KAIZEN 59 : PRENONS LE TEMPS DE RALENTIR

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NOVEMBRE DÉCEMBRE 2021

DÉCRYPTAGE

COUV SOLUTIONS

CIRCUIT COURT CONTRACEPTION & SUPERMARCHÉ AU MASCULIN

AUTONOMIE

CHAMPIGNONS MAISON

PRENONS LE TEMPS DE

RALENTIR INTERVIEW

BEL/LUX 7,20 € - CH 11 FS ESP 7,40 € - DOM 7,40 € TOM 850 XPF MAR 80 MAD TUN 11,90 TND

VINCENT LIEGEY LA DÉCROISSANCE 1 EST-ELLE POSSIBLE ?


EDITO

Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 98 913 € Siège social 74A, rue de Paris - 35000 Rennes info@kaizen-magazine.fr www.kaizen-magazine.com Magazine bimestriel numéro 59 Novembre-décembre 2021 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Baldassari Rédacteur en chef Pascal Greboval Rédactrice en chef adjointe Sabah Rahmani Secrétaires de rédaction Emmanuelle Painvin Élise Lejeune Journalistes multimédias Maëlys Vésir Marius Gouttebelle Directrice administrative et financière Céline Pageot Attachée commerciale Aurore Gallon Gestionnaire service abonnements Delphine Le Louarn Abonnements et commandes 74A, rue de Paris - 35000 Rennes abonnement@kaizen-magazine.fr Tél. 02 23 24 26 40 Direction artistique, maquette et mise en pages • www.hobo.paris hobo.paris - hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Photo de couverture © Brianna Lee / Stocksy United Impression Imprimerie SIEP ZA des Marchais - Rue des Peupliers 77590 Bois-le-Roi SIRET : 539 732 990 000 38 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0322 K 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50 Distribution MLP Vente au numéro pour les diffuseurs Destination Média • Tél. 01 56 82 12 00 contact@destinationmedia.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peuvent être reproduits sans l’autorisation du magazine. Merci.

Pascal G reboval

HALTE À LA DROMOCRATIE !

ÉDITO

L

a dromocratie, vous connaissez ? Pour celles et ceux qui pensent que c’est le système politique des dromadaires dans le désert, je prends le temps d’une digression pour vous mettre sur la piste… Quand Emmanuelle, notre précieuse secrétaire de rédaction, a découvert les articles rédigés par Anne Steiger pour le dossier « Prenons le temps de ralentir » [lire page 20], elle m’a confié : « Il est très chouette, ce dossier, mais il me donne une vague envie de pleurer : on est vraiment des cordonniers très mal chaussés ! » Emmanuelle a raison : depuis dix ans, s’il y a bien un point où nous manquons de congruence, c’est le rythme de travail. L’équipe interne actuelle, Aurore, Céline, Delphine, Emmanuelle, Maëlys, Sabah et moi-même, comme ceux et celles qui l’ont précédée, travaille à un rythme qui tient moins du slow que d’un mix entre la zumba et la salsa ! Si chacun·e suit cette cadence endiablée, c’est parce qu’il y a un sens à travailler chez Kaizen. Si nous ne comptons pas notre temps, c’est parce que nous voyons l’urgence qu’il y a à agir. Et c’est là le paradoxe ! Nous travaillons trop et trop vite parce que nous sommes convaincus que tout doit ralentir. Une tension qui nous fatigue. Pourquoi ? Parce que nous sommes moins dans un régime démocratique que dromocratique. C’est Paul Virilo qui a inventé la dromologie, l’étude du rôle de la vitesse dans la modernité, un néologisme inspiré du grec dromos, « course », et logos, « science ». Pour l’urbaniste et philosophe, « la vitesse est la face cachée de la richesse ». Elle est à la fois son produit et son résultat ! Des exemples criants ? Le trading haute fréquence (THF), qui permet d’exécuter des opérations sur les marchés financiers en quelques millisecondes, Jeff Bezos qui dépense des millions de dollars pour voler à Mach 3 ou Martin Bouygues qui fait Paris-Saint-Malo en jet privé en une petite heure, au lieu de 4 h 30 par la route ou 2 h 45 en train ! En résumé, comme le rappelle Gilles Vernet [lire page 22], l’argent nous fait courir ! Alors, que faire ? Prendre le temps de parler avec ses proches ? Prendre son tapis et méditer ? Faire sa salutation au soleil tous les matins ? C’est un bon début… Mais tentons d’aller plus loin, arrêtons de croire que la croissance – c’est-à-dire la richesse – est l’unique source de bien-être. Devenons adultes, tels des enfants qui arrêtent de croire au Père Noël. L’exercice est difficile, ne nous mentons pas ! D’autant que ce mantra – « on a besoin de croissance » –, on l’entend depuis soixantedix ans déjà. Faisons un pas de côté et soyons lucides : lorsque nous voulons aller vite, en avion, en train, en répondant instantanément à un mail, nous sommes toujours assis, figés. La société de l’urgence nous a immobilisés ! Alors, remettons-nous en mouvement, et hâtons-nous… lentement. Reprenons le pouvoir sur nos vies. n

