Kaizen 5 : De l'eau pour tous, comment faire ?

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I

SOCIÉTÉ

I

SANTÉ

I

ÉCONOMIE

I

AGRICULTURE

I

HABITAT

I

ÉNERGIE

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ÉDUCATION

I

GOUVERNANCE

I

CHANGER LE MONDE PAS À PAS

DOSSIER DE L’EAU POUR TOUS, COMMENT FAIRE ?

rine, 275g de fa Mélanger à lever, 4 c. à c. dre 5g de pou ge pain d’épices, n la é m e d e sel 1 pincée d pient. ci ré n u s n a d re 250g Faire fond de beurre à g 0 0 1 de miel et ux, y incorporer feu très do cre et 1 oeuf 100g de su r ce mélange e battu. Vers ient, mélanger. p ci ré le s dan ire à 180° moule. Cu Remplir le 30min puis à 150° pendant ant 20min. pend

VANDANA SHIVA OGM, SEMENCES ET DÉMOCRATIE

Suivez la construction de nos nouveaux bâtiments écologiques sur notre page facebook http://www.facebook.com/arcadie.bio

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NUMÉRO 5 - NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2012

© Ulrike Skadow - Nicolas Leser

PORTFOLIO RÉVOLUTION VOLCANIQUE ÉCONOMIE OPEN SOURCE, L’ESPRIT DU DON NUMÉRO 5 NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2012

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Editeur SARL EKO LIBRIS au capital de 10 000 €. 95 rue du faubourg Saint Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.com Magazine bimestriel numéro 5 novembre-décembre 2012 Imprimé sur papier recyclé blanchi sans chlore Directeur de la publication Yvan Saint-Jours Directeur de la rédaction Cyril Dion Rédacteur en chef Pascal Greboval Secrétaire de rédaction Lucile Vannier Contact contact@kaizen-magazine.fr Abonnements abonnement@kaizen-magazine.fr Comptabilité et administration administration@kaizen-magazine.fr Rédaction redaction@kaizen-magazine.fr Couverture Philippe Crochet Maquette et mise en page Agence Saluces Avignon SIREN : 539 732 990 APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 92284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières les vallées

Régie de Publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse, Sandrine Novarino Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Aucun texte et illustration ne peuvent être reproduits sans autorisation du magazine. Merci

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’eau est vitale pour l’humanité. Je veux dire, l’eau potable, l’eau pure qui nous permet chaque jour de nous hydrater et de nous régénérer. Les semences sont vitales pour l’humanité.Je veux dire les semences naturelles, anciennes, reproductibles, non modifiées génétiquement. La terre est vitale pour l’humanité. Je veux dire la terre fertile, saine, gorgée de vie bactérienne, capable d’accueillir les plantes qui nous nourrissent, d’y couver les graines et de produire le miracle de la germination. L’air est vital pour l’humanité. Je veux dire l’air pur, non irradié, non chargé de gaz d’échappement, d’usine ou de pesticides. Nous savons tout cela, bien entendu. Et pourtant, toutes ces choses que nous avons coutume d’appeler les « biens communs de l’humanité » sont lentement accaparées par des sociétés privées (ou progressivement dégradées par des pratiques industrielles en masse). Le calcul est assez simple et promet des revenus aussi durables qu’exponentiels. Il augure également un pouvoir ahurissant susceptible de supplanter celui des États.

édito

Personne d’autre que nous ne peut arrêter cette dérive inédite. Dans ce numéro, nous vous proposons de vous pencher sur la question de l’eau (voir notre dossier) et sur celle des semences à travers notre rencontre avec Vandana Shiva. Parallèlement, nous vous encourageons à découvrir les films « Tous cobayes » portant sur la question des OGM et du nucléaire et de le compléter par « Les semences prennent le maquis » qui offre des perspectives d’actions constructives dans ce domaine. Vous pouvez retrouver les bandes-annonces sur le tout nouveau site de Kaizen : www.kaizen-magazine.com ainsi que bien d’autres choses. Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir à la lecture de ce nouveau numéro.

Cyril Dion DIRECTEUR DE LA RÉDACTION

© M. Leynaud

KAIZEN «Changer le monde pas à pas»

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kaizen 5 novembre décembre 2012

sommaire

C BELGIQUE

A

73 58 G

B

A 58

LUXEMBOURG

A

A A

A 23

Édito

3

Sommaire

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Manifeste

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ils sont Kaizen

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Actus des réseaux

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Désenfumage : Cinéma et propagande

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Et si on le faisait : accoucher à la maison

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Ensemble on va plus loin : Les micromagasins des 3 ptits pois

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Le dossier : de l’eau pour tous, comment faire ?

