N°
56
MAI JUIN 2021
DÉCRYPTAGE
QUELS DROITS
POUR LA NATURE ?
COUV SOLUTIONS
FÉMINISME
#PAYETONPOIL
AUTONOMIE
HIBISCUS
BOISSON SANTÉ
NÉO-ARTISANS L’ÂGE DU FAIRE
PABLO SERVIGNE
« LE CAPITALISME S’EST EMPARÉ DU SPIRITUEL POUR LE NOMMER DÉVELOPPEMENT PERSONNEL » BEL/LUX 7,20 € - CH 11 FS ESP 7,40 € - DOM 7,40 € TOM 850 XPF - MAR 80 MAD TUN 11,90 TND
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Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 98 913 € Siège social 74A, rue de Paris - 35000 Rennes info@kaizen-magazine.fr www.kaizen-magazine.com
EDITO
Pascal G reboval
Magazine bimestriel numéro 56 Mai-juin 2021 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Baldassari Rédacteur en chef Pascal Greboval Rédactrice en chef adjointe Sabah Rahmani Secrétaires de rédaction Emmanuelle Painvin Élise Lejeune Journalistes multimédias Maëlys Vésir Marius Gouttebelle Directrice administrative et financière Céline Pageot Attachée commerciale Aurore Gallon Chargée de communication Marie Geffroy Gestionnaire service abonnements Delphine Le Louarn Stagiaire pour ce numéro Marie Thomazic Abonnements et commandes 74A, rue de Paris - 35000 Rennes abonnement@kaizen-magazine.fr Tél. 02 23 24 26 40 Direction artistique, maquette et mise en pages • www.hobo.paris hobo.paris - hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Photo de couverture © Xavier Malafosse/Sipa Press Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (Imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIRET : 539 732 990 000 38 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0322 K 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50 Distribution MLP Vente au numéro pour les diffuseurs Destination Média • Tél. 01 56 82 12 00 contact@destinationmedia.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peuvent être reproduits sans l’autorisation du magazine. Merci.
DEUX MAINS ÉDITO
OUVERTES OU FERMÉES ?
I
l y a un an, pendant le premier confinement, en 2020, fleurissaient les tribunes, les discours qui promettaient l’avènement d’un autre monde. Des lendemains nouveaux. Un an plus tard, la crise sanitaire dicte toujours nos agendas. Le monde de demain attendra. Pourrait-on dire que rien n’a changé ? Non, il me semble bien que quelque chose a changé. La nuance, la complexité sont passées aux oubliettes de la pensée. Elles sont les victimes collatérales de cette crise. La « binarisation » de nos sociétés s’est accentuée. Certes, des oppositions franches ont toujours marqué l’histoire de notre pays, sur différents sujets : dreyfusards vs anti-dreyfusards, proavortement vs anti-avortement, école publique vs école privée, etc. Mais la Covid-19 semble agir comme un « accélérateur de séparations humaines ». Au propre comme au figuré. Outre le fait de moins se voir, se toucher, les relations humaines se tendent. Les pro-vaccin vs les anti-vaccin, les effrayés de la Covid vs les « même pas peur », les « priorité aux jeunes » vs les « pas d’eugénisme », etc. Et le dialogue, quand il n’est pas rompu entre les différentes factions, tourne aux fratricides verbaux. Ou, pour être plus précis, à une fermeture à la nuance, à la différence. À peine questionne-t-on les effets secondaires des vaccins, on nous colle l’étiquette « antivax ». On se prend en photo avec un masque, on devient les agents du « big pharma » qui manipule les masses [vécu sur notre page Facebook]. Nous, Kaizen, souhaitons rester lucides, vigilants. Cette vision duelle du monde n’est pas dans notre ADN. Oui, il y a une lutte à mener pour maintenir la biodiversité, l’habitabilité sur Terre, pour contrer l’accroissement des inégalités, pour instaurer une justice sociale. Oui, à certains endroits, existent des convergences d’intérêts qui spolient les plus faibles. Mais nous ne céderons pas aux sirènes du complot [relire à ce propos l’interview de Barbara Stiegler, Kaizen n° 54] ! Rappelons les propos d’Edgar Morin : « La pensée complexe aide à affronter l’erreur, l’illusion, l’incertitude et le risque. » Or nous vivons précisément un moment d’incertitude et de risque ! Alors, comme nous y invite Pablo Servigne [lire page 6], traversons nos peurs, regardons-les en face. Et prenons-nous en main. La main, symbole du monde de demain ? C’est le credo des néo-artisans à qui nous offrons une large place dans ce numéro [lire pages 22, 38, 53, 54]. Reste à décider si nous préférons, individuellement, ouvrir ou fermer nos mains… n
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SOMMAiRE RENCONTRE Pablo Servigne
K AI ZEN N° 5 6 - M A I- JUIN 2 0 21
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CHRONIQUE Quitterie de Villepin Qu’espérer de la proportionnelle ?
ET SI ON LE FAISAIT ENSEMBLE ? Happy Hand, faire du handicap une source d’énergie
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SOMMAIRE 12
CHRONIQUE 53 Gilles Farcet - Soif de réel
EN CHIFFRES 14 L’écologie, source d’emplois ENQUÊTE 16 La justice peut-elle sauver la nature ? LA NATURE MISE À NU Les frelons d’Europe, précieux « culs jaunes » !
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EN QUÊTE DE SENS Jean-Baptiste Tréglos, du pixel au bois
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GOÛT DE L’ENFANCE 56 Homoparentalité, quand le livre jeunesse se fait inclusif CRÉATEURS DE CULTURE Book Hémisphères, le réemploi des livres crée de l’emploi
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VENT D’AILLEURS Costa Rica À l’école de la forêt
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DOSSIER
MOTS CROISÉS 68 Les femmes dressent les poils BD Aude Picault La bibliothèque vivante
NÉO-ARTISANS L’ÂGE DU FAIRE 22
JE VAIS BIEN, LE MONDE VA MIEUX 76 Hibiscus, concentré de santé ! EN CHIFFRES La couche de trop ?
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VIVRE EN OASIS 82 Écohameau de Verfeil-sur-Seye, la vie de village BD Mathilde Stento Au potager ! Des fleurs au potager
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CUISINE En mode zéro déchet ! Herbes fraîches Cet ingrédient bio, j’en fais quoi ? Yaourt et fromage blanc de brebis
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SÉLECTION KULTURELLE
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CHRONIQUE Dominique Bourg Mars, persévérance et lucidité
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Origine du papier : pages intérieures : Belgique ; encart : Allemagne ; couverture : Pays-Bas. Taux de fibres recyclées : 0 %. Ce magazine est imprimé sur un papier issu de forêts gérées durablement. Eutrophisation : Ptot = 0,018 kg/t. Pour les abonnés : une relance de fin d’abonnement.
