Actu Santé Hiver 2018

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Actu Santé

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Revue du Service de santé des armées

N° 152 Hiver 2018 - 2019

Dossier : Innovation technologique

Le développement capacitaire Au cœur de la recherche et de l’innovation : le PORI

Invictus game, la directrice centrale au contact des athlètes et des équipes médicales

Retour sur la première journée des blessés du SSA



Edito Innovation, audace, agilité… le Service est présent, au rendez-vous... Le service de santé des armées a marqué cette année 2018 par ses innovations. Organisationnelle, tout d’abord, avec, depuis le 3 septembre, une gouvernance resserrée et des directions de chaines au plus près des forces pour un soutien santé toujours plus efficace. Techniques et conceptuelles, ensuite, à l’image du développement capacitaire, dossier spécial de ce numéro, qui innove aujourd’hui pour préparer demain. Reconstructives et réadaptatives, également, avec plusieurs projets présentés, dont un primé par la ministre des armées, au 1er forum de l’innovation défense, développés par le Service en partenariat avec les industriels. Et toujours soucieuse de l’humain, à l’instar de la première journée en l’honneur des blessés du service de santé des armées, temps fort de l’année, qui s’est tenue le 18 octobre dernier à Paris mais également dans l’ensemble des établissements du Service. D’autres innovations, nombreuses, ont jalonné l’année montrant la capacité créative, disruptive, des femmes et des hommes du Service, soucieux de garantir un soutien santé optimal, en tout temps, en tout lieu et en toutes circonstances. Ce numéro, au fil des pages, vous permettra de découvrir les réalisations du Service en ce domaine. Bonne lecture.

Actu Santé n° 152 • Hiver 2018 - 2019

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Sommaire

Actu Santé n° 152 • hiver 2018 - 2019 ÇA S’EST PASSÉ DANS LE SSA 6 Du recrutement à l’innovation, le SSA présent dans de nombreux salons Visite de commandement du personnel déployé en Nouvelle-Calédonie

ÇA S’EST PASSÉ 14 DANS NOTRE ENVIRONNEMENT L’inscription territoriale du service de santé des armées 1ère visite de l’hôpital civilo-militaire de Westerstede Un trophée pour la réserve du SSA

OPÉRATIONS 16 Opérations du SSA et forces prépositionnées L’exercice Trident Juncture 2018 Témoignage d’un DIRMED en opération

INTERNATIONAL 18 Invictus game, la directrice centrale au contact des athlètes et des équipes médicales en soutien Le warrior care symposium

FEMMES ET HOMMES DU SSA 20 D’active ou de réserve, deux médecins hospitaliers témoignent

INNOVATION / RECHERCHE 22 Au cœur de la recherche et de l’innovation : le PORI

38 RÉSERVE Lumière sur le recrutement des réservistes

39 HISTOIRE La vaccination : les contributions du SSA à travers l’histoire

40 TÉMOIGNAGE Le sauvetage au combat au service du patient

41 CONDITION DU PERSONNEL SNCF : la nouvelle carte réduction famille militaire SCA et IGESA : création d’une plateforme numérique unique

42 RECONVERSION D’infirmière à directrice de crèche : une aventure humaine

43 VIE DU SERVICE Premier séminaire de la médecine des forces Journée d’hommage aux blessés du SSA Leçon inaugurale du SSA à L’EVDG CADISMEx 2018 : nouveau challenge réussi !

48 LOISIRS Les sportifs du SSA à l’honneur Alexis Bataille le récit d’un aide-soignant

49 NOMINATIONS

Combattants exposés au bruit : des recherches menées pour proposer des solutions Vous avez une idée novatrice ? Les bons réflexes !

DOSSIER 26 LE DÉVELOPPEMENT CAPACITAIRE

DIRECTION CENTRALE DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES Bureau communication et information : Tél. : 09 88 67 27 20 dcssa-bcissa.contact.fct@intradef.gouv.fr • www.defense.gouv.fr/sante Directeur de la publication : médecin général inspecteur Philippe Rouanet ; Directeur de la rédaction : médecin en chef Sandra Reinenbergh ; Rédacteur en chef : capitaine Nadia Filhos ; Graphiste - Maquettiste PAO : Sophie Miellet Crédits photos : ©ECPAD - Fotolia©tai111- ©IRBA - ©Nexter-Texelis Impression : Pôle graphique de Tulle CS 10290 - 19007 Tulle Cedex Tél. : 05 55 93 61 00 Édition : DICOD, 60 boulevard du général Valin PARIS Abonnements payants : ECPAD 2 à 8 route du Fort - 94205 Ivry-sur-Seine routage-abonnement@ecpad.fr Tél. : 01 49 60 52 44 Régie publicitaire : Mme Christelle Touzet (ECPAD) - Tél. : 01 49 60 58 56 regie-publicitaire@ecpad.fr Numéro de commission paritaire : N°0211 B05691 ISSN : 1165-2268 Dépôt légal : Mars 2018 ; Tirage : 9 000 exemplaires - 4 numéros annuels

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ÇA S'EST PASSÉ DANS LE SSA

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ÇA S'EST PASSÉ DANS LE SSA

Du recrutement à l’innovation, le SSA présent dans de nombreux salons Depuis septembre, le SSA enchaîne les rencontres avec le public lors de rendezvous à visée recrutement et rayonnement. Ainsi, le bureau recrutement, soutenu par des ambassadeurs médecins généralistes du Service ou encore du personnel ciblé, selon le public attendu, a participé aux journées nationales de médecine générale à Paris permettant de faire connaître les différentes voies des recrutements pour servir en tant que médecin généraliste dans les armées (sous contrat, conventionné, réserve opérationnelle). Le Service a aussi participé à la 16e édition du salon Paris pour l’emploi aux côtés des autres armées, directions et services ou encore au salon européen de l’éducation. Un rendez-vous majeur a également réuni tous ces acteurs : le forum innovation défense. Une première édition souhaitée par la ministre des armées et à laquelle le SSA a contribué avec ses innovations à la pointe de la technologie pour soigner les blessés militaires. 

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INAUGURATION DE LA DMF Le vendredi 16 novembre 2018, la secrétaire d’État auprès de la ministre des armées, madame Geneviève Darrieussecq, a inauguré sur la base aérienne 705 de Tours la direction de la médecine des forces (DMF) en présence la directrice centrale.

INAUGURATION D’UNE NOUVELLE UNITÉ MIXTE DE RECHERCHE Le 27 septembre 2018, le labo­ratoire « mem­ branes et cibles thérapeutiques » a été inauguré à la faculté de pharmacie de Marseille. Ce laboratoire, implanté également au sein de l’institut de recherche biomédicale des armées, est une nouvelle unité mixte de recherche placée sous la triple tutelle du SSA, d’Aix-Marseille Université et de l’Inserm. Les activités de recherche du laboratoire se situent à l’interface de la chimie et de la microbiologie pour favoriser la compréhension des bases moléculaires et génétiques du transport membranaire chez les bactéries pathogènes et les bactéries de la menace. Ce partenariat scientifique, dont les répercussions sont à la fois nationales et internationales, est un exemple du niveau d’excellence de la recherche conduite par le Service au profit des armées.


ÇA S'EST PASSÉ DANS LE SSA

Visite de commandement du personnel déployé en Nouvelle-Calédonie Durant 3 jours, la médecin général des ar mées Gygax Généro s’est rendue dans les différentes antennes SSA de NouvelleCalédonie. Accueillie par le général de division Thierry Marchand, commandant supérieur des forces armées de Nouvelle-Calédonie (FANC), ainsi que par la médecin en chef Nathalie Gobert, directrice interarmées du service de santé, la directrice centrale a visité les sites de Nouméa, Tontouta, Plum, Nandaï et Koumac. Ce programme, très complet et rythmé, a permis de mesurer l’importance de ne pas tomber dans l’effet carte postale. En allant au-delà de l’image liée à l’environnement magnifique, nos personnels font face, sur place, à des spécificités territoriales avec

énergie, sens du service et militarité. La directrice centrale a salué ces qualités, appréciant particulièrement la sincérité avec laquelle chacun s’est livré. 

