Kaizen 6 : Se soigner sans médicament

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SOCIÉTÉ

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SANTÉ

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ÉCONOMIE

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AGRICULTURE

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HABITAT

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ÉNERGIE

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ÉDUCATION

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GOUVERNANCE

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CHANGER LE MONDE PAS À PAS Ingrédients : se carotte corail  1 gros ill nt 100 g de le es  2 gousses d’ail 1 oignon  huile d’olive  1 c. à c. de curry coriandre fraîche  t: Accompagnemen de coco lait e l’eau illes jusqu’à ce qu ➠Rincez les lent ez les légumes  Coupez ch soit claire  Éplu s  Épluchez et émincez dé en e tt ro ca r dans la Faites-les reveni l’ail et l’oignon  l’huile d’olive pendant ec une casserole av moyen  Ajoutez le curry u fe à z 1 litre 5 minutes élangez et ajoutecuisson m , es ill nt le s le et 15 minutes de d’eau  Comptez couvert  Mélangez de à à feu très doux  Ajoutez de la coriandre temps en temps u de lait de coco pour ciselée et un pe servez très chaud. l’onctuosité et

DOSSIER SE SOIGNER SANS MÉDICAMENT PORTFOLIO MATTHIEU RICARD QU’EST CE QUE LE BONHEUR ?

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NUMÉRO 6 - JANVIER - FÉVRIER 2013

ÉCONOMIE LE TÉLÉTRAVAIL C’EST BON POUR LA PLANÈTE LE BIO DANS LES SUPERMARCHÉS C’EST PIRE OU C’EST MIEUX ? NUMÉRO 6 JANVIER - FÉVRIER 2013

M 05148 - 6 - F: 5,90 E - RD

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Editeur SARL EKO LIBRIS au capital de 10 000 €. 95, rue du faubourg Saint Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.com Magazine bimestriel numéro 6 janvier-février 2013 Imprimé sur papier recyclé blanchi sans chlore Directeur de la publication Yvan Saint-Jours Directeur de la rédaction Cyril Dion Rédacteur en chef Pascal Greboval Secrétaire de rédaction Lucile Vannier Contact contact@kaizen-magazine.fr Abonnements abonnement@kaizen-magazine.fr Comptabilité et administration administration@kaizen-magazine.fr Rédaction redaction@kaizen-magazine.fr Couverture Fanny Dion Maquette et mise en page Agence Saluces Avignon SIREN : 539 732 990 APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 92284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières les vallées

Régie de Publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse, Sandrine Novarino Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Aucun texte et illustration ne peuvent être reproduits sans autorisation du magazine. Merci

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amais, sans doute, il n’aura été aussi nécessaire de revenir en nous-mêmes. Chaque jour, je suis interpellé par des personnes qui, face à la démesure des enjeux que nous affrontons, me demandent : que peut-on faire ? C’est une question que je me pose moi aussi, perpétuellement. Il y aurait de quoi être découragé lorsque nous voyons l’emprise des banques, la vitesse de disparition des espèces vivantes, les prévisions de climatologues toujours plus graves, alors que les alertes sont de plus en plus fréquentes. Il est si facile de s’épuiser à vouloir sauver le monde, de s’angoisser, de s’agiter, d’adresser des reproches à la terre entière de ne rien faire. Et pourtant, est-ce que cela fait avancer les choses pour autant ? Lire Matthieu Ricard fait du bien. Lire Pierre Rabhi aussi. Ces êtres nous reconnectent à l’idée que ce qui se passe à l’extérieur, n’est jamais que le reflet de ce qui se passe à l’intérieur. Et qu’en revenant en nous-mêmes, en cherchant notre équilibre, notre cohérence, notre bonheur, nous soignons une petite partie de l’humanité. Nous lui donnons de l’espoir, de la perspective. C’est à ce sentiment de plénitude, de joie simple, que je tâche de m’accrocher lorsque le monde me paraît chavirer un peu trop fort. Car je crois que c’est la chose la plus puissante que nous puissions faire. Trouver notre place et nous épanouir. Puis devenir contagieux. Les chefs d’Etat, les chefs d’entreprise, les patrons de banques, ne sont rien d’autre que des êtres humains, comme nous. Cherchant la porte étroite qui les mènera au bonheur. Soyons donc contagieux les uns pour les autres. Soyons les êtres humains que l’humanité mérite et faisons-nous du bien. Bonne année à chacun,

édito

Cyril Dion DIRECTEUR DE LA RÉDACTION

© M. Leynaud

KAIZEN «Changer le monde pas à pas»

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kaizen 6 janvier février 2013

sommaire 3

Édito

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Sommaire

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Manifeste

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ils sont Kaizen

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Actus des réseaux

10 Désenfumage : Le bio au supermarché ?

Kaizen késaco ?

