NUMÉRO 11 NOV. - DÉCEMBRE 2013
LE MAGAZINE DES INITIATIVES POSITIVES
POUR CONSTRUIRE UNE NOUVELLE SOCIÉTÉ
PORTFOLIO
REZA FEMMES DE PAIX
INTERVIEW GILLES CLÉMENT
VIVRE EN VILLE C’EST PLUS ÉCOLO ? LE BON PLAN RENNES
DOSSIER PLUS FORTS ENSEMBLE
M 05148 - 11 - F: 5,90 E - RD
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COMMENT DES COMMUNAUTÉS SE MOBILISENT POUR CHANGER LEUR DESTIN
SOMMAIRE
11 novembre-décembre 2013 05 Édito 07 Ils sont Kaizen
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Portfolio Reza, Femmes de Paix
08 Manifeste
59 Changeons l’éco Rejoué, récupérer et revaloriser les jouets
64 Yes they can Une Amap pour la pêche
09 Kaizen sur le web
67 Créateurs
10 Colibris reporters
de Culture
12 Désenfumage
Entretien poétique avec Gilles Clement
Habiter à la campagne c’est plus écolo ?
16 Si on le faisait Disco Soupe, cuisiner ensemble et en musique
20 Ensemble on va plus loin L'initiative Citoyenne Européenne, une nouvelle forme de démocratie ?
50 Portraits Doula, aider les futurs parents
52 DIY, fais-le toi-même Les cadeaux de Noël
56 Infographie Devenir végétarien par calcul
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Dossier La force de la communauté
73 Le sourire d’Yvan 74 Le bon plan Rennes
78 Sauvage et délicieux : La pomme sauvage
84 Les Rendez-vous Kaizen 90 Chronique de Pierre Rabhi | Nov. - Décembre |
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Magazine bimestriel numéro 11 Novembre - décembre 2013 Imprimé sur papier recyclé blanchi sans chlore Directeur de la publication Patrick Oudin Directeur de la rédaction Cyril Dion Rédacteur en chef Pascal Greboval Directeur Artistique Yvan Saint-Jours Secrétaire de rédaction Lucile Vannier Contact contact@kaizen-magazine.fr Abonnements abonnement@kaizen-magazine.fr Comptabilité et administration administration@kaizen-magazine.fr Rédaction redaction@kaizen-magazine.fr Couverture REZA / Webistan Maquette et mise en page Schuller-Graphic SIREN : 539 732 990 APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 92284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières les vallées Régie de Publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse, Sandrine Novarino Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Vente aux N° pour les diffuseurs : Alexandre Campi Groupe HOMMELL Tél : 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr Aucun texte et illustration ne peuvent être reproduits sans autorisation du magazine. Merci.
ET SI LA SOLUTION ÉTAIT : ENSEMBLE ?
I
l y a quelques années, l’un de mes amis spécialiste en Intelligence Collective, Jean-François Noubel, me disait en substance : « Notre plus grand défi n’est pas le changement climatique, ni la faim dans le monde, ni la crise économique mondiale, mais notre capacité à résoudre tous ces problèmes ensemble ». A peu près à la même période, un autre ami climatologue au GIEC me confiait que d’après les modélisations sur le changement climatique, il était souvent plus intéressant en termes d’impact d’optimiser les structures existantes (remplir les voitures, économiser l’énergie, etc.) que de créer de nouvelles structures à coups de grands travaux. « L’organisation collective est la clé » me glissait-il dans un sourire. De l’avis de nombreux experts ou penseurs (Jared Diammond, Rob Hopkins…), si le pire survenait sous forme de catastrophe économique ou écologique, ce qui serait le plus à même de nous sauver serait notre capacité à faire front ensemble, à nous soutenir, à être solidaires. Aujourd’hui, nous connaissons la plupart des solutions aux crises que nous traversons. Notre plus grande difficulté est de trouver comment les mettre en œuvre. Nous mobiliser et agir. Retrouver le sens de la communauté, tant à l’échelle de la planète (prendre conscience que nous sommes une seule communauté humaine avec une communauté de destin) qu’à l’échelle de notre territoire, est fondamental. Nous sommes tous dans le même bateau et ce bateau est en danger. Coopérer n’est pas une option, c’est la seule solution ! Nous vous invitons dans ce nouveau numéro à vous laisser inspirer par tous ceux qui ont déjà fait un premier pas en ce sens. Bon automne à tous ! Cyril Dion Directeur de la rédaction
ÉDITO KAIZEN “Changer le monde pas à pas”
© M Leynaud
Editeur SARL EKO LIBRIS au capital de 59 000 €. 95, rue du Faubourg-Saint-Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.com
Kaizen késaco ? Kaizen est un mot japonais qui signifie littéralement “changement bon”. Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un second puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau. | NOV. - DÉCEMBRE |
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?
Est-il plus écolo de vivre en
ville ou à la campagne Texte Cyril dion / dessin julie graux
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l y a encore quarante ans, la question ne se serait peut-être pas posée. Les écolos (du moins d’après l’image qu’on s’en faisait) vivaient plus volontiers « à la campagne ». Comprenez, ils élevaient leurs chèvres, entretenaient leur potager et leur compost, refusaient la société de consommation et tous ces artifices que l’on trouvait… dans les villes. Le cliché a la vie dure, mais les temps ont changé et il est désormais légitime de se demander si la pression que nous exerçons sur notre planète est plus forte en ville ou en pleine nature.
