NOUVELLE FORMULE
N°
46
SEPTEMBRE OCTOBRE 2019
DÉCRYPTAGE
LE CERVEAU EST-IL ÉCOLO ?
COUV SOLUTIONS
AUTONOMIE
VIANDE,
MINE DE
STOP OU ENCORE ?
CAROTTE
FRANCE, 6,50 € - BEL / LUX : 7,20 € - ESP : 7,40 € - CH : 11 FS - MAR : 80 MAD - TUN : 11,90 DT - DOM : 7,40 € - TOM : 850 XPF
DOSSIER
DÉSOBÉIR
POUR LA PLANÈTE BONNES ADRESSES : BORDEAUX PORTFOLIO :1 GUILLAUME NÉRY
Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 98 913 € Siège social 19, rue Martel - 75010 Paris info@kaizen-magazine.fr www.kaizen-magazine.com
EDITO
Magazine bimestriel numéro 46 Septembre-octobre 2019 Imprimé sur papier certifié PEFC
RÉFLÉCHIR,
Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Baldassari Rédacteur en chef Pascal Greboval Rédactrice en chef adjointe Sabah Rahmani Secrétaire de rédaction Emmanuelle Painvin
ÉDITO C’EST DÉJÀ
Journaliste multimédia Maëlys Vésir Stagiaires pour ce numéro Cyriane El-Chami Louna Boulay Directrice administrative et financière Céline Pageot Abonnements et commandes abonnement@kaizen-magazine.fr Tél. 02 23 20 52 56 Service abonnements et administratif 74, rue de Paris - 35000 Rennes Responsable commerciale Cyrielle Bulgheroni Direction artistique, maquette et mise en pages • www.hobo.paris hobo.paris - hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Photo de couverture © Franck Seguin / Bureau233 Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (Imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIRET : 539 732 990 000 38 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0322 K 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Vente au numéro pour les diffuseurs Groupe HOMMELL • Tél. 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peuvent être reproduits sans l’autorisation du magazine. Merci.
Pascal Greboval R édacteu r en ch ef
T
DÉSOBÉIR
«
u vas obéir, oui ! » Cette phrase, combien de fois l’avons-nous entendue, enfant, dans la bouche de nos parents ou d’autres adultes ? Puis plus tard, dans sa forme plus policée, « je vous demande d’obéir », dans la bouche d’un agent, d’un juge, d’un caporal, d’un chef… Obéir à qui est à peu près clair. L’injonction émane en général d’un représentant de l’autorité, parentale, légale, entrepreneuriale… Mais obéir à quoi ? Aux règles, lois édictées par cette autorité a priori… Mais ces règles, lois, de quelles valeurs s’inspirent-elles ? C’est ici qu’obéir nécessite de réfléchir. Quand des Français.e.s, pendant la Seconde Guerre mondiale, cachent, aident des Juifs, ils agissent en fonction de ce qui leur semble juste, plutôt qu’obéir à des lois iniques. Quand Antigone désobéit au roi Créon, qui lui interdit d’enterrer son frère, elle préfère la sagesse aux lois de son oncle. Comme le résume Henry David Thoreau, concepteur et pionnier de la désobéissance civile [lire page 49], « ce qui est légal n’est pas forcément légitime. » Désobéir n’est pas, comme d’aucuns le caricaturent, une forme d’anarchie, c’est plutôt une manière de dire, tel l’Homme révolté de Camus : « Vous allez trop loin… Il y a une limite que vous ne dépasserez pas. » Or la limite est sous nos yeux. Si l’on ne fait rien MAINTENANT, les vagues de chaleur extrême seront bientôt notre lot quotidien en été. Quand une majorité de députés français votent pour le CETA en pleine canicule, et alors que le permafrost arctique canadien fond soixante-dix ans plus tôt que prévu, il semble que le temps soit venu de désobéir. Car, au fond, quelle bonne raison avons-nous de faire traverser l’océan Atlantique par cargo à des vaches bourrées de produits toxiques alors que nos agriculteurs les aiment, les élèvent, de la Normandie au Pays basque, de la Bretagne au Cantal ? Et cet accord n’est qu’un exemple. Ceux qui nous gouvernent n’obéissent plus aux lois du vivant, mais aux lois de l’argent… et ce depuis trop longtemps. Alors inspirons-nous de Victor Hugo : « Au fond, Dieu veut que l’homme désobéisse. Désobéir c’est chercher. » Et cherchons ensemble… des solutions. Réfléchir, c’est déjà désobéir. n
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SOMMAiRE RENCONTRE
K AI ZEN N° 4 6 - SEPTEMBR E- O C TO BR E 2 0 19
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Sébastien Bohler
BD
EN CHIFFRES
D.I.Y.
ÉCLAIRAGE
CHRONIQUE
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Gilles Farcet Thoreau et la désobéissance intérieure
EN QUÊTE DE SENS
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Les villes nourricières, utopie ou réalité ?
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Les araignées des maisons, des compagnes inoffensives
ROUE LIBRE
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BD
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DOSSIER LA DÉSOBÉISSANCE CIVILE FACE À L’URGENCE CLIMATIQUE
NOS BONNES ADRESSES CUISINE
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Carole Maurel Qu’est-ce qu’une oasis ?
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Bordeaux
Viande, stop ou encore ?
BD
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Art-Mella L’équilibre de l’élastique !
Sénégal Beer Shéba, l’agroécologie au cœur du Sahel
MOTS CROISÉS
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L’eau en bouteille, le goût en vaut-il la chandelle ?
La ferme de Chenèvre, l’apprentissage du faire-ensemble
Dunkerque, la gratuité des bus, ça paye !
VENT D’AILLEURS
Aviron, la parenthèse vivifiante
VIVRE EN OASIS
Un vélo pour 10 ans
LA NATURE MISE À NU
JE VAIS BIEN, LE MONDE VA MIEUX 72
EN CHIFFRES
Clémence Debord, des livres à la vigne
GOÛT DE L’ENFANCE
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Mine de carotte
SOMMAIRE 12
La croissance des écoles alternatives
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Climat, l’union fait la force
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Cyril Dion Au revoir
ET SI ON LE FAISAIT ENSEMBLE ?
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En mode zéro déchet ! La pomme Cet ingrédient bio, j’en fais quoi ? Le miso
RENDEZ-VOUS
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SÉLECTION KULTURELLE
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CHRONIQUE
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Pierre Rabhi De l’urgence de rétablir l’unité
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Origine du papier : pages intérieures :
PORTFOLIO
Belgique ; encart : Allemagne ; couver-
Guillaume Néry et Franck Seguin 36
ture : Pays-Bas. Taux de fibres recyclées : 0 %. Ce magazine est imprimé sur un papier issu de forêts gérées durablement. Eutrophisation : Ptot = 0,018 kg/t. Pour les abonnés : une relance de fin d’abonnement.
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R e ncon t r e
DÉCRYPTAGE
Pascal Greboval L ou n a B ou l ay
SÉBASTIENRENC BOHLER
Un dérèglement climatique majeur nous pend au nez, et rien n’est fait pour l’enrayer. Selon Sébastien Bohler, docteur en neurosciences, le responsable serait notre cerveau, accro à la dopamine depuis des millions d’années. Mais bonne nouvelle : on peut le rééduquer !