Kaizen est un mot japonais qui signifie littéralement «changement bon». Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un second puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau.

14 Et si on le faisait : Demain, je télétravaille 18 Ensemble on va plus loin : Bâtir sans exclure 23 Le dossier : Se soigner sans médicament 39 Portfolio : Le Bonheur selon Matthieu Ricard 48 Portraits de colibris : Deux maires de France 51 Changeons l’économie : L’économie bleue 54 Infographie :

Impact de la Transition Energétique sur l’emploi

56 Recyclage : Art-stock 60 Yes they can : Les campus américains se mettent au bio 62 Idée remuante : La violence éducative ordinaire 69 Le sourire d’Yvan 71 Le bon plan : Strasbourg 75 Sauvage et délicieux : Le bouleau 82 Chronique de Pierre Rabhi : La santé, c’est la vie KAIZEN | JANVIER — FÉVRIER 2013

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Peut-on changer le système de l’intérieur ?

L’exemple du bio au supermarché. TEXTE CYRIL DION ET DESSIN JULIE GRAUX

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ne question se pose de façon récurrente à nous pauvres homo économicus, aspirant à toute force à devenir ecologicus. Devonsnous réinventer notre modèle de société ou pouvons-nous le changer de l’intérieur ? Histoire de ne pas nous perdre dans de fumeuses considérations philosophiques, penchons-nous sur un exemple concret, qui illustre bien le problème : le bio au supermarché.

1930 : M ich marchan ael Cullen entre pose de dises ac s hetées e invendu n gros o s dans u u des n garage naît le p de New remier s York. Ain uperma si rché. 1948 : G oulet-Tu rpin inau le premie gure à P r « mag aris asin san d’alimen s vendeu tation en r» libre-se plus tard rvice. Dix , l’entrep ans rise Gou à Rueillet-Turp Ma in ouvre ce jour c lmaison ce qui e omme le st consid éré à p France, d’une su remier superma rface de rché en 560 m 2. 2011 : E n France , la gran recense de distrib 11 250 p ution oints de environ vente qu 650 000 i emploie personn d’affaire nt es pour s annue un l de 205 milliards chiffre d’euros.

Commençons par étudier quelques données objectives. La surface agricole consacrée au bio est aujourd’hui de 3 % en France (deux fois plus qu’il y a dix ans mais toujours peu). Nous savons que pour différentes raisons que je ne développerai pas ici (baisse des émissions de GES, raréfaction du pétrole bon marché, préservation de la biodiversité, de l’eau, des sols et j’en passe) il est indispensable de la faire augmenter. La question est : comment et à quel prix ? 10

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Demain,

Je télétravaille dans un tiers lieu

TEXTE XAVIER DE MAZENOD PHOTOS PASCAL GREBOVAL SAUF MENTIONS CONTRAIRES

Le télétravail peut comporter des risques d’isolement pour le salarié. L’une des solutions pour remédier à cet inconvénient consiste à travailler dans un « tiers lieu » entre le bureau et la maison pour y retrouver un collectif de travail, choisi et non subi.

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ans l’esprit de beaucoup de managers ou de syndicalistes, les préjugés sur le télétravail ont la

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vie dure. Pour les premiers, il est synonyme de travail devant la télé (téléglandouille ou pyjama toute la journée). Pour les seconds il est encore souvent assimilé à un travail à la tâche qui isolerait le salarié chez lui. Force est de reconnaître que se retrouver en télétravail tout seul chez soi comporte un certain nombre de risques, parmi lesquels la perte de contact avec ses collègues, ou la désorganisation qui pousse à trop travailler - ou pas assez. C’est ce qu’a vécu Sophie lorsqu’elle a proposé la solution du télétravail après une mutation, pour s’épargner 2 h 30 de route par jour et un déménagement.

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Bâtir

sans exclure TEXTE AUDE RAUX PHOTOS JEROMINE DERIGNY

Depuis vingt-cinq ans, Solidarités Nouvelles pour le Logement propose « d’agir ensemble pour le logement ». Grâce à la mobilisation de citoyens bénévoles, l’association crée des habitats aux loyers accessibles pour des personnes sans logement ou mal logées et les accompagne dans leur intégration.

