Kaizen 44 : Les clefs du bonheur au travail

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mai juin 2019

DOSSIER

LES CLEFScouv DU BONHEUR AU TRAVAIL INTERVIEW CROISÉE ÉRIC PIOLLE AURÉLIEN BARRAU

FRANCK LEPAGE MAÎTRE DE CONFÉRENCES GESTICULÉES LE LANGAGE DES SIGNES POUR COMMUNIQUER AVEC SON BÉBÉ

BONNES ADRESSES RENNES

Belgique 7,20 € - Suisse 11 CHF


Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 98 913 € Siège social 19, rue Martel - 75010 Paris info@kaizen-magazine.fr www.kaizen-magazine.com

Édito

Magazine bimestriel numéro 44 Mai-juin 2019 Imprimé sur papier certifié PEFC

Le bonheur au travail : édito une question de société “ Le meilleur moyen de rendre Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval

LE MAGAZINE DE LA PARENTALITé positive

Directeur de la publication Patrick Baldassari Rédacteur en chef Pascal Greboval

Rédactrice en chef adjointe Sabah Rahmani

les enfants bons, c’est de les rendre heureux. ” Secrétaires de rédaction Emmanuelle Painvin Delphine Dias Journaliste multimédia Maëlys Vésir

Directrice administrative et financière Céline Pageot Abonnements et commandes Camille Gaudy abonnement@kaizen-magazine.fr Tél. 01 56 03 54 71 (de 14 h à 18 h) 19, rue Martel - 75010 Paris Responsable commerciale Cyrielle Bulgheroni Direction artistique, maquette et mise en pages • www.hobo.paris hobo.paris - hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Illustration de couverture © Anne Laval http://annedessine.free.fr Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (Imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIRET : 539 732 990 000 38 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0322 K 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50

Associer bonheur et travail, quelle drôle d’idée ! J’aurais lu ces deux mots accolés sur la couverture d’un magazine il y a quinze ans, je crois que je ne l’aurais pas ouvert. Pourtant, aujourd’hui, Kaizen y consacre un dossier. Ce qui sonnait auparavant pour moi comme un oxymore me semble désormais possible. Pourquoi ? Parce que j’en fais l’expérience. Pendant des années, j’ai été salarié dans différents Oscar Wilde secteurs, à différents postes. Puis en 2002, j’ai décidé de devenir photographe pour témoigner de la fragilité, de la beauté de la terre. Sans formation ni diplôme, je me suis lancé, et ma vie a changé. En 2011, quand Yvan Saint-Jours m’a proposé de le rejoindre pour créer, avec Cyril Dion et Patrick Baldassari, un magazine qui allait devenir Kaizen, ce changement s’est accentué. Le sentiment de labeur a disparu de ma vie. L’absence de labeur synonyme de bonheur ? Pas sûr, mais c’est un bon début ! Épicure nous le rappelle : l’absence de troubles de l’âme (ataraxie) et l’absence de troubles du corps (aponie) sont vectrices de bonheur. Je ne vais pas vous mentir, il y a, il y a eu des moments difficiles, complexes. Cependant, le bilan est positif. Parce que mon travail donne du sens à ma vie. On peut discuter avec un regard critique et marxiste de la parole de Confucius : « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie. » Mais elle nous donne un bon indicateur… Vous me direz aussi qu’on ne peut pas faire d’un exemple personnel une théorie. Peut-être… Mais depuis sept ans – et cela participe de mon bonheur au travail –, je rencontre pour les « bonnes adresses » [lire page 74] des personnes qui ont majoritairement changé de travail pour donner du sens à leur vie, pour œuvrer à la transition écologique. Et toutes dégagent un bien-être que porte leur raison d’être. Je vous entends revenir à la charge : tout le monde ne peut pas s’extraire de sa condition sociale, dépasser ses peurs, ses barrières ! Alors procédons par capillarité, par coopération : j’ai le sentiment que ceux qui ont passé la porte du bonheur au travail peuvent donner les clés à ceux qui ont envie, mais n’osent pas. Car comme le disent Éric Piolle et Aurélien Barreau [lire page 6], « nous avons besoin de tout le monde, de toutes les forces pour participer au changement. » Et le changement est plus facile à qui est heureux…

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Pascal Greboval Rédacteur en chef

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Sommaire • Kaizen n 44 • mai-juin 2019 o

ELLES-ILS PENSENT 6

11 14

Rencontre Éric Piolle et Aurélien Barrau : « Nous avons simultanément besoin de l’action individuelle, collective et institutionnelle » Les pièces du puzzle Éoliennes, c’est du vent ?

ELLES-ILS FONT

JE CHANGE

sommaire 32 Portraits Biodiv’acteurs, au service de la nature et des oiseaux 34

Dossier

Les clefs du bonheur au travail

Portfolio

66 Je vais bien, le monde va mieux Fly Yoga, une autre façon de lâcher prise 70 Do It Yourself Astuces antipannes de la salle de bain 74 Nos bonnes adresses Rennes

Nicolas Van Ingen : vue du ciel

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Cuisine

La menthe : succombez à son fluide glacial !

50 Vent d’ailleurs En Hongrie, Cargonomia conjugue Amap et vélos-cargos 55 Politisons ! Cyril Dion

24 Créateurs de culture La conférence gesticulée : un art politique en scène 28 La voie du Kaizen Florence Servan-Schreiber 30 Une nouvelle Le retour de Thomas, imaginée par Christelle Bertin

56 Et si on le faisait ensemble ? Un bus pour parler et rouler plus léger 60 Le goût de l’enfance Le langage des signes pour mieux communiquer avec les bébés 65 Écologie intérieure Gilles Farcet

87 Le sourire de Roukiata Ouedraogo 89 Les rendez-vous Kaizen 92 Une oasis Colibris 94 La chronique de Pierre Rabhi

Origine du papier : pages intérieures : Belgique ; encart : Allemagne ; couverture : Pays-Bas. Taux de fibres recyclées : 0 %. Ce magazine est imprimé sur un papier issu de forêts gérées durablement. Eutrophisation : Ptot = 0,018 kg/t. Pour les abonnés : une relance de fin d’abonnement.

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Rencontre

Éric Piolle et Aurélien Barrau rencontre « Nous avons simultanément besoin de l’action individuelle, collective et institutionnelle » Éric Piolle, maire écologiste de Grenoble et fondateur de la Biennale des villes en transition, et Aurélien Barrau, astrophysicien au Laboratoire de physique subatomique et de cosmologie de Grenoble et professeur à l’université Grenoble-Alpes, sont engagés tous deux pour la transition écologique. Portent-ils le même regard sur les moyens d’y parvenir ? Interview croisée… Propos recueillis par Richard Gonzalez - Photos : Stéphane Bieganski

