N°
48
JANVIER FÉVRIER 2020
DÉCRYPTAGE
COUV SOLUTIONS
LES ÉOLIENNES, CANNABIS C’EST DU VENT ? THÉRAPEUTIQUE
BEL / LUX : 7,20 € - ESP : 7,40 € - CH : 11 FS - MAR : 80 MAD - TUN : 11,90 DT - DOM : 7,40 € - TOM : 850 XPF
DOSSIER
LES
AUTONOMIE
YOGA DANS L’EAU
NÉO
PAYSANS NOUVEAUX GARDIENS DE LA TERRE BONNES ADRESSES : PARIS 3E - LE 1
MARAIS
Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 98 913 € Siège social 19, rue Martel - 75010 Paris info@kaizen-magazine.fr www.kaizen-magazine.com
EDITO
Magazine bimestriel numéro 48 Janvier-février 2020 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Baldassari Rédacteur en chef Pascal Greboval Rédactrice en chef adjointe Sabah Rahmani Secrétaire de rédaction Emmanuelle Painvin Journalistes multimédias Maëlys Vésir Cypriane El-Chami Stagiaire pour ce numéro Ingrid Bailleul Directrice administrative et financière Céline Pageot Abonnements et commandes 74A, rue de Paris - 35000 Rennes abonnement@kaizen-magazine.fr Tél. 02 23 24 26 40 Gestionnaire service abonnements Cyrielle Bulgheroni Attachée commerciale Anne-Pauline Petitjean Direction artistique, maquette et mise en pages • www.hobo.paris hobo.paris - hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Photo de couverture © Simon Pouyet Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (Imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIRET : 539 732 990 000 38 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0322 K 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Vente au numéro pour les diffuseurs Groupe HOMMELL • Tél. 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peuvent être reproduits sans l’autorisation du magazine. Merci.
Pascal G reboval R édacteu r en ch ef
UNE NOUVELLE
ÉDITOÈRE
V
ous l’avez senti ? Nous venons d’achever une nouvelle rotation autour du Soleil. Le solstice d’hiver marque le début d’un nouveau cycle. Ce que les Grecs appelaient Aiôn, pour qualifier le temps cyclique. Mais tout n’est pas éternel recommencement. Chronos, le temps chronologique, linéaire, permet d’acter les changements. Et chez Kaizen, nous en connaissons quelques-uns, des changements ! Après la nouvelle maquette, le déménagement à Rennes, nous sommes heureux d’accueillir dans nos pages Quitterie de Villepin et Dominique Bourg. Ils prennent respectivement au vol la plume de Cyril Dion et celle de Pierre Rabhi. Nous n’aurons jamais assez de mots pour remercier Cyril et Pierre puisque sans eux Kaizen n’existerait pas. Ils en furent à l’origine. Leurs mots, leurs points de vue, leurs philosophies nous/ vous ont nourris. Certes ils ne seront plus chroniqueurs dans le bimestriel, mais ils restent des compagnons de route, de vie, à nos côtés, précieusement, tels des phares qui nous guident. Ce qui nous mène au troisième temps, qualifié par les Grecs de Kairos, le temps métaphysique, qui marque une bascule, avec un avant et un après. Ainsi, nous ouvrons un nouveau chapitre de l’histoire de Kaizen. Nous avons plein d’idées pour vous le rendre enthousiasmant et, surtout, moteur d’une nouvelle ère. Faut-il rappeler que le temps presse si nous voulons préserver les équilibres des écosystèmes, rester sous une augmentation de deux degrés ? Dans ce nouveau chapitre, nous explorons de nouveaux horizons, de nouveaux concepts. Nous proposons aussi de nouvelles offres pour que celles et ceux qui ne lisent pas le bimestriel puissent nous/vous rejoindre dans la dynamique de changement de société que nous soutenons. Raison pour laquelle nous ouvrons une campagne de dons [à retrouver sur notre site Internet]. Elle nous permettra d’élargir notre champ des possibles pour être encore plus moteurs dans l’indispensable transition. En ce début d’année, période de renaissance, idéale pour faire le point sur sa vie, nous lançons également un sommet en ligne : « En quête de sens ». Il donnera des clefs à celles et ceux qui sont en quête d’une activité professionnelle correspondant à leurs valeurs. Car en 2020, nous voulons tendre vers un 20/20 en termes de cohérence pour sauver notre belle planète. L’objectif est ambitieux, mais vital et… réjouissant ! Toute l’équipe vous souhaite une année heureuse, joyeuse, amoureuse, savoureuse !
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SOMMAiRE RENCONTRE Cécile Duflot
K A I ZEN N° 4 8 - JA NV IER - F ÉVR IER 2 0 2 0
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ET SI ON LE FAISAIT ENSEMBLE ? Oléron, objectif zéro déchet
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CHRONIQUE Gilles Farcet Rat des villes et rat des champs
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EN CHIFFRES Dépenses de santé : qui paye quoi ?
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ENQUÊTE Énergies renouvelables : panacée ou pas assez ?
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EN QUÊTE DE SENS 50 Stéphanie Saliou et Jim Bouchet Mini-forêt, maxi-passion
LA NATURE MISE À NU Les ours des Pyrénées, symboles en péril ?
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GOÛT DE L’ENFANCE Si on osait le cododo ?
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CRÉATEURS DE CULTURE Anti-fashion, pour une mode plus responsable
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VENT D’AILLEURS Mauritanie Maaden, vers un village tout-écologique
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MOTS CROISÉS 64 Cannabis, un antidouleur stupéfiant !
DOSSIER
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SOMMAIRE
CHRONIQUE Quitterie de Villepin La démocratie est locale
DEVENIR PAYSAN
D.I.Y. La banane, pour sourire en beauté
BD Mathilde Stento Le compost !
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JE VAIS BIEN, LE MONDE VA MIEUX 72 Le yoga plonge dans le grand bain EN CHIFFRES 77 Stations de ski : ça chauffe pour la planète ! VIVRE EN OASIS Les Sens de Théus, aux herbes et caetera
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BD Art-Mella Le côté lumineux de la force
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NOS BONNES ADRESSES Paris 3e
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CUISINE En mode zéro déchet ! La banane Cet ingrédient bio, j’en fais quoi ? Les algues
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RENDEZ-VOUS
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SÉLECTION KULTURELLE
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CHRONIQUE Dominique Bourg Le sage et le savant
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PORTFOLIO
Michel Rawicki, sur les traces de l’ours polaire 36
Origine du papier : pages intérieures : Belgique ; encart : Allemagne ; couverture : Pays-Bas. Taux de fibres recyclées : 0 %. Ce magazine est imprimé sur un papier issu de forêts gérées durablement. Eutrophisation : Ptot = 0,018 kg/t. Pour les abonnés : une relance de fin d’abonnement.
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L
R e n c on t re
BIO EXPRESS 1975 Naissance à VilleneuveSaint-Georges 2006 Secrétaire nationale des Verts 2012 Ministre de l’Égalité des territoires et du Logement 2014 Députée écologiste 2018 Directrice générale d’Oxfam France
DÉCRYPTAGE
Patr ick L azic
CÉCILE RENC DUFLOT Ancienne députée écologiste et ministre de l’Égalité des territoires et du Logement, Cécile Duflot a quitté le monde politique en 2018 pour le monde associatif. Aujourd’hui directrice générale de l’ONG Oxfam France, elle milite pour la convergence des luttes sociales et écologiques.
Vous avez quitté le monde politique pour rejoindre le monde associatif. Pourquoi ? J’ai été responsable politique pendant quinze ans de manière très intense et à des postes de très haut niveau. J’ai quitté le monde politique pour des raisons personnelles et aussi parce que c’était le bon moment pour moi, j’ai toujours été pour le noncumul dans le temps. Ensuite, j’ai eu une réflexion sur les limites de l’action politique dans un parti écologiste et la nécessité qu’il y ait une maturation de cette conscience globale de la société. Je crois beaucoup au rôle des ONG dans cette prise de conscience. Avec Oxfam, je constate que le pouvoir citoyen a un rôle décisif. Les choses changent vite sur l’appropriation et la compréhension des débats, et lorsque l’on voit les deux millions de signataires de « L’Affaire du siècle », on se dit que nous ne sommes pas loin de ce moment de bascule. Quels sont les engagements d’Oxfam ? Historiquement, Oxfam est engagée contre la pauvreté et ses causes. Nous sommes parmi les trois plus grandes ONG humanitaires dans le monde, présente dans plus de quatre-vingt-dix pays. Mais depuis une vingtaine d’années, notre combat articule lutte contre les inégalités et contre le dérèglement climatique, désormais facteur aggravant. Nous intervenons en cas de grande catastrophe
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Sabah R ah m an i
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naturelle ou de situation de conflit auprès des populations pour apporter une aide d’urgence. Oxfam assure un accès à l’eau potable, à des systèmes d’assainissement, d’hygiène, aux denrées alimentaires, et soutient parfois financièrement les populations pour qu’elles puissent reconstruire dignement leur vie. Nous avons également des projets de développement sur le terrain pour soutenir l’agroécologie, les petites activités commerciales, l’autonomie des femmes – souvent pivots et ciment des communautés – et le renforcement de la société civile, en accompagnant des mouvements locaux, comme au Sahel. Enfin, nous avons une activité de plaidoyer contre les inégalités, en particulier dans les pays du Nord, avec la publication de rapports, ou d’interpellations de dirigeants politiques ou économiques qui ne mettent pas en œuvre les moyens permettant d’éradiquer la pauvreté, qui contribuent à un système prédateur des ressources et créent des inégalités. Vous défendez l’idée que le social et l’écologie sont liés ? Le système capitaliste extrêmement « courttermiste », prédateur de ressources naturelles et humaines, a clairement aggravé les inégalités. L’INSEE a d’ailleurs montré qu’en France, la pauvreté et les inégalités ont augmenté entre 2016
CONTRE
DÉCRYPTAGE
“NOUS NE SOMMES PAS LOIN DE CE MOMENT DE BASCULE."
