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janvier février 2019
« J’APPELLE À UNE RÉVOLUTION ÉCOLOGIQUE, SPIRITUELLE couv ET SOCIALE » SATISH KUMAR
DOSSIER
MAGASINS COOPÉRATIFS : FAITES LE PLEIN DE VIE PORTFOLIO
LA BALADE DU MANCHOT ENFANCE
VIVE LES COLOS ÉCOLOS ! BONNES ADRESSES
GRENOBLE
Belgique 7,20 € - Suisse 11 CHF
Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 98 913 € Siège social 19, rue Martel - 75010 Paris info@kaizen-magazine.fr www.kaizen-magazine.com
Édito
Magazine bimestriel numéro 42 Janvier-février 2019 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Baldassari Rédacteur en chef Pascal Greboval Rédactrice en chef adjointe Sabah Rahmani Secrétaires de rédaction Emmanuelle Painvin Diane Routex Sarah Touzeau Journaliste multimédia Maëlys Vésir Abonnements et commandes Camille Gaudy abonnement@kaizen-magazine.fr Tél. 01 56 03 54 71 (de 14 h à 18 h) 19, rue Martel - 75010 Paris Attachée commerciale Cyrielle Bulgheroni Stagiaire pour ce numéro Marion Mauger Direction artistique, maquette et mise en pages • www.hobo.paris hobo.paris - hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Photo de couverture © Meril Darees & Manon Moulis / Biosphoto Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (Imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIRET : 539 732 990 000 38 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0322 K 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Vente au n° pour les diffuseurs Groupe HOMMELL • Tél. 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr
édito
Vers un monde NEUF
Neuf. J’ai fait un rêve : être neuf. Le 31 décembre à minuit, je suis un homme neuf dans mes souliers neufs. Vierge de tout passé, vide de tout passif. Tout neuf. Prêt à embrasser une nouvelle vie sur une page blanche. Devant moi, un espace de neige immaculée se perd à l’horizon, sans empreintes. À chaque pas, la croûte craque sous mes pieds. J’avance dans le champ blanc des possibles. D’un coup de pouce sur un bouton, tout s’est remis à zéro : plus de messages en retard, plus de listes qui encombrent ma mémoire, plus de rancœurs en archives, plus de tensions qui me font veiller tard… La vie redémarre. Toute neuve. Dans le miroir, j’aperçois quelques milliers de cellules neuves. Retour à la réalité, je ne suis pas neuf ! Je suis définitivement l’éphémère évolution de mon histoire. Le polaroïd de mon impermanence. Alors à quoi bon ? À quoi bon vouloir changer puisque je suis prisonnier de mes cellules, de mes pensées ? Mais mes pensées ne sont-elles pas le reflet du monde dans lequel je vis ? En changeant la société, pourrai-je vivre mon rêve éveillé ? Qui fait société ? Les autres moi et… moi. Souffrons-nous d’une abondance de moi ? Le rêve se métamorphose en cauchemar. Qui de la poule ou de l’œuf ? Par où commencer ? Un homme neuf ou un monde neuf ? Les deux concomitamment : injonction du « en même temps ». Alors devons-nous vraiment espérer, désirer le RAZ (retour à zéro) maximisé ? Le jour où les flux s’arrêteront : plus de pétrole, plus d’électricité… Une nouvelle ère sans flux frelatés. Avantage de la situation : nous n’aurons alors d’autre choix que d’être innovants. L’imaginaire prendra enfin le pouvoir. Préparons dès maintenant cette prise de pouvoir, soyons fous, soyons neufs, cultivons notre imaginaire… Toute l’équipe de Kaizen vous souhaite une année 2019 joyeuse, amoureuse, talentueuse, audacieuse, bref une bonne année… neuve ! Pascal Greboval Rédacteur en chef
Aucun texte ni aucune illustration ne peut être reproduit-e sans l’autorisation du magazine. Merci.
kaizen • janvier-février 2019 • 3
Sommaire • Kaizen n 42 • janvier-février 2019 o
ELLES-ILS PENSENT 6
11 14
Rencontre Satish Kumar : « J’appelle à une révolution écologique, spirituelle et sociale » Les pièces du puzzle La PAC est-elle bio ?