C’est quoi l’empreinte écologique ? Commençons d’abord par rappeler ce qui fait notre empreinte écologique (soit la pression que nous exerçons sur les ressources naturelles de la planète). Principalement et dans l’ordre pour un Français1 : • notre alimentation (20 500 m2/an) • nos achats (19 400 m2/an) • notre habitation (9 700 m2/an) • nos déplacements (6800 m2/an)
Alimentation, avantage à la campagne Soyons clair. Faire un potager et se nourrir en grande majorité de ses produits est à notre connaissance le moyen de générer le moins d’impact écologique. Si en plus vous êtes végétarien ou si votre régime alimentaire est peu
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─ Il faut environ 200 m2 pour permettre à une famille de 4 personnes de subvenir à ses besoins ─ carné c’est carrément le Pérou (voir infographie p.56). Or, il faut environ 200 m2 pour permettre à une famille de 4 personnes de subvenir à ses besoins en légumes et 400 m2 si on y ajoute les fruits. Ce qui rend la tâche plus ardue en ville.
Cela n’empêche pas les citadins de redevenir adeptes des jardins familiaux (on en recense en France environ 150 000 parcelles2 contre 100 000 dans les années 80 mais 700 000 à la fin de la Deuxième Guerre mondiale) ou de toute forme d’agriculture urbaine (culture
pour faire revivre les rebuts
Texte Shabnam Anvar / Photos Nicolas Combalbert
La convivialité contre le gâchis, la gratuité du recyclage et le plaisir du Disco : voilà la recette pour sensibiliser au gaspillage alimentaire. Finie la culpabilisation, bienvenue dans l'action citoyenne positive !
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ncore un concombre biscornu victime d’un délit de sale gueule… il n’est pas le seul. Plus de 30% des aliments comestibles sont jetés tout au long de la chaîne alimentaire. Depuis mars 2012, de joyeux « fanes » de soupes collaboratives clament tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : « le gâchis salsifis » et « l'oignon fait la force »! Proposée à 70 femmes en foyer ou à 400 personnes lors d’un festival à Rennes, la Disco Soupe est une solution antigaspi accessible à tous : elle donne vie à des happenings collectifs d’épluchage de fruits et légumes mis au rebut, invendus ou de troisième main, dans une ambiance musicale et festive. Il
dans les champs plus d’une tonne de légumes invendables pour nourrir 6000 personnes. Une fois arrivés sur place avec ces trésors, les cuistots inventent les recettes pendant que l’équipe de lavage se met au travail. D’autres mettent en place les tables pour accueillir les éplucheurs alertés via les réseaux sociaux ou attirés sur place par la musique, ingrédient clé de la Disco Soupe qui attise même la curiosité des grand-mères, trop heureuses de partager leurs recettes anti-gaspi avec des représentants de la génération Y. En moins de deux heures, salades d’épinards, betteraves et pommes, gaspacho, guacamole, smoothies à
─ « le gâchis salsifis » et « l'oignon fait la force »! ─ suffit pour cela de faire la tournée des grossistes ou des supermarchés acquis à la cause, la fin des marchés (sans faire concurrence aux glaneurs dans le besoin) ou mieux encore, de vous fournir directement chez les agriculteurs bio de la région, à l’instar de l’incroyable équipe de Nantes qui a récolté directement
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la mangue et à la banane, ravissent un public incrédule devant ce festin issu des délaissés de notre société de consommation… « Rien de tel que de toucher le problème du doigt et de le tailler en petits morceaux pour passer à l'action » témoigne Caroline, co-fondatrice de DS.
Dis'collaboration de bénévoles L’Association Disco Soupe est née de l’alchimie entre plusieurs membres de la communauté MakeSense.org et le jeune président bon vivant de Slow Food Bastille. Depuis mars 2012, la communauté ne cesse d’accueillir d’enthousiastes éplucheurs partout en France, et même en Corée, au Brésil et depuis septembre 2013 à New York City. La force de cette communauté tient à la créativité nourrissant tous ceux qui la composent. Avec elle, tout devient possible : un accord avec une chaîne de supermarchés (qui ne peut en faire la publicité) pour qu’ils cèdent leurs rebuts à chaque fois qu’un Disco Soupiste frappe à leur porte ; la transformation de deux tonnes de mangues en compotes, confitures, smoothies et autres recettes lors d’un festival ; la création de cuisines mobiles en récup pour les festivals d’Aligre ; la création d’un vélo-blendeur pour un open bidouille camp...
recette aPPrenante, siMPle, reProDUctible et aMUsante Avec seulement 8 DS sur Paris en 2012, l'urgence pour l'équipe était de les reproduire partout en France dès 2013. Elle a donc lancé un financement participatif et recueilli 5500 € permettant d'acheter le matériel nécessaire (marmites, tripates, gobelets réutilisables) pour accompagner 15 autres villes. Pari réussi et même dépassé : au cours du seul mois de mai, pas moins de 16 Disco Soupes se sont tenues dans plus d’une douzaine de villes. Les raisons de ce fulgurant succès français ? Antoine Delaunay dévoile la recette open-source de toute DS : « Les meilleurs moments dans nos vies sont composés de personnes, de nourriture et de musique ; nous utilisons ces mêmes ingrédients pour interpeller les gens ». Pour accompagner ce succès, les bénévoles ont créé des outils aidant à dupliquer les DS et rendant le savoirfaire collectif accessible en un rien de temps. Point essentiel, la simplicité du concept permet à chacun de devenir acteur de la lutte contre le gaspillage près de chez soi en découvrant les coulisses du gaspillage. Quelle leçon que de se rendre au Marché d'intérêt national (M.I.N.) à 6h30 du matin et d’y voir un employé jeter plus de la moitié de centaines de laitues, n’en gardant que le cœur pour fournir les hôtels de luxe parisiens…
© microlithe
La vertu de la DS est qu’elle propose d’agir, au-delà de la réflexion. C’est une manière de sensibiliser à ces sujets qui font débat dans notre société : modes de consommation, rythmes de vie, relations internationales, rapport à l’environnement… Tous à la Disco Soupe !