COMMÉMORATIONS DU 11 NOVEMBRE Partout en France, le SSA s’est mobilisé pour la commémoration des 100 ans de l’armistice la Grande Guerre. Un exemple avec le 9e centre médical des armées, qui a participé à cette célébration en organisant en amont une collecte de fond avec la vente du Bleuet de France, véritable symbole : « prise en charge des blessés, reconstruction et soutien aux familles, une ambition qui parle à chaque soignant et plus encore quand il est militaire » souligne un des personnels de ce centre.

RÉUNION COMMANDEMENT Le 3 octobre dernier, la médecin général des armées Mayline Gygax Généro, directrice centrale du service de santé des armées, a réuni ses grands subordonnés à l’HIA Bégin afin de leur transmettre les lignes de conduite à tenir pour l’année 2019 lors d’une réunion de commandement. Les thématiques traitées sont sélectionnées par la Directrice et ses équipes pour être présentées par des intervenants dans leurs domaines de compétence respectifs. Au cours de cette dernière édition un certain nombre de sujets ont été discutés : le soutien médical en opérations, la plus-value santé apportées par le SSA aux forces, le recrutement, la réserve, la prise en charge des blessés du Service, la synergie CMA/ HIA, … Des questions communes qui trouvent des particularités au niveau local et qu’il convient de décliner. Actu Santé n° 152 • Hiver 2018 - 2019

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‘Grand bien vous fasse’ 02/10/2018 Interview Arnaud Rabat de l’IRBA, sur le sommeil. France Inter

‘Grand Reportage’ Les correspondants de guerre 27/09/2018 MG Christian BAY, chef de la division milieux à la Direction de la Médecine des Forces. France Culture

 16/10/2018 Publication sur la première autorisation française d’utilisation de moelle osseuse pour le traitement des brûlures graves et sur la mise au point d’une peau synthétique. Hospimédia

«Sentinelles, ils veillent sur Paris» On parle

de l’exposition dans le Parisien.

12/11/2018 Article sur l’expertise de la prise en charge des grands brûlés à l’HIA Percy Le quotidien du médecin

 06/10/2018 Florence Parly s’est rendue au baptême de promotion des élèves de deuxième année de l’ESA. LYONMAG.com

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 16/09/2018 Chronique radio «Le service de santé des armées et la prise en charge des soldats blessés». RFI

 11/10/2018 Portrait de Céline Souchet, masseurkinésithérapeute au CTB de Percy Kiné Actu

‘Des forces et des hommes’ 09/10/2018 Interview du Médecin Général Inspecteur Pierre Lecureux sur la Médecine des Forces. RCF RADIO

 15/09/2018 Article sur la nomination de Dominique Roux, commissaire prinicpal à la tête du CERHS-SSA. Var Matin

15/12/2018

Reportage JT 20h

 «De la bessure à la reconstruction» Portrait d’un blessé de guerre. M6

«Attentats : comment sont formés les médecins et infirmiers».

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ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

L’inscription territoriale du service de santé des armées

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ans le cadre de sa politique d’ouverture, le SSA veille à se transformer en cohérence et en complémentarité croissante avec les évolutions de la santé publique. Dans cette optique, le SSA dispose de trois types d’instruments majeurs de nature politique et juridique : le protocole d’accord entre le ministère des armées et le ministère de la santé du 6 avril 2017, l’ordonnance du 17 janvier 2018 relative au SSA et à l’INI, de multiples accords de partenariat avec plusieurs acteurs de santé au niveau national (fédérations hospitalières, EHESP, HAS) et avec des établissements de santé (ensembles hospitaliers civils et militaires, groupements hospitaliers de territoire). Ces nouveaux atouts permettent au SSA de décliner, depuis début 2018, une politique d’inscription dans les territoires au niveau régional. Cette stratégie permet aux établissements du SSA (CMA et HIA) de participer pleinement aux réseaux de santé et aux parcours de soins, gages de maintien des compétences des praticiens et des paramédicaux du SSA, de qualité des soins pour les militaires et leurs familles et d’efficience, au double bénéfice du ministère des armées et du ministère en charge de la santé.

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Concrètement, toutes les composantes du SSA ont pu être inscrites dans les nouveaux projets régionaux de santé (PRS), publiés par les agences régionales de santé (ARS), au cours des derniers mois. Parallèlement, le SSA a pour objectif de réunir pour la première fois un comité régional Santé-Défense avec chacune des dixsept ARS (dont une dizaine d’ici fin 2018) en préparation d’une prochaine étape décisive : la contractualisation des relations du SSA avec chacune des ARS. Ces contrats spécifiques permettront de mieux faire valoir les besoins de la défense, de formaliser et valoriser les contributions réciproques pour cinq ans, au service du soutien médical des forces armées et des territoires de santé. Enfin, cette stratégie d’inscription territoriale du SSA est parfaitement en phase avec la « stratégie de transformation du système de santé » (STSS), présentée par le Président de la République le 18 septembre dernier car l’organisation territoriale des soins représente un axe majeur de cette nouvelle STSS. Le SSA est particulièrement attentif à articuler au mieux ses propres évolutions avec cette nouvelle ambition de la santé publique. 


ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

1ère visite de l’hôpital civilomilitaire de Westerstede Décembre 2018 : 1ère visite de l’hôpital civilo-militaire allemand de Westerstede : une nouvelle étape vers des collaborations riches et variées en enseignement et recherche.

U

ne délégation des directions et de praticiens civils et militaires d’active et de réserve de l’EHCM de Brest et du 16ème CMA a visité l’hôpital de Westerstede commandé par la Médecin Colonel Lale BARTOSCHEK. Cette rencontre a permis de renforcer les liens et d’envisager des collaborations précises en enseignement et recherche. Une lettre d’intention sera co-signée prochainement par le directeur de l‘hôpital de Westerstede et le médecin chef de l’HIA Clermont-Tonnerre, créant notamment un comité de suivi des actions de collaboration entre les deux établissements. En 2019, d’autres manifestations permettront de travailler ensemble tel que la prochaine Journée de Médecine d’ Armée

de l’ Ouest qui accueillera les communications de praticiens de Westerstede et du centre médical des armées de la base navale de Wilhelmshaven. 

Un trophée pour L la réserve du SSA

e 27 novembre 2018, a eu lieu la remise du trophée européen 2018 pour la citoyenneté, la sécurité et la Défense du CIDAN (Civisme Défense Armée Nation) à Berlin, lors du 17th Congress on european, Security and Defense. Ce trophée met en avant la mobilisation de tous les acteurs sanitaires européens « face aux nouvelles menaces ». Représentées par le président de l’ARROSSA-AOR31UNaRéFSSA, le médecin en chef de réserve Jean-Philippe Durieu Dufaza, des associations de réservistes ont été récompensées pour leurs réalisations sur « la réponse Européenne face aux nouvelles menaces ». Regroupées ces dernières années, suite aux attentats terroristes, elles ont mutualisé le travail des équipes nationales, puis européennes, de la santé civile et militaire pour proposer des solutions communes. Des formations et des congrès spécifiques ont été initiés pour lancer des dynamiques multilatérales qui sont maintenant pérennes. Le MC(R) JPh Durrieu DuFaza a également reçu la médaille de Monsieur le président de la république Française pour féliciter et encourager l’action des réservistes français dans l’initiation et la structuration de cette dynamique nationale correspondant à une nécessité européenne.  Actu Santé n° 152 • Hiver 2018 - 2019

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OPÉRATION / EXERCICE

Opérations du SSA et forces prépositionnées

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Mise à jour novembre 2018

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L’exercice Trident Juncture 2018

L’exercice Trident Juncture 2018 (TRJ18) s’est déroulé en Norvège du 25 octobre au 23 novembre 2018. TRJ18 est un exercice multinational majeur de l’OTAN placé sous la direction du commandement allié pour la transformation de l’OTAN (ACT) qui a mobilisé plus de 45 000 militaires de 31 nations différentes. La France, deuxième pays contributeur en termes de capacités, a participé à hauteur d’environ 3000 militaires s’articulant autour de quatre « composantes » : terre, air, mer et interarmées. Afin d’assurer le soutien médical réel adapté à cet exercice, le SSA a engagé d’importants moyens dont une cellule DIRMED, sept rôles 1 et un rôle 2 embarqué à bord du BPC Dixmude pour un total de 57 personnes. TRJ 18 constitue ainsi l’exercice le plus dimensionnant pour l’état-major des armées mais également pour le SSA dans un contexte de sujétion opérationnelle particulièrement tendu.