BIO EXPRESS 1970 Naissance à Strasbourg 2001 Docteur en neurosciences 2017 Création du magazine Cerveau & Psycho, dont il est rédacteur en chef 2019 Le Bug humain, publié aux éditions Robert Laffont
Nous sommes face à une urgence climatique et notre réaction n’est pas à la hauteur du problème. Comment l’expliquez-vous ? C’est en partie lié au fonctionnement de notre cerveau, et à nos cinq instincts fondamentaux : manger, se reproduire, gagner du prestige (du statut social), trouver de l’information et faire le moins d’effort possible. À chaque fois qu’on les satisfait, on a du plaisir. On sait aujourd’hui traduire ce mécanisme physiologiquement : notre striatum [voir dessin page 8] nous envoie une dose de dopamine [sorte d’« hormone du plaisir », qui permet la communication au sein du système nerveux, NDLR]. Ce mécanisme est en place depuis le paléolithique et a contribué à la survie de l’espèce humaine. Un peu plus tard, s’est développé le cortex. Il a favorisé le développement des technologies, de l’agriculture intensive, l’élevage en batterie, les pesticides, engrais, OGM… Nous avons donc un système qui, au départ, était configuré pour manger le plus possible dans un environnement hostile, mais qui n’a jamais été programmé pour s’arrêter, s’autolimiter. Résultat : on mange sans limites et les courbes de l’obésité s’envolent partout dans le monde ; on meurt aujourd’hui plus du surpoids que de la faim. Si trouver de l’information est une fonction de base, pourquoi ne réagit-on pas en conséquence au dérèglement climatique ? Ce qui nous manque, c’est la capacité à percevoir cette menace au niveau émotionnel. C’est
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toujours lié au striatum, qui lance des processus émotionnels puissants, notamment avec la dopamine. Il réagit aux situations présentes. On le voit avec des expériences très simples. Si l’on nous propose d’avoir 10 euros tout de suite ou 20 euros dans un an, systématiquement, on choisit ce qui se passe maintenant. C’est un réflexe enfoui au plus profond de notre cerveau. Donc on doit faire un effort intellectuel pour visualiser la hausse des températures, du niveau des océans, la sécheresse, l’effondrement de la biodiversité. Notre striatum est totalement imperméable à des échéances de dix, vingt, trente ans. On commence à subir les effets du dérèglement climatique, comme lors des épisodes caniculaires. Est-ce un facteur pour réagir ? Effectivement, on ne réagit que quand les catastrophes se produisent. Mais en ce moment, on est dans un entre-deux. Nous avons des coups de semonce, qui durent une, deux semaines, puis ça va un peu mieux. Donc on va s’alarmer pendant une, deux semaines et, en même temps, imaginer qu’il y a moyen de s’en sortir ; on va, par exemple, installer des climatisations. Cette publicité d'une compagnie aérienne française pour « 1 million de sièges à 40 € » pendant la canicule de juin 2019 montre le cynisme, l’incohérence de notre société : « Plus la température grimpe, plus les prix baissent […]. Les sièges sont bien au frais mais à ce prix-là, ils fondent comme neige au
CDÉCRYPTAGE yril Dion
C h r o n ique
A U T EUR & R ÉALIS AT EUR
Ba st ien D u b o i s
AU REVOIR
CHRONIQUE CYRIL DION
J
n jour, au moins temporairement, on a fait le tour de son sujet. Ce que j’avais à dire sur la politique, la transformation de la société, la mobilisation, je l’ai déjà dit. Sous de multiples formes. Et rien n’est plus triste que de ressasser. C’est la raison pour laquelle, à partir du prochain numéro, vous trouverez une autre chronique en
lieu et place de celle-ci. Qui apportera d’autres points de vue sur tous ces sujets. Pour cette dernière, je vous propose un poème, tiré du spectacle Résistance poétique, que nous avons créé avec Sébastien Hoog à la Maison de la Poésie à Paris. Merci à tous ceux qui m’ont lu pendant ces quelques années. Ce fut un privilège d’écrire pour vous. n
DEBOUT Nous ne sommes pas nés pour recouvrir cette terre de mélasse grise pas nés pour les allées des hypermarchés pas nés pour cracher le gaz gras l’échappement puant la brume noire des hauts-fourneaux pas nés pour réduire en cendres pas nés pour saigner à blanc pas nés pour pisser dans l’eau claire dressés sur les cuvettes immaculées pas nés pour nous entasser dans les couloirs les fumoirs les tunnels pas nés pour les photocopies et la machine à café pas nés pour les chips barbecue et les sandwichs triangulés pas nés pour le carnage, le ménage, la télé pas nés pour engraisser dix types à bretelles à lunettes pas nés pour Wall Street pas nés pour l’argent pas nés pour Kim Kardashian
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Nous sommes nés pour la pluie et le vent pour les yeux énamourés pour le culot sauvage et les outres de vin pour les tombereaux de lumière l’élan droit et clair pour ma peau sur ta peau pour ma main dans ta main pour hurler aux cieux rampant et rompu pour abîmer nos semelles Nous sommes nés pour l’horizon et les couchers argentés pour les draps frais et le bois lisse pour les mots qu’on murmure et les cascades de notes pour l’ardeur et la fébrilité Nous sommes nés pour être enfin ici les yeux grand ouverts et le monde sous nos pieds Debout
e n ch iffres Fa n ny Co s t e s J ust in e L e J o n c o u r
La DÉCRYPTAGE croissance des écoles alternatives
Depuis une dizaine d’années les pédagogies alternatives font régulièrement la une des médias. Pourtant, sans recensement officiel et compte tenu de la grande variété des méthodes qui pénètrent l’éducation, difficile de mesurer leur « poids » actuel. Nous nous sommes essayés à l’exercice.
INFOG
DES ÉCOLES QUI SE RÉCLAMENT DE PENSEURS ET PÉDAGOGIES COMME…
Maria Montessori : principal acteur de ses apprentissages, l’enfant choisit son activité et se déplace à sa guise. Il dispose d’un matériel spécifique qui stimule l’apprentissage par les sens.
Rudolf Steiner : le respect de l’individualité de l’enfant et l’apprentissage par le « faire » fondent cette pédagogie. Aucune notation n’est pratiquée avant le collège. Célestin Freinet : le tâtonnement expérimental, la coopération et l’apprentissage naturel sont la base de la pédagogie.
Ovide Decroly : éclatement des lieux d’apprentissage, travail libre, droit à l’erreur ou encore méthode globale pour apprendre à lire et à écrire fondent cette pédagogie.
Et aussi… Pédagogie écocitoyenne : les apprentissages se basent sur l’expérience vécue en nature et sont liés aux saisons. Pédagogie démocratique : la voix de l’enfant est égale à celle de l’adulte. Les élèves sont libres de s’exprimer et encouragés à le faire. Ils choisissent le déroulement de leur journée.
Les pédagogies Montessori et démocratique représentent à elles seules 51,6 % des nouvelles ouvertures d'écoles alternatives.
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Au de R au x
ECL AIR A GE
DÉCRYPTAGE
L e Cil Ver t
LES VILLES NOURRICIÈRES : ÉCLAIRAGE
UTOPIE
OU RÉALITÉ ? Les locavores prennent racine ! De plus en plus de villes françaises souhaitent tendre vers l’autonomie et développer leur capacité à répondre localement aux besoins alimentaires de leur population. Ce défi relève-t-il de l’utopie ou peut-il être relevé ?
L
a souveraineté alimentaire urbaine est-elle une utopie ? Comment relever ce défi en France, alors que 80 % de la population vit en ville, et que 98 % des aliments des cent premières aires urbaines sont importés 1 ? Arnaud Florentin, directeur associé de la bien nommée agence de conseil en développement durable Utopies, qui a réalisé plusieurs études sur le sujet 2, rappelle qu’« il ne s’agit pas d’un problème de carence de la production sur les aires urbaines puisque 97 % de cette agriculture locale finit dans les estomacs d’une autre ville. » Cette situation ubuesque vient de ce qu’il dénomme « l’hyper spécialisation des territoires ». « Même les espaces urbains qui parviennent à un niveau correct d’autosuffisance ne sont hyper performants que dans un seul domaine agricole. Avignon, par exemple, première de notre classement avec un taux de 8,2 % d’autonomie, s’est spécialisée dans les fruits et 14
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légumes, au détriment de l’élevage, des légumineuses et des céréales pour lesquels elle doit recourir à l’importation. » À noter que les mesures des zones agricoles des aires urbaines varient, « de 500 mètres pour une petite bourgade à 50 kilomètres pour Paris », rappelle Marc Dufumier, qui a dirigé la chaire d’agriculture comparée à AgroParisTech. Utopies relève trois mesures : « Albi a sélectionné un rayon de 60 kilomètres. Les drives fermiers [e-commerce de produits fermiers locaux, NDLR] présentent, eux, un rayon de 80-100 kilomètres en moyenne. Et des labels comme “Le local me régale” ont opté pour une mesure étendue à 150 kilomètres. » Quelle que soit la mesure retenue, très peu de zones urbaines atteignent un niveau d’autonomie supérieur à 5 % dans au moins deux catégories de produits. Avignon est suivie par Valence, Nantes, Angers, Saint-Brieuc et Brest qui plafonnent autour de 6 % à 6,5 %. Avec un taux inférieur à 0,2 %, Thionville, Compiègne,
L A na t, ure m i se A n u Fra n ço i s L ass e r re C a rol i n e G am o n
Les araignées des maisons DÉCRYPTAGE
DE LA NA MISE
DES COMPAGNES IN OFFENSIVES
Piqueuses ? Mordeuses ? Squatteuses ? Effrayantes ? Si elles sont
appréciées et même consommées ailleurs, nos cultures considèrent plutôt les araignées des maisons comme des animaux suspects.
