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SOCIÉTÉ
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SANTÉ
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ÉCONOMIE
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AGRICULTURE
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HABITAT
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ÉNERGIE
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ÉDUCATION
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GOUVERNANCE
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NO
CHANGER LE MONDE PAS À PAS UV
EAU
DOSSIER PERMACULTURE : COOPÉRER AVEC LA NATURE
A OFFRIR OU POUR SE FAIRE PLAISIR !
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NUMÉRO 8 - MAI - JUIN 2013
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KAIZEN “Changer le monde pas à pas” Editeur SARL EKO LIBRIS au capital de 59 000 €. 95, rue du Faubourg-Saint-Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.com Magazine bimestriel numéro 8 mai-juin 2013 Imprimé sur papier recyclé blanchi sans chlore Directeur de la publication Yvan Saint-Jours Directeur de la rédaction Cyril Dion Rédacteur en chef Pascal Greboval Secrétaire de rédaction Lucile Vannier Contact contact@kaizen-magazine.fr Abonnements abonnement@kaizen-magazine.fr Comptabilité et administration administration@kaizen-magazine.fr Rédaction redaction@kaizen-magazine.fr Couverture Julien Poirion Maquette et mise en page Agence Saluces Avignon SIREN : 539 732 990 APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 92284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières les vallées
Régie de Publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse, Sandrine Novarino Tél. 05 63 94 15 50
L’IMPUISSANCE POLITIQUE N’EST PAS UNE FATALITÉ
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l est parfois décourageant d’entendre ressasser les éternelles promesses politiques à la radio, à la télévision, dans les colonnes des journaux. Moraliser nos élus, créer un choc de compétitivité, faire repartir la croissance, créer des emplois… C’est comme une litanie vidée de son sens, à laquelle personne ne croit plus, mais qui occupe nos ondes en boucle, jusqu’à… Jusqu’à quand d’ailleurs ? Dans ces pages, nous nous attelons à montrer que créer des emplois tout en agissant pour l’intérêt général est possible (684 000 dans le cadre de la transition énergétique, voir Kaizen n°5), que si nous voulons moraliser la République, il faudrait commencer par rééquilibrer les pouvoirs entre une petite oligarchie d’élus et les citoyens qui les ont désignés (rubrique désenfumage de ce Kaizen-ci), que la croissance pour la croissance n’a pas de sens (voir Kaizen n°7), que l’économie qui peut réellement préparer l’avenir doit s’enchâsser dans des communautés humaines et des territoires (voir Kaizen n°4). Nous tâchons également de montrer comment des milliers de personnes trouvent, aux quatre coins de la France, des réponses à ces problèmes récurrents, tout en s’épanouissant et en faisant du bien à ceux qui les entourent. L’impuissance politique n’est pas une fatalité, si chacun d’entre nous se met à faire de la politique. Dans chaque geste de son quotidien. Pas à pas. Bon printemps à tous !
édito
Cyril Dion DIRECTEUR DE LA RÉDACTION
Aucun texte et illustration ne peuvent être reproduits sans autorisation du magazine. Merci.
© M. Leynaud
Distribution Presstalis
kaizen 8 mai juin 2013
sommaire
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Édito
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Sommaire
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Manifeste
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Ils sont Kaizen
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Actus des réseaux
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Désenfumage : La démocratie ça marche
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Si on le faisait : Créer une coopérative, sur les pas de “Coopaname”
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Ensemble on va plus loin : Face à l’atome, la force des citoyens
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Dossier : Permaculture : Coopérer avec la nature
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Portfolio : Les ailes du Désir
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La part de : Portraits de deux praticiennes de santé
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DIY : Fais-le toi-même : “L’ébouriffée”, la lampe qui décoiffe
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Infographie : L’épargne solidaire : Quoi, combien, comment ?
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Roue libre : Objectif vélonomie !
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Yes they can : Le jardin des réfugiés
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Un brin de kulture : Conversation avec Nancy Huston
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Le sourire d’Yvan : Poule’s r (é) volution !
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Le bon plan : Le Cours-Ju à Marseille
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Sauvage et délicieux : Le coquelicot
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Les rendez-vous Kaizen
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Chronique de Pierre Rabhi : De l’ombre à la lumière
Kaizen késaco ?
Kaizen est un mot japonais qui signifie littéralement “changement bon”. Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un second puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau.
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Vivons-nous réellement en démocratie ? TEXTE CYRIL DION DESSIN JULIE GRAUX
Démocratie, du grec “démos” le peuple, “kratos” pouvoir, désigne pour le Petit Robert : “Une doctrine politique d’après laquelle la souveraineté (l’autorité suprême) doit appartenir à l’ensemble des citoyens”. Qu’en est-il réellement en France ? Voyage en démocratie…
LES CHOIX DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE Les fondements de notre démocratie remontent à la Révolution Française qui en édicta les principes. A ce moment, nous apprend le site gouvernemental vie publique, les partisans d’une démocratie représentative et d’une démocratie directe se sont affrontés. Et les premiers l’ont emporté. Parmi lesquels un certain abbé Sieyès (l’un des principaux artisans de la Révolution) qui déclarait dans son discours du 7 septembre 1789 : “Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants1.” Parmi les perdants, un certain Rousseau, partisan de la démocratie directe, disait quant à lui du régime parlementaire anglais : “Le peuple anglais pense être libre, il se trompe fort ; il ne l’est que durant l’élection des membres du parlement : sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien2.”