Un don ponctuel ? Un don mensuel ? * www.okpal.com/soutenir-kaizen-magazine * Dons déductibles d’impôt à 66 %
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PORTFOLIO
INGRID BAILLEUL DANS L’ATELIER 38
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D.I.Y. Nos serviettes de bain font peau neuve
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Collecte de dons
Soutenir KAIZEN,
c’est s’engager dans un monde de solutions
R e ncon t r e
DÉCRYPTAGE
Pascal G reboval et Sabah R ah m an i
P ABLO RENCONTRE SERVIGNE
Xav ier Mal af osse
Concepteur, avec Raphaël Stevens, de la collapsologie, Pablo Servigne aborde l’effondrement avec un regard transdisciplinaire. Alors que la « crise systémique » actuelle donne une résonance particulière à ses propos, le docteur en biologie et auteur à succès revient sur son cheminement, entre racines anarchistes et vision plus spirituelle. Rencontre. Qu’est-ce que la collapsologie ? C’est un néologisme. Raphaël Stevens et moi l’avons créé en 2015 pour désigner l’approche scientifique transdisciplinaire de tous les phéno mènes d’effondrement liés à la biodiversité, au climat, au social, au politique… Elle deviendra une véritable discipline lorsque des chercheurs s’en empareront. Mais la science met longtemps à démarrer ! Par exemple, l’écologie, un terme pro posé par Ernst Haeckel en 1866, n’est devenue réellement une science qu’un siècle plus tard, en 1970, et quasi simultanément un mouvement politique. De fait, on confond depuis cinquante ans l’écologie en tant que science et le mouvement politique. On observe aussi ce malentendu avec la collapsologie. Le nom du mouvement a une origine scientifique, il vient du latin collapsus (effondrement). Dans notre livre Une autre fin du monde est possible, nous avons abordé la collap sologie d’un point de vue métaphysique, artis tique et spirituel. Notre prochain ouvrage abor dera la pratique, la politique. C’est la trilogie que nous pensions mettre en œuvre dès le début pour faire référence à Deleuze : concept, affect, percept. La tête, le cœur et les mains. 6
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Il s’agit donc plutôt d’une science humaine ? Au départ, en tant que biologistes, nous nous appuyons sur les sciences de la nature. Ensuite, nous avons inclus les sciences humaines avec, par exemple, des études qui reprennent l’his toire des civilisations, ou de la psychologie. La collapsologie est donc transdisciplinaire, même si pour l’instant il n’existe pas de méthodologie homogène. En conjuguant toutes ces études, aboutit-on nécessairement à l’effondrement ? Les systèmes étant complexes, l’avenir n’est pas prédictible… L’avenir n’est jamais certain. Cette évidence est la base de la collapsologie. La science n’a pas les moyens d’être certaine de l’avenir. Disons qu’elle a la certitude de son incertitude. Les systèmes complexes ne sont pas prédictibles, mais ils peuvent générer des ruptures imprévisibles, des effets dominos qui sont dangereux. Nous voulons empêcher les effondrements ou en limiter les dégâts ; c’est la raison pour laquelle nous les étu dions. La posture philosophique de la collapso logie est de considérer la catastrophe comme
DÉCRYPTAGE
“ TOUTE ACTION PASSE FORCÉMENT PAR LE COLLECTIF."
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Quitterie de Villepin DÉCRYPTAGE
C h r o n ique
EXPLOR AT R IC E EN DÉMOC R AT IE
Bast ie n D u b o i s
QU’ESPÉRER DE CHRONIQUE LA PROPORTIONNELLE ?
DQuitterie de V es voix s’élèvent depuis les partis minoritaires au Parlement sur la mise en œuvre d’une proportionnelle à l’Assemblée nationale dès 2022. Souvenons-nous qu’en France le financement des partis se fonde essentiellement sur les législatives. C’est un enjeu important et non dit de ce débat qui se déroule entre initié·es. Depuis l’instauration du quinquennat et l’inversion du calendrier électoral, en 2002, l’exécutif – avec 24 % des suffrages exprimés au premier tour de l’élection présidentielle – a les pleins pouvoirs pour faire passer ses lois. Cette situation pose plus de problèmes qu’elle ne répond à une demande de « stabilité » : solitude de l’exécutif, chambre basse devenue chambre d’enregistrement, députés de la majorité soumis aux consignes de vote et considérés comme des « frondeurs » dès qu’ils expriment leur désaccord,
« Les partis français ont “privatisé” la démocratie sur les plans national et européen. » impressions pour les parlementaires de l’opposition qu’ils ne servent à rien et pour les citoyen·nes qu’ils subissent des décisions qui régissent leur vie, sans aucun moyen de se faire entendre, ce qui accroît apathie, frustration, colère. Très mauvais calcul, alors que les défis planétaires requièrent toutes les bonnes volontés, à tous les niveaux. Dans le contexte de crise de maturité démocratique que nous traversons, chaque sujet traitant du cœur du réacteur institutionnel est bon à prendre. Mais également à interroger. Sur la table, deux projets : la proportionnelle partielle et la proportionnelle intégrale. Pour la 12
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proportionnelle partielle, c’est le scrutin tel qu’il est dans les départements (peu peuplés) comptant onze députés ou moins et, pour ceux qui en comprennent plus de douze, l’introduction d’une liste établie par les partis sur les sièges supplémentaires. Cette proposition ajoute donc une petite dose de proportionnelle. Du côté de la proportionnelle intégrale, on parle de listes de députés par département, celles ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés se répartissant le nombre de sièges. Qui dit « listes » dit nominations par les partis, avec leur lot inhérent d’entre-soi… Mais que faire alors des citoyen·nes passionné·es, prêt·es à servir leur pays, à consacrer du temps à la vie démocratique et qui ne se retrouvent pas dans un parti ? On sait que les partis ne sont qu’une part des forces vives et que, trop souvent, ils ont une part de responsabilité dans le problème démocratique. D’ailleurs, la grande majorité des 500 000 élus locaux ne sont pas encartés. De là à affirmer que les partis français ont « privatisé » la démocratie sur les plans national et européen, il n’y a qu’un pas… Autant le dire : la proportionnelle partielle est cosmétique et comporte un drôle de mélange des genres entre des parlementaires élu·es de manière différente. La proportionnelle intégrale est un tout petit peu mieux, obligeant un retour au travail coopératif, à la négociation, à l’établissement sujet par sujet de grandes coalitions, au politique, mais elle n’intègre PAS DU TOUT les citoyen·nes dans la résolution des défis qui se présentent à toutes et tous. Et si l’on cessait enfin de repousser notre rendezvous avec l’évolution de nos règles démocratiques ? Ces dernières ne répondent plus à leurs ambitions premières ni à l’impérieuse nécessité de faire société. n
L’écologie, DÉCRYPTAGE source d’emplois
e n ch iffres Fan ny Co s t es J ust in e L e J o n c o u r
Métiers verdissants : 14
Verts ou verdissants, les métiers de l’économie durable et circulaire ont le vent en poupe en France. Pour les jeunes notamment, cette tendance vérifiée est porteuse d’espoir. %
Métiers verts : 0,5
Actifs en emploi
ÉCONOMIE VERTE ET EMPLOI
%
Sur 27,1
M d’actifs en emploi, + DE 3,8 M sont employés dans
l’économie verte en France : • 3,7 M occupent un métier verdissant ; • 142 000 occupent un métier vert.
prévenir, maîtriser et corriger les impacts négatifs et les dommages sur l’environnement ». Ils sont liés à :
Production et distribution d’énergie et d’eau : 42 %
Les effectifs des éco-activités ont crû de + 5,8 % en 2017. L’économie verte représente : • 15,8 % des offres déposées auprès de Pôle emploi en 2019 ; • près de 17 % des intentions d’embauche pour 2019.