Portfolio
ELLES-ILS FONT
JE CHANGE
sommaire 32 Portraits Sages-femmes, les cordons de confiance 34
Dossier Les magasins coopératifs et participatifs : le plein de vie
Meril Darees & Manon Moulis : la balade du manchot
66 Je vais bien, le monde va mieux Le Wutao : à l’écoute de notre onde de vie 70 Do It Yourself La glycérine végétale, la base des cosmétiques hydratants 74 Nos bonnes adresses Grenoble 80
Cuisine
La vanille : une épice à la saveur des îles…
50 Vent d’ailleurs Colombie : une oasis où s’apprend la vie durable 55 Politisons ! Cyril Dion 24 Créateurs de culture À Dunkerque, les dimanches, l’art explore les enjeux environnementaux
56 Et si on le faisait ensemble ? Prison : un potager bio pour cultiver son avenir
28 La voie du Kaizen Florence Servan-Schreiber
60 Le goût de l’enfance La Bidouillerie, des colos écolos et citoyennes
89 Les rendez-vous Kaizen
65 Écologie intérieure Gilles Farcet
94 La chronique de Pierre Rabhi
30 Une nouvelle La canopée, imaginée par Marie-Laure Hubert Nasser
4 • kaizen • numéro 42
87 Le sourire de Roukiata Ouedraogo
92 Une oasis Colibris
© Bill Ellzey
rencontre
6 • kaizen • numéro 42
Rencontre
rencontre Satish Kumar « J’appelle à une révolution écologique, spirituelle et sociale » Propos recueillis par Aude Raux
Né en Inde, en 1936, Satish Kumar devient moine jaïn à 9 ans. Mais la vie spirituelle ne lui suffit pas, il quitte les ordres et se rapproche du mouvement d’indépendance créé par Gandhi. Puis, pour protester contre la prolifération du nucléaire, il parcourt 13 000 kilomètres à pied pendant deux ans et demi. En 1991, il cofonde le Schumacher College en Angleterre à Totnes. Dans son dernier ouvrage, Pour une écologie spirituelle, il propose une « nouvelle trinité » : « la Terre, l’Âme, la Société ». Pourquoi reprochez-vous aux trilogies emblématiques – telles que notre devise Liberté, Égalité, Fraternité – leur « excès d’anthropocentrisme » ? Que ce soit la devise française, mais aussi celle de la Déclaration d’indépendance des États-Unis – Vie, Liberté, Poursuite du Bonheur – ou encore celle du mouvement New Age – Pensée, Corps, Esprit – toutes passent sous silence notre relation avec la nature. Selon la philosophie française, empreinte de la pensée dualiste de Descartes, l’être humain est supérieur à la nature et la nature est au service de l’être humain. Ce temps est révolu. À mes yeux, on ne doit pas différencier l’être humain de la nature. Toutes les vies ont une valeur égale. C’est pourquoi je propose cette nouvelle trinité. Est-ce aussi pour cette raison que vous avez choisi la terre comme premier mot clef ? Les êtres humains sont littéralement des êtres de la terre. D’ailleurs, les mots humain et humus ont les mêmes racines. Notre nourriture, nos vêtements ou encore nos maisons viennent aussi de la terre. Prendre soin de la terre est donc la première responsabilité de l’être humain, car sans elle, pas de vie.
Pourtant, personne ne semble se soucier d’elle. Regardez l’érosion des sols ou la bétonisation. La plupart des êtres humains considèrent que la terre est sale. Même les agriculteurs, dans leur majorité, n’ont pas d’égards envers elle. Ils utilisent des engrais et des pesticides de synthèse qui tuent la vie microbienne présente dans le sol. Comment vivre en harmonie avec la terre ? Il faut que les agriculteurs restaurent l’humus de nos sols. Et nous devons prendre conscience que le compost est essentiel. Nous pouvons tous en faire, même en ville. Chaque élément qui vient de la terre, tels nos déchets organiques et par conséquent nos excréments, doit ainsi retourner à la terre. Comme un cycle vertueux. Après s’être reconnecté avec la terre, comment se relier à soi-même ? Pour vivre, nous devons autant cultiver le sol pour faire pousser des légumes, des fruits ou des céréales qui vont nous nourrir, que cultiver notre âme pour que germent l’amour, la compassion, la générosité ou encore le sens du sacré. Il n’y a ainsi plus de dualité entre le monde extérieur, représenté par la kaizen • janvier-février 2019 • 7
Les pièces du puzzle L’UE compte 11 millions de fermes et 22 millions de salariés réguliers pour le secteur agricole.
La PAC puzzle est-elle bio ?
Environ 42 milliards d’euros d’aides sont distribués sous forme d’aides directes aux agriculteurs en fonction de la surface cultivée.
Texte : Sylvain Lapoix - Dessins : TOad
T
Le nouveau projet proposé par la Commission européenne pourrait réduire de 12 % le budget de la PAC sur l’exercice 2021-2027.
andis que blanchit la campagne des élections européennes, un sujet plus que tous les autres semble moisir au fond du sac d’arguments des prétendants aux hémicycles : la politique agricole commune (PAC). Pour qui se dit écolo, il y aurait pourtant de quoi ruer dans les tracteurs : les pesticides essaiment jusque dans les cheveux des petits Européens, les nitrates assaisonnent toutes les sources de Bretagne et les alouettes mangent les pissenlits par la racine… Et tout ça alors que les paysans et agricultrices voient leurs marges se dessécher pendant que l’arrosage automatique des subventions verdit les comptes en banque des grandes exploitations. Un bilan si boueux qu’il rabiboche chez les British proBrexit et pro-Bruxelles. La PAC, la PAC, morne plaine… La racine du mal se trouve à n’en pas douter dans les premiers objectifs de la politique agricole commune, enracinée dès le traité de Rome, en 1957 : productivité, stabilisation des marchés, prix raisonnables… Le respect de l’environnement n’apparaît même pas en germe jusque dans la dernière mouture des traités. En 2014 pourtant, le législateur avait bouturé des conditions écolos sur ce plan plus adapté aux Trente Glorieuses qu’à l’an 2000. Au nom du « verdissement », les aides agricoles furent arrosées d’exigences environnementales : maintien des prairies, rotation des cultures, aide à la bio… Même si ces aides restaient distribuées en fonction de la surface, l’intérêt pour une agriculture douce et la préservation de la biodiversité revenait à l’étable. Cinq ans plus tard, alors que la sortie du Royaume-Uni pourrait se traduire par des coupes claires, l’Union européenne (UE) doit de nouveau être défrichée pour la saison 2019-2024. Une bonne occasion, s’est dit l’équipe de Kaizen, d’aller creuser ce sillon abandonné du débat politique. Que ce soit pour la qualité de votre alimentation ou le chant des oiseaux, pour la survie des agriculteurs ou l’équilibre des territoires, nous avons récolté nombre de sujets sur lesquels il serait bon d’interpeller votre candidat ou de vous informer pour voir à quelle sauce nos champs vont être mangés. Car si la PAC continue de creuser le sillon du marché et de la concurrence mondialisés, pas sûr que l’Hymne à la joie devienne l’hymne de nos campagnes… n
La PAC disposait en 2018 d’un budget total d’environ 59 milliards d’euros, le premier budget de l’UE.