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Partageons une entreprise, soyons coopérateurs ! TEXTE PASCALE HAYTER DESSINS LE CIL VERT
C’est une Scop, une coopérative d’entrepreneur-e-s, la plus importante du genre. Son nom ? Coopaname. Elle réunit une kyrielle de plus de 600 personnes, toutes soucieuses de travailler autrement, dans un environnement à la fois souple, collectif et coopératif.
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uel est le point commun entre Catherine Bodet, chercheure, spécialiste de la RSE1, Isabelle Réveret, créatrice de mobilier en carton et Cyril Ananighian, photographe ? Tous trois sont coopanamiens. A l’instar des centaines de professionnels membres de la coopérative, ils ont choisi de renoncer à l’indépendance de l’entrepreneuriat
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individuel pour “faire société” afin de protéger mutuellement la pratique de leurs métiers. En se co-salariant en CDI au sein d’une même entreprise qu’ils partagent, construisent et gèrent ensemble de façon démocratique, ils se dotent collectivement de ce à quoi ils n’auraient pas accès s’ils étaient micro ou auto-entrepreneurs : droit du travail,
© F. Dion
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Ensemble, on va plus loin
Face à l’atome, la force des citoyens TEXTE MARIE BARRAL
Sortir du nucléaire civil par la force de la mobilisation, c’est possible : Allemands, Autrichiens, Italiens ou Danois l’ont démontré. Une invitation à s’investir…
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logoff en France, Wyhl en Allemagne, Kaiseraugst et Argoire en Suisse... “Les plus grands succès des anti-nucléaires sont invisibles puisqu’il s’agit de réacteurs non construits”, remarque Wolfgang Hertle, figure du militantisme anti-nucléaire allemand.1 Il est bien sûr difficile d’analyser ce qui pèse le plus fortement dans les réorientations des politiques énergétiques : catastrophes nucléaires, force du militantisme, volonté politique ou crise économique ? Toutefois, on note que dans les États européens où un engagement concret à sortir du nucléaire a été pris, la protestation au sein de la société civile était dynamique. Ce fut notamment le cas du Danemark, où le programme nucléaire a été arrêté en 1985 après d’importantes manifestations. Celui aussi de l’Autriche qui a vu l’interdiction du nucléaire inscrite dans la loi en 1978 suite aux mobilisations contre la centrale Zwentendorf,
jamais utilisée. “Après la catastrophe de Tchernobyl (1986), alors que notre pays avait été très touché par la radioactivité et, de peur d’un revirement politique, nous avons milité pour inscrire l’interdiction du nucléaire dans la Constitution [ce qui a été fait en 1999]”, rappelle Reinhard Uhrig, membre des Amis de la Terre-Autriche. S’il est vrai que l’Autriche importe une partie de son énergie, que le Danemark a recours, pour remplacer le nucléaire, au fioul et au charbon, en 2011, la part des énergies renouvelables représentait respectivement 70 % et 40 % de la production électrique de l’Autriche et du Danemark.2
LE MODÈLE ALLEMAND Deux mois après la catastrophe de Fukushima, la chancelière allemande Angela Merkel a annoncé la sortie du nucléaire de son pays, décision approuvée à une large majorité par le Parlement. Aujourd’hui huit centrales allemandes sont arrêtées, les neuf restantes vont l’être d’ici à 2022. “Angela Merkel n’était pas spécialement favorable à une sortie du nucléaire, mais elle a bien dû tenir compte de l’opinion électorale”, explique Wolfgang Hertle. Contrairement aux idées les plus répandues, la part d’électricité d’origine fossile n’a augmenté que de 1 % KAIZEN | MAI - JUIN 2013
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Dossier
La Permaculture Coopérer avec la nature
DOSSIER RÉALISÉ PAR BÉATRICE MERA, BENJAMIN BROUSTEY CYRIL DION, YVAN SAINT JOURS, PASCAL GREBOVAL
© T Alamy/Jardin Duhamel du Monceau
Très connue dans les pays anglosaxons, la permaculture commence à faire parler d’elle dans l’Hexagone. Pour beaucoup elle reste cependant complexe à définir… Attachons-nous donc à démystifier la notion de permaculture, qui excède de loin une simple technique de jardinage, et voyons concrètement comment en appliquer les principes chez soi, que l’on habite une maison avec terrain ou un appartement avec balcon…
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Dossier
Qu’est-ce que la permaculture ? La permaculture recouvre deux dimensions distinctes : l’une, plutôt philosophique, décrit un nouveau modèle de vie – ou paradigme – en harmonie avec la nature et entre humains. La seconde, plus conceptuelle, désigne un outil de création de lieux de vie durables, d’entreprises agricoles et/ou régénératives ou de communautés.