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SOMMAiRE RENCONTRE Vincent Liegey

K AI ZEN N° 5 9 - NOV EM BR E- DÉC EM BR E 2 0 21

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EN CHIFFRES 12 Les fripes, c’est tendance !

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LA NATURE MISE À NU 18 Les ragondins, rats castors sans frontières

DOSSIER

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CHRONIQUE Christophe André Ralentir devient urgent !

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D.I.Y. Collants, quand le bas blesse !

SOMMAIRE

CHRONIQUE 10 Quitterie de Villepin 2022, la démocratie sur un fil

ENQUÊTE Circuits courts et grandes surfaces : alliance compatible ?

ET SI ON LE FAISAIT ENSEMBLE ? Au Tambour !, un refuge exclusivement féminin

EN QUÊTE DE SENS 52 Adélaïde Fiche De l’architecture au paysage GOÛT DE L’ENFANCE Graines d’avenir, à l’École des semeurs

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CRÉATEURS DE CULTURE 58 Hôtel Pasteur, lieu de passage, lieu de partage VENT D’AILLEURS Grèce - Yoga et sport avec les migrants

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MOTS CROISÉS Contraception, place aux hommes !

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BD 68 Benoît Guillaume Créer une crèche parentale

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PORTFOLIO, CAROLE REBOUL IL ÉTAIT UNE FOIS LA NUIT

JE VAIS BIEN, LE MONDE VA MIEUX 74 Aubépine, l’atout cœur EN CHIFFRES Mon beau sapin ?

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VIVRE EN OASIS Le Bel-Air, écovillage organique

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BD 82 Mathilde Ruau Stento Au potager ! Cultiver des champignons CUISINE En mode zéro déchet ! Bocaux gourmands à offrir

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SÉLECTION KULTURELLE

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CHRONIQUE 98 Dominique Bourg Sommes-nous possédés ?

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Origine du papier : Allemagne Taux de fibres recyclées : 0 % Ptot : 0,017 kg/t Pour les abonnés : une relance de fin d’abonnement.

Un don ponctuel ? Un don mensuel ? * www.okpal.com/soutenir-kaizen-magazine * Dons déductibles d’impôt à 66 % 4

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Collecte de dons

Soutenir KAIZEN,

c’est s’engager dans un monde de solutions


R e ncon t r e

BIO EXPRESS 1979 Naissance à Besançon (Doubs) 2008 Rejoint le Parti pour la décroissance 2011 S’installe à Budapest pour coordonner le centre de recherche et d’expérimentation sur la décroissance, Cargonomia 2013 Coauteur d’Un projet de décroissance (Utopia) 2021 Décroissance (Tana Éditions)