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Portfolio : Révolution volcanique par Philippe Crochet

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Portraits de colibris : Deux blogueuses qui changent le monde

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Changeons l’économie : Open source, l’esprit du don

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Infographie : qu'allez-vous faire aujourd'hui ?

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Roue libre : les cadres à vélo

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Yes they can : Brooklyn l’art du recyclage

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Ma santé, notre planète : Vananda Shiva : OGM, semences et démocratie

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SUISSE

A A 18

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E 58

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A

A D

E S PAG N E

DOM TOM

Le sourire d’Yvan : "rire est le propre de l'homme" 71 Le bon plan : Paris XIe

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Sauvage et délicieux : l’églantier

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Chronique de Pierre Rabhi : eau, cristal de vie

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MANIFESTE POUR UN CHANGEMENT DU MONDE PAS À PAS L

’humanité se trouve aujourd’hui face à un ultimatum, qui nous oblige à changer pour ne pas disparaître. La logique du progrès, qui aspirait à libérer l’être humain et à améliorer sa condition, est à l’évidence en train de l’incarcérer encore d’avantage. Dans un monde où l’indigence côtoie un superflu sans limite et où toute puissance est donnée à l’argent, les déflagrations sociales ne peuvent que s’amplifier et convulser l’ensemble de la société. L’ère de la technologie fondée sur les combustions énergétiques a relégué la nature, pourtant seule garante de notre survie, à un simple gisement de ressources à piller indéfiniment. Ce faisant, elle lui inflige des dommages considérables. Face à cet implacable constat nous aurions toutes les raisons de désespérer et pourtant, silencieusement, un nouveau monde est en marche. Tandis que la politique exerce une sorte d’acharnement thérapeutique sur un modèle obsolète, la société civile fait preuve d’un génie extraordinaire. Aux quatre coins du monde, des femmes et des hommes inventent une agriculture abondante, sans pétrole, fondée sur la diversité et l’interdépendance des espèces ; des modèles énergétiques utilisant les forces inépuisables de l’eau, du soleil et du vent ; des bâtiments ultra économes, faits de matériaux sains et locaux, produisant plus d’énergie

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qu’ils n’en consomment ; des économies locales qui organisent une répartition équitable de nos richesses et encouragent l’autonomie du plus grand nombre ; des modèles industriels zéro déchet, utilisant les rebuts pour créer des produits nouveaux ; des lieux où chaque enfant peut s’épanouir et découvrir qui il est… Ces initiatives sont la preuve de vitalité de la vie qui veut vivre. C’est à ce monde que nous choisissons de donner la parole aujourd’hui, à ces personnes qui portent les (r)évolutions que nous attendons, à ces initiatives pionnières qui, par leur simplicité et leur bon sens, nous offrent de nouveaux horizons, de véritables raisons de croire en l’avenir. Pourtant, il ne s’agit pas de proposer ici un énième catalogue de solutions. Les initiatives, pour elles-mêmes, nous intéressent moins que l’esprit qui les porte. Car au delà de remplacer les énergies fossiles par les renouvelables ou l’agriculture chimique par la bio, c’est à l’âme humaine que nous nous intéressons. Au sens que nous donnons à nos vies, à nos capacités d’empathie et d’émerveillement, à notre profond désir d’être libres. Plus que tout, nous croyons qu’il ne peut y avoir de réelle métamorphose de nos sociétés sans un profond changement de

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Ils sont ceux qui la composent : chacune et chacun d’entre nous. Avec créativité, humour, légèreté et rigueur, nous nous engageons, au fil des pages de Kaizen, à inventer un nouveau rêve, et à le concrétiser en même temps. Plus que jamais nous avons soif d’inspiration et de reliance, pour construire dès à présent ce monde nouveau, dans lequel vivront demain nos enfants, leurs enfants et les enfants de leurs enfants… Le temps est venu de placer l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations et de nous appuyer sur la puissance de la modération pour un vivre ensemble apaisé et heureux. L’argent peut acheter beaucoup de choses, mais pas la joie à laquelle chacune et chacun d’entre nous aspire de tout son être.

Kaizen késaco ?

Kaizen est un mot japonais qui signifie littéralement «changement bon». Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un second puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau.

