Kaizen 53 : Jouer quelles vertus ?

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NOVEMBRE DÉCEMBRE 2020

DÉCRYPTAGE

L’ÉGLISE

EST-ELLE ÉCOLO ?

SOLUTIONS

COUV

CYCLE MENSTRUEL

ON EN PARLE ?

AUTONOMIE

POTAGER

PRÉPARER SON SOL

JOUER

DOSSIER

QUELLES VERTUS ? 1 BEL/LUX 7,20 € - CH 11 FS - ESP 7,40 € DOM 7,40 € - TOM 850 XPF MAR 80 MAD - TUN 11,90 TND


Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 98 913 € Siège social 74A, rue de Paris - 35000 Rennes info@kaizen-magazine.fr www.kaizen-magazine.com Magazine bimestriel numéro 53 Novembre-décembre 2020 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Baldassari Rédacteur en chef Pascal Greboval Rédactrice en chef adjointe Sabah Rahmani Secrétaires de rédaction Emmanuelle Painvin Élise Lejeune Journaliste multimédia Maëlys Vésir Directrice administrative et financière Céline Pageot Gestionnaire service abonnements Aurore Gallon Développeuse Laure du Mesnildot Stagiaires pour ce numéro Marie Boetti Lio Viry Abonnements et commandes 74A, rue de Paris - 35000 Rennes abonnement@kaizen-magazine.fr Tél. 02 23 24 26 40 Direction artistique, maquette et mise en pages • www.hobo.paris hobo.paris - hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Photo de couverture © Assaf Matarasso/VOZ’Image Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (Imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIRET : 539 732 990 000 38 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0322 K 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50 Distribution MLP Vente au numéro pour les diffuseurs Destination Média • Tél. 01 56 82 12 00 contact@destinationmedia.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peuvent être reproduits sans l’autorisation du magazine. Merci.

EDITO

Pascal G reboval R édacteu r en ch ef

À NOUS ÉDITO DE JOUER ! P

louf, plouf… Prenons cent cinquante citoyens tirés au sort. Ils jouent le jeu. Ce jeu, appelons-le Convention citoyenne pour le climat. Ils inventent des règles, imparfaites, mais qui ont le mérite de proposer une coopération pour sortir de l’impasse face à la crise écologique. « Ah ! j’ai trois jokers dans ma poche », s’exclame le gardien du temps, Emmanuel Macron. « Mais ce n’était pas prévu », s’étonnent les créateurs du jeu. « Vous avez raison ! On ajoute quatre autres jokers », renchérit le gouvernement. Sont-ils mauvais joueurs ou les dés étaient-ils pipés ? À plus de 5 millions d’euros la partie, ça fait cher le poker menteur ! C’est à croire que les politiques aiment jouer avec le feu… de forêt. Devant ce constat de « qui perd gagne », devons-nous jouer des coudes ou jouir des plaisirs qu’il nous reste, par fatalisme ? On pourrait aussi décider à pile ou face… si notre destin n’était pas en jeu. Plutôt que le « ou », je prône le « et » : jouer ET jouir. D’abord jouir, au sens épicurien du terme, c’est-à-dire satisfaire des plaisirs stables qui génèrent la plénitude. Ou, pour résumer la philosophie d’Épicure, éliminer les faux plaisirs et prendre conscience que le corps a besoin de peu, quand l’esprit veut toujours plus. Mais ça ne suffira pas… Que nous reste-t-il alors ? L’opposition frontale ? L’essaimage des initiatives locales ? Et si on tentait le jeu ? D’abord trivialement, en jouant en famille, en entreprise, etc. Il existe aujourd’hui dans ces cercles, domestique et professionnel, pléthore de jeux pour sortir des discours manichéens stériles et aborder les sujets qui fâchent autrement. Puis dans un second temps, en jouant au chat et à la souris avec les lobbys, en les rendant chèvre. Et, in fine, en jouant des coudes. Noël Mamère le rappelle : la vision écologique se gagnera par un combat [lire page 6]. Car pour rester dans le jeu et gagner la partie, les forces conservatrices, néolibérales, elles, avancent leurs pions. Je vous entends contester cette approche binaire ! Mais soyons honnêtes : avons-nous le choix ? Nous qui voulons préserver la planète, enfin son habitabilité, voulons-nous perdre ou gagner ? À nous de jouer ! n

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SOMMAiRE RENCONTRE Noël Mamère

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ET SI ON LE FAISAIT ENSEMBLE ? Nantes, des vaches en ville

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CHRONIQUE Christophe André Le vieux grincheux qui n’aimait pas les jeux

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D.I.Y. 72 Boîtes et coquilles d’œufs, les reines de la récup

SOMMAIRE

CHRONIQUE Quitterie de Villepin Mobilisation générale ! 2022, c’est déjà demain

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EN CHIFFRES Pauvreté : l'autre réalité des pays « riches »

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ENQUÊTE 14 L’écologie, nouveau credo de l’Église catholique ? LA NATURE MISE À NU Les pies bavardes, grands singes à plumes

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EN QUÊTE DE SENS 54 Tifenn Yvon, de la presse à l’ostréiculture GOÛT DE L’ENFANCE S’ouvrir aux autres pour s’ouvrir à soi

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CRÉTEURS DE CULTURE 60 Zone Sensible, une ferme urbaine qui nourrit le corps et l’esprit

DOSSIER

VENT D’AILLEURS 64 Mayotte Les Naturalistes de Mayotte, bivouaquer pour sauver les tortues MOTS CROISÉS Cycle menstruel, une force au féminin

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BD Benoît Guillaume Apprendre à réparer au repair café

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JE VAIS BIEN, LE MONDE VA MIEUX 76 Délicieuse mélisse EN CHIFFRES Chocolat, amère gourmandise ?

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VIVRE EN OASIS 82 TERA : une oasis à l’échelle d’un territoire BD Mathilde Stento Au potager ! Préparer ses parcelles

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CUISINE Cet ingrédient bio, j’en fais quoi ? Le sarrasin En mode zéro déchet ! Les épices

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SÉLECTION KULTURELLE

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CHRONIQUE Dominique Bourg Glyphosate, poison systémique

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FAITES VOS JEUX ! 20

PORTFOLIO

Emmanuel Berthier 4

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Origine du papier : pages intérieures : Belgique ; encart : Allemagne ; couverture : Pays-Bas. Taux de fibres recyclées : 0 %. Ce magazine est imprimé sur un papier issu de forêts gérées durablement. Eutrophisation : Ptot = 0,018 kg/t. Pour les abonnés : une relance de fin d’abonnement.


R e n c on t re

DÉCRYPTAGE

Pascal G reboval et Sabah R ah m an i Ér ic Coqu el in

NOËL RENC MAMÈRE Figure historique du mouvement écologiste, Noël Mamère est allé à la rencontre des éclaireurs du monde d’après. L’ancien journaliste et ex-député Vert signe sa première BD, Les Terrestres, avec Raphaelle Macaron. Au fil des reportages dans les écolieux et des rencontres avec les pionniers, il défend une écologie humaniste.

