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janvier février 2018
DOSSIER
LE SPORT, couv L’ALLIÉ DE NOTRE BIEN-ÊTRE
NOS BONNES ADRESSES
PARIS 1ER
JEAN-CLAUDE CARRIÈRE
« VEILLONS À NOTRE BOUT DE TERRE »
TU VEUX FAIRE QUOI PLUS TARD ?
TERRITOIRE ZÉRO CHÔMEUR,
LA RÉPONSE POUR LES ADOS
C’EST POSSIBLE !
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Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 142 720 € Siège social 19, rue Martel - 75010 Paris info@kaizen-magazine.fr www.kaizen-magazine.com
Édito Nous fournissons une énergie 100 % locale & 100 % renouvelable À votre santé
Magazine bimestriel numéro 36 Janvier-février 2018 Imprimé sur papier certifié PEFC
Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval
édito
Bonne année, bonne santé. Tels sont les vœux de toute l’équipe de Kaizen pour cette année qui commence. « Surtout la santé », répondront certains. Bien sûr, la santé : une évidence. Directrice d’EKO LIBRIS Au Ier siècle, c’était déjà le souhait du poète latin Juvénal : Françoise Vernet « Alors faut-il que les hommes ne fassent jamais de vœux ? Ce Rédacteur en chef Pascal Greboval qu’il faut alors implorer, c’est un esprit sain dans un corps sain. » Mais, depuis Descartes, nos sociétés occidentales se sont lanRédactrice en chef adjointe Sabah Rahmani cées dans la course à la discursivité au détriment du corps. Fatigué et à bout de souffle, vissé sur des sièges, l’homo ecoSecrétaire de rédaction Diane Routex nomicus s’asphyxie. Nous avons besoin de changer d’air, Éditeurs Web comme la Terre a besoin de changer d’atmosphère. Nos corps Simon Beyrand doivent de nouveau respirer. Bien sûr, le jardinage à la place Maëlys Vésir du caddie et le vélo à la place de l’auto seraient idéals. Mais, Abonnements et commandes soyons lucides, par les temps qui courent, le sport est un reCamille Gaudy abonnement@kaizen-magazine.fr mède à notre sédentarité. Il pallie l’activité physique quotiTél. 01 56 03 54 71 (de 14 h à 18 h) dienne de nos aïeuls. Cependant, loin de nous l’idée de préco19, rue Martel - 75010 Paris niser le sport de compétition, le sport spectacle. Comptabilité Le sport que nous évoquons dans le dossier de ce numéro est Patricia Lecardonnel un sport bien-être. Une activité physique pratiquée dans un obAttachée commerciale jectif d’harmonie et d’équilibre. Un équilibre entre la tête et Cyrielle Bulgheroni ÉNERGIE D’ICIUne REGROUPE DES PRODUCTEURS les jambes. nouvelle fois, rappelons la devise de INDÉPENGandhi : Direction artistique, DANTS D’ÉNERGIE HYDROÉLECTRIQUE. d’Ici « Sois le changement que tu veux voir dansÉnergie le monde. » Sipropose nous maquette et mise en pages une offre d’électricité 100 % locale socialement, et 100 % renouvelable, certifiée voulons une planète équilibrée écologiquement, • hobo@hobo.paris hobo.studio nousgaranties devons être individuellement équilibrés. n’est pas suf-car par des d’origine. Une électricité verteCemoins chère Tél. 06 12 17 87 33 fisant, mais c’est nécessaire. commercialisée directement du producteur au consommateur ! Illustration de couverture Quant à celles et ceux qui protesteraient – « Je n’ai pas Rafael Wolf - Hobo le temps ! » –, Étienne Klein leur répond dans notre hors-série Prépresse En achetant votre électricité verte directement aux producteurs d’Énergie vous participez Souffle quantique : « On utilise le motd’Ici, temps pour dire autreà la Schuller-Graphic transition énergétique et vous faites desque économies soutenant des pas entreprises françaises 18, rue de l’Artisanat chose le temps. tout Si jeen vous dis “je n’ai le temps” [...], 14500 Vire à taille humaine et les territoires qu’elles contribuent à développer. le mot temps, dans cette phrase, veut dire “disponibilité” », car Tél. 02 31 66 29 29 le temps, vous l’utilisez pour autre chose. Impression En ces temps de bonnes résolutions, ces temps où la planète Via Schuller-Graphic Corlet Roto (Imprim’Vert) a besoin de changer d’air, allons inspirer, respirer : le souffle, ZA Les Vallées c’est la vie ! 53300 Ambrières-les-Vallées Que votre année soit douce et joyeuse. Directeur de la publication Patrick Oudin
Branchez votre électricité à la source !
SIRET : 539 732 990 000 38 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0322 K 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50
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Pascal Greboval Rédacteur en chef
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de 9 h à 18 hLe film de routage de Kaizen a changé. Il est désormais biodégradable et certifié Home Compost. Suivez-nous En résumé, vous pouvez le mettre dans votresur compost. Facebook www.energiedici.fr
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L’énergie est notre avenir, économisons-la ! kaizen • janvier-février 2018 • 3
Sommaire • Kaizen n
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ELLES-ILS PENSENT 6
Rencontre Jean-Claude Carrière : « Il faut veiller sur notre bout de terre »
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Les pièces du puzzle Se chauffer au bois, c’est au poêle !