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’origine anglaise, le mot est formé sur la contraction de “permanent agriculture”. Les précurseurs en la matière sont l’Américain J. Smith Russell, auteur de Tree Crops : A permanent agriculture (1929), l’Australien P.A. Yeomans (Water for every farm, 1964), le Japonais Masanobu Fukuoka (Révolution d’un seul brin de paille, 1975). Les Australiens David Holmgren et Bill Mollison, auteurs de Permaculture 1 (1978), sont les deux co-fondateurs du concept tel qu’il existe aujourd’hui, et qui recouvre des préoccupations bien plus larges que le seul volet agricole. Les objectifs sont simples : diminuer l’effort pour l’être humain, améliorer l’utilisation de l’énergie sous toutes ses formes (les déchets devenant des ressources), travailler en coopération avec la nature et non contre elle. La permaculture s’appuie sur la durabilité d’un système, sa non-dangerosité ainsi que sa robustesse face aux aléas de la vie (climat, maladies, etc.) et sa capacité de résilience (adaptation au changement). Le principe fondateur est basé sur l’observation de la nature et de ses modèles ; elle fédère les savoirs traditionnels des anciens et les découvertes scientifiques récentes. La permaculture
traite par conséquent d’un large éventail de sujets : habitat, agriculture, communautés, gestion des énergies, etc. Elle exprime ainsi une notion de “culture de la permanence” Selon Richard Wallner, accompagnateur de projets permaculturels, elle est avant tout une vision qui s’articule sur un quadruple principe : Un postulat : Tout est lié. Un objectif commun : que chacun développe, là où il vit, là où il travaille, à la mesure de ses moyens, des solutions qui lui permettent de vivre sainement, ici et maintenant. Une équation à résoudre : l’harmonie de l’être humain avec la totalité de l’existence. Une éthique : Donner du sens à nos actions quotidiennes en faisant en sorte qu’elles prennent soin de la Terre, qu’elles prennent soin des êtres humains et qu’elles participent à une gestion équitable des richesses de base et des surplus.
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Villes en transition : la permaculture appliquée a nos cités
© C. Dion
La permaculture peut aussi être appliquée à l’ensemble des organisations humaines pour les rendre plus résilientes. Ainsi lorsque Rob Hopkins, enseignant en permaculture à Kinsale en Irlande, reçoit avec ses étudiants la visite d’un certain David Holmgren, son formateur, inventeur australien du concept, il vient aux élèves et au professeur une drôle d’idée : appliquer le principe permaculturel aux villes.
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Dossier PIC PÉTROLIER ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
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ace aux menaces que représentent le pic pétrolier (la fin du pétrole bon marché) et le dérèglement climatique, il paraît évident à Rob Hopkins et à ses élèves que nos cités ne vont pas pouvoir continuer à fonctionner comme avant. La hausse du prix du pétrole va faire grimper celui des denrées alimentaires, des transports, de l’électricité, des objets dérivés de la pétrochimie (plastiques notamment). Et l’économie n’y résistera pas longtemps. Le dérèglement climatique perturbera les récoltes, engendrera de nouvelles maladies, submergera des terres et provoquera la migration de millions de personnes… Il faut donc organiser la résilience de nos villes et de nos territoires, c’est-àdire leur capacité d’encaisser ce choc sans se désintégrer, sans perdre leur intégrité. Comme l’explique Rob Hopkins luimême sur le site des villes en transition1, « la permaculture a été définie dans les années 70, au moment de la première crise pétrolière, comme une “agriculture soutenable” (permanent agriculture). Son application aux systèmes agricoles a rapidement été élargie, car il devenait clair qu’une nourriture soutenable ne pouvait être isolée d’une multitude d’autres éléments qui font une société - l’économie, la construction, l’énergie, etc. Le terme “permaculture” s’est étendu depuis à la notion de permanent culture, s’attachant à la création de cultures durables. »
DES VILLES COMME DES ÉCOSYSTÈMES Comme vu précédemment, l’objectif de la permaculture est d’organiser des installations humaines à l’image des écosystèmes : autonomes, résilients, capable de recycler leurs déchets pour en faire de nouvelles ressources,
organisant l’interaction entre ses différentes composantes pour que leur diversité devienne complémentarité… Rob Hopkins, ses étudiants, puis les pionniers du Transition Network, se sont donc demandé à quoi ressembleraient des villes et des territoires qui fonctionneraient comme des écosystèmes. Tout d’abord ils seraient en mesure de produire l’essentiel de la nourriture dont ils ont besoin grâce à la relocalisation d’une agriculture saine et biologique, qui ne nécessiterait pas de pétrole. Ils produiraient une énergie renouvelable grâce aux multiples ressources dont ils disposent : soleil, vent, biomasse, eau, géothermie, etc. pour répondre aux besoins essentiels des résidants. Ils disposeraient d’une économie enracinée, où l’ensemble des activités essentielles à la vie des communautés locales seraient représentées et où la richesse des échanges permettrait de créer une prospérité partagée. Ils généreraient très peu de déchets et seraient capables de les recycler, de les composter, pour qu’ils entrent dans des cycles de production circulaires où “Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”.