INFOG
LES MÉTIERS VERTS « contribuent à mesurer,
Assainissement et traitement des déchets : 36 %
Protection de la nature et de l’environnement :
22 %
LES MÉTIERS VERDISSANTS, très divers, n’ont pas de finalité environnementale, mais prennent en compte la dimension environnementale dans le geste métier. Ils sont liés à :
Bâtiment (architecte, poseur en isolation thermique…) : 37 %
Industrie : 19,8
%
Transports :
19,7 %
Recherchedéveloppement : 9,4
Agriculture, sylviculture (producteurs bio…) : 6,1 % Achats : 3 14
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Tourismeanimation : 5
%
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%
%
G aël l e Cou der t
E n q u e^ t e
DÉCRYPTAGE
L e Cil Ver t
LA PEUT-ELLE JUSTICEENQ SAUVER LA NATURE ?
Le 3 février 2021, la « carence fautive » de l’État français face à l’urgence climatique a été reconnue par le tribunal administratif de Paris. Cette intervention du juge participe à un mouvement plus global visant à faire émerger une véritable justice climatique internationale. Aperçu des avancées et des limites de cette nouvelle forme de combat citoyen.
U
ne « victoire historique », « essentielle pour la lutte contre les changements climatiques ». Les quatre ONG, Notre affaire à tous, Oxfam France, Greenpeace France et la Fondation pour la nature et l’homme (FNH), à l’initiative de l’« Affaire du siècle », se félicitent du jugement inédit rendu par le tribunal administratif de Paris 1. Le juge a condamné l’État pour son « inaction climatique » dans ce procès très médiatisé. « La France ne peut plus nier sa responsabilité. C’est quelque chose de très fort », se réjouit la porte-parole de Notre affaire à tous, Cécilia Rinaudo. Il y a effectivement de quoi se réjouir. La reconnaissance par les juges administratifs d’une « carence fautive » de l’État à l’origine d’un préjudice écologique est une première dans l’histoire de la justice environnementale française 2. Selon les juges, l’État est bien en partie responsable pour ne pas avoir tenu ses engagements en matière de diminution des émissions de gaz à effet de serre (GES). En particulier, ceux qu’il s’est lui-même fixés afin d’atteindre une réduction des GES à hauteur de 40 % en 2030 3 par rapport à 16
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1990. Les associations ont obtenu réparation de leur atteinte morale à hauteur d’un euro symbolique, comme demandé. S’agissant du dommage que subit la nature, une nouvelle décision sera rendue courant 2021, à la suite d’un supplément d’instruction qui permettra d’étudier les mesures que l’État compte prendre. Cette victoire historique a été précédée d’une mobilisation record. Au lancement de l’« Affaire du siècle », en décembre 2018, plus de 2,3 millions de personnes ont signé la pétition en moins de deux semaines. « Toute cette mobilisation autour d’une affaire juridique, très étonnante, fait probablement écho à un besoin de justice de la part des citoyens, relate Clémentine Baldon, l’avocate de la FNH. « L’“Affaire du siècle” n’aurait peut-être pas eu ce résultat sans ces signatures, abonde Cécilia Rinaudo. Ce procès s’intègre dans un mouvement juridique international qui met le citoyen au cœur de l’action. Les recours contre les États se multiplient dans le monde. La justice est un levier essentiel dans la lutte actuelle. » La première décision inédite en matière de justice climatique, rendue aux Pays-Bas en 2015, puis confirmée en appel dans l’affaire Urgenda, où le
DÉCRYPTAGE
QUÊTE
juge avait imposé à l’État néerlandais de réduire ses émissions de GES de 25 % avant 2020, avait été évoquée par les avocats des ONG dans l’« Affaire du siècle », au soutien de leur demande. « La décision Urgenda a très certainement influencé les juges français », analyse Marta Torre-Schaub, professeure de droit de l’environnement à l’université Paris 1 et à Sciences Po Paris, et directrice de recherche au CNRS. « Chaque victoire en inspire d’autres, souligne Clémentine Baldon. La décision française sera également utile dans d’autres pays. » D’autant que, « s’agissant du changement climatique, même si la France avait tout fait parfaitement bien, nous aurions eu peu de résultats 4. Chaque État, chaque juridiction doit faire sa part. » La machine juridique se met effectivement en route un peu partout dans le monde. Au 1er juillet 2020, 1 550 actions en justice étaient en cours dans trente-huit pays5, un véritable « raz de marée » selon l’ONU.
QUAND LE JUGE CONTRÔLE Cette victoire française n’est pas la première. Le 19 novembre 2020 6, le Conseil d’État, juridiction
« Chaque victoire en inspire d’autres, la décision française sera également utile dans d’autres pays. » nationale suprême s’agissant des actions intentées contre toute entité publique, avait fait ce même constat d’un manquement du gouvernement à ses obligations en matière de réduction des émissions de GES. Ici, la plainte a été déposée par la commune de Grande-Synthe (Nord), menacée par la montée des eaux, et son maire, Damien Carême, contre la France. Comme pour l’« Affaire du siècle », une nouvelle décision sera rendue courant 2021, après qu’un supplément d’instruction a été imposé. « Il est vrai que ces décisions du Conseil d’État et du tribunal administratif initient une nouvelle étape, commente Marta Torre-Schaub. Mais elles ne sont pas encore définitives. Pour l’instant, il n’y a pas de jugement contraignant pour l’État. » Toutefois, pour l’ancienne ministre de l’Environnement et avocate Corinne Lepage, qui défend la commune et son maire, la première décision du Conseil d’État dans cette affaire reste aussi « une première
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DOSSIER
M aëlys Vési r
DOSSIER-PORTFOLIO
NÉO-
ARTISANS
DOSS
De la finance à la couture, de la communication à la céramique, du marketing à la menuiserie… Ces dernières années, les récits de reconvertis à la recherche de concret et de cohérence se multiplient et illustrent le retour en force du travail manuel, autrefois considéré comme une « voie de garage ». Anciens cadres, salariés ou jeunes diplômés, ils quittent leur clavier pour travailler la matière, s’éloignent des logiques du marché mondialisé pour s’inscrire dans le local, s’affranchissent d’une organisation d’entreprise souvent verticale pour devenir leur propre chef. Une revalorisation du « faire » qui redessine le système de valeurs du monde du travail et influence en profondeur notre façon d’être au monde.