Sans les aides de la PAC, 30 % des exploitations européennes pourraient fermer.
kaizen • janvier-février 2019 • 11
Portfolio
portfolio
Meril Darees & Manon Moulis Agence Biosphoto
La balade du manchot D’octobre à février, l’Antarctique est le lieu de nidification privilégié des manchots Adélie. Ils se regroupent en colonies, parfois situées loin du rivage et en altitude, pouvant compter plusieurs centaines de milliers de couples. Une fois que le nid est prêt et les œufs déposés, les parents se relaient, l’un couve pendant que l’autre va s’alimenter. Ils sont venus devant l’objectif de Meril Darees et Manon Moulis. Parfois, un seul individu, montrant à quel point l’Antarctique est vaste comparé à la taille de ces oiseaux. Parfois, un groupe uni, créant une répétition et une uniformité quasi militaires. Et parfois, des groupes multiples, suggérant les oppositions d’une vie loin d’être lisse et les difficultés qu’ils doivent affronter.
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Créateurs de culture
Créateur À Dunkerque, les dimanches, de culture l’art explore les enjeux environnementaux
Débats, performances artistiques, concerts… jusqu’en juin 2019, la troisième édition des Dimanches des arts urbains bat son plein à Dunkerque. Une fois par mois, dans un ancien entrepôt portuaire, chanteurs, artistes et conférenciers se rencontrent pour interpeller le public sur les grands enjeux environnementaux. Cette saison, il est question de nos liens et dépendances au pétrole. Texte : Marion Mauger - Photos : Patrick Lazic
S
ur des bruits de moto entrecoupés d’un refrain de Diam’s, un homme s’enduit de vaseline noire en s’entortillant dans un vieux pneu. La performance violente et dérangeante de l’artiste Rémi Voche évoque ainsi l’or noir : cette substance qui a envahi notre quotidien et qui nous colle à la peau. Énergie, carburant, matière première et déchet, le pétrole est ici la manifestation gluante des grands enjeux environnementaux, sociaux et économiques mondiaux. Choqué et dubitatif, les yeux rivés sur l’artiste, le public reste ébranlé une fois la performance terminée. Mais dans le patio du Learning center Ville durable à Dunkerque, l’état de choc est vite rompu par l’arrivée des mélodies douces de Mathieu Boogaerts. Le chanteur au T-shirt rose détend progressivement l’auditoire qui se met timidement à taper dans les mains pour l’accompagner. Pour leur troisième édition, les Dimanches des arts urbains proposent une plongée culturelle dans le monde post-pétrole. kaizen • janvier-février 2019 • 25
Portraits
Sages-femmes, les cordons de confiance L’un est hypnothérapeute en région parisienne, l’autre part régulièrement en mission aux quatre coins du monde pour Médecins sans frontières. Jean-Daniel et Alice ont tous deux une pratique très différente de leur métier, mais partagent pourtant un même but : accompagner les femmes au plus près de leurs choix. Rencontre avec deux sages-femmes.
portraits Texte : Marion Mauger
Jean-Daniel Henry, 35 ans, sage-femme et hypnothérapeute, à Yerres (Essonne)
C
© DR
e qui m’a attiré dans le métier dans une maternité classique… J’essaie de faire en de sage-femme, c’est à la fois sorte que les couples puissent vivre pleinement et le côté médical et le contact sereinement leur projet d’enfant, de la conception à humain. Car il s’agit généralement la naissance. C’est pour cela que j’ai élargi mes champs de moments heureux partagés avec de compétences et fait une formation d’hypnose des couples qui vous font confiance. Au début de ma médicale à la faculté de médecine Pierre-et-Mariecarrière, j’ai travaillé au Centre hospitalier intercomCurie à Paris. L’hypnose permet de diminuer les doumunal de Créteil, mais j’avais leurs et de tranquilliser les « L’important pour moi est de l’impression d’être dans Les patientes. Aujourd’hui, j’ai reTemps modernes de Chaplin à joint ce DU en tant que formaproposer un suivi personnalisé. » faire naître des bébés à la teur et j’ai rédigé un livre : Vivre chaîne alors que je voulais prendre le temps d’accompleinement ma grossesse avec l’hypnose (Éditions In pagner les parents. Ma pratique a pu aller dans ce Press, 2018). Même au moment de la conception, sens à partir de 2008 quand je suis devenu libéral et l’hypnose peut apaiser les couples qui souffrent de ne pas réussir à avoir un bébé tout de suite. Cette que j’ai loué un espace pour les accouchements à la maternité de Villeneuve-Saint-Georges. Depuis deux spécialité se développe. C’est sans doute pour cela ans, j’ai intégré le Groupe Naissances, un collectif de que je n’ai jamais eu de problèmes en tant qu’homme sages-femmes à l’écoute des besoins des patientes dans la profession, car les couples sont attirés par qui leur permet d’accoucher le plus naturellement cette spécificité. Nous ne sommes que 2 % d’hommes possible. L’important pour moi est de proposer un sages-femmes, et de mon point de vue, peu importe suivi personnalisé, de comprendre les envies des le genre : l’important est d’être le plus possible à patientes. Certaines viennent me voir spécifiquement l’écoute des couples. n pour l’hypnose, d’autres pour la préparation à l’accouPOUR ALLER PLUS LOIN • www.mon-sage-femme.com chement dans l’eau, certaines encore me consultent • www.groupenaissances.org pendant la grossesse, mais choisissent d’accoucher 32 • kaizen • numéro 42
dossier
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Dossier
dossier Les magasins
coopératifs et participatifs : le plein de vie
La « corvée » : c’est souvent ainsi que les Français considèrent les courses en grande surface 1. Et si, pour y échapper, vous deveniez coopérateur ? Un choix gagnant sur tous les tableaux ! En quittant le statut de « pousse-caddie », vous rencontrez des gens sympas, vous tissez du lien, vous contribuez à une agriculture plus saine, vous limitez le pouvoir de lobby des huit enseignes qui détiennent 85 % de parts de marché de l’alimentation en France et, cerise sur le cageot, vous avez accès à des produits de qualité moins chers ! Alors soyez innovant, faites-le plein de vie dans les nouveaux magasins coopératifs et participatifs. Texte : Virginie Tauzin - Photos : Mathieu Génon 1
Mathilde Damgé, « Les Français continuent d’aller à l’hypermarché (mais ils n’aiment pas ça) », Le Monde, 14 juin 2013.