Pierre Rabhi Agriculteur, écrivain et penseur français d’origine algérienne, il défend un mode de société plus respectueux de l’homme et de la nature. Il soutient le développement de l’agroécologie à travers le monde pour contribuer à l’autonomisation, la sécurité et la salubrité alimentaire des populations. Yvan Saint-Jours Objecteur de conscience, journaliste, fondateur du magazine La Maison écologique, je suis investi dans Colibris depuis quelques années. Si les questions d’habitat et d’énergie sont ma passion, je m’intéresse fortement à la place de l’enfant dans notre société. J’aime me promener au grand air souvent humide en Normandie. Cyril Dion Depuis que j’ai douze ans, je n’ai eu qu’une idée en tête : écrire. A dix-huit ans, je voulais créer la nouvelle revue «Les Temps Modernes» qui parlerait de notre temps, avec des penseurs, des artistes, qui nous aideraient à regarder le monde dans lequel nous vivons. Et écrire dedans. Aujourd’hui je fais beaucoup de choses passionnantes, parmi lesquelles : Kaizen ! Pascal Greboval Je vous imagine en train de lire cette page, ce magazine, assis dans votre fauteuil, debout dans les transports en commun, allongé sous la couette ; qui êtes vous ? Je ne le saurai pas, je peux juste l’imaginer ! Alors je vous laisse imaginer qui je suis… Patrick Baldassari La « finance » c’était pour moi ce qui devait permettre à chacun d’être heureux, et puis j’ai découvert à travers mes passions - la plongée, le VTT et la randonnée que c’était tout le contraire… Que notre terre et notre mer étaient l’objet de convoitise, que le futur n’avait plus d’importance, que le profit primait sur l’humain, que le pouvoir prenait le pas sur l’intérêt collectif… Fort de ces constats, je me suis joint à l’équipe de Kaizen pour défendre d’autres valeurs tout en

essayant d’apporter mes compétences dans le domaine administratif et financier.

Journaliste entrepreneuse, elle optimise sans cesse son temps pour vivre de sa passion.

Sandrine Novarino Fille de paysans, de formation agricole, passionnée de nature et de grands espaces, de lecture et de liberté… Je n’ai qu’un seul amour : Celui de la Terre ! Mon utopie, construire un monde meilleur où règnent beauté, harmonie et sagesse. Devant les causes défendues par le réseau Colibris et à travers l’équipe rédactionnelle du magazine, Alterrenat Presse a rejoint le navire, avec un grand enthousiasme!

Xavier de Mazenod Néo-rural militant, individualiste qui ne sait vivre qu’avec les autres, je suis consultant dans le domaine de la stratégie Internet et fondateur de Zevillage.net, site d’information et réseau social du télétravail, du coworking et des nouvelles formes de travail.

Lucile Vannier Si vous saviez tout ce qui se passe dans les coulisses d’un texte… Linda Louis Épikurienne dans l’âme, je vois toujours la vie en Kaizen : préparer des boulettes de kasha, des cuirs de kiwi, du ketchup pour mes kids, chiner de la vaisselle kitsch, boire des kirs berrichons avec mes amis (et le lendemain du kéfir), bref ma spécialité, c’est la kuisine ! Julie Graux A Bruxelles, le jardin d’enfant où j’ai passé mes trois premières années d’école s’appelait «Le colibri»... Après j’ai butiné, comme lui, partout. Me voilà illustratrice et paysanne-boulangère bio dans le Perche avec Erik et nos trois filles Le Cil Vert Dessinateur de BD perdant inexorablement ses cheveux. Dans son panier : des strips dans les magazines Esprit Village, Macadam, des dessins pour le CCFD-Terre Solidaire, les presses d’Ile de France, prochainement pour le CFSI... Et une BD écolo écrite avec JeanFred Cambianica : «Braillane, on est tous des jambons».

Stéphane Perraud Journaliste pour La Maison Ecologique, l’Esprit Village, Les 4 Saisons du jardin bio et aujourd’hui Kaizen, je m’intéresse à l’agriculture, à l’habitat et aux transports. Ou comment se nourrir, se loger et se déplacer de façon écologique. J’aime les reportages à forte dimension humaine. Et quand j’ai du temps pour moi, je le passe sur mon vélo, au jardin, je cuisine, et par-dessus tout je danse, je danse, je danse… Nathalie Jouat Jeune maman aventurière, j’écris depuis plusieurs années sur la thématique de l’environnement, d’une vie simple et green. J’habite un endroit magique où j’élève ma fille avec la «positive attitude» ! Jean-Claude Mengoni Italien de souche et de ventre (j'adore la pasta al formaggio), né en Belgique, je vis en Drôme aujourd'hui et Dieu sait où demain. Je suis auteur aux éditions "Terre Vivante", pigiste pour quelques magazines. Je développe une activité d'accueil ... tout en rêvant de décroissance professionnelle. J'ai été séduit par la vision positive de Kaizen, même si parfois mon côté potache a du mal à ne pas être dans la dénonciation des injustices et des dérives de notre "merveilleuse" société libérale.

Anne-Sophie Novel Anne-Sophie est une COrévolutionnaire de première ! EcoloGeek, elle a fondé le portail Ecolo-Info il y a 5 ans. Les liens entre numérique et écologie l’intriguent autant pour l’esprit que pour la philosophie de convivialité qu’ils soutiennent.