BIO EXPRESS 1948 Naissance à Libourne 1977-1992 Journaliste télé sur Antenne 2 1989-2017 Maire de Bègles 1997-2017 Député écologiste 2002 Candidat des Verts à l’élection présidentielle

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En tant qu’ancien journaliste, comment expliquez-vous que les médias mainstream privilégient encore « la plume dans la plaie » au détriment des initiatives porteuses dont vous parlez dans votre bande dessinée ? Si les journalistes parlent de manière si négative de l’écologie et commencent seulement à découvrir ce qu’elle peut apporter à l’humanité, c’est parce qu’ils ont été imprégnés d’une propagande des progressistes, dans laquelle les écologistes sont présentés comme des « peine à jouir », des « défenseurs de la lampe à huile » et des Amish. Vous voyez d’ailleurs revenir en force ces mêmes épithètes de la part des conservateurs de droite comme de gauche qui sont toujours dans une conception ancienne du progrès, avec une certaine vénération de la science et de la technique, considérant que, si l’écologie progresse de manière très forte dans la société, les intérêts qu’ils défendent seront en danger. Quand on observe ce qui se passe aujourd’hui, par exemple avec la 5G – une demande de moratoire a été

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formulée par la Convention citoyenne pour le climat et de nombreux élus écologistes –, on peut affirmer que le débat est le symbole d’un fossé qui existe entre ceux qui, comme le président de la République, veulent continuer à rouler sur l’autoroute à grande vitesse en direction du mur et ceux qui disent : « Attendez, le progrès technique n’entraîne pas forcément le progrès humain. » Surtout lorsque ce progrès technique n’est pas contrôlé démocratiquement. Dans votre BD, vous tentez aussi de convaincre Raphaelle Macaron, une illustratrice de 29 ans, que la collapsologie n’est pas la fin du monde, mais la fin d’un monde, parce que votre coautrice a très peur de ce qu’elle découvre au fil de vos reportages. Vous parlez du changement climatique, de fin du pétrole, de manque d’eau, etc., et vous défendez l’idée de changements radicaux. Pourquoi ? Je tente d’évacuer un certain nombre d’idées fausses, comme le fait que la collapsologie serait


DÉCRYPTAGE

CONTRE

“L’ÉCOLOGIE QUE NOUS DÉFENDONS EST UNE ÉCOLOGIE QUI LIBÈRE, ÉMANCIPE ET QUI EST SOUCIEUSE DE NOTRE DESTIN COMMUN. " 7

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Quitterie de Villepin DÉCRYPTAGE

C h r o n ique

EXPLOR AT R IC E EN DÉMOC R AT IE

Ba st ie n D u b o i s

MOBILISATION GÉNÉRALE !

CHRONIQUE Quitterie de V

2022, C’EST DÉJÀ DEMAIN

C

’est LE rendez-vous pour infléchir le cours de notre Histoire et stopper notre course folle de destruction du vivant. Entendons-nous bien : la guerre des ego, intrinsèque aux élections présidentielles, est évidemment insupportable au vu des enjeux. Il s’agit d’inventer une nouvelle méthode pour aborder ce grand rendez-vous, avec les générations futures. Puisque la quête de « l’Homme providentiel » nous rend fous – postulant.e.s au titre en premier lieu –, travaillons la question collectivement et en amont, c’est-à-dire maintenant. La bonne méthode, selon moi, c’est la méthode marseillaise : un collectif citoyen qui met autour de la table les forces partisanes 1. Ce collectif définit d’abord un projet commun, avec des négociations point par point ; la question des femmes et des hommes qui incarnent ce projet vient après. L’enjeu est de se préparer à investir des responsabilités. Ma conviction profonde est que chaque citoyen

« Chaque citoyen est, par essence, apte à investir des responsabilités. » est, par essence, apte à le faire. Pour jouer au football, il faut d’abord en comprendre les règles. C’est pareil pour nos institutions. Préparons-nous ! Même problématique pour opérer la transition démocratique : si l’on ne se prépare pas en amont à changer les règles de la participation des citoyen.ne.s dans la décision publique, cela n’arrivera pas pendant le mandat. Pour moi, la question prioritaire concerne la majorité à l’Assemblée nationale plus que la tête du président de la République. Renversons l’ordre du traitement des priorités : la préparation des

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législatives d’abord, avec une nouvelle génération de candidat.e.s qu'on fait monter en compétences et qui sont prêt.e.s sur le plan éthique, environnemental, social et démocratique à opérer la bascule dont nous avons besoin. Évidemment, s’il n’y a que 20 candidat.e.s qui se présentent suivant ce processus dans les 577 circonscriptions, cela ne marchera pas. Ces candidat.e.s issu.e.s d’une coopération de toutes les forces civiques et partisanes doivent être à l’image de cellesci : mi-militant.e.s, mi-associatif.ve.s et, il va sans dire, strictement paritaires. (Eh oui ! les associatif.ve.s, c’est LE moment d’entrer en responsabilités ! Nous avons trop besoin de vous aussi à l’intérieur de nos institutions.) Mettons au service de ces femmes et de ces hommes prêts à investir des responsabilités publiques toutes nos forces, nos connaissances, et demandons à nos cher.ère.s prétendants aux responsabilités suprêmes de faire de même. Ensuite, après avoir traité la question des législatives, enfermons tous les prétendant.e.s aux responsabilités exécutives dans une salle, un mois, deux mois s’il faut ; ils et elles n’en sortiront qu’une fois qu’ils auront formulé un contrat de gouvernement pour cinq ans correspondant aux attentes des citoyen.ne.s engagé.e.s et réparti les rôles. Que les militant.e.s des partis se préparent à la première grève de l’histoire partisane si ces nouvelles dynamiques collectives ne sont pas respectées par leurs chefs. Ceux-ci ne devraient rien pouvoir faire sans nos consentements. Nous pouvons ouvrir une page nouvelle de notre histoire politique, nous le devons, ils ne peuvent l’entraver. Au travail ! n 1. En juillet 2020, Michèle Rubirola, issue du Printemps marseillais, a été élue maire de Marseille.


Pauvreté :

e n c hiffres Fan ny Co s t es J ust in e L e J o n c o u r

DÉCRYPTAGE

l’autre réalité des pays « riches »

INFOG

Si en France et dans le monde, le revenu médian augmente, la pauvreté, elle, ne diminue pas. La pandémie de Covid-19 ayant balayé l’espoir d’une amélioration à court terme, l’heure n’est-elle pas venue pour un réel changement de modèle ?

• 1 FRANÇAIS SUR 7 EST PAUVRE • 1 MINEUR SUR 5 • 1 PERSONNE SEULE DE MOINS DE 65 ANS SUR 5

DE QUELS REVENUS PARLE-T-ON ? Le seuil de pauvreté monétaire correspond à 60 % du niveau de vie médian de la population.

