N°
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MARS AVRIL 2020
DÉCRYPTAGE
COUV SOLUTIONS
AGROÉCOLOGIE HUMUSATION C’EST POSSIBLE ?
AUTONOMIE
LE DO-IN
BIENTÔT LÉGALE ? POUR SE DÉNOUER
DOSSIER SPÉCIAL MUNICIPALES
BEL / LUX : 7,20 € - ESP : 7,40 € - CH : 11 FS - MAR : 80 MAD - TUN : 11,90 DT - DOM : 7,40 € - TOM : 850 XPF
VERS LA VILLE
VERTE 1 BONNES ADRESSES : TOURS
Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 98 913 € Siège social 74A, rue de Paris - 35000 Rennes info@kaizen-magazine.fr www.kaizen-magazine.com
EDITO
Magazine bimestriel numéro 49 Mars-avril 2020 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Baldassari Rédacteur en chef Pascal Greboval Rédactrice en chef adjointe Sabah Rahmani Secrétaire de rédaction Emmanuelle Painvin Journalistes multimédias Maëlys Vésir Cypriane El-Chami Stagiaires pour ce numéro Pauline Brault Emma Lebrun--Boutaout Directrice administrative et financière Céline Pageot Abonnements et commandes 74A, rue de Paris - 35000 Rennes abonnement@kaizen-magazine.fr Tél. 02 23 24 26 40 Gestionnaire service abonnements Cyrielle Bulgheroni Attachée commerciale Anne-Pauline Petitjean Direction artistique, maquette et mise en pages • www.hobo.paris hobo.paris - hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Photo de couverture © Lyuba Burakova - Stocksy Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (Imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIRET : 539 732 990 000 38 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0322 K 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution
Pascal G reboval R édacteu r en ch ef
LE TEMPS ÉDITO
DE LA COMMUNE ?
S
i je vous dis « commune », à quoi pensez-vous ? Aux villes et villages ? Au féminin de commun ? Ou à l’expérience citoyenne de 1871 à Paris ? Et si le temps était venu de réunir ces trois acceptions… Et si les élections municipales nous offraient l’occasion de mettre en place des initiatives citoyennes qui influencent positivement notre destination commune… Que chacun fasse sa part est une nécessité. Mais les actions individuelles pour rester sous une augmentation des températures inférieure à 2 degrés ne suffisent plus. Les chefs d’État devraient porter la prise de conscience écologique citoyenne qui croît. Or ils n’accompagnent pas cet élan, ne prennent pas les décisions indispensables pour limiter le dérèglement climatique. Les raisons sont multiples : pression des lobbys, jeux géopolitiques, ivresse du pouvoir, etc. Il reste néanmoins quelques cartes politiques à jouer. Et la commune en est une ! Après la famille, c’est un espace commun que l’on appréhende plutôt bien. Un espace où il est encore possible d’agir pour, justement, influencer la qualité, la destinée de ce « commun ». Vous pouvez y être acteur, vous engager dans la vie de la Cité ou, simplement, être un citoyen vertueux, en prenant votre vélo par exemple. Le transport représente 30 % des émissions de CO2. Vous pouvez aussi endosser le rôle de vigie. Les maires et leurs adjoints sont les élus les plus faciles à rencontrer. Vous êtes en droit de leur rappeler qu’ils peuvent développer des projets écologiques et sociaux sans être dogmatiques : des cantines bio, des parkings à vélos, etc. Je n’ai pas l’intention d’influencer votre vote, je souhaite juste vous rappeler que chaque maire, quelle que soit sa famille politique, est en capacité d’instaurer une politique écologique dans sa commune, quelle que soit la taille de celle-ci. Surtout si vous l’accompagnez. Vous êtes chacun un lobbyiste en puissance. Et si les 35 000 communes de France s’engagent dans cette dynamique, par capillarité, les échelons supérieurs suivront, selon le principe du local au global. La création des communes date de 1789 ; alors reprenons cet élan, cette flamme : le temps de la révolution écologique et sociale est venu !
Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Vente au numéro pour les diffuseurs Destination Média • Tél. 01 56 82 12 00 contact@destinationmedia.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peuvent être reproduits sans l’autorisation du magazine. Merci.
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SOMMAiRE RENCONTRE Pascal Picq CHRONIQUE Quitterie de Villepin Où sont les femmes ?
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ENQUÊTE 14 Transition agroécologique, qu’est-ce qui bloque ?
MUNICIPALES,
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LES CLEFS DES VILLES VERTES 20
DOSSIER
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CHRONIQUE Christophe André L’éco-anxiété, une forme de lucidité
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EN QUÊTE DE SENS Franck Paillaret Savonnier affranchi
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D.I.Y. 68 Les nichoirs : de précieux alliés pour les oiseaux
SOMMAIRE
EN CHIFFRES Évasion fiscale : l'autre urgence sociale
LA NATURE MISE À NU Le prince crapaud, enfin bien-aimé ?
ET SI ON LE FAISAIT ENSEMBLE ? Centrales Villageoises, le solaire citoyen
GOÛT DE L’ENFANCE 52 Le Chapiteau d’Adrienne, du cirque sur la corde sensible et sociale CRÉATEURS DE CULTURE Cinémas associatifs, un hublot de culture en Bretagne
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VENT D’AILLEURS 60 Suède Eksilstuna, une ville pensée à l’échelle globale MOTS CROISÉS Humusation, la fin d’un tabou ?
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BD tOad Tous vélonomes !
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JE VAIS BIEN, LE MONDE VA MIEUX 72 Se dénouer avec le do-in EN CHIFFRES Avocat : attention, surconsommation !
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VIVRE EN OASIS Le Moulinage de Chirols, de la filature au bien commun écologique
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BD Art-Mella « Sois comme l’eau »
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NOS BONNES ADRESSES En bord de Loire, un écoTours
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CUISINE 86 En mode zéro déchet ! Le chou Cet ingrédient bio, j’en fais quoi ? Le sucre de canne complet RENDEZ-VOUS
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SÉLECTION KULTURELLE
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CHRONIQUE Dominique Bourg Des raisons d’espérer
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PORTFOLIO
Joanny Vitta Complètement cirque !
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Origine du papier : pages intérieures : Belgique ; encart : Allemagne ; couverture : Pays-Bas. Taux de fibres recyclées : 0 %. Ce magazine est imprimé sur un papier issu de forêts gérées durablement. Eutrophisation : Ptot = 0,018 kg/t. Pour les abonnés : une relance de fin d’abonnement.
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KAIZEN - N° 49
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R e n c on t re
BIO EXPRESS 1954 Naissance à Bois-Colombes 1984 Chercheur associé à l’université Duke (USA) 1991 Maître de conférences au Collège de France 2013 De Darwin à Lévi-Strauss. L’homme et la diversité en danger, Odile Jacob 2019 Sapiens face à Sapiens, Flammarion
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DÉCRYPTAGE
Sabah R ah m an i Patr ick L azic
PASCAL PICQ RENC Dans son dernier ouvrage, Sapiens face à Sapiens. La tragique et splendide histoire de l’humanité, le paléoanthropologue Pascal Picq revient sur l’origine de notre espèce, et s’interroge sur la phase inédite de notre évolution actuelle. À l’ère du numérique et des défis écologiques, Sapiens renouera-t-il avec la sagesse ?
Vous écrivez que « notre lignée devient “humaine” en inventant la coévolution. » Qu’est-ce que la coévolution ? La coévolution signifie qu’aucune espèce n’évolue par elle-même. Elle est influencée par de multiples facteurs : la biologie, l’environnement et le milieu technoculturel. Par exemple, en mangeant, on modifie notre microbiote. On sait que notre nourriture et notre environnement conditionnent notre physiologie, mais aussi nos capacités cognitives. Cela est vrai pour toutes les espèces. Cela peut paraître simple, mais il y a encore vingt ou trente ans, l’idéologie du progrès, en médecine notamment, affirmait que l’homme s’était affranchi des contraintes de la nature, et que tout ce qui était lié à la sélection naturelle et aux mécanismes d’évolution en général ne s’appliquait plus. Que nenni ! On s’aperçoit aujourd’hui que nos comportements, la pollution, nos habitudes sociales, notre alimentation, etc. modifient les expressions de nos gènes et se transmettent en partie ; c’est l’épigénétique. Car nous sommes en réalité des espèces très plastiques d’un point de vue physiologique, cognitif et morphologique : on peut changer très vite de taille et de forme. Outre notre environnement naturel, nous sommes aussi modulés, sélectionnés, transformés par nos environnements technique et culturel : c’est l’évolution bioculturelle.