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eurs maisons s’avérant trop petites pour offrir l’hospitalité à tous les plus démunis qui croisaient leurs chemins, Etienne et Denis Primard décident de bâtir. Les deux généreux frères, entrepreneurs dans le bâtiment (l’un en Essonne et l’autre à Paris), leurs épouses ainsi que quelques amis achètent ainsi des appartements qu’ils retapent pour garantir un toit à ceux qui n’en ont pas, moyennant un loyer modéré. « Nous n’imaginions pas alors, se souvient Etienne Primard, que nous allions dépasser ce cadre familial et amical. Finalement, nous avons mobilisé des centaines de bénévoles autour de la recherche de solutions concrètes pour se loger. Par cette action, on a montré

que ce qui n’est pas possible seul peut le devenir à plusieurs ». Déjà cofondateurs en 1985, autour de Jean-Baptiste Foucault, de Solidarités Nouvelles face au Chômage, ils créent en 1988 une autre association : Solidarités Nouvelles pour le Logement (SNL), convaincus que « l’habitat est premier pour la dignité humaine ». En 1990, la loi Besson qui permet aux associations de recevoir des subventions de l’Etat si elles s’engagent à embaucher des travailleurs sociaux favorise un « décollage immédiat » de SNL, qui emploie alors des travailleurs sociaux professionnels. Vingt-cinq ans plus tard, l’association reçoit le « Prix de l’entreprise de plus de 50 salariés », décerné en novembre 2012 lors de la troisième édition des Grands prix de la finance solidaire. Elle est aujourd’hui présente dans cinq départements d’Ile-de-France (Paris, l’Essonne, les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne et les Yvelines). Depuis sa création, SNL a permis à plus de 6 000 ménages de se loger dignement. Plus de 800 logements ont été créés. « Autant de réalisations concrétisées grâce à des donateurs et surtout, précise Pierre Anquetil, directeur de SNL Val-de-Marne, à la mobilisation de près de 1 100 bénévoles répartis dans des Groupes locaux de solidarité. L’engagement bénévole est l’un des fondements de SNL ».

Par cette action, on a montré que ce qui n’est pas possible seul peut le devenir à plusieurs

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Dossier

Se soigner sans médicament

DOSSIER RÉALISÉ PAR NATHALIE FERRON, THIERRY THOUVENOT, PASCAL GREBOVAL

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© Fanny Dion

L’homme a toujours cherché à se soigner par des moyens naturels, une idée plus que jamais d’actualité. Face à la croissance des dépenses de santé, une responsabilisation des citoyens dans la prise en charge de leur santé est envisagée. Aujourd’hui les maladies chroniques gagnent du terrain (maladies cardio-vasculaires, cancers, dépression, etc.). En France, l’un des plus grands consommateurs de soins en Europe, les traitements chimiques suscitent une méfiance grandissante (les scandales du Médiator et des prothèses PIP ont marqué les esprits). Sans renier les progrès médicaux et les avancées technologiques, il est possible de préserver notre santé par des moyens simples et naturels, que ce soit de manière préventive ou curative.

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L’Alimentation

nous sommes ce que nous mangeons L’influence de l’alimentation sur notre santé n’est plus à démontrer. Comment bien se nourrir ? Eclairages avec Stéphane Tétard, naturopathe.

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n pourrait croire que dans nos cultures occidentales, où l’on dispose de pléthore de denrées et messages récurrents sur la nécessité de bien se nourrir, adopter un juste comportement alimentaire semble être à la portée de tous. Mais derrière les discours institutionnels, la présence de pesticides, additifs, OGM et autres polluants dans nos assiettes rend compte d’une situation difficilement contrôlable et complique les choix du consommateur. « L’aliment équilibré et de qualité est le premier garant de la santé, le 24

déséquilibré et le pollué le premier poison » Gilles-Eric Séralini 1. Qu’est-ce qu’une bonne alimentation ? Nous aimerions pouvoir donner une réponse simple. En réalité les besoins divergent : selon les tempéraments, les morphologies et les capacités digestives, l’alimentation idéale pourra varier d’une personne à l’autre. En naturopathie, en médecine chinoise ou en ayurvéda, le praticien tient compte des particularités individuelles avant de prodiguer des conseils nutritionnels. Stéphane Tétard, naturopathe à Montreuil (93), distingue plusieurs terrains pouvant rappeler la