CHIFFRES-CLÉS EN FRANCE : 1 735 €/MOIS salaire médian

2 186 €/MOIS

seuil de pauvreté pour un couple

1 041 €/MOIS

seuil de pauvreté pour une personne

MOINS DE 837 €/MOIS revenu de la moitié des Français pauvres

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Cl ara Jaeger

E n q u e^ t e

DÉCRYPTAGE

L e Cil Ver t

L’ÉCOLOGIEENQ

NOUVEAU CREDO DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ?

«

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I

Dans son encyclique Laudato si’, de mai 2015, sur la « sauvegarde de la maison commune », le pape François invite l’humanité à emprunter une voie à la fois sociale, environnementale, spirituelle et morale : celle de « l’écologie intégrale ». Si cet appel motive certaines actions, l’Église peut-elle pour autant devenir un acteur « comme les autres » de la transition écologique ? Enquête.

l n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale. Les possibilités de solution requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature. » Dans sa seconde encyclique, Laudato si’ 1, publiée en mai 2015, le pape François appelle l’ensemble des habitants de la « maison commune » Terre à « l’écologie intégrale ». En envisageant les fractures sociale et environnementale comme une seule et même crise et en rappelant la valeur intrinsèque de la nature, il marque un tournant dans la doctrine sociale de l’Église tout en poursuivant une réflexion engagée par ses prédécesseurs. Son engagement prend corps en 2017 avec la mise en place d’un Dicastère (ministère) pour la promotion du développement humain intégral. En mai et juin 2020, au cœur de la pandémie, ce Dicastère célèbre le cinquième anniversaire de l’encyclique avec une « année spéciale Laudato si’ 2020-2021 2 ». Via un plan d’actions sur sept ans et la mise en ligne du document interdicastériel

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« Sur le chemin du soin de la maison commune » (en cours de traduction), il encourage les institutions catholiques à mettre en pratique la transition écologique. Son nouveau « mantra » ? « Tout est lié 3. » Mais comment, dans une Église aux courants multiples qui, des siècles durant, a participé à une vision anthropocentrique du monde, le combat écologique trouve-t-il son salut ?

DE LA DOMINATION À L’HARMONIE « Dieu les bénit, et Dieu leur dit : “Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez (…)” » La messe est dite ! Dans les versets 26-28 de la Genèse, l’homme créé « à l’image de Dieu » semble avoir les pleins pouvoirs sur la nature. Pour Emmanuel Gougaud, directeur du Service national pour l’unité des chrétiens à la Conférence des évêques de France (CEF), c’est sur ce type d’interprétation que l’Église essaye de revenir : « Depuis plusieurs années, on cherche à redécouvrir la vraie tradition chrétienne avec la nature, au sens d’harmonie et non de domination. » Le cinquième soir de la Genèse (versets 30-31), Dieu se réjouit de la beauté et de la valeur de ce qu’il


LA na t, ur e mise A nu Fran ço i s L a ss e r re C a rol in e G a m o n

Les pies bavardes DÉCRYPTAGE

G RA N D S S I N GES À P LU MES

LA NA MISE

Leur singulière silhouette nous est familière, leurs mœurs moins, encore un peu ou beaucoup empreintes de préjugés et suspicions.

CORBEAUX ? Oui. La famille zoologique des pies est celle des corbeaux ou corvidés ( Corvidae ). On y retrouve des oiseaux noirs comme les corbeaux, corneilles, choucas, craves ou chocards, mais également des casse-noix mouchetés ou des geais des chênes orange et bigarrés.

NOIRES ET BLANCHES ? Oui et non. Au soleil, il est possible d’apercevoir leur fameuse « queue de pie » vert brillant, les reflets bleu métallique de leurs ailes et ceux, violacés, de leur tête et de leur corps.

CHIMPANZÉS À PLUMES ? Oui. Si la structure de leur cerveau diffère de la nôtre, les corbeaux – comme les perroquets – ont une organisation cérébrale particulièrement complexe, capable de résoudre bien des problèmes. Plus les études avancent, plus « l’intelligence » des pies et autres corbeaux est comparée à celle des grands singes, dont… nous. Analyse, déduction, résolution, conscience de soi, émotions, empathie, outils, culture, comptage, etc., les pies ont quasiment toutes nos capacités cognitives. Serons-nous un jour taxés de « corbeaux à poils » ?

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DOSSIER

Aud rey Gui ller et Nolwenn Wei ler

DOSSIER-PORTFOLIO

FAITES VOS

JEUX !

DOSS

© Patrick Lazic

Ces dernières années, leur succès ne s'est pas démenti. En famille, à l’école, au travail, entre amis, dans les maisons de retraite, les jeux de société distraient, enseignent, dénouent des tensions, font réfléchir. Pourquoi ? Comment ? Quelles sont les vertus du jeu ? Qui sont les joueurs ? Et qui sont les nouveaux acteurs et actrices qui imaginent, dessinent, fabriquent et distribuent ces passe-temps du xxie siècle ?

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DOSSIER-PORTFOLIO

SIER

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DOSSIER

FAITES VOS JEUX !

THIERRY WENDLING DOSSIER-PORTFOLIO

« Le jeu est un moment privilégié où l’on prend conscience que l’autre existe »

DOSS

© DR

Le jeu est une compétence fondamentale des humains, qui apprennent ainsi à se découvrir, à se parler, à s’inventer. Thierry Wendling, anthropologue et chercheur au CNRS, revient sur le sens du jeu et son histoire.

BIO EXPRESS 1997 Docteur en ethnologie 1998 Enseignant en anthropologie à l’université de Neuchâtel (Suisse) 2002 Ethnologie des joueurs d’échecs, publié aux PUF 2008 Chargé de recherche au CNRS Depuis 2010 Étudie les courses d’animaux

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Comment définiriez-vous les jeux de société ? Pour moi, l’expression « de société » désigne surtout aujour d’hui une catégorie commerciale. En effet, qu’est-ce qui distingue ces jeux des autres ? Ce sont des jeux vendus dans des boîtes contenant un matériel spécifique que des règles permettent d’utiliser. Ils s’insèrent dans un cycle commercial composé d’inventeurs, d’éditeurs et de magasins spécialisés. On les achète pour passer des moments agréables en compagnie de ses amis ou des membres de sa famille. Ils permettent ainsi de « faire société », d’où leur nom. Cependant, si on y réfléchit, cette sociabilité définit n’importe quelle pratique ludique. Les jeux de dés, les parties de badminton, les matchs de foot ou les échanges de devinettes sont aussi des jeux de société. Le succès enregistré par ces jeux dits « de société » signifie-t-il que l’on joue de plus en plus ? Non, on ne joue pas forcément plus aujourd’hui. Durant l’Antiquité, à la cour de Louis XIV, ou dans les fêtes villageoises d’antan, par exemple lors des pardons bretons, le jeu occupait une place importante. À partir du xixe siècle ont été édités un grand nombre de livres qui expliquaient comment jouer à de nombreux jeux, comment les