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Portfolio
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ELLES-ILS FONT
JE CHANGE
sommaire 32 Portraits Médecins de proximité Au plus près des patients grâce à la mobilité 34
Dossier
Le sport, l’allié de notre bien-être
66 Je vais bien, le monde va mieux Tao Théâtre : libérer son imaginaire par l’expression corporelle 70 Do It Yourself La noix de coco : l’or blanc de votre salle de bains 75 Une randonnée, pas à pas… Pays cathare, de Roquefixade à Foix
Éric Courcier : Sur les cimes étoilées
76 Nos bonnes adresses Paris, 1er arrondissement 80
Cuisine
Le poivre : l’épice « grand cru »
50 Vent d’ailleurs Pérou : des producteurs de cacao engagés dans la reforestation 55 Politisons ! Cyril Dion 24 Créateurs de culture Des ateliers citoyens pour apprendre et faire ensemble 28 La voie du Kaizen Florence Servan-Schreiber 30 Une nouvelle Les Bulles de silence, imaginée par Jeanne Benameur
4 • kaizen • numéro 36
56 Et si on le faisait ensemble ? Un CDI pour tous avec Territoires zéro chômeur 60 Le goût de l’enfance « CeQueJeVeuxFairePlusTard » : des stages pour aider les ados à s’orienter 65 Écologie intérieure Gilles Farcet
87 Le sourire d’Yvan Saint-Jours
89 Les rendez-vous Kaizen 92 La Fabrique des Colibris 94 La chronique de Pierre Rabhi
rencontre
Rencontre
rencontre Jean-Claude Carrière « Il faut veiller sur notre bout de terre » Jean-Claude Carrière a eu mille vies et presque autant de métiers : scénariste, dramaturge, traducteur, écrivain… Alors qu’il vient de publier Du nouveau dans l’invisible (Odile Jacob, 2017) avec les astrophysiciens Jean Audouze et Michel Cassé, ce fils de paysan nous livre un regard inquiet et lucide sur la planète, nourri par son profond attachement à la terre. Propos recueillis par Omar Mahdi - Photos : Virginie Quéant/Greenfortwo Media
Comment définiriez-vous votre rapport à la nature ? Je ne sais pas si je possède un rapport particulier à la nature et, si tel était le cas, ce ne serait pas à moi d’en parler. J’ai écrit un livre sur mon enfance, Le Vin bourru [Plon, 2000], qui raconte, entre autres, la fin d’une certaine forme d’agriculture, vieille de centaines, peut-être de milliers d’années. Je suis un fils de paysan héraultais qui aurait d’ailleurs dû poursuivre l’œuvre de son père s’il n’avait pas bénéficié de la méritocratie scolaire de la République. La maison de mon village natal de Colombières-sur-Orb sentait le noyer ; on avait des fleurs – des iris, notamment – et trois jardins potagers, dont le plus grand nourrissait la famille, c’est-à-dire mes parents, mes grands-parents jusqu’à leur mort, et moi – ainsi que deux chats ! Un jour, je devais avoir cinq ou six ans, mon père m’a désigné un carré du potager et m’a
dit : « C’est ton jardin. » J’y ai planté des radis, des carottes. Quand est venu le temps de les récolter, j’ai éprouvé deux sentiments rares et inoubliables : d’abord, la joie émerveillée d’avoir vu le légume pousser, la vie éclore. Puis la fierté de l’enfant qui nourrit ses parents et donc, d’une certaine façon, rend ce qu’on lui a donné. Mon rapport à la nature a été conditionné par la prise de conscience, très tôt, qu’il faut veiller sur notre bout de terre. Comment avez-vous conservé ce lien en vivant à Paris ? Déjà, j’ai pris soin d’avoir un jardin – ce fut une condition sine qua non à l’achat de ma maison. Je me lève, je vois les arbres, dont un laurier-rose que j’ai rapporté de l’Hérault, et je goûte le luxe du silence en plein Paris ! Par ailleurs, la campagne, la vie au village, kaizen • janvier-février 2018 • 7
Portfolio
portfolio
Éric Courcier Sur les cimes étoilées Éric Courcier est photographe et accompagnateur en montagne à la Compagnie des guides de Chamonix. Avec ses prises de vues nocturnes, il offre une autre vision de ce territoire alpin qui abrite le « toit de l’Europe ». Propos recueillis par Pascal Greboval
Hommage à Gaston Rébuffat • Lames de Planpraz sur fond de mont Blanc.
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portfolio
kaizen • janvier-février 2018 • 15
© Stocksy/Jovo Jovanovic
dossier
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Dossier
LE SPORT, L’ALLIÉ dossier DE NOTRE BIEN-ÊTRE Il augmente nos capacités respiratoires, renforce notre système immunitaire, préserve notre dos, améliore notre souplesse et notre sommeil, abaisse le niveau d’anxiété et retarde le vieillissement : le sport est décidément l’un des meilleurs alliés de notre santé. Marche, natation, yoga, danse, course à pied… Que l’activité soit douce ou intense, elle remet notre corps en mouvement, à tout âge de la vie, en guise de prévention ou de soin. Kaizen a chaussé ses baskets, rencontré des spécialistes et des sportifs, amateurs ou confirmés, pour vous guider dans le choix d’un parcours tout en douceur. Dossier réalisé par Véronique Bury
kaizen • janvier-février 2018 • 35
Vent d’ailleurs
ventPÉROU d’ailleurs Des producteurs de cacao engagés dans la reforestation En Amazonie péruvienne, la région de San Martín a su revaloriser son patrimoine culturel et naturel grâce aux arbres. Alors que la vallée de l’Alto Huayabamba était en proie à l’exploitation de la coca et menacée de déforestation, trois millions d’arbres ont été plantés par des petits producteurs de cacao. Reportage. Texte : Sabah Rahmani - Photos : Jules Toulet «
I
ci, tout est bio ! », lance fièrement Serfia Pinedo, agricultrice. Dans la zone rurale de Huicongo, dans le nord-ouest du Pérou, la septuagénaire svelte et dynamique arpente sa parcelle familiale au pas de course pour montrer ses cultures. Situées sur
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les contreforts des Andes amazoniennes, là où les montagnes plongent dans la forêt primaire et où serpente le fleuve Alto Huayabamba, ses terres s’étendent sur 20 hectares : 3 sont dédiés au cacao, 1 à l’agriculture familiale, 1 à l’exploitation de bois durable et 15 à la conservation forestière. L’agricultrice a pu intégrer le programme d’agroforesterie et de reforestation de la région mis en place par la fondation péruvienne Amazonía Viva (Fundavi), soutenue par l’entreprise sociale française Pur projet. Depuis les années 1980, le déboisement – devenu massif à partir de 2008 – et le défrichement des terres menaçaient toute la vallée au profit de zones de cultures, d’élevage et d’exploitation forestière. Les paysans locaux étant à l’origine de 60 % des dégâts. Pour stopper ce fléau, il fallait alors alerter et sensibiliser la population. « Les projets de
Depuis 2016, la réserve Gran Pajatén dont fait partie la région de San Martín a rejoint le réseau mondial des réserves de biosphère de l’Unesco.