Politique verticale ou diffusion par la base : quelle voie emprunter pour réussir à protéger la planète ? Éric Piolle J’entends dans le discours d’Aurélien Barrau une écologie de la limite. Celle-ci définit notre rapport entre liberté individuelle et liberté collective. Elle crée les conditions qui permettent à la fois de lutter contre les inégalités et de favoriser l’épanouissement personnel. À mon sens, nous avons simultanément besoin de l’action individuelle, collective et institutionnelle. Penser que l’une des trois peut être, seule, vectrice de solutions est faux. Souvent, d’ailleurs, le politique se comporte comme une voiture-balai dans les évolutions culturelles. D’où l’importance d’aborder les problèmes de manière multi-axiale. Ce n’est pas la rationalité qui nous fera avancer, mais plutôt cette sorte de mythologie collective positive. Les discours d’Aurélien viennent percuter le monde. C’est dans cette dimension presque artistique qu’on peut générer du commun et mettre tout le monde en mouvement. Aurélien Barrau Je ne sens pas de tension entre la position d’Éric Piolle et la mienne. J’ai même un 6 • kaizen • numéro 44

peu honte de me comparer à lui parce qu’il est dans l’action depuis bien plus longtemps que moi. Il est très important d’avoir différentes paroles sur une même situation. Je ne ferai pas mieux qu’Éric Piolle parce qu’on vit dans un monde extrêmement contraint. Une parole un peu plus libre, utopique ou déconnectée d’une certaine pragmatique du réel permet une vision plus poétique, philosophique ou libertaire. É. P. Notre engagement politique, je crois, est enraciné dans une même conviction : l’avenir de l’Humanité n’est pas écrit. Il ne se lit pas dans des courbes, n’est pas issu de modèles mathématiques. Pour reprendre l’idée d’Edgar Morin, nous avançons sur un chemin qui est aussi important que le point de destination. Il faut avancer en étant attentifs à sécuriser les garanties du quotidien, à chérir le bien commun, à encourager les libertés de contribution. Tout en se préparant à l’imprévu. J’ai eu une journée de travail avec Gorbatchev, qui disait que dans l’histoire de l’Humanité, les événements exceptionnels, ceux


Face au défi écologique, Éric Piolle et Aurélien Barrau sont convaincus de l’importance de multiplier les visions, les paroles.

rencontre

qui sont hautement improbables d’un point de vue statistique, sont en fait extrêmement nombreux. L’avenir est impensable, on l’a vu avec la chute du mur de Berlin ou avec ce qui s’est enclenché en Algérie cet hiver. Aurélien Barrau, à l’occasion du festival Climax à Bordeaux, en septembre 2018, vous avez insisté sur la nécessité de renoncer à une partie de ses libertés individuelles si l’on veut un monde plus juste et plus propre. N’est-ce pas un peu angoissant ? A. B. Se priver d’un peu de liberté au bénéfice du bien commun, en l’occurrence la préservation de la vie, semble être tabou. On voit à quel point l’inertie intellectuelle engendrée par le système mortifère à l’œuvre empêche non seulement de trouver les réponses, mais aussi de poser les bonnes questions, sous peine de vous faire passer pour un extrémiste ou un radical. J’ai parlé de politique, mais c’est un axe parmi d’autres. On ne

pourra pas conjurer la crise si l’on s’en tient à un seul levier. L’inertie systémique entrave l’efficacité politique. Alors on fait confiance à la somme des petits gestes pour avancer. Il n’y a aucune bonne solution unique dans la situation actuelle. Il est vital de multiplier les initiatives hors des champs déjà explorés. Éric Piolle a tenté pas mal de choses. Les expérimentateurs de l’ailleurs sont aujourd’hui nos vrais chercheurs, nos guides. Il faut les encourager. É. P. La traduction politique nécessite du courage. L’éthique en politique, c’est d’être à la hauteur des événements qui nous font face, que l’on soit individus, acteurs collectifs ou membres des communautés. Il faut passer du stade où l’on sait des choses à l’envie de l’action. C’est dans cette action que l’on va générer du plaisir et de la capacité à agir encore plus. Si vous regardez les critiques faites sur notre action à Grenoble, c’est toujours orienté : on est trop déterminés dans nos choix, on fait passer la métropole à 30 kilomètres-heure, kaizen • mai-juin 2019 • 7


5,8 % : c’est la part de la consommation électrique française couverte par le parc éolien.

Les pièces du puzzle 15,1 térawatts : c’est la puissance éolienne raccordée en France au 31 décembre 2018, ce qui en fait le deuxième parc d’énergie renouvelable après l’hydraulique.

Éoliennes, c’estpuzzle du vent ? Texte : Sylvain Lapoix - Dessins : TOad

17 100 : c’est le nombre d’emplois dans la filière éolienne en France fin 2017.

+ 7,8 % : c’est la progression du nombre d’emplois dans cette même filière en 2017.

2e : c’est le rang de la France en Europe pour le potentiel de production d’électricité éolienne, après le Royaume-Uni.

A

vant même d’être une source d’énergie, les éoliennes se dressent comme des symboles : selon qu’on les plante sur la couverture d’un rapport annuel d’entreprise du CAC 40 ou sur un coteau de la vallée du Rhin, les moulins à vent délivrent un message politique avant de produire du courant. Et le premier frein à cette source d’énergie se serre justement sur une question d’image : avares en carbone, les éoliennes pollueraient les paysages. Sur les réseaux sociaux et dans les communiqués, l’association Vent de Colère ! ou la Fédération environnement durable (FED) déchaînent une tempête d’images-chocs où se superposent vues de promoteurs où tournent discrètement les « aérogénérateurs » (comme on les nomme dans les rapports techniques) et clichés élargis de villages picards en brique rouge hérissés des mâts à pales d’un blanc lisse. Pour les amis de l’atome, ces petites pales n’iront jamais remplacer le noble turbinage des centrales nucléaires : trop « intermittentes », trop « incertaines »… L’argument hérite de la vision centralisatrice de l’industrie électronucléaire et nie la complémentarité des ressources et les progrès techniques. Les moulins à vent constituent même, selon les ingénieurs de négaWatt, une des briques de l’alternative énergétique, avec le solaire, le stockage de l’électricité en gaz (Power-to-Gas) et, surtout, la sobriété énergétique. Mais cette brique tombe souvent de haut en rase campagne : identifiés sur des plans de géomètre, les couloirs de vent se remplissent généralement par la décision de propriétaires privés et élus locaux courtisés par les gestionnaires de parc. En décembre 2018, les « anti-éoliennes » ont créé des courants d’air au conseil communautaire de Lézignan-Corbières en contestant l’implantation de nouveaux mâts par EDF dans ces monts occitans. Plutôt que de jouer les Don Quichotte 2.0, l’équipe du puzzle s’est interrogée sur les pièces manquantes à ces débats. Une fois les arguments techniques en poche, le plus gros reste néanmoins à faire : raccorder les éoliennes au réseau démocratique pour redonner du souffle à la transition énergétique. n

57 à 79 euros : c’est le prix au mégawatt de l’électricité éolienne terrestre de nouvelle génération, ce qui en fait la deuxième énergie renouvelable la moins chère après la géothermie.

145 à 199 euros : c’est le prix au mégawatt de l’éolien en mer posé. Pour l’éolien en mer flottant, c’est 198 à 329 euros, le mégawatt renouvelable le plus cher de France.

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Portfolio

portfolio

Nicolas Van Ingen

Vue du ciel © Hellio-Van Ingen

Nicolas Van Ingen, photographe naturaliste, nous embarque à bord de son paramoteur pour un voyage onirique où l’aube s’invite en artiste impressionniste. Vue du ciel, la nature dévoile des courbes nouvelles, suaves et dansantes. Un envol léger pour admirer, aux quatre coins de la France, les beautés fragiles des paysages.

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portfolio

Magie de l’étiage sur la Loire : une île de Bourgueil.

Le plateau du Limon, parsemé de tourbières (Auvergne).