classification hippocratique des tempéraments (sanguin, bilieux, etc.). Il insiste sur la nécessité d’adapter l’alimentation en fonction des besoins de chacun : « Certains aliments, comme les crudités et le jus d’orange, peuvent être bons pour les uns et déconseillés aux autres. Elles ne conviennent pas par exemple aux personnes frileuses, dotées de moins bonnes capacités digestives » explique-t-il. BIEN SE NOURRIR POUR BIEN VIVRE Au-delà des particularités de chacun, de plus en plus de spécialistes reconnaissent que l’alimentation industrielle élaborée à partir de produits raffinés contient un grand nombre d’aliments « poisons » qui encrassent notre organisme. Sont visés : les graisses hydrogénées, le blé et le sucre raffinés, l’excès d’aliments carnés (surtout de viande rouge) ainsi que le lait et ses dérivés. De nombreuses personnes présentent aujourd’hui une intolérance au gluten (contenu notamment dans le blé) et à la caséine de lait, parfois sans le savoir. Pour Stéphane Tétard, il suffit parfois d’éliminer une catégorie d’aliments pour résoudre certains problèmes : « J’ai pu observer que la suppression du lait de vache chez des enfants souffrant

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Retrouver

notre élan vital par le mouvement La sédentarité est désormais reconnue comme facteur de risque dans l’apparition de nombreuses maladies. L’antidote ? Rester en mouvement.

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’en déplaise à Winston Churchill qui clamait haut et fort « no Sport », les bienfaits de l’activité sportive sur la santé physique et psychique sont indéniables. Des études publiées récemment ont montré que même en cas de maladie chronique, le sport permettait de lutter contre la fatigue générée par les traitements et aidait à rester combatif. Prescrire du sport sur ordonnance ? Une idée nouvelle qui vient de se concrétiser. En association avec l’Agence Régionale de Santé d’Alsace, la ville de Strasbourg a mis en place en novembre dernier une expérience intitulée « sport-santé sur ordonnance ». Le principe : muni de l’ordonnance de son médecin, un patient souffrant d’une maladie chronique peut bénéficier de coupons sport-santé qui lui permettent de suivre gratuitement des séances d’activité sportive. Le Dr Alexandre Fletz, médecin généraliste, conseiller municipal et viceprésident de la Cum de Strasbourg, raconte la genèse de ce projet : « En 2009, après la publication du rapport de Jean-François Toussaint qui détaillait 26

les bénéfices de l’activité sportive sur la santé (les fameuses 30 minutes d’exercice par jour), nous étions étonnés que Roselyne Bachelot, alors Ministre de la Santé et des Sports, ne propose rien en ce sens. Avec le maire, nous avons décidé de nous engager en mettant en place un contrat local de santé que nous avons signé en janvier 2012. Notre priorité était de développer l’activité physique pour les malades chroniques souffrant d’obésité, de maladies cardio-vasculaires stabilisées et de diabète non insulino-dépendant. C’est un projet collectif auquel chaque acteur participe pleinement : le CHU de Strasbourg fournit un coordinateur de programme, la CTS (compagnie de transports strasbourgeois) a mis une centaine de vélos gratuitement à disposition et propose des activités de natation, aviron, marche nordique... ». Facilitée par le soutien du maire, la mise en place de ce projet n’a rien coûté à la Sécurité sociale ; on pourrait même considérer cette dernière comme gagnante également, dans la mesure où une étude de l’Imaps a montré qu’un investissement annuel de 150 euros, consacré à une activité sportive curative destinée à

10 % des patients en affection de longue durée (ALD), lui permettait d’économiser la modique somme de 56,2 millions d’euros par an. A l’heure actuelle, 400 personnes peuvent bénéficier de cette mesure et 80 médecins généralistes se sont portés volontaires pour participer au projet. Marisol Touraine, actuelle Ministre des Sports, a lancé un appel à projets au niveau national : d’autres initiatives similaires devraient bientôt voir le jour. Le yoga : un esprit sain dans un corps sain Pratique ancestrale, le yoga peut nous accompagner de notre premier à notre dernier souffle. Basée sur des postures et des exercices de respiration, cette discipline dont les effets thérapeutiques sont reconnus depuis longtemps vise à harmoniser le corps et l’esprit. Stéphanie Launay dirige « La Maison des Anges », un centre de yoga situé à Rennes 1, où elle est spécialisée dans le yoga pré et post-natal. Jour après jour, elle accompagne des couples rencontrant des problèmes de fertilité ainsi que des femmes enceintes. « Le yoga est un formidable outil pour travailler sur les blocages physiques ou psychologiques pouvant être à la source de l’infertilité. Chez les femmes enceintes, il permet d’agir sur les tensions physiques, d’effectuer un travail de renforcement musculaire, de conserver un équilibre émotionnel tout au long de la grossesse et de bien se