Un simple carton peut véhiculer un message indiquant le nombre de kilomètres parcourus par les aliments pour atterrir… dans une poubelle.
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et si on le faisait ?
─ la simplicité du concept permet à chacun de devenir acteur de la lutte contre le gaspillage ─
ICE ?
INITIATIVE CITOYENNE EUROPÉENNE,
déMoCraTie
Depuis le 1er avril 2012, un outil innovant de démocratie participative permet de soumettre un projet législatif à la Commission européenne. L’Initiative Citoyenne Européenne (ICE), un engagement civique très « Colibris ». TEXTE nathalie jouat / ILLUSTRATIONS le cil vert
S
i Internet a engendré l’essor d’un important souffle de citoyenneté active, les débats et idées restent souvent confinés à la seule discussion entre internautes. L’ICE, née dans le cadre du traité de Lisbonne, permet à au moins 1 million de citoyens européens, issus d’au moins 7 pays de l’UE, de se faire entendre en se coordonnant. Il ne s’agit pas d’une pétition ordinaire : tous les moyens modernes, dont le puissant pouvoir des réseaux sociaux, peuvent être utilisés pour susciter l’adhésion à
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sa cause. Les soutiens électroniques sont collectés sur un formulaire sécurisé avec vérification d’identité, ce qui engage personnellement le signataire. Cela rebute parfois les votants, peu habitués à communiquer ces informations sensibles, mais c’est avant tout une garantie de qualité1 qui atteste du sérieux de ce type de projet citoyen.
des idées et des hommes L’ICE participe à la dynamisation du circuit décisionnel européen. Une
minorité a désormais l’opportunité de s’exprimer directement dans la chaîne institutionnelle. Améliorer et uniformiser le système de sécurité sociale dans l’UE ? Abolir l’expérimentation animale ? Améliorer les programmes d’échanges entre pays de l’UE ? Mettre en place un forfait unique européen de téléphonie mobile ? Toutes les idées sont étudiées. 30km/h, par exemple, lance un débat pertinent : « Limiter la vitesse à 30km/h en agglomération est un moyen très économique d'accroître
Certaines ICE sont rejetées par la Commission, soit parce qu’elles ne sont pas recevables (en désaccord avec une directive européenne), soit parce
Passage à l’acte et collecte chronométrée A l’heure actuelle, la procédure de lancement d’une ICE est longue ; elle est encore en cours d’amélioration et ce jusqu’en 2015, date de sa révision globale. L’initiative peut émaner d’une personne (ou d’un groupe de personnes d’un pays de l’UE) qui va ensuite monter une équipe internationale pour organiser la collecte. Sur ce point, Valérie Cabanes, porte-parole de l’ICE End Ecocide in Europe, conseille de penser dès le début aux moyens de
─ L’ICE participe à la dynamisation du circuit décisionnel européen ─ qu’elles ont besoin d’être reformulées ou clarifiées. Ce fut le cas pour l’ICE Revenu de base inconditionnel, visant à instaurer celui-ci pour « développer une Europe plus sociale ». Menée conjointement par 17 pays, elle a été rejetée car la base juridique invoquée n’entrait pas dans les fonctions de la Commission européenne. L’équipe a persévéré et a été entendue : « Suite à ce refus, un groupe de travail s’est formé et a décidé de travailler à la révision de la proposition. Réunis à nouveau à Florence, ils ont soumis une seconde proposition d’initiative, finalement acceptée par la Commission Européenne ». La voici soumise au vote des citoyens européens !
communication entre les membres de l’équipe : « Le challenge réside surtout dans le langage. Au sein de notre ICE, nous communiquons en anglais, mais cela limite la participation de membres et nous demande de grandes attentions de traduction ». Il est donc préférable de s’entourer de coordinateurs bilingues. Le montage du projet est une étape importante et doit être soigneusement préparé. Car bien plus qu’une simple idée, il faudra proposer un véritable dossier autour d’une thématique à portée européenne. « Plusieurs mois en amont sont nécessaires pour tout préparer : s’entourer, se charger des aspects administratifs du début (un peu rébarbatifs…) et surtout trouver une personne dans chaque pays pour faire campagne sur le terrain, c’est essentiel ! »
Fiche pratique : Participer aux ICE
Ensemble on va plus loin
la sécurité routière, de diminuer le bruit, la pollution et d'encourager des choix plus efficients en termes de mobilité. Nous voulons que ces bienfaits deviennent la norme pour tous dans l'Union européenne. Selon nous, le 30km/h doit devenir la vitesse par défaut dans nos villes et villages et les autorités locales ne doivent autoriser des vitesses supérieures que lorsque c'est nécessaire. »
Voter : Rendez-vous sur le site officiel5 présentant toutes les ICE en cours, pour peut-être signer et profiter de votre voix de citoyen européen actif. Créer une ICE : Rassembler : Montez une équipe de compétences complémentaires autour d’une thématique précise et si possible d’actualité. Créez un site internet, certifiez votre système informatique de collecte, contactez des associations susceptibles de relayer votre cause, cherchez des sponsors, des parrains, informez les médias. Préparez le mieux possible votre collecte. Formuler : Rédigez un dossier documenté et argumenté pour mettre toutes les chances de votre côté quant à l’acceptation de l’Initiative par la Commission européenne. Présentez votre dossier. Fédérer : 1 à 2 mois plus tard, vous pouvez débuter la collecte de signatures. Organisez des réunions d’information, faites connaitre votre démarche. Présenter : 12 mois plus tard, si l’Initiative aboutit, la Commission européenne va l’étudier. Elle entamera ensuite une procédure législative en sa faveur ou devra motiver sérieusement son refus.