reforestation et d’agroforesterie permettent non seulement de lutter contre la déforestation, mais offrent aussi une meilleure rétention d’eau et une meilleure qualité de production de cacao, tout en améliorant les revenus des petits producteurs », assure Roldán Rojas, directeur d’Amazonía Viva. « D’autant qu’en cas de très grosses pluies, le cacao a plus de chances d’être altéré s’il n’est pas protégé par des arbres, car les dérèglements climatiques ont un impact plus fort lorsque les écosystèmes sont dégradés », ajoute Tristan Leconte, fondateur de Pur projet. Le modèle agroforestier qui consiste à associer une culture à la plantation d’arbres offre ainsi tous les avantages pour le maintien d’une agriculture durable et respectueuse de l’environnement.
Un agriculteur travaille dans une zone de production de bois durable où sont plantés des capironas, arbres emblématiques de la forêt amazonienne.
vent d’ailleurs
Doubler le revenu des petits producteurs « Aujourd’hui, j’ai planté différentes espèces d’arbres [capirona, bolaina…] sur 1 hectare. On a cheminé, évolué, et désormais on y croit », confie Serfia, qui a planté près de cinq cents arbres en 2015. « Après l’éradication de la culture de la coca [dans les années 1990 par l’État péruvien et les États-Unis], pour survivre, mes parents détruisaient des arbres immenses, gigantesques pour les revendre à des exploitants de bois exotiques. Aujourd’hui, on replante tous ces arbres pour essayer de “récupérer” les pertes. Même si pour certaines espèces il faudra attendre plus de cinquante ans », ajoute Nilson Sangama, le fils de Serfia, qui avait quitté la région pendant plus de vingt ans pour fuir la violence des trafics, étudier, et travailler à Lima, la capitale. Depuis deux ans, l’homme est revenu sur sa terre natale pour accompagner ses
parents vieillissants. À 42 ans, il a découvert avec étonnement l’efficacité de la reforestation : « Quand j’ai vu ma mère replanter les arbres, le changement était impressionnant. Ils poussaient très vite, c’était fou ! Les arbres étaient beaux ! » Arrivée au sommet d’une petite colline de la parcelle, Serfia observe quelques arbres plantés quatre mois auparavant qui ont déjà atteint plus d’un mètre cinquante. Sa machette à la main, elle s’applique à désherber le sol autour des petits troncs pour favoriser leur croissance. « Planter, ce n’est pas si facile. Cela demande beaucoup de travail, et certaines espèces nécessitent beaucoup de soins », reconnaît Nilson, même si, dans cet environnement équatorial, certaines espèces locales poussent à une vitesse exceptionnelle. De 2008 à 2016, plus de 3 millions d’arbres ont été plantés par les producteurs, grâce à l’approvisionnement et à la rémunération pour chaque unité plantée (1 sol le plant, soit 0,26 euro) par la fondation Amazonía Viva depuis 2012, et par Pur projet de 2008 à 2012. Créée à l’initiative des coopératives de petits producteurs locaux et soutenue par Pur projet, Amazonía Viva accompagne aujourd’hui près de trois mille familles, soit plus de neuf mille fermiers. kaizen • janvier-février 2018 • 51
et si on le faisait ensemble ? Et si on le faisait ensemble ?
Un CDI pour tous avec Territoires zéro chômeur Mobiliser l’argent du chômage pour créer des CDI, c’est l’idée originale de l’expérimentation « Territoires zéro chômeur de longue durée ». Depuis 2016, dans dix territoires, les personnes sans emploi peuvent être recrutées dans des entreprises spécialement imaginées pour correspondre à leurs compétences et leurs envies. Reportage à La Fabrique, à 30 kilomètres de Nancy, dans le Pays de Colombey. Texte et photos : Philippe Bohlinger
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G
eneviève Moreau, 55 ans, s’est libérée du chô‑ mage en participant à l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée. Cette ancienne cadre dans l’administration universi‑ taire à Paris avait posé ses valises en Meurthe‑et‑Moselle suite à une reconversion dans les arts verriers : « J’ai eu toutes les difficultés du monde à retrouver un emploi. Lorsque j’ai découvert l’initiative, j’étais dans un tel déni que je n’étais même plus inscrite à Pôle emploi. Ce projet m’a aidée à remonter la pente ! » Après cinq longues années à chercher un emploi, elle est aujourd’hui salariée chargée de la partie adminis‑ trative et formation de l’entreprise à but d’emploi (EBE) La Fabrique, créée sous forme associative en janvier 2017 à Bulligny, dans la communauté de com‑ munes du Pays de Colombey et du Sud Toulois (à 30 kilomètres de Nancy). Jean‑Claude Barbier a lui aussi poussé un profond soupir de soulagement en signant son CDI à La Fabrique après dix‑huit mois de chômage. Technicien agricole de formation, il n’a pour‑ tant jamais rechigné à la tâche. Mais, après avoir passé la cinquantaine, ses candidatures restaient lettres mortes… « Pour moi, l’enjeu n’était même plus de tra‑ vailler ou non, mais de retrouver du lien social », glisse‑ t‑il. Jean‑Claude a pu s’investir dans l’organisation logistique de différentes activités de cette EBE, ainsi que dans le projet de ressourcerie qui donne une se‑ conde vie aux objets usagés. La Fabrique – qui emploie fin 2017 une trentaine de personnes – affiche un objectif ambitieux : recruter, en cinq ans, tous les chômeurs de longue durée du territoire en s’appuyant sur leurs compétences et leurs envies pour imaginer de nouvelles activités utiles loca‑ lement. À l’échelle de cette communauté de com‑ munes de 11 500 habitants, cela signifie offrir un nou‑ veau départ à 280 personnes privées d’emploi (lire encadré page 59). Le Pays de Colombey a embrassé l’expérimentation Territoires zéro chômeur avec neuf autres territoires (ruraux, périurbains ou urbains) 1 dans divers secteurs d’activité. En France, selon l’Insee, 1,3 million de demandeurs d’emploi sont bloqués sur la case « longue durée » (plus d’un an sans emploi).
et si on le faisait ensemble ?