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Créateur de culture

Créateurs de culture

La conférence gesticulée : un art politique en scène Outil d’éducation populaire, la conférence gesticulée met en lumière les luttes sociales, et environnementales, en conjuguant théorie et expériences personnelles des gesticulants. Avec des spectacles plutôt longs, le combat militant devient un art vivant. Texte : Aude Raux - Photos : Jérômine Derigny, collectif Argos

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La voie du Kaizen Florence Servan-Schreiber

la voie du Vieux, heureux, Kaizen ou les deux ? autrice et professeure de bonheur

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es conseils pour être plus heureux sont désormais à la portée de tous, mais est-il aussi utile d’en suivre pour vivre plus longtemps, sans confondre quantité et qualité ? Non, l’idée n’est pas d’écouter un bombardement de conseils anti-âge, mais de s’inspirer des modes de vie des cinq Blue Zones 1, les régions du monde où l’on croise le plus de centenaires : les îles de Sardaigne (Italie), Okinawa (Japon) et Ikaria (Grèce), la péninsule de Nicoya (Costa Rica) et même une petite ville de Californie : Loma Linda. Ces régions, restées relativement enclavées pendant longtemps, ont brouillé la piste des chercheurs à la recherche de gènes miraculeux. Ils n’en ont pas trouvés. Mais en comparant les us et autres habitudes de leurs habitants, ils y ont repéré sept points communs, non pas qui tuent, mais, bien au contraire, qui entretiennent. Tout est une question de nuance. 1. Les habitants des Blue Zones ne font pas particulièrement de sport. Mais ils bougent. Une activité physique d’intensité modérée fait partie de leur quotidien. La plupart des centenaires sardes ont été bergers et les Japonais ont entretenu leur jardin ou potager. 2. Ils ne sont pas au régime. Mais ils mangent moins. Le « bon appétit » d’Okinawa est le Hara Hachi Bu qui consiste à poser ses baguettes lorsqu’on a atteint 80 % de satiété. Une restriction calorique qui permet de maintenir l’équilibre du corps. 3. Ils ne se privent pas. Mais ils sélectionnent leurs aliments : légumineuses, graines complètes et légumes de saison. En effet, ils ne mangent que très peu, voire pas du tout, de viande et poisson. Un aliment miracle ? Les noix, en tout genre. Et l’alcool ? Eh bien ! ils boivent, très modérément.

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4. Ils sont actifs. Mais ralentissent. À Nicoya, on fait la sieste, à Loma Linda, il est interdit de travailler le samedi, et à Okinawa, les petites vieilles se retrouvent à 15 heures pour se raconter les meilleures de la journée. Prévoir des pauses est à la portée de tous. Éteindre nos téléphones, méditer et rigoler sont donc à planifier. 5. Ils ne sont pas portés sur le moi. Mais sur le nous. La famille et la communauté restent au cœur de ces sociétés. La vie de couple, les liens amicaux, l’appartenance à des clubs et le volontariat agissent directement sur la qualité de notre vieillissement. Les rituels familiaux sont maintenus et les gens se retrouvent. 6. Certes, ils zonent. Mais pas tout seuls. Ils sont encerclés par des gens qui vivent de la même manière. Et il est bien plus facile d’adopter des comportements lorsque tout notre entourage fait de même. À nous, donc, de reconstituer notre village au cœur de notre ville pour vieillir joyeusement. 7. Ils ne se lèvent pas tous les matins. Mais ils savent pourquoi ils le font. À Okinawa, le sens de nos actions, la « raison d’être », s’appelle l’Ikigai. Sans avoir besoin de résoudre seul le réchauffement climatique, il suffit de se savoir utile, ou d’avoir une passion, ou un simple objectif vers lequel naviguer. Car oui, on peut aussi s’obstiner à bien vieillir ! n 1 Michel Poulain, Anne Herm et Gianni Pes, « Blue Zones : aires de longévité exceptionnelle de par le monde », Gérontologie et société, vol. 38 (151), 2016. Dan Buettner, Blue zones. Où vit-on le mieux et plus longtemps ?, Ça m’intéresse-Prisma, 2010.


Portraits

Biodiv’acteurs, au service de la nature et des oiseaux En adhérant à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), citoyens, salariés, collectivités ou entreprises peuvent agir concrètement pour préserver la biodiversité de proximité et sensibiliser leur entourage. Rencontre avec deux passionnés.

portraits Texte : Sabah Rahmani

Evelyne Haber, 63 ans, bénévole, coordinatrice de refuges LPO dans le Tarn

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© DR

orsque j’ai adhéré les nids des oiseaux contre les prédateurs. Chaque à la LPO en 2006, année, j’ai la chance d’observer un rossignol nicher c’était pour apdans le jardin. J’ai aussi pu observer des fauvettes à tête noire et des mâles qui paradaient autour de trois porter une modeste femelles. Car au jardin, les oiseaux sont chez eux, participation financière à une association pas chez moi ! Pour les accueillir, il est très utile de que j’aimais particulièlaisser place aux plantes sauvages. Il en existe de rement. Puis, très vite, très belles, comme les cardaires draves, appréciés j’ai créé un refuge dans pour leurs graines. Favoriser la biodiversité, c’est mon jardin grâce auaussi renoncer aux produits chimiques et choisir de quel j’ai découvert ne pas tondre systématiquement toute la pelouse ; je laisse ainsi des espaces de végétation naturelle. avec émerveillement de nombreuses choses Ces aménagements permettent d’observer plus de sur les oiseaux et la faune, des oiseaux, des insectes, des papillons, des libellules… C’est fabuleux ! Grâce à cette expérience, biodiversité. J’ai pris conscience que l’on n’a j’ai ressenti l’urgence de protéger notre environnepas besoin d’aller très ment et la nécessité de commencer chez soi. C’est loin pour participer à parce que j’avais envie de partager ce plaisir que je la sauvegarde du patrimoine suis devenue coordinatrice de « Un simple espace vert suffit refuges bénévole. Je fais, par vivant : un simple espace vert suffit pour être utile à son exemple, des animations et des pour être utile à son échelle. » échelle. On peut même installer sorties où je présente les acun refuge LPO sur un balcon, avec une jardinière de tions et les gestes à adopter. Les refuges LPO sont plantes aromatiques sur laquelle on dispose un nides outils formidables pour atteindre un public non choir à insectes pour former un micromilieu. Côté averti. Pas besoin d’être ornithologue, scientifique jardin, quelques aménagements suffisent également. ou naturaliste pour agir. Grâce aux refuges, on touche Première étape : conserver tout ce qui est propice toutes les couches de la société, des enfants à la biodiversité. Chez moi, par exemple, j’ai gardé jusqu’aux personnes âgées. La nature est capable une haie naturelle et un grand chêne. Ensuite, j’ai de faire ce lien entre tout le monde. Créer un refuge planté des haies bocagères avec des arbustes à LPO, c’est participer à un réseau sur le territoire, baies, comme l’aubépine qui a l’avantage de protéger fondamental à notre époque. n 32 • kaizen • numéro 44


Dossier

dossier

Les clefs du bonheur au travail Le monde est en pleine mutation et l’épanouissement au travail fait partie de la nouvelle donne. De plus en plus d’entreprises se libèrent des vieux modèles du business à la hiérarchie lourde et verticale pour valoriser bien-être, autonomie et intelligence collective. Des indépendants qu’on appelle « slasheurs » choisissent de vivre de leurs passions au pluriel. Des femmes et des hommes réussissent à réformer les codes par un souffle nouveau où chacun est invité à prendre son bonheur professionnel en main. Kaizen a voulu mener l’enquête sur une tendance sociétale qui pourrait bien s’installer au sein de l’entreprise. Texte : Benoît Helme


Dossier

Les clefs du bonheur au travail

Philippe Laurent « Le bonheur professionnel repose sur dossier quatre roues » Philippe Laurent, ancien moine devenu coach, conférencier et formateur spécialisé dans le bonheur au travail, nous explique quelques joyeux principes.