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OPÉRATION / EXERCICE

Témoignage d’un DIRMED adjoint en opération

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esponsable de la 82e antenne médicale de Valence du 7 e centre médical des armées, j’ai été désignée pour occuper le poste de DIRMED adjoint de l’opération Barkhane à Gao de janvier à mai 2018. Dès ma prise de fonction, j’ai compris l’intérêt, pour le DIRMED basé à N’djamena, d’avoir un adjoint à Gao pour organiser et mettre en œuvre le soutien santé de toute la BSS, théâtre aux élongations exceptionnelles où sont positionnés plus de 200 militaires de la fonction santé. Représentant du DIRMED pour le fuseau ouest, le DIRMED adj. est le conseiller du représentant du COMANFOR à Gao. Il travaille en étroite collaboration avec les différentes unités santé du fuseau, les différents bureaux du commandement local, le PECC et les équipes médicales étrangères. Il est aussi le médecin chef du pôle de santé unique de Gao qui regroupe toutes les unités santé sur Gao, permettant ainsi une optimisation et une mutualisation des moyens santé sur place. Mon objectif principal a été d’aider et de faciliter le travail des différentes équipes médicales afin qu’elles puissent se concentrer complètement sur leur mission : le soutien des forces. Durant ce mandat et grâce à l’aide des équipes médicales, j’ai ainsi initié et participé à

la conception des kits de médicalisation des VAB ULTIMA, fait avancer la télétransmission des images médicales en métropole, adapté le matériel médical au sein du rôle 2, réalisé les plans de la nouvelle pharmacie de Gao, mis en place le soutien médical de la piste de Gao… Cette mission a été marquée par des attaques multiples et de nombreux blessés français et étrangers. La plus marquante pour moi reste celle du 21 février 2018 qui a touché le 1erRS, régiment que je soutiens en métropole. Mon rôle dans ce contexte a été multiple : lien avec le commandement local et la base arrière, dégageant les équipes médicales de cette charge, reconnaissance des corps avec l’urgentiste, les prévôts et le

commissaire, contact avec les autorités, soutien au DIRMED pour organiser les MEDEVAC et à moyen terme surveillance du bon suivi du personnel santé impliqué. Le poste de DIRMED adjoint est un poste passionnant alliant management des équipes médicales, gestion et supervision des différents moyens mais aussi une belle aventure humaine. Il m’a permis de confirmer, s’il le faut encore, l’efficacité de la chaine santé sur les théâtres d’opération ainsi que la compétence, la résilience et le courage du personnel des équipes médicales du SSA. 

MC Blandine

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INTERNATIONAL

Invictus game la directrice centrale au contact des athlètes et des équipes médicales en soutien

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es Invictus Games se sont déroulés du 20 au 27 octobre d e r n i e r à Syd n ey. Ce tte compétition, axée sur la reconstruction des militaires blessés, permet aux athlètes des pays engagés dans les conflits afghans et irakiens de venir défendre les couleurs de leur nation sportivement. Si l’ambiance s’apparente à celle des stades et complexes sportifs de compétitions nationales, c’est autour des valeurs de l’espoir et de la reconstruction que

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les applaudissements retentissent à l’unisson. La médecin général des armées Maryline Gygax Généro, s’est rendue sur place. Durant 2 jours, la directrice centrale a encouragé à la fois les militaires français qui ont été sélectionnés pour participer à cet évènement mais aussi l’équipe paramédicale du SSA qui les a accompagnés. Alternant entre compétitions sportives et temps d’échanges avec la délégation, le programme a été d’une grande

richesse. Power lifting (développer coucher), rowing (rameur), match de volley assis… les épreuves se sont enchainées mettant en avant l’impressionnante volonté de nos performeurs dans la compétition comme dans la reconstruction. Côté public, les familles et amis, ainsi qu’une partie de l’encadrement du CNSD, ont également mouillé le maillot. Applaudissements, hola, chants et cris d’encouragement ont rythmé les épreuves, faisant de ces supporters un allié fort pour aller à la conquête des résultats. Autorité supportrice, la directrice centrale a soutenu elle aussi, en direct des gradins, drapeau français en mains, nos brillants athlètes. Les félicitant à l’issue, elle a été particulièrement impressionnée par l’engagement de chacun des compétiteurs. Durant son temps de présence à Sydney, les athlètes et leurs proches lui ont exprimé leur ressenti quant à l’aventure de la reconstruction par le


INTERNATIONAL

sport et la prise en charge du service de santé des armées, particulièrement durant l’étape des Invictus Games. Le SSA étant auprès des militaires dès les premiers instants de la blessure, la MGA Gygax Généro accorde une importance toute particulière à ces retours constructifs et sincères. La convivialité de l’évènement a exacerbé les émotions de la délégation, ravie d’avoir pu échanger avec la plus haute autorité du Service. A la rencontre des personnels paramédicaux présents, la médecin général des armées Gygax Généro a procédé à des conversations individuelles et une table ronde. Les kinésithérapeutes, l’ergothérapeute et pour la 1ère année, la psychologue ont ainsi pu exprimer leur point de vue sur l’évènement et le suivi de ces patients sportifs. Accompagnée de son officier considération, c’est sous l’angle de la prise en charge de la blessure et des conditions d’exercice de ses personnels que la directrice centrale a ainsi pu faire un tour d’horizon des problématiques et de la qualité d’une telle manifestation. Au-delà de l’important travail réalisé, il en ressort une aventure humaine enrichissante pour ces jeunes militaires paramédicaux comme pour les membres de la délégation. 

Le Warrior care symposium

Le Warrior care symposium s’est tenu du 16 au 18 octobre 2018 à Sydney, précédant de quelques jours les Invictus Games.

I

nitié en 2015, il permet aux pays par tenaires, dont la France, d’échanger des informations, de développer et valider des solutions viables pour résoudre les problèmes, à court, moyen et long terme, dans les domaines de la résilience, de la récupération et la réadaptation ainsi que la réintégration de nos militaires blessés. Trois groupes de travail, chacun piloté par un pays membre, œuvrent tout au long de l’année sur ces thématiques. L’année 2018 a mis en exergue la potentialité d’un travail amont qui permettrait de préparer les militaires à l’exposition à l’évènement traumatisant. Parallèlement, les travaux sur la réhabilitation des blessés de guerre se poursuivent, en soulignant la nécessité d’établir des cohortes de suivi des blessés au long cours (20 ans).

Durant ces trois journées, vingt-quatre conférences ont été données permettant d’aborder différents sujets tels que, par exemple, l’étude de cohorte britannique sur les conséquences à long terme du traumatisme au combat, l’impact sur les familles dont les membres sont blessés, l’impact de la blessure et de sa signification sur l’identité, l’expérience britannique en matière de réhabilitation, l’ Art pour la récupération et la résilience, le rôle de l’entrainement cognitif dans la prévention des risques en santé mentale… La directrice centrale du service de santé des armées était cette année représentée par le chef de la division expertise et stratégie de santé de défense de la DCSSA, le médecin chef des services Rogier. 

