis dans toute la France, l’association possède dix-huit appartements. Denis Castin se souvient : « J’ai toujours été profondément perturbé par la misère autour de moi. J’avais Denis Castin (g.), cofondateur de l’association, et Hélène Menanteau, coordinatrice d’accompagnement social, conduisent un nouveau bénéficiaire à son futur appartement.
Tous les jours de la semaine, excepté le mercredi, Serge se rend au siège de Toit à moi, situé dans le parc de la clinique Saint-Augustin qui met gracieusement l’un de ses bâtiments à la disposition de l’association. « Je ne me sens pas prêt à reprendre le travail, estime-t-il. Je risquerais de craquer sous la pression tellement j’ai de la haine en moi. En attendant, l’association vient de m’embaucher pour préparer les déjeuners et le dîner du vendredi soir qui sont ouverts à tous ses membres. J’ai un contrat aidé de 22 heures par semaine. » Au menu d’un repas collectif : un délicieux hommage aux racines italiennes de Serge avec une tomate-mozzarella, des arancini – spécialités siciliennes à base de riz – et une tarte aux abricots. Sous les vivats, le cuisinier entonne une chanson et esquisse quelques pas de danse ! kaizen • novembre-décembre 2017 • 57
C goût de l’enfance Le goût de l’enfance
De la cité à la musique classique pour les enfants d’El Camino Texte : Marie Deshayes - Photos : David Le Deodic
À Pau, l’association El Camino propose gratuitement aux enfants des quartiers populaires d’apprendre à jouer d’un instrument et de se produire en orchestre. L’occasion pour ces jeunes de s’ouvrir à la culture symphonique et de goûter à l’aventure du vivre-ensemble.
60 • kaizen • numéro 35
e lundi d’octobre 2016, c’est jour de rentrée pour El Camino (« le chemin »), après trois mois sans musique. Une foule d’enfants descendent des bus peints en jaune et bleu – les couleurs de l’association – et rejoignent les jardins d’un ancien couvent de Pau mis à disposition par les Sœurs de la Charité. Un joyeux brouhaha emplit l’air frais de ce début d’automne. Les cours peuvent enfin reprendre pour les élèves de la première promotion, entrés en 2015 – on les appelle les « jaunes » –, et la découverte commence pour les nouveaux – les « bleus ». « Maintiens-la bien avec ta main, comme si c’était une pince. » Marie Bedat, l’une des enseignantes, montre à Aaron comment tenir une trompette et souffler dedans. Au tour de son voisin, Francis. Un peu stressé, il préfère se cacher dans un coin pour tester cet instrument inconnu et tenter de caler sa respiration. Jason, lui, est plein d’assurance et ne se fait pas prier pour sortir un son – à peu près – long et régulier. « Mais c’est génial ! Super ! », l’encourage la professeure. À l’étage, un autre groupe de petits nouveaux fait connaissance avec les violons et leurs archets en crin de cheval. Chacun essaye de faire parler ce drôle d’instrument, pas évident à caler sous le menton. Aaron, Francis, Jason et les autres s’apprêtent ainsi à intégrer une formation musicale un peu particulière : un orchestre dont les membres n’auraient, a priori, pas approché le monde de la musique classique sans un coup de main. Parce qu’ils habitent dans des quartiers défavorisés, parce que personne dans la famille ne joue d’un instrument, parce que les difficultés du quotidien l’emportent sur l’envie de découvrir un milieu qui n’est pas familier ou jugé trop élitiste, ou bien parce que les moyens financiers ne suivent pas.
goût de l’enfance
Des cours sans sélection
au mécénat et aux subventions publiques (lire encadré page 62). Une centaine d’enfants se sont inscrits la première année. Ils étaient le double l’année suivante. Mais pour sa troisième année d’existence (2017-2018), El Camino n’a malheureusement pas pu pousser les murs pour accueillir de nouveaux musiciens et réfléchit désormais à la meilleure manière de développer son activité sur le long terme. L’apprentissage est collectif et se veut ludique : on reproduit ensemble les sons que l’on entend, sans passer par le solfège dans un premier temps. « Je veux que mes gamins soient heureux de jouer ensemble », indique Fayçal Karoui, président d’El Camino et directeur musical de l’OPPB, bien connu des Palois pour faire partager la musique classique au plus grand nombre. Depuis quinze ans, son orchestre se déplace dans les quartiers, les écoles, à la prison, chez l’habitant… Le terreau était donc favorable pour que naisse un projet comme El Camino Contrebasse, flûte, violon... Après les avoir tous essayés, chaque jeune musicien choisit lui-même l’instrument qu’il va pratiquer.
Pendant environ deux heures et demie trois fois par semaine, après l’école, plus de deux cents enfants volontaires âgés de 8 à 13 ans et issus de neuf écoles et trois collèges de Pau apprennent donc les subtilités d’un instrument. Ils ont choisi ce dernier eux-mêmes, après les avoir tous essayés : basson, contrebasse, percussions… Pour les accompagner : vingt-deux professeurs, pour la plupart musiciens professionnels à l’Orchestre de Pau Pays de Béarn (OPPB). Certains enseignent aussi au conservatoire, là où ils n’auraient sans doute jamais croisé ces jeunes. Depuis la rentrée 2015, El Camino s’efforce donc de créer des ponts entre deux mondes qui semblent éloignés. Les familles n’ont rien à débourser et il n’y a pas de sélection des élèves. L’association vit grâce kaizen • novembre-décembre 2017 • 61
C goût de l’enfance Le goût de l’enfance
De la cité à la musique classique pour les enfants d’El Camino Texte : Marie Deshayes - Photos : David Le Deodic
À Pau, l’association El Camino propose gratuitement aux enfants des quartiers populaires d’apprendre à jouer d’un instrument et de se produire en orchestre. L’occasion pour ces jeunes de s’ouvrir à la culture symphonique et de goûter à l’aventure du vivre-ensemble.