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Dossier
Les magasins coopératifs et participatifs : le plein de vie
Hajar El Karmouni « Un supermarché qui appartient dossier à tout le monde » Autrice d’une thèse sur La Louve 1, Hajar El Karmouni a travaillé durant presque deux ans sur la création de ce géant de la consommation coopérative en France. En décrivant ce modèle, elle restitue l’état d’esprit de ses adeptes, qui le reproduisent dans de nombreuses villes. Et évacue tout activisme de la démarche. Pourquoi avoir choisi de travailler sur La Louve ? Au début, je m’intéressais plus largement à la consommation responsable. On en parlait déjà beaucoup, mais je me demandais pourquoi il n’y avait pas encore de réel changement dans les pratiques. Je sentais une résistance. Par exemple, Artisans du Monde, qui a amené le commerce équitable en France dans les années 1970 sous l’impulsion de l’abbé Pierre et que je suivais pour mes recherches, n’arrivait pas à renouveler son socle de bénévoles alors que ce mode de consommation attirait de plus en plus. En parallèle, vers 2011, j’ai commencé à m’intéresser à La Louve, quand elle était en phase de prélancement et occupait un local à Bagnolet sous forme de groupement d’achat. Mais c’est quand elle a lancé sa campagne de financement participatif que j’ai focalisé mes recherches sur elle. Il y avait un engouement extraordinaire alors qu’elle n’existait même pas encore. Je me suis dit : « Il se passe quelque chose. » Comment ces gens arrivent-ils à faire autant parler d’eux ? Vous avez fait presque deux ans de terrain, lors de la phase de constitution du supermarché. Qu’avezvous observé ? En 2014, quand j’ai véritablement commencé mon travail de terrain, il y avait trois cents ou quatre cents 38 • kaizen • numéro 42
adhérents, mais c’était déjà une fourmilière en action ! Les gens travaillaient en souriant, avec une grande énergie, et étaient plutôt jeunes. C’était vraiment différent, incomparable avec Artisans du Monde ou La Ruche. On sentait la volonté de mener un projet collectif. Lors des entretiens, des gens me confiaient : « Je ne sais pas si je vais aller faire mes courses à La Louve, mais j’ai envie de participer, d’apporter quelque chose, de réinventer le modèle des coopératives de consommation du xixe siècle. » Il y avait cette idée, très forte, d’être une communauté pionnière. Et c’est pareil pour les supermarchés coopératifs qui sont en train de naître partout en France : on veut être les premiers de quelque part, une région, un département, une ville… L’objectif est donc de reproduire le modèle de La Louve, qui a elle-même reproduit celui de la Park Slope Food Coop de New York ? Oui, tous ont globalement la même charte et le même fonctionnement. Il n’y a pas de grandes différences dans l’état d’esprit non plus. Tous s’inspirent de ce qu’est la Park Slope aujourd’hui. Mais il faut savoir que celle-ci s’inscrivait, au commencement, dans le mouvement de la contre-culture et que ses membres avaient un profil beaucoup plus militant.
Les magasins coopératifs et participatifs : le plein de vie
L’exemple belge
dossier
BEES Coop, dans la commune de Schaerbeek, à Bruxelles, est le premier supermarché coopératif de Belgique. Ouvert en septembre 2017, il a rapidement trouvé sa vitesse de croisière.