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Par exemple ? Les personnes de ma génération, les baby-boomers, ont eu accès à l’éducation et à la culture, à la médecine, à une meilleure alimentation, à plus de confort et d’hygiène, à de meilleures conditions de travail, aux avancées sociales, etc. Au final, que s’est-il passé ? 10 à 15 centimètres de taille corporelle en plus et 25 ans d’espérance de vie gagnés, en moyenne. En une génération ! Voilà comment nous, les humains, en changeant notre environnement technique, culturel et social, on peut changer très vite. Je souligne que ces avancées étaient avant tout inscrites dans un projet de société, pas seulement technique, qui est remis en cause de nos jours en raison de ses conséquences sur la planète. En effet, quel succès ! Depuis que je suis né, la population mondiale a triplé et a consommé et voyagé comme jamais. Mais on oublie deux règles de l’évolution : plus on a de succès, plus il faut s’adapter aux conséquences de ce succès et quoi qu’on fasse, toute évolution est un compromis jusqu’à ce que les avantages butent sur les désavantages. C’est le cas actuellement ? La plasticité peut aller dans le bon comme dans le mauvais sens. La révolution numérique a des effets négatifs sur notre morphologie, car elle induit plus de sédentarité, des risques d’obésité, une perte de la vue de loin et de la robustesse
DÉCRYPTAGE
“LES VARIATIONS ET LA DIVERSITÉ PEUVENT CHANGER LE MONDE !"
CONTRE
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e n c hiffres Fan ny Co s t es J ust in e L e J o n c o u r
DÉCRYPTAGE
Évasion fiscale : l’autre urgence sociale
INFOG
Évasion fiscale, optimisation, fraude… Quel terme convient pour qualifier cette fuite de capitaux organisée par des particuliers ou des entreprises peu enclins à partager via l’impôt ? Une chose est sûre : la majorité des Français y perd, les milliards « égarés » ne contribuant ni à la santé, ni à l’éducation, ni à la lutte contre la pauvreté…
ÉVASION FISCALE : FRAUDE ou OPTIMISATION ? L’évasion fiscale est l’ensemble des comportements, légaux ou illégaux, des particuliers ou des entreprises visant à réduire le montant des prélèvements dont ils devraient normalement s’acquitter. Elle est souvent associée aux paradis fiscaux. La fraude est illégale : elle consiste à contourner volontairement la législation fiscale. L’optimisation est légale, même si sa légitimité peut être contestée : elle consiste à réduire ses impôts via des moyens légaux. Elle peut être mise en place par des entreprises ou des particuliers.
L’évasion fiscale est évaluée à 60 à 80 milliards d’euros par an en France • soit le budget de l’Éducation nationale : 71,9 milliards d’euros en 2019 ; • plus que le déficit public de l’État : 59,6 milliards d’euros en 2018, soit 2,5 % du produit intérieur brut (PIB) ; • soit 136 euros supplémentaires à payer par mois et par contribuable.
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60 À 80 Md€ 12
71,9 Md€
Maël ys Vésir
E n q u e^ t e
DÉCRYPTAGE
L e Cil Ver t
TRANSITION ENQ AGROÉCOLOGIQUE QU’EST-CE QUI BLOQUE ?
De plus en plus d’agriculteurs conventionnels adaptent leurs pratiques face aux exigences sociétales et aux défis climatiques. Mais entamer une transition agroécologique reste souvent un parcours du combattant. Enquête.
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’un côté, des chiffres prometteurs : 41 600 fermes sont engagées en agriculture biologique 1, 67 000 paysans commercialisent tout ou partie de leur production en circuit court 2 (vente directe à la ferme, magasins de producteurs, marchés, AMAP 3…) et 70 % des Français sont prêts à changer leur consommation pour des produits plus responsables 4. De l’autre, une réalité plus amère : hausse de 25 % de l’usage des pesticides en dix ans, alors que le plan Écophyto 2018 5 issu du Grenelle de l’environnement (2007) prévoyait une baisse de 50 % ; crise profonde du milieu agricole, en proie aux faibles revenus, au surendettement, à une masse de travail conséquente entraînant des burn-out voire des suicides 6. Ces maux affectent majoritairement l’agriculture conventionnelle, laquelle représente plus de 90 % des terres cultivées en France. Héritière du modèle productiviste 14
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d’après-guerre, où l’urgence était de nourrir le peuple, l’agriculture intensive est aujourd’hui remise en question en raison de son impact environnemental et humain. Sa configuration est complexe et diverse, mais pour de nombreux agriculteurs conventionnels, tendre vers de nouvelles pratiques agricoles est difficile.
DES AGRICULTEURS CONVENTIONNELS EN PERTE D’AUTONOMIE Pâturage, rotation des cultures, désherbage mécanique… Autant de pratiques plus respectueuses du sol que Benoît 7, céréalier conventionnel en Maineet-Loire, aimerait mettre en place sur son exploitation de 95 hectares. Mais le poids des investissements et les charges mensuelles le freinent dans sa démarche. « Je suis enfermé par le montant des reprises de la ferme avec les bâtiments, le matériel, les terres, qui ne permet pas d’entamer des changements tout de suite », explique l’agriculteur qui a investi environ 350 000 euros sur douze ans.
Le prince crapaud
LA na t, ur e mise A nu
DÉCRYPTAGE
Fran ço i s L a ss e r re C a rol in e G a m o n
ENFIN BIEN-AIMÉ ?
LA NA MISE
Que de siècles il aura fallu au crapaud commun pour passer de bête maléfique à copain des jardins ! Placé sous le lit, il aurait absorbé
nos miasmes ; séché et pendu au plafond, il nous aurait protégés de nos peurs. Les traditions ne sont pas toutes bonnes à garder… Biologistes et amateurs savent désormais côtoyer et aimer ce dodu des prés.
MÂLE DES GRENOUILLES ? Non. Crapaud et grenouille sont cousins proches en tant qu’amphibiens anoures (sans queue) et aux mœurs semblables : aquatiques, puis terrestres. Hors période de reproduction, seules les grenouilles vertes restent proches de l’eau ; grenouilles marron et crapauds sont des champs, forêts et jardins !
AMI DES FOURMIS ? Non. Parmi les nombreux insectes que le crapaud capture avec sa langue collante, les fourmis sont de choix. Mais d’autres bestioles du sol y passent, des cloportes aux limaces, en passant par les mille-pattes. Le crapaud est donc devenu l’ami de certains humains, jardiniers en particulier, qui vont jusqu’à lui proposer un abri pour l’été ! [Voir tutoriels en ligne.]
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MIGRATEUR ? Oui. Sans être lointains, les déplacements saisonniers du crapaud entre sites d’estivage, d’hibernation et de reproduction n’en sont pas moins risqués. Lors de ces migrations, les crapauds traversent parfois nos routes en grand nombre. Pour les préserver du danger, des bénévoles les y aident, voire leur construisent des crapauducs, sortes de mini tunnels sous la route.
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DOSSIER
B arnabé Bi nct i n, avec M aëlys Vési r et Pascal Greb oval
DOSSIER-PORTFOLIO
MUNICIPALES
DOSS
LES CLEFS DES VILLES
VERTES © Laurent Guizard
Dans quelques jours, les 35 000 communes françaises seront appelées à choisir leur équipe municipale pour les six prochaines années. Élection de proximité par excellence, les municipales recouvrent souvent plusieurs motifs d’espoir pour les défenseurs de la transition écologique et sociale. Mais qu’en est-il dans les faits : qu’est-ce qu’être un maire « écolo » aujourd’hui ? Et comment engager, à l’échelle de sa commune, de vrais chantiers de transformation ? On est allés enquêter.