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DÉCRYPTAGE

Pascal G reboval et Sabah R ah m an i

VINCENT RENCO LIEGEY Décroître : pourquoi et comment ? Quelles notions et quelles actions se cachent derrière ce mot qui dérange ? Chercheur et consultant, Vincent Liegey participe à plusieurs projets de recherche autour de la décroissance, et redéfinit le champ d’action de l’économie autour de la démocratie, du vivre-ensemble, du bien-être et de l’autonomie. Selon vous, quelles sont les dérives de la croissance ? Tout d’abord, avec la notion de progrès, notre société s’est enfermée dans une forme de rationalité économique sous couvert de « modernité ». Cette croissance s’est construite dans le déni de ce que nous sommes, de notre appartenance à la nature, car, culturellement et intellectuellement, nous avons essayé de dominer et de nous extirper de la nature en voulant aller au-delà de ses lois. Cette vision se reflète même dans notre manière de gérer notre rapport à la mort et à la santé. On le voit aujourd’hui dans ce qui est peut-être l’aboutissement de ce paradigme : le transhumanisme. La deuxième dérive est davantage culturelle. La croissance représente cette société « moderne » qui, contrairement à presque toutes les civilisations, est tombée dans l’hubris, la démesure. Alors que la plupart des civilisations ont cherché des spiritualités, des traditions, des règles sociales pour définir des limites, aujourd’hui nous baignons dans une logique du « toujours plus » : toujours plus fort, plus vite, plus loin, etc. quel qu’en soit le prix en matière d’exploitation humaine ou environnementale. Cette dérive, issue de la démultiplication des énergies fossiles, nous a rendus complètement fous. Comme une

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parenthèse endiablée ou enchantée – elle inclut aussi des choses très jouissives et sympathiques –, mais surtout endiablée parce que les effets secondaires sont terribles. Nous avons eu accès à quelque chose d’unique, tout en devenant des esclaves énergétiques, avec une facilité pour nous mouvoir, manger, habiter, etc. sans précédent dans l’histoire. Nous sommes dans cette hubris, dans cette folie, et avons l’impression qu’il n’existe pas de limites. L’économiste Simon Kuznets, qui a notamment initié le concept de PIB, avait prévenu que celui-ci ne devait pas être le seul indicateur. Pourquoi le PIB ne dit-il rien aujourd’hui sur la justice sociale et la prédation environnementale ? De manière un peu provocatrice, la raison est à trouver du côté des « limites intellectuelles » des sciences et des sciences économiques. Notre modèle de société, qui s’est accéléré ces dernières années de façon exponentielle, a de plus en plus besoin de chiffres pour analyser ce qui se passe. On retrouve cette notion dans le superbe livre d’Olivier Rey, Quand le monde s’est fait nombre (Stock, 2016). D’une certaine manière, plus on a développé la statistique, plus on a eu besoin


DÉCRYPTAGE

ONTRE

© Cargonomia

“L’ENJEU DE LA DÉCROISSANCE EST D’ADOPTER DES FORMES D’ABONDANCE FRUGALE."

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e n ch iffres Fan ny Co s t es J ust in e L e J o n c o u r

Les fripes, DÉCRYPTAGE c’est tendance ! Les vêtements seconde main ont la cote : chez les consommateurs à la recherche de petits prix, les militants anti-fast-fashion, mais aussi dans les rangs d’enseignes décidées à verdir l’image de la mode.

UN MARCHÉ EN PLEIN BOOM 36 MDS $

C’est le poids du marché des vêtements d’occasion dans le monde, 3 X plus qu’en 2013.

INFOG

En France :

+ DE 1 MD €

3 TYPES D’A CTEURS • Sites web, applis Vinted, Leboncoin, Vestiaire Collective, Videdressing, Collector Square… • Enseignes, marques Cache-Cache, H&M, Uniqlo, Jacadi, Kaporal, Petit Bateau, Gucci… Uniqlo a, par exemple, récupéré en France 620 000 doudounes usagées auprès de ses clients, en a repris les plumes pour les recycler sous le label Re.Uniqlo.

• Associations Croix-Rouge, Le Relais, La Refile, Fringuette, Vetis… Ses vestiboutiques rapportent à la Croix-Rouge 15 M€ par an.

2 SUCCÈS QUI EN DISENT LONG… Patatam, l’allié des enseignes Spécialisée dans la collecte de fripes puis leur revente aux enseignes, l’entreprise française est passée entre 2020 et fin 2021 de 200 000 à 750 000 vêtements expédiés en magasins et e-boutiques par mois.

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Vinted, l’intermédiaire milliardaire Le portail compte 37 M d’utilisateurs. La France est de loin le 1er marché avec 3,5 Mds € et 16 M de membres. Côté carbone, la licorne lituanienne « pèse son poids » : impact du numérique, incitation à la surconsommation, transport routier des colis individuels…


DÉCRYPTAGE IMPACTS DE LA MODE : RAPPELS

GRAPHIE

30 À 40 %

1,2 MD T/AN

d’un vestiaire n’est jamais porté.

de gaz à effet de serre

4 MDS T/AN

de déchets vestimentaires sont jetés en Europe : 20 % sont recyclés, 80 % mis en décharge ou incinérés.