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© Ellen Kooi

Dossier

préparer à l’accouchement. Et on voit les résultats : il est arrivé que des médecins prédisent à une jeune femme un accouchement difficile qui s’est finalement très bien déroulé » expliquet-elle. A partir de l’âge de 4 ou 5 mois, Stéphanie Launay propose des cours de baby yoga. « On y pratique des massages, des postures, on chante des chansons… Cela favorise le lien entre la maman et le bébé. Parfois, les papas sont présents aussi. Dès lors qu’on adapte les cours, on peut proposer des postures avec des enfants de tous âges. Quand il y a des tensions entre les couples, ces ateliers permettent aussi de resserrer les liens. »

Dans les entreprises, l’idée d’offrir aux salariés un temps d’activité physique fait aussi son chemin. Ainsi près de Givet dans les Ardennes, Romary Sertelet, PDG de la société KME, suit une formation de professeur de yoga et donne des cours aux salariés qui le souhaitent. « Promouvoir le yoga au sein d’une collectivité contribue à la niveler par le haut car les individus apprennent à agir dans la présence des choses, avec calme, conscience, pour viser juste d’emblée, être réactif, économiser du temps et donc augmenter les profits au plan humain, financier, sociétal et environnemental », explique-t-il.

le yoga au sein d’une collectivité contribue à la niveler par le haut

Outre les cours de yoga, Romary Sertelet propose également des massages assis au sein de l’entreprise et a mis en place des groupes de réflexion afin d’échanger autour de questions portant sur la santé, l’environnement, les conditions de travail… Selon lui, de telles méthodes exercées en entreprise favorisent un fonctionnement basé sur des valeurs telles que l'écoute, le respect et la persévérance. Il estime également que plus cette démarche individuelle sera pratiquée, plus nous serons en mesure d'intervenir sur les dysfonctionnements écologiques et sociaux de notre monde.

Stéphanie Launay www.lamaisondesanges.fr

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La méditation Pour échapper au stress et se recentrer, de nombreuses personnes se tournent vers la méditation. Une expérience individuelle qui s’inscrit désormais dans la sphère sociale.

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ris dans une course contre la montre, saturés d’informations, la plupart d’entre nous avons perdu le contact avec notre intériorité. Bouffée d’oxygène dans un monde sous tension, la pratique de la méditation propose une parenthèse salutaire. Souvent assimilée à une méthode de relaxation ou à une pratique de bien-être (ce qu’elle n’est pas), elle séduit de plus en plus d’Occidentaux. A l’origine, elle s’inscrit dans une tradition spirituelle (hindouisme, bouddhisme) mais il n’est pas nécessaire de s’impliquer dans une telle voie pour pratiquer : il s’agit avant tout d’observer le fonctionnement de notre esprit et de le laisser être tel qu’il est. S’abandonner au présent, être conscient des pensées qui s’élèvent, des émotions qui surviennent, sans les saisir ni les rejeter : Voilà le principe de la méditation. Du zen japonais au bouddhisme tibétain en passant par la méthode laïque de pleine conscience (mindfulness) très en vogue actuellement, les écoles de méditation se distinguent par la diversité de leurs approches mais partagent une essence commune. Simple et accessible à tous (nulle obligation de pratiquer en position du lotus !), la méditation nécessite toutefois une certaine discipline pour pouvoir influer profondément sur l’être.

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DES BÉNÉFICES TANGIBLES SUR LA SANTÉ Augmentation du système immunitaire et du niveau d’énergie, atténuation des états dépressifs et de l’anxiété, diminution des risques de maladies cardio-vasculaires, les bienfaits de la méditation sont réels et scientifiquement prouvés. « La méditation mobilise le système autonome parasympathique, source de calme, à l’opposé du système sympathique qui actionne le stress », explique le psychiatre Frédéric Rosenfeld. Elle permet de contacter notre espace de calme et de paix, bien présent malgré brouhaha permanent causé par notre mental. Et cela fonctionne ! Pour preuve, les programmes MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction) et MBCT (Mindfulness Based Cognitive Therapy) mis au point par le médecin américain Jon Kabat-Zinn, fondateur de la clinique de réduction du stress du centre médical de l’université du Massachusetts, connaissent un vif succès dans de nombreux pays européens, dont la France et la Belgique. A raison d’une pratique quotidienne de 45 minutes durant deux mois, ces programmes ont montré une réduction de 50 % du risque de rechutes chez des personnes ayant déjà connu un ou plusieurs épisodes dépressifs dans leur