60 • kaizen • numéro 35
e lundi d’octobre 2016, c’est jour de rentrée pour El Camino (« le chemin »), après trois mois sans musique. Une foule d’enfants descendent des bus peints en jaune et bleu – les couleurs de l’association – et rejoignent les jardins d’un ancien couvent de Pau mis à disposition par les Sœurs de la Charité. Un joyeux brouhaha emplit l’air frais de ce début d’automne. Les cours peuvent enfin reprendre pour les élèves de la première promotion, entrés en 2015 – on les appelle les « jaunes » –, et la découverte commence pour les nouveaux – les « bleus ». « Maintiens-la bien avec ta main, comme si c’était une pince. » Marie Bedat, l’une des enseignantes, montre à Aaron comment tenir une trompette et souffler dedans. Au tour de son voisin, Francis. Un peu stressé, il préfère se cacher dans un coin pour tester cet instrument inconnu et tenter de caler sa respiration. Jason, lui, est plein d’assurance et ne se fait pas prier pour sortir un son – à peu près – long et régulier. « Mais c’est génial ! Super ! », l’encourage la professeure. À l’étage, un autre groupe de petits nouveaux fait connaissance avec les violons et leurs archets en crin de cheval. Chacun essaye de faire parler ce drôle d’instrument, pas évident à caler sous le menton. Aaron, Francis, Jason et les autres s’apprêtent ainsi à intégrer une formation musicale un peu particulière : un orchestre dont les membres n’auraient, a priori, pas approché le monde de la musique classique sans un coup de main. Parce qu’ils habitent dans des quartiers défavorisés, parce que personne dans la famille ne joue d’un instrument, parce que les difficultés du quotidien l’emportent sur l’envie de découvrir un milieu qui n’est pas familier ou jugé trop élitiste, ou bien parce que les moyens financiers ne suivent pas.
goût de l’enfance
Des cours sans sélection
au mécénat et aux subventions publiques (lire encadré page 62). Une centaine d’enfants se sont inscrits la première année. Ils étaient le double l’année suivante. Mais pour sa troisième année d’existence (2017-2018), El Camino n’a malheureusement pas pu pousser les murs pour accueillir de nouveaux musiciens et réfléchit désormais à la meilleure manière de développer son activité sur le long terme. L’apprentissage est collectif et se veut ludique : on reproduit ensemble les sons que l’on entend, sans passer par le solfège dans un premier temps. « Je veux que mes gamins soient heureux de jouer ensemble », indique Fayçal Karoui, président d’El Camino et directeur musical de l’OPPB, bien connu des Palois pour faire partager la musique classique au plus grand nombre. Depuis quinze ans, son orchestre se déplace dans les quartiers, les écoles, à la prison, chez l’habitant… Le terreau était donc favorable pour que naisse un projet comme El Camino Contrebasse, flûte, violon... Après les avoir tous essayés, chaque jeune musicien choisit lui-même l’instrument qu’il va pratiquer.
Pendant environ deux heures et demie trois fois par semaine, après l’école, plus de deux cents enfants volontaires âgés de 8 à 13 ans et issus de neuf écoles et trois collèges de Pau apprennent donc les subtilités d’un instrument. Ils ont choisi ce dernier eux-mêmes, après les avoir tous essayés : basson, contrebasse, percussions… Pour les accompagner : vingt-deux professeurs, pour la plupart musiciens professionnels à l’Orchestre de Pau Pays de Béarn (OPPB). Certains enseignent aussi au conservatoire, là où ils n’auraient sans doute jamais croisé ces jeunes. Depuis la rentrée 2015, El Camino s’efforce donc de créer des ponts entre deux mondes qui semblent éloignés. Les familles n’ont rien à débourser et il n’y a pas de sélection des élèves. L’association vit grâce kaizen • novembre-décembre 2017 • 61
je change
Je vais bien, le monde va mieux
je vais bien le monde va mieux
66 • kaizen • numéro 35
Méditation L’éveil de la pleine conscience
je vais bien le monde va mieux
À l’heure où tout va trop vite, méditer se révèle être extrêmement bénéfique pour notre santé psychique. Aussi faut-il s’attendre à ce que s’installe durablement dans nos modes de vie cette « gymnastique du mental » accessible à tous. Texte : Youki Vattier - Dessins : Lisa Zordan
N
ous sommes tous en overdose. Overdose d’appels, courriels, SMS, tweets, notifications… Ce bombardement électronique nous sollicite une fois toutes les six minutes 1 selon Thierry Venin, directeur de l’Agence départementale du numérique. Résultat : notre attention se fragmente. Pire, notre bien-être en souffre : notre attention, habituée à sauter d’une distraction à une autre, va avoir tendance à sauter également d’un souci à l’autre. C’est le lit des ruminations, et donc de l’anxiété et de la dépression. Les maîtres de l’Orient, notamment les bouddhistes, ne s’y sont pas trompés lorsqu’ils ont, il y a 2 500 ans, peaufiné avec génie l’art de la méditation. L’Occident n’est pas en reste : on oublie trop souvent que cette pratique a été suivie dès l’Antiquité par les Romains et par les grandes religions monothéistes. Ainsi, les sages s’étaient rendu compte que l’esprit humain avait une nette propension à la dispersion et donc au manque d’attention. Or un esprit inattentif est plus facilement prisonnier de ses impulsions spontanées : il est dans la réaction (exemple : on m’insulte, j’agresse en retour). Il n’est donc pas libre, enfermé qu’il est dans un automatisme aveugle. Comment dès lors se défaire de ses conditionnements et retrouver sa liberté ? En revenant à un point d’ancrage. Et quel pourrait être ce point, toujours présent, malgré les tempêtes, jusqu’à notre dernier souffle ? Notre corps ! Ainsi les grands maîtres ont-ils élaboré cette pratique qui invite le corps à rester
immobile. Une manière simple d’entraîner notre esprit à muscler ses capacités de concentration et de résistance face à la distraction. Peu à peu, au fil de la pratique, naît un espace intérieur où l’attention prévaut ; où germe, non plus la réaction, mais la possibilité d’un choix (exemple : on m’insulte, je choisis de me demander si c’est grave ou non, si la personne qui m’agresse le fait parce qu’elle est fatiguée, si cela vaut la peine de riposter ou pas…). La méditation de pleine conscience, comme on l’appelle aujourd’hui, réunit les fondamentaux des pratiques bouddhiques. Son succès auprès du plus grand nombre s’appuie sur le fait qu’elle a été débarrassée de ses atours religieux.