DES MOTIVATIONS ÉCONOMIQUES ET ÉCOLOGIQUES • Le moindre prix est la 1re motivation pour 86 % des Français, suivi de près par les conditions environnementales : 78 %.

86 % 78 %

• Pour 25 % des Français, la démarche seconde main est un acte politique et militant, une recherche de la « qualité de l’objet » et du mieux-consommer.

25 %

• Dans le monde, 32 % des consommateurs considèrent une marque comme de haute qualité si elle vend à la fois des vêtements d’occasion et neufs.

UNE DÉMARCHE PAS TOUJOURS ÉTHIQUE… • Acheter plus, c’est le principal plaisir pour 37 % des consommateurs. Difficile alors de parler d’achat raisonné ou responsable… • En mettant en place la collecte et/ou la vente de produits de seconde main, les enseignes cherchent aussi à générer de nouvelles ventes via un système de chèques cadeaux. • + de 30 % des vêtements collectés en France et jugés de qualité insuffisante partent en Afrique, 14 % en Inde et au Pakistan.

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Sources : « Thredup Resale Report 2021 », IFM, OXFAM, Institut Kantar, EcoTLC-Refashion, FNE, caminteresse.fr, fashionnetwork.com, Ademe, refashion.fr, lsa-conso.fr, usbeketrica.com, ladn.eu

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DOSSIER

Anne St ei g er

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PRENONS LE TEMPS de

RALENTIR Performance, productivité, urgence permanente, stress chronique, épuisement, voire burn out : notre rapport au temps est devenu fou. Face aux vertiges de l’accélération, ralentir est désormais un mot d’ordre inspirant nombre de résistances. Ralentir, c’est refuser l’efficacité à n’importe quel prix, la soumission au temps « machinique », la connexion toujours plus envahissante au réseau global. C’est faire preuve de bon sens pour réduire la production et la consommation, et ne plus participer à la dévoration des ressources planétaires. C’est prendre le temps de vibrer au contact des autres, humains et nonhumains. C’est trouver ici et là des petits bouts de vie contemplative, des instants d’émerveillement, même courts. Le monde va trop vite ? Ralentir est nécessaire, possible et… urgent ! Pour aller plus loin ou témoigner, écoutez « Je pense donc j’agis » sur RCF jeudi 4 novembre, de 9 heures à 11 heures. L’émission sera consacrée à ce dossier.

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DOSS


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© DR

SIER

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DOSSIER

PRENONS LE TEMPS DE R ALENTIR

GILLES VERNET DOSSIER-PORTFOLIO

« Il faut beaucoup de sagesse pour ne pas verser dans la survitesse »

DOSS

Ancien trader devenu instituteur, puis auteur et réalisateur, Gilles Vernet met en abyme dans ses films et ouvrages la course contre le temps de notre société. Face à l’emballement exponentiel du monde, il nous invite à plus de frugalité.

BIO EXPRESS 1968 Naissance à Paris 1994 Entre dans la finance 2001 Apprenant la maladie incurable de sa mère, quitte la finance 2016 Tout s’accélère !, film documentaire primé au Figra 2021 Tout l’or du monde (Bayard)

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Depuis quand allons-nous « trop vite » ? Le vrai basculement remonte à l’invention de l’horloge à pendule en 1657 et surtout à sa généralisation à l’époque de la révolution industrielle (1760-1840). Avant cette époque, seuls les clochers des églises sonnaient le temps. Peu de personnes avaient une horloge à la maison, encore moins une montre, et le temps n’était pas uniformisé. À la fin du xixe siècle, l’ingénieur canadien originaire d’Écosse Sandford Fleming divise le globe terrestre en vingt-quatre parties égales, limitées par deux méridiens : ce sont les fuseaux horaires. Le temps devient universel, avec la synchronisation des horloges, des trains. Jusque-là cyclique (saisons, journées, nuitées, cycles lunaires), le temps devient quantifié (heures, minutes, secondes). Dans ces heures et ces secondes, le but du jeu devient de faire tenir de plus en plus de choses : c’est l’invention du taylorisme. Tout notre développement technologique, en physique fondamentale comme en physique théorique et pratique, se fait avec un découpage de plus en plus fin dans le temps. Aujourd’hui, on étudie les particules à 10-24 secondes ; on est capables de faire des mesures en picosecondes. Dans les usines en Chine, on dit à l’ouvrier qui fabrique des jeans : « Pour accomplir ta tâche, tu mets 5 secondes et 31 centièmes – c’est mieux qu’il y a un mois où