vie. Si la méditation ne peut remplacer les traitements chimiques en cas de dépression sévère, elle offre de nouvelles clés aux personnes en souffrance : vivre dans l’instant présent, accepter nos ressentis et nos émotions tels qu’ils se présentent sans chercher à lutter ou à fuir et contacter l’espace du cœur… Elle ouvre le chemin vers l’être authentique qui sommeille en nous. LA MÉDITATION S’INVITE À L’ÉCOLE ET DANS LES PRISONS Signe tangible de cet engouement récent pour la méditation, des initiatives nouvelles voient le jour pour amener la pratique au sein d’établissements scolaires, hospitaliers et même pénitentiaires. Ainsi, à l’heure où un grand nombre d’enfants scolarisés souffrent de troubles de l’attention, La méditation en milieu scolaire commence également à se pratiquer en France. Raymond Barbry, éducateur sportif dans un collège à Bapaume (Pas-deCalais), convaincu des bienfaits de la méditation, propose un temps de pratique à ses élèves : « Mon objectif, c’est de leur donner un outil pour leur apprendre à être présents, expliquet-il. Je leur propose de se concentrer 5 minutes sur leur respiration à la fin du cours. Je ne force personne, les élèves qui ne veulent pas participer sont libres. Les retours sont très positifs : ils ressentent de la détente, du calme et du bien-être. J’ai formé quatre autres enseignants à la pratique (profs de maths, lettres et EPS) qui intègrent désormais un temps de pratique dans leur cours. J’ai également parlé de la méditation lors d’une réunion de formation destinée aux futurs chefs d’établissement.

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Portfolio

Qu’est-ce que le bonheur ? par Matthieu Ricard Matthieu Ricard est moine bouddhiste, auteur de livres, traducteur et photographe. Après avoir terminé sa thèse de doctorat sur la génétique cellulaire en 1972, il s'est consacré à l'étude et à la pratique du bouddhisme. Depuis, il a vécu en Inde, au Bhoutan et au Népal. Matthieu Ricard est l’interprète français du Dalaï-Lama depuis 1989.

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Pascal Greboval : L’acte de photographier est-il votre dernier lien à votre culture d’origine, ou un levier pour véhiculer les valeurs du bouddhisme ? Matthieu Ricard : Pour moi la photographie est un hymne à la beauté. J’ai commencé à photographier vers l’âge de quinze ans avec mon ami André Fatras, photographe animalier et grand amoureux de la nature. D’après les enseignements bouddhistes, la nature de Bouddha est présente en chaque être. Par la photographie, je voudrais montrer la beauté de cette nature humaine. Les images de souffrance, de détresse et d’ignominie abondent, je n’ai jamais pu en prendre. Il est essentiel d’inspirer la confiance et l’espoir, c’est ce dont nous avons le plus besoin. Ci-dessus : Paro Taktsang (la Tanière du Tigre), au Bhoutan, un site sacré important liés à Padmasambhava : on dit qu’il s’y rendit en volant, à cheval sur une tigresse. Les temples ont été construits au XVIIe siècle.

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Pascal : Nous avons choisi des photos que vous avez prises au Bhoutan, le pays qui a introduit la notion de Bonheur intérieur Brut (par opposition au PNB) ; comment définissezvous le bonheur ? N’y a-t-il pas en Occident une confusion entre plaisir et bonheur ? Matthieu : Le bonheur véritable n’est pas une suite sans fin de sensations plaisantes, ce qui s’apparente plutôt à une recette pour l’épuisement. Le bonheur véritable est une manière d’être qui va de pair avec l’amour altruiste, la force et la liberté intérieures, la sérénité, et qui jour après jour, mois après mois, peut être cultivée comme une compétence. C’est un état acquis de plénitude sousjacent à chaque instant de l’existence et qui perdure à travers ses aléas. Dans le bouddhisme, le terme soukha désigne un état de bien-être né d’un esprit exceptionnellement sain et serein. C’est une qualité qui imprègne chaque expérience, chaque comportement, qui embrasse toutes les joies et toutes les peines. C’est aussi un état de

sagesse, affranchie des poisons mentaux, et de connaissance de la nature véritable des choses. Pascal : Nous le constatons avec vos images, nous sommes loin des modes de vie du Bhoutan ; comment pourrions-nous introduire une part de Bonheur intérieur Brut dans nos sociétés ? Matthieu : En Juillet 2011, une résolution sur « Le Bonheur : vers une approche holistique du développement » présentée par le Royaume du Bhoutan a été adoptée à l’unanimité par les 193 États-membres de l’Assemblée générale de l’ONU. À une époque de dévastation environnementale et culturelle globale, d’effondrement de l’ordre économique mondial, le monde a désespérément besoin d’une alternative à l’obsession matérialiste et consumériste qui provoque de tels ravages. Il faudrait parvenir à démontrer la viabilité pratique d’une comptabilité fonctionnant à partir du BNB (Bonheur National Brut) et non pas du PNB (Produit National Brut), qui irait de l’avant de