UN MOUVEMENT MONDIAL ET INCLUSIF Ils élaborèrent ainsi les fondements d’un mouvement qui s’est aujourd’hui répandu dans 43 pays au travers de 1095 initiatives (446 officielles et 635 en construction). Des communautés humaines tâchent de s’y réapproprier leur futur en pratiquant la permaculture (version agricole), en économisant l’énergie au maximum, en installant des panneaux solaires, des éoliennes, en créant des monnaies locales, en éduquant petits et grands à l’idée de la Transition. L’idée n’est pas de rester entre convaincus mais de s’adresser à tout le monde. De faire la jonction entre les engagés de la première heure, qui paraissaient
L’idée n’est pas de rester entre convaincus mais de s’adresser à tout le monde marginaux, et le courant principal de la société. Comme l’exprime Rob Hopkins dans le Manuel de Transition, livre fondateur du mouvement : ”Le pic pétrolier est pour moi un appel aux ébénistes et aux fabricants de chaises dans leurs bois, aux maraîchers et aux pépiniéristes près de leurs routes brumeuses de campagne, et aux installateurs d’éoliennes individuelles sur leurs montagnes venteuses, à ramener toutes les merveilleuses compétences qu’ils ont accumulées, l’intuition qu’ils ont développée par des années de pratique et de contemplation, là où la majeure partie de la population commence à réaliser que les choses ne vont pas bien. C’est un appel à apprendre de nouvelles méthodes de communication avec le plus grand nombre, et dans une éthique de service, à chercher à impliquer les autres à une échelle sans précédent. (…) L’approche de la Transition est une vision dans laquelle, je l’espère, les principes de la permaculture sont implicites, et non explicites. C’est ma tentative pour contourner le fait que la permaculture est un concept très compliqué à expliquer à une personne rencontrée dans un bar qui vous demande ce que ça signifie, si vous n’avez pas de tableau et de marqueurs et une quinzaine de minutes pour dessiner des poules, des mares et des serres. (…) Le concept de Transition laisse plus de temps pour d’autres conversations !“ (1) http://villesentransition.net/ KAIZEN | MAI - JUIN 2013
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Portfolio
Les ailes du désir
D’abord attiré par les oiseaux, Julien Poirion a découvert la beauté de la nature, le monde fascinant des insectes à travers la photographie.
Pascal Greboval : D’où vous vient ce goût pour la photo en pleine nature ? Julien Poirion : Au départ je n’avais pas d’objectif particulier, je suis ornithologue de profession et c’était plutôt les oiseaux qui me passionnaient. J’ai commencé par les prendre en photo pour partager mes observations, puis peu à peu, tout en continuant les prises de vue plus larges, je me suis rapproché du monde des insectes. Ce sont des sujets que l’on trouve partout, de la porte de chez soi à la plus simple prairie, leur rencontre s’est faite naturellement et a alimenté mon goût pour la macrophotographie. Pascal : Une grande partie de vos photographies est consacrée aux libellules, pourquoi occupent-elles une telle place dans votre travail ? Julien : Si je me suis particulièrement focalisé sur les libellules c’est tout simplement en raison de leur beauté. J’aime les regarder autour de moi dans la nature, être témoin de leur naissance, 40
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de leur envol, de leur accouplement, des combats qu’elles se livrent parfois entre congénères d’une même espèce pour protéger leur territoire – en cela leur comportement se rapproche assez de celui des oiseaux. Elles tiennent une place de prédateur au sein de l’écosystème, se nourrissant d’insectes plus petits comme les moustiques, et assouvissant elles-mêmes l’appétit des oiseaux. Elles figurent parmi les plus gros insectes. Il existe cent espèces en France, et environ six mille espèces dans le monde, parmi lesquelles certaines sont de plus en plus rares (il se trouve aujourd’hui des zones où on constate la disparition totale d’une espèce). Mais ce n’est pas en scientifique que je les aborde, c’est en amoureux des images. Pascal : Il semblerait que ce soit surtout les ailes qui vous touchent… Julien : C’est vrai, je suis fasciné par la finesse des ailes de libellules et par le graphisme des nervures qu’elles