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HOMMES ET FEMMES DU SSA

D’active ou de réserve, deux médecins hospitaliers témoignent : Retrouvons leur vision du métier de médecin dans cette interview croisée. Médecin principal Marc, entré en service en 2002, spécialité anesthésie réanimation, adjoint au chef de service et correspondant local pour la recherche clinique, HIA ClermontTonnerre. Quelles ont été vos motivations pour rejoindre le SSA ? J’ai rejoint le SSA pour conjuguer trois idéaux : devenir médecin, exercer en équipe, vivre des expériences sortant de l’ordinaire ! Quel est votre quotidien au sein de l’HIA ClermontTonnerre ? Je suis affecté au sein du service d’anesthésie et donc à ce titre effectue le travail quotidien de tout anesthésiste : vacations au bloc opératoire, consultations anesthésiques, visites pré anesthésiques, gardes en anesthésie et en réanimation. J’exerce également régulièrement au sein du CHRU de Brest. J’ai parallèlement une activité d’enseignement (formations FAST échographie au profit des médecins des forces notamment) et de recherche (participation à des études cliniques, correspondant local pour la recherche clinique de l’HIACT). Pouvez-vous nous décrire une de vos expériences opérationnelles ? Je suis au moment où je réponds à cet interview déployé sur le Bâtiment de Projection et de Commandement Dixmude dans le cadre de l’exercice OTAN Trident Juncture. Nous avons fait face avec l’ensemble de l’équipe médicale et

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LE MÉDECIN PRINCIPAL MARC, PRATICIEN D’ACTIVE.

paramédicale embarquée à un crash d’hélicoptère faisant quatre blessés dont un grièvement, il y a moins d’une semaine. Le professionnalisme, la réactivité et l’énergie de chacun ont permis de prodiguer les meilleurs soins aux blessés qui sont à présent hors de danger. Concrètement comment se passent les relations de travail entre médecin d’active et médecin de réserve ? Quels sont les plus-values, les freins ? Je n’ai jamais ressenti de réelle différence de relation de travail avec un médecin d’active ou de réserve. Un enthousiasme communicatif, un regard neuf et une grande expertise sont des qualités que je ressens souvent avec les médecins de réserve. La présence discontinue, en pointillés des médecins de réserve est un frein, mais est inhérente à leur statut. Quel message souhaiteriez-vous faire passer à vos confrères ? Aux médecins d’active : la collaboration avec la réserve est une chance, faisons chaque jour en sorte que cette alliance soit gagnante ! Aux médecins de réserve : merci de votre participation précieuse, votre contribution permet la réussite de tous !


HOMMES ET FEMMES DU SSA

LE MÉDECIN EN CHEF DE RÉSERVE, CHRISTOPHE.

Le médecin en chef de réserve Christophe, praticien au CHRU de Brest, participe activement à la réserve opérationnelle du SSA au sein du service d’anesthésie réanimation de l’HIA ClermontTonnerre ainsi qu’en opérations extérieures.

Quelles ont été vos motivations pour rejoindre le SSA ? Plusieurs membres de ma famille ont servi la France au fil des générations, j’ai souhaité m’inscrire dans cette tradition. S’engager dans la réserve opérationnelle, c’est donner de soi et de ses compétences pour le bien commun. C’est l’opportunité de pouvoir partir en OPEX ou OPINT afin de soutenir nos armées partout où elles sont engagées pour la sécurité des français. Quel est votre quotidien au sein de l’HIA CT ? Je prends deux gardes d’anesthésie et de réanimation par mois à l’HIA, où j’ai été très bien intégré par les équipes médicales et paramédicales. Je participe à la formation des médecins des forces à la FAST échographie au centre de simulation de la Faculté de médecine, et à celle des internes militaires au bloc opératoire. Pouvez-vous nous décrire une de vos projections opérationnelles ? En 2016, j’ai participé au soutien médical de l’Opération Harpie en Guyane en tant que médecin des forces. Cette mission de lutte contre l’orpaillage clandestin était très opérationnelle : poste avancé avec l’Infanterie de marine,

patrouilles de plusieurs jours en jungle, vols en Casa et Puma, progressions en pirogues sur le Maroni, astreinte Medevac, médecine tropicale. Concrètement comment se passent les relations de travail entre médecin d’active et médecin de réserve ? Quels sont les plus-values, les freins ? Médecins d’active et de réserve appartiennent à l’Ensemble Hospitalo-Universitaire Civil et Militaire Brestois, au sein duquel ils œuvrent régulièrement ensemble. L’HIA apporte sa culture du « Damage control », le CHU la variété des spécialités et la Faculté ses moyens pédagogiques. Reste à développer et pérenniser les réseaux pour la formation militaire (ISTC) des réservistes. Quel message souhaiteriez-vous faire passer à vos confrères ? Il est indispensable de maintenir un bon niveau opérationnel (SC3, ISTC, OPEX) pour nous permettre d’affirmer nos valeurs, notre engagement et notre capacité à servir aux côtés de nos camarades d’active en France, comme sur les théâtres d’opérations extérieures.

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INNOVATION / RECHERCHE

Au cœur de la recherche et de l’innovation : le PORI Le 18 décembre 2018, le conseil d’orientation de la recherche (CORe) s’est réuni à Balard afin de valider le plan d’orientation de la recherche et de l’innovation (PORI). Cette 17ème réunion du CORe a rassemblé plus de 40 représentants des forces, de la gendarmerie, de la DGA, de la recherche civile et du service de santé des armées. La recherche et l’innovation sont des priorités du service de santé des armées (SSA). Leur objectif est d’améliorer la disponibilité et la santé des militaires en tenant compte des circonstances et des conditions de préparation et d’engagement opérationnel des militaires. Toutes les composantes du service de santé sont impliquées, pour contribuer à l’avancée des connaissances, au développement de nouvelles pratiques, aux missions d’exper tise et aux innovations techniques. La politique de recherche et d’innovation du SSA s’appuie sur un plan d’orientation de la recherche et

de l’innovation, le PORI, dont la portée est de 5 ans, révisé annuellement. Il est le fruit d’interactions riches entres

les armées, directions et service et les acteurs du service de santé. Le PORI est piloté par la division expertise et stratégie santé de défense à la direction centrale du service de santé des armées (ESSD), en étroite collaboration avec la direction de la formation, de la recherche et de l’innovation (DFRI) et les acteurs des cinq composantes (médecine des forces, hôpitaux, formation, recherche, ravitaillement). Depuis deux ans, la construction du PORI est basée sur le recueil des expressions de besoin des armées, directions et services - dont le SSA et le recueil des projets de recherche que le SSA mène. Au total, plus

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INNOVATION / RECHERCHE

de 300 projets de recherche ou d’innovation ont été recensés, et plus d’une centaine de besoins ont été exprimés. Grâce à la participation active de tous les acteurs concernés, le PORI constitue un cadre d’action consensuel de la fonction recherche. Le PORI, c’est d’abord une revue détaillée de l’organisation de la recherche et de l’innovation. Il rappelle le rôle de chacun des acteurs de la recherche, depuis la division ESSD (en charge de l’élaboration de la politique de recherche), la DFRI (en charge de la mise en œuvre de la recherche), les établissements jusqu’aux acteurs de la recherche. Ces derniers doivent recentrer la recherche sur les besoins du SSA tout en s’inscrivant dans le paysage de la recherche du monde civil. L’ouverture des équipes de recherche du SSA à la recherche civile est encore renforcée avec la consolidation d’une politique de partenariat à travers la participation d’équipes de recherche du SSA à des unités mixtes de recherche, maillons essentiels de la recherche en France. En présentant les modalités de pilotage et les critères d’évaluation des projets de recherche mis en œuvre par la DFRI, le PORI a vocation à aider les porteurs de projets dans l’élaboration de leurs propositions d’études. Le PORI, c’est aussi une définition précise des priorités dans lesquelles la recherche du SSA doit s’inscrire :

ces priorités tiennent compte des besoins exprimés par les armées et des questions qui font partie pour le SSA des domaines prioritaires en santé. Elles tiennent compte également de l’impact potentiel des recherches sur la santé, la disponibilité des militaires, leur chance ou non d’aboutir à des résultats concrets, des exigences ou contraintes règlementaires ou éthiques, des partenariats possibles, ou au contraire de l’exigence d’autonomie sur la problématique posée. Ces domaines peuvent être résumés en grandes thématiques : nucléaires, biologiques et chimiques par agents ou non de la menace, traumatisme et usure, qu’ils soient psychologiques ou physiques, depuis la prise en charge du traumatisme, en particulier de guerre, jusqu’à la réhabilitation, mais également toutes les conséquences des expositions répétées aux agressions physiques, psychiques, physiologiques… Ce sont également les domaines de recherche liés au milieu d’emploi, et aux conditions opérationnelles. Ce sont enfin des domaines qui concernent spécifiquement la médecine militaire dans ses fonctions de suivi de l’aptitude du personnel, formations pédagogiques, management.