« Une aventure humaine étonnante » Derrière ce projet se niche une utopie humaniste : le travail doit s’adapter à l’humain, et non l’inverse. L’initiative a pris ses racines en 2011 dans l’esprit de Patrick Valentin, ancien animateur du réseau emploi‑formation d’ATD Quart Monde, et d’une
Pour Denys Cordonnier, d’ATD Quart Monde, et Bertrand Deligny, président de La Fabrique, le but à long terme est de rendre les activités pérennes et autonomes.
poignée de proches de ce mouvement de lutte contre la pauvreté. Parmi eux, Denys Cordonnier, l’un des porteurs du projet dans le Pays de Colombey : « Le chômage de longue durée brise des vies humaines. On ne peut plus se contenter aujourd’hui de solutions qui traitent des consé‑ quences de la pauvreté », assène‑t‑il. Alors l’idée a jailli : pourquoi ne pas utiliser les 17 000 euros dé‑ pensés chaque année pour le financement du chô‑ mage longue durée d’une personne (RSA, alloca‑ tions logement, cotisations sociales perdues, etc.) pour créer ex nihilo un emploi ? En gageant tout de même que l’activité générée comblerait les 5 000 euros manquants pour arriver à un Smic. Habituée à des salaires plus confortables, Geneviève a eu un peu de mal à accepter ce niveau de rému‑ nération. Mais elle confie vivre « une aventure hu‑ maine étonnante, au contact de personnes en grande précarité qui ne renoncent pas et se re‑ mettent au travail ». kaizen • janvier-février 2018 • 57
goût de l’enfance Le goût de l’enfance
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« CeQueJeVeuxFairePlusTard » des stages pour aider les ados à s’orienter Lors de séjours ludiques, l’association CeQueJeVeuxFairePlusTard aide les adolescents à construire un projet d’avenir. Basés sur l’approche neurocognitive et comportementale (ANC), ces stages permettent à chacun d’aller à la rencontre de ses motivations profondes.
goût de l’enfance
Texte : Nathalie Petit - Photos : CeQueJeVeuxFairePlusTard
D
iane, 15 ans, s’apprête à prendre la parole. C’est la première fois qu’elle parle dans un micro. Face à elle, vingt-sept paires d’yeux. Elle a pour consigne de s’exprimer pendant trois minutes sur un mot que l’on vient de lui donner : « vert ». Les premières secondes sont silencieuses. Puis la voix, d’abord hésitante, se fait peu à peu plus sûre : « Certains diront que c’est une couleur froide, d’autres que c’est la pharmacie, l’hôpital ou la technologie. Moi, cela m’inspire les arbres, le respect de la planète. Et la graine que peut semer chaque jour chacun d’entre nous. Chez moi, c’est moi qui gère le compost. Et vous ? » Malgré les apparences, Diane n’est pas dans un cours de théâtre d’improvisation : elle participe à un séjour pour l’aider à se connaître et choisir son orientation. « Je viens d’entrer au lycée et je ne sais pas du tout vers quoi m’orienter », confie-t-elle. Ses parents l’ont inscrite à un séminaire d’une semaine, organisé par l’association CeQueJeVeuxFairePlusTard à Saint-Prix (95), pendant les vacances scolaires. Vingt-trois autres jeunes, âgés de 14 à 20 ans, sont réunis pour vivre cette expérience mêlant de façon ludique réflexion, créativité, expression corporelle et improvisation. Apprendre à s’orienter peut-il vraiment se faire en s’amusant ? « Absolument », affirme Marina Barreau, présidente de l’association, qui a eu l’idée de ces stages en 2012, après avoir découvert qu’il y avait 150 000 jeunes déscolarisés en France. « Nous plaçons les jeunes en situation de vivre ce qu’ils aiment dans l’objectif de leur faire découvrir leurs motivations et les ingrédients dont ils auront besoin pour s’épanouir dans leur travail. Moi-même, j’ai toujours fait ce que j’aime. Et je n’ai jamais eu l’impression de travailler.
Il n’y a pas de jeunes sans avenir, il n’y a que des adolescents qui n’ont pas confiance en leurs incroyables talents. » Depuis les débuts du projet, 310 jeunes ont été accueillis au cours trente-deux séjours organisés en Île-de-France, à Bordeaux et à Lyon.
Découvrir qui on est vraiment Pour accompagner les stagiaires, l’association utilise l’approche neurocognitive et comportementale (ANC). Issue de vingt-cinq années de recherches menées par l’Institut de médecine environnementale (IME) à Paris, l’ANC enseigne comment accéder à son potentiel grâce à des outils simples et innovants directement liés au fonctionnement de notre cerveau. Au confluent des neurosciences et de la psychologie, elle fait le lien entre comportements, émotions et pensées. Elle offre une grille de lecture des manières dont nous agissons. Pour stimuler kaizen • janvier-février 2018 • 61
je vais bien le monde va mieux Je vais bien, le monde va mieux
Tao Théâtre : libérer son imaginaire par l’expression corporelle Le Tao Théâtre est une pratique née en 2016 qui permet de développer la conscience de soi ainsi que sa capacité d’adaptation et d’imagination par l’expression corporelle. Cet étonnant jeu d’improvisation guidé mène chacun à être plus en lien avec les autres. Texte : Delphine Evesque - Photos : Patrick Evesque
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je change
« CRÉER DE L’ENCHANTEMENT, DU CONTE ET DE LA POÉSIE » Clément Victor, de la compagnie du Théâtre alchimique. Comment vous est venue l’idée du Tao Théâtre ? Fort de mes années d’expérience au contact des acteurs, j’ai éprouvé le désir de proposer au grand public une pratique corporelle alliant des techniques de travail du comédien et du contact improvisation 1 – ou « danse contact » –, en suggérant une évolution spontanée des mouvements, seul, à deux puis en groupe. Le travail de Carl Gustav Jung sur l’exploration de l’inconscient par le rêve éveillé est également mis à profit dans cette pratique, via la réanimation de nos rêves face à la matérialité et le quotidien. Dans notre société matérialiste, j’avais envie de recréer de l’enchantement, du conte et de la poésie. J’offre la possibilité d’explorer un monde magique, son propre imaginaire à travers un champ de visions oniriques. Chacun apprend à « jouer » de soi et à prendre conscience de son corps et du chemin de ses émotions. En m’appuyant aussi sur l’approche du Yi-king 2, je conduis les danseurs à vivre et accepter la situation énergétique dans laquelle ils se trouvent, puis à imaginer comment la traverser pour aller vers le meilleur d’eux-mêmes.