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SIER
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DOSSIER
LES CLEFS DES VILLES VERTES
DOSSIER-PORTFOLIO
JONATHAN DURAND FOLCO
DOSS
« LES COMMUNES, NOUVELLES BASES DE LA LÉGITIMITÉ POLITIQUE » La volonté de reconquête du pouvoir par les villes porte un nom en étendard : le municipalisme. Du Kurdistan à l’Espagne en passant par le Mexique, les expériences « municipalistes » se multiplient à travers le monde depuis quelques années. En France, le mouvement des « gilets jaunes » a contribué à populariser ce concept défendant notamment la démocratie directe. Au point d’en faire véritablement un nouvel horizon politique ? Analyse avec un spécialiste du sujet.
Les projets et les revendications municipalistes ont fleuri ces dernières années : 1986 que recouvre exactement Naissance à Montréal (Canada) ce terme de « municipalisme » ? 2016 Le municipalisme est un projet poliProfesseur à l’École d’innovation sociale de l’université Saint-Paul tique qui considère que les princid’Ottawa paux enjeux contemporains – la 2017 crise écologique, la justice sociale, Docteur en philosophie l’engagement politique –, tous ces (université de Laval), thèse « Transformer la ville par enjeux se posent d’abord et avant la démocratie participative : tout sur une échelle de proximité. l’exemple des conseils de quartier décisionnels » Que c’est à partir de là que l’on doit 2017 reconstruire un système démocraÀ nous la ville ! tique et économique en phase avec Traité de municipalisme, ces enjeux, car ce sont ces terripublié chez Écosociété toires, les villes et les communes rurales, qui sont au cœur de nos vies, au quotidien. Ce sont les premiers concernés et, à ce titre, il serait donc logique de leur octroyer plus de pouvoir qu’ils n’en ont aujourd’hui, un pouvoir que l’État-nation leur a, en quelque sorte, usurpé. C’est à une vraie transformation de la société « par le bas » qu’appelle le municipalisme. L’idée, c’est que les communes deviennent les nouvelles bases de la légitimité politique. BIO EXPRESS
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Est-ce un concept nouveau ? Le philosophe américain Murray Bookchin est le premier à avoir théorisé cette organisation sociale dans les années 1980. Il parlait de « municipalisme libertaire » pour désigner cette stratégie d’autogestion de communes qui se regrouperaient entre elles pour pouvoir dépasser l’économie de marché capitaliste et l’État-nation centralisé. Historiquement, des tentatives comme la Commune de Paris (1871) ou « Vienne la Rouge » [de 1918 à 1934, la capitale autrichienne se transforme sous les effets du socialisme municipal, N.D.L.R.] s’inspiraient déjà de cette même logique. Au Chiapas (Mexique), le mouvement zapatiste expérimente ce type d’organisation depuis plus de vingt ans. Mais les expériences diverses de plusieurs grandes villes espagnoles ainsi que dans la région du Rojava au Kurdistan, qui se revendiquent officiellement du municipalisme, ont remis un coup de projecteur sur ces idées, au milieu des années 2010. Comment expliquez-vous l’attrait actuel pour ce mouvement ? Avec la montée des populismes, on parle beaucoup d’une « crise de la démocratie », mais selon moi, c’est d’abord une crise de la représentation.
LA TRANSITION DOSSIER-PORTFOLIO
À L’ÉPREUVE DU LABORATOIRE GRENOBLOIS
SIER
Première grande ville française (160 000 habitants) à élire un maire écologiste en mars 2014, Grenoble aura été scrutée, tel un cas d’école, par tous les partisans de la transition. Pour quel résultat, à l’heure de conclure le premier mandat ? Bilan sur place, où les motifs d’espoir révèlent aussi les difficultés du pouvoir.
© Simon Pouyet
L
e choix du lieu ne devait rien au hasard. Ce dimanche 5 janvier au soir, c’est au Musée de Grenoble qu’Eric Piolle conviait les habitants pour leur adresser ses vœux, les derniers de sa mandature. C’était aussi le dernier jour d’une belle exposition consacrée à l’œuvre de Picasso pendant la Seconde Guerre mondiale 1, et rendue gratuite pour l’occasion. « Une formidable source d’inspiration pour rester debout face à un monde où l’espoir semble vaincu, mais aussi une promesse : celle de rester créatif pour partir à l’abordage de la fatalité », interprétera l’édile dans son petit discours, sans notes ni cravate. Eric Piolle aime l’Histoire, lui qui a fait de Grenoble une singularité dans le paysage politique en devenant la plus grande ville française jamais dirigée par un écologiste 2. Et il aime tout autant l’art, surtout quand il s’attache à cette époque sombre du e siècle : le choix, à son arrivée à l’hôtel de ville en mars 2014, d’un tableau aux couleurs chaudes de Suzanne Roger, sobrement intitulé 14 juillet 1939, pour orner son bureau n’a rien d’un hasard non plus. « C’est l’optimisme de l’action en période trouble », justifie-t-il. De même que la guerre n’avait pas amoindri la créativité de Picasso, l’urgence du temps présent n’a donc pas paralysé les motivations grenobloises. Bien au contraire. Depuis son accession à la tête de la capitale des Alpes, il y a six ans, la nouvelle équipe municipale s’est attachée à engager de profondes mutations, conférant très vite à la ville son
surnom de « laboratoire politique ». Car les choses n’ont pas traîné : dès les toutes premières semaines, la baisse de 25 % de la rémunération des élus – qui fait économiser 300 000 euros par an à la ville – ou la fin de la voiture avec chauffeur pour le maire, qui circule à vélo tous les jours, étaient actées. Des mesures emblématiques et une façon d’incarner, tout de suite, la promesse de changer les pratiques politiques. Mais c’est une autre décision qui va faire entrer Grenoble dans l’ère concrète de la transformation : à l’automne 2014, Eric Piolle siffle la fin de la partie pour l’affichage publicitaire, une première à l’échelle européenne. Au total, 326 panneaux JCDecaux sont démontés partout dans la ville, ce qui génère une perte de 150 000 euros par an de revenus 3. Le geste est fort, et révèle alors « une volonté de desserrer l’étau du privé et de combattre la commercialisation de l’espace public », explique alors Élisa Martin, la première adjointe.
« CHÉRIR LE VIVANT » C’est aussi une manière de rappeler que l’aménagement d’un territoire relève d’abord d’une volonté politique. Et dans ce domaine, Eric Piolle a justement mis en œuvre une politique ambitieuse : après avoir passé l’ensemble de ses voies de circulation à 30 kilomètres/heure en janvier 2016, la ville a piétonnisé une partie de son centre-ville et limité la circulation des véhicules les plus polluants grâce à la mise en place d’une zone à faibles émissions (ZFE). Deuxième ville
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P O R T FOL IO
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Em m a n ue l l e P a i nv i n
Joanny Vitta
PORT
COMPLÈTEMENT CIRQUE ! À l’image du festival de Montréal, le Lyonnais Joanny Vitta est « complètement cirque » ! Depuis 2016, il a décidé de lier ses deux passions : la photographie et le cirque. Pratiquant lui-même au sein des associations Overground Circus et AJIL, il invite des circassiens et des danseurs lyonnais à se réapproprier leur ville. Férus de jonglerie, d’aérien, d’acrobatie, d’acroyoga ou de danse contemporaine, les modèles de Joanny Vitta investissent l’espace urbain dans des dimensions inédites. Au creux des rues, des places, des parcs, leurs corps en mouvement jouent avec la gravité et les forces d’attraction. Suspendus, portés, pieds ancrés, regard dans les étoiles, ils habitent la ville dans tout son volume, au-delà du sol. Un geste poétique et une mise à nu qui disent toute la liberté et la créativité du cirque contemporain. Complètement nature, complètement humain. n
POUR ALLER PLUS LOIN • www.joanny.eu
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TFOLIO
Suspendue au tissu au parc de la Feysinne (Villeurbanne)
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An gel a B ol is
Et si on le faisait ensemble ?