Accueillir les pensées qui nous assaillent Méditer en pleine conscience, c’est, dans un premier temps, s’asseoir. Sur une chaise, un tabouret ou un coussin. Tous les jours si possible, et pendant une durée déterminée (lire page suivante). Bête comme chou ? Oui, mais pas si simple. Car si notre corps est – a priori – tranquille, ce n’est pas la même chanson pour notre mental ! « Il faut absolument que j’envoie ce courriel », « Qu’est-ce que je vais cuisiner ce soir ? », « Ce type m’horripile » et autres joyeusetés nous assaillent dès lors que nous sommes assis pour méditer. Alors, que faire de ces pensées, ces « petits singes qui sautent partout dans les branches », comme les kaizen • novembre-décembre 2017 • 67
je change
Je vais bien, le monde va mieux
je vais bien le monde va mieux
66 • kaizen • numéro 35
Méditation L’éveil de la pleine conscience
je vais bien le monde va mieux
À l’heure où tout va trop vite, méditer se révèle être extrêmement bénéfique pour notre santé psychique. Aussi faut-il s’attendre à ce que s’installe durablement dans nos modes de vie cette « gymnastique du mental » accessible à tous. Texte : Youki Vattier - Dessins : Lisa Zordan
N
ous sommes tous en overdose. Overdose d’appels, courriels, SMS, tweets, notifications… Ce bombardement électronique nous sollicite une fois toutes les six minutes 1 selon Thierry Venin, directeur de l’Agence départementale du numérique. Résultat : notre attention se fragmente. Pire, notre bien-être en souffre : notre attention, habituée à sauter d’une distraction à une autre, va avoir tendance à sauter également d’un souci à l’autre. C’est le lit des ruminations, et donc de l’anxiété et de la dépression. Les maîtres de l’Orient, notamment les bouddhistes, ne s’y sont pas trompés lorsqu’ils ont, il y a 2 500 ans, peaufiné avec génie l’art de la méditation. L’Occident n’est pas en reste : on oublie trop souvent que cette pratique a été suivie dès l’Antiquité par les Romains et par les grandes religions monothéistes. Ainsi, les sages s’étaient rendu compte que l’esprit humain avait une nette propension à la dispersion et donc au manque d’attention. Or un esprit inattentif est plus facilement prisonnier de ses impulsions spontanées : il est dans la réaction (exemple : on m’insulte, j’agresse en retour). Il n’est donc pas libre, enfermé qu’il est dans un automatisme aveugle. Comment dès lors se défaire de ses conditionnements et retrouver sa liberté ? En revenant à un point d’ancrage. Et quel pourrait être ce point, toujours présent, malgré les tempêtes, jusqu’à notre dernier souffle ? Notre corps ! Ainsi les grands maîtres ont-ils élaboré cette pratique qui invite le corps à rester
immobile. Une manière simple d’entraîner notre esprit à muscler ses capacités de concentration et de résistance face à la distraction. Peu à peu, au fil de la pratique, naît un espace intérieur où l’attention prévaut ; où germe, non plus la réaction, mais la possibilité d’un choix (exemple : on m’insulte, je choisis de me demander si c’est grave ou non, si la personne qui m’agresse le fait parce qu’elle est fatiguée, si cela vaut la peine de riposter ou pas…). La méditation de pleine conscience, comme on l’appelle aujourd’hui, réunit les fondamentaux des pratiques bouddhiques. Son succès auprès du plus grand nombre s’appuie sur le fait qu’elle a été débarrassée de ses atours religieux.
Accueillir les pensées qui nous assaillent Méditer en pleine conscience, c’est, dans un premier temps, s’asseoir. Sur une chaise, un tabouret ou un coussin. Tous les jours si possible, et pendant une durée déterminée (lire page suivante). Bête comme chou ? Oui, mais pas si simple. Car si notre corps est – a priori – tranquille, ce n’est pas la même chanson pour notre mental ! « Il faut absolument que j’envoie ce courriel », « Qu’est-ce que je vais cuisiner ce soir ? », « Ce type m’horripile » et autres joyeusetés nous assaillent dès lors que nous sommes assis pour méditer. Alors, que faire de ces pensées, ces « petits singes qui sautent partout dans les branches », comme les kaizen • novembre-décembre 2017 • 67
je change
DIY
Do It Yourself
diy
Réutiliser les boîtes d’œufs avec les enfants
diy
Les envies des enfants évoluent vite et, bien souvent, les jouets reçus à Noël se trouvent délaissés au bout de quelques mois. Pour sensibiliser les petits à cette question, vous pouvez organiser un atelier pour leur apprendre à créer leurs propres jeux. Pour cela, les boîtes d’œufs sont un matériau idéal, facile à transformer et écologique. Texte : Aurélie Aimé - Photos : Jérômine Derigny
B
ocaux en verre, bouchons de liège, papier journal, boîtes d’œufs… Ces objets du quotidien finissent souvent à la poubelle. Pourtant, ce sont des trésors pour les bricoleurs en herbe et leurs parents : il est possible d’en faire des jouets et des décorations. Les récupérer et les transformer permettra aux petits de développer leur créativité et d’apprécier d’autant plus l’objet qu’ils auront créé de leurs mains. À partir de boîtes d’œufs, vous pouvez notamment réaliser du papier mâché pour façonner tous types d’animaux décoratifs à accrocher au mur, à utiliser comme patère ou comme masque pour se déguiser. Avec un peu de découpage et de collage, vous pourrez créer des jeux de stratégie de type mancala, de jolies boîtes à trésors ou une déclinaison de voitures et de camions. Pour accompagner les enfants dans cette démarche créative, les parents peuvent participer à des ateliers de fabrication de jouets en bois, proposés dans plusieurs départements : l’Atelier de la ronce (71), Ofildubois (41), Les Aliziers (60)… Sur des durées variant d’un après-midi (réalisation de petits puzzles par exemple) à quatre jours (pour la fabrication d’un cheval à bascule), et pour des tarifs démarrant à 90 euros. Si le bricolage n’est pas votre truc, il existe d’autres pistes pour que les cadeaux de Noël
70 • kaizen • numéro 35
s’inscrivent dans une démarche durable : des jeux en bois issu de forêts gérées durablement, ou, plus surprenant, des jouets de plage en Algoblend, un matériau à base d’algues brunes récoltées en Bretagne. Enfin, si vos enfants se lassent vite, de nombreux sites Internet sont spécialisés dans l’achat-vente de jouets de seconde main. C’est le cas par exemple du site Toyslegend.com, dont l’intention est de « sensibiliser les enfants aux problématiques environnementales en leur apprenant de façon simple et ludique à donner un sens et une utilité à l’acte d’achat ». Bref, les offres sont nombreuses pour un Noël vert ! n
Des jouets solidaires
Certaines associations s’occupent de récupérer les vieux « joujoux » pour leur offrir une nouvelle vie. C’est le cas de Rejoué, qui collecte huit millions de jouets par an. Dans son atelier parisien, une quinzaine de personnes en réinsertion réparent et revendent à moitié prix des jouets ayant déjà servi, mais conformes aux normes de sécurité les plus récentes et nettoyés avec des produits respectueux de l’environnement.