Pourquoi ? Voilà une énigme qui mêle psychologie, sociologie, écologie, biologie, hérédité, culture… et en dit long sur notre rapport subjectif au vivant !
HAÏES ?
De moins en moins. Disons que les araignées des maisons sont de plus en plus appréciées pour leur action de prédation efficace sur les insectes qui nous ennuient, mais pas encore pour leurs huit beaux yeux !
UNE ARAIGNÉE, DES ARAIGNÉES ? Parmi les 1 600 espèces d’araignées vivant en France, nos habitations en abritent principalement deux. L’une vit au plafond, c’est le pholque qui, avec ses fines pattes, est rarement craint et prompt à capturer une mite ou un moustique. L’autre vit au sol, c’est la grosse tégénaire, sombre et poilue, qui se remarque lorsqu’elle se déplace ou cherche l’amour. Elles sont rejointes depuis quelques années par de grosses zoropses qui leur ressemblent, mais sont plus à même de grimper aux murs et plafonds.
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SQUATTEUSES ? Oui. Les espèces des maisons ont évolué vers des habitats abrités, type cavités, grottes, troncs creux… comme nos habitations où elles se cachent dans les recoins où l’on ne passe pas l’aspirateur.
DOSSIER
Aud e Raux J érômine Derig ny, c ollect if Arg os
DOSSIER-PORTFOLIO
LA
DOSS DÉSOBÉISSANCE
CIVILE
FACE À L’URGENCE CLIMATIQUE La cathédrale du vivant continue de brûler et nos dirigeants de regarder ailleurs. Face à cet aveuglement, de plus en plus de Français misent sur la désobéissance civile. Après avoir marché pour lutter contre le dérèglement climatique et signé des pétitions pour préserver la biodiversité, ces citoyens ont décidé de passer à l’action pacifiquement, collectivement et publiquement. Sans remettre en cause l’État, mais en assumant d’enfreindre la loi. Parce que le temps presse et qu’il n’y a pas de planète B.
Ret rouvez le rep ort ag e p hoto et son ore su r ht t p s:/ / kaiz en-mag az ine.com /ar ticl e/ end e-g eland e-la-d esobeissan ce- civ il e- de- m asse/
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L A DÉSOBÉISSANCE CIVILE
L’ENVIRONNEMENT DOSSIER-PORTFOLIO
UNE BONNE CAUSE
DOSS
Le sociologue et philosophe Manuel Cervera-Marzal est l’auteur de Les Nouveaux Désobéissants : citoyens ou hors-la-loi ? Selon son analyse, loin de menacer la démocratie, la désobéissance civile lui confère un nouveau souffle.
BIO EXPRESS 1987 Naissance 2014 Soutient sa thèse Ni paix ni guerre. Philosophie de la désobéissance civile et politique de la non-violence 2016 Les nouveaux désobéissants : citoyens ou horsla-loi ?, publié aux Éditions Le Bord de l’eau
Où le concept de désobéissance civile puise-t-il ses racines ? Le précurseur de la désobéissance civile est le philosophe et naturaliste américain Henry David Thoreau (1817-1862). Pendant six ans, il a refusé de payer ses impôts à l’État esclavagiste du Massachusetts pour ne pas se rendre complice d’une politique inhumaine. Après avoir été emprisonné, il a tenu un discours, publié à compte d’auteur, Résistance au gouvernement civil, et réédité après sa mort sous le titre La Désobéissance civile. Thoreau y avance ces idées fondatrices : « ce qui est légal n’est pas forcément légitime » ; « face à un conflit entre le juste et la loi, je fais prévaloir ce que me dit ma conscience » ; « sous un gouvernement injuste, la place d’un citoyen juste est en prison » ; « le destin d’un pays ne dépend pas du bulletin que vous déposez dans l’urne une fois par an, mais du citoyen que vous déposez depuis votre chambre jusque dans la rue chaque matin. » Comment s’est développé ensuite le concept ? Gandhi et Martin Luther King se sont inscrits dans le sillon de Thoreau. Gandhi (1869-1948) apporta ces deux idées-clefs : la désobéissance civile doit être un acte collectif, massif, et pas individuel, afin d’inverser le rapport de force. L’action doit également être non violente, pour des raisons éthiques, mais aussi stratégiques : « Si nous, les Indiens, avons recours à la violence, nous allons perdre face à la puissance de feu britannique, alors que la non-violence va créer des scissions en interne chez l’adversaire. » De plus, Gandhi craignait que la condamnation publique
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de la violence ne prenne le pas sur la dénonciation de l’injustice combattue. Enfin, il pensait que d’une révolution violente ne pouvait naître qu’un régime violent. Il avait cette formule : « La fin est dans les moyens, comme l’arbre est dans la graine. » À la place de la violence, Gandhi a eu le génie de la dramaturgie. Martin Luther King (1929-1968) jouait aussi sur la symbolique. Et ce, avec d’autant plus de retombées que les années 1950 sont celles de l’entrée dans la société de l’image. Contrairement à ce que l’écriture de l’Histoire tente de gommer, Martin Luther King avait appelé, avant d’être assassiné, à une « convergence des luttes », lui qui était anticapitaliste et contre l’impérialisme américain. Comme Gandhi, il se battait contre un système dans sa globalité. Quelle définition donneriez-vous, aujourd’hui, de la désobéissance civile ? Le premier critère concerne l’action directe, qui s’oppose à la résignation et à l’élection. Le deuxième élément porte sur l’aspect collectif : cette action se fait dans l’intérêt général. Hannah Arendt distingue bien l’objecteur de conscience, qui demande individuellement de ne pas faire son service militaire, du désobéissant civil qui appelle à un changement de loi pour le bénéfice de tous. Troisième aspect : l’extralégalité. Les désobéissants ne sont pas systématiquement contre la législation, ils sont contre le légalisme qui est le fait de se soumettre de manière inconditionnelle à la loi en vigueur. Qu’en est-il du critère de non-violence ? C’est l’élément primordial : le désobéissant civil n’a pas recours à la violence. Et il accepte le conflit, la limite étant de ne pas porter atteinte
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L A DÉSOBÉISSANCE CIVILE
EXTINCTION REBELLIONDOSS DOSSIER-PORTFOLIO
LA NON-VIOLENCE EN ACTION
I
Lancé au Royaume-Uni en octobre 2018 par l’organisation environnementale Rising up !, Extinction Rebellion a essaimé en France et y prône la rébellion contre l’extinction du vivant.
ls ont « fait les gestes pour la planète, scruté leur empreinte carbone, signé des pétitions, marché pour le climat ». Comme « rien de cela n’a suffi », ils ont basculé dans la désobéissance civile. Le 24 mars 2019, sur la place de la Bourse, à Paris, cinq cents personnes ont lancé la branche française d’Extinction Rebellion (XR). Ce mouvement, né au Royaume-Uni en octobre 2018, prône la rébellion contre l’extinction du vivant. Son logo est révélateur de l’urgence d’agir. Sur fond vert, imprimé en noir, un sablier est représenté au milieu d’un cercle, symbole de notre planète.