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Propagande et cinéma TEXTE CYRIL DION ET DESSINS JULIE GRAUX

1 er nove mb présente re 1895 : les frè res Skla nt un pr em danowsk à Berlin y ; l’histoir ier film de 15 m inutes e retient frères L umière le que ce s ont les s in 28 décem bre 1895 venteurs du cin éma (le ) 1926 : L a firme Warner film par pro lant, av ec Don J pose le premièr simplem uan, où ent ajou l'on a té u puis vien t le Chan ne musique à l' image, teur de jazz en 1 927 2011 : le ré Philippe alisateur franco -australi Mora tro en uve deux propaga films de ndev du cinéma 1936, ils n azi réali seraient sés en le ancêtre du ciném s premiers film s en reli a 3D ef,

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e cinéma c’est chouette. Et puis c’est divertissant. Ca change les idées quand, dans la rue, les gens sont allongés au milieu du trottoir, tous pleins de crasse et de croûtes. Ce n’est pas comme la télévision qui nous rabâche sans cesse qu’il y a la crise, que la planète est saccagée, qu’il va falloir faire des efforts. Des efforts j’en fais. Tous les jours. Travailler, c’est tout de même un effort non ? Ce n’est pas comme si ça me passionnait. Non, ce que j’aime, c’est le cinéma. Parfois, lorsque je regarde l’écran et que je pense au film qui va finir, j’ai une

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boule d’angoisse dans la gorge. Alors, il m’arrive d’y retourner aussi sec et de regarder un deuxième film. Quand je rentre chez moi, j’y pense encore. Je revois les personnages, je voudrais vivre comme eux, dans ces grandes villes où la fumée sort des bouches d’aération, où les taxis jaunes vous attrapent au coin d’une rue et vous emportent vers une belle fille qui vous regarde avec des yeux humides, où les héros savent donner des coups de poing, où leur jean retombe parfaitement sur leurs chaussures. Ca me sort du petit appartement où je vis, du bruit, des cris, des arbres qu’ils ont coupés en bas pour agrandir le parking. Oui, j’aime le cinéma. Mais depuis mercredi dernier, j’ai le vague à l’âme. J’étais parti voir une comédie romantique qui me faisait saliver depuis un moment. J’avais préparé mon esprit à se glisser dans l’atmosphère suave de l’histoire d’amour impossible qui finirait forcément par devenir possible après 1h45 de circonvolutions, d’espoirs déçus et de rebondissements. Mais à peine arrivé sur le quai du métro, on annonce un incident voyageur. Je file prendre le bus qui met

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Accoucher à la maison ? Naturellement ! TEXTE NATHALIE JOUAT ET DESSINS LE CIL VERT

Donner la vie est un parcours balisé et médicalisé. Pour les couples qui aspirent à vivre une naissance naturelle entourée de simplicité, il existe des solutions hors des maternités. Accoucher à la maison, si on en parlait ? RETOUR AUX SOURCES

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’OMS1 estime que 90% des naissances dans le monde ont lieu loin des hôpitaux. Un constat valable dans les pays du Sud, où la médicalisation est difficile ou inexistante, mais

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également chez nous. Au siècle dernier l’évolution du confort, de l’hygiène, les changements profonds dans le quotidien des femmes ont banalisé les naissances en structure médicale. La mortalité infantile et maternelle a diminué, aide et soins ont réduit la souffrance et les possibles complications. Mais dans les années 80 la réflexion autour de la féminité et du don de la vie refait surface. L’accouchement à domicile, qui a connu une forte baisse de popularité, se relève. Aujourd’hui en France, elles sont moins de 2% à faire ce choix (environ 3000 bébés par an). Donner la vie n’est pas un acte anodin, mais la gestation n’est pas une maladie ! Les raisons qui poussent les couples à se tourner vers l’accouchement à domicile sont diverses. « Pendant neuf mois, nous avons été accompagnés par une sage-femme libérale, professionnelle de

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Ensemble, on va plus loin

Des micromagasins chez l’habitant TEXTE ET PHOTOS STÉPHANE PERRAUD

Imaginez un magasin bio accessible 24 heures sur 24 en bas de chez vous. Un rêve ? Une réalité pour 150 foyers lyonnais qui disposent d’un micromagasin à domicile. Une idée développée par l’épicerie 3 ptits pois. Quand les clients se font consommac’teurs… CONSOMMER AUTREMENT Sur la terrasse de Leila, le livreur de 3 ptits pois dépose un sac de 25 kg de pâtes bio, un bac de farine en vrac, une dizaine de paquets de café, deux caisses de bières, 50 rouleaux de papier toilette écolo… Comme tous les mois, le micromagasin de Saint-Just - un quartier de Lyon excentré sur la colline de Fourvière - fait le plein. Plusieurs voisines sont là pour réceptionner les marchandises et les disposer sur les étagères installées à l’entrée de l’appartement de Leila. A l’automne 2010, cette quinquagénaire à l’énergie communicative, professeur de yoga et de piano, a proposé à son voisinage de transformer le vestiaire de sa