kaizen • novembre-décembre 2017 • 71
je change
DIY
Do It Yourself
diy
Réutiliser les boîtes d’œufs avec les enfants
diy
Les envies des enfants évoluent vite et, bien souvent, les jouets reçus à Noël se trouvent délaissés au bout de quelques mois. Pour sensibiliser les petits à cette question, vous pouvez organiser un atelier pour leur apprendre à créer leurs propres jeux. Pour cela, les boîtes d’œufs sont un matériau idéal, facile à transformer et écologique. Texte : Aurélie Aimé - Photos : Jérômine Derigny
B
ocaux en verre, bouchons de liège, papier journal, boîtes d’œufs… Ces objets du quotidien finissent souvent à la poubelle. Pourtant, ce sont des trésors pour les bricoleurs en herbe et leurs parents : il est possible d’en faire des jouets et des décorations. Les récupérer et les transformer permettra aux petits de développer leur créativité et d’apprécier d’autant plus l’objet qu’ils auront créé de leurs mains. À partir de boîtes d’œufs, vous pouvez notamment réaliser du papier mâché pour façonner tous types d’animaux décoratifs à accrocher au mur, à utiliser comme patère ou comme masque pour se déguiser. Avec un peu de découpage et de collage, vous pourrez créer des jeux de stratégie de type mancala, de jolies boîtes à trésors ou une déclinaison de voitures et de camions. Pour accompagner les enfants dans cette démarche créative, les parents peuvent participer à des ateliers de fabrication de jouets en bois, proposés dans plusieurs départements : l’Atelier de la ronce (71), Ofildubois (41), Les Aliziers (60)… Sur des durées variant d’un après-midi (réalisation de petits puzzles par exemple) à quatre jours (pour la fabrication d’un cheval à bascule), et pour des tarifs démarrant à 90 euros. Si le bricolage n’est pas votre truc, il existe d’autres pistes pour que les cadeaux de Noël
70 • kaizen • numéro 35
s’inscrivent dans une démarche durable : des jeux en bois issu de forêts gérées durablement, ou, plus surprenant, des jouets de plage en Algoblend, un matériau à base d’algues brunes récoltées en Bretagne. Enfin, si vos enfants se lassent vite, de nombreux sites Internet sont spécialisés dans l’achat-vente de jouets de seconde main. C’est le cas par exemple du site Toyslegend.com, dont l’intention est de « sensibiliser les enfants aux problématiques environnementales en leur apprenant de façon simple et ludique à donner un sens et une utilité à l’acte d’achat ». Bref, les offres sont nombreuses pour un Noël vert ! n
Des jouets solidaires
Certaines associations s’occupent de récupérer les vieux « joujoux » pour leur offrir une nouvelle vie. C’est le cas de Rejoué, qui collecte huit millions de jouets par an. Dans son atelier parisien, une quinzaine de personnes en réinsertion réparent et revendent à moitié prix des jouets ayant déjà servi, mais conformes aux normes de sécurité les plus récentes et nettoyés avec des produits respectueux de l’environnement.
kaizen • novembre-décembre 2017 • 71
je change
le bon plan Nos bonnes adresses
© Daniel Proux - Ville de Poitiers
Poitiers : vert le Poitou Texte et photos : Pascal Greboval
MANGER LE BONHEUR EST DANS LE THÉ, même pour ceux qui aiment le café ! Depuis 2010, Céline tient ce salon de thé-restaurant convivial, où la qualité est autant dans l’assiette que dans l’ambiance. Ici, tout est fait maison. « Je préfère salarier un humain que payer un congélateur », résume la gérante. Ce qui lui permet de revendiquer le titre de « maître restaurateur ». Les produits sont locaux : « J’ai su établir des partenariats avec les producteurs installés en bio sur le territoire. Je leur dois beaucoup. Au début, ils m’ont fait confiance et m’ont permis des facilités de paiement, ce qu’on ne retrouve pas dans la filière classique. » Pour les faire connaître et jouer la transparence, Céline les mentionne tous au dos de la carte. Côté ambiance, c’est le vendredi que ça se passe. Sont organisés des conférences, des concerts et des ateliers. Alors, il est où le bonheur ? 76 • kaizen • numéro 35
Tout nouveau sous les halles du marché, GRAND OURS mitonne depuis août 2017 des plats bio et végétariens qui valorisent les producteurs locaux. Ouvert par Romain et Anthony, cet espace comptoir permet de manger une cuisine saine et populaire à faible coût (10 euros la formule plat-dessert) sur place ou à emporter dans des boîtes consignées. Et si vous avez seulement envie de vous désaltérer en faisant votre marché, les sodas maison sont exquis.
Équilibrés, savoureux et innovants sont des adjectifs qui peuvent qualifier les plats de LA BONNE QUILLE. À deux pas des halles du marché, Thierry et Marie aiment valoriser le végétal et les producteurs locaux, notamment à travers leurs desserts véganes ! La carte du midi change toutes les semaines ; celle du soir tous les deux mois. Une sélection de vins naturels complétera le bonheur de vos papilles. Et si vous souhaitez cuisiner chez vous à l’identique, Marie vous convie à des ateliers de cuisine vivante. L’alimentation comme support éducatif, telle était l’ambition de Luce en ouvrant SWEET TIME & COMPANY. Avec des produits locaux et « bio autant
BARS CULTURELS
que possible », cette comédienne de formation offre des repas rapides, sains et délicieux. Dans ce bar à milkshakes, on peut aussi boire de délicieux smoothies et déguster une tarte salée, un gratin ou une soupe, avec un dessert parmi le large choix offert. Le tout est « fait avec amour sur place », souligne la jeune femme. Zéro déchet : un objectif que vous atteindrez plus facilement en venant faire vos courses à L’EFFET BOCAL. Ouverte par Maryse et Mathilde en juillet 2017, cette échoppe veut renouer avec le bon sens d’avant les grandes et moyennes surfaces en faisant la part belle aux producteurs locaux. Chacun vient avec son panier, ses sacs, ses bocaux, ses boîtes, et s’approvisionne de la quantité qu’il souhaite. Et pour vous accompagner sur la route du zéro déchet, le lieu propose régulièrement des ateliers qui s’inscrivent dans cette démarche.
le bon plan
Depuis 2011, le BIBLIO CAFÉ est un endroit où il fait bon venir seul ou avec des amis, pour p e n d re d u te m p s , jouer, lire, et plus si affinités. Vous pouvez fe u i l l e te r l ’ u n d e s trois mille livres d’occasion avant de l’acheter ou emprunter l’un des jeux à disposition qui contribuent à l’ambiance « comme à la maison ». « Ce café est un marchepied », explique Alexis, l’un des créateurs. « On peut boire de la bière locale, du thé et café bio, mais aussi des produits plus traditionnels. L’idée est de faire des passerelles vers de nouveaux modes de consommation. » Des passerelles et des parenthèses ! Telle celle du dimanche de 11 heures à midi avec le moment du « café décroissant » où le café est gratuit « pour créer une échappatoire au “tout payant”. Et offrir un moment convivial, sans souci de porte-monnaie. » En soirée, l’équipe accueille des concerts de musique irlandaise, des soirées tricot, et autres selon les envies…
180 kilomètres, c’est la distance maximale qu’auront parcourue les produits que vous consommerez à L’ENVERS DU BOCAL : locavore d’abord, circuit court à mort ! Bien sûr, le café, le chocolat et le thé sont tolérés au titre d’« exceptions Marco Polo ». « Je peux parler des producteurs, que j’ai tous rencontrés, comme ce producteur de pineau en biodynamie », explique Aurélien, l’un des fondateurs du lieu. Formidable, le pineau : testé et approuvé ! Les tartines et salades sont du même acabit. Tout ce que vous buvez et mangez ici est en vente dans le coin épicerie. Et comme le lien est le corollaire du circuit court, la dynamique équipe organise des bals trad et aménage le lieu en bar pour enfants le dimanche, avec lectures de contes ou atelier d’éveil musical. Pour certains Pictaviens, LE PLAN B est the place to be. Dans les verres de ce café populaire devenu tendance : des boissons bio, équitables et régionales. Et au programme : des soirées à thème qui favorisent l’expression, la création et l’information. Le Plan B, qui porte les valeurs de l’économie sociale et solidaire, a pris la forme d’une Scop (Société coopérative et participative) : l’entreprise appartient aux salariés et les prises de décisions sont les plus démocratiques possible.