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C h r o n ique Ba st ie n D u b o i s
Quitterie de Villepin DÉCRYPTAGE EXPLOR AT R IC E EN DÉMOC R AT IE
LA DÉMOCRATIE EST LOCALE CHRONIQUE
EQuitterie de V
n 2020, nous avons rendez-vous : dans une époque particulièrement instable et critique, chaotique, le temps est venu d’explorer le mot démocratie au sens propre. 2020, année des municipales : l’occasion rêvée de renouer en local avec notre pouvoir d’agir. Les villes et villages français sont fortement contraints et limités sur le plan budgétaire et soumis à un pouvoir déraisonnablement centralisé et jacobin. Derniers maillons de la chaîne de commandement et de gestion de la Cité, bons derniers après l’État, les régions, les départements, les agglomérations (non démocratiques)
« Municipales : l'occasion rêvée de renouer en local avec notre pouvoir d’agir. » sont en revanche en première ligne face aux citoyen.ne.s, à leur colère et leur impuissance visà-vis du pouvoir. Un élu local sur deux ne veut pas se représenter… Comme on les comprend ! Les risques pénaux pour les maires sont immenses, les heures, astreintes, services aux administré.e.s épuisants, chronophages et très souvent ingrats, et les marges de manœuvre minimes. L’échelle locale reste néanmoins idéale pour impulser un éprouvé de la démocratie dans laquelle les habitantes et les habitants ont toute leur légitime place. Les étiquettes importent peu dans les scores électoraux des municipales. C’est donc le moment propice pour les expérimentations citoyennes. Et il en existe de nombreuses formes, fondées sur la prise en charge des problèmes locaux par les citoyen.ne.s eux-mêmes. Inspirons-nous donc collectivement de méthodes plus horizontales : assemblées citoyennes, budgets 10
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participatifs… Inspirons-nous de l’aventure démocratique remarquable de Saillans, Trémargat, mais aussi Kingersheim, Loos-en-Gohelle, et de plus grandes villes françaises ou dans le monde, comme Grenoble, Barcelone, Paris, ainsi que de territoires plus vastes, comme le Rojava. En France, un nombre impressionnant de listes citoyennes se constituent et se forment depuis de longs mois, en lien notamment avec le collectif La Belle Démocratie ou le MOOC « La commune est à nous » qui offre une formation aux principes du municipalisme [projet politique visant la démocratisation des communes ou des municipalités, et donc la réappropriation collective des institutions locales par les habitants, NDLR]. Ces épopées citoyennes et leurs réalisations mettant en œuvre des formes de démocratie plus continues, moins électives et représentatives, vont-elles être plébiscitées ou reconduites par les citoyen.ne.s en mars ? La réponse n’est pas si importante. Ces villes ou villages auront été le lieu d’expérimentations avec leurs bénéfices, pour les habitantes et habitants, comme leurs limites, qui, quoi qu’il arrive, montrent que c’est possible d’aller bien plus loin que les règles d’antan. La démocratie est un effort, coûteuse en temps, en énergie. Et parfois, nous, les citoyens, nous préférons le confort de la délégation à d’autres qui décident à notre place, ou la posture pratique du commentateur plutôt que de nous inviter à la table des décisions collectives, exercice ô combien difficile ! Nous ne partons pas d’une page blanche, nous bénéficions toutes et tous des travaux de ces pionnières et pionniers. Quel que soit le résultat, lors des échéances de 2020, de ces exploits locaux, profitons de cette fin de mandat pour les remercier de nous avoir tant fait espérer, d’avoir tant œuvré et de nous avoir montré qu’une autre démocratie était possible ! n
e n c hiffres
DÉCRYPTAGE
Dépenses de santé : qui paye quoi ?
Fan ny Co s t es J ust in e L e J o n c o u r
INFOG
Médicaments, consultations chez un médecin, soins dentaires, optique, prise en charge des affections de longue durée ou encore hospitalisations : les dépenses de santé sont multiples, comme ceux qui les payent. Nous avons décortiqué les chiffres officiels pour vous.
2 75,9 Md€
C’est le montant des dépenses de santé en France en 2018. Ce qui équivaut à 11,7 % du PIB : un pourcentage équivalent à ceux de l’Allemagne ou de la Suède, légèrement supérieur à la moyenne de l’UE à 15 (10 %), mais très inférieur aux États-Unis (17 %). Il comprend les dépenses engagées par les financeurs publics et privés, à savoir :
Soins de longue durée aux personnes âgées et aux personnes handicapées :
Consommation de soins et biens médicaux (CSBM) :
8,2 %
73,7 %
Coûts de gestion du système de santé :
5,7 %
Dépenses en faveur du système de soins (recherche médicale et pharmaceutique et formation des professionnels de santé) :
Indemnités journalières pour arrêts de travail versées en cas de maladie, de maternité et d’accident du travail :
5,5 %
Dépenses de prévention institutionnelle, individuelle et collective :
2,2 %
4,4 %
Autres dépenses en faveur des malades (dépenses d’indemnisation de l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux [ONIAM] et soins aux personnes en difficulté) :
0,3 % 12
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Fan ny Costes
E n q u e^ t e
DÉCRYPTAGE
L e Cil Ver t
ÉNERGIES RENOUVELABLES ENQ :
PANACÉE OU PAS ASSEZ ?
Agences de l’énergie, États, ONG, ingénieurs et experts engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique, tous intègrent le déploiement des énergies renouvelables aux solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais qu’entend-on par énergies « renouvelables » ? Comment sont-elles produites ? Sont-elles si vertes ? Et sont-elles en mesure de se substituer intégralement aux énergies fossiles ? Enquête.
E
ncenseurs des énergies renouvelables ou critiques à leur égard, la majorité des acteurs de la filière est néanmoins d’accord sur un point, rappelé par Philippe Bihouix, ingénieur expert des énergies et auteur de L’Âge des low tech 1 : « Elles sont évidemment bien moins impactantes que des énergies fossiles, d’un point de vue climatique et pas seulement. » Mais peuvent-elles se substituer à l’ensemble des énergies fossiles qui constituent la base de notre économie ? Peut-on produire à partir de renouvelables les 160 000 TWh d’énergie que nous consommons chaque année dans le monde ? Depuis dix ans, les investissements dans les énergies renouvelables (EnR) se sont intensifiés, et ont atteint 332,1 milliards de dollars en 2018 selon le cabinet Bloomberg New Energy Finance (BNEF). De plus, les capacités de production « propre » ont crû de 7,9 % en 2018 selon l’Agence internationale des énergies renouvelables (Irena). 14
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Mais les seules énergies fossiles couvrent toujours plus de 80 % de la consommation d’énergie mondiale. Laquelle ne cesse de croître : + 2,3 % en 2018 selon l’AIE (Agence internationale de l’énergie). Et dans cette hausse, pour la seule électricité, « les parts des deux combustibles pétrole et gaz (36 %) et du charbon (38 %) en 2018 restent inchangées par rapport à leurs niveaux d’il y a vingt ans », déplore Spencer Dale, économiste en chef de BP, dans le rapport « BP Statistical Review of World Energy » 2019, sur l’énergie dans le monde, établi par le groupe.