SOLUTIONS
CENTRALES VILLAGEOISES ET SI ON LE SOLAIRE CITOYEN
LE ENSEMB
En 2014, une première Centrale Villageoise voyait le jour dans le Pilat : une société à gouvernance citoyenne, produisant de l’électricité solaire, et impulsant une transition énergétique à échelle humaine. Depuis, le modèle a essaimé, avec désormais une cinquantaine de Centrales en France.
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ans le village des Haies, surplombant le Rhône et les vignobles du Pilat, des panneaux photovoltaïques coiffent les toits de l’école, de la mairie, de la salle polyvalente et de quelques pavillons. Depuis 2014, 500 mètres carrés de panneaux ont été installés par la Centrale Villageoise de la région de Condrieu sur huit toitures qu’elle loue à des collectivités ou des particuliers, comme Yves Bourget, habitant du centre bourg. Chaque année, il reçoit « une somme symbolique », d’une centaine d’euros, pour la location de son toit, et n’autoconsomme pas l’électricité qui y est produite. « C’est un engagement écologique et citoyen avant tout, explique-t-il. Le projet a été lancé peu après Fukushima, qui a eu un effet déterminant dans notre volonté de contribuer à une énergie propre. » Dans son village, la Centrale produit 85 kilowattheures d’électricité solaire par an, soit la consommation d’une trentaine de foyers. La démarche des Centrales Villageoises a été lancée dès 2010 par la région Rhône-Alpes, en lien avec ses Parcs naturels. « À l’époque, on était démarchés pour de gros projets photovoltaïques au sol, mal maîtrisés, mal vus… On a cherché une meilleure intégration sociale des énergies renouvelables », se souvient Sophie Badoil, chargée de mission Énergie Climat au Parc du Pilat. Tout est alors à 44
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inventer. L’idée phare est de produire de l’énergie solaire avec la participation des citoyens et le soutien des collectivités, sur un territoire précis – assez petit pour garder des liens de proximité. Les retombées économiques doivent être locales – en faisant notamment appel à des entreprises du territoire –, et l’aspect paysager pris en compte.
LES HAIES, VILLAGE PILOTE Dans le Parc du Pilat, un des huit sites pilotes retenus par la région, on cherche alors l’emplacement idéal. C’est le village des Haies qui est retenu, grâce à sa belle exposition au soleil et au vent (les panneaux produisent mieux quand ils sont frais), mais aussi grâce à l’engouement d’une dizaine d’habitants volontaires. « Quand le projet s’est lancé, rien de tel n’avait encore jamais été fait. J’ai fait du porte-à-porte pour motiver les gens et les rassurer », se souvient Gilles Maury, participant de la première heure. La première Centrale Villageoise voit donc le jour dans son village… et défriche le terrain. Sa recette : louer des toits à des habitants ou des collectivités, pour les équiper de panneaux solaires en réalisant des travaux groupés, afin de mutualiser les coûts. Ces investissements 1 sont ensuite compensés par la revente de l’intégralité de l’électricité produite à EDF. La société vise ainsi une « viabilité économique modérée, mais pérenne ».
SOLUTIONS FRANCK PAILLARET
E n q u e^ t e de sens
SAVONNIER
AFFRANCHI EN QUÊTE Fa n ny Co s t es Les Af f ra n c h i s
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Contrôleur financier, Franck Paillaret a changé de voie en 2016 pour cofonder Les Affranchis, une société de fabrication et de vente de savons bio, et coconstruire un autre modèle de production.
riginaire d’Ardèche, Franck Paillaret a quitté Tournon-sur-Rhône à 18 ans pour étudier l’économie à l’université de Grenoble. « L’école républicaine dit que lorsqu’un élève n’est pas trop mauvais, il faut l’encourager à faire plus, même si l’on ne sait pas pourquoi, raconte-t-il. J’ai donc continué à faire plus et j’ai fini par étudier l’économie. Une matière qui m’attirait et qui m’a plu. » Bon élève, Franck a ensuite passé les concours d’entrée aux grandes écoles et intégré Grenoble École de management. De son cursus, il se souvient surtout de son mastère spécialisé Entrepreneurs : « Cela a été une révélation, car j’ai été en immersion dans plusieurs entreprises et j’ai pu me confronter à tous les aspects de la vie d’une structure, de la gestion quotidienne à la communication en passant par l’approche humaine en temps de crise. » Une fois diplômé, il se fait embaucher à la direction financière de 40-30, une entreprise grenobloise, en tant que contrôleur financier. « J’effectuais des missions de suivi des activités des services, de réalisation de documents financiers pour lever des fonds, d’ouverture de filiales… C’était très intéressant intellectuellement. Mais je ne me retrouvais pas complètement dans ce que je faisais. Je participais indirectement et pour le compte d’autres à la réalisation de services industriels dans les micronanotechnologies. Et à faire des calculs ou du droit sur PC, j’étais déconnecté du monde tangible, du monde du “faire” », confie Franck. 50
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« L’EXISTENCE PRÉCÈDE L’ESSENCE » Son changement de cap professionnel commence en 2014 – il a alors 28 ans – par une année sabbatique. Une « pause » qu’il dédie au voyage, en arpentant le monde avec sa copine, son épouse aujourd’hui. « Mes seules problématiques étaient “vais-je me laver ?”, “vais-je manger ?”, “où vais-je dormir ?” Je me suis alors rendu compte que la peur de l’inconnu était faite de beaucoup de fantasmes et qu’en définitive je pouvais tout faire. Et quand je suis revenu à mon poste, mes envies étaient plus claires : je voulais “mettre la main à la pâte.” Sartre disait que “l’existence précède l’essence.” C’est exactement ce que j’ai ressenti. Et en janvier 2016, avec Frédéric, qui était aussi mon collègue chez 40-30, on a décidé de se lancer dans une aventure qui fasse sens à nos yeux et pas seulement à ceux de la société. Nous partagions des valeurs communes et nous voulions être en adéquation avec celles-ci. » Franck et son comparse lâchent donc leurs CDI pour s’essayer à la fabrication du savon dans un garage. « Ce produit de base existe depuis plus de trois mille ans, mais le vrai savon ne se fait plus ou presque. Même en bio. Car la filière cosmétique, comme d’autres filières répondant à des besoins de base, est structurée sur le low cost », souligne Franck. En septembre 2016, Franck et Frédéric lancent officiellement leur société : Les Affranchis. Un nom choisi avec soin par le duo, qui veut s’affranchir d’une logique lucrative et faire en sorte que chaque heure travaillée ait un « réel impact sociétal ».
Ju l iette L abaron n e
GoU^t de l'enfance
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Jérôm in e D er igny, col l ectif Argos
LE CHAPITEAU D’ADRIENNE GOÛT DE
DU CIRQUE SUR LA CORDE SENSIBLE ET SOCIALE Il y a tout juste dix ans, le Chapiteau d’Adrienne a posé ses malles en bord de Seine, à Ris-Orangis, dans l’Essonne. Avec le soutien de la municipalité, les artistes du collectif Larue et Compagnie initient au cirque et à la méditation enfants et adolescents du quartier et d’ailleurs. Un travail utile à leur construction basé sur la rigueur, l’autonomie et l’ouverture aux émotions.