salle de yoga en micromagasin. Vingt foyers des rues adjacentes se sont lancés dans l’aventure et viennent désormais se servir à toute heure du jour ou de la nuit. Une aubaine, dans ce quartier qui ne compte aucune épicerie bio ! Chacun note ce qu’il prend au quotidien et règle la totalité de ses courses à la livraison suivante. Certains sont devenus accros au micromagasin au point de ne plus faire leurs courses ailleurs. A commencer par Leila, qui ne se sert qu’ici et au marché pour les produits frais. En deux ans, Séverine, sa voisine d’immeuble, a délaissé les supermarchés et totalement modifié sa façon de consommer. « Dans les grandes surfaces, j’anticipais sur mes besoins et j’achetais trop. Ici, je ne prends que le nécessaire. Et je ne manque de rien. Si des invités débarquent un soir à l’improviste, je n’ai qu’un escalier à descendre pour faire mes courses », explique cette mère de deux enfants devenue une adepte du quinoa, découvert sur les étagères du micromagasin. UNE IDÉE GÉNÉREUSE Une initiative peu banale proposée par Olivier Bidaut et Julien Weste, deux jeunes Lyonnais inventifs et militants. En 2010, ils montent l’épicerie bio 3 ptits pois au centre ville et proposent en parallèle à leurs clients éloignés de créer des micromagasins chez eux. Leur devise est drôle et ambitieuse : Un ptit pois pour moi, un grand pas pour l’humanité ! Derrière la formule, une réalité. « Tous nos produits sont bio et essentiellement d’origine locale, explique Olivier. Nous achetons directement aux KAIZEN | NOVEMBRE — DÉCEMBRE 2012

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Dossier

De l’eau pour tous,

comment faire ? L’eau nous permet de nous hydrater, de nous laver, de cultiver, de produire, de transformer et de créer. Rien ne peut naître sans elle. Elle est le carburant de tout notre être, le cœur de la vie sur Terre. Sommes-nous conscients que les ressources sont limitées et fragiles, nous qui la faisons apparaître d’un simple geste ? L’eau est objet de convoitises des multinationales, des États, du marché, de l’agriculture. Elle est, doit être un bien commun, il nous revient de la protéger ensemble. Chacun d’entre nous peut participer à cette action collective. DOSSIER RÉALISÉ PAR JEAN-CLAUDE MENGONI PHOTOS PASCAL GREBOVAL SAUF MENTIONS CONTRAIRES

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Cela s'écrit eau, cela s'écrit démocratie L’ACCÈS À UNE EAU POTABLE DE QUALITÉ, DROIT FONDAMENTAL

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ne résolution de L’ONU votée en juillet 2010 proclame « droit humain fondamental » l’accès pour tous à l’eau potable et à son assainissement, au même titre que la liberté d’expression. Depuis vingt ans, la gestion de ces missions tend à se concentrer entre les mains de quelques multinationales1, dont les deux leaders incontestés - Véolia-Vivendi (ex-Compagnie Générale des Eaux), Suez (ex-Lyonnaise des Eaux) - sont Français. Ces mêmes multinationales ont créé le « Forum Mondial de l’Eau », grandes conférences dont les ONG dénoncent « la surreprésentation des entreprises prônant une gestion privée de l’eau sous une image altruiste et humaniste 2 ». Tendance largement appuyée par la Banque Mondiale et le FMI qui n’accordent souvent leur aide et le rééchelonnement de la dette des pays en voie de développement qu’à condition d’y privatiser les services publics, dont la gestion de l’eau3. Le problème s’aggrave encore quand des grandes firmes privées - Coca Cola, Pepsi Cola, Nestlé et bien d’autres - achètent4 les nappes phréatiques pour un usage à leur seul profit. « La résolution de l’ONU résonne comme une bataille pour la vie, martèle Riccardo Petrella, président de l’Institut Européen

de recherche sur la politique de l’eau (IERPE). Les Nations Unies ont clairement affirmé que nous ne pouvions plus accepter le fait qu’un milliard et demi de personnes n’aient pas accès à l’eau, ni que près de trois milliards d’humains n’aient simplement pas de latrines ». Un groupe de pays, dont la Bolivie était le porte-étendard, a décrypté les intentions réelles des organisateurs du forum mondial de l’eau lorsqu’en 2009 à Istanbul, celui-ci a refusé de proclamer le « droit » à l’eau en ne parlant que d’un « besoin économique ». La prise de conscience tardive de ces pays et de l’ONU a interpellé et parfois réveillé la communauté internationale. Les associations qui depuis des décennies, militent pour que l’eau soit protégée et confiée à des structures locales hors de tout profit marchand, voient en ce sursaut un encouragement salvateur. « Nous espérons que ce message fort de l’ONU sera un levier, le prélude à un débat démocratique pour que d’autres richesses mondiales – l’air, la terre, la culture – soient décrétées biens communs de l’humanité, expliquait Danielle Mitterrand lors d’une de ses dernières conférences en juillet 2011. Le principe fondamental de cette réflexion commune est que les valeurs de la vie sont distinctes des valeurs de l’argent. Il est des richesses qui ne sont pas quantifiables, car elles ne peuvent pas avoir de prix ».