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Deux maires

qui font bouger l Jean-Claude Mensch, maire d’Ungersheim Propos recueillis par JEAN CLAUDE MENGONI

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aire d’Ungersheim, petit ville alsacienne de 2.100 habitants, je suis tombé dans la marmite du militantisme et de l’engagement citoyen dès ma première jeunesse. Étudiant, j’adhérais à la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) et j’ai fondé un club de tennis. J’ai travaillé dans des mines de potasse, où j’ai pris largement conscience de la souffrance des mineurs. Mon engagement est alors devenu syndical. Plus tard, j’ai souhaité accompagner les actions associatives et culturelles de la commune.

Je me suis présenté en 1989 aux élections communales et, surprise, j’y ai été élu à la tête d’une équipe nouvelle, sans expérience, mais bien décidée à engager Ungersheim vers un nouveau développement écologique et social. J’ai naturellement veillé à cultiver une vie associative dynamique dans la commune. Nous avons construit une maison des jeunes et de la culture accueillant quarante activités, ainsi qu’un complexe sportif de 1700 m2. Nous avons d’emblée misé sur la 48

démocratie participative, réelle, vivante - la prise en compte des citoyens dans la vie de la cité est indispensable de nos jours. Il nous semblait important que les élus soient en communication avec la population, que celle-ci soit responsabilisée et apporte sa pierre à l’édifice. Le conseil participatif d’Ungersheim a été le berceau de bien des actions que nous avons entreprises depuis 20 ans – nous adhérons notamment à la démarche des « villes et villages en transition ». Je souhaite que ma commune atteigne l’autonomie alimentaire, énergétique et intellectuelle. Je propose avec mon équipe un processus concret : « 21 actions pour le XXIe siècle ». Certaines sont en route, même si elles doivent encore être étoffées. Parmi elles l’ouverture des Jardins du Trèfle Rouge, ou encore la création d’une cuisine collective qui contribue à l’autonomie alimentaire de la commune en fournissant la population locale et les cantines scolaires en légumes cultivés sans engrais chimiques. J’aurai bientôt le plaisir d’inaugurer une conserverie, ainsi qu’une unité de méthanisation, projet citoyen qui génèrera près de 50 emplois. Qui a dit que le développement durable tuait le travail ? Je suis également très heureux quand je considère les économies d’énergie

que mon équipe et moi même avons pu réaliser. 120 m2 de panneaux solaires ont été installés ; ils sont couplés à une chaufferie bois qui alimente la mairie,

La prise en compte des citoyens dans la vie de la cité est indispensable de nos jours les écoles, la cantine, la piscine, les espaces culturels et sportifs, ainsi que notre futur éco-hameau. Et ce n’est pas fini : je me représenterai en 2014 si le combat s’avère nécessaire, soyez-en assurés. Autres projets initiés par la mairie : une centrale photovoltaïque de 4 Ha et le lancement d’un festival annuel « éco-équitable ». Jean-Claude Mensch, 66 ans, élève ses poules, travaille son potager et rénove sa maison. Objectif : un bâtiment passif ! En savoir plus : www.mairie-ungersheim.fr

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La Violence Educative Ordinaire,des mots pour des maux ENTRETIEN AVEC OLIVIER MAUREL ET PHOTOS LE CIL VERT

Notre relation avec les enfants est souvent telle que nous trouvons normal de les traiter, verbalement et psychologiquement, comme nous ne traiterions pas les adultes et les personnes âgées. Olivier Maurel fondateur de l’Observatoire de la Violence Educative Ordinaire (OVEO) décrypte les enjeux de cette violence …ordinaire

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le bon plan

Avec des voisins allemands plus en avance que l’Hexagone sur les solutions environnementales (part de terre agricole cultivée en bio, éco-quartiers, etc.), Strasbourg bénéfice d’un vent vert venu de l’est.

Le bon plan Strasbourg TEXTE ET PHOTOS PASCAL GREBOVAL

STRATÉGIQUE

Bretz’selle vous donne les clés pour être autonome en vélo

Du chanvre dans tous ses états chez Can’art

Récompensée en décembre 2012 par le magazine «Ville, Rail & Transports» qui l’a dotée d’un Passe d’Or pour sa politique de transports en commun associés au développement des modes doux, Strasbourg est une ville où il est facile de se déplacer en tram ou à vélo. L’association Bretz’selle, située en centre ville, est une adresse à connaître pour qui choisit la bicyclette en guise de moyen de locomotion. Créée en avril 2010, Bretz’selle promeut l’usage du vélo par l’apprentissage de la mécanique du cycle. Elle propose ainsi un atelier où les adhérents réparent euxmêmes leurs vélos grâce aux outils, pièces détachées et conseils prodigués sur place. C’est un vrai succès : mille adhérents, trente bénévoles et trois salariés bricolent, lubrifient et montent dans la bonne humeur tous les organes des vélos. L’association organise aussi des ateliers délocalisés, intervenant en milieu scolaire, professionnel ou dans