I
l est à peine 7 heures du matin et la petite troupe de coopérateurs n’est pas à la traîne. « On est mardi, c’est un jour de livraisons important », justifie Martin Raucent, l’un des fondateurs de la coopérative bruxelloise écologique, économique et sociale BEES Coop. En réalité, jour de livraison ou pas, travailler au supermarché est le genre de labeur qui tire sans trop de mal les coopérateurs de leur lit. « On a toujours du monde tôt le matin, ajoute-t-il. Le magasin est calme, car les clients ne sont pas encore arrivés, puis les coopérateurs peuvent enchaîner avec leur journée de travail. » Le premier service, ou « shift », comme on dit aussi à la Park Slope Food Coop, se termine à 9 heures 45. BEES Coop a soufflé sa première bougie en septembre 2018. En tout cas dans sa forme actuelle. Car comme les autres projets, la coopérative a respecté les différentes étapes avant de se sentir prête à 44 • kaizen • numéro 42
fonctionner sept jours sur sept. Quentin Crespel, un autre fondateur, se souvient de la phase « labomarket » : « Pendant un an et demi, on était dans un garage, avec trois cents ou quatre cents familles qui nous suivaient. Ça marchait très bien. Notre objectif d’ouvrir le supermarché n’a pas trop tardé. » Avec les 700 mètres carrés – dont 350 de surface de vente – de la rue Van Hove, l’affaire a pris un tour beaucoup plus abouti. Près de 1 800 Bruxellois ont aujourd’hui pris leurs parts dans BEES Coop et le chiffre d’affaires tourne autour de 50 000 à 60 000 euros par semaine. Sept personnes sont à présent employées par la coopérative. Quant au nombre de produits, il est de l’ordre de 1 600, « mais on aimerait bien grimper à 3 000 références », projette Quentin, qui estime que la coopérative est « encore en phase de stabilisation, de découverte et d’apprentissage. C’est le genre de projet qui ne cesse d’évoluer. »
vent d’ailleurs
Vent d’ailleurs
Colombie Une oasis où s’apprend la vie durable À Minca, dans les hauteurs de la Caraïbe colombienne, Mundo Nuevo a ouvert ses portes il y a trois ans. Dans ce lieu insoupçonné, niché au cœur d’une nature luxuriante, une communauté cosmopolite de vingt-et-une personnes accueille les voyageurs et partage avec eux son projet pour construire un autre monde pas à pas. Texte et photos : Fanny Costes
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et si on le faisait ensemble ?
Et si on le faisait ensemble ?
Prison : un potager bio pour cultiver son avenir Depuis 2017, un groupe de détenus de la maison d’arrêt des Hauts-de-Seine, à Nanterre, participe quatre mois durant, d’avril à juillet, à des ateliers de jardinage bio. Objectif : embellir la prison et se cultiver un avenir. Texte : Virginie Tauzin - Photos : Mathieu Génon
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La Bidouillerie, des colos écolos et citoyennes Depuis 2013, l’association La Bidouillerie propose aux enfants de 6 à 17 ans des colonies de vacances écoresponsables sur fond de démocratie participative. Ici, chaque enfant vote pour chaque activité et est sensibilisé à l’écologie et à la vie en communauté. Texte : Maëlys Vésir
D
goût de l’enfance
ans un parc arboré et clôturé de deux hectares, dix-huit enfants âgés de 6 à 9 ans ont posé leurs tentes. Pendant six jours, au centre Le Hedraou de Perros-Guirec, en Bretagne, ils découvrent les joies du camping. La particularité de cette colonie de vacances ? Il n’y a pas de planning à l’avance. Avec les animateurs, les enfants décident du programme selon leurs envies. « À La Bidouillerie, on prend le temps d’être en vacances, il n’y a pas d’activités imposées », explique Julia, coprésidente de l’association. « On organise des forums quotidiens pour décider tous ensemble des activités du lendemain. » Pour y arriver, enfants comme adultes ont à disposition un « fil des envies de faire », soit un fil où chacun, muni d’un bout de papier et d’une épingle, peut venir accrocher ses idées d’activités pour le séjour. « On rassemble toutes les propositions le soir et on établit ensemble un programme, détaille Julia. Les enfants sont acteurs de leurs vacances et développent ainsi leur autonomie. » Si certains n’ont pas d’envie particulière, ce n’est pas un problème. À La Bidouillerie, le « droit de ne rien faire » est l’un des principes affirmés par l’association pour permettre à chaque enfant de suivre son rythme. « J’aime beaucoup les temps calmes où on peut se reposer, lire ou jouer entre nous, explique Mathis, 9 ans, qui a l’habitude de faire des séjours chez les scouts. Ici, l’organisation est différente parce qu’on nous laisse choisir. Je me sens libre. » Un bien-être accentué par un taux d’encadrement d’un adulte pour quatre enfants – comparé à un adulte pour douze enfants âgés de plus de 6 ans dans la législation française. « De cette manière, on respecte davantage l’individualité de chacun et ça nous permet de connaître les petits rituels des enfants », précise Anouck, animatrice sur ce séjour.
Privilégier le lien avec la nature
De Belle-Île-en-Mer au parc des Landes de Gascogne, tous les séjours proposés par La Bidouillerie se déroulent dans des espaces naturels et protégés. Cet après-midi, au centre Le Hedraou de Perros-Guirec, les enfants, armés de seaux et d’épuisettes, explorent la plage de Trestrignel lors d’une partie de pêche à pied. « L’idée est de reconnaître les petits animaux de la mer, sans les abîmer, dans les flaques et de les relâcher », explique Julia. Dans une logique de respect et de sensibilisation à l’environnement, les activités de consommation sont proscrites. « On part du principe que les sites naturels où l’on propose nos séjours sont des endroits remplis de possibilités et d’alternatives variées pour créer des activités ludiques, explique l’animatrice. L’envie de faire du bateau se transforme en construction de radeau, par exemple, et ça donne des moments de partage très chouettes. » Quand certains choisissent la plage, d’autres se regroupent autour d’une table pour un atelier « fabrication de carnets » façonnés avec le matériel déjà sur place. « Pour cette activité, on a d’abord réuni tout ce qu’on avait sur le camp, raconte Clélia, l’une des animatrices. On a, par exemple, récupéré de vieux scoubidous qu’on avait déjà pour lier nos pages. » C’est avec satisfaction que Léonie, 6 ans, à l’origine de cet atelier, brandit son carnet fait de ses propres mains : « Il est trop beau ! Je pourrai y mettre tout ce que j’ai aimé et pas aimé pendant la colonie de vacances », se réjouit-elle.