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u bout du quai de la gare RER de RisOrangis, un lettrage géant, presque fondu dans la forêt de tags, signale le chemin. Après quelques minutes de marche le long de la Seine, le chapiteau bleu, entouré de caravanes et d’herbes folles, est en vue. Il suffit d’écarter d’une main un pan de toile pour pénétrer un monde à part : celui d’Adrienne Larue, figure historique du cirque contemporain, et de sa compagnie. Ici, point de ménagerie ni de félins (mis à part un gentil matou), mais un trapèze, des trampolines, un gros ballon… et bien d’autres trésors prêts à sortir de leurs coffres. Au milieu de la piste, Cheila Simone s’échauffe au son d’une musique planante. Danseuse de formation, elle enseigne, comme les autres artistes de Larue et Compagnie, les arts circassiens, en marge de la création de leurs propres spectacles. Les élèves du collectif sont des enfants (dès 6 ans), mais aussi des adultes, des personnes handicapées, des adolescents ayant lâché l’école et parfois de jeunes migrants. « J’ai toujours voulu allier une démarche sociale à mon travail
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artistique, explique Cheila. J’aime particulièrement travailler avec les enfants des cités. Probablement parce que je suis née en banlieue de Lisbonne. » Selon les « publics », les approches pédagogiques des instructeurs, parfois secondés par des éducateurs spécialisés, diffèrent. Mais le gros du travail reste le même. Au-delà du plaisir de la pratique, le but est d’aider les élèves à trouver leur place, en faisant travailler leur corps et leur cœur. Le rai de lumière créé par l’unique spot qui éclaire le chapiteau est à présent braqué sur le trapèze. Nous sommes mercredi, et c’est l’heure de l’atelier des enfants, lesquels arrivent bientôt sous le chapiteau, tout sourire. D’abord Alexandre, 6 ans. Suivi de Tommy, 8 ans. Une fois sa grosse doudoune lancée sur les gradins, le premier s’approche doucement d’un bol tibétain posé sur la piste, pour expérimenter quelques sons, tandis que Suzanne, 7 ans et demi, et Django, 9 ans, les rejoignent sur le tapis. Dan, un autre membre de la compagnie, entre en piste. Il annonce l’objectif du jour : mémoriser les enchaînements constituant le petit numéro.
, CRE ATEURS DE CULTURE
Au de R au x L au ren t G u izard
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CINÉMAS ASSOCIATIFS
UN HUBLOT KRÉ DE CULTURE EN BRETAGNE
Enraciné depuis 1938 à Saint-Aubin-du-Cormier, une commune rurale d’Ille-et-Vilaine, le cinéma associatif Le Mauclerc est aujourd’hui géré par une association. Preuve du foisonnement de ce type d’équipement culturel dans le département, un réseau y fédère trente-trois cinémas associatifs, soit près de 90 % des cinémas du territoire.
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ienvenue dans ce cinéma associatif. Caissiers, projectionnistes, ouvreurs : nous sommes TOUS des bénévoles qui donnons gratuitement de notre temps pour vous faire rêver et voyager », peut-on lire dans le hall d’entrée du cinéma Le Mauclerc, à Saint-Aubin-du-Cormier (Ille-et-Vilaine), une commune rurale bretonne de 3 800 habitants. Pendant les vacances de Noël, une foule emmitouflée se presse pour voir scintiller sur grand écran le dernier opus de Star Wars. Le public vient des communes environnantes, attiré par « la proximité géographique », « les tarifs imbattables » (4,90 euros le plein tarif, 3,90 euros le tarif réduit) et « l’esprit convivial du lieu ». « Je préfère ce petit cinéma de deux salles, géré par des bénévoles, aux multiplexes impersonnels. On y croise des gens que l’on connaît. Cela participe au dynamisme de la vie locale et au vivreensemble en milieu rural », précise une spectatrice. Un autre confie : « Cette initiative est formidable. Grâce à l’engagement de l’équipe de
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bénévoles, la culture devient accessible au plus grand nombre. Particulièrement les jeunes qui peuvent voir des films dans de bonnes conditions, en famille ou avec des amis, plutôt que seuls sur leurs ordinateurs. Ce mois-ci, j’ai déjà assisté à six séances. Il faut encourager ces initiatives locales. » Venue voir Le Cristal magique avec sa fille, une femme remarque : « J’aime beaucoup la programmation très éclectique du Mauclerc. L’équilibre est parfait entre les grands succès et les titres plus confidentiels. Et j’ai l’impression de participer à une action collective. »
L’ENGAGEMENT DES BÉNÉVOLES Le Mauclerc est en effet une aventure collective : quarante-six bénévoles – reconnaissables à leurs gilets rouges – font tourner les deux salles, du mercredi au dimanche (plus le lundi soir au printemps et en été). L’une « grand public » de 199 places, l’autre « art et essai » de 94 places. Quatre groupes de bénévoles se répartissent les permanences pendant les deux séances quotidiennes (17 heures et 20 heures 30) et deux autres
L au ra R em ou é
vent d'ailleurs
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ESKILSTUNA
SUÈDE
UNE VILLE PENSÉE VENT D’A À L’ÉCHELLE GLOBALE En Suède, les entreprises municipales sont un maillon clé de la politique de décentralisation. Via son entreprise d’énergie EEM, la ville d’Eskilstuna, située près de Stockholm, s’est illustrée en 2015 en ouvrant ReTuna, le premier centre commercial au monde d’objets de seconde main. De l’électricité produite par cogénération au biogaz créé à partir de déchets alimentaires, en passant par le recyclage et l’upcyclage, bienvenue en terre « glocale » !
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rendre soin de l’environnement », c ’est ainsi que les employés d’EEM, Eskilstuna Energi & Miljö (Eskilstuna énergie et environnement), décrivent leur mission. Société d’énergie, le groupe prend en charge la gestion des déchets, le chauffage urbain, la production d’électricité et même de biogaz ! Détenu exclusivement par la municipalité d’Eskilstuna, il est également à l’origine du premier centre commercial au monde d’objets de seconde main : ReTuna. L’inauguration de celui-ci en 2015 a soudainement fait apparaître le nom de cette ville suédoise de 100 000 habitants dans les titres de la presse internationale. En Suède, les communes se voient attribuer des responsabilités importantes en matière de services publics, en raison d’une politique de décentralisation et d’autonomie des collectivités locales, inscrite dès le premier article de la Constitution. Elles ont entre autres à leur charge l’éducation, l’urbanisme, les transports, ainsi que d’autres compétences facultatives, comme le logement. Pour y répondre, « 1 700 entreprises municipales sont détenues par 290 communes. Après les sociétés de logement, celles d’énergie sont les plus répandues », détaille l’Association suédoise des autorités locales et des régions (SALAR). C’est en 1993
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que la municipalité d’Eskilstuna a décidé de fonder la sienne, alors que le marché de l’électricité suédoise se libéralisait. Bien qu’EEM ait face à elle la concurrence privée, elle a pour force tout un écosystème énergétique forgé localement au fil des ans. Ainsi l’entreprise municipale verdit sa production d’énergie d’année en année. Progressivement, le charbon a disparu, laissant la place, au début des années 2000, à une usine de cogénération où l’eau chauffée par des copeaux de bois sert à la fois de chauffage urbain et de source d’électricité.
DU LOCAL AU « GLOCAL » À la direction du service environnement et construction de la mairie, Kristina Birath détaille les relations entre la municipalité et l’entreprise : « Les membres du conseil municipal décident d’objectifs pour la ville. En tant que responsable de la stratégie environnement, je développe des plans stratégiques à partir de ces derniers. » Étant propriétaire de la société EEM, la mairie donne des directives sur cinq ans que l’entreprise se charge d’appliquer, en fonctionnant avec ses capitaux propres. Hormis le projet d’ampleur qu’a été le centre ReTuna, la municipalité n’injecte plus d’argent dans l’entreprise 1. « C’est même elle qui reverse annuellement de l’argent à la mairie »,
MOTS, CROISE S
HUMUSATION SOLUTIONS
M a n on D e n i a u
MOTS C
© DR
Moins polluante que l’inhumation ou la crémation, l’humusation n’a pas fini de faire parler d’elle. Prônée comme l’une des solutions au réchauffement climatique, cette méthode funéraire de « compostage humain » a été autorisée par l’État de Washington aux États-Unis en 2019, mais reste illégale en France et en Belgique. Folie ou concept visionnaire ?
BIO EXPRESS 1980 Naissance 2014 Enseignantechercheuse à l’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble (ENSAG) 2016 Publication de sa thèse « L’urbain et la mort : ambiances d’une relation », sous la direction de Grégoire Chelkoff
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L’avis du Dr Pascaline Thiollière
n France, les préoccupations écologiques bousculent les pratiques funéraires depuis les années 2010. Je m’en suis rendu compte lorsque je rédigeais ma thèse « L’urbain et la mort : ambiances d’une relation ». Mon travail interrogeait le lien entre l’évolution de la ville et sa relation à la mort dans notre société, quelle place on lui laisse et les gestes liés. Une prise de conscience émerge sur le fait que l’inhumation empoisonne les sols de nos cimetières. La conservation des cadavres produit énormément de polluants, entre autres ceux utilisés par la thanatopraxie 1. De plus, avec la sécularisation de la société, l’éclatement des familles, de moins en moins de personnes voient du sens à dépenser des milliers d’euros pour une concession.