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tu prenais 5 secondes et 38 centièmes. » C’est la réalité : l’alliance infernale entre la finance et la technologie. Depuis quand se plaint-on de « ne plus avoir le temps » ? Chez les salariés, la plainte temporelle se met en place à partir des années 2000, avec l’apparition du burn out. On est alors à la deuxième phase de l’informatique, avec Internet, la connexion et la multicommunication. Le smartphone, ce loup dans la bergerie, que l’on a tout le temps sur nous, s’est démocratisé largement. C’est une invasion continue, il n’y a plus de moments de pause. Vous avez été trader… l’incarnation de tout ce que vous dénoncez aujourd’hui. Pourquoi être allé vers les marchés financiers ? Pour l’argent. Parce que j’avais peur de manquer. Mon père était chef d’entreprise et les huissiers sont venus chez nous quand j’avais 8 ans. Ils ont tout embarqué sous mes yeux. Cet événement m’a traumatisé. « Jamais cela ne m’arrivera », me suis-je dit alors. Énormément de gens dans la finance ont peur de manquer. C’est un grand classique. J’ai encore des copains dans le milieu. Parfois, je tente de leur parler de la liberté que devrait leur donner leur immense richesse qui,


DOSSIER-PORTFOLIO

© Patrick Lazic

SIER

paradoxalement, ne leur en donne aucune. Ils ne s’arrêtent jamais, continuant de courir après le temps et l’argent. Peut-être est-ce la force de l’habitude. Ou bien la puissance de l’adrénaline. Ou encore la peur du vide. Mais c’est surtout cette peur névrotique de manquer. S’ils s’arrêtent, ils pensent qu’ils n’auront plus assez. À ce niveau de richesse, cela n’a aucun sens. Le métier de trader a ses aspects grisants. C’est comme une drogue. On a également l’impression de mieux comprendre les enjeux politiques ou sociologiques sous prétexte qu’on voit le monde à travers cette petite lorgnette financière. On a le sentiment de

planer au-dessus de la mêlée. En réalité, on ne fait que planer au-dessus de sa propre vie et de toute relation humaine. Jamais je n’aurais pu être aussi heureux d’avoir des enfants si j’étais resté dans la finance. On peut s’habituer à un rythme frénétique, mais aussi devenir accro au vertige qu’il suscite… Bien sûr, et cela vaut pour tout le monde, pas seulement les traders. Dans une vie en accéléré, le cerveau sécrète de l’adrénaline, une véritable drogue. Rien n’égale cette sensation. Le temps

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P O R T FOLIO DOSSIER-PORTFOLIO

Carole Reboul

PORT

IL ÉTAIT UNE FOIS LA NUIT Carole Reboul est photographe de la vie sauvage depuis plus de dix ans. Passionnée de macrophotographie, elle s’oriente depuis quelques années vers les paysages, les ciels nocturnes et la lutte contre la pollution lumineuse. Sa démarche est à la fois hautement artistique et engagée pour la protection de la nature et de l’environnement. Carole est sensible aux grands espaces encore sauvages, désertiques, torturés qui nous font nous sentir fragiles et amènent l’humain à faire preuve d’humilité. Son approche accorde un grand rôle à la lumière ou à son absence et aux ambiances qu’elle fait naître. Après trois ans de travail, elle publie et expose Il était une fois la nuit pour raconter la nuit et montrer ses différentes facettes. n

POUR ALLER PLUS LOIN • carolereboul.fr • Carole Reboul, Il était une fois la nuit, Éditions de La Salamandre, 2021

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TFOLIO

Regarder les étoiles et comprendre notre place dans l’Univers, La Pierre Percée, Isère, France, 8 juillet 2020, 0 h