© François-Xavier Seren

Comment être heureux au travail ? Le bonheur professionnel repose sur quatre roues. Il s’agit premièrement de se sentir bien avec soimême sur son lieu de travail, c’est-à-dire à sa place. Dans un deuxième temps, votre travail doit correspondre à ce que vous êtes et à ce que vous savez faire. Il doit avoir du sens pour vous parce qu’il est utile à la société et qu’il permet à votre potentiel de se développer. Sentir que l’on est fait pour le travail que l’on exerce, voilà la clef. Troisième point, la relation à votre manager doit être épanouissante, équilibrée et suffisamment stimulante pour que vous en appreniez toujours quelque chose. Enfin, quatrième roue, la relation que vous entretenez avec vos collaborateurs, clients et partenaires doit être à la fois agréable à vivre, efficace et cordiale. Qui souffre en travaillant ? Les gens qui souffrent exercent généralement une profession qui ne leur correspond pas, qui ne les intéresse pas. Ils peuvent également faire l’objet d’un management par le stress ou s’inscrire dans un vieux processus comme une hiérarchie trop lourde et pyramidale. Ils souffrent parce qu’ils sont soumis à des comportements managériaux qui ne leur laissent pas d’espace pour le dialogue, la créativité et l’autonomie. Leur mal-être peut également provenir d’un outil de production déficient comme un ordinateur qui ne fonctionne pas, ou encore d’un salaire insuffisant eu égard au coût de la vie ou à leurs propres critères. 36 • kaizen • numéro 44

Autre chose ? Oui, les conditions matérielles dont nous disposons sur notre lieu de travail sont également importantes. Nous devons y être bien installés avec une ergonomie agréable et claire nous permettant de vivre dans des lieux agréables et bien éclairés avec, idéalement, une salle de détente et de repos ainsi qu’un dispositif éventuel pouvant prendre en charge les enfants des salariés. Il est également préférable de vivre avec une certaine liberté dans ses horaires et d’être suffisamment responsable pour savoir gérer son temps comme c’est par exemple le cas pour les cadres ou les télétravailleurs.


Dossier

Les clefs du bonheur au travail

Arcadie Libre d’aller bien dans une entreprise libérée dossier Depuis près de trente ans, la société Arcadie propose une gamme de tisanes et de plantes médicinales issues de l’agriculture biologique par un vent de développement durable. Signe particulier : entreprise libérée. À tous les étages, on tente de privilégier la liberté de parole, le bien-être et l’intelligence collective. Reportage.

© Dorothée Cauvy

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ci, le fond de l’air est tranquille sans un papillon au taquet. Les montagnes des Cévennes sont à quelques encablures de la mer et de Montpellier. C’est dans cette campagne douce et méridionale d’Alès que l’entreprise Arcadie se libère de jour en jour, puisque membre de la grande famille des « entreprises libérées ». Libérée de quoi, au juste ? Des vieux schémas du business : hiérarchie verticale et lourde comme une enclume, cynisme managérial assumé, écarts de salaires abracadabrantesques, absence de vision partagée et d’intelligence collective. Depuis une trentaine d’années, Arcadie commercialise des épices et des plantes médicinales au cœur du bio. Lorsqu’on entre dans ses murs, boisés, à la décoration soignée, avec sa mezzanine en open space, un parfum exotique de menthe et de curcumin flotte à s’en régaler les poumons… à moins qu’il ne s’agisse de thym ou de sarriette. Arcadie ne produit pas de plantes. Elle les achète aux conditions du commerce équitable à des petits producteurs français et étrangers. Dans ses ateliers, on transforme ainsi le végétal selon des étapes aussi essentielles que les huiles du même nom : vérification de la qualité, analyse des pesticides, broyage, constitution de mélanges ou de poudres, conditionnement, puis expédition dans quelque deux mille points de vente allant de petits magasins bio à La Vie Claire. Contrairement à certains laboratoires pharmaceutiques susceptibles d’extraire le principe actif d’une plante en abstraction du reste, Arcadie


Dossier

Les clefs du bonheur au travail

Slasheuses/slasheurs Les indépendants à cordes multiples dossier On les appelle « slasheurs » en référence au slash informatique / cette petite barre diagonale qui marque les séparations entre différents thèmes. À ceci près que pour eux, ces thèmes sont autant d’activités qui rendent une femme/un homme heureux.

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’est leur combat professionnel et leur fierté : ils vivent de plusieurs compétences. Ils sont déjà 2,3 millions d’actifs en France – selon l’Insee – à « slasher » corps et âme pour vivre de leur passion ou multiplier les épinards dans le beurre de fin de mois. Ils cumulent plusieurs emplois salariés à temps partiel, exercent une ou deux activités indépendantes, sont indépendants avec un job alimentaire ou microentrepreneurs avec plusieurs cordes

à leurs arcs. Un joyeux souk populaire comme de luxe né de la crise des subprimes et de l’émergence d’une génération : « Les jeunes sont habitués au zapping et sont susceptibles de regarder plusieurs écrans en même temps, souligne Denis Pennel, auteur du livre Travail, la soif de liberté. Cela impacte la façon de travailler, multiple et variée, et répond à la volonté de mieux contrôler sa vie professionnelle, de retrouver de la liberté dans l’organisation de son temps et dans son lieu de travail ainsi que de faire de sa passion une source de revenus. »

© Benoît Helme

Artisane polyvalente

L’avantage d’être slasheuse est de pouvoir travailler dans des conditions qui nous conviennent.

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Denis Pennel, 52 ans, sait bien ce qu’il énonce. Il est lui-même slasheur. Il se définit donc comme auteur, conférencier, défricheur de nouvelles tendances, influenceur et manager. « Mon travail, c’est le travail ! dit-il. En étant slasheur, je peux traiter ce thème sous des angles différents. Toutes mes activités se renforcent et se nourrissent les unes les autres. Les recherches que j’effectue pour écrire un livre me servent également pour animer mes conférences ou pour échanger avec des décideurs politiques. » Florence Aubert est de la tribu, dans un genre totalement différent. Cette artisane polyvalente, passionnée depuis l’enfance par le bricolage, concocte aujourd’hui des « cahiers d’amour » comme autant d’outils de développement personnel sur mesure avec textures, couleurs et symboles au choix. Elle est également coach en bien-être, gérante d’une boutique en ligne, formatrice en reliure et en reiki – une méthode de soin japonaise. « Quand tu fais ce que tu aimes, tu n’as plus cette tension en toi qui te pousse à consommer


En Hongrie, Cargonomia conjugue Amap et vélos-cargos Vent d’ailleurs

vent d’ailleurs

En 2015, deux Français, un Hongrois et un Américain décident de créer Cargonomia, un centre logistique alliant transports doux, via des vélos-cargos, et relocalisation de l’économie sur une terre magyare où l’écologie patine. Ce projet trouve son public en assumant son allure décroissante et sa ligne verte. Texte : Joël Le Pavous - Photos : Rebeka Csóti

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Et si on le faisait ensemble ?