En s’appuyant sur le PORI, la DFRI peut coordonner les actions de recherche et d’innovation de l’ensemble du service afin de toujours mieux répondre aux besoins des forces et du service de santé. Le PORI doit être largement diffusé au sein du ministère des armées, c’est un instrument de communication. C’est aussi un outil structurant de la fonction recherche du service qui doit être porté à la connaissance de  tous. Actu Santé n° 152 • Hiver 2018 - 2019

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INNOVATION / RECHERCHE

Combattants exposés au bruit : des recherches menées pour proposer des solutions Le bruit est l’agent agresseur de l’audition le plus puissant. C’est également le plus fréquent, en particulier pour les militaires, du fait de leur exposition au bruit d’armes et au bruit d’engins. Le futur plan « Acouphènes et Surdité » 2019-2021 illustre les efforts du SSA dans ce domaine.

L

es militaires exposés au bruit bénéficient déjà d’un suivi périodique par audiométrie tonale ; cet examen consiste à détecter des sons purs, mais dans le silence uniquement. Cependant, depuis environ 10 ans, les preuves s’accumulent et pointent l’incapacité de cet examen à détecter un type de lésions induites par le bruit : les atteintes synaptiques entre le nerf auditif et les cellules sensorielles de l’oreille interne ou synaptopathies cochléaires. Ces lésions conduiraient à une difficulté à comprendre la parole dans le bruit. Le premier objectif du projet ECO (Exposition à des flux auditifs multiples : conséquences sensorielles et Cognitives), conduit par l’IRBA, était de proposer des pistes pour détecter ces lésions afin d’améliorer le suivi auditif des militaires. Du fait de l’aspect dual des études sur le bruit, plusieurs équipes scientifiques civiles de très haut niveau ont participé à ce projet : le laboratoire « systèmes perceptifs » de l’Ecole Normale Supérieure, le laboratoire d’audition de l’Université Clermont Auvergne et celui du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (CNRL). Ainsi,

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un ensemble de tests comportementaux et électrophysiologiques a été combiné avec des données sur l’exposition au bruit d’environ 150 sujets en allant au plus près d’eux, sur le terrain, grâce au laboratoire mobile d’audition de l’IRBA. A partir des résultats obtenus, un test sur tablette a pu être conçu. Il consiste à détecter des signaux de parole dans le bruit. Comparativement à l’audiométrie, il peut être réalisé sans chambre sourde et serait plus efficace pour le suivi auditif. S’il vous est arrivé d’être gêné quand plusieurs personnes parlent en même temps, vous êtes peut-être porteur de « synaptopathie cochléaire ». Les militaires connaissent bien ces situations, dites de « cocktail party ». Les échanges radio sont au cœur du problème, surtout avec les systèmes de nouvelle génération comme celui qui sera offert par le programme CONTACT (communication numérique tactique et de théâtre) où jusqu’à cinq canaux radio pourront être présentés à l’auditeur. C’est pourquoi la seconde partie du projet ECO a abordé la mesure physiologique de l’effor t d’écoute en situation de « cocktail party » afin de proposer des pistes pour

améliorer l’intelligibilité et diminuer l’effort d’écoute. Les résultats obtenus grâce à des mesures en spectroscopie fonctionnelle en proche infrarouge et en dilatation pupillaire ont montré l’intérêt de l’utilisation de la spatialisation sonore (Audio 3D). Grâce à ce résultat, la technologie Audio 3D a été intégrée dans les systèmes CONTACT. Les recherches sont en cours à l’IRBA pour aller au-delà de cette preuve de concept et préciser l’intérêt de cette technologie chez les sujets ayant souffert de traumatismes sonores. Et maintenant ? Les études sur les atteintes auditives liées au bruit devraient se poursuivre à travers le futur projet ANTINOISE où l’IRBA et le SSA joueront un rôle clé. Son ambition est de réunir un consortium d’équipes scientifiques et d’industriels pour franchir un cap dans la lutte contre les effets délétères liés à l’exposition au bruit en proposant des moyens de protection de nouvelle génération combinés à des moyens diagnostics innovants et un ensemble thérapeutique.  MC Guillaume - SACE Gabrielle


INNOVATION / RECHERCHE

Vous avez une idée novatrice ? Les bons réflexes ! 1 2

Je confronte mon idée aux orientations données par le PORI en allant le consulter sur le guichet unique de la recherche et de l’innovation WebSSA.

Je réponds au PORI. Je cherche un soutien technique et financier au sein du ministère des Armées en répondant à l’appel à projet. J’explore un soutien externe si le SSA ne peut pas le faire.

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Je collabore au monitoring de l’étude.

8 J’analyse mes résultats et j’en tire des conclusions scientifiquement robustes.

Je m’interroge sur la propriété intellectuelle du produit final.

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Dans tous les cas je rédige un protocole de recherche et j’engage les démarches réglementaires adaptées au type de recherche (CPP, ANSM, CNIL, …) avec l’aide de la DFRI.

9 Si mon idée ne nécessite pas de recherche (innovation organisationnelle par exemple) je peux directement la tester et la valoriser.

5 Si mon idée nécessite une recherche la première question à se poser est : implique-t-elle ou non la personne humaine ? Oui (recherche interventionnelle ou non) Non (recherche sur une base de données ou sur une collection d’échantillons biologiques légalement constituée par ex)

Mon idée était bonne et peut être valorisée en particulier par une innovation.

Abréviations : DFRI (Direction de la Formation de la Recherche et de l’innovation) AID (Agence de l’Innovation Défense) BRI (Bureau Recherche et Innovation)

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DOSSIER : LE DÉVELOPPEMENT CAPACITAIRE

Le développement capacitaire Aujourd’hui et demain, le soutien médical des engagements opérationnels repose sur l’organisation d’une chaîne de soins intégrée et complète. Dans le but de toujours être en mesure de garantir la meilleure qualité de prise en charge, nous devons adapter nos capacités militaires aux conditions du combat et aux évolutions des techniques médicales. En ce sens, le développement capacitaire doit s’appuyer sur une doctrine, une organisation, des ressources et de la formation, en intégrant la soutenabilité des solutions retenues. Ce dossier spécial est l’occasion de montrer plusieurs développements capacitaires en cours.

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DOSSIER : LE DÉVELOPPEMENT CAPACITAIRE

Développement capacitaire ou penser aujourd’hui pour préparer demain

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eux principaux éléments sont à la base de la conception de la chaîne du soutien médical en opération, d’un côté les données militaires et de l’autre les données techniques. Les données militaires nous montrent que si, historiquement la violence diminue, les conflits se succèdent et ne se ressemblent pas. On peut toutefois dégager quelques tendances. Globalement, les systèmes de défense font appel à une technologie de plus en plus coûteuse sans que les budgets suivent le même rythme. On a donc moins de combattants et plus de matériels coûteux. Comme les zones d’opérations sont toujours aussi vastes, le mode d’action principal repose sur des petits détachements mixtes, interarmes et interarmées, mobiles et pouvant recourir à une large palette d’appuis. On observe ainsi, depuis plusieurs années, une plus grande dispersion des forces sur le terrain, allant de pair avec une meilleure mobilité et un renforcement de la coordination interarmes et interarmées. La difficulté

pour la chaîne de soutien médical est de pouvoir couvrir toute la zone des opérations avec la même qualité de prise en charge alors même que la survenue de blessés est aléatoire.

un système d’information de tenue de situation opérationnelle. Il nous manque toujours un registre de l’activité technique en opération qui permette d’améliorer nos pratiques, etc.