présentent. Ce sont des éléments fragiles, principalement au cours de la phase d’émergence, alors qu’elles sont encore toutes fraîches et humides ; puis elles deviennent très résistantes malgré leur délicatesse. Leur structure reste encore méconnue mais quand on contemple l’habileté des libellules en vol, leur capacité d’aller aussi facilement en avant ou en arrière, on reste émerveillé devant cette merveille de l’évolution et ce perfectionnement fabuleux. Pascal : Vous évoquez les moments privilégiés tels que la naissance ou l’accouplement, pouvez-vous nous décrire ces instants fugaces que votre objectif immortalise ? Julien : Il existe deux phases dans la vie des libellules : la première est aquatique, elles évoluent alors sous forme de larves ; la seconde est aérienne, c’est sous cet aspect qu’on les connaît le plus souvent. Les œufs sont déposés par la femelle, suivant les espèces, soit
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DIY - Fais-le toi-même
“L’ébouriffée”, la lampe qui décoiffe TEXTE ANNE SOPHIE NOVEL PHOTO JEROMINE DERIGNY
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arie Fiore est une touche-àtout. Si elle se présente comme une allumée de l’intérieur, elle ne recherche pas les coups de projecteurs - qu’elle a pourtant côtoyés pendant près de trente ans, quand elle travaillait dans le milieu du cinéma. Cette baroudeuse d’origine provençale avoue tenir ce don de sa mère et de sa grand-mère, “qui savaient tout faire avec leurs mains” et de son père, “un bricoleur talentueux”. “Ils m’ont appris à me servir de mes mains et à être exigeante : dans ma famille, si on ne fait pas bien les choses il vaut mieux ne pas les faire. Je suis perfectionniste, ultra méticuleuse et… vraiment maniaque, du coup”, confiet-elle dans un éclat de rire. Sa famille lui a aussi transmis le sens de l’économie : “pourquoi jeter ? ça peut toujours servir” est une réplique qui a bercé son enfance. “On gardait plein de choses sans trop savoir pourquoi, puis elles servaient un jour miraculeusement, se souvient-elle. Cela n’a rien à voir avec la tendance actuelle de la récup, c’est de l’économie et de la bidouille, je viens d’une famille modeste et je n’aime pas le gaspillage.” Marie Fiore garde donc tout. Sa première lampe est un véritable fruit du hasard : elle est née d’une remarque de ses voisins et amis, éblouis - au sens propre - par une de ses lampes laissée sans abat-jour. Elle bricole donc rapidement de quoi la couvrir, “avec du grillage à poules acheté pour faire courir mon jasmin sous la fenêtre et
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La créatrice Marie Fiore a réadapté sa lampe “l’ébouriffée” afin de concevoir un modèle sur mesure spécialement pour Kaizen et à la portée de tous. Une lampe vaporeuse et nacrée, sorte de lanterne aérienne à réaliser bien sûr avec autant de matériaux de récup que possible !
1 - Matériel nécessaire • du grillage de poulailler (ou autre grillage) • une pince coupante • une pince plate • un câble électrique monté avec fiche mâle et interrupteur (ou à monter soi-même en fonction de ses compétences) • une douille petit culot • une ampoule petit culot (7 watt en économique) • un serre-câble • du fil de fer fin • de la peinture • un pinceau • une console pour étagère (équerre) • une cinquantaine de pochons très fins et translucides (demandez à votre entourage, évitez de les récolter exprès dans les magasins…) • des ciseaux • une règle • deux petits crochets • du fil de nylon
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Roue libre
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Objectif vélonomie ! TEXTE STEPHANE PERRAUD
Rejoignez un atelier associatif et apprenez à réparer vous-même votre vélo pour gagner en vélonomie, l’autonomie version cycliste. CRÉER UN ATELIER Pour démarrer, on peut monter un atelier mobile autour d’un triporteur muni de quelques outils et proposer des contrôles techniques ou des réparations de base le dimanche le long d’une piste cyclable. Utile pour se constituer un premier réseau et évaluer les besoins des habitants. Il faudra compter au moins 25 000 euros de budget pour monter un atelier fixe. Les gros ateliers tournent avec dix fois plus, tout dépend de l’amplitude d’ouverture (quelques heures par semaine ou tous les jours) et du recours à des salariés ou à des bénévoles. Il est possible de solliciter un soutien financier auprès de la commune, qui l’accorde le plus souvent sous forme d’un local gratuit ou à loyer symbolique. Le modèle économique varie en fonction de l’activité de l’atelier : ceux qui développent le volet insertion sont soutenus en moyenne à 80 % par des fonds publics, ceux qui pratiquent l’autoréparation avec quelques salariés et beaucoup de bénévoles parviennent à s’autofinancer aux deux tiers. Le Recycleur à Lyon devrait frôler cette année les 90 % grâce à des prestations extérieures (marquage de vélos, animations dans l’espace public…). Quant aux ateliers du collectif Vélorution, ils sont autogérés et ne demandent aucune aide, hormis parfois un local - à défaut, ils utilisent des squats.