Un bus pour parler et rouler plus léger Dans la Manche, deux Parentibus conduits par des bénévoles sillonnent une quinzaine de communes. Espaces de parole anonymes, conviviaux et gratuits, sur le thème des liens familiaux, ils défendent l’idée que l’écoute bienveillante permet d’éviter des conflits.

et si on le faisait ensemble ? Texte : Audrey Guiller - Photos : Laurent Guizard

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Le marché : un bon endroit pour ouvrir le dialogue.

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undi matin, la place du marché de Carentan (Manche) s’anime. Le Parentibus se gare devant le Café du Centre, entre la vendeuse de macarons et le marchand de croquettes pour chiens. Flyers en main, Catherine de La Hougue, la présidente-fondatrice de l’association Parentibus, interpelle déjà les passants : « Savez-vous ce qu’est notre bus ? » « Un bibliobus pour les enfants ? Un espace pour les démunis ? », tente une dame. « Non, c’est un bus pour parler du lien familial, de ses enfants ou de ses parents âgés, car tout le monde a besoin de parler, corrige malicieusement la juge pour enfants à la retraite. Entrez voir, on vous offre un petit café ! » Coutances, Saint-Lô, Montmartin-sur-Mer, SainteMère-Église : depuis 2014, le Parentibus est un lieu d’écoute itinérant qui sillonne les marchés, les maisons familiales, les Restos du cœur ou les festivals d’une quinzaine de communes du Centre-Manche. « Nous voulions créer un espace où la parole se libère, en toute bienveillance et confidentialité, explique l’ex-magistrate. J’ai tellement vu de situations se dégrader et arriver dans mon bureau parce que les gens ne communiquaient plus. » L’année dernière, la quarantaine d’écoutants bénévoles de Parentibus ont tenu 280 permanences et accueilli 1 255 « passagers » qui se sont exprimés sur leur quotidien, leur travail, leur histoire familiale ou leur parentalité. Une jeune maman tirée à quatre épingles entre avec son bébé de dix-huit mois. Micheline et Marie-Anne, les écoutantes qui accompagnent Catherine ce matin, l’accueillent dans le camping-car aménagé, avec du thé et des biscuits. La jeune femme va reprendre le travail et ne sait pas comment arrêter son allaitement. Micheline, ancienne puéricultrice, pourrait dispenser des conseils techniques. Mais elle écoute. Peu à peu, les mots « corvée », « fusion », « peur de rompre le lien » émergent. « Peut-être que je me fais des idées », finit par dire la mère. Parler, c’est trancher. Micheline l’encourage : « Gardez confiance en vous. Vous savez qu’aimer votre fils passera par autre

et si on le faisait ensemble ?

chose que le lait. Vous avez pris la décision. Il n’y aura pas de problème. » L’air soulagé, elle ressort.

Pourquoi un bus ? Le bus est un « contenant ». C’est un lieu convivial et clos où la parole est considérée, mais pas solennelle : on y vient sans rendez-vous. « Stationner sur des marchés ou des festivals nous permet de toucher tous les milieux sociaux sans stigmatiser, explique Catherine de La Hougue. C’est important, car les milieux favorisés sont plus difficiles à aider. Ils n’osent pas dire que ça va mal. » Le bus est précieux dans un département rural où les transports en commun sont rares et où les difficultés peuvent être aggravées par l’isolement et le manque de services sociaux adaptés. La première année, Parentibus a connu des ratés. « On se postait aux entrées et sorties d’écoles, poursuit la fondatrice. Pendant un an, on n’a eu personne. Les enfants venaient seuls en car, les parents

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goût de l’enfance Le goût de l’enfance

Le langage des signes pour mieux communiquer avec les bébés La communication gestuelle associée à la parole est un outil d’éducation bienveillante adapté aux bébés entendants. Grâce à ce langage simple et ludique, ils peuvent exprimer leurs besoins dès l’âge de 8 mois. Texte : Aude Raux - Photos : Jérômine Derigny, collectif Argos

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eur enfant sur les genoux, des parents entonnent la comptine Petit escargot, les yeux rivés vers Sophie d’Olce. Telle une cheffe d’orchestre, la jeune femme les guide pour qu’ils soulignent chaque mot-clé d’un geste emprunté à la Langue des signes française : maison, pluie, tête, etc. Directrice artistique de la Compagnie Maya, Sophie d’Olce organise régulièrement des ateliers Signes avec bébé. C’est ainsi qu’un samedi après-midi, cinq parents et trois mamans, accompagnés de leurs enfants dont l’âge varie de 4 à 20 mois, s’initient à la communication gestuelle associée à la parole, dans une optique d’éducation bienveillante. « L’idée, leur explique Sophie d’Olce, est de vous permettre d’établir une communication privilégiée avec votre enfant. Je vais vous présenter vingt signes correspondant aux besoins primaires des petits de 4 mois à 3 ans : repas, sommeil et change. Notez que c’est un langage théâtral. Il n’y a pas que les mains : les expressions du visage et du corps sont également importantes. » Un à un, les parents découvrent, grâce à des chansons, des cartes sur lesquelles sont imprimées des images et des jeux de rôle, la façon de signer « téter », « pain », « eau », « encore », « j’ai mal », « pipi », « changer la couche » ou bien « je t’aime ».

simple et ludique, constate-t-elle, nous pouvons mieux comprendre les envies et les émotions de nos enfants. Il nous est arrivé à tous de rester démunis face à notre bébé qui pleure alors qu’on lui a changé la couche, donné à manger et qu’il se réveille de sa sieste. C’est également l’occasion d’être pleinement dans le “ici et maintenant” : quand on signe, on se pose, on prête attention à son enfant, on le regarde. Impossible de le faire tout en étant sur son téléphone portable. Enfin, cela permet de stimuler son système d’apprentissage et de l’accompagner dans l’émergence de la parole. C’est un tremplin vers le langage parlé. Je fais le parallèle avec la marche : avant de se tenir debout, le bébé avance à quatre pattes. Dans son souhait de faire comme les grands, l’enfant, qui intègre très tôt le mimétisme, n’aura plus recours aux gestes. Pour cette raison, je conseille aux parents de toujours accompagner le signe à l’énonciation du mot. » Autre recommandation qu’elle livre à la fin de son atelier, d’une durée d’une heure : « Veillez à pratiquer les signes avec bébé de façon graduelle. Commencez par deux à trois signes seulement, même si vous avez envie d’en maîtriser plein. Ce n’est pas le nombre de signes qui compte, mais la qualité de la communication. Avez-vous des questions ? » Plusieurs mains se lèvent pour demander comment traduire « crèche », « câlin », « tétine » ou encore « merci » !

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Communiquer plus tôt Comme le précise Sophie d’Olce, « avant l’âge de 18 mois, le larynx n’est pas formé pour permettre au bébé d’articuler des mots. En revanche, vers cet âge, les enfants commencent à faire des gestes pour s’exprimer, comme “coucou” ou “bravo”. Et plus tôt ils signent, mieux ils assimilent la langue des signes. » Certaines femmes enceintes participent d’ailleurs à ses ateliers. À l’écouter, les avantages de cet apprentissage sont nombreux : « Du côté des enfants, cette gestuelle naturelle leur permet de communiquer plus tôt et ainsi de réduire leurs frustrations, leurs pleurs et leurs colères. Parfois, des papas et des mamans me demandent comment signer “c’est interdit” ou “s’il te plaît”. Je leur réponds que ce qui m’intéresse, c’est de partir des besoins de l’enfant. Cet outil pédagogique s’inscrit dans une démarche de communication bienveillante. »

Sophie d’Olce anime des ateliers Signes avec bébé.