RENOUVELABLES = PROPRES ? La lutte contre le changement climatique exige un tournant majeur. Les énergies fossiles non seulement s’épuisent, mais contiennent aussi du carbone qu’elles libèrent sous forme de CO2 pour fournir de l’énergie. Cette teneur en carbone diffère selon la source : selon Enerdata, en moyenne, le charbon émet 3,5 tonnes de CO 2 par tonne
LA na t, ur e mise A nu Fran ço i s L a ss e r re C a rol in e G a m o n
Les ours des Pyrénées DÉCRYPTAGE
SYMBOLES EN PÉRIL ?
LA NA MISE
Que de légendes collent à la peau de l’ours ! Dévoreur ou protecteur,
selon les cultures, c’est aussi avec lui que nos ancêtres se disputaient les grottes préhistoriques. Si les montreurs d’ours étaient nombreux autrefois, aujourd’hui seule une poignée de montagnards pyrénéens côtoie quelques dizaines d’ours sauvages. Pour le pire et le meilleur, leur présence est un symbole de la part sauvage de nos natures, fort et unique !
MANGEURS DE BREBIS ? Si peu. Les ours sont surtout végétariens – se nourrissant d’herbes, racines, baies, etc. – et insectivores. La part des mammifères dans leur menu est d’environ 10 %, dont des cadavres et des proies sauvages ou domestiques. Concernant ces dernières, il s’agit surtout d’individus faiblards de troupeaux isolés. On estime que l’ours est responsable d’environ 2 % seulement de la mortalité globale des brebis des Pyrénées. Mais pour l’éleveur et le troupeau, aussi rares soient ces attaques, elles sont compliquées à vivre.
D’AILLEURS ? Oui. En 2004, un chasseur a illégalement abattu Cannelle, la dernière ourse de souche française. Désormais, seuls son fils, Cannellito, le père de celui-ci, Néré, « le noir », né en Slovénie, et des ours issus de réintroduction habitent les Pyrénées.
Sources : • www.ecologique-solidaire.gouv.fr • www.ferus.fr • www.oncfs.gouv.fr • Pascal Étienne et Jean Lauzet, L’Ours brun. Biologie et histoire, des Pyrénées à l’Oural, Biotope/Publications scientifiques du MNHN, 2009 • Jean-Paul Clébert, Dictionnaire du symbolisme animal. Bestiaire fabuleux, Albin Michel, 1971
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Mari on Paq uet
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DEVENIR
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PAYSAN Adieu métro, boulot, dodo ! Bonjour tracteur, graines et troupeau ! Ils sont de plus en plus nombreux à troquer leur job des villes pour le travail des champs… Encore plus à rêver de sauter le pas, à la recherche du bonheur via un retour à la terre. Une quête de sens d’abord personnelle qui se mue progressivement en engagement collectif. Une envie d’accompagner la société vers une douce transition écologique. On ne naît plus paysan, on le devient !
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© Simon Pouyet
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DEVENIR PAYSAN
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UNE AUTRE FAÇON
D’ÊTRE PAYSANDOSS Sidney Flament-Ortun, ingénieure agronome, et Bruno Macias, ingénieur, ont créé l’association Neo-Agri pour promouvoir l’installation de néo-paysans en agroécologie et contribuer à la transition de l’agriculture. Après un an d’enquête en Europe, à la rencontre de néo-paysans, ils se sont eux-mêmes installés en tant qu’arboriculteurs et ont écrit un guide à l’attention de ceux qui souhaitent faire de même. Entretien avec des pionniers.
Qu’appelle-t-on les néo-paysans ? Ce sont des paysans qui ont eu une première vie professionnelle avant le monde agricole : des personnes qui n’ont jamais travaillé dans l’agriculture et qui se sont reconverties, ou des enfants d’agriculteurs, qui ont travaillé dans un autre domaine avant de reprendre la ferme familiale. Dans les deux cas, ils ne se reconnaissent pas dans le modèle agricole conventionnel et s’orientent vers des pratiques respectueuses de l’environnement, qui prennent soin du paysage, en plus de nourrir sainement la population. Ce retour à la terre n’est pas un phénomène nouveau.
« Les néo-paysans sont dans une dynamique de partage avec les consommateurs, mais aussi avec les autres agriculteurs. » Déjà, dans les années 1968, une vague d’urbains s’est installée à la campagne pour se lancer dans les cultures ou l’élevage. Mais à l’époque, nous ne parlions pas de néo-paysans. Ce terme n’est utilisé que depuis cinq ans environ. Nous l’avons découvert dans un ouvrage consacré à la permaculture, écrit par Perrine et Charles Hervé-Gruyer de la ferme du Bec Hellouin, une référence en matière d’agriculture naturelle. À ce moment-là, nous étions en train d’écrire notre ouvrage que nous avons donc intitulé Néo-paysans, le guide (très) pratique. Au même moment paraissait un autre livre : Les Néo-paysans, des journalistes Gaspard 22
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d’Allens et Lucile Leclair (Seuil-Reporterre, 2016). Ces ouvrages ont participé à la création de ce concept. Aujourd’hui, aucune statistique officielle ne comptabilise les néo-paysans, mais des études montrent que ceux qui ne viennent pas d’une famille d’agriculteurs représentent 30 % des installations, bio et non bio confondues. Quelle différence y a-t-il avec les nouveaux paysans des années 1970 ? Le retour à la terre des soixante-huitards était, plus qu’aujourd’hui, un acte politique. Ces nouveaux paysans revendiquaient le droit à l’autonomie alimentaire, ils s’engageaient dans des syndicats… Les néo-paysans du XXIe siècle que nous avons rencontrés sont d’abord motivés par des envies personnelles : vivre à la campagne, exercer un métier qui a du sens, gagner en confort de vie, s’épanouir personnellement. D’autre part, les reconvertis d’aujourd’hui ne cherchent plus forcément à s’isoler dans des endroits reculés comme le Larzac. Ils sont moins opposés à la société et cherchent plutôt à s’y associer, en créant des fermes pédagogiques par exemple. Y a-t-il un profil type ? Les profils sont très variés, mais certaines similitudes se dégagent. D’après nos enquêtes, réalisées en France et en Espagne, les néo-paysans viennent de tous horizons professionnels (cadres, infirmiers, mécaniciens…), sont de tous âges, mais ils s’installent le plus souvent après la trentaine. Ce sont des femmes dans la moitié des cas.
COURBATURES DOSSIER-PORTFOLIO
ET GROSSES JOIES
Comme les quatorze mille agriculteurs qui s’installent chaque année 1, vous vous imaginez travaillant la terre ? Linda Bedouet, parisienne d’origine péruvienne, s’est reconvertie à l’agriculture en 2012. Installée en Normandie, la néo-maraîchère de 39 ans, autrice de Permaculture & agroécologie. Créer sa microferme, vous dit concrètement ce qui vous attend.
Comment le corps réagit-il à ce métier physique ? D’abord, on découvre des muscles que l’on ne connaissait pas [rires], et ensuite l’usure du corps. Les gestes répétitifs comme planter les oignons, ramasser les pommes de terre sont dommageables pour le dos, les genoux… Il faut prendre soin de son corps comme un sportif parce qu’il est notre outil de travail, qui plus est si on limite l’usage des énergies fossiles. Je n’étais pas très sportive et, au début, j’avais beaucoup de courbatures et me coinçais parfois le dos. Mes conseils ? Anticiper pour s’éviter des efforts inutiles, s’étirer, voir un ostéopathe de temps en temps. Il n’y a aucune raison de ne pas y arriver si l’on est en bonne santé. Est-ce qu’on échappe à la bureaucratie ? Eh non ! Environ un tiers du temps de travail est consacré à l’administratif, commercialisation comprise : gérer la comptabilité, la facturation, un site Internet, les réseaux sociaux… Communiquer sur son travail est important. En agriculture bio, il faut tenir des registres, avec l’emplacement des cultures, classer les documents de conformité pour la traçabilité. Enfin, l’obtention des aides financières passe par la rédaction de dossiers. Dans votre livre, vous écrivez qu’il vaut mieux éviter de s’installer en ayant des contraintes familiales importantes, c’est-à-dire ? Les contraintes horaires peuvent être compliquées à gérer dans une vie de couple ou de famille. Il faut s’attendre à ne pas compter ses heures, à prendre ses congés en fonction de la météo : une après-midi pluvieuse ? Allons au cinéma… Deux semaines d’hiver rigoureux ? Prenons des vacances… Il vaut mieux se reposer, se ressourcer en famille et revenir en forme et motivé plutôt que de s’épuiser et être déprimé. L’entourage doit comprendre ces contraintes.