Le bon goût du fait-maison Quand arrive l’heure de manger, les décisions se prennent aussi en collectif. « On met en place des commissions menus pour établir les repas le matin, le midi et le soir », explique Angèle, animatrice kaizen • janvier-février 2019 • 61
je change
Le Wutao : à l’écoute de notre onde de vie Discipline contemporaine, le Wutao est l’héritier de savoirs ancestraux empruntés aux arts martiaux et aux arts énergétiques. Cette danse permet de restaurer le mouvement ondulatoire de la colonne vertébrale et de libérer son souffle.
je vais bien le monde va mieux
Texte : Aude Raux - Photos : Éléonore Henry de Frahan, collectif Argos
P
rofesseure certifiée de Wutao, Cécile Bercegeay accueille les participants à son cours d’un lumineux sourire. En miroir face au groupe, la jeune femme nous invite à « enraciner » nos pieds et « encieller » notre tête aux racines du ciel suivant un fil imaginaire vertical. Une fois bien ancrés, Cécile Bercegeay nous demande de relâcher notre bassin, successivement à partir du coccyx-sacrum et du plancher pubo-pelvien, pour permettre la mise en mouvement de notre colonne vertébrale. Une onde, puis une autre. Au rythme de notre souffle, on accueille la vague ondulatoire qui se fait de plus en plus ample. Partant du bas-ventre, l’onde intérieure gagne ainsi la poitrine, le cou et enfin la tête. Portés par cette onde, les bras se mettent également en mouvement, jusqu’à la pointe des doigts. Le corps se tourne alternativement vers l’ouest et vers l’est, accompagné de la respiration, qui se fait par la bouche, de plus en plus sonore. Comme une transe, mais en pleine conscience. Le sentiment de lâcherprise est alors total. Enfin, l’onde orgastique diminue peu à peu. Et la séance se termine comme elle a commencé : les pieds enracinés et la tête « enciellée », à l’écoute de soi. Le Wutao est l’union de deux idéogrammes chinois : « Wu », qui signifie la danse ou l’éveil, et « Tao » que l’on pourrait traduire par la voie, le chemin. C’est aussi l’union d’une femme et d’un homme : Imanou Risselard et Pol Charoy. Cette danseuse, comédienne, enseignante de yoga, mettait en scène les principes taoïstes dans ses spectacles. Lui a été champion du monde de kung-fu wushu en 1983 à Taïwan, avant de devenir expert en arts martiaux et énergétiques chinois. Ensemble, ils ont créé, en 2000, le Wutao qu’ils présentent comme un métissage pour un art du mouvement global. Le couple est également à l’origine du magazine Génération Tao, dédié à
l’écologie corporelle, et du Centre Tao Paris, dans lequel sont dispensés des cours d’arts martiaux et d’arts énergétiques, tel le Wutao.
« À la rencontre de soi » « De leurs nombreuses expériences passées, ces deux amoureux du mouvement ont constaté qu’il manquait l’éveil de l’âme du corps dans toutes ces disciplines », raconte Cécile Bercegeay, l’une des toutes premières élèves d’Imanou Risselard et de Pol Charoy. C’est ainsi qu’ils ont inventé cette discipline contemporaine basée sur la prise de conscience du mouvement ondulatoire de la colonne vertébrale et de la libération du souffle. « Grâce à cette danse, explique la jeune femme, on relie le mouvement, le mental et le corps. Si le Wutao répond à une calligraphie des gestes, chaque participant suit son propre rythme. Il s’agit de se mettre à l’écoute de kaizen • janvier-février 2019 • 67
diy
70 • kaizen • numéro 42
je change
DIY
Do It Yourself
La glycérine végétale, la base des cosmétiques hydratants On la connaît sous sa forme trinitrée dans la dynamite, et sous sa forme d’alcool aussi appelé glycérol dans les suppositoires. Tout cela ne donne pas de la glycérine l’image d’un produit doux et naturel. Pourtant, il s’agit d’un très bon ami de la peau et d’un agent hydratant et adoucissant hors pair. À incorporer sous sa forme végétale dans de nombreux cosmétiques maison.