vécu et, enfin, d’écrire son propre poème, sa propre histoire. Cette pratique très concrète n’est pas thérapeutique ; elle abat des murs en douceur, grâce à un jeu de mouvements et un voyage sensoriel qui ancrent le corps dans l’action. On apprend à écouter quelque chose de profond en soi, à se laisser guider et à se faire confiance, en mettant de côté sa volonté. Progressivement, la pratique conduit à évoluer naturellement vers son mouvement intuitif. On découvre aussi comment interagir avec l’autre et le groupe, sans jugement et dans la bienveillance. Je vois les participants s’ouvrir et grandir au fil des séances. Le Tao Théâtre leur offre une plus grande autonomie qui va bien au-delà des ateliers. On peut en plus facilement reproduire les exercices une fois chez soi, en se laissant guider par son corps qui ne demande qu’à s’exprimer. Le Tao Théâtre permet donc avant tout à chacun d’être plus en accord avec lui-même, sur un chemin de liberté personnelle. n
je vais bien le monde va mieux
Les séances sont rythmées de manière bien définie. Pourquoi ? Les ateliers sont structurés en trois temps : une connexion à soi, pour apprendre à se percevoir ; une connexion à l’autre, pour l’appréhender dans sa différence ; puis une phase collective amenant chacun à se positionner justement dans le groupe, et donc dans la société. L’objectif est de mieux se connaître pour accéder à une autonomie réelle et ne plus vivre dans la surdépendance à l’autre ou au groupe. Par la libération de mouvements instinctifs et pulsionnels, on apprend à sortir de sa zone de confort, à déconstruire son système de conventions sociales. En accédant peu à peu à son propre chemin, on ranime son appétit de vie, on devient ou redevient solaire et plus libre ! Le Tao Théâtre est-il une technique de développement personnel ? J’aborde des thématiques telles que la capacité à se plonger dans un mouvement autonome, celle à étendre son champ énergétique, l’indépendance et l’interaction sociale, le pouvoir de relier un état physique à un état émotionnel, d’accéder à son imaginaire inconscient, de verbaliser ce qui est
Steve Paxton, chorégraphe américain, a développé le contact improvisation dans les années 1970. Il s’agit d’une forme de danse improvisée, surtout pratiquée à deux, qui comporte un ensemble de mouvements allant de l’immobilité jusqu’à des postures très athlétiques. 2 Le Yi-king, ou Livre des mutations, est un manuel chinois ancestral selon lequel tout est en perpétuel mouvement. 1
Où et quand pratiquer le Tao Théâtre ? Pour tout public, sans nécessité de connaissances de la danse ou du théâtre. Tous les mercredis de 20 heures à 21 heures 30 à La Passerelle - 26, rue de Crussol, 75011 Paris. Tarifs : atelier d’essai : 10 euros ; atelier à l’unité : 23 euros ; carte de 5 ateliers : 100 euros. Clément Victor organise également des ateliers à la demande. www.theatrealchimique.com
kaizen • janvier-février 2018 • 67
diy DIY
Do It Yourself
La noix de coco : l’or blanc de votre salle de bains L’exotique noix de coco est de plus en plus présente dans notre quotidien, notamment son huile. Depuis des millénaires, elle fait partie des soins de beauté les plus appréciés en Inde, en Amérique latine et dans les îles ensoleillées du Pacifique ou de l’Atlantique. Mais l’huile n’est pas le seul attrait de ce fruit généreux, qui cache plus d’un secret dans sa coque. Texte : Sylvie Hampikian - Photos : Olivier Degorce & Amandine Geers
La noix de coco à la loupe La noix de coco est le fruit du cocotier, dont le nom latin Cocos nucifera signifie « cocotier qui porte des noix », ce qui ne nous apprend pas grand-chose… Ce grand palmier est très répandu dans toutes les zones tropicales de la planète, mais son origine précise n’est pas clairement établie : peut-être la Malaisie ou les îles du Pacifique. Son fruit est entouré d’une enveloppe fibreuse et coriace, laquelle ne constitue pas son meilleur atout. Mais cette coque 70 • kaizen • numéro 36
résistante a toutefois l’avantage de protéger la graine, elle-même constituée d’une pulpe blanche entourant une cavité remplie aux trois quarts d’un liquide opalescent, l’eau de coco. Malgré sa texture plutôt sèche et craquante, la pulpe est généreuse en matières grasses, que l’on retrouve richement représentées dans l’huile de coco ou de coprah (lire encadré page 72). Cette dernière est constituée majoritairement d’acides gras saturés,
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notamment d’acide laurique, et n’est donc que très peu sensible au rancissement. Mais elle contient aussi des taux non négligeables d’acides gras monoinsaturés (8 %) et polyinsaturés (7 %), qui lui confèrent des propriétés bénéfiques pour la peau. Sous nos climats tempérés, l’huile de coco ou de coprah est solide à température ambiante, sauf par les chaudes journées d’été, lorsque les températures dépassent les 30 °C. Pour l’employer lorsqu’elle est figée, il suffit de placer son contenant dans de l’eau chaude. Très appréciée dans les cosmétiques, l’huile de coco apporte une note exotique très douce. Elle est nourrissante, adoucissante, protectrice cutanée, notamment vis-à-vis des agressions climatiques et de la déshydratation. Elle est non comédogène (elle ne favorise pas la formation de points noirs) et peut s’employer à l’état pur, comme baume à lèvres ou soin des zones sèches du corps, telles que les mains, les pieds, les coudes, les genoux. Très utilisée en Inde pour les massages ayurvédiques, elle est rafraîchissante et sied tout spécialement aux personnes de constitution pitta qui, selon l’ayurvéda, présentent une tendance aux échauffements. Également très populaire comme soin capillaire, elle est bénéfique aux cheveux secs. Enfin, grâce à son arôme agréable et discret, elle convient pour la confection d’huiles parfumées, appelées attars en Orient. Mais les atouts de la noix de coco pour la beauté ne se résument pas à sa seule huile. Ainsi, la pulpe râpée, destinée à la pâtisserie, constitue un excellent ingrédient pour les gommages visage et corps. Elle
Le monoï, huile sacrée des Tahitiens Ouvrir un flacon de monoï et en respirer les effluves évoque à coup sûr la plage, le soleil et les cocotiers ! Ce parfum suave, on le doit aux fleurs de tiaré, mises à macérer dans l’huile de coco ou de coprah. C’est cette dernière qui confère au monoï ses propriétés protectrices et réparatrices, souveraines lorsque la peau et les cheveux sont exposés au soleil. Mais, attention, bien que le monoï soit souvent vendu avec les produits solaires, il ne constitue pas une protection suffisante contre les rayons UV nocifs.