Mieux comprendre les enfants Et du côté des parents ? Sophie d’Olce partage son vécu en tant que mère de deux enfants, le premier de 4 ans, le second de 6 mois. « Grâce à ce langage kaizen • mai-juin 2019 • 61


je vais bien le monde va Je vais bien, le monde mieux va mieux Fly Yoga, une autre façon de lâcher prise Judicieux mélange de yoga, de stretching et de tissu aérien, la méthode Fly Yoga développée par Florie Ravinet invite ses pratiquants à la détente et au relâchement tout en se reconnectant à leur âme d’enfant. Doucement déstabilisant et terriblement euphorisant. Texte et photos : Véronique Bury

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maginez-vous confortablement lové dans un hamac soyeux et moelleux. En petite boule, bercé par l’apesanteur. Paisible. Vous tendez lentement les jambes vers l’avant. Sans effort. Elles glissent le long du tissu. Peu à peu, vous sentez vos muscles s’étirer, votre corps se détendre, trouver lentement une autre position au cœur de ce hamac bleu légèrement élastique. Une sensation nouvelle. « C’est vraiment très différent de ce que j’ai pu vivre et 66 • kaizen • numéro 44

ressentir dans d’autres activités », lâche Caroline, 41 ans, en redescendant de son hamac, le visage radieux. « Je me sens tellement plus légère ! » Il est 18 heures 30 et la première séance de Fly Yoga de la seconde partie de journée s’achève par un retour au calme, les participants étant assis au sol en tailleur, dans la salle feutrée du 61, rue du Faubourg-Poissonnière, dans le 9e arrondissement de Paris. C’est ici que Florie Ravinet a développé sa


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DIY

Do It Yourself

Astuces antipannes de la salle de bain

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L’industrie cosmétique nous a appris à multiplier les produits pour répondre aux besoins et aux plaisirs de la toilette. Or, plus la trousse est complexe, plus on risque la panne de tel ou tel soin. Cette simple tuile peut être l’occasion de redécouvrir le système D au naturel. Texte : Sylvie Hampikian - Photos : Olivier Degorce & Amandine Geers

LA SIMPLICITÉ AVANT TOUT On pense souvent, à tort, que les cosmétiques maison demandent du savoir-faire et exigent de passer du temps à leur préparation. C’est un peu vrai lorsqu’il s’agit de concocter des soins quasi professionnels, crèmes hydratantes ou parfums par exemple. En revanche, au quotidien, il s’agit le plus souvent de soins simplissimes, et néanmoins efficaces. Et ce sont justement ces soins vite préparés qui pourront vous venir en aide à la moindre panne de produit de toilette. LA BRIGADE ANTIPANNE Ces astuces antipannes reposent principalement sur quelques ingrédients indispensables, si polyvalents qu’ils en sont presque magiques. Voici la courte liste de ces petits trésors à avoir absolument à la maison : argile blanche en poudre surfine, gel d’aloès stabilisé pur à 98-99 % (en tube ou en flacon pompe), quatre huiles essentielles (citron jaune zeste, géranium rosat, lavande vraie, palmarosa), beurre de karité, eau de rose (ou de fleur d’oranger). On les trouve en magasin bio, au rayon cosmétiques et remèdes naturels. Vous les compléterez avec du bicarbonate de soude extrafin (acheté de préférence en pharmacie), un pain de savon

de Marseille naturel (huile d’olive 72 %) et un savon doux naturel ou saponifié à froid, si possible non parfumé. LES AIDES PRÉCIEUSES DU PLACARD DE CUISINE Cette brigade d’élite ne peut pas tout faire sans le renfort de quelques produits se trouvant dans toute cuisine bio qui se respecte : yaourt (au lait de soja ou de vache), vinaigre de cidre, huile d’olive ou de tournesol bio, farine ou fécule au choix (idéalement farine de pois chiche ou Besan), lait végétal au choix (idéalement avoine), miel, œuf, avocat, banane, citron, fruits de saison, thé et tisane. UN FLORILÈGE DE RECETTES FACILES Nous vous proposons un petit catalogue d’astuces utiles pour les soins quotidiens ou pour quelques soins plus épisodiques (masque visage ou cheveux, gommage, etc.). Sauf indications particulières, elles conviennent à tous, quel que soit le type de peau ou de cheveux. Elles peuvent, pour certaines, convenir aux enfants. En dehors des pannes imprévues, ces recettes simplissimes peuvent parfaitement être adoptées sur un plus long terme si elles vous conviennent (sauf cas particuliers qui seront précisés). kaizen • mai-juin 2019 • 71


Nos bonnes adresses

La bonne (G)Rennes verte En 2016, le conseil municipal a décidé de mener Rennes vers l’autosuffisance alimentaire. Un levier qui donne du souffle à la transition ! Texte et photos : Pascal Greboval - Dessin : Manu Thuret

MANGER Envie d’une cantine ? Un lieu où vous mangez en toute simplicité, comme chez vous ! Direction PETITE NATURE. Ici, c’est 100 % bio et végane, et 80 % des plats sont sans gluten. À la tête de ce restaurant, deux sœurs sympathiques vous accueillent avec le sourire : Flavie et Nathalie. Elles proposent une cuisine à la fois saine et simple, en privilégiant les productions locales. Vous pourrez y savourer des soupes, des plats – dont certains à l’accent asiatique –, des jus faits maison, des desserts sans gluten. Et si vous préférez manger au grand air ou avec vos collègues, les plats peuvent être emportés. Rachel et Roch sont dans un resto, Rachel file aux fourneaux, qui reste-t-il ? Le 2R.COOK ! Depuis 2017,

dans le quartier Colombier, ce couple aimable vous accueille dans un endroit chaleureux pour une cuisine savoureuse et composée au maximum de produits locaux et bio. L’intention de ce duo soucieux de l’état de la planète ? Participer à la réduction de l’empreinte écologique. Leur carte change tous les jours en fonction des envies de Rachel et de la saison. Les végétariens sont les bienvenus. Et des expos sont proposées régulièrement. Séduit par le lieu ? Vous pouvez aussi le privatiser. Le CAFÉ ALBERTINE sert café, déjeuner, goûter et brunch. On y trouve des plats du jour, des salades, des sandwichs et… de gros gâteaux ! Tout ce qui est salé est végétarien et le mercredi, c’est « Vegan Day ». Solenn, la gérante du lieu, choisit des fournisseurs locaux qui offrent des produits sans pesticides ni fongicides. Le samedi, deux services de brunch vous sont proposés. Envie de tester un repas végétarien ? Direction LE SAINT-GERMAIN DES CHAMPS. Riche de différents CAP dans le secteur de la cuisine et d’une longue expérience de voyageur autour du monde, Dominique devient pas à pas végétarien et décide de ne plus cuisiner de viande. Un nouveau monde culinaire s’ouvre alors à lui, où se mélangent épices et saveurs méconnues. Laissez-vous tenter… Végétarien, c’est bien. Mais parfois, l’odeur du poulet vous tord le nez ? Au COUCOU RENNAIS, Hassan propose une restauration originale : des poulets à la broche servis sous toutes les formes — sur place, à emporter, des blancs, des ailes… Et la LE SAINT-GERMAIN provenance, alors ? Difficile de faire DES CHAMPS plus local : « Tout ce qui est vendu ici vient de chez mes voisins, agriculteurs bio », explique Hassan en souriant. C’est donc en toute quiétude que vous pourrez dévorer l’aile ou la cuisse, ou encore le traditionnel coucou rennais et ses pommes de terre au prix imbattable de 6 euros ! Le café

bonnes adresses

PETITE NATURE

CAFÉ ALBERTINE 2R.COOK

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Cuisine

La menthe

Succombez cuisine à son fluide glacial ! Textes et photos : Linda Louis

En pot sur notre balcon, dans le potager ou à l’état sauvage dans les fossés humides, la menthe est une herbe aromatique identifiable à coup sûr ! La vague de fraîcheur apportée par ses principes actifs est autant bienvenue dans notre cuisine que dans notre pharmacie.