« L’humusation pourrait créer un vrai potentiel urbain. » L’idée de l’humusation renvoie un message fort. On y trouve l’idée du cycle de la vie qui traverse toute croyance, une sorte d’animisme contemporain, comme un retour à la simplicité associé aux préoccupations écologiques d’aujourd’hui. Elle règle également la question des sols pollués et du manque d’espace dans les cimetières ainsi que celle du bilan énergétique en comparaison avec la crémation. Soit on se dit qu’il n’y a plus de place en ville et on continue d’éloigner nos morts, soit on le perçoit comme une chance. Pour moi, il est 64
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très important de continuer à avoir des lieux urbains où faire son deuil. L’architecte-urbaniste Katrina Spade a milité aux États-Unis pour que l’humusation devienne légale, ce qui est le cas dans l’État de Washington depuis mai 2019. Selon la fondatrice du projet « Recompose 2 », cette technique pourrait créer un vrai potentiel urbain puisque le procédé ne durerait qu’un an. Mais tout dépend de la manière dont ce sera mis en place et tissé dans une continuité : il ne faudrait pas que cela devienne une usine qui tourne, tourne… Avec leurs cimetières naturels et forêts du souvenir, les pays du Nord, l’Angleterre et l’Allemagne ont compris depuis longtemps l’intérêt d’avoir des puits de fraîcheur et des lieux de recueillement dans la frénésie urbaine. Au Danemark, par exemple, il est tout à fait normal de se balader, de promener son chien ou de pique-niquer dans un cimetière. A contrario, en France, les cimetières, pour la majeure partie minéraux, sont peu supportables. La réflexion n’est pas tellement aboutie et le lobbying de la marbrerie reste fort. Les choses ne changeront pas sans mobilisation citoyenne. n 1. Le formol utilisé pour conserver le corps du défunt deux à trois semaines est classé comme cancérigène par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) qui souhaite une révision de sa classification au niveau européen depuis 2010 afin d’obtenir une réglementation plus sévère. 2. Au départ intitulé « Urban Death Project », le projet de Katrina Spade, commencé en 2014 à la fin de ses études, est d’insérer un silo à décomposition au cœur d’un bâtiment. Une trentaine de corps pourraient y être mis et le compost produit nourrirait parcs publics et jardins privés.
TRANSITION
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Un abri pour oiseaux tout en récup
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Du bois, un pot en terre cuite, et un peu d’huile de coude : il suffit de peu pour réaliser un nichoir à la fois utile et poétique. Démonstration. Matériel • 1 vieille planche à découper • 1 pot en terre cuite avec drainage • 1 crayon à papier • 1 perceuse • 1 pinceau et de la peinture acrylique • Du fil de fer • 1 morceau de bambou pour faire le perchoir • De la colle forte • De la ficelle
Étapes de réalisation 1 Placer votre pot sur la planche à découper en le décalant vers le bas de la planche, et en tracer les contours avec un crayon à papier. 3 À l’aide d’une perceuse, faire les quatre trous. Pour le perchoir, choisir un diamètre de mèche adapté afin de pouvoir y insérer le morceau de bambou. 4 Faire un trou de part et d’autre du pot, en procédant lentement pour ne pas le briser.
2 Noter au crayon l’emplacement des trous : un trou de part et d’autre du pot, alignés à l’horizontale, un trou en haut et en bas de la planche. L’un d’entre eux servira à accrocher l’objet, l’autre à placer le perchoir.
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Véron iqu e B u r y
je vais bien, le monde va mieux
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SE DÉNOUER AVEC
BIEN LE M LEJE VAIS DO-IN Pratique asiatique millénaire, encore peu connue en France, le do-in est « une sorte d’autoshiatsu 1 » qui aide à retrouver énergie et vitalité tout en préservant des petits bobos du quotidien. Une belle façon de prendre soin de soi dans la vie de tous les jours.
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arfois, il suffit d’un rien. D’une pression au bon endroit et le mal s’éloigne. Vous en avez sans doute déjà fait l’expérience, par inadvertance, en vous massant de manière instinctive sur les tempes ou en appuyant deux doigts sous le creux des arcades sourcilières pour tenter de faire fuir cette satanée douleur qui tapait dans votre tête. Ce jour-là, sans avaler le moindre cachet, vous avez réussi à faire fuir votre mal de crâne d’un massage du bout des doigts. Sans le savoir, vous avez vraisemblablement réalisé un geste de do-in, une technique japonaise millénaire qui a ses racines en Chine et tend à se développer depuis une vingtaine d’années en France. « C’est une pratique qui permet de faire circuler l’énergie au sein des méridiens d’acupuncture par diverses techniques que l’on a à disposition, comme les étirements, les frictions, les automassages, l’acupression (sur les points d’acupuncture), ceci dans un but de prévention et de régulation de sa santé », détaille Valérie Capel, praticienne en shiatsu et formatrice do-in à Paris. Contrairement au shiatsu, le do-in ne nécessite pas l’intervention d’un praticien qualifié. Après quelques séances d’enseignement, on peut en effet commencer à pratiquer seul et librement, dans un contexte de prévention de sa santé. « Avec le do-in, on apprend aux gens à être autonomes et à s’autogérer, c’est une sorte d’autoshiatsu », confirme Valérie Capel. Et c’est justement ce qui plaît aux adeptes : pouvoir uti72
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liser le do-in dès qu’ils en ressentent le besoin, chez eux comme au bureau, en collectif comme en individuel.
FAIRE CIRCULER L’ÉNERGIE « Je ne pourrai plus m’en passer », acquiesce Erika. Cette Parisienne de 37 ans a découvert le do-in par hasard, en suivant ses premières séances de shiatsu lorsqu’elle était enceinte et souffrait de douleurs de dos et d’une sciatique. Immédiatement, ce fut le déclic. « Valérie m’a donné des conseils et des gestes de do-in à reproduire chez moi, raconte-t-elle. J’ai essayé et je me suis aperçue que cela me faisait beaucoup de bien, du coup j’ai voulu en savoir plus. » De fil en aiguille, la jeune femme s’est formée pour reproduire les bons gestes, elle s’est documentée pour comprendre et a fini par intégrer le do-in à son quotidien. « Aujourd’hui, j’utilise le do-in chez moi quasiment tous les jours et je participe à une séance hebdomadaire en groupe tous les mardis », conclut-elle. Au cœur de l’hiver, elle a, par exemple, beaucoup frotté les reins de sa fille, le soir, pour l’aider à s’endormir. « Je lui masse aussi régulièrement les poignets, car c’est une petite fille très expansive et cela permet de l’apaiser », ajoute-t-elle. Dès qu’il y a un petit bobo, « j’ouvre mon livre et je regarde ce que je peux faire. » Nez bouché, mal des transports, rhume, stress, mal de dos… chaque problème a sa solution. Mais ce qu’Erika apprécie par-dessus tout, c’est que cette pratique l’aide à faire redescendre les tensions.