lodie a le sourire. Cet après-midi elle s’est rendue à l’atelier du Recycleur avec le vélo de son grandpère pour un petit check-up. Bilan : un câble de frein à retendre et des pneus à regonfler. En dix minutes, le Peugeot vintage est prêt. Coût de l’opération : zéro euro. “C’était juste de l’entretien. La prochaine fois j’installerai un feu arrière, avec des pièces d’occasion ça ne me coûtera presque rien”, explique l’étudiante lyonnaise de 23 ans. Son ami Samuel, 25 ans, est aussi un habitué : “J’ai trouvé dans un grenier un vieux biclou que je retape. Avec 40 euros et une douzaine d’heures de bricolage, il sera bientôt comme neuf ! Je fais tout moi-même. Quand je rencontre un problème je demande l’aide d’un mécanicien de l’atelier ou d’un autre adhérent plus expérimenté.” Comme Samuel et Elodie, plus de 1 800 cyclistes fréquentent régulièrement cet atelier associatif lyonnais créé en 1994. La même année se montait son alter ego à Grenoble, le P’tit vélo dans la tête, devenu depuis le plus important atelier de France avec près de 2 500 adhérents. ATELIERS TOUT PUBLICS Ces ateliers sont des lieux participatifs où chacun peut venir réparer son vélo moyennant une adhésion modique (de 10 à 35 euros/an) avec l’aide de mécaniciens salariés ou bénévoles. A titre de comparaison, une heure de maind’œuvre chez un vélociste varie entre 30 et 40 euros. Au Recycleur, on estime qu’un adhérent peut économiser jusqu’à 150 euros par an s’il adopte ce système D. On trouve ici les outils de première nécessité (clés plates, tournevis, démonte pneu) et d’autres plus spécifiques que l’on possède rarement chez soi : un fouet à chaîne pour changer les pignons, une clé demi-lune pour démonter un axe de pédalier, un KAIZEN | MAI - JUIN 2013
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Le jardin des réfugiés TEXTE ET PHOTO CHRISTELLE GERAND
Pour aider les réfugiés à s’implanter aux États-Unis, l’International Rescue Committee les invite à cultiver des jardins communautaires. C’est en maniant la terre qu’ils apprivoisent leur nouvelle vie urbaine.
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ous sommes au Drew Garden, jardin communautaire d’un hectare situé dans le Bronx. Nasma, réfugiée originaire du Bangladesh, apprend à Athlun, réfugié birman, à faire du compost. Plus tard, celui-ci conseille à un réfugié mexicain de planter une orchidée sauvage utilisée pour le soin des yeux dans son pays d’origine. Leurs accents sont à couper au couteau, leur vocabulaire minimal, mais ils échangent avec passion. Grâce au jardinage, ces réfugiés souvent solitaires ou reclus avec leurs compatriotes échangent entre eux et avec les habitants du quartier. Si lorsqu’ils arrivent aux États-Unis ils ont beaucoup à apprendre, à commencer
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par la langue, au Drew Garden ils peuvent faire profiter la communauté de leur bagage culturel souvent rural. Ce grand jardin ombragé au pied du métro est le lieu de prédilection des réfugiés. Kim, un Birman de 26 ans arrivé aux États-Unis depuis deux jours, n’en revient pas : “On m’avait décrit New York comme une ville pleine de monde et de buildings, je ne pensais pas qu’il y aurait des endroits comme ça !”, s’exclame-til en taillant des plants de tomates. Ici, des volontaires de l’IRC1 (International Rescue Committee) lui enseigneront les bases : nom des légumes et des outils, fonctionnement des saisons. Chaque semaine il pourra venir cultiver des parcelles collectives.
LES CACAHUÈTES NEW-YORKAISES Arrivé depuis cinq mois, Athlun se souvient : “Au début, il y avait beaucoup de légumes que je ne connaissais pas, et que j’appelais de la nourriture américaine. Je viens au jardin dès que j’ai besoin d’un peu d’air. J’y cultive des piments, des poivrons et des tomates pour concocter ma sauce favorite”. Begum, une vieille femme d’origine bangladaise,
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vient quotidiennement s’occuper de son carré, où elle cultive essentiellement des plantes médicinales. “Ne pas avoir à acheter de légumes m’a bien aidée financièrement. J’ai aussi perdu du poids en mangeant mieux”, admet-elle. Elle est même persuadée que les gros ails qu’elle arbore fièrement ont permis de réduire le cholestérol et la pression cardiaque de son mari.
via le système Restaurant Supported Agriculture (Agriculture soutenue par les restaurants, dérivé du programme international Community Supported Agriculture) ainsi que le marché fermier en 2014. Si à New York le manque d’espace ne permet pas de produire suffisamment pour vivre grâce au jardinage, certaines villes osent un pas de plus.
Mais New Roots (Nouvelles Racines), programme d’aide à l’intégration par le jardinage créé en 2007 par l’IRC à San Diego et mis en place depuis 2011 à New York, va plus loin. Les plus motivés, comme Angèle, sont responsables de leur propre carré : “J’ai grandi dans la ferme de ma grand-mère au Cameroun. Planter ces cacahuètes m’aide à me sentir chez moi ici à New York”. L’IRC lui a suggéré de valoriser les arachides en en préparant une sauce qu’elle a vendu à ses amis et voisins.