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fabriquer ou les organiser. Cela ne concernait pas uniquement les jeux de pions ou de ballon, mais aussi les rondes, les devinettes, les jeux d’esprit, les courses au trésor. On s’amusait aussi beaucoup jadis à des « farces et attrapes », qui sont une forme de jeu. Ce qui est clair, c’est qu’aujourd’hui on bricole soi-même moins de jeux ou de jouets qu’autrefois et que l’on en achète beaucoup plus. On ne joue donc pas plus ; en revanche, on dépense plus d’argent pour jouer. Le phénomène des jeux de société traduit l’intensification de la commercialisation à l’œuvre dans notre société, laquelle n’est pas pour autant une invention moderne ; cela fait des siècles que l’on vend des cartes à jouer manufacturées. Le jeu est-il « naturel » chez les êtres humains ? Les humains n’ont pas le monopole du jeu. De nombreux animaux jouent, pas uniquement les mammifères, mais aussi des oiseaux, des reptiles. En revanche, c’est chez l’être humain que le jeu se manifeste de la manière la plus forte. Cela est lié à sa capacité langagière qui se manifeste déjà dans les devinettes et dans l’usage d’une parole à double sens. Les nourrissons sont confrontés à des jeux, comme celui de « la petite bête qui monte, qui monte ». Il y a dans le jeu une capacité à quitter l’utilitarisme pour autre chose ; on fait un pas de côté. Décider de marcher sur le dallage d’un trottoir en posant toujours le pied entre deux pierres, au lieu d’aller simplement d’un point A à un point


DOSSIER-PORTFOLIO B, est une façon de jouer. Beaucoup d’enfants respectent cette «règle » quand ils se déplacent dans la rue, de façon presque instinctive. Les humains ont une capacité remarquable à poser des règles et à inventer des catégories. Marcher sur les traits du sol définit la règle, et, avec l’idée de réussir ou d’échouer, émergent les catégories de gagnant et de perdant. Ainsi qu’une subjectivité parfois très forte qui fait que la simple arrivée d’un ballon dans un but peut être perçue comme une catastrophe nationale ou susciter au contraire une fierté collective extrême. Qu’apprend-on quand on joue ? Le jeu est un moment privilégié où l’on prend conscience que l’autre existe : que ce soit au foot, aux échecs ou dans la cour de l’école, il faut négocier avec l’autre, ou avec les autres, les règles à suivre, les enjeux, les litiges. On doit aussi anticiper ce que l’autre peut faire. Ces apprentissages sont essentiels pour la vie en société. Jouer permet également d’apprendre à maîtriser ses émotions. Grâce aux jeux de pions, on apprend un élément très important, le « tour à tour ». Chacun joue à son tour, ce qui oblige à sortir de son égocentrisme pour laisser les autres agir. C’est d’une certaine manière un apprentissage de la démocratie langagière, car il se passe la même chose pour les tours de parole ; on ne monopolise pas la parole, il faut céder sa place, laisser aux autres la possibilité de s’exprimer. On peut observer des difficultés chez les jeunes enfants qui ne bénéficient pas de ces pratiques ludiques : à l’école, la logique du « tour à tour » est moins évidente. On sait aussi que ceux et celles qui ne pratiquent pas les jeux verbaux ont une moins grande maîtrise linguistique. Qu’en est-il de la « règle du jeu » ? La contrainte induite par la règle développe des capacités cognitives très fortes : on apprend à réprimer un geste automatique pour le remplacer par un autre choisi. Par exemple, si on joue à « ni oui ni non », il faut savoir faire « pause » dans son esprit pour ne pas donner une réponse qui fait perdre. De même quand on se retient de saisir un ballon à la main si cela est interdit. Cette capacité à stopper des gestes ou des mots est essentielle pour la vie sociale, qui est faite de multiples situations de ce genre. Quand on s’arrête à un feu rouge alors que l’on est pressé et qu’il n’y a pas de gendarmes, on respecte une règle.

© Jérômine Derigny, collectif Argos

SIER

La règle n’entrave-t-elle pas la créativité, dimension essentielle du jeu ? La possibilité d’inventer reste possible dans beaucoup de pratiques, avec des différences de degré en fonction des jeux et des contextes. Quand il existe une instance extérieure, comme la Fédération internationale des échecs, la négociation de la règle est plus limitée. Si on prend l’exemple du sudoku, il est difficile d’en modifier la règle…

À bord de son camion, qu’elle installe en partenariat avec les structures locales, l’association Médiation nomade va à la rencontre des jeunes de quartiers populaires (ici, à Paris, dans le 19e arrondissement).

« Il y a dans le jeu une capacité à quitter l’utilitarisme pour autre chose ; on fait un pas de côté. » Mais on peut tricher en regardant un bout de la solution. La tricherie fait aussi partie du jeu ! Je crois qu’il est toujours possible de transformer les règles ou d’imaginer de nouveaux jeux. Les passionnés, qui postent des commentaires sur les forums dédiés, les font ainsi évoluer. L’inventivité ludique des êtres humains ressurgit sans cesse. n 1. Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie.

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P O R T FOL IO

DOSSIER-PORTFOLIO

Emmanuel Berthier

PORT

SANCTUAIRES DU MORBIHAN La nature a besoin d’espace, de temps, pour s’épanouir, pour se régénérer. Les Réserves Naturelles sont des refuges de biodiversité créés en France par les pouvoirs publics pour protéger et surveiller une faune et une flore malmenées par l’urbanisation, la fragmentation des terres ou la disparition pure et simple des écosystèmes. Le Morbihan compte officiellement cinq Réserves Naturelles, cinq sanctuaires, cinq pépites de la nature qu’Emmanuel Berthier a arpentés, observés, étudiés avec le soutien du Conseil départemental. Il s’est rendu dans les landes de Monteneuf, sur les étangs du Loc’h à Guidel, dans les marais de Séné, sur l’île de Groix, mais également autour du lac de Guerlédan, entre landes et forêts. Il a photographié la vie, sauvage et fragile, d’une Bretagne soucieuse de son avenir. Commande photographique réalisée avec le soutien du Conseil départemental du Morbihan.

POUR ALLER PLUS LOIN • www.emmanuelberthier.com

Vue aérienne des méandres de la Réserve Naturelle des Marais de Séné au lever du jour.

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DOSSIER-PORTFOLIO

TFOLIO

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Th om as D el avergn e

Et si on le faisait ensemble ?