élimine les peaux mortes et stimule la circulation sans agresser la peau. La crème de coco, obtenue en pressant la pulpe fraîche de coco finement râpée 1, est idéale en soin capillaire. Répartie comme un après-shampooing à rincer, elle embellit, nourrit, lisse et parfume agréablement les cheveux, tout cela sans les alourdir. Enfin, on trouve dans les magasins exotiques des laits de coco en poudre qui adoucissent et parfument l’eau du bain (une poignée dans la baignoire). Mais ces produits ne sont souvent ni bio ni véganes (présence de traces de lait animal). Une excellente version 100 % végétale est proposée dans les magasins bio sous la marque La Mandorle. Mais c’est un produit luxueux qu’il vaut mieux réserver à l’usage alimentaire.
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Il était une fois… Des textes en sanskrit attestent que les effets bénéfiques de la noix de coco sont connus par la médecine ayurvédique depuis 1500 avant notre ère. Deux mille ans plus tard, Cosmas, un voyageur égyptien, décrivit d’extraordinaires noix indiennes que les experts s’accordent à reconnaître comme étant des noix de coco. Par la suite, ces fruits furent cités par Marco Polo au xiiie siècle et par son contemporain, le voyageur italien Giovanni da Montecorvino, qui parla d’arbres aux feuilles de palmier portant des fruits gros comme des melons en forme de gourdes. Trois siècles plus tard, l’explorateur anglais Francis Drake les nomma nargils, selon leur appellation persane, et ce n’est qu’au xviiie siècle que des botanistes portugais lui donnèrent son nom actuel de coco. En Inde, le cocotier est considéré comme l’arbre de la vie et de l’abondance, car il a survécu à toutes les catastrophes naturelles et s’est avéré être une source inépuisable de nourriture pour les populations. La noix de coco est aussi importante et sacrée que la vache et son nom sanskrit, sriphala, signifie « fruit divin ». On lui accorde une valeur spirituelle et sociale, car elle répond à des besoins alimentaires, cosmétiques et médicinaux. Chaque année, dans l’État du Maharashtra, lors d’une fête appelée « Coconut day », les marins offrent des noix de coco à Varuna, le dieu protecteur de la mer. n 1
On obtient le lait de coco en ajoutant simplement de l’eau à cette préparation.
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le bon plan Nos bonnes adresses
Chic, l’éthique pousse à Paris 1er Le Louvre, les Halles, le Palais-Royal, la Comédie-Française, les Tuileries, le pont Neuf, la Sainte-Chapelle… Autant de lieux qui incitent Parisiens et touristes à passer un jour ou l’autre dans le 1er arrondissement de Paris. Dans ce quartier huppé, on peut toutefois trouver des adresses où consommer bio et durable. MANGER
Texte et photos : Pascal Greboval
C’est tout petit, tout mignon, mais surtout excellent ! Bienvenue à l’incroyable GUINGUETTE D’ANGÈLE. « Bon pour la santé, bon pour la Terre et beau pour les yeux, tel est le concept », résume la dynamique jeune femme. Alors qu’elle suivait un cursus en médecine, c’est le jeûne qui lui a ouvert les yeux sur une autre façon de s’alimenter et de se soigner, en l’occurrence la naturopathie, qu’elle étudiera plusieurs années. À la fin des séjours de jeûne qu’elle effectue pendant cette période, Angèle prépare les repas de « reprise », et les stagiaires sont enthousiastes. Elle crée alors en 2010 une structure de traiteur, puis le bouche à oreille fonctionnant très bien, ouvre sa fameuse guinguette. On y vient chercher son repas à emporter avec, au choix, un menu végétarien, flexitarien et végane. Un principe qui donne accès au plus grand nombre à une cuisine saine, de qualité et 76 • kaizen • numéro 36
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bon marché. Pour ce faire, Angèle utilise des aliments bio et le moins raffinés possible, pas de produits laitiers et « pas de viande de “bébé” », insiste-t-elle, c’est-à-dire pas de veau ni d’agneau par exemple. « Que les gens mangent de la viande, pourquoi pas, mais je ne peux pas cautionner un système qui repose sur l’insémination artificielle intensive et l’arrachement des bébés à leur mère pour nous nourrir. » Selon la cuisinière, ce type de pratique résume les dérives de l’agroalimentaire. « Avant de manger bio ou local, il faut manger intelligemment. » Même constat pour les œufs de poule. « J’ai grandi dans une ferme. On peut manger des œufs, car la poule ne les couve pas tous. C’est le système industriel avec les poules en batterie qui provoque les dérives sur la nécessité d’abattre les poussins mâles qui ne deviendront pas des poules pondeuses. » Mais, pour changer les pratiques de ses contemporains, Angèle préfère s’inscrire dans une démarche « “pour” et proposer une cuisine alternative plutôt que de s’enfermer dans la lutte. Chacun avance à son rythme sur son chemin. »
buffet. Ainsi, tout le monde y trouve son compte : végétariens, véganes et flexitariens. Les desserts véganes au lait de soja ou coco complètent cette offre. À ce propos, aucune boisson au lait de vache n’est utilisée dans ce restaurant. N’hésitez pas aussi à venir l’après-midi pour travailler ou papoter autour d’un délicieux smoothie aux légumes ou aux fruits. Enfin, ici, vous pouvez recevoir vos paniers de légumes bio du Val de Loire.