Il est des richesses qui ne sont pas quantifiables, car elles ne peuvent pas avoir de prix

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Portfolio

Révolution

volcanique par Philippe Crochet

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1 : Hawaï. Champs de lave dans Volcano National Park. Ici, les laves sont du type Poehoe qui se caractérise par une surface douce, ondulée ou cordée. 2 : Sicile. Sommet de l'Etna (3340 m). Les fumeroles, le panache de fumée sortent du cratère sommital du volcan. 3 : Indonésie. Java. Le volcan Anak Krakatau. Ses explosions régulières projettent des cendres et des blocs incandescents 2

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Changeons l’éco

L’open source l’esprit du don TEXTE XAVIER DE MAZENOD ET PHOTOS ADABIO

La propriété intellectuelle libre (open source) ne se limite pas à l’informatique. Plusieurs réalisations de projets en agriculture, production d’énergie ou dans l’industrie prouvent que l’auto-construction, les licences libres et le partage de savoirfaire sont efficaces, moins coûteux et à la portée de tous.

“D

is Joseph, cela te dirait qu’on édite un livre et qu’on monte des formations ? ” C’est ainsi qu’un beau jour, au milieu des champs, Fabrice Clerc propose à Joseph Templier de se lancer dans l’écriture d’un guide collectif sur l’autoconstruction d’outils pour le maraîchage biologique ; Une aventure de deux ans et demi.

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Fabrice est technicien en maraîchage et responsable du pôle machinisme de l’Adabio, association pour le développement de l’agriculture biologique dans le sud-est de la France. Depuis le début des années 2000 Joseph, maraîcher biologique, conçoit et fabrique des outils aux noms bucoliques ; butteuse, cultibutte, vibroplanche… Accompagnés, d’un autre animateur, Vincent Bradzlawsky, les deux complices coordonnent la réalisation d’un guide collectif de l’autoconstruction d’outils de maraîchages. En parallèle, ils mettent en place des formations pour enseigner aux utilisateurs le bon maniement des outils. “ On s’est d’abord spécialisés dans le maraîchage explique Fabrice, parce que ce type d’exploitation nécessite une gamme d’outils à la fois polyvalents et spécifiques. La multiplicité des cultures impliquait de concevoir des outils adaptables ”. L’auto-construction permet de diminuer de deux à quatre fois la somme à investir par rapport à des produits du marché de gamme équivalente. En outre, le stagiaire acquière les compétences pour entretenir, modifier et réparer ses outils. Petit plus non négligeable : la structure Adabio a mis en place des achats groupés qui amoindrissent le coût des matériaux. L’objectif du guide et des formations était de participer à la réappropriation des savoirs tout en diminuant les coûts d’équipement, de former les utilisateurs et de créer un réseau social informel de producteurs biologiques. “ On a bénéficié d’une dynamique de coproduction déjà forte dans le milieu du maraichage, note Fabrice. On déroule le fil d’une pelote dont on ne voit pas encore la fin et qui

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Roue libre

Les Cadres à vélo TEXTE ET PHOTOS PASCAL GREBOVAL

Pour quelles raisons certaines entreprises favorisent-elles l’usage du vélo par leurs salariés ? Envie de réduire leur empreinte carbone, d’améliorer les conditions de vie des employés, de diminuer leurs dépenses ? Éléments de réponse… L’HERBIER, C’EST LE PIED POUR LES VÉLOS

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omme tous les matins à 8h, Hélène rejoint Patrice à la sortie de Die (dans la Drôme) pour se rendre au travail. Bien qu’ils fassent route commune vers l’Herbier du Diois, l’entreprise qui les emploie, nous ne sommes pas sur un parking de covoiturage : chacun reste en selle, ils cheminent ensemble à vélo. Ils sont ainsi entre dix et vingt salariés sur un total de trente à effectuer régulièrement le trajet à bicyclette. Une régularité qui leur vaut une prime de cent euros mensuels s’ils se rendent au travail plus de 75% du temps par un moyen de transport qui n’émet pas de CO2 : à pied, à vélo, en voiture électrique ou vélo électrique - dans les faits, seul le vélo est utilisé. Les plus valeureux obtiennent une aide supplémentaire de cinq cents euros pour l’achat