je change
le bon plan Nos bonnes adresses
© Daniel Proux - Ville de Poitiers
Poitiers : vert le Poitou Texte et photos : Pascal Greboval
MANGER LE BONHEUR EST DANS LE THÉ, même pour ceux qui aiment le café ! Depuis 2010, Céline tient ce salon de thé-restaurant convivial, où la qualité est autant dans l’assiette que dans l’ambiance. Ici, tout est fait maison. « Je préfère salarier un humain que payer un congélateur », résume la gérante. Ce qui lui permet de revendiquer le titre de « maître restaurateur ». Les produits sont locaux : « J’ai su établir des partenariats avec les producteurs installés en bio sur le territoire. Je leur dois beaucoup. Au début, ils m’ont fait confiance et m’ont permis des facilités de paiement, ce qu’on ne retrouve pas dans la filière classique. » Pour les faire connaître et jouer la transparence, Céline les mentionne tous au dos de la carte. Côté ambiance, c’est le vendredi que ça se passe. Sont organisés des conférences, des concerts et des ateliers. Alors, il est où le bonheur ? 76 • kaizen • numéro 35
Tout nouveau sous les halles du marché, GRAND OURS mitonne depuis août 2017 des plats bio et végétariens qui valorisent les producteurs locaux. Ouvert par Romain et Anthony, cet espace comptoir permet de manger une cuisine saine et populaire à faible coût (10 euros la formule plat-dessert) sur place ou à emporter dans des boîtes consignées. Et si vous avez seulement envie de vous désaltérer en faisant votre marché, les sodas maison sont exquis.
Équilibrés, savoureux et innovants sont des adjectifs qui peuvent qualifier les plats de LA BONNE QUILLE. À deux pas des halles du marché, Thierry et Marie aiment valoriser le végétal et les producteurs locaux, notamment à travers leurs desserts véganes ! La carte du midi change toutes les semaines ; celle du soir tous les deux mois. Une sélection de vins naturels complétera le bonheur de vos papilles. Et si vous souhaitez cuisiner chez vous à l’identique, Marie vous convie à des ateliers de cuisine vivante. L’alimentation comme support éducatif, telle était l’ambition de Luce en ouvrant SWEET TIME & COMPANY. Avec des produits locaux et « bio autant
BARS CULTURELS
que possible », cette comédienne de formation offre des repas rapides, sains et délicieux. Dans ce bar à milkshakes, on peut aussi boire de délicieux smoothies et déguster une tarte salée, un gratin ou une soupe, avec un dessert parmi le large choix offert. Le tout est « fait avec amour sur place », souligne la jeune femme. Zéro déchet : un objectif que vous atteindrez plus facilement en venant faire vos courses à L’EFFET BOCAL. Ouverte par Maryse et Mathilde en juillet 2017, cette échoppe veut renouer avec le bon sens d’avant les grandes et moyennes surfaces en faisant la part belle aux producteurs locaux. Chacun vient avec son panier, ses sacs, ses bocaux, ses boîtes, et s’approvisionne de la quantité qu’il souhaite. Et pour vous accompagner sur la route du zéro déchet, le lieu propose régulièrement des ateliers qui s’inscrivent dans cette démarche.
le bon plan
Depuis 2011, le BIBLIO CAFÉ est un endroit où il fait bon venir seul ou avec des amis, pour p e n d re d u te m p s , jouer, lire, et plus si affinités. Vous pouvez fe u i l l e te r l ’ u n d e s trois mille livres d’occasion avant de l’acheter ou emprunter l’un des jeux à disposition qui contribuent à l’ambiance « comme à la maison ». « Ce café est un marchepied », explique Alexis, l’un des créateurs. « On peut boire de la bière locale, du thé et café bio, mais aussi des produits plus traditionnels. L’idée est de faire des passerelles vers de nouveaux modes de consommation. » Des passerelles et des parenthèses ! Telle celle du dimanche de 11 heures à midi avec le moment du « café décroissant » où le café est gratuit « pour créer une échappatoire au “tout payant”. Et offrir un moment convivial, sans souci de porte-monnaie. » En soirée, l’équipe accueille des concerts de musique irlandaise, des soirées tricot, et autres selon les envies…
180 kilomètres, c’est la distance maximale qu’auront parcourue les produits que vous consommerez à L’ENVERS DU BOCAL : locavore d’abord, circuit court à mort ! Bien sûr, le café, le chocolat et le thé sont tolérés au titre d’« exceptions Marco Polo ». « Je peux parler des producteurs, que j’ai tous rencontrés, comme ce producteur de pineau en biodynamie », explique Aurélien, l’un des fondateurs du lieu. Formidable, le pineau : testé et approuvé ! Les tartines et salades sont du même acabit. Tout ce que vous buvez et mangez ici est en vente dans le coin épicerie. Et comme le lien est le corollaire du circuit court, la dynamique équipe organise des bals trad et aménage le lieu en bar pour enfants le dimanche, avec lectures de contes ou atelier d’éveil musical. Pour certains Pictaviens, LE PLAN B est the place to be. Dans les verres de ce café populaire devenu tendance : des boissons bio, équitables et régionales. Et au programme : des soirées à thème qui favorisent l’expression, la création et l’information. Le Plan B, qui porte les valeurs de l’économie sociale et solidaire, a pris la forme d’une Scop (Société coopérative et participative) : l’entreprise appartient aux salariés et les prises de décisions sont les plus démocratiques possible.