le bon plan
Entre les Halles et la rue de Rivoli, vous mangerez sainement au BIO D’ADAM ET ÈVE. Ici, tous les produits sont bio, et le sympathique couple Qian et Zhuang disposent d’une offre originale le midi : pour les plats chauds, vous payez au poids : 3,50 euros les 100 grammes. Ils sont présentés sous forme de
MAISIE CAFÉ est « une cantine végane chic ambiance coffee shop », résume Xavier, qui a ouvert ce lieu en novembre 2016. « Mais c’est ma femme l’âme du lieu. Elle voyageait beaucoup et elle a fait un double constat : en mangeant sain, elle supportait mieux les voyages que ses amies, et elle ne retrouvait pas à Paris des adresses équivalentes à celles d’Europe anglo-saxonne. C’est-à-dire véganes, sans gluten et avec des produits bio. En créant Maisie, nous avons décidé de conjuguer cette approche saine et la gourmandise française. Notre objectif est que l’alimentation soit la clef de la devise “un esprit sain dans un corps sain”. » Alors, du petit déjeuner au repas sur place ou à emporter, vous trouverez dans ce coffee shop de quoi vous nourrir de façon équilibrée et gustative. Un peu comme le ferait une vieille tante dans un roman d’Henry James… dont le livre Ce que savait Maisie a inspiré le nom du lieu. kaizen • janvier-février 2018 • 77
Cuisine
cuisine LE POIVRE L’épice « grand cru » Le poivre est l’une des épices indispensables de la cuisine française, fidèle compagne du sel sur notre table. Certains amateurs s’amusent à collectionner ces perles dont la saveur diffère selon les variétés. Elles offrent la promesse d’un voyage savoureux qui nous embarque aux confins de l’Asie et de l’Afrique… Textes et photos : Linda Louis
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ienvenue dans l’univers passionnant des poivres ! Il y a ceux qui mettent le feu en bouche, les modérés et les doux ; les noirs, les rouges, les verts et les blancs ; les longs, les petits, les gros et ceux munis d’un pédoncule ; il y a aussi ceux qui n’en sont pas au plan botanique ! Fruit d’une liane robuste prospérant en zone tropicale, le poivre recense une trentaine de variétés savamment sélectionnées au fil des siècles et aujourd’hui cueillies par d’habiles grimpeurs. N’opter que pour un seul poivre en cuisine reviendrait à boire tout le temps le même vin ! L’exploration du monde des poivres est une aventure 80 • kaizen • numéro 36
sensorielle singulière. Contrairement à d’autres épices comme la cannelle et le cumin, il offre d’exquises et subtiles nuances gustatives. Le poivre moulu n’est pas digne d’un véritable « épicier ». Il est le plus souvent élaboré à partir de la mouture de grains petits et peu aromatiques (appelés pinheads). Son conditionnement à l’air libre l’expose à la poussière et engendre l’évaporation de ses parfums. Choisissez des poivres conservés dans des bocaux en verre ou en métal. La variété ainsi que l’indication géographique doivent être toujours précisées. Vous trouverez ci-contre la liste des meilleurs poivres disponibles sur le marché.
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IDENTIFICATION DE PIPER NIGRUM L. (PIPÉRACÉES)
Les poivres qui n’en sont pas Ils appartiennent à d’autres familles botaniques que les Pipéracées : baies roses, de Sansho, de Siltimur ; maniguette ; poivre du Sichuan, de Jamaïque, de Sélim, de Tasmanie…
En cuisine
Moulez-le au dernier moment dans un mortier ou dans un moulin. Concassez les grains en grosse mouture – et non finement – pour atténuer les propriétés piquantes situées à la périphérie (péricarpe) de la baie et mettre en valeur les molécules aromatiques nichées au cœur du grain (akène). Enfin, poivrez votre plat au dernier moment, jamais avant ou pendant la cuisson. Celle-ci altère les qualités organoleptiques de l’épice et peut développer une amertume non souhaitée.
• Liane vivace à tige ligneuse pouvant atteindre 8 m de hauteur, dioïque (mâle ou femelle) à l’état sauvage, hermaphrodite cultivée, à grandes feuilles ovales, persistantes, alternes à nervures parallèles, portant des épis floraux blancs qui donnent des fruits en grappe. • Habitat naturel sur la côte de Malabar, en Inde. • Récolte des grains verts (immatures, séchés ou conservés en saumure) ; noirs (cueillis jaunes, presque parvenus à maturité, puis fermentés et séchés) ; blancs (baies mûres orangées débarrassées de leur péricarpe) ; rouges (pleine maturité).