VIVRE DE SA PRODUCTION
En effet, New Roots incite les jardiniers les plus aguerris à se lancer dans la micro-production. Après seulement deux ans, certains vendent déjà une partie de leurs récoltes à leurs proches. En 2012, celles-ci s’élevaient à 1500 kg ; l’objectif est de fournir des restaurants en 2013
A Phoenix (Arizona), Koffi Ogou, Togolais de 60 ans, s’est spécialisé dans les gombos, qu’il vend aux Indiens des réserves alentours et à sa communauté. Son carré d’un demi-hectare se situe dans un monastère bénédictin qui lui prête la terre. S’il conserve pour l’instant son travail de gardien à l’aéroport local, il espère pouvoir vivre bientôt de sa production - les ventes au marché fermier lui procurent déjà un bon complément de salaire. Trois réfugiés ont franchi le cap à Phoenix depuis 2007 et sont dorénavant agriculteurs. “L’IRC m’a fourni des graines, quelques outils et m’a aidé à trouver un terrain à mon arrivée en 2008, quand je ne connaissais personne ici, raconte Koffi. J’ai toujours cultivé un champ au pays en plus de mon travail, je
suis vraiment content de pouvoir retrouver ce plaisir !” L’impact positif du programme est reconnu par les villes où il est mis en œuvre. Ainsi la mairie de Phoenix fournit-elle une partie des terrains vagues qui constituent 40 % de sa superficie. Seul un réfugié sur huit peut y participer, les terres irriguées n’étant pas suffisantes dans cette cité située au cœur du désert pour répondre à leur demande. A New York, les réfugiés ont accès à deux jardins communautaires du Sud Bronx, où résident la plupart d’entre eux. Le terrain de New Roots Community Farm leur a été cédé l’an dernier : l’hiver et le printemps ont été consacrés à transformer une friche en jardin. Les futurs jardiniers ont délimité des parcelles et planté des arbres fruitiers et des plantes enrayant l’érosion des sols. Les réfugiés partagent le terrain avec les autres habitants du quartier, mais aussi avec l’école d’en face, qui entretient un petit potager pour initier les enfants à la nutrition. [1] Association aidant les réfugiés à devenir autonomes dans leur nouveau pays (elle suit environ 400 d’entre eux chaque année à New York, 800 à Phoenix).
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Créateur de Culture
Conversation avec Nancy Huston TEXTE CYRIL DION PHOTOS FANNY DION
Pourquoi la fiction ? Est-il fondamental de reconnaître nos différences biologiques ? A quoi ressemble le processus de création ? Conversation avec Nancy Huston, écrivain, essayiste, musicienne canadienne et française, auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages parmi lesquels Instruments Cyril Dion : Vous êtes en train de finir un nouveau roman. Pouvez-vous déjà des ténèbres (Prix Goncourt en parler ? Nancy Huston : Il s’appelle Danse Noire. des Lycéens et prix du Livre C’est un roman très sombre. Comme dans Lignes de faille, on y rencontre pluInter 1996), Lignes de faille sieurs générations, mais sous l’angle de l’exil, de la transmission de la culture, de (prix Femina 2006 et prix la mémoire, de l’histoire, plus que de la “psychogénéalogie”. Le récit se construit France Télévision) et tout autour du personnage principal, Milo, malade et hospitalisé à Montréal. Son dernièrement Reflets dans un grand amour, un producteur de cinéma, recueille ses confidences et décide œil d’homme, essai qui fit d’écrire le film de sa vie. On suit ainsi le parcours de son grand-père, de sa mère couler beaucoup d’encre… et de Milo lui-même, sur trois rythmes, au fil des années. La Capoeira (passion de Milo) sert de trame à l’enchevêtrement de leurs histoires. KAIZEN | MAI - JUIN 2013
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Le bon plan
Le bon plan Marseille, Le Cours Julien TEXTE ET PHOTOS PASCAL GREBOVAL
Historiquement lieu d’échanges, le Cours Julien, un peu à l’écart de la Canebière, est un quartier plein de vitalité à découvrir...
SUR LE COURS JU Pour supporter le cagnard marseillais, allons d’abord prendre un verre. Rendez-vous à Si belle la vigne, où l’on peut déguster des vins vivants qui vous donnent la pêche. Ceux-ci sont issus de l’agriculture biologique - les vignes ne sont pas traitées - mais tous les producteurs sélectionnés vont plus loin dans leur démarche : lors de la phase de vinification, ils n’ajoutent ni levure exogène ni SO2 (la cause essentielle des maux de tête), ils laissent les vins travailler naturellement avec leurs levures endogènes. “Cela devient un autre produit, explique Sabine, la créatrice du lieu. Nous ne proposons pas des vins formatés ; certes ils sont fragiles, mais pour les papilles c’est une autre dimension”. Inutile de changer de dimension, dix mètres plus loin sur le même trottoir vous trouverez l’Equitable Café. Selon l’heure à laquelle vous franchirez la porte, vous pourrez y lire tranquillement des magazines affinitaires, participer à un atelier Do It Yourself - fais le toi-même - (maquillage par exemple) ou à des jeux coopératifs. La spécialité du lieu, ce sont les projectionsdébats organisées autour de films documentaires, car c'est “un média puissant et accessible à tous”. Outre une programmation riche et variée, ce café a pour atout d’être associatif et mu par une sensibilité alternative écologique et citoyenne. Et même si le
Au bord des fontaines du cours Julien : les Oralies, festival des contes voyageurs.