Les données techniques sont, à l’identique des données militaires, en perpétuelle évolution. En quelques années, le sauvetage au combat s’est ajouté à la médicalisation de l’avant et l’emploi des techniques de damage control s’est généralisé. De nouveaux métiers font leur apparition comme celui d’assistant médical ou l’infirmier de pratique avancée. La création d’unités chirurgicales très légères apportent la chirurgie à l’avant alors que ce rôle était dévolu aux antennes chirurgicales. La chirurgie en vol vient d’être validée. La téléexpertise médicale est en train d’être implémentée. L’emploi du sang total, hors collecte locale, arrive à l’avant. La coordination des évacuations médicales a connu des développements sans précédents. On le voit, beaucoup a été fait et beaucoup reste à faire ou à inventer : il nous manque par exemple

Les évolutions rapides de nos conditions de déploiement, en Afghanistan puis au Sahel et au Levant, attestent de l’importance d’une adaptation et d’une mise en cohérence permanente de notre doctrine et de nos moyens face aux réalités du terrain. C’est tout l’enjeu de disposer d’un processus de développement capacitaire qui permette de combiner les données militaires et les données techniques. Tout développement d’une capacité doit se concevoir d’une manière globale et être accompagné d’une Doctrine permettant d’expliquer sa finalité, d’une Organisation et de Ressources (humaines et infrastructure) permettant sa mise en œuvre, d’Equipements opérationnels pouvant être Soutenus dans la durée et des périodes d’Entrainement organisées (DORESE). 

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DOSSIER : LE DÉVELOPPEMENT CAPACITAIRE

Le développement capacitaire, c’est l’affaire de tous

A ©UCPE/IRBA

dapter en permanence les capacités opérationnelles du SSA aux enjeux de demain est le fer de lance du bureau Emploi de la Division opérations. Interlocuteur direct de l’EMA, de la DGA et des armées pour les programmes d’armement impliquant le SSA, le bureau Emploi pilote également la conception des unités médicales opérationnelles. Une directive est en cours de rédaction pour cadrer le développement des capacités du SSA.

Le bureau s’appuie sur un réseau d’experts, de techniciens et d’utilisateurs appartenant à toutes les composantes du Service. Plusieurs projets ont déjà été menés par des personnels des forces et des hôpitaux. D’autres ont été initiés suite à des RETEX du terrain. La construction des capacités médicomilitaires, bien que pilotée par le bureau Emploi, est du ressort de tous !  MC Vincent BACQUEY

3 questions à ... IA4G William MENINI

MP Raphaelle SALOME

À quels projets de développement capacitaires avezvous participé ? Je collabore à la recherche et au développement des protections balistiques et à l’évaluation des risques du champ de bataille. J’ai intégré ensuite l’équipe projet de la nouvelle antenne chirurgicale.

À quels projets de développement capacitaire avezvous participé ? J’ai participé à la conception du kit médical sur VAB Ultima et VBCI (constitution du kit, agencement dans les véhicules et tests de roulage).

Qu’est-ce que cela vous a apporté sur le plan personnel et professionnel ? Ces projets sont très enrichissants. Cela impose de se remettre en question, de s’adapter et d’innover. C’est aussi gratifiant et motivant car nos camarades comptent sur nous. Conseillerez-vous à vos camarades de s’engager dans cette démarche ? Sans aucune hésitation ! L’investissement personnel (et familial) est intense, les journées à rallonge mais c’est tellement valorisant d’apporter sa pierre à l’édifice !

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Qu’est-ce que cela vous a apporté sur le plan personnel et professionnel ? Cette mission a été très valorisante comme médecin des forces. J’ai découvert une nouvelle facette de mon métier. J’ai également apprécié de travailler avec la STAT. Conseillez-vous à vos camarades de s’engager dans cette démarche ? Je conseille vivement à mes camarades de s’y engager et me réjouis que la DCSSA sollicite les praticiens de terrain.


DOSSIER : LE DÉVELOPPEMENT CAPACITAIRE

la protection du personnel au cœur des préoccupations Les conditions opérationnelles en OPEX imposent d’améliorer la protection des personnels du SSA durant les opérations. A ce titre, deux programmes en urgence opérationnelle ont été menés dans les 6 derniers mois par le service de santé des armées et l’armée de Terre.

Médicalisation des VBCI et VAB Ultima Dans l’attente des VAB SAN CIED, il était nécessaire de protéger au plus vite nos personnels sur le théâtre Barkhane. En collaboration avec l’EMAT, la section programmes-équipements opérationnels du bureau Emploi de la division Opérations a travaillé sur des kits de médicalisation des véhicules blindés d’infanterie (VBCI et VAB Ultima). Construit dans un délai très contraint (moins de quatre mois), ce projet a réuni des équipes de la section technique de l’armée de Terre (STAT), du bureau Emploi et de l’EMO Santé et une équipe de la direction de la médecine des forces (DMF). Le déploiement sur Barkhane de ces kits sur VBCI et VAB Ultima s’échelonne d’octobre 2018 au printemps 2019.

Amélioration du programme VAB SAN Dans l’attente de la génération suivante de véhicules blindés (GRIFFON SAN, SERVAL SAN), deux programmes d’amélioration de la protection des VAB SAN sont déjà en cours. Ces

deux programmes réunis permettront de créer une capacité unique de VAB SAN contre-IED (VAB SAN CIED). Ces opérations permettront d’amener leur protection au niveau des VAB Ultima infanterie. Par ailleurs, une mise à niveau de la partie médicale du VAB SAN permettra de proposer un nouveau système de

porte-brancard adapté aux conditions d’exercice actuelles. L’espace de travail, les rangements ont également été revus. La mise à disposition des premiers véhicules interviendra à l’été 2019 pour une fin en 2022. Le théâtre Barkhane sera équipé prioritairement de ces VAB SAN CIED.  Actu Santé n° 152 • Hiver 2018 - 2019

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DOSSIER : LE DÉVELOPPEMENT CAPACITAIRE

S’adapter aux besoins opérationnels Le SSA, toujours en quête de l’amélioration de la prise en charge des blessés, a financé plusieurs matériels modernes et adaptés aux conditions de travail des équipes médicales sur le terrain. Découvrez un échantillon des matériels récemment mis en place au sein du Service. Echographes portables et ultraportables La DAPSA a initié fin 2017 une procédure d’appel d’offres pour l’acquisition d’échographes portables et ultraportables au profit du service de santé des armées. Cette procédure couvre l’ensemble des besoins opérationnels du SSA en échographes portatifs et miniaturisés pour une offre de soin tout au long de l’acheminement d’un blessé de guerre. Sont ainsi désormais disponibles des matériels extrêmement miniaturisés (U-Lite) afin de traiter un blessé au plus près du combattant (unités médicales opérationnelles - UMO - du rôle 1), des appareils performants et robustes dans des conditions d’emploi opérationnelles

exigeantes (Logiq v2) pour les UMO des rôles 2 et 3 (à terre ou embarquées) et également un parc de matériel dédié

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aux évacuations médicales stratégiques (Falcon, A330) et tactiques (Casa, A400M) répondant aux contraintes aéronautiques (Edge II et M-Turbo). La collaboration entre les médecins utilisateurs (médecins anesthésistesréanimateurs des HIA, praticiens spécialistes de la médecine aéro­ nautique, médecins des antennes médicales spécialisées), la PFAF-santé et le service ingénierie de l’ECMSSA a permis de définir les choix opérationnels de demain en échographie pour le besoin des armées.

Monitorage Dans le cadre de la modernisation du parc des moniteurs du service de santé des armées, un des éléments essentiels dans la prise en charge d’un blessé en opération extérieure (surveillance de ses paramètres physiologiques), une procédure d’acquisition de moniteurs multiparamétriques a été déployée par la PFAF-santé depuis le mois de juillet 2018. Ces équipements sont destinés à être utilisés dans un environnement non hospitalier, allant de la prise en charge de l’urgence (rôles 1) jusqu’aux soins intensifs dans les unités médicales opérationnelles (rôles 2 et 3) ou encore

dans des structures mobiles telles que les véhicules terrestres ou aéronefs médicalisés. Un travail collaboratif avec le consultant national en anesthésie réanimation, des médecins urgentistes ainsi que des anesthésistes réanimateurs de divers établissements a permis de définir les caractéristiques techniques des moniteurs et d’aboutir à la décomposition en plusieurs lots. Ils ont ainsi répondu aux différents besoins opérationnels en prenant en compte la résistance à des conditions climatiques extrêmes (altitude, températures, vent, précipitations et humidité, sable et poussière…). Ainsi, deux matériels sont désormais disponibles : le Meducore standard 2, appareil compact et robuste tout à fait adapté à la prise en charge de l’urgence, il permet le monitorage de la PNI, SPO2, ECG. Le Corpuls 3, matériel ergonomique et à conception modulaire qui offre un large panel de mesures (pression invasive, PNI, SPO2, ETCO2, ECG et température) sous forme de module que l’on peut ajouter ou supprimer selon la configuration souhaitée par rapport aux modalités d’utilisation.