Doit-on s’attendre à des déceptions ? C’est certain. Il faut cette patience, cette pugnacité, cette philosophie paysanne qui sait se dire : « J’ai raté une culture, mais c’est pas grave ! » alors que nous pouvons parfois être désabusés à vouloir aller trop vite. Par ailleurs, en tant que femmes, nous sommes moins prises en considération par le monde agricole. Du banquier au vendeur d’engrais, paysan est encore majoritairement perçu comme un métier d’homme. Mais cela peut aussi être un atout, car le voisinage vient plus volontairement donner un coup de main. À quand le bonheur ? S’installer a beau ne pas être une mince affaire, on y trouve une qualité de vie extraordinaire. Il faut anticiper une baisse du niveau de vie, car le salaire n’est pas mirobolant, mais le métier est épanouissant. On peut se nourrir de notre production, la troquer avec d’autres agriculteurs. Comme on a moins de besoins, moins de loisirs, on met plus de sous de côté… et on se sent moins dépendant de la société de consommation. Devenir paysan n’est pas seulement un changement de métier, mais un changement de vie, une renaissance, un « nouveau soi ». Il faut apprendre à apprécier les galères et se satisfaire de ses améliorations, de ses progrès quotidiens. n © DR
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Linda Bedouet savoure chaque instant de sa nouvelle vie.
1. « Les installations de chefs d’exploitation agricole en 2018 », MSA.
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SE LANCER DOSSIER-PORTFOLIO
DANS L’AGRICULTURE PAYSANNE
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Vous souhaitez vous lancer dans l’agriculture paysanne ? Vague rêve ou projet clair dans votre esprit, voici les étapes à suivre pour créer votre ferme, que vous choisissiez ou non de conserver une autre activité parallèlement, comme un tiers de ceux qui s’installent 1.
1. S’INSPIRER
2. SE FORMER
3. DÉFINIR SON PROJET
Le wwoofing permet de séjourner dans des fermes bio de tous types : élevage, maraîchage, plantes aromatiques… Vous êtes nourri et logé en échange de votre participation aux activités de l’exploitation. L’hôte vous accompagne, vous sachant bien souvent novice.
Il existe de nombreuses formations à la permaculture, l’agroécologie, etc. mais seuls les diplômes reconnus par l’État donnent accès aux aides nationales et européennes à l’installation. Les Adear, associations pour le développement de l’emploi agricole et rural, qui accompagnent les paysans dans leur installation, répertorient ces formations et les moyens de les financer. Si vous êtes au chômage, vous pouvez bénéficier de l’ADEMA (accès des demandeurs d’emploi aux métiers agricoles), et effectuer trois semaines de stage dans une ferme et une semaine en centre de formation.
Maraîchage ? Production céréalière ? Apiculture ? Un peu de tout ? Comme tout futur chef d’entreprise, il vous faut d’abord imaginer votre exploitation sur le papier : taille de terrain nécessaire, coût de l’investissement, clientèle visée et type de vente, chiffre d’affaires envisagé, statut juridique… Le business plan est une étape essentielle.
P OUR A L L ER PL US L OIN • www.wwoof.fr
POUR ALLER PLUS LOIN • www.jeminstallepaysan.org
© Jérômine Derigny, collectif Argos
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DEVENIR PAYSAN
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P O R T FOL IO P asca l G re b ova l et
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Cy prian e E l -C h a m i
Michel Rawicki
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SUR LES TRACES DE L’OURS POLAIRE Depuis plus de vingt-cinq ans, Michel Rawicki, photographe et créateur de l’agence StockImage, « embrasse le froid » et explore les zones polaires, de l’Antarctique au Groenland. Écrin de ce voyage au pays des ours, son dernier livre, Nanuk (Albin Michel, 2019), nous rappelle à notre condition humaine et à nos devoirs vis-à-vis de la planète. « Quand la Nature chuchote à l’intime… » Pourquoi avoir choisi l’ours polaire comme sujet de reportage au long cours ? J’ai toujours eu cette relation de proximité et de protection de la nature, qu’elle soit minérale, végétale ou animale. Mais j’ai ressenti une vive émotion quand j’ai vu ces plantigrades – Ursus maritimus – de 400 kilos se balader tout en souplesse ou se battre avec leurs congénères dans la toundra… Depuis ce moment, j’ai effectué seize voyages dédiés à l’ours et à la faune sauvage, autour de la baie d’Hudson, vers Churchill, dans le Wapusk National Park, mais également en Alaska, au bord de la mer de Beaufort. 36
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Sabah R ah m an i
Et si on le faisait ensemble ?
OLÉRON
SOLUTIONS
OBJECTIF ET SI ON LE ZÉRO DÉCHET
ENSEMB
Touristique, sauvage et discrète, Oléron tente de relever le défi du zéro déchet pour préserver son territoire insulaire. En multipliant les initiatives aux côtés de citoyens, d’associations et de professionnels, la communauté de communes montre l’exemple.
O
scar, Diabolo et Été-Pigache ne sont pas des promeneurs comme les autres. Ils déambulent sur la plage au rythme nonchalant de leurs sabots qui s’enfoncent dans le sable. D’un pas sourd et gracieux, les trois ânes suivent le pas alerte de Nicolas Séguier. Depuis 2012, le fondateur de la société Les Ânes d’Oléron sillonne avec ses compagnons plus de 70 kilomètres de plages sur l’île du golfe de Gascogne. Pas pour des balades touristiques, mais pour joindre l’utile à l’agréable en nettoyant la plage avec l’aide de bénévoles, le temps d’une saison, entre mai et septembre.
UN TERRITOIRE PARTICULIER « Les gens viennent nous voir beaucoup plus facilement lorsque l’on se promène avec un âne plutôt qu’une brouette ! Il est vecteur de lien social direct », souligne avec enthousiasme le trentenaire, sollicité par la communauté de communes (CDC) de l’île d’Oléron qui voit dans cette initiative une solution originale pour sensibiliser les citoyens à la réduction des déchets. « Du fait de son insularité, notre territoire est particulier, il est comparable à un minimonde où l’on a conscience, plus que personne, de la finitude des choses, des surfaces, des ressources. Lorsqu’il y a vingt ans, les déchets étaient abandonnés sur les dunes et dans les marais, on a vite compris que cela ne pouvait 44
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pas tenir et on s’est sentis responsables », explique Joseph Hugues, directeur de la CDC. Même si, cette année, Nicolas n’a « jamais vu la plage aussi propre », il continue de pester en ramassant une poignée de mégots à l’aide d’une pince à déchets : « Le fumeur est fainéant ! » Malgré les cinq mille cendriers de poche distribués tous les ans sur les plages et la présence des poubelles, le zéro déchet n’est pas encore au rendez-vous. Canettes, bouteilles en plastique, bouchons, papiers, cordages, etc., au fil de la balade, les déchets viennent remplir les paniers fixés aux ânes. Ce matin-là, Nicolas et ses huit bénévoles en ramasseront plus de 8 kilos, qu’ils trieront pour le recyclage. « Participer au ramassage est une action citoyenne, et c’est encore plus sympa de le faire avec des ânes », confie Janine, la cinquantaine. En charge du nettoyage, de la sécurité et des aménagements touristiques des plages à la CDC, Édith Pavant explique : « On n’avait pas de solutions très satisfaisantes pour les microdéchets avec les pick-up qui parcouraient les plages pour les nettoyer. On s’est alors tournés vers les ânes, et pour sensibiliser les plus jeunes, nous avons couplé l’expérience avec des actions pédagogiques, en invitant des classes de primaire à venir à pied, en vélo ou en car pour participer au ramassage. » Chaque année, la collectivité collecte 25 tonnes de déchets sur le littoral, et ce sont en réalité les
E n q u e^ t e de sens
STÉPHANIESOLUTIONS SALIOU ET JIM BOUCHET
MINI-FORÊT,
EN QUÊTE MAXI-PASSION Cypriane El-Chami Ce cil e De B i s e
L
Pour faire leur part face à l’urgence écologique, Stéphanie et Jim s’éloignent de la communication et renouent avec des passions plus proches de la nature. Depuis décembre 2018, le couple crée, via MiniBigForest, des forêts urbaines participatives.