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+ © François-eric cormIer
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Dossier
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Dossier
RÉALISÉ PAR CyrIl DION, frÉDÉrIqUE bASSET ET pASCAl grEbOVAl
forts
ensembLe commeNt DeS COMMUNAUTÉS Se mobIlISeNt pour ChANgEr leur
DESTIN Cubains, Islandais, Argentins, Français… Confrontés à des crises plus ou moins violentes ils n’ont pas cédé au fatalisme et se sont unis pour trouver des solutions créatives et reprendre en main leur destinée. Voyage aux pays des communautés qui bouleversent l’ordre établi.
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La
force
de la
communauté
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n 2012, le film Tous au Larzac de Christian Rouaud remportait un beau succès populaire (près de 200 000 entrées en salles), couronné par le César du meilleur documentaire. Pourtant, pas d’effets spéciaux ni d’images spectaculaires à donner en pâture aux spectateurs, rien qu’une succession de paysans vieillissants nous racontant leurs dix années de lutte pour défendre leurs terres et peu à peu, s’inventer un nouvel idéal. Nombre de passages sont émouvants aux larmes. Comme celui de la marche silencieuse des paysans vers Paris, rejoints par des milliers de personnes arpentant les boulevards de la capitale sans un mot, empreints d’une gravité saisissante, leur avancée simplement rythmée par les bruits des bâtons martelant le pavé. A la fin du film, José Bové raconte l’épisode du vote à bulletins secrets des paysans du Causse en février 1981, alors que les organisations syndicales sont prêtes à abandonner le combat après 10 ans d’efforts acharnés et les pressent d’accepter la mini extension du camp militaire. A leur grande stupeur, ils votent, sous les yeux des notables agricoles, contre la proposition de la FNSEA à 99%. « A ce moment-là, raconte José Bové, les gens se disent : on fait partie d’une communauté. On ne s’est pas battus pendant dix ans pour voir partir un voisin (…). On a fait une famille. » Or, ces dix années ont été particulièrement éprouvantes et il fallait au moins cette union pour les surmonter. Et pourtant, lorsque le combat se ter26
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mine en 1981, les résistants du Larzac ne peuvent se résoudre à se quitter. A abandonner ce précieux sentiment d’être ensemble face à l’adversité. Cette union sacrée, on la retrouve chez les 343 salopes pour obtenir le droit à l’avortement, chez les suffragettes pour obtenir le droit de vote, chez le mouvement gandhien pour arracher l’indépendance à la Grande-Bretagne. Et chez tant d’autres… Dans une société de plus en plus fractionnée, individualiste, où l’information est toujours distribuée en masse par écrans interposés, sans toujours être digérée par une réflexion collective, ces communautés font souffler un vent de solidarité et de responsabilité dont nous avons sans doute grand besoin pour affronter les enjeux qui nous attendent.
VOUS AVEZ DIT COMMUNAUTÉ ? Le terme de communauté n’est pourtant pas très en vogue en France. Il évoque facilement quelque chose d’un peu ringard ou de religieux. On l’utilise relativement peu pour parler d’un groupe d’individus vivant sur un même territoire ou partageant une communauté de destin. Au contraire du mot « communautarisme », régulièrement brandi comme un danger. Il est revanche beaucoup plus courant dans le vocabulaire anglo-saxon où l’idée de community est somme toute assez banale. Son voisinage, sa paroisse, sa famille étendue sont autant de communautés dans lesquelles il est important d’évoluer et sur lesquelles il est possible de s’appuyer. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si des initiatives comme les villes et territoires
en transition (Transition Network) ou les incroyables comestibles (Incredible Edible) sont nées dans cette culture et s’y développent à grande vitesse. Elles portent en elles l’idée qu’il nous faut désormais nous regrouper, nous relier les uns aux autres pour résoudre les problèmes auxquels nous faisons face. Non seulement à l’échelle des territoires où les monnaies, l’agriculture, les entreprises, les décisions politiques sont appelées à se ré-enchâsser dans une communauté et à entrer dans l’intérêt de celle-ci, mais également à l’échelle d’Etats, de continents (l’Union européenne est une tentative de créer une communauté qui ne remporte peut-être pas l’adhésion des peuples justement parce qu’elle se concentre désormais sur une vision économique et structurelle au lieu de s’appuyer principalement sur ce qui relie ces 500 millions d’individus) ou de la planète. Car nous commençons également à prendre conscience que nous sommes une communauté humaine, confrontée, dans son ensemble, à des défis communs (changement climatique, perte de la biodiversité, épuisement des ressources naturelles…) et qui doit, d’une façon la plus pacifique et solidaire possible, inventer son avenir. Dans ce dossier, nous faisons l’hypothèse que le sens de la communauté est l’une des clés qui nous permettra d’affronter les défis du XXIème siècle et que l’urgence d’agir est peut être d’abord une urgence à faire corps et à nous soutenir les uns les autres, à nouveau. Pour cela, nous partons à la découverte d’initiatives inspirantes, où la solidarité entre les humains a produit des merveilles.