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Texte : Sylvie Hampikian - Photos : Olivier Degorce et Amandine Geers LA GLYCÉRINE SOUS LA LOUPE La glycérine est un liquide parfaitement transparent, de consistance sirupeuse. Elle est constituée de glycérol, un alcool abondamment présent dans la matière vivante, étant à la base de la plupart des matières grasses (triglycérides). Très hydrophile, la petite molécule de glycérol pénètre dans les cellules épidermiques, y attire et y retient l’eau. Il s’agit par conséquent d’un puissant agent hydratant, ou plus précisément humectant. Elle a également des propriétés adoucissantes et légèrement antimicrobiennes. La glycérine est très employée par l’industrie cosmétique, surtout sous sa forme standard, issue des graisses de la filière viande. Heureusement, avec l’essor des
cosmétiques naturels, on trouve désormais, notamment dans les magasins bio, une glycérine garantie végétale, obtenue principalement à partir des huiles de savonnerie (olive, palme ou tournesol par exemple). La glycérine est facile à incorporer à toutes sortes de préparations, qu’il s’agisse de lait, baume ou lotion, car elle est miscible avec l’eau et l’alcool, et dispersible dans les produits huileux solides. La concentration massique optimale se situe entre 1 et 10 %. À cette dose, la glycérine végétale est très bien tolérée et convient aux peaux les plus fragiles, y compris celle des bébés. Par contre, au-delà de 10 %, elle risque de dessécher la peau en attirant l’eau vers la surface. n
Il était une fois Le glycérol fut synthétisé par un chimiste germanosuédois, Carl Wilhelm Scheele (1742-1786). À l’aide d’un matériel rudimentaire, ce génial savant identifia un grand nombre de substances, dont l’acide citrique et l’acide lactique. C’est en 1779 qu’il isola la glycérine, par hasard, en faisant bouillir de l’huile d’olive avec de l’oxyde de plomb. Il publia sa méthode d’extraction en 1783, dans les Comptes rendus de l’Académie royale de Suède. Mais hélas ! ayant testé sur lui d’autres produits bien moins sympathiques, il décéda prématurément à 43 ans. L’immense potentiel de la glycérine resta par la suite largement ignoré jusqu’à ce que Michel-Eugène Chevreul, chimiste français, spécialiste des matières grasses, s’y intéresse et crée en 1811 le nom de la substance d’après le mot grec
glykeros, qui signifie « doux ». En 1823, il met au point la méthode permettant de récupérer la glycérine au cours de la fabrication des savons. On doit les premiers usages de la glycérine dans les cosmétiques aux frères Gellé, célèbres parfumeurs parisiens. En se fondant sur un brevet d’Eugène Devers, ils développèrent savon, pâte, huile, pommade, élixir, crème de savon et blanc de beauté à la glycérine. Cette gamme obtint une médaille d’or à l’Exposition universelle de Paris de 1878. Aujourd’hui, on connaît plus de 1 500 applications industrielles de la glycérine. Après l’eau, elle est l’ingrédient le plus employé dans la formulation des cosmétiques et des produits d’hygiène. La cosmétique bio l’emploie essentiellement sous sa forme végétale, qui est, de loin, la plus qualitative. kaizen • janvier-février 2019 • 71
Nos bonnes adresses
GRENOBLE, l’Olympe verte Lors des dernières élections municipales, les Grenoblois ont décidé d’ajouter l’écologie au fronton de leur mairie en propulsant un édile EELV à la tête de leur ville. Une appétence verte qui favorise l’émergence de lieux inscrits dans cette dynamique écologique.
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Texte et photos : Pascal Greboval
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RESTOS Seule à bord de FESTINA LENTE, Florina, c’est l’élégance incarnée. Une élégance qu’elle sait traduire dans ses plats. D’abord un ravissement pour les yeux, avec des assiettes joliment composées, puis du plaisir pour le palais. Un régal à chaque passage dans cet endroit cosy. Florina propose trois assiettes 100 % bio et locales qui changent quotidiennement selon un doux mélange de simplicité et de subtilité. Et pour que le plus grand nombre adhère à sa devise, festina lente, « hâte-toi lentement » en latin, elle propose des lunch-box et des wraps ainsi que des cours de cuisine ouverts à des groupes constitués. Bonne nouvelle : certaines entreprises choisissent de venir ici réaliser leurs stages de team building ! Lentement, on avance…
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Pascal a la TÊTE À L’ENVERS. Il est en chemin, en transition, et expérimente pour vous proposer des plats locaux, bio, de saison, convaincu que « dans ce désordre global, la solution est locale ». Tous les deux-trois jours, il prépare, en fonction des arrivages, de nouvelles recettes, dont une végétarienne. Adeptes du « cuisiner et consommer local », Charlotte et Benjamin sont partis à la rencontre de producteurs de la région afin de trouver des produits de qualité et travailler en circuit court. Résultat : ils proposent CHEZ NOUS tous les jours trois plats de saison locaux.
Venir à L’ARBRE À THÉ, c’est un peu s’asseoir sous un arbre à palabres. On s’y sent bien, avec une douce envie d’échanger. Cela n’a rien du hasard, car telle était l’intention de Carole qui, après avoir tenu un atelier de plantes médicinales dans le Trièves voisin, a ouvert ce lieu en 2012. Autour d’un thé ou de belles tartes et salades 100 % végétariennes, bio et locales qu’elle concocte à l’heure du déjeuner, Carole vous invite à vous poser dans son paisible repaire.