concept originel de favoriser la vente de produits issus de l’agriculture biologique s’est un peu atténué, les produits bios ou équitables sont toujours à l’honneur. Vingt mètres encore à parcourir, trottoir d’en face, et l'on découvre une autre institution du Marseille alternatif : la Baleine qui dit “vagues”. Voilà 17 ans qu’elle donne à entendre des conteurs du bout du monde ou du coin de la rue, aussi bien à Marseille où elle est basée que dans les Alpes ou au Maroc. Centre ressource pour le conte en région PACA, la Baleine propose contes traditionnels et paroles contemporaines pour tout public : “Le conte n’a pas d’âge, il n’y a pas d’âge pour le conte”. Chaque année la Baleine organise un florilège de voyages immobiles avec les Oralies, festival des contes voyageurs ; rendezvous cette année du 19 mai au 22 juin sur le Cours Julien. Dans le ventre de
la baleine, La table de Gépetto vous accueille pour un déjeuner, un thé en après-midi ou un dîner après les spectacles. Une restauration à base de produits issus de circuits responsables et solidaires. Quelques pas plus loin, puis à nouveau le trottoir d’en face (vous suivez ?) Le Cours en vert offre une autre occasion
Sabine vous propose de redécouvrir le gout du raisin à Si Belle la vigne
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Sauvage & délicieux Reconnaître, récolter et cuisiner les cadeaux de la nature
Le coquelicot TEXTES ET PHOTOS LINDA LOUIS
Aux beaux jours, il forme dans les champs de blé une mer rouge qui attire irrésistiblement le promeneur ou le cueilleur. “Gentil coquelicot”, une fois transformé en sirop, a le pouvoir de bercer nos nuits… L’arrivée soudaine du coquelicot en début d’été retentit comme le chant du coq : “co-co-klico !”. Insolite explosion de rouge vermillon qui nous laisse chaque fois rêveur… C’est probablement grâce à ce gallinacée, à la crête rouge et chiffonnée comme la robe de la sauvageonne, que l’on doit son nom. Sa forme et sa couleur, rappelant également la cocarde épinglée sur les bonnets phrygiens, symbolisent pour certains la résistance. Ces dernières années, elle a bravé les nouvelles lois imposées par l’homme en prospérant insolemment dans certaines cultures traitées aux pesticides. Dans les pays anglo-saxons, le coquelicot est associé à l’armistice du 11 novembre (“Poppy Day”), car des soldats avaient remarqué que la fleur poussait sur les champs de bataille. À cause des bombardements, les sols furent retournés, produisant des nuages de poussière de chaux et favorisant ainsi la venue de la plante. À la fin de la
guerre, elle disparut mais laissa une empreinte indélébile dans la mémoire d’anciens combattants de la Somme et des Flandres… Cette page sombre de l’histoire nous permet cependant de comprendre l’habitat du coquelicot. Il aime les terrains secs et calcicoles, comme la plupart des fleurs de la famille des papavéracées : le pavot à opium sur les terres arides de l'Afghanistan, l’escholtzia dans les plaines californiennes, la chélidoine (herbe à verrues) poussant le long des murs des fermes (enduits de chaux). Trouver une station de coquelicot loin des zones agricoles polluées n’est pas toujours évident. Rendez-vous par exemple dans les cultures de céréales bio. Certains agriculteurs acceptent volontiers qu’on les débarrasse de la plante “invasive”. Choisissez une journée ensoleillée, peu venteuse et munissez-vous d’un sac-cabas à ouverture peu large ou de sacs en papier pour éviter que les pétales s’envolent. Détachez-les en laissant en place la tige et la capsule (petite “poivrière” renfermant les graines qui germeront l’année suivante). Les altises, coléoptères noirs pas plus gros qu’une tête d’épingle, investissent souvent le cœur du coquelicot (il est si doux !). Après avoir ramassé vos pétales, disposez-les sur de grands plateaux au soleil et laissez ces petits insectes s’envoler. Évidemment, récoltez vos fleurs lors d’une journée sans vent, sinon votre jardin risque d’être inondé de confettis rouges ! Grâce à ses pétales (plus rarement à ses feuilles), la Belle des champs permet de réaliser des remèdes médicinaux et des recettes d’inspiration champêtre. KAIZEN | MAI - JUIN 2013
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