je change
Cuisine
cuisine Le panais Le grand frère costaud de la carotte ! Racine à la texture fondante et à la robe ivoire, sucré à souhait et adoré des bébés, le panais fait toujours l’unanimité ! Il retrouve aujourd’hui ses lettres de noblesse, grâce à l’engouement du bio pour les légumes anciens. Texte et photos : Linda Louis
I
l est étonnant de constater que les légumes anciens étaient au Moyen Âge boudés par les plus riches qui préféraient les laisser au peuple. Le panais, qui en fait partie, est aujourd’hui très prisé des gastronomes et des chefs étoilés. Il enchante nos assiettes et suscite la curiosité des invités qui ne connaissent pas forcément ce proche cousin de la carotte. Le panais est donc de la même famille que la carotte, mais aussi du persil et du céleri… Plantes connues pour leurs racines comestibles et sucrées et leurs 80 • kaizen • numéro 35
inflorescences en forme d’ombelle. Le goût du panais est un mélange de tous ces légumes, mais sa texture, plus ferme et moelleuse une fois cuite, rappelle celle de la pomme de terre. C’est un véritable légume d’hiver ! D’ailleurs, on ne le récolte qu’à partir d’octobre, quand les gelées sont passées et que les sucres contenus dans les feuilles et les fleurs se réfugient dans la racine-mère. C’est une plante qui aime le soleil, mais reste très rustique. Elle peut supporter jusqu’à -15 °C, d’où sa
large présence aux tables des pays du nord, notamment en Angleterre. Si sa germination reste une étape délicate (2 à 3 semaines pour la levée, à réaliser d’avril à juin, dans une terre très fine), sa culture et sa récolte se font sans encombre. La variété « demi-long de Guernesey » est la plus connue, c’est elle que l’on retrouve sur les étals des maraîchers bio. À l’état sauvage, le panais se rencontre dans les prairies. Il fleurit de juin à fin août et se reconnaît à ses jolies fleurs jaune citron. Ses racines sont coriaces, ligneuses et légèrement amères. Rien ne vous empêche toutefois d’en déterrer une poignée histoire de vous faire une idée. Il prospère en colonies, offrant un petit écosystème qui profite à bon nombre d’insectes, comme la jolie punaise arlequin.
IDENTIFICATION DE PASTINACA SATIVA * (APIACÉES)
• Plante bisannuelle de 60 à 120 cm de hauteur, assez trapue, reconnaissable à ses fleurs (ombelles) jaunes, ses tiges robustes, peu velues, creuses et profondément cannelées, cultivée dans les jardins ou présente à l’état sauvage. • Feuilles alternes et composées de 5 à 11 folioles pennées, lobées et dentées, légèrement duveteuses. • Inflorescences de 4 à 10 cm de diamètre, composées de 9 à 20 rayons inégaux au bout desq u e l s p o u s s e n t d e m i n u s c u l e s fl e u r s jaune citron. • Graines en deux parties, elliptiques et cannelées, de 6 mm de long. • Racine blanchâtre, charnue, allongée comme une carotte, mais avec un collet plus large lui donnant une forme plus conique, à la saveur sucrée et à la texture fondante une fois cuite (pour les variétés cultivées). • Habitat naturel dans les prairies, les friches, les bords de chemin, sur sols à tendance calcaire. • Récolte des jeunes pousses (uniquement de panais cultivé) en avril, des fleurs en juillet-août, des graines en septembre, de la racine à partir d’octobre.
cuisine
Confusions possibles et sans danger... Fleurs : avec le fenouil (Foeniculum vulgare) reconnaissable grâce à ses feuilles en forme de plumeau et son goût nettement anisé. Racines : avec le persil tubéreux (Petroselinum crispum var. tuberosum), très proche visuellement du panais, à la chair légèrement plus blanche ; avec le cerfeuil tubéreux (Chaerophyllum bulbosum), dont les racines sont plus petites et plus dodues. À ne pas confondre avec… Le panais urticant (Pastinaca sativa L. subsp. urens), pouvant engendrer des brûlures importantes. Pulvérisé par un engin de désherbage, il a déjà provoqué des collapsus pulmonaires mortels à cause des allergènes aéroportés par la plante. De ce fait, il est utilisé en hautes dilutions homéopathiques contre les crises d’asthme graves. Sa sève contient en effet beaucoup plus de furanocoumarines que celle de la variété cultivée. Ces substances actives qui ont le fâcheux défaut de provoquer des réactions allergiques cutanées amplifiées sous l’action du soleil par photosensibilisation. On le reconnaît à son aspect grêle, velu, peu feuillu, à sa tige peu cannelée, et au faible nombre de rayons de son ombelle (5 à 8, presque égaux).
En cuisine
Cuisinez-le comme la carotte : râpé, en purée, en frites, en soupe, en gratin, en tajine, en chips, et même en dessert (voir notre recette de parsnip cake page 83, inspiré du fameux carrot cake anglais !). Les Irlandais préparent avec le colcannon, gratin de purées de pommes de terre et de panais mélangées à des oignons grillés.
* La variété sauvage est Pastinaca sativa L. subsp. sylvestris.
Vertus médicinales
Le panais est deux fois plus riche en glucides que sa cousine la carotte. Il est réputé pour sa bonne teneur en manganèse, en antioxydants et en fibres. Toutes les parties de la plante bues en infusion sont diurétiques, analgésiques (calme la douleur) et sédatives (fait dormir). Sa teneur en inuline en fait un allié de choix pour les personnes diabétiques. n kaizen • novembre-décembre 2017 • 81
je change
Cuisine
cuisine Le panais Le grand frère costaud de la carotte ! Racine à la texture fondante et à la robe ivoire, sucré à souhait et adoré des bébés, le panais fait toujours l’unanimité ! Il retrouve aujourd’hui ses lettres de noblesse, grâce à l’engouement du bio pour les légumes anciens. Texte et photos : Linda Louis
I
l est étonnant de constater que les légumes anciens étaient au Moyen Âge boudés par les plus riches qui préféraient les laisser au peuple. Le panais, qui en fait partie, est aujourd’hui très prisé des gastronomes et des chefs étoilés. Il enchante nos assiettes et suscite la curiosité des invités qui ne connaissent pas forcément ce proche cousin de la carotte. Le panais est donc de la même famille que la carotte, mais aussi du persil et du céleri… Plantes connues pour leurs racines comestibles et sucrées et leurs 80 • kaizen • numéro 35
inflorescences en forme d’ombelle. Le goût du panais est un mélange de tous ces légumes, mais sa texture, plus ferme et moelleuse une fois cuite, rappelle celle de la pomme de terre. C’est un véritable légume d’hiver ! D’ailleurs, on ne le récolte qu’à partir d’octobre, quand les gelées sont passées et que les sucres contenus dans les feuilles et les fleurs se réfugient dans la racine-mère. C’est une plante qui aime le soleil, mais reste très rustique. Elle peut supporter jusqu’à -15 °C, d’où sa
large présence aux tables des pays du nord, notamment en Angleterre. Si sa germination reste une étape délicate (2 à 3 semaines pour la levée, à réaliser d’avril à juin, dans une terre très fine), sa culture et sa récolte se font sans encombre. La variété « demi-long de Guernesey » est la plus connue, c’est elle que l’on retrouve sur les étals des maraîchers bio. À l’état sauvage, le panais se rencontre dans les prairies. Il fleurit de juin à fin août et se reconnaît à ses jolies fleurs jaune citron. Ses racines sont coriaces, ligneuses et légèrement amères. Rien ne vous empêche toutefois d’en déterrer une poignée histoire de vous faire une idée. Il prospère en colonies, offrant un petit écosystème qui profite à bon nombre d’insectes, comme la jolie punaise arlequin.