AU CLAIR DE LUNE, Lara et Maxime se sont calés dans les pas des créateurs. Pour permettre au plus grand nombre de manger des produits bio et locaux à des prix modérés, ils mitonnent des plats préparés à base de légumes de saison locaux. kaizen • janvier-février 2019 • 75
cuisine Cuisine
La vanille Une épice à la saveur des îles… Sans cette orchidée, point de crème anglaise, de desserts lactés, de crèmes glacées, de flans ou de rhums arrangés ! La vanille est une épice savoureuse pour peu que l’on choisisse des gousses moelleuses et brillantes, promesses d’un voyage gustatif, direction les tropiques. Textes et photos : Linda Louis
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n imagine que la vanille provient des îles des océans Indien et Pacifique, mais en réalité son berceau d’origine se situe en Amérique centrale et au nord de l’Amérique du Sud où, il y a des siècles de cela, les Mayas et les Aztèques l’ajoutaient dans la fameuse boisson cacaotée, le xocoatl. Elle a ensuite été produite durant des siècles au 80 • kaizen • numéro 42
Mexique, car il était impossible de la cultiver ailleurs : la plante fleurissait, mais ne fructifiait pas. Il aura fallu attendre l’invention d’un procédé de pollinisation manuelle (encore utilisé de nos jours) en 1841 par Edmond Albius, jeune esclave de l’île Bourbon (aujourd’hui La Réunion). En effet, en dehors de son aire d’origine, la fleur de cette orchidée lianescente
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Rendez-vous L’AGENDA JANVIER-FÉVRIER 2019 JANVIER 4 et 5 janvier / Rennes (35) Stage vannerie : pour apprendre à réaliser vous-même votre panier. Organisé par Perma G’Rennes. Inscription uniquement par mail à perma.g.rennes@gmail.com
30 janvier au 3 février / La Roche-sur-Grane (26) Stage Piloter sa transition Votre situation professionnelle ou personnelle ne vous convient plus, elle est en dysharmonie avec vos envies profondes, vos valeurs ? Vous souhaitez changer, réorienter votre parcours de vie ou plus simplement faire le point sur votre situation et rencontrer d’autres acteurs du changement ? Organisé par l’École pratique de la nature et des savoirs au centre agroécologique des Amanins. www.ecolenaturesavoirs.com
rendez-vous
10 au 13 janvier / La Roche-sur-Grane (26) Pause partagée et rencontre de Pierre Rabhi sur le thème de la sobriété heureuse. Venez vous ressourcer à la ferme et reprendre contact avec la terre ! Centre agroécologique des Amanins www.lesamanins.com 11 au 13 janvier / Quimper (29) Salon Breizh Nature, salon de la bio et du bien-être. www.breizh-nature.bzh 17 janvier de 18 h 30 à 20 h / Paris Giant Free Troc Party « On échange tout ! » Organisée par le site paris-friendly.fr. Maison des Acteurs du Paris Durable 21, rue des Blancs-Manteaux - 75004
25 janvier au 3 février / Die (26) Rencontres de Die. XVIIe rencontres de la citoyenneté et de l’écologie au quotidien : « S’engager ensemble… pour une terre de vie, de paix, de liens ». Écologie au quotidien www.ecologieauquotidien.fr 27 janvier de 11 h à 15 h / Paris Atelier Cuisine spontanée et généreuse avec Amandine Geers. Vous en avez assez de peser, de minuter, de suivre les recettes ligne après ligne ? Vous souhaitez plus de souplesse en cuisine, plus de créativité. Libérez-vous ! Inscription sur www.amandinegeers.weebly.com
FÉVRIER 11 au 15 février / Châtillon-en-Diois (26) Stage Animer un groupe l’hiver Pratiques pédagogiques vivantes ! Découvrir les ressources de l’hiver, pour soi, pour sa classe et dans la nature. Avec Kim Pasche et Muriel Fifils. Organisé par l’École pratique de la nature et des savoirs à l’école Caminando. www.ecolenaturesavoirs.com KAIZEN PRÉSENT ET PARTENAIRE 22 au 24 février / Lyon (69) Salon Primevère 33e salon-rencontres de l’alter-écologie : « Vivre en réseauX ». Lyon-Eurexpo www.salonprimevere.org 25 février au 1er mars / La Roche-sur-Grane (26) Stage Pédagogie de la coopération, niveau 1. Comment aider les élèves à coopérer et leur apprendre l’art de la rencontre ? Quelles compétences relationnelles la coopération demande-t-elle ? Comment apprendre à apprendre ? Centre agroécologique des Amanins www.lesamanins.com
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paroles Une oasis Colibris de colibris Les Amanins :
vivre ses vacances autrement Situé dans la Drôme, au cœur de la Biovallée, entre les parcs naturels régionaux du Vercors et des Baronnies provençales, le centre agroécologique des Amanins vous propose de vivre vos vacances autrement. En famille, seul ou entre amis, vous partagerez dans cette oasis des moments de détente respectueux de l’homme et de la terre. Texte : Arnaud Nayrac
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ne fois ses quartiers pris dans les chambres au sein des bâtiments écoconstruits ou dans les cabanes en bois et sur l’aire de camping naturelle, aux saisons les plus chaudes, chaque séjour commence par un cercle d’ouverture. Comme le dit Christelle, venue en famille pendant l’été 2018 : « L’accueil est chaleureux et rassurant, c’est la première fois que nous choisissions de vivre ce type de vacances, et nous avons été reçus avec beaucoup de bienveillance. Le cercle d’ouverture est une belle initiative, cela permet vraiment de faire connaissance avec les autres vacanciers et de découvrir le programme des activités de la semaine. » 92 • kaizen • numéro 42
Les animations proposées durant les séjours sont l’occasion d’expérimenter des savoir-faire écologiques à travers des ateliers pratiques : faire du fromage et du pain, travailler le potager, découvrir la terre à bâtir, le compost et la phytoépuration, expérimenter la coopération à travers des jeux ludiques… « Toute la famille a aimé les activités proposées et leur format, l’alternance d’activités en famille, d’animations pour enfants et de temps pour adultes. Ce qui nous a particulièrement plu, ce sont les jeux coopératifs en famille, et l’atelier pain », nous confie Pierre, qui a séjourné durant les vacances du Nouvel An 2017. Sa femme ajoute que la passion et le