« Quand l’État abandonne délibérément sa responsabilité de protéger ses citoyens, il rompt lui-même le contrat social. » Depuis l’estrade, les rebelles lisent leur tribune : « Parce que chaque dixième de degré compte, parce que chaque espèce disparue compte, parce que chaque minute compte. » Ils accusent : « En refusant de remettre en question le modèle économique qui nous a conduits à cette situation et de reconnaître qu’une croissance infinie dans un monde aux ressources limitées n’est pas viable, notre gouvernement est complice. » Et concluent : « Quand l’État abandonne délibérément sa responsabilité de protéger ses citoyens, il rompt lui-même le contrat social. (…) Nous sommes prêts à enfreindre la loi et à en subir les conséquences, y compris l’emprisonnement. » 28
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TON RADICAL ET APPROCHE SYSTÉMIQUE Les revendications de XR France sont au nombre de quatre : la reconnaissance de la gravité et de l’urgence des crises environnementales ; la réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre, en 2025, la neutralité carbone 1 ; l’arrêt de la destruction des écosystèmes océanique et terrestre ; enfin, la création d’une assemblée citoyenne chargée de décider des mesures pour atteindre ces objectifs et garante d’une transition juste et équitable. En soutien à ces exigences, les invités se succèdent, dont Pablo Servigne 2. Il évoque « la peur, qui montre le chemin du courage pour agir » et cite Greta Thunberg au sommet de Davos en janvier 2019 : « Je ne veux pas de votre espoir, je veux que vous paniquiez. » C’est ce ton radical et cette approche systémique qui ont attiré de nombreux activistes. Comme Maude, étudiante à Sciences Po Paris : « Si j’ai rejoint XR, c’est pour changer, à la racine, non pas seulement le climat, mais l’ensemble du système qui pollue aussi l’eau et les sols, sans retour en arrière possible. J’ai enfin trouvé un discours sans compromis qui n’hésite pas à dénoncer la domination capitaliste et les liens entre les mondes politique et financier. Un discours qui dit la vérité de façon frontale : si nous n’agissons pas, nous allons droit à l’effondrement de notre civilisation. » Ou Élizabeth, professeur des écoles à Montreuil (Seine-Saint-Denis) : « Le
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DOSS
JE PASSE
À L’ACTION Migrants, évasion fiscale, publicité, logement : d’autres causes que le climat et la biodiversité animent les désobéissants civils. Voici quelques pistes pour agir concrètement.
ÊTRE SOLIDAIRE DES MIGRANTS En 2017, Cédric Hérrou, agriculteur dans la vallée de la Roya, a été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir fait passer la frontière franco-italienne à environ deux cents migrants sans papiers. En 2018, en vertu du principe de fraternité, le Conseil constitutionnel a assoupli ce que l’on appelle communément le « délit de solidarité » qui prévoit des sanctions contre toute personne ayant aidé des étrangers en situation illégale, en les hébergeant, les nourrissant, les soignant, les informant sur leurs droits ou en les aidant à poursuivre leur voyage. Risque encouru : les Français qui aident des étrangers en situation irrégulière à passer la frontière sont passibles de cinq ans de prison et 30 000 euros d’amende. Par ailleurs, des condamnations pourraient encore être prononcées malgré l’assouplissement du délit de solidarité. La loi condamne en effet les « contreparties indirectes », une formule qui peut inclure les actions militantes et n’exonère que « l’aide apportée dans un but exclusivement humanitaire ». n
LUTTER CONTRE LE MATRAQUAGE PUBLICITAIRE Le collectif Les Déboulonneurs, présent dans une quinzaine de villes en France, organise depuis 2015 des actions de désobéissance civile contre le système publicitaire qui envahit l’espace public. Les Déboulonneurs défendent la « liberté de réception », soit le fait d’être libre d’aller vers un message commercial plutôt que le message ne s’impose à nous. Parmi les actions déployées : démonter des panneaux publicitaires, éteindre des enseignes, manifester contre l’installation de nouveaux supports publicitaires ou encore barbouiller des écrans numériques de messages comme « pub : marée noire sur la matière grise ». D’autres associations, comme Résistance à l’agression publicitaire, luttent également contre le matraquage publicitaire. Risque encouru : 3 750 euros d’amende pour un tag et travail d’intérêt général qui peut consisP O U R A L L E R P L U S L O IN ter en la réparation des dégâts causés. n • www.deboulonneurs.org • www.antipub.org
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J e a n - Pau l D ’ H e u e
, Guillaume NEry ET Franck Seguin bureau 233
L’APNÉE,
UNE MÉDITATION AQUATIQUE Quadruple champion du monde d’apnée, Guillaume Néry a fait évoluer sa pratique vers une démarche artistique en produisant des films avec sa compagne Julie Gautier et de belles images avec le photographe Franck Seguin. La respiration, c’est l’essence de la vie, pourquoi jouer avec cette fonction vitale ? Quand j’ai commencé, avec un copain, à l’adolescence, c’est vrai que nous étions dans une forme de transgression. Nos premières apnées n’étaient même pas dans l’eau. Mais s’il n’y avait eu que l’aspect transgressif, je me serais vite lassé. Ce fut un point d’entrée, une porte ouverte vers une quête de plénitude, un moment de méditation. Bien sûr, c’est un moment suspendu, on ne peut pas arrêter indéfiniment la respiration, mais on n’est jamais autant conscient de notre besoin de respirer que quand on arrête de le faire pendant un certain temps. Chaque reprise respiratoire est une délivrance, on est content de remonter à la surface, mais le moment avant, on est parfaitement bien. Toutes les expériences de privation, comme le jeûne [Guillaume Néry jeûne 36
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PORT
DOSSIER-PORTFOLIO
TFOLIO
Près de l’île Maurice, à la rencontre des cachalots. Première étape du projet « One Breath around the world » de Guillaume Néry, Julie Gautier et Franck Seguin.
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Maël ys Vésir
Et si on le faisait ensemble ?
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CLIMAT ET SI ON LE L’UNION FAIT LA FORCE
ENSEMB
Pour lutter plus efficacement contre le réchauffement climatique, permettre aux citoyens d’agir et aux dirigeants de changer de cap, des ONG forment des alliances. Quels sont les ingrédients pour qu’une coalition fonctionne ?
C
e vendredi soir, une dizaine de personnes ont rendez-vous dans le 10 e arrondissement de Paris pour visiter La Base, nouveau lieu éphémère de la mobilisation climat , c réé da ns la fou lée des marches citoyennes de l’automne 2018. Leur guide ? Lucas Francou. Coordinateur du lieu, il promène les curieux parmi les 700 mètres carrés regroupant un bar associatif, des espaces de stockage, de coworking et les bureaux de diverses associations, telles Alternatiba ou 350.org. « Ce lieu nous sert de relais logistique pour organiser des actions comme les marches pour le climat, les grèves des étudiants ou encore des actes de désobéissance civile tels que la République des pollueurs 1 », explique-t-il. Le côté très fonctionnel de La Base permet aussi, selon Victor Vauquois, membre de Partager c’est sympa, d’avancer plus vite ensemble : « Notre alliance marche parce qu’on se coordonne sur des actions ciblées. Avoir un lieu, cela permet d’avoir plus d’ambition. Pour la République des pollueurs, La Base était en ébullition, chaque pièce était occupée. Pendant qu’on préparait une retranscription vidéo, les membres d’Alternatiba mettaient au point l’organisation de la journée. 44
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L’équipe de communication de Greenpeace était aussi présente pendant que des bénévoles de La Base s’occupaient de la logistique. C’était une belle fourmilière. » Se rassembler autour d’actions concrètes, c’est aussi le moteur du Collectif pour une transition citoyenne (CTC), créé en 2013, qui regroupe vingtsept membres aussi divers que Les Amis de la Terre, la Nef, Colibris ou Artisans du Monde. « Notre idée est de se coordonner autour de projets très opérationnels et d’avancer dans un cadre pour ne pas s’éparpiller », affirme Aliette Lacroix, coordinatrice. Et ça marche ! « Chaque année, en septembre, le CTC organise la Fête des Possibles, un événement qui rend visibles des milliers d’initiatives locales inspirantes », raconte Aliette. En 2018, 600 000 participants étaient présents aux 1 139 rendez-vous organisés dans toute la France. « On travaille également sur un Pacte pour la Transition qui vise à renforcer la participation citoyenne en élaborant trente-deux mesures concrètes pour construire des communes plus écologiques en vue des prochaines municipales. »
FORMER UN RÉSEAU D’EXPERTISE Pour mettre en place ce Pacte pour la Transition, le CTC s’est appuyé en partie sur l’expertise du
F l oren t L am on tagn e
E n q u e^ t e de sens
CLÉMENCE DEBORD SOLUTIONS
DES LIVRES
EN QUÊTE
À LA VIGNE En 2014, alors éditrice à Paris, Clémence Debord décide de tourner la page pour se reconvertir dans le vin sur les terres familiales tarnaises.