d’un vélo s’ils l’utilisent durant douze mois consécutifs (quatre d’entre eux ont pu bénéficier de cette aide). C’est une commission de salariés qui valide l’obtention de ces primes, en se fiant à la simple déclaration de bonne foi des collaborateurs. Voilà un premier atout de ce système : « la politique de la «petite reine» tisse du lien entre les salariés et les incite à aborder l’entreprise sous un autre angle que l’activité économique » affirme Tijlbert Vink, le jeune patron de cet établissement. Il est vrai que l’Herbier du Diois était prédisposé à mettre ce fonctionnement en place dès les années 1990. Un choix qui prend tout son sens au cœur d’une démarche environnementale forte : ils sont fournisseurs en gros de plantes aromatiques issues exclusivement de l’agriculture biologique. En outre les fondateurs sont néerlandais, un pays où l’usage du vélo n’est pas qu’image d’Epinal. Aux PaysBas, acheter un vélo par le biais d’un employeur est exonéré de taxe, les patrons offrant généralement un vélo à leurs employés tous les deux ans, et les kilomètres parcourus sur deux roues donnent droit à des lots sur le modèle des miles aériens.

la «petite reine» tisse du lien entre les salariés

Nicolas Crabot montre l’exemple, il effectue tous ses déplacements avec son vélo à assistance électrique.

LE VÉLO SE DÉCHAINE Bien sûr, pédaler au pied du Vercors dessine un cadre idyllique - quoiqu’en plein hiver les températures sont fraiches ! Mais inciter les collaborateurs à se rendre sur leur lieu de travail à vélo essaime aussi dans tout l’hexagone, KAIZEN | NOVEMBRE — DÉCEMBRE 2012

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Ma santé, notre planète

Vandana Shiva OGM, semences et démocratie PAR CYRIL DION

Vandana Shiva est physicienne et docteur en philosophie. Pour lutter contre la privatisation des semences agricoles, pour la liberté et la dignité des paysans elle a fondée l’association « Navdanya ». Vandana Shiva a reçu le prix Nobel alternatif en 1993. Cyril Dion : Que fait votre association Navdanya ? Vandana Shiva : Nous menons principalement trois actions avec Navdanya (qui signifie “9 semences”, mais également “nouveau cadeau”). D’abord, nous produisons des semences. Car la disparition des variétés, et plus largement l’érosion de la (bio)diversité, représente la part la plus grave de la crise écologique que nous traversons, bien qu’elle soit invisible. Aussi nous sauvegardons chaque semence que nous pouvons trouver. Comme nous n’aspirons pas à créer un musée des semences, nous veillons également à mettre ces semences en cultures. Elles sont le premier maillon de la chaîne alimentaire. Bien que j’aie commencé ce combat il y a 25 ans pour des raisons

philosophiques et éthiques, je me suis rapidement rendue compte qu’il y avait là un véritable enjeu de production. En intensifiant la diversité (plutôt que les produits phytosanitaires), on augmente les rendements. Enfin, notre troisième engagement consiste à lutter. Le principe fondamental de Navdanya est que la Vie ne peut devenir la propriété d’entreprises. Par conséquent, dès que nous pouvons mener un combat pour empêcher le brevetage d’espèces, la biopiraterie, nous le menons. Et souvent, nous le gagnons. Cyril : Par exemple ? Vandana : En 2004 nous avons bloqué une loi qui aurait restreint l’usage des semences. L’Inde est également le premier pays à avoir inscrit dans la Loi le droit des paysans à échanger et à reproduire leurs semences. C’est un travail de dix années qui prend effet aujourd’hui. Cyril : Quelle a été votre stratégie pour y parvenir ? Vandana : Nous avons mobilisé les gens, rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans la rue, à travers tout le pays. J’ai voyagé un peu partout en Inde pour réunir 100 000 signatures que j’ai apportées en personne au Premier Ministre, en lui affirmant que nous ne respecterions pas cette loi, même si le parlement la votait. Deux grandes idées de Gandhi nous

la Vie ne peut devenir la propriété d’entreprises

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le bon plan

« Vous savez que le onzième arrondissement de Paris est l’un des quartiers les plus denses du monde ? » lance Yvan, notre gérant, arrivant de sa Basse-Normandie pour un comité de rédaction. Non, nous ne le savions pas ! Voilà un défi : chercher des bulles d’oxygène dans cette fourmilière parisienne.