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IDENTIFICATION DU GENRE MENTHAE (Labiées)

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mpossible de se tromper avec elle ! La menthe se reconnaît à son parfum mentholé (froissez-la si vous avez un doute) et ses feuilles opposées, typiques de sa famille, les Lamiacées (lavande, romarin, sauge, thym…) Son éventuelle confusion avec la mélisse, aux feuilles plus rondes et au parfum plus citronné, est sans incidence. Le genre Mentha comprend environ 25 espèces dans le monde et une multitude de cultivars aux noms évocateurs, promesse d’un voyage olfactif et gustatif : menthe chocolat, menthe banane, menthe bergamote… En France, il existe à l’état sauvage une dizaine d’espèces, comme les menthes pouliot, aquatique, suave, odorante, pas toujours faciles à identifier étant donné qu’elles s’hybrident à loisir. Certaines sont moins intéressantes culinairement parlant, comme la menthe des bois qui dégage des notes moisies, terreuses, mais aux principes actifs avérés. Ces plantes aromatiques ne sont pas connues comme toxiques. Pourtant la puissance de certains de leurs composés organiques, comme le menthol ou le pulégone, incitent à la plus grande prudence, surtout quand on les consomme sous forme d’huiles essentielles. La grande richesse variétale des menthes est passionnante quand on se penche sur leurs caractéristiques chimiques. À chaque menthe son usage culinaire et médicinal !

• Plante vivace herbacée, au parfum mentholé plus ou moins puissant selon les espèces, ne poussant jamais seule, mais en groupe grâce à ses rhizomes, avec une tige à section carrée. • Feuilles ovales-lancéolées ou arrondies ou oblongues-elliptiques, à la marge plus ou moins dentelées, fines, plates ou gaufrées. • Inflorescences en forme d’épis ou de glomérules (pompons) composés de petites fleurs roses, blanches ou violacées. • Habitat mi-ombre sur sol humide ou frais (fossés, prairies inondées, orées des bois).

cuisine

En cuisine

La menthe apporte du peps dans nos plats à base de salade verte, petits pois, asperges vertes, ciboules, mais aussi carottes, aubergines, tomates. Hachée finement ou mixée en pesto, on la retrouve dans de nombreuses recettes libanaises (taboulé, falafels), grecques (tzatziki), marocaines (thé à la menthe), dans les salades de concombre, de pommes de terre, les veloutés froids (gaspacho de tomates ou de melon). Côté sucré, elle se marie parfaitement avec le chocolat (gâteaux, biscuits, entremets, confiseries comme celles qui consistent à tremper les feuilles dans du chocolat fondu !), mais aussi les fruits d’été comme la fraise, l’abricot, la pastèque. Les variétés offrant des parfums typiques, comme la menthe pamplemousse, s’utilisent crues. Cuites, elles

perdent leur particularité gustative. Les fleurs sont comestibles et décorent joliment les plats. On réalise avec un sirop rafraîchissant : comptez 120 grammes de feuilles de menthe (verte ou poivrée) à faire bouillir pendant 5 minutes et à couvert dans 1 litre d’eau. Laissez reposer une nuit, filtrez, ajoutez 800 grammes de sucre et portez à ébullition. Ajoutez le jus d’un citron (ou 1 cuillère à soupe d’acide citrique) et versez dans une bouteille. Conservez au frais pendant deux mois.

Vertus médicinales

Rares sont les plantes à proposer un aussi grand spectre d’action. La menthe fait passer un mal d’estomac, le mal des transports, atténue un malaise, une angoisse ou une migraine, soulage les crampes et les douleurs articulaires, booste en cas de fatigue passagère, lutte contre les radicaux libres avec son fort pouvoir antioxydant, les bactéries, les virus… La liste est longue ! Fraîche dans une salade, sèche en tisane ou concentrée en huile essentielle, c’est une vraie pharmacie à elle toute seule ! En tisane : 2 pincées de feuilles sèches (2 grammes) ou 4 de feuilles fraîches (10 grammes) pour 200 millilitres d’eau bouillante En huile essentielle : 1 à 2 gouttes sur un sucre (usage interne) ou diluée à 25 % dans une huile neutre (usage externe). Toutes les huiles essentielles de menthe sont déconseillées pour les femmes enceintes, allaitantes, les jeunes enfants et au diffuseur. n kaizen • mai-juin 2019 • 81


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Le sourire de Roukiata

Bonne audition à droite et en même temps sourd de l’oreille gauche

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© DR

comédienne et chroniqueuse

Roukiata

oi, j’aime les médias. Bon, ces temps-ci, ils ont plutôt mauvaise presse. On les accuse de tous les maux. Comme les businessmen les accusent de mettre leur nez dans leurs affaires, le gouvernement sort une loi sur le secret des affaires. En gros : allez enquêter ailleurs ! Comme les journalistes font partie du système, les « gilets jaunes » les tabassent un peu… Et les policiers aussi, parfois, dans la confusion. Comme les gens veulent un vrai contrepouvoir et accusent les journalistes de leur servir une soupe infâme avec des vrais morceaux de faux débat dedans, ils partent se désinformer sur les réseaux sociaux… Où on accuse la presse de faire partie du système. On tourne en rond… Et pourtant, si on les croise, les informations offrent des éclairages intéressants sur l’époque. Tenez, ces deux-là, par exemple : - Greta Thunberg, la jeune Suédoise qui soulève la jeunesse européenne en répétant à des dirigeants sourdingues que le changement climatique, c’est maintenant ! - On apprend que, à peine élu, Macron a reçu la visite discrète de quelques boss du CAC 40 qui ont exigé, et obtenu, qu’il supprime l’ISF dès 2018, et non en 2019 comme prévu. Bon gars, il s’exécute. Mais ça chamboule l’ordre de ses réformes et le voilà obligé de supprimer l’ISF en même temps qu’il augmente la CSG, baisse les APL, désindexe des retraites… Lui, il voulait supprimer l’ISF en 2019, en même temps que la taxe d’habitation, tout en mettant à plat des niches fiscales. Mieux répartir ces mesures aurait atténué leur effet désastreux. C’est sûr.