a communication ? « C’est une très vieille histoire » pour Jim Bouchet, qui exerce cette activité depuis trente-sept ans. Aujourd’hui âgé de 55 ans, il la pratique encore trois jours par semaine, mais il consacre les quatre jours restants à la forêt. Lui qui, enfant, suivait partout ses grands-pères jardinierspaysagistes, lui qui s’est passionné de botanique auprès d’eux, se souvient avoir ressenti, vers ses 30 ans, « un vrai besoin de transmission de la nature ». C’est environ au même âge que Stéphanie Saliou, sa compagne, s’est mis en quête d’un « projet de sens », à la naissance de sa fille, il y a onze ans. L’ex-salariée en agence de communication se met alors à son compte et change petit à petit son quotidien. Éducation, consommation, elle veut « apporter des choses simples » à sa fille. Stéphanie évoque plusieurs déclics qui l’ont amenée à changer de vie. Elle cite notamment une conférence de Pierre Rabhi, qui l’a poussée à visiter des écolieux, dont Les Amanins. Progressivement, son environnement se modifie : « Quand tu mets un doigt dans l’engrenage, c’est tout un champ des possibles qui s’ouvre. » Stéphanie explore la naturopathie, la réflexologie, la permaculture, la danse et les arts expressifs : autant de voies pour comprendre le fonctionnement du vivant, tant du corps humain que d’un terrain. Tout était en cohérence avec son projet de vie, sauf son activité professionnelle. 50
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UN « CERCLE VERTUEUX » Jim et Stéphanie cherchent alors une activité qui leur permette de traduire leurs valeurs en actions. C’est au festival Aux Arbres !, à Nantes, qu’ils auront une révélation, le 8 juin 2018. Cet événement citoyen explore l’arbre sous toutes ses formes, à travers des ateliers et des conférences. Stéphanie et Jim s’y rendent par curiosité. Et là… « on a vu le Jésus-Christ des arbres ! », confie Jim, en souriant. Shubhendu Sharma, un éco-ingénieur reconverti, fondateur de l’organisation Afforestt, crée des forêts en suivant la méthode du botaniste japonais Akira Miyawaki. Celle-ci consiste à planter des forêts très denses (environ trois arbres au mètre carré) sur de toutes petites surfaces, en rassemblant une trentaine d’essences naturelles locales : de mini-forêts à très grand potentiel de biodiversité. Stéphanie et Jim sont sous le charme. Dans le mois qui suit, un voisin suggère de planter des arbres en barrière visuelle et sonore à une route à quatre voies, près de l’abbaye de Villeneuve. Stéphanie et Jim se proposent pour créer une miniforêt suivant la méthode Miyawaki. Nous sommes le 8 juillet 2018. Synchronicité ? Le chiffre 8 semble leur porter chance ! Tout s’enchaîne ensuite. Le couple se forme auprès de l’entreprise belge Urban Forests. À peine baptisée, MiniBigForest est mise à l’épreuve au sein d’Open Lande, un incubateur de projets écologiques. Stéphanie et Jim se forment à l’administratif et s’y tissent un réseau. Le projet prend de l’ampleur. Le 8 décembre 2018, le premier arbre est planté et les statuts de
Am él ie Toref
GoU^t de l'enfance
An n e- Soph ie Mau f f ré
SOLUTIONS
SI ON OSAIT LE
GOÛT?DE CODODO P En France, dormir avec son bébé reste une pratique marginale. Pourtant l’Unicef le recommande pendant les six premiers mois de l'enfant, et quelques maternités proposent des lits adaptés. Les craintes au sujet du cododo sont-elles justifiées ? Ou uniquement culturelles ?
«
ourquoi se lever quand on peut continuer à somnoler ? » Face à ses amis, levés plusieurs fois par nuit pour s’occuper de leur bébé, Julie reste un peu perplexe. Pour son deuxième fils, âgé de 5 mois, elle a osé le cododo, et a vite été conquise. La pratique consiste à faire dormir le nourrisson dans le lit de ses parents, ou sur un petit lit accolé, spécialement ouvert sur un côté. Lorsqu’elle y a pensé pour la première fois, « c’était avant tout pour (son) bébé ». Avant de découvrir, avec surprise, que l’Unicef encourageait le sommeil partagé. L’organisme diffuse, depuis 2005, un guide des bonnes pratiques à ce sujet 1. Avec certaines précautions [lire encadré page 54], il recommande de dormir avec son enfant jusqu’à ses 6 mois, pour favoriser l’allaitement maternel et prévenir la mort subite du nourrisson. Plusieurs maternités labellisées « Ami des bébés », comme celle de La Teste-deBuch en Gironde, proposent d’ailleurs des berceaux cododo. Julie avoue « adorer » dormir toute proche de son bébé la nuit. Mais au-delà du plaisir, elle a vite réalisé que garder son nourrisson dans son lit près de soi, c’était avant tout préserver son propre sommeil. L’arrivée d’un nouveau-né est fatigante, logistiquement et émotionnellement. Les parents ont besoin de se reposer. Et quand ils n’ont pas à se lever pour s’occuper de leur tout-petit, mais
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simplement à le faire glisser contre soi pour se rendormir avec lui, l’avantage n’est pas négligeable. Aurore Garras, coach parentale et présidente de l’association Bébés et Parents tissent dans les Landes, et son compagnon Julien en ont d’ailleurs fait un principe : « Poser le pied par terre, c’est déjà trop se réveiller ! »
NOCIF POUR LE BÉBÉ ? Pourtant le cododo reste marginal en France. Pourquoi les parents ne l’adoptent-ils pas plus ? Julie a sa petite idée… « Mes copines craignent que mon fils n’arrive plus à réintégrer son propre lit. » C’est en effet un virage qu’il faut bien négocier. Un sommeil partagé pour de mauvaises raisons (besoin de combler un vide, peur excessive pour son bébé, difficultés conjugales…) peut vite provoquer l’effet inverse, et empêcher le nourrisson de créer ses propres stratégies d’endormissement. Certaines précautions sont donc à prendre : habituer l’enfant à s’endormir de lui-même, l’acclimater à son nouveau lit progressivement, prévoir un objet transitionnel. Et saisir le bon moment. Aurore témoigne : « Parce qu’on ne s’est pas fixé d’objectifs, ça s’est fait spontanément, naturellement. Quand on était prêts, quand l’enfant était prêt. Et après, même s’il y a eu quelques retours en arrière, on ne l’a pas vécu comme un échec. » Autre crainte : celle de l’étouffement, très présente dans l’esprit des parents et dans le monde médical. Le Dr José Groswasser, pédiatre,
ANTIFASHION
, CRE ATEURS DE CULTURE
SOLUTIONS
Au de R au x Jém on in e D er igny, col l ectif Argos
KRÉ
POUR UNE MODE PLUS RESPONSABLE
B
Contre la mode jetable (fast fashion, en anglais), Stéphanie Calvino a lancé le projet Anti-fashion. Depuis 2015, cette Marseillaise tisse des liens pour créer, ensemble, une mode plus responsable d’un point de vue humain et environnemental.
Des jeunes créent des vêtements à partir de chutes de tissu et de fripes.
ien concentré sur sa machine à coudre, Paul Xoumpholpharoy apprend à filer droit ! « Avant, je dépensais tout mon salaire de commis de cuisine dans la fast-fashion 1 : j’ai vingt paires de tennis et autant de jeans », confie-t-il. Sous la houlette de l’association Anti-fashion, le jeune homme de 22 ans, aujourd’hui au chômage, participe à un atelier d’upcycling dans le secteur du textile à Roubaix (Nord). Traduction : l’art de créer des vêtements en valorisant des chutes de tissu et des fripes. « Dès le début de la formation, raconte Paul, j’ai découvert brutalement l’envers du décor de la
mode. Je ne savais pas que l’industrie du textile était la deuxième plus polluante au monde. Ça a été la claque. » [lire encadré page 58] À ses côtés, Sauphoine Saing prend les mesures d’un pantalon en tissu imperméable pour le métamorphoser en manches. Le stagiaire de 20 ans fait écho à Paul : « Moi aussi, ça m’a choqué. La fast-fashion a des conséquences sur tout : les hommes, la planète, les animaux. La culture du coton, par exemple, ça pollue grave à cause des pesticides ! Et puis les conditions de travail dans les ateliers de textile en Asie sont dangereuses. Ils font même travailler des ados. Ça m’a désolé d’apprendre tout ça. » Comme son camarade, Sauphoine a arrêté le lycée en classe de première, puis a travaillé dans la restauration, « juste pour gagner de l’argent », avant de découvrir cette formation dispensée gratuitement par Anti-fashion.
RACCOMMODER LA MODE AVEC LE SOCIAL L’origine de cette association remonte à 2015. Stéphanie Calvino, alors consultante pour l’incubateur la Maison Mode Méditerranée à Marseille (MMMM), découvre le « Manifeste Anti-fashion », lancé par Li Edelkoort. La défricheuse de tendances néerlandaise y dénonçait un système gangrené par la finance. « Je me suis dit : “enfin quelqu’un qui jette le pavé dans la mare” », se souvient Stéphanie Calvino. Convaincue, elle aussi, que l’industrie de la mode file un mauvais coton, la Marseillaise lui envoie un mail : « Je ne 56
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MAADEN
vent d'ailleurs
Ju l iette D u qu esn e
SOLUTIONS
VERS UN VILLAGE VENT D’A TOUT-ÉCOLOGIQUE
© Jade Mietton
MAURITANIE
Au cœur du désert sahélien, en Mauritanie, les habitants de Maaden, en coopération avec le Fonds de Dotation Pierre Rabhi, créent un village totalement écologique, de la terre à l’école en passant par l’énergie, la gestion de l’eau, le reboisement ou la lutte contre l’érosion des sols. Une belle utopie… en chantier !