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© iStock - Extreme-photographer
L’ÂGE DU FAIRE
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PO R TFOLIO
DOSSIER-PORTFOLIO
PORT
Ingrid Bailleul
DANS L’ATELIER Dans sa pratique du reportage comme du portrait, Ingrid Bailleul met en avant son intérêt premier pour les gens, leur parcours. Pour mieux raconter leur histoire, en livrer une trace à travers une expression, une émotion, la jeune photographe prend le temps de la rencontre. Pour cette série exclusive commandée par Kaizen en lien avec le dossier « Néo-manuels », Ingrid est partie à la rencontre d’Audrey, Camille, Christelle, Sandrine, Sébastien. Dans la lumière chaude des ateliers, elle a progressivement révélé les visages cachés derrière les mains. Des mains dont l’or est le fruit d’une reconversion ou d’un héritage. Des mains qui disent l’amour et la fierté d’exercer des métiers d’art et d’artisanat, inscrits dans l’histoire, et dans un territoire. Des métiers trop longtemps négligés, mais qu’une génération nouvelle vient sublimer.
POUR ALLER PLUS LOIN • www.ingridbailleul.com
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PORT
Camille Gras est l’un des derniers orfèvres de Paris. Son atelier, Camille Orfèvre, est situé passage Saint-Sébastien dans le 11 e arrondissement, fief historique de la profession. I l travaille avec certains outils très anciens, pour des particuliers, des maisons de luxe ou encore des créateurs. Page précédente : un artisan de Camille Orfèvre s’occupe des manches d’un service de couteaux.
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Et si on le faisait ensemble ?
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B en oit Hel m e F l or ian B on in
HAPPY HAND ENSE FAIRE DU HANDICAP UNE SOURCE D’ÉNERGIE
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Sur les hauteurs de Cagnes-sur-Mer, l’association Happy Hand s’apprête à ouvrir un vaste lieu d’écologie inclusive où des personnes, en situation de handicap ou non, partagent activités en lien avec la nature et instants de joie.
agnes-sur-Mer, soleil en Pagnol. Elsa tend la main à un visiteur, puis revient à son cheval pour le brosser. Son visage rayonne d’une lueur enfantine mâtinée de cristal. Corps fragile. Esprit de lenteur. Son cheval, c’est Nino. C’est une jeune femme brune de 30 ans en situation de handicap, dont la sensibilité ondoie comme une petite flamme. Joe François, sa mère, élégante au rêve intact, la regarde prendre soin de Nino. Elle a longtemps cherché un lieu de vie digne d’Elsa ; une terre généreuse où sa fille pourrait s’épanouir avec d’autres âmes sensibles, un écosystème ouvert aux différences.
« L’idée est de construire un lieu naturel particulièrement performant et accessible à tous. » Ce lieu, Joe François a décidé de le créer. Un terrain de 3 hectares imaginé avec une bande d’amis à l’étincelle commune. Une vieille bâtisse est érigée ici, qui était appelée « château des Salles » au temps de sa splendeur. Nous sommes dans les Alpes-Maritimes, où les collines sauvages 48
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dominent le bleu unique de la Méditerranée. Droit devant, des champs pour travailler. Pour qu’Elsa, souffrant d’un dysfonctionnement chromosomique de naissance, et bien d’autres personnes, handicapées ou non, puissent vivre à temps partiel ou complet dans les hauteurs d’âme.
NOUVEAUX CHEMINS L’association Happy Hand est née en 2015. Joe François en est la présidente : « L’idée d’un lieu ouvert au handicap me trottait dans la tête depuis une dizaine d’années. Après trois années de grosse galère, j’ai ressenti une sorte d’appel. Un chemin nouveau, une solution. J’ai alors espéré une ferme équestre accessible à tous et nous avons visé un écolieu inclusif. » Sous un soleil brûlant, Elsa vient de se mettre en selle. Diane Pallotta, monitrice équicienne, accompagne la cavalière. Mouvement régulier, pas rassurant, relation non verbale. Le cheval est ici un révélateur. Corps-à-corps tranquille. Recherche d’un équilibre simple. L’équicie est une variante de l’équithérapie, à visée médicosociale. Formée durant deux ans à l’école Équitaide, Diane Pallota a appris à Nino à comprendre certains gestes humains pour qu’il reste calme en toutes circonstances.
SOLUTIONS
2.
1. Pour Joe François, présidente de Happy Hand, quel bonheur d’accompagner Elsa, sa fille de 30 ans, en situation de handicap, à sa séance d’équicie ! 2. En selle sur Nino, si serein, Elsa trouve et savoure, elle aussi, son équilibre.
EMBLE
L’animal est serein puisque tout est fait ici pour que les chevaux soient bien dans leurs sabots. Pas de box, mais un terrain où ils peuvent se ressourcer librement. Elsa avance au pas. Diane Pallotta marche à ses côtés. Puis vient l’instant de grâce. La monitrice enlève la selle, le mors et les rênes. Elle propose à son élève de guider le cheval à pied, sans attache. Elsa descend du cheval. Elle est en confiance ; elle mène son cheval au pas, seule, déterminée, pour un parcours sans faute. De leur côté, Aurélia Giordanengo, Éric Levêque et Matthieu Blandin, paysagistes permaculteurs, marchent dans les herbes hautes, concrétisant le projet pas à pas. Il aura fallu huit mois de travail en amont pour poser, sur le lieu, les bases d’une permaculture efficiente. La permaculture consiste à développer un système agricole global, intelligent, où chaque élément est à la bonne place. « L’idée est de gâcher le moins d’énergie possible en construisant un lieu naturel particulièrement performant et accessible à tous », souligne Aurélia Giordanengo.
1.