Dossier ©Julie Graux | Nov. - Décembre |
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COMMENT les islandais
ont sUrMontÉ LA
crise de
2008 © páll Stefánsson
Confrontés à la pire crise économique de leur histoire, les Islandais ont fait de leur sentiment communautaire une force capable de se confronter au système financier et constitutionnel.
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témoin de
paix
Portfolio
La femme,
Le photographe Reza a couvert de nombreux conflits dans le monde. Il garde pourtant foi en l’humanité, notamment grâce aux femmes sur lesquelles il a beaucoup tourné ses regards.
© REZA/Webistan
Le rituel, Afghanistan, Mazar-e-Sharif, 1990
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© REZA/Webistan
Mémoires, Chine, Turkestan oriental, 1995
Pascal Greboval : Vous avez réuni des photos de femmes à l’occasion de l’exposition « Femmes, entre luttes et grâce ». Que représentent-elles dans votre travail ? Reza : En photographiant les guerres, les conflits, j’ai assez vite compris que les véritables victimes étaient les femmes et les enfants. De même, toutes les décisions politiques, sociales, qui ont des portées régressives, les atteignent plus durement. D’autre part, même si Gandhi et Martin Luther King sont des symboles de la non-violence, la paix ne s’inscrira durablement et à grande échelle que par les femmes, parce que ce sont elles qui donnent la vie. Sauf exception, elles n’ont pas la volonté de la détruire. J’ai été très 42
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marqué lors d’un reportage au Rwanda, après la guerre entre Tutsis et Hutus, par la rencontre de femmes violées par des hommes de l’ethnie adverse et qui refusaient d’avorter, malgré la pression de leur communauté. Elles disaient « c’est mon enfant, je ne veux pas le tuer ». Elles étaient alors exclues de leurs villages. Je pense aussi que l’être humain est attiré par la beauté, quel que soit le domaine : musique, poésie, peinture… La beauté est l’essence de tout. Or au travers d’un geste, d’un regard, elle est omniprésente chez les femmes - bien que celles-ci doivent subir de vraies souffrances pour donner la vie. Ce sont ces constats qui m’ont donné envie de témoigner du rôle, de la position des femmes dans le monde, et de les mettre en lumière.
Pascal : Comment peuvent-elles atteindre ce noble objectif que vous leur attribuez de « porteuses de paix » ? Reza : Il faut leur ouvrir davantage l’accès à l’éducation. Aujourd’hui, 16% des adultes dans le monde - soit 776 millions d’individus - ne sont pas alphabétisés. Les deux tiers sont des femmes. Il faut aussi que les religions leur accordent une place digne. Tous les prophètes sont des hommes et presque toutes les doctrines religieuses sont peu avenantes à leur égard. Or aujourd’hui il n’est plus possible que 50 % de la population ait un statut social défavorisé. Nous devons tendre vers une vraie égalité de situation, de prise de décisions.
FAIS-LE TOI-MÊME
D.I.Y fais-le toi-même PORTRAIT
Marie Prenat : une créatrice récup qui en jette TEXTE ANNE SOPHIE NOVEL / PHOTOS JÉRÔMINE DERIGNY
Q
ue se passe-t-il quand une jeune architecte d’intérieur se laisse aller à sa passion pour la récup et les travaux manuels ? Elle crée Talalilala, une activité encore inclassable et pourtant fort inspirée et inspirante. Car Marie Prenat « en jette » : à seulement 26 ans, elle fait preuve d’une maturité comme d’une fraîcheur qui font du bien. Originaire de Besançon mais installée à Paris depuis six ans, voilà maintenant trois bonnes années qu’elle déniche dans les poubelles de quoi créer de nouveaux objets. Ce qui l’a poussée à la récup ? Rien de bien précis. « C’est venu naturellement... Au grand dam de ma mère, je garde beaucoup de choses depuis toute petite : jeter un meuble, par exemple, me fend le cœur. C’est une obsession quasiment pathologique ! » Aussi s’accommode-t-elle de tout ce qui lui passe entre les mains : carton, boîtes de conserve, tissu, bouchons, etc. Si une idée précise lui trotte dans la tête, elle sait parfaitement quel quartier cibler pour trouver ce qu’il faut dans les poubelles de magasins, à la sauvette. Les ateliers qu’elle organise pour les particuliers depuis trois ans se déroulent régulièrement dans plusieurs lieux différents : à l’Etablisienne, non loin de la Nation, à Paris, mais aussi à la Réserve des Arts (une ressourcerie du 14ème
arrondissement) ou dans les ateliers de la Souris verte, créatrice de cosmétiques, du côté de République. Elle souhaite prochainement développer des ateliers spéciaux pour les futurs ou les jeunes parents, afin de les aider à créer un objet par mois pour la chambre de bébé. Ses interventions touchent aussi le monde de l’entreprise : dans ce cas, elle utilise les déchets de production, les poubelles des bureaux, et interpelle sur la richesse ainsi gaspillée. Marie prend également un grand plaisir à aménager les locaux en impliquant les collaborateurs : c’est ainsi que fut conçu l’aménagement de l’espace de coworking de Mutinerie, dans le 19ème, où une table de ping-pong transformée en bureau partagé côtoie des plots de signalisation détournés en luminaires. « J’ai récemment été contactée par une boîte voulant réaménager son bureau avec quelque chose qui ferait sens, en impliquant ses salariés. C’est ce genre de projet qui m’intéresse », précise la jeune femme. Dans quelques années, elle se voit bien sur Paris encore et imagine un lieu ou une maison d’hôtes où pourraient se tenir tous types d’ateliers récup et DIY. Histoire de cultiver le goût du fait-maison et un réflexe de créativité véritablement anticonsommation. Une affaire à suivre, donc.