SOLUTIONS

Jérôm e B l in

NANTES

DES VACHESENSE EN VILLE À Nantes, vaches du cru et highlands écossaises se mélangent pour entretenir 31 hectares de prairies humides urbaines. Dialogues improvisés entre inconnus, parents qui s’amusent autant que leurs enfants, personnel municipal ravi… ruminons avec elles les multiples bienfaits de l’écopâturage !

«

T

u crois qu’elle mange de ça ? », demande un garçonnet à sa grande sœur en tendant de la renoncule rampante, couramment appelée bouton d’or, à une vache trapue. Raté : la highland cattle, originaire des grandes prairies sauvages d’Écosse, renifle, puis détourne son regard caché derrière sa longue mèche nichée entre deux cornes massives. En revanche, l’animal ne dit pas non aux branches d’un saule blanc proposé par la maman des deux enfants. Difficile à croire, mais la scène se déroule en milieu urbain, à Nantes, au bord d’une rivière, entre joggeurs et pique-niqueurs. Là, des familles déambulent toute l’année au cœur d’une promenade aménagée aux accents sauvages qui court sur 14 kilomètres le long de la Sèvre nantaise, jusqu’au sud de la sixième métropole de France.

L’ÉCOPÂTURAGE PLUTÔT QUE LE FAUCHAGE MÉCANIQUE Retour sur cette terre hybride, humide et sablonneuse qui, avant de devenir un quartier de la métropole, fut pendant deux siècles le hameau des renommés maraîchers nantais. Des mariniers expédiaient leurs salades, carottes et navets. L’avènement de l’urbanisation et du réseau routier 48

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vers 1950 a eu raison de la voie fluviale, puis des maraîchers en 1985. Les ultimes exploitants partant à la retraite ont vendu leurs terres, non constructibles, à la collectivité plutôt qu’à des repreneurs. La Ville de Nantes a préempté depuis plusieurs années ce futur espace de respiration urbaine, avec le souhait de rester fidèle à l’ambiance initiale des « prairies humides traditionnelles ». Des ressources humaines au coût élevé auraient été nécessaires pour entretenir cette nature luxuriante. L’écopâturage est alors sorti du bois en 2005 : fini le fauchage mécanique des espaces verts, bonjour le vivre-ensemble avec des chevaux d’abord, puis des ruminantes ! Pour ce faire, la Ville a eu besoin de « races rustiques », explique Éric-Jean Bellec, responsable des trois jardiniers-vachers municipaux qui supervisent les vaches écossaises et nantaises sur les dix hectares longeant la Sèvre, en parallèle de missions plus classiques (fleurissement, tonte des enceintes sportives…). Ces deux races s’adaptent aux aléas climatiques et peuvent se contenter des herbages. Un choix opportun, car la vache nantaise était en voie de disparition début 2000. L’artificialisation des sols au sud de la métropole, engendrée par la création de trois centres commerciaux sur les terres sablonneuses


SOLUTIONS

EMBLE dont elle raffole, montre bien l’enjeu de la sanctuarisation des zones protégées. Ce n’est pas uniquement pour sa taille fine et ses beaux cils que la race nantaise a été retenue, mais pour son aptitude à valoriser les espaces naturels par le pâturage. La vache du cru n’aime pas brouter constamment dans l’humidité, à la différence de la robuste highland cattle. « Nos services entretiennent les cours d’eau, mais c’est grâce au débroussaillage des vaches écossaises que l’on peut maintenir cet écosystème », explique Éric-Jean Bellec. Écosystème qui débute par la roselière le long de la Sèvre, accolée à une berge boisée qui borde la promenade, donnant successivement sur trois prairies où vivent les vaches : une fraîche, une humide inondable (avec des fossés) et une avec remblais. Maints passants distillent des caresses lorsque les gourmandes passent leur museau au-dessus du barbelé pour se servir dans les haies. « Les highlands maintiennent le territoire en compagnie des vaches nantaises qui broutent l’herbe, comme le font les moutons ailleurs. » À l’âge de 1 an, si leur santé est viable, les nouvelles générations sont vendues pour éviter la consanguinité. Agriculteurs, collectivités ou particuliers disposant d’un numéro d’exploitation peuvent les acheter. Idem en fin de

vie sauf que… « la Ville ne les abat pas. Elles finissent à l’équarrissage, car c’est la loi, mais on ne vend pas la viande, on les garde jusqu’au bout. J’ai connu Gaïa qui a vécu 22 ans… », poursuit affectueusement Éric-Jean Bellec en pointant la doyenne, Dalia, 13 ans, dont les cornes ont une envergure de 1,20 mètre.

Joël, jardinier-vacher de la Ville de Nantes, rend visite à son troupeau de highlands écossaises. Par le pâturage et le débroussaillage, ces vaches rustiques contribuent à valoriser les bords de Sèvre.

CRÉER DU LIEN SOCIAL De l’autre côté de la rivière, pas moins de 21 hectares classés Natura 2000 longent la Sèvre, à Rezé. La commune voisine a également choisi l’écopâturage par délégation de service public via une convention à tacite reconduction depuis 2014. Jean-Luc Queignec, ancien intermittent dans le spectacle animalier, a intégré une quinzaine de highland cattles et d’aurochs, une autre race de vaches écossaises massives et plus craintives (achetées en ligne à un zoo). Le jeune retraité a acquis les premières grâce au réseau de la Ville de Nantes. « Elles sont très sociables, contrairement aux aurochs qui ne s’approchent pas et préfèrent le calme. C’est pour ça que je les laisse dans les larges prairies de Sèvre. Il faut se souvenir que l’un des objectifs de la mairie vise à créer du lien social », confie Jean-Luc Queignec en nourrissant ses protégées. Pommes, choux rouges, pelures de

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Mar in e Sam zu n

GoU^t de l'enfance

SOLUTIONS

Véron iqu e B u r y

S’OUVRIR AUX AUTRES POUR

GOÛT DE

S’OUVRIR À SOI

L

En Charente-Maritime, Les Jardins de la Source portent un projet éducatif unique. Ce lieu à part accueille au long cours des jeunes en rupture aux côtés de vacanciers en quête de sens. L’objectif : découvrir l’autre pour retrouver goût à la vie.

«

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e drame de ces ados, c’est l’entre-soi. Nous voulons encourager la rencontre au-delà des a priori », déclare Bertrand Jeauneau, 55 ans, cofondateur des Jardins de la Source. Installé à la table familiale de cette ancienne ferme charentaise, à Gémozac (17), l’ex-chef de service d’un foyer éducatif en Seine-Saint-Denis salue d’un même « Bonjour ! » matinal et chaleureux les quatre adolescents en séjour de rupture et les membres des deux familles « solidaires » en vacances ici. La particularité de ce lieu ? Accueillir pendant plusieurs mois des jeunes entre 15 et 18 ans placés dans le cadre de l’ASE (aide sociale à l’enfance 1) ainsi que des familles en difficulté sociale, tout en restant ouvert à des touristes à la recherche de vacances utiles et participatives. « La mixité est au cœur du projet afin d’assurer un brassage social pour ces jeunes en perte de repères », expose l’éducateur. À l’origine des Jardins de la Source, créés en 2017 par Bertrand Jeauneau et Claire Sotto, sa compagne, également éducatrice, une intuition commune : créer un lieu « hors du temps, un cocon », précisent-ils, permettant à ces jeunes déscolarisés « “incasables” dans les institutions classiques » d’avoir le temps nécessaire pour lâcher prise, se poser et se remobiliser afin de réinsérer un schéma social. « Il faut réussir à déconstruire leurs

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mécanismes de défense pour qu’ils baissent les armes et qu’ils se défassent de leur carapace », soulignent-ils. Pour cela, différentes médiations sont proposées : sport, musique, théâtre… Sans compter l’incontournable « chantier » de travail chaque matin.