DOSSIER : LE DÉVELOPPEMENT CAPACITAIRE

Oxycos Sous l’impulsion du commandement des opérations spéciales et du service ingénierie de l’ECMSSA, le SSA a fait développer une solution innovante d’emport d’oxygène médical avec un dispositif résistant (conception à enroulement filamentaire de carbone et aluminium), léger (2,28 kg) et compact (1 litre). Sa pression de remplissage supérieure aux standards (300 bars) permet de disposer d’une plus grande quantité d’oxygène. Ainsi, la bouteille restitue 300 litres d’oxygène médical avec un débit réglable jusqu’à 15 litres par minute. La bouteille, ainsi développée en partenariat avec une PME française (SIM - Service Industrie Marine), est utilisable jusqu’à une altitude maximale de 8000 mètres, pour une plage de températures d’utilisation entre -40°C et +65°C. Qualifiée militaire pour emploi sur tous types de vecteurs terrestres, aériens ou maritimes, elle permet désormais de disposer d’une source d’oxygène médical au plus près des zones de combat, sans augmenter notablement la charge d’emport des infirmiers ou médecins militaires.

©ECMSSA/IS

Scanner PA Charles de Gaulle

opérationnelle le 1 er octobre 2018, les travaux ont nécessité 5 mois de coordination (livraison, acheminement depuis le pont d’envol, réalisation du système de fixation …).

Module Vétérinaire

Le SSA, en partenariat avec Philips et Naval Groupe, a procédé à la modernisation du scanner du porteavions Charles de Gaulle. Les travaux de démontage de l’ancien scanner mono-barrette (TOMOSCAN M35 Philips) et d’installation du nouveau scanner 64 barrettes (Ingenuity Core Philips), ont été réalisés par l’ECMSSA. Mis en ser vice

©VEC Couvreur Pascal

Un programme de rénovation et de transformation a été décidé par la DCSSA permettant une réadaptation complète des équipements techniques modulaires (ETM) « pharmacie » en module vétérinaire. Le groupe de travail (DAPSA, ECMSSA, vétérinaire et société Cegelec) a abouti à la projection du premier module à Gao en janvier 2018. Un premier RETEX a permis de constater de nombreux points positifs et notamment une nette amélioration des conditions de travail sur le terrain. Des évolutions sur certains points ont également été préconisées et sont d’ores et déjà à  l’étude.

©TSH1 Andreis

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DOSSIER : LE DÉVELOPPEMENT CAPACITAIRE

Agents NRBC : se tenir prêts ! Sur fond de risque épidémique biologique naturel (Ébola, peste…), l’utilisation d’agents nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques (NRBC) menace la sécurité nationale. Le SSA prépare et organise la réponse opérationnelle en améliorant sans cesse ses capacités médicales NRBC pour les adapter à l’état de la menace et aux évolutions technologiques actuelles. Tour d’horizon des projets qui seront déployés dans les 4 prochaines années.

G

râce à une veille et une analyse stratégique permanentes, le SSA adapte son large éventail de capacités NRBC aux enjeux et aux besoins identifiés. Détection et identification de la nature d’un évènement, diagnostic, traitements,

capacités de transport terrestre et aérien, protection des soignants prenant en charge des victimes contaminées, intoxiquées ou contagieuses : chaque maillon de la chaîne médicale fait l’objet de travaux conduits par des experts et des utilisateurs pour améliorer

l’efficacité de la réponse aux agents NRBC. Des solutions sont parfois déjà commercialisées. A défaut, elles doivent être conçues, testées, puis déployées sur le terrain. Piloté au sein du bureau NRBC de la direction centrale du SSA, le développement de nouveaux outils au bénéfice de la chaîne médicale repose sur une démarche capacitaire. Le personnel du Service (utilisateurs de terrain, spécialistes, experts NRBC de l’institut de recherche biomédicale des armées et du service de protection radiologique des armées, ingénieurs biomédicaux et acteurs du ravitaillement), les armées et la direction générale de l’armement collaborent sur ces projets. Dès 2019, les armées seront dotées d’un nouveau radiamètre DOM 420 qui intègrera une sonde médicale pour le diagnostic de la contamination externe et interne par particules alpha. Grâce à la prise en compte des besoins du SSA dès la phase de conception de ce projet, les plaies radio-contaminées pourront bientôt être explorées plus précisément. En 2019 également, des outils simplifiés de détection d’agents de la menace seront mis en œuvre dans l’ensemble de la chaîne médicale : tickets détecteurs, tests Elisa et techniques de PCR. Adaptés aux OPEX, ces nouveaux outils prennent en compte les dernières évolutions scientifiques, notamment en

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DOSSIER : LE DÉVELOPPEMENT CAPACITAIRE

termes de miniaturisation. Les appareils de contrôle de la contamination chimique (AP2C) seront remplacés par des modèles aux performances étendues, optimisant ainsi la détection de contrôle des toxiques chimiques de guerre. Toujours en 2019, les capacités de décontamination préhospitalière seront modernisées permettant une mise en œuvre facilitée. Grâce à l’emploi de containers dans les modules mobiles de décontamination, le temps nécessaire au déploiement de la structure sera diminué par 3 et cela avec 5 fois moins de personnel. A l’orée 2020, la Medical Deployable Outbreak and Incident Investigation Team (MED DOIIT) devrait être projetable. Cette nouvelle capacité à faible empreinte logistique, sur laquelle la France travaille activement au sein de l’OTAN, permettra d’investiguer rapidement un événement dont on ne connait pas l’origine, grâce à une équipe multidisciplinaire de spécialistes disposant d’un laboratoire d’analyses. En 2021, le laboratoire d’urgence radiologique sera modernisé pour faciliter sa mise en œuvre et permettre au SPRA d’assurer, avec une efficacité renforcée, le triage radiologique, l’expertise, l’adaptation des contremesures médicales et la surveillance de victimes d’un évènement radiologique ou nucléaire sur le sol national et en OPEX.

Cette année-là, les tenues légères de décontamination (TLD), qui équipent le personnel soignant, seront remplacées par des décontaminateurs à liaison intégrée (DELIN). Sorte de scaphandre, cette nouvelle tenue renforcera la protection des soignants tout en optimisant le confort et l’ergonomie pour la décontamination médicale approfondie des victimes : vision panoramique, soufflante d’air réduisant les contraintes physiologiques, gants facilitant la préhension fine.

obtenir ces avancées concrètes sur le terrain. Se préparer à un évènement NRBC, c’est construire ensemble les outils qui permettent d’affronter la menace tout en maintenant le meilleur standard de soins. 

Poursuivant les travaux conduits dans le cadre de l’épidémie Ebola, le SSA élabore actuellement une nouvelle capacité de prise en charge de patients hautement contagieux, adaptée à l’ensemble du spectre biologique.

Comprenant des caissons de transport terrestre, des chambres de confinement pour les MEDEVAC stratégiques et des chambres d’hospitalisation à pression négative pour les rôles 2 à terre et embarqués, cette capacité devrait être mise en œuvre dès 2022. L’implication de tous les acteurs du SSA, à toutes les étapes de la démarche capacitaire, est fondamentale pour Actu Santé n° 152 • Hiver 2018 - 2019

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DOSSIER : LE DÉVELOPPEMENT CAPACITAIRE

Nouveaux concepts : chirurgie en vol

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appui des opérations conduites par le Commandement des Opérations Spéciales au profit de partenaires (Advise, Assist, Accompany).