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vivre en oasis
Gabrielle Paoli
LE MOULINAGE DE CHIROLS
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DE LA FILATURE AU BIEN COMMUN ÉCOLOGIQUE
Né en 2015, le collectif du Moulinage de Chirols réhabilite une ancienne filature ardéchoise pour en faire un lieu ouvert regroupant activités artistiques et artisanales, habitat participatif et espaces communs publics. Intérêt général, refus de la spéculation, préservation des écosystèmes et engagement citoyen sont les maîtres mots des vingt-trois personnes qui ont signé l’acte d’achat au printemps 2019…
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out est parti d’une blague. On est tombés sur cette énorme usine abandonnée au cœur du village de Chirols et j’ai dit à Juliette “Tiens, on pourrait acheter ça !” » Guy, cofondateur du Moulinage, se souvient qu’au début, en 2015, ils n’étaient que quatre : lui et sa compagne Juliette, artistes du spectacle, et Antoine et Sylvain, architectespaysagistes. Ensemble, ils rêvent de redonner vie à ce lieu emblématique de la vallée. Cinq ans plus tard, le Moulinage de Chirols regroupe un collectif de vingt-trois personnes, presque toutes installées dans les environs ; une coopérative d’habitants proColibris fait sa part dans l’histoire de priétaire du lieu depuis le prinKaizen ; présent dès l’origine du magatemps 2019 ; des espaces comzine, il l’inspire et l’accompagne au muns déjà réhabilités et occupés (dortoir et sanitaires, salle quotidien. des fêtes, foyer, espace d’arts Envie d’agir ? Rejoignez le mouvement : www.colibris-lemouvement.org graphiques, menuiserie, Une oasis est un lieu de vie ou de resbureaux temporaires…) La crésources qui incarne des valeurs d’écomaillère a eu lieu l’été dernier, logie et de partage. avec des spectacles de théâtre et de clown, et les chantiers parEnvie de créer, rejoindre une oasis ? ticipatifs ont commencé dès le Toutes les informations sur www. printemps ; fin 2019, une trencolibris-lemouvement.org/projets/ taine de bénévoles sont revenus projet-oasis passer les fêtes au Moulinage…
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Si le projet fait beaucoup parler de lui, c’est qu’il collectionne les originalités. Sa taille d’abord : 4 500 mètres cubes de bâti ! « La dimension extravagante du lieu exige le mélange et la réunion de gens et d’activités d’horizons, d’âges différents. Avec un tel volume, on est obligés de rêver grand… et ensemble », confie Guy, comédien, metteur en scène et musicien. En effet, le projet est d’ampleur ! Un espace commun d’activités de 2 400 mètres carrés à usage collectif et ouvert au public comprendra une salle de spectacles de deux cents places, des résidences d’artistes, un espace de coworking, une cantine participative et un espace d’hébergement temporaire pour une trentaine de résidents. Mais le Moulinage ne s’arrêtera pas là ! Un habitat participatif de 1 900 mètres carrés accueillera une trentaine de personnes. Une ruche d’activités mêlera des artisans locaux et des ateliers participatifs associatifs. Enfin, près de 2 000 mètres carrés de « faysses » traditionnelles seront utilisés pour de la culture bio en terrasses, destinée à nourrir la communauté.
UN PATRIMOINE EN HÉRITAGE L’envergure de son patrimoine est la deuxième singularité du Moulinage. Jusqu’à sa fermeture, dans les années 2000, la filature était à la pointe de la technologie, et ses terrasses cultivées en
‹‹ SOIS COMME AUTONOMIEL'EAU >> Oh là là !
Encore à te faire du mauvais sang ?
J’en peux plus !
Lâche un peu prise, mon ami !
Trop de soucis…
Le « Wu-Wei *», comme disent
J’aimerais bien ! Mais si je lâche, il n’y a plus personne pour s’occuper de mes soucis !
les taoïstes.
B ARM
*Art du non-agir
Ou tu peux le voir avec les yeux de l’eau, pour qui chaque caillou
Tu peux voir chaque obstacle sur ton chemin
est l’occasion de s’enrichir de nouveaux minéraux...
comme une épreuve frontale.
et qui continue son chemin sans résistance.
Qu’est-ce que je peux apprendre de cette situation ?
Okay ! Je continue
dans cette direction.
Mh...
As-tu déjà vu l’eau se battre
Mais alors, toi, tu crois
pour escalader la montagne ?
qu’il n’y a pas besoin de se battre, dans la vie ?
Et pourtant elle trouve bien le
chemin du sommet, n’est-ce pas ?
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Euh... non.
es d de Serr © Léonar
NOS bonnes adresses
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Pascal Greboval
BONNES EN BORD DE LOIRE, ADRESSES UN ÉCOTOURS À une heure de Paris, au cœur des châteaux, les pieds entre Loire et Cher, dans un site inscrit à l'Unesco, Tours est, certes, une « Ville d'Art et Histoire », mais pas que ! Principale métropole d’un territoire où les pratiques écologiques se développent (maraîchers, vignerons…), Tours profite royalement de cet élan vert.
RESTOS
LA GRANDE OURSE 39, rue du Dr Bretonneau https ://la-grande-ourse-bistro.business.site/ Et si La Grande Ourse devenait votre cantine ? C’est le genre de resto où l’on se sent chez soi, où l’on entre comme dans sa cuisine. Achille et Bettina sont extrêmement sympathiques. Tous les jours, un nouveau plat unique est proposé, inspiré de plats traditionnels de toute l’Europe. Certes, vous n’avez pas le choix, mais Achille s’est engagé pour la sortie de ce numéro 49 de Kaizen à proposer une alternative végétarienne. Pour garantir la fraîcheur des produits, il ne cuisine que pour vingt couverts. Les produits sont bio et locaux pour les légumes et d’origine France et de grande qualité pour la viande : « mon boucher découpe encore les demi-carcasses qu’il reçoit », précise Achille. La Grande Ourse peut aussi devenir votre repaire favori pour boire un coup, travailler ou rencontrer des gens. Fait aussi improbable que réel, ici s’est créée une chorale de « gilets jaunes » ! « Au début du mouvement, des clients qui venaient individuellement et ne se connaissaient pas ont commencé à discuter, puis à manifester ensemble, pour enfin créer un chœur », explique Bettina. Cerise sur le gâteau, le couple organise deux fois par mois un concert folk et des soirées à thème. Comme une soirée cajun avec de la musique made in Louisiane et un jambalaya, le plat typique de La Nouvelle-Orléans. Bref, si vous êtes en quête de chaleur humaine, suivez La Grande Ourse !
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cui sin e , E N M, O D E ZE R O D E CHET ! Linda Louis
LE CHOU AUTONOMIE
PRÉCIEUX, DE LA TÊTE AU PIED !
CUISINE
Parmi les légumes occasionnant pas mal de déchets, les choux (chou rouge, chou-fleur, brocoli…) arrivent souvent en haut du panier. On ne veut garder que les beaux bouquets et on jette pieds, côtes ou premières feuilles alors qu’ils sont parfaitement comestibles ! 1. AVEC LE PIED D’UN BROCOLI OU LES CÔTES D’UN CHOU-FLEUR Soyons honnêtes, qui ne les a jamais jetés ? C’est un geste que nous avons vu faire et que nous répétons sans nous poser de questions ou en nous disant qu’ils ne sont pas digestes ou trop fibreux. C’est vrai seulement si on les cuisine sans y mettre du cœur ! Alors, comment les apprêter ? Avec la pointe d’un couteau, retirez la peau coriace et fibreuse qui se détache alors facilement ; détaillez la chair (tendre comme une courgette !) en cubes et… - faites-la cuire à la vapeur, en soupe ; - ajoutez-la dans une poêlée de légumes, du riz, des pâtes ; - cuisinez-la dans un gratin avec de la béchamel, du fromage et des œufs durs ; - mixez-la avec des pois chiches, de la purée de sésame, de l’huile d’olive et du cumin pour obtenir un « choumous » savoureux 1 ou réalisez de délicieux petits soufflés [lire recette ci-contre].
La chair se consomme également crue, émincée très finement. À savoir : pensez aux épices carminatives ! Cuisinez ces restes de chou avec des graines de cumin, de coriandre ou de fenouil. Ces épices permettent de limiter les ballonnements et les petits désagréments intestinaux.