UN CADRE BIENVEILLANT ET EXIGEANT « Aujourd’hui, c’est chantier Placo », annonce Bertrand. Liza, Oscar, Théo et Lucas 2, les quatre ados accueillis, terminent leur cigarette roulée et se dirigent d’un pas nonchalant vers la grange de la ferme, accompagnés des touristes solidaires. Le regard de Théo s’éclaire quand Matthieu, éducateur salarié du lieu, met en marche le tracteur. « Aujourd’hui, c’est toi le chef de chantier, Théo ! » Ce dernier grimpe sur l’engin et active le levier de vitesses. « Tu envoies la marche arrière et tu accompagnes avec le volant, Théo. » Lunettes de soleil de kitesurf et casquette vissée sur la tête, l’éducateur témoigne : « On essaie de créer un environnement à la fois exigeant et bienveillant pour montrer au jeune le positif dans ce qu’il fait. » Après avoir travaillé plusieurs années au sein d’un institut traditionnel, Matthieu ne cache pas sa préférence pour la pédagogie des Jardins de la Source : « Le foyer, c’est plus rigide, plus vertical. Ici, c’est de la haute couture : on a la liberté de chercher des solutions alternatives en


, CRE ATEURS DE CULTURE

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Sébastien D aycard- Heid

ZONE SENSIBLE

El éon ore Hen r y de Frah an, col l ectif Argos

KRÉ UNE FERME URBAINE QUI NOURRIT O LE CORPS ET L’ESPRIT ROUE À Saint-Denis, un artiste-agriculteur, Olivier Darné, fait revivre depuis trois ans la dernière ferme maraîchère aux portes de Paris. Dans cette Zone Sensible, on cultive aussi bien des fruits, des légumes et des fleurs que… des expositions. Un jardin extraordinaire, qui réunit tout un quartier.

C

’est tout près du métro ligne 13, station Saint-Denis - Université. À cinq minutes de là, en longeant l’avenue de Stalingrad, sa circulation, ses tabacs et ses kebabs, derrière un portail, se cache un véritable poumon vert. « Ici, il faut venir fouiller, faut être curieux ! », assure Franck Ponthier, le jardinier et régisseur du lieu. Nichée au cœur de Saint-Denis, « petit village » de 120 000 habitants, dont 130 nationalités, entourée de pavillons et de barres d’immeubles du quartier Floréal-Saussaie, la ferme urbaine Zone Sensible est un jardin ouvert où les familles peuvent venir se promener avec leurs enfants. Ce terrain de 1 hectare fait partie d’une ancienne zone de maraîchage située sous le couloir aérien du Bourget. « Ici, cela n’a jamais été une friche. En 2016, le dernier fermier, René Kersanté, s’est battu pour que cette terre cultivée depuis trois générations soit préservée et que sa ferme continue d’exister, malgré la pression immobilière tout autour. C’était 60

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le dernier des Mohicans ! On lui proposait des sacs d’or pour récupérer 3,7 hectares à 2 kilomètres de Paris. Imaginez le prix ! En bon Breton, il n’a jamais voulu partir d’ici », raconte Franck Ponthier. Le collectif Parti Poétique, qui gère Zone Sensible, tente depuis de démocratiser l’accès à la culture et à une alimentation de qualité. En utilisant la permaculture, il vise aussi à restaurer un patrimoine, la plaine des Vertus, zone maraîchère qui nourrissait Saint-Denis et Paris au xixe siècle. Courgettes d’Alger, concombres du Mexique, tomates russes… font partie des 230 variétés du site. On y rencontre une famille afghane, récemment installée dans le quartier, des personnes âgées, qui évoquent leurs souvenirs, et aussi Angélique, résidant à 300 mètres du lieu. L’occasion pour cette Dionysienne-Ivoirienne de sensibiliser sa fille : « Ça, c’est une tomate, tu n’as jamais vu une tomate ? » Si le jardin permet de se reconnecter à la nature et de partager un moment en famille ou entre amis, il offre aussi un espace atypique d’exposition.


vent d'ailleurs MAYOTTE

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Cécil e B on tron El éon ore Hen r y de Frah an, col l ectif Argos

LES NATURALISTES VENT D’A DE MAYOTTE BIVOUAQUER POUR SAUVER LES TORTUES

L

À Mayotte, l’association Les Naturalistes emmène écotouristes et adolescents à la rencontre des tortues marines. Ce moment magique permet de lutter contre le braconnage qui tue chaque année au moins trois cents femelles venues pondre sur les plages mahoraises.

a nuit enveloppe toujours les tentes et les hamacs, mais l’appel se fait pressant : c’est maintenant ! Un peu embrumés, les visiteurs d’un soir se faufilent dans les traces marquant le chemin pour la plage de Saziley, sur la plus grande île de Mayotte. Dans un premier temps, la faible lumière de la lune ne permet de distinguer que des masses sombres sur le sable. Mais un râle roque à quelques mètres de l’eau disperse les doutes : une tortue est bien là, en pleine ponte ! Michel Charpentier, le président des Naturalistes de Mayotte, guide ses invités : le groupe reste loin, et chacun pourra s’avancer doucement, sans bruit, devant la femelle lovée entre deux racines de baobab. Sous un ciel constellé d’étoiles, avec le seul bruit des vagues et de la brise dans les arbres, les écotouristes sont pleinement conscients de vivre une expérience unique. « On protège mieux ce que l’on connaît », sourit Michel Charpentier. L’association Les Naturalistes de Mayotte, qui comprend aujourd’hui plus de mille adhérents, a 64

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été créée en 1999 pour protéger le patrimoine de l’archipel, et particulièrement les tortues marines. Car d’après les carcasses retrouvées, au moins trois cents tortues sont tuées sur les trois mille qui viennent pondre chaque année. La raison de ce braconnage intense est toute simple : la chair de tortue est devenue un mets recherché. Illégal, mais recherché. Son trafic est donc très lucratif. Chaque animal peut fournir 80 kilos de viande, dont le prix grimpe jusqu’à 30 euros le kilo. Un seul individu peut donc rapporter 2 400 euros. Une fortune pour un département où 80 % des habitants vivent avec moins de 900 euros par mois. Les tortues vertes (ou Chelonia mydas) sont classées dans la catégorie « en danger » sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

« UN MOMENT MAGIQUE » Lorsque le jour se lève sur la plage de Saziley, les écotouristes se sont regroupés à quelques mètres de la femelle, sous le grand baobab. La ponte est terminée, mais la tortue est loin d’en avoir fini. Elle entame la laborieuse étape de recouvrement


TRANSITION

BD REPO

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AUTONOMIE

D.I.Y.