N
«
ous ne sommes pas là pour faire uniquement de l’agroécologie, ce projet est politique, dans le sens noble du terme », explique Pierre Rabhi. En échangeant avec les agriculteurs, les enseignants, les responsables du dispensaire, il mesure l’ampleur des attentes du millier d’habitants du village de Maaden 1. « Cette coopération nous apportera énormément. Le village était presque au point mort, il commence à revivre… » , assure Djibril Niang, paysan. Difficile d’accès, Maaden est un village singulier en Mauritanie. Réputée pour son humanisme et sa solidarité, cette oasis a été fondée en 1975 par le soufi 2 Cheikh Mohamed Lemine Sidina. Cet érudit était un fervent défenseur de l’égalité : égalité entre hommes et femmes comme entre êtres humains, peu importe la couleur de peau. Depuis sa disparition, en 2003, des dissensions étaient nées à Maaden. Ce projet est une occasion de
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rassembler et d’unifier la communauté. Mohamed Djibril Niang, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, fait partie des fondateurs, il est particulièrement confiant : « Les habitants adhèrent à 100 %. Le fait que Maaden soit un village soufi nous fait gagner beaucoup de temps. Nous réactivons des valeurs existantes : la simplicité et le respect de la terre. Le développement ne signifie pas devenir riche sous forme d’argent, mais plutôt que chacun ait ce dont il a besoin, de manière autonome. À ma connaissance, aucun village entièrement écologique n’existe en Mauritanie ni même en Afrique, il est important que cela aboutisse. » Femmes, diplômés, personnes âgées… tous les villageois sont acteurs du projet. « Créer un village écologique est le fleuron de toute une vie d’implication et militante, s’enthousiasme Pierre Rabhi. Maaden pourrait être un modèle. » Dans la continuité du centre de formation d’agroécologie de Gorom-Gorom, au Burkina Faso, fondé par Pierre
TRANSITION
BD REPO
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AUTONOMIE
I.Y
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Au de R au x
je vais bien, le monde va mieux
El éon ore Hen r y de Frah an, col l ectif Argos
LE YOGA JE VAISDANS BIEN LE M PLONGE AUTONOMIE
LE GRAND BAIN
Comme le yoga, l’aqua-yoga consiste à réaliser des postures pour améliorer sa souplesse en étirant ses muscles, les renforcer en profondeur et travailler équilibre et souffle. Particularité : les enchaînements se font, pour partie, dans l’eau. Grâce à cet élément, les sensations sont décuplées.
Les cours d’aqua-yoga commencent au bord de la piscine par une série de postures de yoga, des exercices de respiration et quelques torsions.
A
u bord de la piscine, dans l’écrin du spa de l’hôtel Mandarin Oriental à Paris, six tapis de yoga ont été déroulés le temps d’une séance d’aquayoga. Au son d’une cascade d’eau ruisselant le long d’un mur tapissé de mosaïques, nous commençons par une série de postures de yoga, asanas en sanskrit. L’animatrice, Caroline Nagel, professeure de yoga et fondatrice de l’association Les Amazones Parisiennes, veille à ce que les six participantes
s’ancrent bien dans la position de l’arbre ou de la déesse. De sa voix douce et enjouée, la jeune femme nous invite ensuite à enchaîner des exercices de respiration, pranayamas en sanskrit, pour nous apprendre à mieux maîtriser notre souffle. Puis, deux par deux, nous effectuons quelques torsions. Après une demi-heure sur terre, vient enfin le moment de se jeter dans le grand bain. Température de l’eau : 29 degrés. Nous réalisons quelques exercices toniques d’aquagym, ponctués de rires éclaboussants. Une fois réchauffées, nous effectuons, en pleine conscience, deux mouvements spécifiques – l’ondulation et la spirale – sur lesquels repose cette discipline, à l’image de l’eau elle-même. On décrit ainsi une vague avec nos mains, notre bassin, nos jambes et enfin l’ensemble de notre corps, composé à 65 % d’eau. Puis, nous enchaînons de nouvelles postures de yoga. Caroline Nagel nous invite à réaliser celle de l’aigle, la tête hors de l’eau, suivie de celle du poirier, en immersion complète.
LÉGÈRETÉ ET CONFIANCE Grâce à cet élément qui nous porte, suivant la théorie de la poussée d’Archimède, le maintien des positions est facilité. On se sent tellement légère ! Comme si l’on flottait dans les asanas. L’eau nous oblige à être à 100 % dans la posture, au moment où on l’exécute. À titre d’exemple, si 72
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vivre en oasis
Gabrielle Paoli
AUTONOMIE
LES SENS DE THÉUS AUX HERBES ET CAETERA
COL
Située dans les Hautes-Alpes, la ferme bio Les Sens de Theus pratique aussi la biodynamie. Pauline et Jean-Pascal, paysans herboristes, y cueillent, produisent et transforment des plantes à parfums, aromatiques et médicinales. Lieu de culture et de travail, Les Sens de Theus est également un lieu de vie et de partage soutenu par la Coopérative Oasis.
P
auline est ingénieure agronome, Jean-Pascal plombier de formation. Tous deux pratiquent le ski de fond à haut niveau. En 2015, aspirant à une vie plus sobre et proche de la montagne qu’ils connaissent bien et aiment intensément, ils décident d’en changer. Elle, quitte son poste de chargée de projet faune et flore à la SNCF ; lui, cesse son activité saisonnière de plombier, mais reste technicien d’une équipe de ski américaine l’hiver. « Les plantes nous ont toujours beaucoup attirés, mais on ne pensait pas qu’une ferme de plantes aromatiques et médicinales pouvait être viable. On s’est donc d’abord orientés vers le maraîchage. Cependant, au fil de nos visites et de nos rencontres, nous avons changé d’avis et décidé de tenter le coup. Nous avons suivi des formations et sommes allés Colibris fait sa part dans l’histoire de travailler six mois dans une Kaizen ; présent dès l’origine du magaferme de plantes médicinales zine, il l’inspire et l’accompagne au avant de nous lancer », précise Pauline. Très vite, le couple se quotidien. rend compte que ce domaine Envie d’agir ? Rejoignez le mouvement : www.colibris-lemouvement.org correspond pleinement à ses Une oasis est un lieu de vie ou de resattentes tant en termes de lien sources qui incarne des valeurs d’écoà la nature que de stimulation logie et de partage. intellectuelle. Pendant deux ans, Pauline et Envie de créer, rejoindre une oasis ? Jean-Pascal cherchent un lieu Toutes les informations sur www. en Haute-Savoie, mais se colibris-lemouvement.org/projets/ trouvent désarmés face au projet-oasis prix exorbitant des terres. 78
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Finalement, l’opportunité d’un terrain de 3,5 hectares avec une petite maison, mis en vente juste à côté de la maison de famille de Pauline, dans les Hautes-Alpes, les décident à changer de région. Fin 2017, le couple s’installe sur son nouveau lieu de vie baptisé Les Sens de Théus, où il cueille, produit et transforme des plantes aromatiques et médicinales.
« LES PLANTES PARLENT AUSSI DES HOMMES » Le cœur de l’activité de ces paysans herboristes est la phytothérapie – le soin par les plantes – et la gemmothérapie – le soin par les bourgeons. Ainsi Pauline et Jean-Pascal élaborent huiles essentielles, eaux florales et teintures mères (préparations traditionnelles, base de la pharmacopée traditionnelle). Ils produisent aussi des tisanes et des cosmétiques. Certaines plantes sont cueillies dans la nature, d’autres sont cultivées en agriculture biologique. Pour obtenir des plantes aux propriétés puissantes, chaque étape est fondamentale et nécessite une maîtrise d’un processus propre à chaque variété – la culture, la cueillette, la transformation, le stockage, le transport et la diffusion… « Mais l’herboristerie ne se résume pas à la biologie pure. Émotions, énergies, philosophie… les plantes parlent aussi des hommes », raconte Pauline. « En vendant ces produits, on entre dans l’intimité des gens. Ils viennent nous voir avec leurs enjeux physiques et émotionnels du moment », renchérit Jean-Pascal.
LE CÔTÉ LUMINEUX AUTONOMIEDE LA FORCE Lire en toi nous pouvons.
Comment te sens-tu ?
Tes pensées vont
J’ai froid, monsieur.
vers ta mère.
Peur tu as ?
B ARM
Aie conscience de tes émotions.
Elle me manque. Non, monsieur.
Peur de la perdre, je pense
Ça a tout à voir.