Le bon plan Paris XIe Texte et Photo PASCAL GREBOVAL

BIEN ÊTRE

Q A l’Acquolina in bocca, Ornello vous attend pour un voyage bio et transalpin

Dans la fourmilière du XIe un espace de sérénité : la maison du DR. Hauschka

ui dit dense, dit proximité des voisins ! Une seule alternative : s’enfermer pour préserver son intimité ou apprécier la compagnie de « l’autre ». C’est la voie proposée par l’association « au cœur du onzième », qui invite à découvrir les talents et les savoirs de chacun. A cette fin, elle organise tous les onze du mois une soirée durant laquelle un résident, ou une personne qui travaille dans le XIème présente son métier, sa passion, son parcours, etc. Ces derniers mois, des personnalités aussi variées qu’un ancien commandant du GIGN, une artiste peintre, la présidente des esthéticiennes de Paris ont répondu pendant une heure aux questions des curieux. Jacques, président de l’association, se félicite des échanges très chaleureux qui s’ensuivent et des amitiés qui se nouent alors, tel ce « club des 5 qui s’est formé spontanément, composé de cinq demoiselles âgées de 26 à 82 ans

qui ne se quittent plus ! » Pour se sentir bien avec les autres, il est nécessaire de l’être avec soi-même. C’est la proposition de l’association « Art de vivre » ; tout un programme ! Pour cet organisme le stress, est largement responsable du mal être ainsi que d’un grand nombre de maladies. Présente dans le monde entier, cette fondation s’est fixée pour objectif de le réduire pour améliorer la qualité de la vie de chacun. Le remède est simple et naturel : bien gérer sa respiration. L’argent généré par les stages dispensés au grand public (respiration, yoga, méditation, cuisine végétarienne) permet d’apporter un soutien fondé sur le même enseignement aux plus démunis du monde entier (dans les pays du Sud, mais également en Europe au sein des établissements pénitenciers). Envie de vous sentir bien également quand vous vous regardez dans un miroir ? Direction La Maison Dr. Hauschka, un petit ilot de tranquillité où vous pourrez bénéficier de soins du visage et du corps dispensés par des esthéticiennes qui n’utilisent que des produits bios. Pour les mamans, Basma propose Aux P’tits Soins des massages prénatals dès le 4ème mois de grossesse mais aussi des soins permettant à la jeune mère de reprendre possession de son corps et de se revitaliser après l’accouchement. BIEN MANGER Quoi de mieux pour être bien que de s’alimenter sainement ? Justement, l’une des plus vielles épiceries de produits naturels de Paris est située dans le XIème. Elle n’a pas bougé depuis que KAIZEN | NOVEMBRE — DÉCEMBRE 2012

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sauvage & délicieux !

L’églantier

TEXTES ET PHOTOS LINDA LOUIS

Son fruit, le cynorhodon, est arrivé enfin à maturité. Réputé pour sa haute teneur en vitamine C, il ne se laisse pas facilement apprivoiser à cause de ses poils à gratter !

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uand vous étiez enfant, n’avezvous jamais pesté après un copain qui avait introduit du poil à gratter dans votre cou ou pire… dans le pantalon ?! La baie d’églantier, populairement appelée « gratte-cul »1, est malgré sa réputation l’un des meilleurs fruits sauvages. Facile à reconnaître, le cynorhodon (son nom scientifique), comble les envies de cueillette en cette période calme pour les amateurs de cuisine buissonnière. Il existera sans doute toujours un débat au sujet du niveau de maturité des fruits à cueillir. Récoltés durs, ils sont plus faciles à prélever et à préparer, notamment pour le retrait (conseillé) de la « mouche » située à leur extrémité. On les stocke ensuite quelque temps au congélateur pour les ramollir. En sélectionnant ces spécimens fermes, après avoir retiré leurs poils à gratter avec la pointe d’un couteau à beurre, vous pourrez consommer la chair crue (finement hachée et ajoutée dans les salades, ou mixée avec des fruits pour un smoothie).

Récoltés blets, c’est-à-dire naturellement attendris par les gelées hivernales, ils détiennent une plus forte concentration de sucre et offrent une saveur plus aromatique. Cette deuxième méthode est la plus pratiquée. Avec la pulpe obtenue après cuisson et filtrage (voir page 78), on réalise un grand classique de la cuisine sauvage : la confiture de cynorhodons. Si certains vouent un culte à ce délice sucré, c’est probablement grâce à sa saveur acidulée rappelant les agrumes et sa texture onctueuse évoquant une confiture de châtaigne. Tout un poème ! La pulpe de l’églantier est également connue pour sa forte concentration en vitamine C, encore bien présente malgré une cuisson prolongée. Aussi il est conseillé de la consommer de préférence le matin et non le soir, à moins d’avoir envie de veiller tard. Si c’est le cas, la recette d’un ratafia épicé d’églantier est proposée page 79 !

1 Ce nom trouve son origine dans l’action vermifuge des poils. Dans son ouvrage De mémoire d’églantine (éd. De Terran), Bernard Bertrand explique que « les démangeaisons sont d’abord dues aux parasites et non aux poils (ingérés) de cynorhodons ».

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