En projet, donc : récupérer et stocker l’eau de pluie au point le plus haut du terrain pour la faire couler selon un dénivelé précis afin d’arroser le lieu. Profiter de la forêt à proximité pour récupérer du bois. Créer une cuisine extérieure, pour plus de convivialité, en positionnant des plantes aromatiques à proximité pour agrémenter les plats. Éric Levêque mesure la grandeur du terrain nécessaire afin de créer de nouveaux chemins et installer un broyeur pour recycler les déchets, voire les déchets des déchets comme la nature le fait si bien avant l’homme. Il s’agit aussi d’installer des toilettes sèches pour recycler de l’urine pure en engrais – puisque l’urine diluée dans l’eau génère de l’ammoniaque, substance dangereuse pour la végétation. Tout est pensé ici pour que le handicap ne soit plus handicap. « Nous voulons créer un potager accessible à tous, explique Aurélia Giordanengo. Nous allons surélever le niveau des légumes grâce à des structures en paille remplies de terre pour que les personnes en fauteuil roulant puissent y accéder. »
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, CRE ATEURS DE CULTURE
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Cl aire B iragu e
BOOK HÉMISPHÈRES
LE RÉEMPLOI DES LIVRES KRÉ CRÉE DE L’EMPLOI
O ROUE
Depuis près de dix ans, Book Hémisphères offre aux livres et produits culturels une seconde vie. L’idée est simple : les ouvrages, donnés par des particuliers et collectivités, sont redistribués à des associations caritatives, vendus ou recyclés. Mais avant tout, ils sont triés ; une étape assurée par des personnes éloignées du monde du travail.
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ans un entrepôt situé à Kervignac, dans le sud du Morbihan, une dizaine de personnes fourmillent entre des cartons remplis de romans, d’albums pour enfants, d’encyclopédies… Trois d’entre elles piochent dans les boîtes et analysent l’état des livres. Si ceux-ci sont bien conservés, ils auront la chance de trouver une place sur une étagère. Dans le cas contraire, direction le conteneur. Couverture arrachée et pages déchirées, les plus abîmés seront recyclés, et commenceront une nouvelle vie. Cocréé en 2010 par Benjamin Duquenne, son directeur, Book Hémisphères a pour mission de récupérer les livres « dormants » pour les replacer dans un circuit de lecture ou les recycler. « Nous avons à ce jour récolté cinq millions de livres », se réjouit l’un des fondateurs de la coopérative. Le réemploi des ouvrages se fait de différentes manières selon leur état : 45 % sont remis en circulation et 55 % sont transformés en pâte à papier ou en boîtes d’œufs. Les autres sont revendus en ligne, sur livreenpoche.com, dans la boutique physique, située à la même adresse que l’entrepôt, ou lors de braderies. Certains sont achetés par des professionnels (architectes, décorateurs d’intérieur…) 60
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pour être intégrés dans des décors de cinéma, de théâtre, etc. Pourtant, ce n’est « pas grand-chose par rapport à l’ensemble de ce qui existe ». Selon le ministère de la Culture, sur les 400 millions de titres imprimés chaque année, « 20 % repartent chez les éditeurs et sont directement recyclés », affirme Benjamin Duquenne.
SECONDE MAIN, SECONDE VIE Book Hémisphères n’est pas la première création de Benjamin Duquenne. Livrenpoche.com, né en 2002, sort aussi tout droit de son imagination : « Je suis un grand lecteur depuis que je suis gamin. J’ai fait de ma passion du livre mon métier par hasard quand, en 1998, j’ai mis en ligne ma collection personnelle », relate-t-il. Petit à petit, des clients ont demandé des titres qu’il ne possédait pas. Le futur gérant a alors commencé à dénicher des livres d’occasion et à les accumuler chez lui. « Les livres se sont entassés. Il y en avait partout, du sol au plafond et jusqu’au grenier. Nous avons donc décidé, deux amis informaticiens et moi, de monter notre activité. Sans véritables moyens », se remémore-t-il. En une décennie, la petite affaire est devenue grande, et s’appuie sur les principes de l’économie sociale et solidaire. À l’intérieur de l’entrepôt de
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ÉAKU OU E LIBRE 1.
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1. Benjamin Duquenne, cofondateur et directeur de Book Hémisphères, a mis sa passion des livres au cœur d’un projet d’économie sociale et solidaire. 2 et 3. Chez Book Hémisphères, le réemploi des livres favorise le retour à l’emploi : onze personnes bénéficient de contrats d’insertion professionnelle.
stockage, des étagères remplies de livres s’alignent sur plusieurs mètres. Un nouvel étage vient d’être construit car le lieu manquait d’espace pour accueillir l’intégralité des dons. Dans la salle de préparation des commandes, quatre employés s’activent pour récupérer les livres, les protéger, les emballer et étiqueter les colis à envoyer à travers la France. Entre 500 et 2 000 ouvrages sont expédiés chaque jour grâce aux ventes générées par le site Internet. Le 1er janvier 2019, Book Hémisphères est passé du statut d’association à celui de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) en englobant la SARL Livreenpoche.com. La coopérative compte aujourd’hui vingt salariés, avec onze postes dédiés à des personnes en contrat d’insertion professionnelle. « Nous les accompagnons pour qu’elles puissent remettre le pied à l’étrier et trouver un emploi durable », détaille Benjamin Duquenne. Non loin de l’entrepôt, Olivier s’affaire près de sa camionnette floquée du nom de la coopérative. Collecteur depuis deux ans, il en est à son troisième contrat d’insertion. « L’idée est que l’on touche un petit peu à tout. Cela me permet de voir les différents aspects de la structure, les différents métiers. C’est très complet », explique-t-il, ravi. Un poste qui offre également la possibilité à ce
médiateur culturel de pérenniser son activité durant la haute saison. Et de conserver un lien avec la culture qu’il affectionne tant. « J’ai toujours beaucoup lu, j’habite dans le Morbihan et Book Hémisphères est une structure qui correspond à mes valeurs ; toutes les conditions étaient réunies ! C’est aussi enrichissant car on travaille avec des personnes qui viennent d’horizons divers. »
BIENVENUE DANS LA BOOK’IQUE Le 6 juillet 2020, une Book’ique a ouvert ses portes. On y propose évidemment des livres mais aussi des produits culturels comme des DVD, des jeux vidéo ou encore des CD. « Elle accueille le public du mardi au samedi, de 9 h 30 à 17 h 45 – les
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Sabah R ah m an i
vent d'ailleurs COSTA RICA
À DEL’LAÉCOLE VENT D’A FORÊT
S
Fait unique au Costa Rica, le lycée professionnel de Santa Elena gère l’une des réserves naturelles nationales. Un modèle inspirant, qui éveille et initie les adolescents à la protection de la nature et à la science citoyenne.