Vertus médicinales
Grâce à la pipérine (alcaloïde bactéricide stimulant la salive et les sucs gastriques), le poivre est apéritif, digestif, antimicrobien de la sphère digestive, antalgique (douleurs dentaires), antiseptique et tonique (d’où sa réputation aphrodisiaque). Le poivre n’est pas sternutatoire ; seuls les mauvais poivres déjà moulus et chargés en poussières font éternuer. n
cuisine
Variété
Pays d’origine ou de culture
Parfums
Usages
Poivre noir Malabar Inde MG1 (Malabar Garbled 1)
Senteur sucrée, fruitée ; notes de musc et de fumée en bouche ; pointe d’acidité
Viandes, champignons, œufs, fromages, chocolat, fraises
Poivre noir IGP Kampot
Cambodge
Notes florales d’eucalyptus et de menthe fraîche ; saveur de bonbon, de chocolat
Poissons, coquillages et crustacés, riz, fruits
Poivre noir Lampong
Indonésie
Notes acides et d’encens
Viandes blanches, pâtes, fruits jaunes
Poivre noir Sarawak
Malaisie
Notes fraîches, résineuses, rappelant le pain d’épices ; pointe d’acidité
Salades de légumes ou de fruits, fromages
Poivre long ou poivre long de Java
Inde, Népal, Sri Lanka, Indonésie
Forme allongée comme un chaton de noisetier ; notes douces, chaudes, sucrées, épicées, évoquant la cannelle, la réglisse, le cacao, la datte
Tajines, couscous, riz, chocolat, fruits d’automne, fruits secs, plats asiatiques
(Piper borbonense)
Madagascar, La Réunion et Maurice
Grain très petit, rond avec un pédoncule de 2 mm ; notes raffinées, boisées, terreuses ; pointe d’agrumes et de fruits
Poissons, riz, légumes d’hiver, fruits d’été
Poivre rouge Kampot
Cambodge
Senteur caramélisée, évoquant le fruit confit, la vanille, l’ananas ; puissant
Viande, chocolat, fruits secs
Poivre blanc Penja
Cameroun
Grain couleur crème uniforme ; senteur animale, herbacée, mentholée
Viandes, fromages, chocolat
Poivre blanc Kampot
Cambodge
Senteur douce et non animale comme les autres poivres blancs, évoquant l’arachide, la réglisse et l’herbe fraîche
Poissons, coquillages et crustacés, desserts
Poivre blanc Muntok
Indonésie
Parfum boisé, chaud et élégant
Potages, ratatouilles, viandes
Cubèbe ou poivre à queue (Piper cubeba)
Inde, Indonésie, Sri Lanka
Grain gros avec un pédoncule de 2 mm ; saveur de clou de girofle
Plats asiatiques
(Piper longum)
Poivre Voatsipériféry
kaizen • janvier-février 2018 • 81
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Rendez-vous L’AGENDA JANVIER-FÉVRIER 2018 Janvier
30 janvier au 1er février / Genève (Suisse) Assises européennes de la transition énergétique. Palexpo www.assises-energie.net • 05 56 11 99 00
12 au 14 janvier / Quimper (29) Salon Breizh Nature. http://breizh-nature.bzh • 02 98 52 01 44 13 et 14 janvier / Montluçon (03) Salon du bien-être Naturellement zen. Centre Athanor www.centreathanor.com • 04 70 08 14 45 CINÉ KAIZEN 18 janvier à 20 h 15 / Paris Ciné-débat autour du film L’Assemblée, en présence de la réalisatrice Mariana Otero. Cinéma Le Chaplin - 24, place Denfert-Rochereau - 75014 Réservations : www.lescinemaschaplin.fr/denfert
Février KAIZEN PRÉSENT ET PARTENAIRE 1er au 5 février / Paris Salon Bien-être, médecine douce et thalasso. Paris Expo Porte de Versailles, hall 4 - 75015 www.salon-medecinedouce.com
rendez-vous
CONFÉRENCE KAIZEN 23 janvier à 19 h / Marseille (13) Travailler moins pour vivre mieux. Avec : Frédéric Bosqué, dirigeant entrepreneur humaniste et Manuel Brunet, codirecteur d’Arcadie, entreprise libérée. Modération : Françoise Vernet. Friche La Belle de mai - 41, rue Jobin - Salle des Machines Entrée gratuite. Réservations : www.kaizen-magazine.com/ participer-a-nos-evenements CONFÉRENCE KAIZEN 26 janvier à 20 h 30 / Magny-les-Hameaux (78) Zéro déchet, pourquoi pas vous ? Avec : Marie Fuks, Ressourcez & vous ; Caroline Fèvre, Zero Waste Versailles ; une famille du défi déchets de Saint-Quentin-en-Yvelines. Maison de l’environnement - 6, rue Haroun Tazieff Entrée gratuite. Inscriptions : 01 30 47 98 90 ou info-energie@energie-sqy.com 26 au 28 janvier / Yvetot (14) Salon de l’habitat et des écosolutions. www.expo-normandie.fr • 06 09 25 15 01 26 janvier au 4 février / Die et Biovallée (26) 16es Rencontres de Die : « Mieux vivre ensemble… Osons la fraternité ! » www.ecologieauquotidien.fr • 04 75 21 00 56 RENCONTRE JE PASSE À L’ACTE 27 janvier à 15 h / Montigny-le-Bretonneux (78) Rencontre autour de la collection Je passe à l’acte, coéditée par Kaizen et Actes Sud. Avec Marie-Noëlle Himbert, directrice de la collection, et Françoise Vernet, directrice de Kaizen. Librairie Le Pavé du Canal - 3 bis, quai Fernand Pouillon - halle Sud Canal. • www.pave.fr • Tél. 01 30 44 39 39
2 février / Partout en France Journée mondiale des zones humides. https://jmzh.lpo.fr CINÉ KAIZEN 15 février à 20 h 15 / Paris Ciné-débat autour du film L’Intelligence des arbres. 24, place Denfert-Rochereau - 75014 Réservations : www.lescinemaschaplin.fr/denfert 19 au 22 février / La Roche-sur-Grane (26) Séjour Papilles : un séjour familial et festif à l’occasion des vacances d’hiver autour d’une nourriture saine issue de l’autonomie des jardins des Amanins. www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 19 au 23 février / La Roche-sur-Grane (26) Stage Pédagogie de la coopération. Cette formation dispensée par Isabelle Peloux s’attache à aborder la coopération vue de l’apprenant, et se décline ensuite en objectifs de compétences de l’éducateur. www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 KAIZEN PRÉSENT ET PARTENAIRE 23 au 25 février / Chassieu (69) Salon Primevère. Eurexpo http://salonprimevere.org • 04 74 72 89 90 26 février au 2 mars / Lablachère (07) Stage Jardin vivrier agroécologique pour enrichir et améliorer ses pratiques. Au programme : connaître les caractéristiques du sol, renforcer ses connaissances sur les processus de compostage et les traitements naturels, comprendre le système de défense naturelle des végétaux… https://terre-humanisme.org
kaizen • janvier-février 2018 • 89