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DOSSIER-PORTFOLIO

PORT Arbre cosmique, massif du Lingas, Gard, France, 5 janvier 2019, 22 h 40

Ciel pour tous, moulin du Rédounel, Aveyron, France, 19 août 2020, 23 h

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TFOLIO Allumer les étoiles, causse Méjean, Cévennes, France, 12 juin 2021, 2 h 20

Arbre de la nuit des temps, Opoul, Pyrénées-Orientales, France, 20 décembre 2020, 23 h

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, CRE ATEURS DE CULTURE

Maël ys Vésir

SOLUTIONS

HÔTEL PASTEUR LIEU DE PASSAGE, KRE LIEU DE PARTAGE

Depuis mars 2021, sur le site de l’ancienne faculté dentaire de Rennes, une nouvelle place publique fait battre le cœur de ville. L’Hôtel Pasteur, tiers-lieu « trois en un » doté d’une configuration et d’une gouvernance uniques, abrite désormais une école maternelle, un Edulab et un hôtel à projets. Un lieu de passage propice au partage.

En plein centre de Rennes, l’Hôtel Pasteur a ouvert ses portes au public en mars 2021.

D

éambuler dans l’Hôtel Pasteur est d’abord une expérience visuelle. Une fois l’imposante porte d’entrée franchie, on découvre le hall commun, illuminé par un lustre en verrerie de laboratoire, clin d’œil à l’ancienne faculté des Sciences1. Ouvert au public depuis mars 2021, le bâtiment de 5 500 mètres

carrés abrite désormais au rez-de-chaussée une école maternelle publique, à l’étage un Edulab (espace dédié au numérique éducatif ) de 300 mètres carrés, ainsi qu’un « hôtel à projets » se déployant sur 2 500 mètres carrés. Dans ce dernier, chaque recoin porte la trace du passage des « hôtes » à travers des fresques, du mobilier, des photos ou encore des frises chronologiques. « L’essence du projet est de faire un lieu en commun que des personnes très différentes peuvent s’approprier pour expérimenter, transmettre, apprendre », explique Gwenola Drillet, coordinatrice générale et membre permanente de la conciergerie de l’Hôtel Pasteur. Via une simple demande par e-mail, les hôtes peuvent en effet disposer d’espaces de travail gratuits pour une durée allant de trois heures à trois mois. « Cette notion de passage fait que ce lieu n’est pas figé mais en perpétuel renouvellement ; chaque pièce est interchangeable et transformable pour une activité », ajoute-t-elle en nous faisant visiter le lieu.

« SORTIR DU CADRE » Dans les « chambres », au premier étage, Emma Real Molina et Ophélie Cornec ont posé bagages pour trois mois afin de développer leur activité 58

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SOLUTIONS

EAKU Véritable lieu « 3 en 1 », cette ancienne faculté dentaire accueille au rez-de-chaussée une école maternelle et aux étages un Edulab et un hôtel à projets.

artistique. La première, artiste peintre, prépare une série Bleues à la peinture à l’huile ; la seconde planche sur son Atelier cosmique, soit la fabrication d’objets en résine fabriqués à partir de déchets glanés sur la plage. « Plutôt que de travailler dans ma cuisine, c’est un bonheur d’avoir, pour un temps, cet espace de travail et de discuter avec des personnes d’autres univers dans les couloirs », se réjouit-elle. Non loin, au deuxième étage, l’association We Ker, chargée de l’insertion sociale et professionnelle de jeunes, s’est installée le temps d’un atelier photo sur trois journées afin d’aider un groupe de jeunes à embellir leur curriculum vitae. « Cela nous fait du bien de sortir du cadre de la Mission locale et de montrer aussi, au-delà de cet atelier, que ces jeunes adultes peuvent venir dans ce lieu qu’ils ne pensaient pas accessible », expliquent les organisatrices. Un sentiment partagé par l’association La Cloche qui prépare pendant ce temps dans la cuisine partagée de l’Hôtel Pasteur un repas inclusif avec des personnes précaires à la rue. « C’est super de pouvoir cuisiner dans ces conditions et permettre à

des personnes aux parcours divers de se rencontrer », raconte Séverine Maffeis, responsable de l’antenne en Bretagne.