J
«
e n’osais pas me l’avouer, mais ça trottait dans ma tête inconsciemment. Ça devait se faire ! » Voilà comment Clémence Debord, 36 ans, résume sa nouvelle vie. En cinq ans, elle est passée d’une vie parisienne « installée » dans l’édition à un quotidien de vigneronne dans le Gaillacois. Juillet 2014. Au lendemain de son mariage, Clément échange avec Jean, son beau-père, courtier en vins, qui lui exprime ses regrets de n’avoir jamais pu créer un domaine viticole familial. Ces révélations remontent jusqu’à Clémence qui ouvre les yeux. C’est le bon moment pour elle de se lancer aux côtés de Clément et de sa famille dans la production de vin. Ce n’était pourtant pas gagné pour la petite fille qui accompagnait autrefois son père dans les vignes sans passion. Après des études de littérature et d’édition, elle s’installe à Paris et mène une vie confortable avec son futur mari, informaticien. Mais la vie en ville a ses limites. Les convictions de Clémence, son histoire familiale, l’envie d’ailleurs et de construire avec Clément la rattrapent. Ce bouleversement est acté en trois jours autour d’un projet qui respecte ses valeurs : une production viticole en bio. « Sans cette approche, nous n’y serions pas allés ! Il fallait un sens, sentir qu’on avance dans la bonne direction, vers des produits sains et qualitatifs »,
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explique Clémence. Dès lors, les questions se multiplient : coût et viabilité du projet, connaissance du secteur… Elles trouvent réponse dans la motivation et une part d’insouciance, à l’ombre d’un père bienveillant, propriétaire des terres et de matériel, qui prodigue de bons conseils. Ne reste plus qu’à le convaincre de travailler en bio. Le projet se met en marche et le couple se donne cinq ans.
LE TEMPS DE LA RÉFLEXION Trois années auront été nécessaires pour élaborer, en septembre 2016, la première cuvée, dont un an pour « solder » Paris et rejoindre Gaillac, en août 2015, et le reste pour « se faire la main ». « Après réflexion, nous n’avons pas entrepris de formation spécifique. Mon père nous a épaulés ainsi que plusieurs personnes du Gaillacois », explique Clémence. L’échange avec des techniciens, des acteurs de la chambre d’agriculture ou encore des associations, comme Terre de Gaillac, qui défend la production des vins bio, ou Les Z’elles Gaillacoises, un collectif de vigneronnes, a été riche en enseignements. Outre l’apprentissage technique de la taille de la vigne, la gestion de la récolte ou des assemblages, Clémence travaille son sens créatif pour choisir les noms du domaine (La Petite Tuile vient de Téoulet, le nom de la route qui mène à la
Mar ion D u gren ier
UN VÉLO
GoU^t de l'enfance
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POUR 10 GOÛT ANS DE Chaque année, jusqu’à leurs 10 ans, des enfants viennent échanger gratuitement leur vélo pour un autre, recyclé et adapté à leur taille. Lancé par l’atelier d’autoréparation SoliCycle de Saint-Denis, le projet écolo et solidaire sensibilise dès le plus jeune âge aux bienfaits de l’économie circulaire et de la pratique du deux-roues.
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a roue avant du vélo de Yanis *, 3 ans, est à plat. Avec Nader, son papa, ils sont venus à la Maison du vélo de Saint-Denis pour le réparer. « Le vélo est mort », annonce le père de but en blanc. « Non, la chambre à air est simplement crevée, le rassure l’un des mécaniciens de l’atelier. C’est réparable. » Exit l’excuse de l’inexpérience ! Ici, petits et grands cyclistes bénéficient des conseils de professionnels pour réparer eux-mêmes leur monture. Une façon « d’augmenter significativement l’usage du vélo dans les déplacements quotidiens », assure l’association. Mais Yanis a d’autres desseins en tête cet aprèsmidi-là. Il a repéré une petite reine rouge flamboyant à la boutique de cycles d’occasion. « Ils sont venus pour une réparation, mais le vélo n’est plus adapté à la taille de l’enfant. Alors ils vont pouvoir repartir avec un vélo d’occasion plus grand, et l’ancien bénéficiera à quelqu’un d’autre ! », s’enthousiasme Mehdi Zainoune, coordinateur technique de SoliCycle.
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« UN VÉLO DONT ON PREND SOIN DURE PLUS LONGTEMPS » Depuis trois ans, l’association Études et chantiers Île-de-France, maison mère de SoliCycle, a lancé le programme « Un vélo pour 10 ans ». Le concept ? Chaque année, jusqu’à leurs 10 ans, les enfants 52
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échangent gratuitement leur vélo pour en avoir toujours un adapté à leur taille. En contrepartie, ils s’engagent à entretenir consciencieusement leur monture. « Un vélo dont on prend soin, c’est un vélo qui dure plus longtemps », justifie Marianne Ralu, en charge du projet. Les enfants bénéficiaires, issus de familles modestes et qui n’ont jamais eu de vélo, sont identifiés par les accueils de loisirs de la Ville de Saint-Denis, qui cofinance le projet. « Pour beaucoup de familles, c’est aussi l’occasion de découvrir le milieu associatif local », ajoute Marianne. Soixante Dionysiens, âgés de 5 à 8 ans, font déjà partie du projet. Et l’idée séduit au-delà des frontières franciliennes. De la Belgique jusqu’à Bayonne, où l’association Txirrind’Ola a mis en place un programme similaire, il y a sept ans. Moyennant une adhésion annuelle de 20 euros, tous les enfants de 2 à 9 ans peuvent y « échanger un vélo plus petit, en bon état, contre un plus grand, révisé par nos soins », explique Caroline, en service civique à Txirrind’Ola. Deux motivations à ces projets : « D’un côté, en les retapant, on remet ces vélos dans le circuit et on allonge leur cycle de vie, explique Marianne, de SoliCycle. En effet, beaucoup de vélos enfant finissent à la déchetterie dès que l’enfant a grandi. De plus, cela permet de sensibiliser à la pratique du vélo dès le plus jeune âge. Dans l’association, nous sommes tous des convaincus du vélo : il ne
Maël ys Vésir
ROUE LIBRE
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DUNKERQUE
LA GRATUITÉ DES BUS, ROUE ÇA PAYE !