2. AVEC LES RESTES DE CHOU ROUGE • Avec les premières feuilles légèrement abîmées (mais pas pourries) ou un reste de chou : - faites-les sécher (sur le radiateur ou près du poêle à bois) et utilisez-les plus tard pour réaliser une décoction qui servira pour colorer des œufs durs [lire ci-contre] ou pour réaliser de l’encre ; - passez-les à l’extracteur de jus avec de la betterave, de la carotte, de la grenade pour réaliser un jus santé riche en antioxydants. À savoir : les anciens utilisaient la feuille de chou rouge ramollie (au fer à repasser, entre deux tissus) pour l’appliquer sur les douleurs rhumatismales et les points de côté 2. • Avec le jus de cuisson On cuisine très souvent le chou rouge cru, en salade, avec des pommes, des noix, des cubes de fromage… Mais il est également délicieux cuit ! Transformez-le en soupe, faites-le sauter dans une poêle avec de l’huile d’olive, des raisins secs et des noix et servez-le avec du riz épicé. Faites-le cuire dans une casserole d’eau bouillante pour garder le jus coloré qui en résulte et : - buvez-le, il est riche en minéraux et surtout en anthocyanes ; - réalisez des œufs durs teintés [lire ci-contre] ; - fabriquez une peinture ou une encre dans les tons violets, que l’on peut nuancer en rose, en bleu avec du jus de citron ou du bicarbonate de soude. 3. AVEC L’EAU DE CUISSON DU CHOU Laissez-la refroidir et jetez-la dans vos plantes qui profiteront des quelques minéraux restants. n
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cui sin e
, CET INGRE DIENT BIO, J'EN FAIS QUOI ? Li n d a L o u i s
LE SUCRE DE CANNE COMPLET AUTONOMIE
CUISINE
AU BON GOÛT DE CARAMEL !
On craque pour ses délicieux arômes de réglisse, de datte fraîche, de caramel et surtout pour ses nutriments qui offrent une belle alternative au sucre blanc.
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RENDEZ-VOUS L’A GEN DA MA R S-A VR IL 2020
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RENDEZ-VOUS M A R S - AV R I L - M A I
KAIZEN PARTENAIRE 31 janvier au 18 juillet MAIF Social Club - Paris (3e) Exposition Champs Libres Exposition immersive et interactive autour de la transition écologique. Un paysage du futur esquissé par onze artistes. 37 rue de Turenne www.maifsocialclub.fr
21 et 28 mars et 16 mai Centre agroécologique des Amanins (26) Cycle d’accompagnement à la parentalité Isabelle Peloux, fondatrice de l’école du Colibri, Anne Fruchaud, et Marie-Christine Bonnaud, psychopraticiennes relationnelles, vous accompagnent sur trois journées pour parler de la relation avec vos enfants. www.lesamanins.com
KAIZEN PRÉSENT ET PARTENAIRE 6 au 8 mars Lyon (69) Salon Primevère : 34e édition Salon-rencontres de l’alter-écologie Fil vert : « le pouvoir d’agir » + de 150 heures de débats, 565 exposants, espaces thématiques 8 mars - 13 h 45 : « Peuples racines et droits de la nature » avec Sabah Rahmani, rédactrice en chef adjointe de Kaizen, et Marine Calmet 8 mars - 14 h : « Les médias, le monde et nous » avec Pascal Greboval, rédacteur en chef de Kaizen, et Anne-Sophie Novel Eurexpo www.salonprimevere.org
30 mars au 3 avril Lablachère (07) Stage : Le potager agroécologique Organisé par Terre & Humanisme www.formation.terre-humanisme.org
14 et 15 mars Landerneau (29) Foire bio de Landerneau : 22e édition 120 exposants, conférences, ateliers et animations Salle Saint-Ernel www.foirebiolanderneau.wordpress.com
AV R I L 3 au 5 avril Rillieux-la-Pape (69) Festival Funambals : 10e édition Festival de danses et musiques folk Bals, stages, animations, spectacles Espace 140 www.funambals.lacampanule.fr 4 et 5 avril Gretz (77) Retraite Yoga & Passage, printemps Avec Isabelle Nègre Centre Védantique Ramakrishna Informations : isanegre@yahoo.fr
14 et 15 mars Centre agroécologique des Amanins (26) Stage : Psychologie relationnelle Nadine et Jean-Claude Gobin, psychothérapeutes, et Isabelle Peloux, fondatrice de l’école du Colibri, vous donnent des clés pour comprendre ce qui se joue dans nos relations. www.lesamanins.com
6 au 10 avril Lablachère (07) Stage : Approche(s) de la permaculture Organisé par Terre & Humanisme www.formation.terre-humanisme.org 17 au 19 avril Roqueredonde (34) Congrès international de Reiki : 2e édition Conférences et ateliers Temple de Lerab Ling - L’Engayresque www.congresreiki.com
21 et 22 mars Raimbeaucourt (59) Stage : Démarrer un potager agroécologique Organisé par Terre & Humanisme www.formation.terre-humanisme.org
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SÉLECTION KULTURELLE AUTONOMIE
LI VRES EN ROUTE POUR L’AUTONOMIE ALIMENTAIRE
FILMS
LA NAISSANCE EN BD
DÉCOUVREZ VOS SUPER POUVOIRS ! Lucile Gomez, Mama Éditions
THE GREAT GREEN WALL
De Jared P. Scott, avec Inna Modja, 1 h 32, sortie le 22 avril Du Sénégal à l’Éthiopie, la Grande Muraille verte lutte contre la désertification, le changement climatique et les conflits sociaux. Suivez le voyage de la chanteuse malienne Inna Modja, ambassadrice du projet, le long de de cette « nouvelle merveille de monde ».
SÉLECTION CULTURELLE
GUIDE PRATIQUE À L’USAGE DES FAMILLES, VILLES ET TERRITOIRES François Rouillay et Sabine Becker, Terre Vivante L’autonomie alimentaire en vingt et une actions testées et approuvées : végétalisation urbaine, paysages nourriciers, pépinières citoyennes, potagers pédagogiques, jardins de semences, ateliers de cuisine et de conservation, etc. Chacun peut se réapproprier son alimentation et devenir acteur de son territoire.
NATURE GUÉRISSEUSE POUR MON VENTRE
À CHAQUE PROFIL SON PROGRAMME DE SOINS ! Camille Pelloux, Marabout
2040
Coup de cœur pour cette BD drôle, sensible et documentée qui valorise la grossesse naturelle et déconstruit de nombreux préjugés.
TOUTES LES COULEURS DE LA TERRE
Naturopathe et professeure de yoga, Camille Pelloux partage dans ce beau-livre astuces, exercices, conseils et recettes pour améliorer la digestion et éviter ballonnements, brûlures, transit perturbé, etc. Un guide complet pour recréer l’équilibre corporel.
LE BONHEUR D’ALLER VERS SOI
Ève Bertelle, Dervy En déconstruisant notre « logiciel » anti-bonheur, la psychanalyste jungienne nous invite, dans une écriture fluide et accessible, à créer notre propre aventure de vie.
UNE PLANÈTE À SAUVER SIX DÉFIS POUR 2050 Serge Marti, Odile Jacob
CES LIENS QUI PEUVENT SAUVER LE MONDE Damien Deville et Pierre Spielewoy, Tana Éditions À la croisée de la géographie, l’anthropologie, l’écologie et le droit, les auteurs reconsidèrent la diversité des territoires et des individus pour retisser des liens, et décloisonner certaines représentations du monde. Un bol d’air qui ouvre des horizons de solutions.
COMMENT RESTER ÉCOLO SANS FINIR DÉPRESSIF ?
Laure Noualhat, Tana Éditions
ET LE DÉSERT DISPARAÎTRA
Marie Pavlenko, Flammarion Jeunesse Un roman écologique pour une jeunesse en quête de sens.
APRÈS LE GRAND BLANC
Virginie Decœurfeu, L’Alchimiste éditions Récit d’une terrienne qui découvre une nouvelle ère pour l’humanité.
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Damon Dameau, 1 h 32, sortie le 26 février Nourriture, énergie, éducation… À quoi ressemblerait notre futur si nous adoptions des solutions écologiques déjà disponibles partout dans le monde ? Un documentaire pédagogique et optimiste.
LES GRANDS VOISINS,
LA CITÉ RÊVÉE Bastien Simon, 1 h 36, sortie le 1er avril Retour sur l’histoire d’un village solidaire et créatif en plein cœur de Paris.
EXPO CLAUDIA ANDUJAR,
LA LUTTE YANOMAMI Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, jusqu’au 10 mai 2020 Depuis les années 1970, la Brésilienne Claudia Andujar dédie sa vie et son œuvre à la défense des Yanomamis. Oniriques, poétiques et politiques, ses photographies proposent une vision très originale de ce peuple d’Amazonie en proie à l’acculturation et à l’invasion. K A I Z E N - N ° 4 9 - M A R S - AV R I L 2 0 2 0
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