AUTOGESTION ET RÉCIPROCITÉ Ce flux de passages et d’initiatives socioculturelles diverses a été rendu possible après neuf ans d’expérimentation impulsée par les architectes Sophie Ricard et Patrick Bouchain. En 2013, ils lancent dans ce lieu de patrimoine vacant, en accord avec la Ville de Rennes, une Université

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AUTONOMIE

D.I.Y.

COLLANTS

Auré l ie Ai m é J é rô m in e D e r i g ny, c o l l e ct if Arg o s

QUAND LE BAS BLESSE ! Dès les premières fraîcheurs, les collants font leur grand retour sur nos gambettes, pour toute la saison hivernale. Qui n’a jamais pesté parce que son collant neuf était presque aussitôt filé ? En matière de prêt-à-porter, il faut dire que le collant nylon est sans nul doute LE mauvais élève de l’obsolescence programmée. Voici quelques pistes pour y remédier…

L

es premières mailles de nylon ont été inventées en 1939. Puis, après la Seconde Guerre mondiale, les industriels ont imaginé les collants « sans couture », quintessence du glamour, qui ont rencontré un très fort succès. Quelques décennies plus tard, ces collants sont au cœur d’une industrie extrêmement polluante. En France, on en jette 104 millions chaque année. Comme l'a révélé l’association HOP (Halte à l’obsolescence programmée), dans sept cas sur dix, ils ne survivent pas à plus de six utilisations, voire trois utilisations dans plus de quatre cas sur dix 1. Aussi, leur fin de vie prématurée est quasiment toujours due à une obsolescence technique, et non parce qu’ils sont passés de mode… N’oublions pas également que ces mailles sont un produit pétrochimique issu de l’une des industries les plus polluantes. Les collants ont évolué vers un mélange de nylon et élasthanne pour assurer un plus grand confort, mais comme souvent dans l’industrie textile, les intrants chimiques sont présents à chaque étape de leur confection. L’étude menée par HOP nous apprend par ailleurs qu’il est techniquement possible pour les fabricants de jouer sur les additifs chimiques, pour rendre les collants plus ou moins robustes, et ainsi programmer leur fin de vie.

LES BONS RÉFLEXES À ADOPTER Comment remédier au problème, sachant que les fabricants n’ont pour l’heure jamais été inquiétés ? 70

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D’abord, interroger ses habitudes de consommation : mieux vaut investir 20 euros dans une paire de qualité, qui vous durera plus longtemps, que d’acheter et jeter une multitude de collants bas de gamme au cours de l’hiver. Des marques françaises de collants en matière recyclée émergent depuis quelques années : Atelier Unes, Rev Society, Estampille… Autre astuce : opter pour des mailles plutôt opaques, supérieures à 40 deniers, ou des collants issus de matières plus naturelles, plus épaisses et solides (laine, par exemple). Pour prolonger la vie de vos collants, un peu de vernis transparent stoppe les mailles filées qui ne seraient pas trop visibles. Si vous devez malgré tout vous résigner à les jeter, faites-le dans les bornes textiles prévues à cet effet. Enfin, lorsque vos collants sont hors d’usage, pourquoi ne pas les détourner de leur fonction première ? Ils peuvent servir à réaliser des éponges réutilisables en tawashi, une technique de tissage japonaise très simple [lire Kaizen, hors-série n° 14, « Zéro déchet de A à Z »]. Pensez aussi à les réutiliser comme attrape-poussière, ou pour faire briller vos chaussures. Les collants fins peuvent également être recyclés en cuisine : pour faire votre fromage, filtrer les liquides ; stocker vos oignons et prolonger leur durée de conservation, etc. Et pour parfaire votre jardin d’hiver ou enrichir votre hotte de cadeaux faits maison, on vous propose de les transformer en porte-plantes en macramé. n 1. « Collants : cas d’obsolescence programmée ? Signez l’appel de HOP ! », 15 mai 2018 [disponible en ligne].


AUTONOMIE

I.Y

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BD - au potager !