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ET SI VOUS DEVENIEZ
VÉGÉTARIEN PAR RAISON PAR CALCUL TEXTE PASCAL GREBOVAL
?
Le végétarisme est une démarche spirituelle et de respect de la vie animale, c'est aussi un moyen pour préserver nos ressources naturelles.
RÉDUCTION DES ÉMISSIONS DE CO2 SOURCE : Foodwatch
EFFET DE SERRE SELON L'ALIMENTATION par personne et par an en équivalent kilomètre automobile Sur la base d'un repas carné par jour
REPAS SANS VIANDE, SANS PRODUIT LAITIER
Bio 281 km 629 km Conv... REPAS SANS VIANDE, AVEC PRODUITS LAITIERS
Bio Conventionnel
1978 km 2427 km
REPAS AVEC VIANDE ET PRODUITS LAITIERS
Bio Conventionnel
4377 km 4758 km
NOURRIR PLUS DE PERSONNES (OU) RÉDUIRE LES BESOINS DE SURFACE SOURCE : WWF Suisse
SURFACES DE SOL NÉCESSAIRES POUR LA PRODUCTION D'UN KILO DE :
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Bœuf, y compris le fourrage Bœuf de pâturage Poisson Cochon Poulet d'engraissement Œufs Riz/Pâtes Pain Légumes/Pommes de terre
323 m2 69 m2 207 m2 55 m2 53 m2 44 m2 17 m2 16 m2 6 m2
« ÉCONOMIE
RÉPARATRICE
Porteuse d’un chantier d’insertion, Rejoué, association spécialisée dans le recyclage de jouets, apporte la preuve que poupées et pantins peuvent avoir plusieurs vies.
»
TEXTE aude raux / PHOTOS jérÔmine deriGnY
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l était une fois… une bénévole à la Croix-Rouge, Claire Tournefier, qui s’occupait de la sélection des jouets provenant de dons à l’approche de Noël. « Je devais en mettre quantité de côté faute de mains pour les trier. C’était aberrant » se souvient-elle. De ce constat nait l’idée de se lancer dans le recyclage de jouets en créant une association à but non lucratif porteuse d’un chantier d’insertion. Epaulée par Antoinette Guhl, consultante en développement durable, elle réalise une étude de marché et de faisabilité ainsi qu’un business plan. Puis elle vient à bout du long processus administratif pour obtenir l’agrément d’insertion. Et surmonte les obstacles de la quête d’un local en plein Paris.
« Heureusement, remarque Claire, nous avons trouvé un espace que nous loue le bailleur social Paris Habitat. Par ailleurs, nous avons bénéficié du réseau d’Antropia, un incubateur qui aide les entrepreneurs dans leur projet innovant à vocation sociale et/ou environnementale. Nous avons également été lauréat du grand prix du concours SFR Jeunes talents entrepreneuriat social » (ce qui leur vaudra une dotation de 20 000 € et un bureau d'un an à La Ruche ). Au bout de deux ans et demi, en mars 2012, l’association Rejoué ouvre ses portes. Objectifs : favoriser le retour à l’emploi de personnes au parcours professionnel chaotique, éviter que les jouets ne finissent à la poubelle et ainsi limiter le gaspillage.
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changeons l'éco
ASSOCIATION rejoué, ACTEUR d’une
QUI A pêché
moN
?
POISSON
TEXTE RAPHAËL SOUCHIER
Nous mangeons tant de poisson qu’il risque de disparaître, disent les spécialistes. En 2012, seules 15% des espèces étaient encore épargnées par la voracité humaine1. Pourtant des artisans-pêcheurs montrent qu’une autre voie est possible.
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’existence du saumon est menacée par diverses causes (exploitation forestière, barrages, agriculture, pêche…), toutes liées à l’activité humaine2. 90% des thons rouges de l’Atlantique ont disparu dans les années 80-90, victimes de l’alliance fatale entre cupidité et technologie. Chacun de ces poissons peut peser des centaines de kilos : découpés en sushis, ils peuvent rapporter des dizaines de milliers de dollars. Rien n’est trop beau pour récupérer ce trésor sous-marin : images satellite, avions d’observation, sonars, etc. Le cri d’alarme des scientifiques et des ONG a poussé les États à réduire les quotas de pêche ; mais entre quotas laxistes, application déficiente et pêche illégale, la chute se poursuit : moins 60% en dix ans3. Face au risque de disparition totale de l’espèce, les pays membres de l’ICCAT4, emmenés par l’UE, ont renforcé sa protection, contre l’avis du Japon et du lobby de la pêche. C’est pourquoi selon les communautés de pêcheurs d’Amérique du Nord, avant d’acheter, chacun de nous devrait se demander « Qui a pêché mon poisson ? ». Car la réponse à cette question simple a un impact direct sur l’avenir. 64
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AMAP DE POISSON En Nouvelle-Angleterre, la politique de quotas de 1976 a favorisé les flottes industrielles. Un bateau-usine pouvant pêcher un banc entier de thons en un coup de filet, la concurrence était impossible. « Très rapidement, se rappelle Gary Libby, pêcheur à Port Clyde dans le Maine, la plupart d’entre nous ont été éliminés »5 . Les familles d’artisans survivantes s’associent pour restaurer la ressource et sauver leur mode de vie en créant des circuits courts.