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Le 1er septembre 2018, Dunkerque devenait la plus grande ville européenne à mettre en place la gratuité des transports 1. Un an plus tard, le dispositif est un succès économique, social et écologique.
n sortant de la gare, impossible de ne pas les voir. Bleu, rose, jaune, vert… Les bus flamboyants de la Ville de Dunkerque contrastent avec la couleur brique des bâtiments, arborant tous l’inscription « 100 % gratuit 7 jours sur 7 ». Depuis septembre 2018, les habitants de l’agglomération et les gens de passage n’ont plus besoin d’acheter un ticket ou un abonnement pour prendre le bus, un simple « bonjour » au conducteur suffit. « Je laisse ma voiture plus souvent devant chez moi maintenant », confie
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Yolande, 79 ans, qui attend le bus pour rentrer chez elle à Petite-Synthe. Comme Yolande, depuis le lancement du dispositif, 48 % des nouveaux usagers ont délaissé la voiture pour faire le même trajet en bus. Une petite révolution dans une ville où la culture de l’automobile a toujours été extrêmement forte. « Après la Seconde Guerre mondiale, la reconstruction de la ville a été pensée autour du déplacement en voiture et jusque dans les années 2010, moins de 5 % de la population utilisait le bus », explique Patrice Vergriete, maire et président de la Communauté urbaine de Dunkerque. « Il fallait donc une rupture avec le modèle existant en proposant la gratuité, un “choc psychologique” pour que les habitants s’approprient de nouveau les transports en commun. » Neuf mois seulement après le lancement, les bus ont vu leur fréquentation augmenter de 80 % en semaine et de plus de 140 % le week-end ! Ce succès n’aurait pas été possible sans une refonte totale du réseau en amont. « On ne pouvait pas se permettre de lancer la gratuité du jour au lendemain sur un réseau vieillissant qui n’avait pas été rénové depuis les années 1980 », explique Xavier Dairaine, chef de projet Transport à la Communauté urbaine de Dunkerque. Voies dédiées, feux prioritaires, remaniement des horaires… Dix-sept lignes de bus irriguent maintenant le réseau, dont cinq nouvelles
A pol l in e Stockh em
vent d'ailleurs SÉNÉGAL
SOLUTIONS
B r ieu c D ebon tr idder
BEER SHÉBA
L’AGROÉCOLOGIE VENT D’A AU CŒUR DU SAHEL Régénérer une agriculture naturelle, sans engrais chimiques ni pesticides, et montrer que la production est supérieure à celle de l’agriculture conventionnelle au Sénégal, c’est le projet de la ferme Beer Shéba. Un miracle en plein Sahel ? À l’évidence, un changement de paradigme.
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orsque l’on se rend à la ferme Beer Shéba, à 20 kilomètres de Mbour, près du village de Sandiara, on traverse un paysage désertique. Seuls de valeureux baobabs et quelques troupeaux de vaches et de chèvres colorent l’horizon. Dans cet environnement hostile, où la terre est comparable à du ciment, difficile de croire qu’en seulement quelques années, tant de verdure et de vie aient pu voir le jour. « Au début, il n’y avait rien, ces terres étaient réputées maudites par les villages alentour. Mais lorsque je suis venu ici, j’ai eu une vision incroyable : j’ai vu des arbres, des gens qui dansent, de la vie. C’est là que tout a commencé… », raconte Éric Toumieux, pasteur et coordinateur du projet. « Les débuts n’ont pas été faciles. Il a fallu forer à 106 mètres de profondeur pour finalement atteindre une source d’eau parfaitement douce. Le niveau stat ique est ensuite remonté à 21 mètres. » Quinze ans plus tard, les équipes de la ferme pompent en moyenne 100 mètres cubes d’eau par jour pour arroser leurs cultures et le niveau n’a pas bougé. C’est ainsi qu’est née « l’histoire d’une bonne nouvelle » : Beer Shéba, ou « puits du serment » en hébreu. Centre de ressources en permaculture et agroforesterie, Beer Shéba montre qu’une autre 60
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agriculture est possible. Depuis 2012, de jeunes fermiers venus de toute l’Afrique sont sélectionnés pour s’y former. Durant onze mois, ils disposent d’une parcelle qu’ils cultivent en payant l’eau et les semences. Beer Shéba leur achète ensuite tout ce qu’ils produisent au prix du marché local (Mbour). Pour contribuer à reverdir le Sahel, Beer Shéba enseigne une technique particulière d’agroforesterie inspirée d’un fermier zimbabwéen dont le but est de protéger les espèces existantes, telles que les repousses des souches d’arbre et les petits arbustes, et de les encourager à grandir 1. « Pratiquer la reforestation intensive aurait coûté très cher sans résultats garantis. La terre est trop compacte pour que les racines s’y développent. À la place, nous avons décidé de miser sur les semences qui ont survécu à la saison des pluies et de les stimuler », explique Éric. Cette « régénération naturelle assistée » a déjà fait ses preuves sur les 100 hectares du domaine : plus de soixante mille arbres se sont régénérés naturellement.
PAILLAGE, COMPOST ET TERMITES : LE COCKTAIL GAGNANT ! Pour produire légumes et céréales, Beer Shéba recourt aux techniques de la permaculture, cherchant à tirer profit des relations réciproques des espèces. « Alors que la terre n’avait jamais été
TRANSITION
BD REPO
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AUTONOMIE
D.I.Y. Sy l vie H am p i ki an O l ivi e r D e g o rc e
MINE DE
CAROTTE
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La carotte rendrait aimable et donnerait les fesses roses… Si ceci n’a jamais été prouvé scientifiquement, en revanche, il est avéré que la carottte est riche en carotène aux effets bonne mine.
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u commencement, la carotte était aussi pâlichonne que son gros cousin le panais. C’est par croisement avec des variétés orientales très colorées qu’est né, à la Renaissance, le légume qu’on connaît aujourd’hui. La carotte n’est donc pas un cosmétique à l’antique et nulle icône de beauté ne lui a donné ses lettres de noblesse, du moins pas avant Bugs Bunny.
LA CAROTTE SOUS LA LOUPE La carotte est surtout appréciée pour sa racine, pivot incontournable des cosmétiques naturels. Mais ses jolies fleurs en ombelle donnent une semence parfumée dont on extrait une huile essentielle et un hydrolat précieux. La carotte s’emploie donc sous diverses formes dans les soins DIY : • Carotte fraîche : elle est riche en sucres, fibres, nutriments divers, et surtout en bêta-carotène (provitamine A) et autres antioxydants. Connue pour embellir le teint, elle est également hydratante, anti-âge, antirides, tonifiante, adoucissante, détoxifiante. On l’emploie surtout crue, râpée ou mixée, sous forme de masque. • Jus de carotte : il illumine le teint et exerce un puissant effet antioxydant. Appliquez-le uniformément sur le visage, à petite dose. 68
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• Huile de carotte : d’une jolie couleur orangée, ce macérat huileux est antirides, anti-âge. Il donne bonne mine, prépare et entretient le bronzage. Mais ce n’est pas un protecteur solaire (ne pas appliquer avant de s’exposer pour bronzer). Il serait comédogène, donc à éviter sur peau acnéique. • Huile essentielle : elle est tonifiante réparatrice cutanée, antirides, et a un effet bonne mine. Elle stimulerait aussi la pousse des cheveux. On la dose à environ 2 %. • Hydrolat : il constitue une excellente lotion tonique pour les peaux ternes, fatiguées, fragiles.
CRÉEZ VOTRE MACÉRAT DE CAROTTE Choisissez de belles carottes bien fraîches. Nettoyez-les et coupez-les en rondelles d’environ 5 mm d’épaisseur. Si possible, laissez-les sécher à plat entre deux linges pendant vingt-quatre heures. Disposez les rondelles dans un bocal, jusqu’à mi-hauteur. Remplissez le bocal d’huile de tournesol, jusqu’en haut. Laissez macérer à température ambiante, autant que possible à la lumière du soleil, pendant deux-trois semaines, en agitant chaque jour. L’huile va prendre une belle couleur. Passez à travers un filtre à café ou une étamine, en pressant bien. Transvasez dans un flacon en verre teinté (conservation au moins six mois). n
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Véron iqu e B u r y
je vais bien, le monde va mieux
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AVIRON L A PA R E N T H È S E
JE VAIS BIEN LE M VIVIFIANTE
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Avant de glisser sur l’eau, on vérifie le réglage des cale-pieds afin d’avoir la position la plus confortable possible pour ramer.