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B Mathild

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Math il de R u au Sten to

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BD de Stento

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cui c u i sin s in e

AUTONOMIE

, E N M, OD E ZE R O D E CHET ! Linda Louis

CUISINE

BOCAUX GOURMANDS À OFFRIR

Vous en avez assez de tous ces emballages au pied du sapin ? Dans ce dossier spécial fêtes, confectionnez des cadeaux gourmands et zéro déchet blottis dans de jolis bocaux et livrez par la même occasion un message écologique ! Le concept est on ne peut plus simple, mais il plaît à tous les coups ! Avant de vous lancer, pensez à chiner des bocaux vintage (Duralex, Le Parfait, L’idéale, Mason Jar…). Côté cuisine, il suffit d’empiler joliment dans un bocal des ingrédients secs et d’y glisser la recette [voir page 88]. L’heureux·se destinataire du cadeau n’a alors plus qu’à ajouter un ou des ingrédients humides (œufs, lait, eau…), puis cuire le tout selon la recette indiquée. N’oubliez pas d’inscrire la date de péremption de la préparation (un an). L’intérêt de ces kits gourmands faits maison est multiple. Ils permettent d’utiliser des ingrédients du placard ou de faire découvrir des ingrédients bio et de gagner du temps avec des repas « prêts à cuisiner-prêts à manger ». Ils sont très pratiques pour les soirs pressés et conviennent autant aux étudiants, ravis de rapporter chez eux un bocal à cookies préparé par leur maman écolo, qu’aux vacanciers qui, faute d’avoir eu le temps de faire des courses, pourront préparer un risotto express. On pense également aux copains en offrant un bocal à vin chaud [lire page 86] à la place de la sempiternelle bouteille de vin ! Côté loisirs créatifs, les bocaux peuvent contenir des mini-cadeaux selon une thématique choisie. Par exemple, on peut y glisser un kit couture ou zéro déchet [lire page 86]… ou alors ils peuvent servir d’écrin à des petites plantes pour former un terrarium maison [lire page 89]. 84

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SOS COOKIES AUTONOMIE AU CHOCOLAT LA RECETTE IDÉALE POUR UN CRAQUAGE DEVANT UN BON FILM !

Lavez soigneusement un bocal d’une contenance de 500 ml et séchez-le. Ajoutez les ingrédients suivants : 100 g de farine de petit épeautre mélangés à 1 c. à c. rase de poudre à lever, 2 c. à s. (20 g) de cacao amer en poudre, 50 g de flocons d’avoine, 100 g de sucre complet, 100 g de pépites de chocolat, 60 g de noix concassées. Variantes : remplacez la farine de petit épeautre par de la farine classique T65 ou de la T80 ; le sucre complet par du sucre blond de canne ; les pépites de chocolat par des raisins secs ou des canneberges ; les noix par des noisettes ou des noix de pécan… Imprimez ou photocopiez la recette page 88 et glissez-la dans le bocal.

CUISINE

LE VRAC

PLUS ÉCOLOGIQUE ET PLUS ÉCONOMIQUE Offrir ces bocaux pendant les fêtes ou autres circonstances est l’occasion de sensibiliser vos proches au zéro déchet… tout en veillant à ne pas adopter un discours trop moralisateur ! Expliquez que les ingrédients du bocal ont été achetés en vrac à l’épicerie bio du coin ou auprès d’un producteur local est déjà un très bon début. Il est également toujours intéressant de préciser que l’emballage d’un produit représente en moyenne 15 % de son prix... 15 % qui finissent donc à la poubelle…

RISOTTO AUX CÈPES ET AUX POIREAUX

POUR FAIRE PLAISIR AUX AMIS QUI PASSENT À L’IMPROVISTE !

Un jour avant, lavez 1 poireau. Retirez sa racine et les feuilles vertes éventuellement abîmées. Coupez-le en quatre dans le sens de la longueur, rincez-le bien à cœur, puis coupez-le en tronçons de 1 cm. Disposez les tronçons sur une grande plaque et laissez sécher au four pendant 4 heures à 50 °C. Les morceaux de poireaux doivent être parfaitement secs. Si ce n’est pas le cas, poursuivez le séchage. Lavez soigneusement un bocal de 375 ml et séchez-le. Ajoutez les ingrédients suivants : 300 g de riz à risotto (carnaroli, arbori …), 10 g de poireaux séchés et 20 g de cèpes séchés. Variantes : remplacez les cèpes séchés par des chanterelles, des tomates ou des carottes séchées. Imprimez ou photocopiez la recette page 88 et glissez-la dans le bocal. Il vous restera des poireaux séchés, à utiliser pour d’autres bocaux.

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