La peur est le chemin vers
Je sens beaucoup
le côté obscur. La peur mène à
de peur en toi.
la colère, la colère à la haine,
Mais qu’est-ce que ça a à voir ?
la haine à la souffrance.
Oh là là ! Mais c’est pas possible !
Qu’est-ce qu’il t’arrive ?
Regarde-moi ça ! Ils disent à
Anakin d’avoir conscience de ses émotions, mais sans lui
apprendre à le faire ! En plus,
ils voient le mal en lui ! Or les
enfants deviennent ce que l’on voit en eux… On sait pourtant ça aujourd’hui ! *
Et si l’on faisait un remake
de Star Wars version CNV et
Oh oui ! Trop cool !
C’est toi qui fais Yoda !
éducation positive ?
O.K., alors attends,
les besoins d’Anakin,
Pas étonnant que la société
là, ça serait...
ait fabriqué des Dark Vador !
* Cf. l’expérience d’Oak School de Robert Rosenthal et Lenore Jacobson (Pygmalion à l’école, 1968, trad. fr. 1971, rééd. Casterman, 1994)
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NOS bonnes adresses
AUTONOMIE
Pascal Greboval
BONNES E PARIS 3 : ÇA POUSSE DANSADRESSES LE MARAIS ! Comme son nom l’indique, le Marais est une ancienne zone marécageuse. C’est Charles V qui, au XIVe siècle, l'intégra à l’enceinte fortifiée de Paris. Lieu de résidence de la noblesse, il a conservé ses hôtels particuliers, malgré la Révolution, et avec l’aide de Malraux plus tard. Cela en fait un quartier chic, mais ouvert, où se côtoient communautés juive et LGBT, galeries d’art – autour du musée Picasso – et où fleurissent désormais de bonnes adresses végé ou véganes. Miam !
MYAM
MANGER
82, rue Beaubourg
KITCHEN 74, rue des Gravilliers www.kitchenparis.com Dans une ambiance très anglophile et détendue, on s’installe autour de grandes tables en bois. Dans l’assiette, un vent de fraîcheur prédomine, avec des plats véganes ou végétariens, où tous les ingrédients ne sont pas bio, mais « font comme ils peuvent » ! Les pancakes, tout comme les jus de fruit maison, sont un délice. Et comme le personnel est sympa et que le thé est à discrétion, posé sur la table, Kitchen a tous les atouts pour devenir votre cantine.
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Tout frais, tout neuf ! Ouvert depuis novembre 2019, Myam est une épicerie aux allures de marché couvert. Les trois frères et sœurs à l’origine du projet veulent redonner aux Parisiens l’accès à des produits sains à un prix juste. Pour atteindre cet objectif ambitieux, ils travaillent en direct avec les producteurs. Ceux-ci sont sélectionnés sur le non-traitement de leurs produits. On y trouve du vrac pour les légumineuses, des soupes en bocaux, des sauces et tartinables maison, des bières locales, du vin de petits producteurs. Un bon spot à suivre.
cui sin e , E N M, O D E ZE R O D E CH ET ! Linda Louis
LA BANANE AUTONOMIE
UN CONCENTRÉ DE POTASSIUM, DE LA CHAIR À LA PEAU !
CUISINE
La banane est toujours là pour nous sauver d’un coup de barre et nous apporter durablement de l’énergie. Bien qu’elle ne soit pas locale 1, elle entre dans « l’exception Marco Polo », au même titre que le café, le thé, le sucre ou les épices. Essayez d’optimiser son usage en cuisinant, par exemple, sa peau, comestible cuite et riche en nutriments ! 1. AVEC LA PEAU DE BANANE Elle est particulièrement riche en potassium (la chair en contient bien moins), essentiel au bon fonctionnement du système nerveux et musculaire et régulateur cardiaque, en vitamine A, en lutéine (pigment jaune) et en fibres. D’autre part, plus la peau est verte, plus elle contient de protéines. Optez surtout pour des bananes bio. Cuisson : lavez-la, retirez le pédoncule noir et faites-la cuire dans une casserole d’eau bouillante pendant 8 à 10 minutes. Ajoutez-la mixée dans un
gâteau, des pancakes, en remplacement d’un ingrédient liquide (lait, yaourt, œuf). Si vous n’avez pas le temps de la cuisiner, conservez-la crue au réfrigérateur pendant 3 jours ou au congélateur. Vinaigre de banane : disposez 2 peaux de banane crues et bien lavées dans un bocal contenant 750 ml de vinaigre de cidre, laissez macérer pendant 1 mois, puis filtrez. À utiliser dans les salades.
2. AVEC DES BANANES TROP MÛRES • Smoothie : 1 banane + 150 ml de lait végétal (amande, avoine, soja) + 1 c. à s. de purée d’oléagineux (amande, noisette) + 1 autre fruit (orange, pomme, poire…). • Pâte à tartiner : faites fondre 200 g de chocolat (noir ou lait) ; faites cuire 200 g de bananes mûres dans une petite casserole et un fond d’eau pendant 7 à 8 minutes. Mixez le tout avec 4 c. à s. de purée de noisettes, puis versez dans un pot. À conserver 10 jours maximum au frigo. • Crème glacée : 3 bananes mixées avec 3 yaourts de soja ou brebis + 200 ml de crème soja ou amande + 130 g de sucre blond de canne, passés à la sorbetière. • Rhum arrangé : disposez 3 bananes mûres lavées et légèrement entrouvertes dans un bocal de 1 litre de rhum brun avec 150 g de sucre de canne, 3 bâtons de cannelle. Laissez macérer 3 à 6 mois avant de filtrer. • Granola énergétique délicieux ! [lire page 87] 3. AVEC DES BANANES NOIRES Hachez-les, mélangez-les avec du marc de café et enterrez-les dans la terre de vos plantes (intérieures et extérieures). Vous verrez à quel point elles seront boostées ! n
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cui sin e
, CET INGRE DIENT BIO, J'EN FAIS QUOI ?
AUTONOMIE
Li n d a L o u i s
CUISINE
LES ALGUES CAP SUR LES LÉGUMES DE LA MER !
Nous nous alimentons quasi exclusivement de légumes terrestres, mais très rarement d’algues, contrairement aux Asiatiques. Quel dommage ! Ces « légumes de la mer » sont de véritables bombes énergétiques !
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RENDEZ-VOUS L’A GE N DA JA N VIER-FÉ VR IER 2020 JA N V I E R
RENDEZ-VOUS
SOMMET KAIZEN EN QUÊTE DE SENS Vous voulez que votre activité professionnelle soit en cohérence avec vos engagements, vos valeurs personnels ? En janvier, Kaizen vous invite à participer à son premier sommet en ligne ! Des témoins, des experts vous aident à trouver et emprunter VOTRE voie, celle qui fait sens pour vous. 20 vidéos/entretiens de 45 minutes avec Marc de la Ménardière, Maxime de Rostolan, Boris Aubel, Linda Bedouet, Gaëlle Baldassari, Karine Sabatier, Mai-Lan Ripoche, Eric Julien, Nathalie Martin, etc. Inscriptions sur www.kaizen-magazine.fr
2 au 5 janvier Centre agroécologique des Amanins (26) Séjour : Bonnes résolutions Un séjour familial pour démarrer positivement la nouvelle année avec l’équipe des Amanins Des animations et ateliers participatifs : rencontres et découverte de la nature, land art, jeux, cuisine, naturopathie, débat philo, projection… www.lesamanins.com 10 au 12 janvier Quimper (29) Salon Breizh Nature : 5e édition Salon de la bio et du bien-être Parc des expositions Quimper Cornouaille www.breizh-nature.bzh
KAIZEN PARTENAIRE 28 janvier Paris (14e) Ciné Kaizen : Un autre chemin : la résilience québécoise Projection suivie d'une rencontre avec la réalisatrice Muriel Barra, animée par Sabah Rahmani 2e saison de la série documentaire autour de l’autonomie Dans un monde en perte de repères, des femmes et des hommes sortent des sentiers battus pour s’inventer une vie qui leur ressemble, plus proche de la nature. Découvrez ici un écohameau résilient au cœur du Québec, prouvant que l’autonomie est possible même sous des latitudes nordiques au climat difficile ! Cinéma Chaplin-Denfert - 24, place Denfert-Rochereau Retrouvez les autres Cinés Kaizen sur https://kaizen-magazine.com/participer-a-nos-evenements/
JA N V I E R - F É V R I E R 24 janvier au 2 février - Die (26) 8 février - Eurre (26) Rencontres de Die et de la Biovallée : 18e édition L’Écologie au quotidien, dans ses trois dimensions : personnelle, sociale et environnementale Thème : S’entraider… Coopérer, ici et ailleurs Conférences, débats, films, expositions, ateliers, spectacles, visites de sites, soirées conviviales www.ecologieauquotidien.fr
FÉVRIER
24 au 27 janvier Paris (19e) Salon Permae : 1re édition Salon de la permaculture, de l’agroécologie et du jardinage au naturel Organisé par Spas Organisation et Rustica aux côtés de Vivez Nature (49e édition), salon bio, nature et bien-être dédié à l’écologie urbaine 150 exposants, 50 ateliers, animations et conférences Grande Halle de La Villette www.salon-permae.com www.vivez-nature.com L’entrée permet d’accéder aux deux salons.