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Glisser sur l’eau tout en travaillant l’ensemble des muscles de son corps, c’est ce que propose l’aviron. Une activité physique certes technique, mais qui a su se rendre accessible grâce à des embarcations plus stables. À tester quel que soit son âge.
u pied de La Défense, à quelques centaines de mètres en contrebas, sur la Seine, une vingtaine de personnes s’échappent doucement du tumulte de la ville. Les pieds fixés da ns leur emba rcat ion, elles s’éloignent en quelques coups de pelles vers les rives verdoyantes de l’île de Puteaux, telles des ombres chinoises. « L’aviron, c’est ma bouffée d’oxygène », sourit Gilles, 60 ans. Sur le ponton mouvant du Cercle nautique de France, cinq novices le regardent s’éloigner lentement sans faire de bruit. Envieux. « Cela semble si facile », souffle l’un d’eux avant de recentrer son attention sur les propos de Gaëtan Desbois, le moniteur du jour. « L’aviron n’est pas un sport naturel ni instinctif, tout se passe à l’envers. On rame dos à l’avancée du bateau, on est assis sur un siège qui coulisse. On dit même qu’il faut cinq ans avant de maîtriser un skiff (embarcation à une place, très étroite), mais ne vous inquiétez pas, on va commencer en douceur avec des bateaux plus larges et bien plus stables. » Face au groupe, cinq barques
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en plastique rouge sont positionnées, prêtes à partir. Le temps d’apprendre à « armer » le bateau en glissant « les deux pelles dans les dames de nage », d’ajuster les cale-pieds en fonction de la taille de leurs jambes et voilà nos cinq apprentis rameurs sur l’eau. « Attention, la main gauche doit toujours passer au-dessus de la main droite quand vous ramenez vos rames vers vous », rappelle le moniteur avant de grimper dans son canot à moteur.
UN SPORT TRÈS COMPLET Sur l’eau, le silence s’est installé. Le clapotis des vaguelettes sur les coques a étouffé le bruit de la ville. À l’ombre des arbres, les apprentis rameurs avancent désormais à leur rythme, concentrés sur leurs gestes et attentifs aux conseils de Gaëtan. « C’est génial ! », s’exclame Christine, 45 ans. Certes, « ce n’est pas toujours évident de réussir à bien coordonner son mouvement, mais c’est super de glisser comme ça sur l’eau. » Et ce n’est qu’un début. « Plus on rame et plus cela devient plaisant », prévient Emmanuelle, 55 ans et deux ans de pratique. Christine, elle, doit encore apprendre. « Maintenant que tu as compris le geste des bras, tu peux essayer d’utiliser aussi tes jambes pour te propulser », propose Gaëtan. C’est à ce moment précis que cela se complique et que l’on comprend en quoi l’aviron se distingue du canoë-kayak. Non
Gabrielle Paoli
vivre en oasis
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LA FERME DE CHENÈVRE
L’APPRENTISSAGECOL DU FAIRE-ENSEMBLE «
À
La ferme de Chenèvre ? « Un petit univers qui fait comprendre le grand monde ! » Située dans le Jura, cette oasis est à la fois un lieu de vie et un terrain d’expérimentation aux multiples facettes qui valorise la coopération.
l’origine de cette oasis, une mobilisation autour d’un lieu unique et isolé : la ferme de Chenèvre à La Chapelle-sur-Furieuse, dans le Jura. 25 hectares, un bâtiment ancien, dont certaines parties fort if iées remontent au x i i i e siècle. En 2015, lorsqu’elle apprend que la ferme est mise en vente, Manon, maraîchère, propose une réunion pour voir si d’autres personnes seraient intéressées pour l’acheter avec elle… Yorgos adhère immédiatement : « Des fermes comme ça, il n’y en a pas deux dans le coin ! » Un petit groupe de locaux, motivés, se constitue, bientôt rejoint par d’autres personnes venues de toute la France via le réseau Colibris. En février 2017, ce collectif de Colibris fait sa part dans l’histoire de dix personnes achète la ferme Kaizen ; présent dès l’origine du magagrâce à un emprunt auprès de zine, il l’inspire et l’accompagne au la Nef. Le projet mêle propriété collective, mixité entre habiquotidien. tat, activités et accueil, gouverEnvie d’agir ? Rejoignez le mouvement : www.colibris-lemouvement.org nance partagée, transition Une oasis est un lieu de vie ou de resécologique et lien social. Une sources qui incarne des valeurs d’écoSCI est créée à laquelle les résilogie et de partage. dents versent un loyer, de 150 à 500 euros par mois, en foncEnvie de créer, rejoindre une oasis ? tion de la surface occupée, de Toutes les informations sur www. sa nature et de son usage. Une colibris-lemouvement.org/projets/ association, sociétaire de la SCI, projet-oasis porte les différentes activités. 78
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UN LIEU DE VIE ET D’ACTIVITÉS Deux appartements, un atelier de céramique et un fournil ont été écorénovés. Cependant, il y aura au moins dix ans de chantier, en autoconstruction participative essentiellement. Des habitats légers permettent déjà à plusieurs foyers de vivre confortablement, tandis que la rénovation et l’ensemble de l’écoconception se déploient sur du temps long. Mais la ferme de Chenèvre, ce n’est pas qu’une histoire de logement et de bâti. « Nous souhaitions aussi faire de la ferme un lieu d’activités professionnelles diverses. Si l’on veut être autonomes et résilients, l’habitat ne suffit pas… », explique Manon. Très rapidement, elle a donc lancé son activité de maraîchage bio en traction animale pendant que Virginie installait son atelier de céramique. La première récolte de Manon a pris le chemin des Biocoop de la région, et les créations de Virginie ont été vendues dans la France entière. Terre de Pains, Scop montée par quatre artisans-boulangers bio, s’est emparée du fournil. Morgane, vigneronne voisine, va disposer sa prochaine vendange dans les caves, renouant ainsi le fil séculaire de l’activité vinicole du lieu. De son côté, Yorgos, passionné de restauration, mais écœuré des conditions d’exercice de celle-ci en ville, relance petit à petit son entreprise. Et Maryline réfléchit au développement d’un accueil touristique.
L'ÉQUILIBREAUTONOMIE DE L'ÉLASTIQUE
B ARM
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Pascal Greboval
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BONNES ADRESSES BORDEAUX DU BON, DU BIO EN ABONDANCE
SMART GREEN CORNER
M A N GE R
20, rue Castelnau d’Auros
LICHEN 30, rue du Palais Gallien - www.lichencafe.com « J’avais envie de créer le restaurant du futur, qu’il soit le plus résilient possible, avec une empreinte carbone la plus neutre possible », explique Damien, le créateur de Lichen. Côté contenant, du mobilier de récupération, des peintures bio et l’électricité Enercoop. Côté assiette, une cuisine pour les végétariens et les carnivores réalisée à partir de produits bio et locaux et des plats qui changent tous les jours. Côté boissons, des vins en biodynamie et de l’eau filtrée sur place. Un très bon spot pour prendre soin de sa santé.
GRAINES DE SAUVAGE 2, rue de Saintonge www.grainesdesauvage.com Damien est aussi à l’origine de Graines de Sauvage, traiteur et lieu éphémère, où l’on peut bruncher une partie de l’année.
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Un joli buffet de préparations chaudes ou froides, de saison, végétariennes et 100 % bio. Vous remplissez raisonnablement votre assiette, ajoutez une petite soupe et un dessert sur votre plateau et payez 9,50 euros : simple, savoureux et efficace pour manger rapidement, sainement et économiquement.
STATION GREEN CORNER 2, rue du Manège À deux pas, Station Green Corner repose sur la même approche bio, de saison et locale. Des légumes sont en vente comme dans une épicerie et s’ils ne sont pas vendus, ils sont cuisinés pour être savourés sur place ou emportés. À signaler : des pizzas bio et sans gluten faites maison.
Le Clech
AUTONOMIE
© Steve
NOS bonnes adresses
cui sin e
AUTONOMIE
, E N M,OD E ZE R O D E CHET ! Linda Louis
CUISINE LA POMME LA STAR DES FRUITS D’AUTOMNE L’adage « une pomme chaque matin éloigne le médecin » souligne l’importance de ce fruit dans notre alimentation. Récoltée au jardin ou achetée au marché, la pomme offre une chair, mais aussi une peau et un trognon qui se prêtent à de nombreuses préparations. AVEC DES POMMES ABÎMÉES Les pommes bio ou du jardin, dénuées de traitement, peuvent être piquées, tavelées, abîmées ici et là. Ne les jetez pas pour autant ! Triez-les, épluchez-les, délogez les parties pourries avec la pointe d’un couteau pour ne garder que la chair. Celle-ci peut être : - transformée en jus, à l’extracteur ; - émincée finement, mise à sécher, découpée en petits morceaux, puis mélangée dans un muesli maison, un cake aux fruits ; - transformée en compote, à congeler ou à stériliser ; - transformée en pâte de fruits en faisant cuire à feu vif jusqu’à épaississement le même poids de compote que de sucre, à faire sécher 24 heures avant de la couper en cubes, roulés dans du sucre.