IDENTIFICATION DE PASTINACA SATIVA * (APIACÉES)
• Plante bisannuelle de 60 à 120 cm de hauteur, assez trapue, reconnaissable à ses fleurs (ombelles) jaunes, ses tiges robustes, peu velues, creuses et profondément cannelées, cultivée dans les jardins ou présente à l’état sauvage. • Feuilles alternes et composées de 5 à 11 folioles pennées, lobées et dentées, légèrement duveteuses. • Inflorescences de 4 à 10 cm de diamètre, composées de 9 à 20 rayons inégaux au bout desq u e l s p o u s s e n t d e m i n u s c u l e s fl e u r s jaune citron. • Graines en deux parties, elliptiques et cannelées, de 6 mm de long. • Racine blanchâtre, charnue, allongée comme une carotte, mais avec un collet plus large lui donnant une forme plus conique, à la saveur sucrée et à la texture fondante une fois cuite (pour les variétés cultivées). • Habitat naturel dans les prairies, les friches, les bords de chemin, sur sols à tendance calcaire. • Récolte des jeunes pousses (uniquement de panais cultivé) en avril, des fleurs en juillet-août, des graines en septembre, de la racine à partir d’octobre.
cuisine
Confusions possibles et sans danger... Fleurs : avec le fenouil (Foeniculum vulgare) reconnaissable grâce à ses feuilles en forme de plumeau et son goût nettement anisé. Racines : avec le persil tubéreux (Petroselinum crispum var. tuberosum), très proche visuellement du panais, à la chair légèrement plus blanche ; avec le cerfeuil tubéreux (Chaerophyllum bulbosum), dont les racines sont plus petites et plus dodues. À ne pas confondre avec… Le panais urticant (Pastinaca sativa L. subsp. urens), pouvant engendrer des brûlures importantes. Pulvérisé par un engin de désherbage, il a déjà provoqué des collapsus pulmonaires mortels à cause des allergènes aéroportés par la plante. De ce fait, il est utilisé en hautes dilutions homéopathiques contre les crises d’asthme graves. Sa sève contient en effet beaucoup plus de furanocoumarines que celle de la variété cultivée. Ces substances actives qui ont le fâcheux défaut de provoquer des réactions allergiques cutanées amplifiées sous l’action du soleil par photosensibilisation. On le reconnaît à son aspect grêle, velu, peu feuillu, à sa tige peu cannelée, et au faible nombre de rayons de son ombelle (5 à 8, presque égaux).
En cuisine
Cuisinez-le comme la carotte : râpé, en purée, en frites, en soupe, en gratin, en tajine, en chips, et même en dessert (voir notre recette de parsnip cake page 83, inspiré du fameux carrot cake anglais !). Les Irlandais préparent avec le colcannon, gratin de purées de pommes de terre et de panais mélangées à des oignons grillés.
* La variété sauvage est Pastinaca sativa L. subsp. sylvestris.
Vertus médicinales
Le panais est deux fois plus riche en glucides que sa cousine la carotte. Il est réputé pour sa bonne teneur en manganèse, en antioxydants et en fibres. Toutes les parties de la plante bues en infusion sont diurétiques, analgésiques (calme la douleur) et sédatives (fait dormir). Sa teneur en inuline en fait un allié de choix pour les personnes diabétiques. n kaizen • novembre-décembre 2017 • 81
je change
Rendez-vous L’AGENDA NOVEMBRE/DÉCEMBRE Novembre
38 GRANDS TITRES DE PRESSE À PRIX UNIQUE ET IMBATTABLE !
KAIZEN PRÉSENT & PARTENAIRE 4 au 12 novembre / Paris Salon Marjolaine. CONFÉRENCE KAIZEN le 6/11 à 13 h 15 : « Zéro déchet, pourquoi pas vous ? » avec Antoinette Guhl (adjointe à la Maire de Paris chargée de l’ESS), Emmanuelle Vibert (auteure de Faire la fête sans détruire la planète) et Marie-Noëlle Himbert (coauteure de Réparer nos objets ensemble). Parc floral de Paris - 75012 www.salon-marjolaine.com • 01 45 56 09 09
PRIX UNIQUE
39€
Échange salon l’abonnement
Jusqu’à
77%
-
de remise
Bulletin à renvoyer complété et accompagné de votre règlement, sous enveloppe non affranchie à : RUE DES ETUDIANTS - LIBRE REPONSE 80402 - 21809 QUETIGNY CEDEX
1. COCHEZ LE OU LES ABONNEMENTS QUE VOUS CHOISISSEZ
2. TOTAL DE MA COMMANDE
ACTUALITÉ INTERNATIONALE Courrier international
Anglais Allemand (cochez l’édition choisie)
Mensuel | 6 nos
Lien Social | Bimensuel | 10 nos
Hebdomadaire | 30 nos
Le Monde diplomatique | Mensuel | 12 nos Time | Hebdomadaire | 35 nos Vocable | Bimensuel 21 nos + 1 hors-série Espagnol
ACTUALITÉ GÉNÉRALE Alternatives Economiques | Mensuel | 11 nos + L’économie de A à Z + accès illimité à Alternatives Economiques Education
Les Cahiers de Science & Vie Bimestriel | 10 nos
Pour la Science | Mensuel | 10 nos Science & Vie | Mensuel | 15 nos
MODE DE VIE Kaizen | Bimestriel | 8 nos Psychologies | Mensuel | 22 nos Sport & Vie | Bimestriel
Hebdomadaire | 39 nos
The Good Life | Trimestriel | 10 nos
SCIENCES HUMAINES Cercle Psy | Trimestriel | 8 nos Cerveau & Psycho | Mensuel | 10 nos Histoire & Civilisations | Mensuel | 11 nos Philosophie magazine | Mensuel | 8 nos Population & Avenir | Bimestriel | 7 nos Sciences Humaines | Mensuel | 11 nos
DÉBATS Études | Mensuel | 6 nos Futuribles | Bimestriel | 3 nos
3 abonnements g 99 € autre (30 € par abonnement supplémentaire)
abonnements g Total
soit
€
3. MES COORDONNÉES
SCIENCES
Le 1 | Hebdomadaire | 39 nos L’Economie politique | Trimestriel | 6 nos L’Express | Hebdomadaire | 26 nos Le Monde Sélection hebdomadaire L’Obs | Hebdomadaire | 26 nos Le Point | Hebdomadaire | 26 nos Politis | Hebdomadaire | 18 nos Society | Bimensuel | 24 nos
1 abonnement g 39 € 2 abonnements g 69 €
La Revue des Deux Mondes
PAKAI17
BULLETIN D’ABONNEMENT ETUDIANT
6 nos + 2 hors-séries
Beaux Arts magazine | Mensuel | 12 nos Grande Galerie | Trimestriel | 8 nos Ideat | Bimestriel | 10 nos Polka | Trimestriel | 10 nos
8 novembre / La-Roche-sur-Grane (26) Atelier École du Colibri et pédagogie de la coopération avec Isabelle Peloux. www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05
Code Postal Email
CONFÉRENCE KAIZEN 15 novembre à 19 h / Lyon Habitats participatifs, écohameaux : oasis de demain ? Avec Valérie MorelThomas (Habicoop), Cécile Viallon (Eco habitat groupé), Sylvère Janin (compagnon Oasis) et Geseko von Lüpke (journaliste). Modération : Françoise Vernet. 50 % de réduction avec le code promo goethezen Goethe-Institut 18, rue François Dauphin - 69002 www.kaizen-magazine.com/conferences
Ville
J’accepte de recevoir par e-mail des offres de Rue des Etudiants J’accepte de recevoir par e-mail des offres des partenaires de Rue des Etudiants
4. JE RÈGLE LA SOMME DE 39 €
69 €
99 €
autre montant
Chèque à l’ordre de Rue des Etudiants
€ Carte bancaire
N° Date d’expiration Cryptogramme (Les 3 derniers chiffres au dos de votre carte) Date et signature obligatoires :
CULTURE & LOISIRS L’éléphant | Trimestriel | 3 nos Les Inrockuptibles | Hebdomadaire 26 nos
So Foot | Mensuel | 10 nos Télérama | Hebdomadaire | 21 nos
CINÉ KAIZEN 8 novembre à 19 h 30 / Paris Ciné-débat autour du film Une suite qui dérange, Le temps de l’action, d’Al Gore. En présence de Cyril Dion. Le Chaplin 24, place Denfert-Rochereau - 75014 www.lescinemaschaplin.fr/denfert
Nom Prénom Adresse (France métropolitaine seulement)
par :
ARTS
7 et 8 novembre / Auray (56) Rencontres des Économies positives : ce rendez-vous participatif s’adresse aux collectivités, entreprises, associations, chercheurs, étudiants, citoyens… http://terre-et-mer.eu
Les informations susvisées que vous nous communiquez sont nécessaires au traitement de votre abonnement. Conformément à la Loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978 modifiée par la loi du 6 août 2004, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification des données vous concernant en adressant un courrier à Rue des Etudiants. Ces données pourront être cédées à des organismes extérieurs, sauf opposition écrite de votre part à l’adresse susmentionnée.