observent le milieu marin et consultent les scientifiques de NAMA, L’Alliance maritime de l'Atlantique Nord-Ouest6, organisation de base qui promeut la pêche artisanale. Les CSF sont aujourd’hui 40 sur le continent. Le réseau Local Catch7 , créé par NAMA, en regroupe 30, présentes sur 150 ports et marchés locaux. De tailles variables, elles approvisionnent près de 8000 foyers partenaires (environ 100 familles par bateau). « Les gens apprécient de connaître leur pêcheur »
─ Les gens apprécient de connaître leur pêcheur ─ En 2007, Kim, la femme de Gary, lance la première AMAP de poisson (CSF Community Supported Fishery). Les clients découvrent la variété et la saisonnalité. Les pêcheurs sont payés à un taux fixe pour la saison et non plus au nombre de poissons attrapés : cela les encourage à diversifier leurs prises et à pêcher en s’adaptant à l’état et aux besoins de l'écosystème, sans chercher à maximiser les ventes. Ils
observe Gary. A plus grande échelle, NAMA pousse les écoles et hôpitaux à suivre le mouvement et les consommateurs incitent la distribution classique à privilégier la pêche locale. NAMA a mis en place une gouvernance ascendante, appuyée sur les communautés locales. Forte de son expérience dans l’animation de petites communautés de pêcheurs indigènes
RENNES, TEXTE ET PHOTO PasCaL greboVaL
LE BEL ELAN aVeC des FLeurs ?
Que diriez-vous d’entamer une visite de la capitale bretonne un bouquet de fleurs à la main ? Mais un bouquet original, composé de fleurs ayant poussé à quelques kilomètres de Rennes. Avec Cépourtoi la démarche est positive : « En fonction des saisons je me fournis aussi dans d’autres régions, mais toujours en France », souligne Béatrice, qui propose également des compositions florales et des ateliers créatifs. Et pour une touche de couleur supplémentaire, les bouquets sont livrés dans divers lieux publics ou dépôts à bord d’une splendide deuxchevaux jaune !
Les PiLiers de rennes
Rose Mystique
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Entrons maintenant au cœur de la ville, à la rencontre de ces piliers qui ont fait de Rennes la capitale d'un « autre monde ». Envie d’approfondir des sujets liés au bien-être, tels que l’alimentation, la spiritualité ou la santé ? Restons dans le langage des fleurs, c’est à la librairie la rose Mystique qu’il faut s’adresser. Marguerite, qui gère la boutique depuis 30 ans, vous orientera à travers les rayons pour trouver les auteurs incontournables et les perles rares dans des domaines très Kaizen.
Cuisine SAUVAGE &DÉLiciEUX !
sauvage LA
POMME
Une petite pomme surette, pas plus grosse qu’une noix, se cuisine-t-elle vraiment ? Réponse dans ce dossier qui rend hommage à ce pétillant fruit sauvage ! TEXTE ET PHoToS LinDa Louis
A
utrefois donnée aux cochons, aujourd’hui délaissée au profit de la pomme cultivée, la pomme sauvage mérite pourtant de s’inviter dans notre cuisine. Les cueilleurs n’y prêtent guère attention, préférant en automne scruter le sol à la recherche de châtaignes ou de champignons. Et pourtant, en regardant de plus près, on aperçoit dans les feuilles mortes de grosses billes jaunes piquetées de rouge ou de noir. Si la petitesse et la couleur du fruit intriguent en premier lieu, la forme caractéristique de la pomme, avec son pédoncule, permet d’identifier le fruit défendu. Son nom latin, Malus sylvestris, nous ramène à son habitat de prédilection : la forêt. Le pommier sauvage, discret car noyé dans les essences à port plus volumineux, se plaît en lisière, dans les bois clairs, plus rarement dans les champs. C'est une espèce européenne bien distincte, qui ne s'apparente pas au pommier cultivé (Malus domestica), originaire d'Asie centrale et relié au pommier sauvage du Kazakhstan (Malus sieversii). Certains botanistes et forestiers estiment que le boquettier peut être menacé à moyen terme, puisqu'il a tendance à s’hybrider avec le pommier cultivé. Il en résulte une multitude d'espèces dont les distinctions botaniques précises restent encore difficiles
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Pommes dauphine de
REcettes
Cuisine C’EST DE SAISON !
potimarron
• Préparation : 50 min • Cuisson : 1 h • Conservation : 3 jours Pour 6 personnes 600 g de potimarron lavé et coupé en gros cubes 250 ml d'eau 80 g de beurre 1 c. à c. de sel 150 g de farine de blé type 65 3 œufs huile de friture curry en poudre 1. Préchauffez le four à 180 °C. Disposez les dés de potimarron côté chair sur une plaque recouverte de papier sulfurisé. Faites cuire pendant 15 minutes, jusqu'à ce que le potimarron s'écrase facilement. 2. Passez-le au moulin à légumes ou à travers un tamis fin pour obtenir une purée.