BOÎTES ET COQUILLES

Auré l ie A i m é J é rô m in e D e r i g ny, c o l l e ct if A rg o s

D’ŒUFS

D.I

LES REINES DE LA RÉCUP Les Français consomment en moyenne 217 œufs par habitant et par an, soit 36 boîtes de 6 œufs 1. Si l’idéal est d’acheter ses œufs en vrac et de réutiliser les boîtes, ce n’est pas toujours possible. Que faire alors des récipients accumulés ? Et les coquilles, comment les réutiliser ? Petit tour d’horizon de ces nombr-œufs-ses possibilités !

L

e nombre de choses que l’on peut faire avec des coquilles d’œufs et des boîtes d’œufs en carton est étonnant : celles-ci sont utiles aussi bien au jardin, pour l’entretien de la maison, pour réaliser des objets décoratifs ou prendre soin de sa santé… D’abord, au jardin. Les emballages en carton non imprimé, tels que les boîtes d’œufs, constituent de la matière sèche de choix, à stocker afin d’en apporter au fil du temps sur le tas de compost (prendre soin de retirer au préalable les étiquettes imprimées). Les coquilles d’œufs y trouveront aussi leur place puisqu’elles contribuent à l’aération et donc à la dégradation des éléments du compost. Par ailleurs, les coquilles d’œufs contiennent environ 40 % de calcium, ce qui en fait un complément nutritionnel précieux pour les êtres végétaux et animaux (humains compris). Au potager, vous pourrez les broyer grossièrement et les éparpiller autour de vos plants. Les tomates et concombres apprécieront particulièrement, et les limaces et escargots seront moins enclins à envahir vos parcelles. Laissez aussi des coquilles à manger pour vos poules, qui sauront gérer seules leurs besoins 72

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en carbonate de calcium. À l’usage des êtres humains, il convient d’être plus prudent. Ne prenez de suppléments de calcium que sur recommandation d’un professionnel de santé. Les coquilles et membranes d’œufs seraient particulièrement efficaces pour les problèmes articulaires. Si vous décidez de consommer les coquilles, faites-les bouillir pour éviter les risques de contamination bactérienne, et réduisez-les en poudre très fine pour éviter toute blessure à l’œsophage. Cela vaut aussi pour les animaux de compagnie. Plus insolite, la membrane qui recouvre l’intérieur de la coquille constituerait un pansement naturel très efficace du fait de ses propriétés anti-inflammatoires ; des prototypes sont à l’étude dans plusieurs laboratoires. Cette membrane protège naturellement des bactéries et infections, et permet à la coupure de respirer pour une cicatrisation plus rapide…

UTILES ET DÉCORATIVES Pour l’entretien de la maison, les coquilles séchées et réduites en poudre fine constituent un abrasif naturel. Mélangées à un peu d’eau et de savon, elles permettent de récurer les plats récalcitrants.


Syl v ie Ham pikian

je vais bien, le monde va mieux

AUTONOMIE

Ol iv ier D egorce

DÉLICIEUSE

JE VAIS BIEN LE M

MÉLISSE Elle pousse gentiment partout, à la fois jolie et modeste. Ex-vedette des pharmacopées anciennes, la mélisse, un peu oubliée aujourd’hui, mérite de retrouver dans nos placards la place de choix qui lui revient, tant pour ses bienfaits que pour son arôme délicieux.

PORTRAIT Cousine de la menthe, du thym et du romarin, la mélisse rappelle pourtant étrangement la verveine citronnelle, par ses propriétés calmantes et digestives, et par son délicieux arôme, vert et citronné, doux et miellé. Cette belle aromatique méditerranéenne, au feuillage abondant, vert tendre et légèrement duveteux, porte des fleurs blanches prisées des abeilles. La plante sut convaincre les Romains, qui l’implantèrent dans tout l’Empire. Très appréciée des apothicaires d’Orient et d’Occident, elle a donné naissance à la fameuse Eau de mélisse, concoctée par les moines des Carmes, dans le Quartier latin à Paris, probablement dès le xive siècle. Il s’agit de la plus ancienne formule médicinale encore commercialisée actuellement en pharmacie. PROPRIÉTÉS Santé : la mélisse exerce d’excellentes propriétés digestives. Elle soulage la dyspepsie (digestion difficile), les flatulences, les ballonnements, l’aéro phagie. C’est aussi une plante

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sédative, à prendre le soir pour faciliter l’endormissement et améliorer le sommeil. Elle se boit en tisane, seule ou associée à d’autres plantes apaisantes (camomille, oranger, lavande, tilleul, etc.). En usage externe, ses feuilles froissées, appliquées en cataplasme, calment les piqûres d’insectes et autres irritations. Enfin, l’odeur citronnée de la mélisse est répulsive vis-à-vis de divers insectes. Beauté : la mélisse est à la fois antivirale (efficace contre l’herpès labial), antiseptique, assainissante, équilibrante, apaisante et antioxydante. On peut l’employer en lotion (infusion refroidie) en cas de peau acnéique, peau mixte, bouton de fièvre. Elle s’utilise aussi en friction du cuir chevelu gras.

ON L’EMPLOIE COMMENT ? En tisane : l’infusion de mélisse (feuille, rameau fleuri), fraîche ou séchée, est douce, parfumée, vraiment délicieuse. La dose moyenne recommandée est de trois tasses par jour, préparées chacune avec environ 2 à 3 grammes de feuilles


Gabrielle Paoli

vivre en oasis

AUTONOMIE

TERA

UNE OASIS À L’ÉCHELLE D’UN TERRITOIRE COL Porté par une cinquantaine d’hommes et de femmes depuis 2014, Tera est un projet expérimental situé dans le Lot-et-Garonne. Une ferme, un écohameau, un centre de formation et d’autres activités économiques seront à terme répartis dans trois lieux différents. L’objectif ? L’autonomie et la résilience d’un territoire sur un rayon de 30 kilomètres. Tour d’horizon d’un projet unique en France par son approche globale.