Je certifie être étudiant(e) Filière Offre valable jusqu’au 30 juin 2018
Abonnez-vous encore plus vite sur
Année d’étude
ÉVÉNEMENT KAIZEN 17 novembre à 18 h / Le Mans (72) Rencontre avec Pierre Rabhi et Jacques Caplat autour du livre L’Agroécologie, Une éthique de vie. Modération : Françoise Vernet. Librairie Thuard - 24, rue de l’Étoile Réservations : 02 43 82 22 22 www.librairiethuard.fr
KAIZEN PRÉSENT & PARTENAIRE 17 au 19 novembre / Poitiers (86) Salon Respire la vie. CONFÉRENCE KAIZEN le 17/11 à 16 h 30 : « Vers le zéro déchet », avec Mélanie Charpentron (communauté d’agglomération du Bocage bressuirais), Mathilde Renaud (L’Effet bocal) et Louise Lemblé (Zero Waste Poitiers). Parc des expositions Les Arênes www.respirelavie.fr
RENCONTRES « JE PASSE À L’ACTE » Nous vous proposons de venir échanger avec les auteurs de la collection de livres Je passe à l’acte, coéditée par Kaizen et Actes Sud. 10/11 à 19 h 30 / Nantes (44) Librairie L’autre rive Gilles Daveau : Manger moins (et mieux) de viande 23/11 à 18 h / Élancourt (78) Librairie Le Pavé dans la Mare Nelly Pons : Débuter son potager en permaculture et Françoise Vernet : S’engager dans une AMAP 30/11 à 18 h / Aix-les-Bains (73) Librairie des Danaïdes Nelly Pons et Françoise Vernet
rendez-vous ÉVÉNEMENT KAIZEN 18 novembre à 16 h 30 / Le Mans (72) Table ronde autour de la consommation avec Jérôme Dehondt (maraîcher, porte-parole du Miramap), Gilles Daveau (auteur de Manger moins (et mieux) de viande) et Françoise Vernet (coauteure de S’engager dans une AMAP). Librairie Thuard - 24, rue de l’Étoile www.librairiethuard.fr 02 43 82 22 22 CONFÉRENCE KAIZEN 21 novembre à 19 h 30 / Paris La parentalité positive : avec Denis Marquet (philosophe), Sophie Benkemoun (L’Atelier des parents), Pascale Haag (Lab School) et Gaëlle Baldassari (coauteure de Pour une enfance joyeuse tomes 1 & 2). Modération : Pascal Greboval. Mairie du 9e - 6, rue Drouot - salle Rossini www.kaizen-magazine.com/conferences CINÉ KAIZEN 21 novembre à 20 h 30 / Rambouillet (78) Ciné-débat autour du film Des clics de conscience de J. Attias et A. Lumbroso. Cinéma Vox Rambouillet 71, rue du Général de Gaulle www.facebook.com/cinemavox
1/12 à 17 h / Grenoble (38) Librairie Arthaud Nelly Pons et Françoise Vernet 2/12 à 16 h 30 / Paris (75012) Librairie L’Arbre à lettres Gilles Daveau
ATELIER KAIZEN 25 novembre à 9 h 30 ou 15 h / Paris Atelier Noël DIY, animé par Aurélie Aimé. Créez vos propres décorations de Noël à partir de matériaux de récupération. Repartez avec des idées simples et amusantes à refaire chez vous. 19, rue Martel - 75010 www.kaizen-magazine.com/ateliers
Décembre
22 au 26 novembre / Bellegarde-en-Diois (26) Stage Piloter sa transition pour changer, faire émerger un projet, réorienter sa vie, ou plus simplement rencontrer d’autres acteurs du changement. www.ecolenaturesavoirs.com 04 75 21 43 84
KAIZEN PRÉSENT & PARTENAIRE 29 novembre au 3 décembre / Grenoble (38) Salon Naturissima. CONFÉRENCE KAIZEN le 2/12 à 16 h autour du livre Débuter son potager en permaculture, en présence de Nelly Pons. CONFÉRENCE KAIZEN le 3/12 à 15 h autour du livre S’engager dans une AMAP, en présence de Françoise Vernet. SPL Alpexpo www.naturissima.com • 04 76 39 66 00
KAIZEN PRÉSENT & PARTENAIRE 24 au 26 novembre / Lille (59) Salon Naturabio. CONFÉRENCE KAIZEN le 24/11 à 15 h autour du livre Débuter son potager en permaculture, en présence de Nelly Pons. Grand Palais www.salon-naturabio.com • 01 45 56 09 09
27 décembre au 1er janvier / La-Roche-sur-Grane (26) Séjour du Nouvel An. Partagez avec l’équipe des Amanins un séjour festif : jeux ; ateliers agroécologiques participatifs autour du pain, de la cuisine, de la ferme ; balades dans la nature… www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05
kaizen • novembre-décembre 2017 • 89