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AVEC DES POMMES PEU GOÛTEUSES Donnez-leur une seconde vie en les transformant en chips ! Lavez-les, séchez-les, puis émincez-les finement à l’aide d’une mandoline. Disposez-les sur une grande plaque à pâtisserie et saupoudrezles d’un voile de sucre vanillé. Faites-les cuire au four à 80 °C pendant 2 heures. Laissez refroidir ces chips avant de les conserver dans un bocal. AVEC LES ÉPLUCHURES ET LES TROGNONS La recette la plus connue, la plus bluffante, c’est certainement celle de la gelée de pommes aux épluchures et aux trognons. Si vous n’en avez pas de grandes quantités, vous pouvez très bien les congeler dans un sac au fur à mesure de votre consommation de pommes. Ensuite, faites-les cuire directement dans une marmite avec de l’eau à niveau. La gelée de pommes se déguste sur des tartines de pain, peut être nappée sur un biscuit roulé ou utilisée pour abricoter une tarte.
cui sin e
AUTONOMIE
, CET INGRE DIENT BIO, J'EN FAIS QUOI ? Li n d a L o u i s
CUISINE
LE MISO MISEZ SUR CET ÉTONNANT ALIMENT ! Sa texture évoquant une tapenade d’olives et son goût fortement salé et aromatique interpellent nos papilles occidentales… Ne passez pas pour autant votre chemin : cette pâte fermentée de soja et de céréales d’origine japonaise sublime les plats en quelques cuillérées.
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AUTONOMIE SON PROCESSUS DE FABRICATION La préparation traditionnelle du miso demeure un savoir-faire complexe dont l’importance en Asie peut être comparée à celle du fromage ou du vin en Europe. Il est généralement élaboré à partir : - de koji, un ferment naturel à base de céréales (riz, orge ou pois chiche) trempées, cuites à la vapeur, puis ensemencées d’un champignon microscopique appelé Aspergillus oryzae, faisant partie des « pourritures nobles » comme les Penicillium des fromages bleus ; - de graines de soja (jaune) trempées, cuites à la vapeur, broyées, puis étendues sur des plateaux de bambou. Le koji est ensuite combiné avec le soja, du sel et de l’eau pour former une pâte. Celle-ci est stockée
dans des cuves ou de grands pots soigneusement fermés pour qu’elle puisse fermenter lentement dans un environnement anaérobique (sans oxygène). La deuxième fermentation s’amorce alors pour une durée variable (de 3 semaines à plusieurs années), suivant la recette de miso choisie.
CUISINE
SES ATOUTS SANTÉ Le miso permet de mieux digérer les aliments, de protéger naturellement notre flore intestinale et d’aider au bon fonctionnement de notre système immunitaire grâce aux lactobacilles et aux enzymes alimentaires qu’il contient. Nourrissant, il contient naturellement les huit acides aminés essentiels, des protéines, des glucides, des fibres, des vitamines B et une kyrielle de micronutriments.
LES DIFFÉRENTS TYPES DE MISO 1. Le miso de riz, kome miso, est le type de miso le plus clair et le plus doux, au temps de fermentation assez court (moins de 3 mois). La variété la plus connue en Occident est le shiro miso, de couleur beige, crémeux, au goût presque sucré, peu amer et moins salé que les autres misos. Il existe aussi une variante jaune (shinshu miso), à la saveur un peu plus marquée et un miso rouge à base de riz complet. - Ajoutez-en 1 cuillère à soupe dans les sauces (ketchup, béchamel), les vinaigrettes, les marinades, les dips de légumes, les soupes (carotte, panais, brocolis…), les nouilles, les risottos ou les desserts (cake aux fruits, biscuits, crème brûlée…). - Permet de saler agréablement toutes les préparations. Parfait pour les débutants. Plus ingrédient que condiment. 2. Le miso d’orge, mugi miso (parfois aka miso), principalement composé d’orge, de couleur plus sombre, rouge à brune, et au goût plus puissant, ayant un temps de fermentation moyen (entre 1 et 2 ans). Condiment à utiliser avec parcimonie. - Ajoutez-en une 1 cuillère à soupe dans les soupes, les marinades, les sauces fortes (au vin, gravy,
barbecue…), les légumes rôtis au four, la soupe à l’oignon, les poêlées de champignons, les gâteaux au chocolat de type brownies, cookies… - Permet d’aromatiser et corser les préparations, d’apporter dans des terrines végétales une saveur proche de la viande. Pour les amateurs de cuisine. 3. Le miso de soja, mame miso ou hatcho miso, qui est le plus sombre et le plus corsé des misos, contenant uniquement du soja et au temps de fermentation le plus long (2 à 3 ans). - Ajoutez-en 1 cuillère à café dans les soupes riches ou les plats d’hiver, les ramens, en mélange avec d’autres misos moins forts dans les marinades. - Pour les experts qui sauront bien doser ce condiment puissant. On ajoute toujours le miso hors du feu, en fin de cuisson, pour préserver ses propriétés nutritionnelles, à l’exception des recettes de pâtisserie dans lesquelles il est incorporé à la pâte pour apporter des notes de type beurre salé. Il se conserve des mois au réfrigérateur dans un pot bien fermé. Dans certaines enseignes bio, on le trouve désormais en vrac.
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RENDEZ-VOUS L’A GE N DA SEP TEM BRE- O C T O BRE 20 19
RENDEZ-VOUS
SEPTEMBRE
6 et 7 septembre Combloux (74) Rencontres ÉCO-logiques du Pays du Mont-Blanc : 1re édition www.mairie-combloux.fr
KAIZEN PRÉSENT ET PARTENAIRE 13 au 15 septembre Obernai (67) Biobernai : 16e édition Le salon de l’agriculture biologique en Alsace www.biobernai.com
KAIZEN PARTENAIRE 18 septembre Partout en France Artistes de la Vie Sortie du documentaire réalisé par Pierre Westelynck et produit par l’association On passe à l’acte Découvrez une galerie de portraits de citoyens engagés aux témoignages impactants et inspirants. Pour trouver ou organiser une projection : https://kameameahfilms.org/ artistes-de-la-vie/
KAIZEN PARTENAIRE 20 au 22 septembre Montpellier (34) Festival pour l’École de la Vie : 5e édition L’événement de la rentrée des classes pour découvrir le meilleur des innovations pédagogiques ! Conférences, ateliers, projections. Château de Flaugergues 1744, avenue Albert-Einstein www.festival-ecole-de-la-vie.fr
6 octobre Laval (53) Stage : Wutao Avec Florence Pauchet www.energetiquechinoise. com/wutao-rennes.html
23 au 27 septembre Lablachère (07) Stage : Le jardin vivrier écologique Organisé par Terre & Humanisme www.formation.terrehumanisme.org
KAIZEN PRÉSENT ET PARTENAIRE 12 et 13 octobre Guichen (35) Salon Ille & Bio Le salon bio de la région rennaise www.illeetbio.org
28 et 29 septembre Cornimont (88) Fête des Simples : 11e édition Festival des producteurscueilleurs de plantes aromatiques et médicinales du syndicat S.I.M.P.L.E.S. www.fetedessimples.org
KAIZEN PRÉSENT ET PARTENAIRE 11 au 13 octobre Nantes (44) Salon Zen & Bio Parc des Expositions www.salon-zenetbio.com/ nantes
17 au 20 octobre La Roche-sur-Grane (26) Pause partagée aux Amanins Avec Pierre Rabhi Thème : La sobriété heureuse www.lesamanins.com
À VENIR O C TO B R E 5 et 6 octobre Lablachère (07) Stage : Plantes sauvages comestibles Organisé par Terre & Humanisme www.formation.terrehumanisme.org
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KAIZEN PRÉSENT ET PARTENAIRE 2 au 11 novembre Paris Salon Marjolaine Le plus grand salon bio de France Parc floral de Paris www.salon-marjolaine.com
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