ur la tour d’observation, Emily ne se lasse pas d’admirer la forêt tro picale où d’impressionnantes volutes de nuages s’échappent de la canopée. Avec ses jumelles, l’adoles cente tente de suivre les courbes envolées des vautours qui dansent entre les nuées. « Aujourd’hui, je regarde la forêt différemment. Je suis plus attentive, j’ai appris à l’observer, à la toucher, à la sentir. Cela m’enchante et j’aimerais en apprendre plus sur la nature ! » témoignetelle avec enthousiasme, depuis le cœur de la Reserva Bosque Nuboso (« réserve de forêt de nuages » ) de Santa Elena. À quelques kilomètres de là, à l’entrée de son lycée professionnel, on a choisi de mettre la philosophie du pédagogue brésilien Paulo Freire en valeur : « L’éducation ne change pas le monde, mais elle change les personnes qui changeront le monde. » Ici, on privilégie la pédagogie active au contact direct de la nature en impliquant les élèves dans la préservation et l’observation de l’environne ment. Pionnier dans le pays, c’est d’ailleurs le lycée public qui administre la réserve naturelle. Espace protégé ouvert au public, fréquenté par des touristes, « cette réserve a aussi pour vocation d’être un centre d’apprentissage pour l’éducation environnementale, avec les écoles primaires, le collège et le lycée de la ville. Nous proposons par exemple des animations de science citoyenne à destination des lycéens », explique Walter Bello, 64
Ém il ie Ch aix
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coordinateur de la réserve. Comme Emily, chaque jeune volontaire participe à l’un des programmes de recherche et d’animation de l’association lycéenne Les amis de l’environnement. Ce jourlà, l’adolescente de 16 ans fait sa ronde hebdoma daire en compagnie de Walter. Tous deux déam bulent sur les sentiers balisés de la réserve de 10 500 hectares, riche d’une biodiversité excep tionnelle, où plus de 3 000 espèces de plantes cohabitent aux côtés de 120 mammifères et de 400 espèces d’oiseaux. Guide naturaliste pas sionné, Walter partage son savoir avec la lycéenne en l’invitant à admirer au passage d’immenses fougères arborescentes avant de déceler sur un tronc d’arbre l’une des plus petites orchidées au monde : Lepanthes.
UN VIRAGE INÉDIT Côté mammifères, les belles surprises aussi retiennent l’attention des lycéens volontaires. Après s’être mise un peu à l’écart du sentier prin cipal, Emily est tout excitée alors qu’elle installe une caméra piège autour d’un arbre. « On recherche toujours un lieu où les animaux peuvent passer : près d’un arbre portant des fruits ou à proximité de l’eau », explique la lycéenne. L’installation des caméras, destinées à observer, à identifier et à vérifier la santé des espèces, est l’une des animations scientifiques les plus appré ciées des élèves. « Mon plus beau souvenir a été de découvrir la présence d’un puma venu pendant
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AILLEURS 1.
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2. 1. Emily et Walter posent une caméra piège, bien utile pour identifier et observer la faune. 2. La carte à mémoire d’une autre caméra leur révèle la présence d’un puma. 3. Walter invite aussi Emily à observer la flore. Ici, une orchidée.
la nuit lorsqu’on a visionné les cartes à mémoire », se souvient avec émotion Emily. Une preuve qu’ici la nature a pu retrouver ses droits, puisque, à sa fondation en 1983, la réserve avait été transformée en ferme avec de grands espaces de pâturage et de culture pour recevoir les élèves en apprentissage. « Dès 1986, le lycée agricole a constaté que les terrains n’étaient pas adaptés à l’agriculture en raison du climat, des pluies fréquentes et de la forte nébulosité. Les projets agricoles ont été abandonnés en 1989 au profit de projets de conservation. En 1992, la réserve a été officiellement ouverte ; elle avait été nommée à cette époque Centre écologique de la forêt de Monteverde », rappelle Walter. Un virage inédit accompagné d’un choix de revalorisation de nouvelles filières liées à la nature : agro écologie, tourisme écologique, tourisme rural, etc. Les ressources générées par la réserve servent non seulement à gérer la structure (salaires, maté riel…) mais aussi à financer le lycée qui administre
les lieux. Cette gestion atypique a permis par exemple en 1997 de consacrer plus de 44 000 euros (32 millions de colones) à l’inauguration de nou velles classes. Et si les décisions sont prises par les adultes, dans certains cas, les élèves sont consultés et soutiennent les projets, comme la création de la cafétéria. Les élèves volontaires sont également invités à prendre part aux permanences du deuxième bureau d’information de la réserve, juxtaposé au lycée. Esther, 18 ans, qui suit la filière « tourisme écologique », et Maybeline, 19 ans, la filière « tou risme rural » accueillent ce dimanchelà, en toute autonomie, les visiteurs et les clients venus ache ter le fromage de la ferme. « Quelle que soit notre spécialité, nous avons tous des cours d’écologie. Nous étudions les grandes familles d’animaux, de plantes et d’oiseaux, et nous apprenons à reconnaître les empreintes. Le lycée organise également des cycles de conférences avec une association sur le changement climatique »,
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LES FEMMES
MOTS, CROISE S
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Sabah Rahmani
MOTS C
Dans une société où les femmes sont largement incitées à se débarrasser de leurs poils, des féministes revendiquent la liberté de ne pas s’épiler, assimilant cette pratique à une forme de diktat patriarcal. Sur les jambes, les aisselles, le pubis ou le visage, que nous révèlent ces poils féminins quant à notre rapport culturel au corps ?
L’avis d’Estelle
L
© DR
collectif Liberté, pilosité, sororité
es poils féminins sont sujets à beaucoup d’objections sexistes, dont les plus courantes sont : « C’est pas féminin » ; « c’est moche » ; « c’est sale. » Or la beauté comme la laideur sont des notions relatives et culturelles. La pilosité masculine est considérée comme virile, tandis que la pilosité féminine BIO EXPRESS interpelle parce qu’elle est rarement montrée dans les médias ou dans la vie sociale. Le paral1982 lèle entre poils féminins et saleté est très couNaissance rant, bien qu’infondé. Pourtant, la pilosité n’a d’Estelle pas de genre, elle est hor1998 monale. Les poils protègent Naissance de Julie face aux attaques extérieures, alors que le rasage 2017 Julie cesse et l’épilation, associés à la de s’épiler « propreté », sont des fac2018 teurs de transmission et Estelle cesse d’expansion d’infections ! de s’épiler Notre collectif a été créé en juillet 2018 à la suite 2018 du constat qu’aucune femme, ou quasiment Créent Liberté, pilosité, sororité aucune, n’arbore de pilosité sur les jambes ou les aisselles dans la rue. Nous luttons en faveur de l’acceptation de la pilosité féminine. Nous militons pour que le corps des femmes soit perçu avant tout comme un « corps pour soi ». Nous créons aussi des temps de rencontre comme « Les poilues sont de sortie », permettant à des femmes d’échanger sur ce sujet POUR ALLER PLUS LOIN… d’une manière conviviale. Beaucoup de femmes soutiennent nos actions, des • collectiflps.net femmes de tous âges avec une proportion