1er et 15 février / 8 et 29 février La Pâture es Chênes, Hénon (22) Stage : La permaculture au jardin Apprenez à créer votre petit coin de paradis ! Portez un autre regard sur votre jardin et son potentiel nourricier et repartez chez vous avec une boîte à outils pour mettre en pratique la permaculture et le jardinage sol vivant. www.lapatureeschenes.fr 7 au 9 février - La Rochelle (17) 21 au 23 février - Rennes (35) Salon Respire la Vie Salon bio, bien-être et habitat sain www.respirelavie.fr
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SÉLECTION KULTURELLE AUTONOMIE
EXPO
LI VRES LA CUISINE DES GENS QUI SÈMENT
PLUS DE 100 RECETTES SALÉES ET SUCRÉES Arnaud Dalibot et Estelle Eeckhout, Alternatives Un très beau livre de cuisine signé par la ferme et cantine Mûre qui retrace aussi l’aventure de ce projet. De quoi donner une couleur bio et locale à nos garde-manger tout en régalant nos papilles !
MÉMOIRES D’UN ARBRE
PLAN B POUR LA PLANÈTE : LE NEW DEAL VERT
RURALITÉS
Mucem, galerie de la Méditerranée, Marseille, jusqu’au 30 mars 2020 Du Néolithique à nos jours, cette odyssée de dix mille ans explore les fondements de l’agriculture et de l’élevage en Méditerranée, à la rencontre des hommes, des cultures et des techniques. Une mise en perspective utile pour mieux comprendre le monde d’aujourd’hui.
SÉLECTION CULTURELLE
Guido Mina di Sospiro, Hugo Doc Âgé de 2 500 ans, un if irlandais retrace l’histoire de sa longue vie, de l’arrivée des premiers hommes dans sa forêt natale à nos jours. Observateur et acteur, il raconte aussi la vie sociale, pas toujours tendre, entre végétaux et animaux. Une parabole originale de notre rapport à la nature.
LE TEMPS ABOLI
OÙ SCIENCE ET PHILOSOPHIE SE RENCONTRENT Jiddu Krishnamurti et David Bohm, Presses du Châtelet « Quelle est l’origine du conflit humain ? », « L’humanité fait-elle fausse route ? », « Pourquoi avoir donné une telle suprématie à la pensée ? »… Autant de questions posées dans ces livre et DVD d’entretiens exceptionnels entre le philosophe indien et le physicien anglais, proche d’Einstein.
MIEUX DORMIR AVEC L’HYPNOSE
SOIGNER AUTREMENT L’INSOMNIE, LES ANGOISSES, LES MAUVAIS RÊVES… Dre Agnès Brion, In Press
VIVRE MIEUX SANS CROISSANCE Pierre Rabhi et Juliette Duquesne, Presses du Châtelet
Naomi Klein, Actes Sud La célèbre journaliste d’investigation canadienne réunit dix ans de réflexions audacieuses et passionnées pour proposer des solutions fortes aux problèmes écologiques et sociaux, en s’émancipant de la violence capitaliste.
AMBRE, LA PETITE GUÉRISSEUSE
Virginie Maillot et Carla Cartgena, La Pimpante « Ambre aime la nature. La petite herboriste connaît les plantes et leurs vertus, les pierres et leurs bienfaits. » Un album pour enfants poétique et délicat.
LES 12 SAGESSES DES ANIMAUX INSPIRONS-NOUS DES ANIMAUX POUR VIVRE MIEUX Yolaine de la Bigne, Leduc S.
MÈRE
FILM UN MONDE PLUS GRAND
Fabienne Berthaud, 1 h 40 C’est l’histoire d’une initiation. Celle de Corine Sombrun, journaliste et musicienne partie en Mongolie pour un reportage sur le chamanisme, et qui revient changée à jamais. Inspirée d’une histoire vraie, cette aventure nous invite à élargir notre regard sur la réalité du monde perçu, avec humour et tendresse.
L’ENSEIGNEMENT SPIRITUEL DE LA FORÊT AMAZONIENNE Laurent Huguelit, MamaÉditions Chamane suisse, l’auteur révèle un enseignement profond, subtil et sensible reçu de celle que les Amérindiens surnomment la « Madre » : une forêt en danger qui appelle « ses enfants » à renouer avec le vivant et l’amour. Magnifique.
L’ÉCO-AVENTURIER
MON TOUR DE FRANCE AU SERVICE DE L’ENVIRONNEMENT Julien Moreau, avec la collaboration de Stéphane Dugast, préface de Nicolas Hulot, Hugo Doc
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dominique bourg
C h r o n iq u e
P H I LO S O P HE
Bastien Dubo i s
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LE SAGE ET LE SAVANT CHRONIQUE DOMINIQUE BOURG
l fut un temps où les connaissances étaient inséparables de la sagesse, elles en étaient même le fondement. La chose est vraie tant des sociétés traditionnelles, dotées d’écriture, que des sociétés orales. La figure du sage n’est jamais très distante de celle du savant. Tel ne semble plus être le cas depuis les temps modernes, la connaissance est devenue le prétexte d’une fuite en avant, d’une transgression de toutes les limites, tant sociales que naturelles. Aux origines de la pensée occidentale, le recouvrement de la connaissance et de la sagesse est une évidence sémantique, le mot sophia enveloppant les deux sens. Pour Platon, il n’est de sagesse possible que découlant de la connaissance, de la
« La connaissance est devenue le prétexte d’une fuite en avant. » contemplation du Bien. Aristote, en revanche, désolidarisera quelque peu la sagesse de la connaissance en reconnaissant la spécificité et l’opacité de la pratique, de l’action. L’homme sage et vertueux l’est par acquisition de dispositions en matière de comportement, de vertus, plus que par celle d’un savoir spéculatif. Mais en même temps, il va de soi que l’homme vertueux cherche à épanouir sa raison spéculative par les sciences et la philosophie, sa raison pratique en participant à la vie de la Cité, et cultive sa sensibilité par les arts. La tradition bouddhiste rassemble sagesse et connaissance dans la figure du moine, philosophe et praticien de la méditation. Le christianisme sépare en revanche le saint du savant, mais le théologien maintient une forme de lien entre connaissance et sagesse. Du côté des cultures orales, les deux peuvent être distinctes, le druide, par exemple, détenteur du savoir-sagesse, ne se confondant pas avec le 98
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chaman. Mais là encore, quand ils ne se confondent pas, le sage et le savant ne sont jamais loin l’un de l’autre. Qu’on me permette de livrer une anecdote racontée par Jean-Marie Pelt dans l’une de ses conférences. Se promenant avec un chaman africain, Pelt tombe sur une plante inconnue de lui. Il se tourne vers le chaman pour s’enquérir de sa connaissance. Lui aussi en ignorait tout. Mais il entre alors en transe pour chercher l’information auprès de son grand-père disparu et obtient de la sorte l’information demandée par Pelt… Or tout change avec les temps modernes. La science n’est plus ce qui permet de nous situer au sein de la nature, mais de nous y substituer. Il convient, disait Francis Bacon dans La Nouvelle Atlantide, de « faire incessamment reculer les bornes de la nature ». Quatre siècles plus tard, le vivant, et au premier chef les insectes, s’effondre à grande vitesse autour de nous. Nous aurons atteint les deux degrés d’augmentation par rapport à la température moyenne préindustrielle en 2040, et sortirons ainsi du plafond des températures qui prévalait depuis près de trois millions d’années, auquel toutes les espèces sur Terre étaient adaptées. Nos connaissances auront débouché sur une folie suicidaire. Terminons sur un signe de réconciliation de la sagesse et du savoir, celui qui nous est donné aujourd’hui par la permaculture. Le retour à la terre de gens jeunes, souvent hautement diplômés, avec la volonté de tourner le dos aux pratiques destructrices de l’agriculture conventionnelle, prétendument « science based », est un signe encourageant du retour de la sagesse. On la retrouve aussi chez les Aborigènes d’Australie, leur holisme et leur respect de la communauté des êtres vivants, leurs pratiques agricoles, et leur savoir issu de la science des écosystèmes, notamment quant à la complémentarité des espèces de plantes différentes. Puissions-nous nous en inspirer. n