Car supprimer l’ISF et en même temps alourdir les charges du petit peuple a fait passer Macron pour le président des ultrariches. Alors qu’au fond de son cœur… Si ? Non ? Donc, nous avons : - Un président si pressé de plaire à ses vrais soutiens (je n’ai pas dit « ses électeurs ») qu’il mélange ses en même temps au mépris d’un environnement social chaud-bouillant. Bilan : cette interminable jacquerie des « gilets jaunes » qui réclament sa démission. - Une jeune Suédoise pousse les médias à jouer leur rôle en nous rappelant que nos dirigeants sont si sourds aux cris de détresse de l’avenir que c’est aux jeunes de prendre la menace climatique à bras le corps. Déjà qu’ils doivent préparer le bac ! Mister President, vous dites « Make our planet great again ! » Mais en même temps, le pauvre M. Hulot a avalé tant de couleuvres ! Lui qui disait : « Je n’arrive pas à devenir végétarien, mais c’est mon objectif. » Vous supprimez l’ISF qui pourrait financer en partie notre reconversion écologique et, en même temps, vous restez sourd aux appels de la jeunesse. Vous dites faire ce que les Français demandent et, en même temps, vous générez la plus longue protestation populaire française depuis… Quand déjà ? Alors moi, à défaut de conseil, je peux vous donner un coton-tige pour vous déboucher l’oreille gauche qui a l’air plus ensablée que la droite. Je suis sûre que quand vous aurez rééquilibré la stéréo, nousmêmes, on comprendra mieux ce que vous voulez dire par en même temps. n

Roukiata Ouedraogo www.roukiataouedraogo.com kaizen • mai-juin 2019 • 87


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Rendez-vous L’AGENDA MAI-JUIN 2019 MAI 3 au 5 mai / La Roche-sur-Grâne (26) Les Amanins : cycle de formation aux bases de la Communication Non Violente (CNV) La CNV est art de vivre qui permet d’être clair et cohérent dans sa communication, tout en étant ouvert et dans la compréhension de l’autre. Cette approche favorise la coopération et la résolution de conflits. www.lesamanins.com

29 mai au 2 juin / La Roche-surGrâne (26) Les Amanins : séjour Notre lien à la terre, pratiques paysannes Au-delà d’une compréhension globale du cycle du vivant, ces cinq jours, accompagnés par les maraîchers, éleveurs, fromagers et formateurs de Terre & Humanisme, sont propices au ressourcement, à la réflexion et à la rencontre. www.lesamanins.com

JUIN 2 au 8 juin / Menglon (26) Stage : La voie(x) de la nature Citadins soumis aux rythmes insensés de la modernité, venez réapprendre à écouter, habiter, sentir, vous relier. Dans les hautes terres sauvages du Diois, retrouvez les voies de la nature en nous, autour de nous, entre nous. Site de La Comtesse Haut-Diois www.ecolenaturesavoirs.com

rendez-vous

KAIZEN PRÉSENT ET PARTENAIRE 11 et 12 mai / Strasbourg (67) Forum des Peuples Racines Invité d’honneur : Pierre Rabhi Ateliers, dialogues avec les peuples, conférences, films, rencontres, etc. Cité de la musique et de la danse & Ciarus de Strasbourg www.forumpeuplesracines.com

18 au 24 mai / Nanterre (92) Festival EcoZone : 10e édition Le festival de l’écologie au quotidien Thème : la santé environnementale www.nanterre.fr/1577-le-festival-ecozone.htm KAIZEN PARTENAIRE 24 au 26 mai / Mellionnec (22) Rencontres régionales de la permaculture et des transitions : 1re édition Tables rondes, ateliers, forums ouverts, conférences, spectacles pour enfants, concerts musique du monde, bal folk et fest-noz Écodomaine Le Bois du Barde www.leboisdubarde.fr KAIZEN PARTENAIRE 25 mai / Meigné-sous-Doué (49) Forum Enfance, Nature et Partage : 1re édition Conférences, ateliers, stands… Château de La Tremblaye www.forumenfanceetnature.wixsite. com/idea49

KAIZEN PRÉSENT ET PARTENAIRE 30 mai au 1er juin / Colmar (68) Foire Éco Bio d’Alsace : 38e édition Le rendez-vous des alternatives écobiologiques Thème : diversités 480 exposants, conférences, théâtre, ateliers, concerts, spectacles, films, etc. Parc Expo de Colmar www.ecobio.alsace KAIZEN PARTENAIRE 30 mai au 1er juin / Île de Groix, Port Lay (56) Salon Ressources : 3e édition Réenchantons le monde, réveillons nos consciences et nos possibles Invité d’honneur : Fabrice Nicolino Conférences, ateliers, exposants, petite restauration, concerts, etc. Salle des fêtes www.laressource.lelieuagroix.com 31 mai au 2 juin / Paris 18e Journées des Doulas : 18e édition Rencontres, ateliers, conférences, stands, projections, etc. à destination des parents, grands-parents, sages-femmes, professionnels du monde de la naissance et doulas Halle Pajol www.doulas.info/journees

8 et 9 juin / Auvillar (82) Rencontres Science et Conscience : 3e édition Cycle de conférences autour de la science, de la conscience et de l’intelligence avec des conférenciers et praticiens dont les travaux éclairent d’un jour nouveau nos relations avec l’univers et l’infiniment petit www.rencontres-science-conscience. com

16 au 19 juin / Menglon (26) Stage : Facili’acteurs. Savoir accompagner changements et mutations Public : coachs, consultants, formateurs, managers Château de Saint-Ferréol www.ecolenaturesavoirs.com 17 au 23 juin / La Roche-sur-Grâne (26) Les Amanins : stage Créer son écoprojet Vous êtes porteur d’un projet – à l’état d’idée, d’envie ou dans les premiers pas de sa concrétisation –, ce stage vous accompagne pour assembler les différentes composantes de sa mise en œuvre. www.lesamanins.com

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Une oasis Colibris

paroles L’écohameau de Verfeil-sur-Seye, de colibrisréussie ! une (r)évolution Lancé voilà plus de dix ans, l’écohameau de Verfeil-sur-Seye a bien grandi ! Cet habitat participatif a su trouver un équilibre grâce au temps, mais aussi à de mûres réflexions et à différents projets. Texte et photos : Florent Lamontagne

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a vie à Verfeil-sur-Seye est active et en parfaite harmonie avec la nature qui l’environne. Orientés plein sud, face au village, les trois hectares aménagés, dont un constructible, sont naturellement délimités par la végétation et le ruisseau Nego Soume. Aujourd’hui, sept maisons de 60 à 140 mètres carrés sont installées, avec une huitième en construction et un terrain prêt à bâtir. Équipées de toilettes sèches, d’une collecte d’eau pluviale, d’une électricité verte (via Enercoop), de chauffe-eau solaires, ces habitations bioclimatiques sont bâties avec des matériaux écologiques sélectionnés par les résidents : murs en bottes de paille, enduits naturels, structures en bois… S’ajoutent à cela des équipements collectifs dont une halle ouverte avec cuisine et un atelier, un système de phytoépuration, un poulailler, un potager et un « jardin-forêt ». Lancé en 2018 avec un financement participatif, ce projet à long terme a connu ses premiers aménagements avec la plantation de 300 92 • kaizen • numéro 44

arbres, la création de retenues d’eau, de noues et de buttes en permaculture favorisant la biodiversité.

Priorité au vivre-ensemble Huit foyers vivent sur place, constituant un groupe intergénérationnel de 5 à 72 ans composé de douze adultes, actifs et retraités, et de huit enfants, scolarisés dans une école voisine. Ce collectif aux accents lusophone, anglais ou flamand prône au quotidien un équilibre de vie entre l’humain et la nature, le collectif et l’individuel. « L’enrichissement se fait par les personnes… et l’écosystème existe à tous les niveaux, dans les habitats comme au potager ! glisse avec le sourire Elsa, traductrice et jeune maman, installée depuis trois ans. J’apprécie la force du groupe, son enthousiasme et je puise chez les autres pour avancer. » À Verfeil-sur-Seye, la solidarité est inhérente et naturelle. « Ce sont les


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