«

O

n n’était pas satisfaits de notre vie à Marseille, raconte Armelle, membre du collectif de Tera. En raison du travail, mon mari et moi ne nous voyions presque plus, ni les enfants ; nous étions tout le temps fatigués et n’apprécions même plus les rares moments passés ensemble. Je me souviens avoir eu une sorte de déclic : je marchais dans la rue avec ma petite fille qui me parlait, et je n’arrivais pas à l’entendre, à cause du bruit… Je me suis dit que ce n’était plus possible, qu’il falColibris fait sa part dans l’histoire de lait que nous changions d’enviKaizen ; présent dès l’origine du ronnement. À Tera, nous avons magazine, il l’inspire et l’accompagne finalement trouvé ce que nous au quotidien. cherchions. » En effet, si Tera constitue la proEnvie d’agir ? messe d’une vie plus sobre et Rejoignez le mouvement : plus heureuse pour beaucoup de www.colibris-lemouvement.org ses membres, le projet ne se liUne oasis est un lieu de vie ou de mite pas à cela. Il s’agit aussi et ressources qui incarne des valeurs avant tout d’une expérimentad’écologie et de partage. tion. Car Tera entend trouver le Envie de créer, rejoindre une oasis ? moyen de réunir en un seul lieu www.colibris-lemouvement.org/ toutes les solutions déjà mises projets/projet-oasis en œuvre par la société civile Envie d’investir et de soutenir pour répondre aux enjeux école travail d’accompagnement logiques de notre temps. de la Coopérative Oasis ? www.cooperative-oasis.org/participer/ Agroécologie, monnaie locale et revenu de base, écoconstruction, 82

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énergie renouvelable, gouvernance partagée, mobilité en partage… Toutes ces initiatives, que l’on trouve aujourd’hui disséminées, ont vocation à être rassemblées dans le Lot-et-Garonne pour bâtir un écosystème coopératif résilient.

QUAND AUTONOMIE NE RIME PAS AVEC AUTARCIE Derrière le terme d’« écosystème coopératif résilient » se cache une ambition : relocaliser toutes les réponses aux besoins vitaux dans un rayon de 30 kilomètres autour des trois lieux. Aujourd’hui, cinquante personnes sont installées dans la région pour participer à Tera, dont vingt-cinq sont très investies dans le quotidien du projet. « Nous habitons tous à Tournon-d’Agenais, siège social de l’association. Dans ce village de 600 habitants, on fait déjà l’expérience d’une vie de voisinage très forte, impossible de sortir sans croiser quelqu’un de Tera ! », raconte Armelle. Deux lieux commencent à être aménagés par le groupe : la ferme de Lartel, à Masquières, où se mettent en place le maraîchage en permaculture, la forêt-jardin, la future boulangerie et la maison qui sert de gîte aux volontaires et gens de passage. Sur un deuxième terrain, à Trentels, les travaux du centre de formation à l’écoconstruction ne vont pas tarder à démarrer. « Attention, on distingue les notions d’autonomie et d’autarcie, explique Delphine, membre du projet. On souhaite aller le


BD - au potager !

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B Mathild

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cui sin e

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, CET, INGRE DIENT BIO, J EN FAIS QUOI ?

LECUISINE SARRASIN

Li n d a L o u i s

UNE VÉRITABLE BOMBE ÉNERGÉTIQUE !

A

Autrefois délaissé au profit du blé et du maïs, le sarrasin revient sur le devant de la scène avec l’explosion des régimes sans gluten et sportifs. Son excellente composition et sa très bonne digestibilité en font un champion de la nutrition !

vant d’arriver en terres gauloises, le sarrasin a voyagé depuis les steppes d’Asie centrale et les plaines de Sibérie, en suivant les routes historiques du commerce et des invasions. Il tire son nom des Maures de l’Espagne méridionale. Très apprécié en Asie, il y apparaît essentiellement sous forme de nouilles (soba japonaises). En Europe de l’Est , ses grains sont grillés (kasha), bouillis et mangés en gruau ou laissés entiers en remplacement du riz et des pommes de terre. Il a également élu domicile en Bretagne où l’on réalise avec sa farine grise les fameuses galettes de « blé noir » [lire recette page 87] – un qualificatif incorrect d’un point de vue botanique puisque le sarrasin n’est pas une graminée contenant du gluten, mais une pseudocéréale dénuée de gluten, appartenant à la famille des Polygonacées, comme l’oseille et la rhubarbe.

CÔTÉ NUTRITION ET CUISINE Le sarrasin contient plus de protéines que le riz et le blé (10 % de son poids sec), ainsi qu’une grande quantité de fibres et minéraux (cuivre et magnésium notamment). Ses graines sont très rassasiantes et digestes grâce aux mucilages qu’elles contiennent. Cuisinez-les en salade, en risotto, en accompagnement de légumes, en soupe… S’il vous en reste à la fin du repas, transformez-les en lait végétal (mixez 100 g de sarrasin cuit avec 700 ml d’eau, 1 c. à s. de purée de noisette et 1 c. à s. de sucre 86

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complet). Sa farine n’est pas panifiable, mais permet de réaliser des gâteaux fondants.

CUIRE LE SARRASIN AL DENTE Cuire le sarrasin sans le transformer en bouillie peut relever du défi ! Pour une cuisson al dente, pesez un volume de sarrasin (100 g par exemple) et rincez-le ; faites bouillir 1 volume et demi d’eau (150 g) dans une casserole, à couvert pour que l’eau ne s’évapore pas (ou dans une bouilloire) ; ajoutez le sarrasin et laissez cuire 5 minutes à couvert et à feu moyen ; stoppez la cuisson et laissez reposer 20 minutes, toujours à couvert. Huilez, salez et poivrez. SARRASIN ET KASHA : QUELLE DIFFÉRENCE ? Le kasha est du sarrasin torréfié. Son arôme est plus intense, avec des notes fumées évoquant celles du pain grillé ou des marrons grillés. Vous pouvez l’acheter tout fait ou le faire vous-même en faisant griller le sarrasin dans une poêle à sec. Une fois cuit, le kasha a tendance à se déliter et se transformer en purée. Si vous le faites cuire comme indiqué ci-dessus, il gardera une certaine fermeté. En Europe de l’Est, il est utilisé en ragoût ou en soupe. On réalise avec des gretchanikis, pavés cuisinés à partir de purée de kasha qui se fige une fois refroidie, comme la polenta (faites cuire 150 g de kasha dans 300 ml d’eau salée avec un peu d’ail et d’oignon hachés ; mixez et versez encore chaud dans un moule rectangulaire ;


cui sin e

AUTONOMIE

, E N M, OD E ZE R O D E CHET ! Linda Louis

CUISINE LES

ÉPICES MIEUX LES CONSOMMER, MIEUX LES SAVOURER

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2 ans, 12 numéros + 4 hors-séries à paraître en 2021/2022 + 1 gourde inox 33 cl Gaspajoe

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Sur cette offre, 1 € par abonnement est reversé à l’association Les Amanins. * Offre limitée aux 150 premières commandes.

Pour profiter de ces offres exclusives Noël, 102 merci de remplir le bulletin au recto ou d’aller sur notre site Internet : www.kaizen-magazine.com


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