les quartiers éloignés – par exemple à Cronembourg, avec C pour les ateliers aCcros du vélo. La gastronomie tient une place importante dans la culture alsacienne. Envie de manger sain, local et bio ? STRADIVARIUS DU BIO Les pages du dossier de ce magazine consacrées à l’alimentation, décrivant l’équilibre acido-basique, vous ont donné envie d’aller plus loin, de tester cette cuisine équilibrée ? A Strasbourg les repas sains sont au coin de la rue. Passez par exemple le seuil d’« Une Fleur des Champs » : le parcours atypique de Michel lui a appris que la santé est dans l’assiette, il pourrait vous en parler pendant des heures… Pour preuve, ses enfants âgés d’une vingtaine d’années n’ont jamais vu un médecin. Quelques habitués viennent même suivre ici un régime ! Si c’est juste le plaisir de manger local et bio qui vous attire, vous serez tout autant ravis. « L’Essentiel, chez Raphaël », ce serait un résumé possible mais qui vous laisserait sur votre faim. Pourtant cette enseigne décrit bien l’esprit du lieu : des aliments (presque tous) issus d’une agriculture en bio dynamie, cuisinés avec passion par Raphael. Ajoutez un zest d’animation intelligente du lieu, alliant des rencontres musicales et des conférences sur le thème de l’alimentation, garnissez de sorbets fait maisons, et l’essentiel est dit ! Petit plus, chez Raphaël on peut commander et emporter des plats. KAIZEN | JANVIER — FÉVRIER 2013

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sauvage & délicieux ? Reconnaître, récolter et cuisiner les cadeaux de la nature

Le bouleau Sa sève est un élixir que l’on boit pour réaliser une cure dépurative et dynamisante. Kaizen vous propose de renouer avec une pratique ancestrale en prélevant sur l’arbre cette eau vivante ! A la fin de l’hiver a lieu un réveil invisible mais perceptible par ceux qui savent écouter la nature : la remontée de sève. Les racines des arbres, qui se réchauffent lentement, puisent dans les tréfonds de la terre l’eau et les nutriments nécessaires à la formation de leurs futurs bourgeons. Cette sève brute (par opposition à la sève élaborée, produite plus tard par la photosynthèse des feuilles), circule dans l’aubier, la partie vivante de l’écorce. Si l’usage de la sève de l’érable à sucre est connu de tous, celui de la sève du bouleau reste plus marginal. Et pourtant, elle est prélevée depuis des millénaires par les peuples autochtones du cercle circumpolaire. Les ethnobotanistes s’entendent pour parler d’une civilisation du bouleau. En Laponie, on avait coutume de planter un jeune bouleau lors d’une naissance. Le petit humain allait grandir au même rythme que son arbre, dont la longévité est identique à la sienne (jusqu’à 100 ans). Les chamans le considéraient comme un pilier cosmique, une passerelle entre le

TEXTE ET PHOTO LINDA LOUIS

monde des humains et celui des esprits. Lors des cérémonies, ils le disposaient dans l’âtre, au milieu de la yourte, la cime pointée vers l’étoile polaire. Symbole de l’élévation de l’esprit et du passage vers l’au-delà, le bouleau accompagnait les morts, comme en témoignent des sépultures retrouvées dans une boulaie sibérienne ou des tombeaux et des linceuls recouverts d’écorce (imputrescible) de bouleau. Audelà des pratiques spirituelles, l’arbre était également inscrit dans le quotidien des peuples du Nord, à travers un artisanat très riche. Son écorce était nettoyée et tannée pour réaliser des parchemins, des récipients de cuisine, des chaussures, voire même des pirogues parfaitement étanches. « L’arbre de la sagesse » véhicule en outre la notion de purification. Les fouets des esclaves romains, des scandinaves pratiquant le sauna et des instituteurs souhaitant punir les cancres étaient élaborés à partir de rameaux de bouleau ; de même que les balais dans les régions rurales françaises, destinés à chasser les mauvais esprits. De nos jours, cette symbolique de pureté est surtout marquée par l’usage de sa sève. Diurétique, elle permet d’évacuer les toxines accumulées durant l’hiver à cause d’une alimentation plus riche…

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