et Julie,
importante chez les plus jeunes. Le reste du travail porte sur de la sensibilisation sur les réseaux sociaux, notamment avec le #payetonpoil qui recense des témoignages de sexisme pilophobe. La pilophobie est la haine et le dégoût de la pilosité. Si certains hommes peuvent être stigmatisés à cause d’une pilosité jugée « excessive », la pilophobie concerne avant tout les femmes. Nous considérons qu’elle nuit gravement à leur bienêtre. Elle génère une aversion envers son propre corps, aboutissant à une faible estime de soi. Source d’anxiété, elle s’ajoute à la « charge mentale » des femmes, car ces dernières se voient contraintes d’anticiper tout un tas d’activités : aller se baigner, sortir les shorts et les jupes, aller chez le médecin, coucher avec un nouveau ou une nouvelle partenaire… Sans compter la perte de temps et d’argent. Notre discours ne se résume pas à dire : « Arrêtez de vous épiler ! » Chaque femme doit être libre de décider de ce qu’elle fait de son corps, et donc de ses poils. Nous souhaitons avoir un rôle d’éclaireur et de médiateur entre les femmes et leur pilosité. Nous informons pour mieux décomplexer et déconstruire des diktats et préjugés sexistes intériorisés. Et parce que nous vivons dans une société à forte influence patriarcale, il est important de questionner l’affirmation : « C’est mon choix. » n
« Chaque femme doit être libre de décider de ce qu’elle fait de ses poils. »
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DRESSENT
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LES POILS L’avis de Christian
L
e poil est un trait distinctif de l’animalité et de l’humanité ; la chevelure comme la pilosité sont à la fois la marque d’une inquiétante similarité et d’une différence radicale entre l’Homme et l’animal. Chez l’Homme, la pilosité symbolise les différences entre les sexes. Ces différences que la nature a posées, nos cultures – et les cultures en général – ont eu tendance à les creuser. Chez nous, les adolescents guettent ainsi avec fébrilité l’apparition de leurs premiers poils, la transformation de leur duvet en moustache, tandis que les jeunes filles les traquent sur leurs jambes et sur leur visage pour les faire disparaître. La pilosité est aussi un trait distinctif entre statuts sociaux, entre populations voisines ou lointaines, entre religions et courants religieux ; elle symbolise les différences entre soumis et insoumis, entre l’ordre du monastère et l’errance de l’ermite, entre le civilisé et le sauvage. Le rapport au poil est « genré » en France : dru masculin versus lisse féminin. À l’époque contemporaine, le lisse féminin s’est imposé (épilation des jambes, des aisselles…) avec le dénudement progressif du corps (raccourcissement des jupes et des robes, emploi des bas en Nylon, bains de mer, poussée de l’hygiénisme, etc.). Dans la sculpture et la peinture, jusqu’au début du xix e siècle et aux toiles de Goya, les nus
Bromberger,
ethnologue
féminins sont représentés sans poils1. Le rasage des aisselles était encore exceptionnel (il était réservé aux actrices ou femmes de mauvaise vie) jusqu’à un proche passé. Voici ce qu’écrivait Émile Bayard en 1904 : « Vous souvient-il du répugnant spectacle offert par telles actrices dont les aisselles étaient rasées ? Oh ! l’absence scabreuse de la touffe de poils, riante comme un nid sous les bras ! Combien l’absence de ce point sur l’i était déplorable, obscène presque ! » Le retour au naturel revendiqué par certains mouvements féministes n’est pas choquant. Il est à mettre en parallèle avec la revendication d’une chevelure naturelle chez les AfroAméricains – à la manière d’Angela Davis. Si le paradigme masculin/ féminin = dru/lisse domine à travers le monde, il y a des exceptions significatives. Comme chez les Aïnous, un peuple principalement établi sur l’île japonaise d’Hokkaido, trichophiles et non trichophobes2. Les femmes avaient la lèvre supérieure incisée, recouverte de noir de seiche et arboraient ainsi une moustache factice. À l’inverse, les Caduveos au Brésil s’épilaient « complètement le visage et traitaient avec dégoût de “frères d’autruche” les Européens aux yeux embroussaillés », note Claude Lévi-Strauss dans Tristes Tropiques. n
« Le rapport au poil est “genré” en France : dru masculin versus lisse féminin. »
© DR
CROISÉS
BIO EXPRESS 1946 Naissance à Paris 1993 Professeur d’ethnologie à l’université d’Aix-Marseille 1996 Fondateur et membre de l’Idemec (Institut d’ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative), CNRS 2006 Directeur de l’Institut français de recherche en Iran (Ifri) 2015 Les Sens du poil (Creaphis)
1. Outre une exception majeure chez Cranach, au xvie siècle. 2. Attirés (tricophiles) ou non (tricophobes) sexuellement par la pilosité.
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Syl v ie Ham pikian
je vais bien, le monde va mieux
AUTONOMIE
Ol iv ier D egorce
JE VAIS BIEN LE M HIBISCUS
CONCENTRÉ DE SANTÉ ! Très populaire en Afrique sous les noms « karkadé » et « bissap », l’infusion d’hibiscus est une boisson santé par excellence à adopter au quotidien. SON PORTRAIT L’hibiscus médicinal (Hibiscus sabdariffa) est également appelé roselle, oseille de Guinée ou thé d’Abyssinie. D’origine africaine, il n’a pas la beauté des hibiscus ornementaux. Il porte toutefois des fleurs en trompette de 8 centimètres de diamètre environ, aux pétales jaunes ou rose pâle avec un cœur écarlate. Lorsque chaque fleur tombe, elle laisse place à un calice rouge pourpre, évoquant une petite urne cornue. C’est ce calice séché qui est utilisé sous forme de « pétales » pour préparer l’infusion d’hibiscus. SES PROPRIÉTÉS Santé : l’infusion d’hibiscus doit sa teinte rouge framboise et ses nombreuses propriétés médicinales à sa grande richesse en polyphénols, appelés anthocyanes, de puissants antioxydants. Elle est ainsi tonique, diurétique, anti-inflammatoire, antitussive et expectorante (dégage les bronches), favorise la digestion et agit comme antiseptique urinaire. Elle est donc indiquée en cas de digestion difficile, de rhume banal, d’état grippal, de règles douloureuses, d’infection urinaire bénigne. Prévention : grâce à ses précieux polyphénols, l’hibiscus est reconnu pour fluidifier le sang, abaisser la tension artérielle, réguler le cholestérol, les triglycérides et la glycémie, prévenir l’athérosclérose et les maladies cardio-vasculaires, et protéger les reins et le foie. 76
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Beauté : riche en acides organiques (AHA), l’hibiscus est tonifiant et lissant, d’où son surnom de « plante Botox ». Il est aussi purifiant, équilibrant, antioxydant, anti-âge, et il donne « bonne mine ». Il apporte du brillant à la chevelure et des reflets rouge framboise aux cheveux foncés.