3. Mettez l'eau, le beurre coupé en dés et le sel dans une casserole et portez à ébullition. 4. Hors du feu, ajoutez en une seule fois la farine, mélangez avec une cuillère en bois pour obtenir une pâte homogène. 5. Remettez la casserole sur le feu. Desséchez cette pâte à feu modéré en la pétrissant énergiquement avec la pointe de la cuillère pendant 5 minutes (pas moins). 6. Laissez la pâte tiédir pendant 10 minutes. Ajoutez les œufs un à un. 7. Incorporez la purée de potimarron, goûtez et rectifiez l'assaisonnement si nécessaire. 8. Faites chauffer un bain de friture (idéalement à 170 °C). Avec les mains huilées, façonnez des boules de la taille d'une clémentine. Plongez 4 à 5 pommes dauphine dans l'huile bouillante et laissez cuire pendant 7/8 minutes. Égouttez et épongez avec du papier absorbant. Comptez 4 autres tournées. 9. Salez et ajoutez le curry.
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La Chronique de Pierre Rabhi
La condition
N
animale modernité...
dans la
ous n’avons pas la prétention de traiter d’une question aussi vaste dans les limites de cette chronique. Notre intention n’est pas non plus de réactiver le débat sur le végétarisme ou non-végétarisme qui prend de l’ampleur. Nous voulons seulement avec sensibilité et non sensiblerie contribuer à ce que la problématique animale ne disparaisse pas dans la banalité quotidienne. Il s’agit là d’une grande question et qui doit le demeurer tant qu’une réponse satisfaisante pour la raison, l’esprit et le cœur ne lui aura été donnée… Chaque jour, des millions de tonnes de protéines animales sous forme de viande, de poisson, œuf, lait, beurre, etc. transitent à travers les estomacs du genre humain. Rien de plus banal que cette consommation millénaire que nous devons à nos « frères inférieurs ». Au sein du monde moderne, ces créatures sont virtualisées ; nous ne les percevons plus dans leur intégralité, leur intégrité et sensibilité, ils sont beefsteak, côtelettes, gigot, boudin, jambon, cuisses, ailes, filets… Ils constituent un peuple de fantômes grouillant derrière le voile d’un anonymat destiné probablement à nous éviter le difficile spectacle de la souffrance que nous leur infligeons. Le productivisme, fidèle à la logique de la rentabilité coûte que coûte, a appliqué à ces créatures la règle industrielle du maximum de production dans le minimum de temps et le minimum d’espace. C’est à cette équation que nous devons l’invention des fameux « hors-sol », à savoir une concentration, un confinement qui condamne l’animal à ne 90
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jamais connaître les conditions de vie que la Nature lui a définies depuis les origines. Avec ces considérations, notre intention n’est pas de désigner des boucs émissaires, car il s’agit d’un des phénomènes d’une société qui ne sait plus exister sans les critères absolus de l’offre et de la demande, des plus-values pour les producteurs, du moindre coût pour le consommateur. Cette règle est pathétique et ressemble à un traquenard faisant de la croissance économique sans limite un sable mouvant où l’agitation condamne plus qu’elle ne sauve. Tout cela ne dédouane pas pour autant chaque individu de la part de responsabilité qui lui incombe. Nous avons le pouvoir d’orienter l’histoire à condition d’être conscients de ses dérives. La condition qui est faite aux animaux est pour nous une grave dérive. On se demande si de vieilles considérations métaphysiques attribuant à l’homme une primauté et souveraineté absolues sur tout ce qui vit, renforcées par les propos scientifiques de Monsieur Descartes affirmant que l’animal n’est qu’une mécanique biologique, ne seraient pas à l’origine de la considération
aussi préjudiciable que nous avons de la gent animale. Comment en est-on arrivé à oublier à ce point que les animaux ont été pour l’espère humaine à la fois ressources de survie alimentaire mais aussi des auxiliaires sans lesquels notre évolution eût été bien handicapée ? Que serait devenu le bédouin sans les dromadaires, l’esquimau sans les chiens pour ne citer que ces deux conditions extrêmes ? Bien des cultures humaines ont été inspirées par les animaux. Cette aventure commune pour le meilleur et pour le pire constituait une sorte d’alliance qui a été vivement rompue par le monde industriel grisé par ses « chevaux vapeur ». L’animal a comme déserté la société du temps-argent. Cela a quelque chose de poignant. En plus d’une simple source de protéines, l’animal n’est plus qu’objet d’expérimentation, de curiosité ou de divertissement. En contrepartie, il a acquis le statut de consommateur contribuant à l’élévation du PIB et du PNB des nations prospères grâce à une adulation souvent excessive et dispendieuse dans notre désert affectif. Désert dans lequel les tentatives de reconstituer du lien social avec des outils de communication de plus en plus perfectionnés prennent les allures d’une mutualisation des solitudes. A l’évidence, la présence et la beauté animales nous manquent. En considérant parfois les fresques des pyramides égyptiennes où elles figurent déjà, je songe particulièrement à ces vaches zébus, porteuses de lyres en guise de cornes. Elles parcourent encore la brousse sahélienne, généreuses, patientes et tranquilles comme un hymne vivant à la majesté d’une création qui nous est devenue si étrangère…