ON L’EMPLOIE COMMENT ? Tisane : comptez une cuillerée à café de « pétales » séchés (2-3 grammes) pour 25-30 centilitres d’eau préalablement bouillie. Laissez infuser de 5 à 10 minutes en couvrant, puis filtrez. Conservez 24 heures au frais si nécessaire. L’hibiscus étant dépourvu de toxicité, il est possible d’en boire jusqu’à trois tasses par jour pour la prévention santé. Vous pouvez aussi l’employer pour améliorer le goût des tisanes tout en profitant d’un effet synergique. Par exemple, en ajoutant une demi-cuillerée à café d’hibiscus dans une tisane de thym (en cas de rhume) ou de bruyère (pour soulager une infection urinaire). Boisson rafraîchissante : préparez 1 litre d’infusion avec quatre cuillerées à café d’hibiscus séché. Filtrez, laissez refroidir et placez au frais. Vous pouvez aussi mettre à macérer l’hibiscus la veille dans l’eau (avec le même dosage) et le laisser reposer toute la nuit au réfrigérateur, dans un bocal ou un grand pichet avec couvercle. N’hésitez pas à ajouter dans le récipient un bâton de cannelle et des fruits bio (tranches de citron, d’orange,
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JE VAIS BIEN LE MONDE VA MIEUX d’ananas, de mangue, de pêche, de pomme rouge avec la peau, etc.). Vous obtiendrez une « sangria » sans alcool 100 % naturelle, concentrée en antioxydants et en vitamines. Vous pouvez en boire jusqu’à 1 litre par jour. Conservez-la au réfrigérateur, 24 heures maximum. Ne jetez pas les fruits, mais consommez-les en dessert ! Lotion cosmétique : l’infusion froide filtrée d’hibiscus peut s’employer en lotion tonique pour le visage (sur toutes peaux). Pour un rinçage capillaire (tonus, reflets framboise), faites couler doucement l’infusion tiède sur cheveux préalablement lavés, rincés et essorés. Malaxez bien, puis essorez. Si vous souhaitez accentuer vos reflets, doublez la dose de plante séchée. Quand elle est destinée à un usage cosmétique, la préparation se conserve jusqu’à 48 heures au frais. Huile cosmétique : riche en vitamine E, elle est antioxydante, antirides, tonifiante et réparatrice. Elle laisse la peau lisse et douce, et l’aide à retrouver son élasticité. Son arôme est doux et discret. 78
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Poudre : la poudre d’hibiscus s’incorpore à petites doses dans les masques pour le visage anti-âge et bonne mine, ou plus fortement dosée dans les masques capillaires, avec d’autres plantes comme le henné neutre. C’est aussi un colorant alimentaire 100 % naturel.
L’ACHETER OU LE CULTIVER ? Si vous habitez une région où il ne gèle jamais, vous pouvez tenter la culture de l’hibiscus médicinal. Semez les graines sous abri. Repiquez les plants dans une terre bien drainée, humifère et exposée en plein soleil. Arrosez régulièrement jusqu’à l’automne, où vous pourrez récolter les calices après fructification. Sinon, l’hibiscus séché est disponible dans les magasins bio, les herboristeries et la plupart des boutiques de thé (il est parfois associé à des fruits séchés, qui sont de très bons compagnons). Vous trouverez l’huile et la poudre dans les boutiques et les sites d’ingrédients pour cosmétiques naturels. n
AUTONOMIE de trop ? La couche
e n ch iffr es Fa nny Co s t es J us t i n e L e J o n c o u r
Les couches jetables représentent entre 2 à 4 % de nos ordures ménagères et viennent grossir les rangs des déchets incinérés. Elles sont aussi gourmandes en énergie, en eau et en substances chimiques. Un inventaire qui fait nettement pencher la balance en faveur de leur version lavable.
INFOGRAPHIE CONSO
Jusqu’à la propreté d’un enfant, vers 2,5 ans, 3,5 Mds de couches jetables sont utilisées chaque année en France, pesant entre 900 000 t et 1,8 Mt.
COUCHES JETABLES
COUCHES LAVABLES
LA POUBELLE PARLE
5 000 couches jetables = entre 800 kg et 1 t de déchets par enfant
30 couches lavables = 50 kg de déchets par enfant
QUEL PRIX ? Entre 1 400 et 2 000 €
LES RESSOURCES ?
Produire 1 couche jetable = 5 d’eau, soit 25 000 l pour 5 000 couches jusqu’à la propreté de l’enfant
479 KG ÉQ. CO2
Entre
800 et 1 000 €, électricité et eau incluses
l
Environ 11 000 l jusqu’à la propreté de l’enfant
LES ÉMISSIONS DE CO2 ?
De -13 % à -37 % si les couches lavables sont lavées à 60 °C et séchées à l’air libre
342 KG ÉQ. CO2
PRÉSERVEZ LES FESSES ET LA SANTÉ DE VOTRE ENFANT En 2019, l’Agence nationale de sécurité sanitaire a rapporté la présence d’environ 60 SUBSTANCES CHIMIQUES à risque dans les couches jetables comme le polyacrylate de sodium pour l’effet « fesses au sec », le chlore pour des couches très blanches ou le formaldéhyde, un composé irritant. En 2020, les efforts fournis restent insuffisants : seules 5 COUCHES SUR 32 étudiées sont « clean » pour 8 familles de substances chimiques. Sources : FNE, www.20 minutes.fr, www.lefigaro.fr, Hamac®, Anses.
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cui sin e
AUTONOMIE
, E N M, OD E ZE R O D E CHET ! Linda Louis
CUISINE
HERBES FRAÎCHES DES PETITES BOMBES ÉNERGÉTIQUES ET AROMATIQUES !
Hautes en couleur et en saveur, les herbes fraîches embellissent et parfument nos plats en un clin d’œil.
COMMENT BIEN LES CONSERVER Fraîchement cueillies, les herbes renfermeront bien plus de vitamines que si elles sont consommées quelques jours après, même conservées au frais. SI VOUS SOUHAITEZ LES STOCKER • Au réfrigérateur : ne les lavez pas et placez-les avec leur tige dans une boîte hermétique, enveloppées dans un linge fin que vous aurez légèrement humidifié au préalable. Elles se conservent ainsi 3 jours (2 jours pour le basilic et la coriandre, plus fragiles). Pour la coriandre, récoltez les tiges entières, avec la racine, pour prolonger leur temps de conservation, comme le font les maraîchers asiatiques. • Au congélateur : réalisez un pesto, puis répartissez-le dans des bacs à glaçons. 86
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Une fois qu’ils ont durci, stockez les cubes en vrac dans une boîte hermétique. Ajoutez-les directement, sans étape de décongélation, dans des pâtes, un risotto, une soupe ou une poêlée de légumes, au dernier moment. RECETTE DU PESTO Mixez 40 g d’herbes fraîches lavées, bien séchées, avec 100 ml d’huile d’olive, 40 g d’amandes ou de noisettes, 20 g de parmesan et une pincée de sel. Ajoutez 1 gousse d’ail écrasée, mixez une dernière fois et conservez en pot au frais jusqu’à 4 jours maximum. Astuce : coupez en deux un Tetra Pak de lait sur la moitié, dans le sens de la largeur. Lavez-le soigneusement à l’eau chaude et savonneuse, puis mettez-y des herbes
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