Qu’il s’agisse de soutien médicochirurgical d’opérations de contreterrorisme et libération d’otage, ce module trouve aussi sa place en

« Le geste chirurgical salvateur, au bon endroit au bon moment ». Fidèle à ce concept d’emploi, mais dans une configuration nouvelle, réduite à sa plus simple expression (90kg de matériels chirurgical et de réanimation répartis en 4 sacs) et récemment validé par le SSA pour le soutien des opérations spéciales, ce module est en perpétuelle mutation. Il permet aujourd’hui, à bord d’un aéronef, de rapprocher un chirurgien et un réanimateur quand le blessé est trop éloigné et de valoriser, au besoin,

onçu en 2008, le module de chirurgie vitale est intégré par les armées, en soutien des opérations. Régulièrement engagé en soutien des opérations spéciales sur préavis extrêmement courts, cet outil de chirurgie et de réanimation de sauvetage, permet d’apporter le maximum de chances de survie à un blessé, notamment dans des opérations marquées par une sensibilité politique et stratégique majeure, une forte austérité logistique et des élongations importantes.

le temps de vol par la chirurgie. Si ce module offre l’opportunité d’améliorer la prise en charge chirurgicale initiale et in extremis d’un blessé hémorragique très isolé, la suite du traitement nécessite une chirurgie de second temps dans une structure chirurgicale apte à poursuivre les soins. Embarqué à bord de tout type d’ ATT dont les plus agiles et les plus rustiques comme le DHC6 Twin Otter, ce module rend acceptables et soutenables des opérations qui étaient jusqu’à présent complexes à concevoir, planifier et conduire du fait de leur isolement. 

MC Pierre Mahé MC Nicolas Zeller

«Le geste chirurgical salvateur, au bon endroit au bon moment ».

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DOSSIER : LE DÉVELOPPEMENT CAPACITAIRE

Une chirurgie toujours plus à l’avant

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a conduite de la réanimation et du geste chirurgical salvateur à l’avant est un pilier de la doctrine française du soutien médical aux opérations. Aussi, le SSA déploie des antennes chirurgicales (AC), structures chirurgicales légères et mobiles. Depuis leur mise en service en 2005, leur dotation s’est considérablement alourdie, sans augmenter la capacité à traiter des traumatisés très sévères ou plusieurs blessés simultanément. En parallèle, les modes d’actions militaires ont évolué vers toujours plus de mobilité, impliquant la réduction de l’empreinte logistique. Dans ce contexte, il est apparu nécessaire de repenser cet outil indispensable au soutien médicochirurgical des forces. Les travaux débutés en 2016, capitalisant l’expérience opérationnelle des 10 dernières années, sont sur le

point d’aboutir. Un prototype est en cours de finalisation à l’ERSA de Vitry. Conçue pour la réanimation et la chirurgie de sauvetage, cette AC peut activer jusqu’à deux blocs opératoires simultanément. Elle peut prendre en charge 4 blessés Alpha et 4 blessés Bravo/Charlie par jour. Résolument tournée vers la mobilité, elle se déploie en 3 heures et se re-déploie en 6 heures. Sa dotation globale avoisine les 5 tonnes et lui offre 48 heures d’autonomie. La mise en œuvre d’une version allégée est très simple à partir de la dotation initiale si les conditions tactiques l’imposent. Les principales innovations sont sur tout organisationnelles mais aussi technologiques. L’adossement systématique à un poste médical, l’utilisation du flux poussé dans le ravitaillement médical et la modularité

complète de sa structure participent de son agilité. Les dotations permettent une prise en charge moderne du blessé hémorragique. Cette nouvelle AC est de fait une unité mobile de Damage Control, incluant chirurgie de sauvetage et réanimation intensive. Des modules additionnels (hospitali­ sation, stérilisation) pourront compléter les capacités de l’ AC, notamment pour l’aide médicale à la population. La prochaine étape du projet sera l’évaluation technico-opérationnelle programmée au premier trimestre 2019. 

MC Jean-Philippe AVARO MC Pierre PASQUIER MP Antoine LUFT

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DOSSIER : LE DÉVELOPPEMENT CAPACITAIRE

Les avancées du numérique Axone : objets connectés au service du métier

L

e projet Axone accompagne la transformation de la médecine des forces. Outil moderne et robuste de gestion du dossier médico-militaire, enrichi des apports du numérique et de la e-santé, il vise une rénovation et une sécurisation des pratiques. Il pourra utiliser une gamme d’objets connectés tel que les ECG, puis les audiogrammes ou encore les stéthoscopes et otoscopes. Il sera

évolutif, intégrant les remontées du terrain et les progrès de la e-santé.

permettra de se recentrer sur le cœur de métier.

Quels bénéfices ?

Analyse et ouverture : les données stockées dans un format standardisé seront utilisables par les algorithmes d’analyse intégrés à Axone, offrant de nouvelles perspectives pour le suivi patient dans un parcours de soin partagé. 

Simplification des procédures et qualité accrue : les données acquises numériquement seront directement versées au bon format dans le dossier patient, limitant le risque d’erreurs. L’absence d’intermédiaire papier

Cyber sécurité et normes santé Axone respecte les normes de sécurité défense et santé. Ne seront connectés que des objets reconnus en tant que dispositifs médicaux, faisant l’objet de procédures de sélection et de contrôle de leurs spécifications techniques à l’exclusion des objets connectés « grand public » destinés à être utilisés directement par les patients.

: MP Guillaume MARTIN, MC Hubert ROGER, MC François DEBRUS

ISSAN : CTM déployé, SIRMED en test, l’étape 2 en cible

D

epuis juin 2018, la solution de télé-expertise CTM est déployée au profit des Rôles 2 de Gao. Pour le moment, seul le service d’imagerie de l’HIA Percy reçoit les demandes dans le cadre de cette expérimentation.

cellule de régulation et aux structures médico-chirurgicales, elle permet au médecin régulateur d’orienter le patient en prenant en compte l’urgence, les vecteurs d’évacuation disponibles et d’anticiper l’arrivée du patient à la structure idoine.

Basé sur une solution dédiée à l’imagerie médicale, le système, adapté aux besoins du SSA permet de transmettre toute pièce numérisable ouvrant plus largement le champ des possibles en télé-expertise.

Le module d’épidémiologie en temps réel (ETR), successeur d’ ASTER, rentre dans sa dernière phase pour une livraison début 2020.

Actuellement déployé selon une architecture transitoire visant à répondre au besoin opérationnel, le bureau Emploi prépare les dernières expérimentations (BPC Tonnerre, CMCIA de Djibouti) permettant le déploiement définitif en 2019, Présenté aux utilisateurs à EuroSATORY 2018, SIRMED permettra aux équipes médicales à l’avant de saisir une fiche médicale de l’avant sur des tablettes durcies. Diffusée à la

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L’équipe de marque de la DCSSA travaille sur la construction de l’étape 2 d’ISSAN. Cette phase permettra de couvrir l’ensemble des besoins en numérisation pour les OPEX (rôles 1, 2 et 3, ravitaillement, MEDEVAC, command and control médical, etc.). S’appuyant toujours plus sur les réseaux opérationnels des armées, ISSAN s’intègrera totalement dans le concept d’info-valorisation du programme SCORPION. Programme majeur pour le SSA et pour les armées, ISSAN est inscrit dans la LPM 2020-2025. 


DOSSIER : LE DÉVELOPPEMENT CAPACITAIRE

Etudes prospectives : programmes Scorpion et Morphée

D

ans le domaine terrestre, le programme Scorpion assure le remplacement des véhicules blindés de l’armée de Terre. Ainsi le VAB SAN disparaîtra progressivement au profit de deux nouveaux véhicules, le Serval et le Griffon. Ce remplacement sur 10 ans commencera en 2022 et représentera un bond technologique pour les équipes médicales à l’avant. Le Serval, programmé pour 2022, affiche treize tonnes, son gabarit et son habitabilité sont très proches de ceux du VAB. Quant au Griffon SAN, il arrivera à l’horizon 2025. Pesant 23 tonnes, il offre un niveau de protection bien supérieur à celui du VAB, un confort de travail avec une caisse arrière permettant d’envisager sereinement la médicalisation et le transport de deux blessés couchés. Bien que la livraison de ces véhicules puisse sembler lointaine, le bureau

©Alain Courtillat - armée de l’air / Défense

Emploi œuvre déjà avec médecins et infirmiers du terrain pour concevoir avec les industriels et la DGA les versions sanitaires de ces vecteurs. L’approche modulaire et l’ergonomie sont des enjeux cruciaux, ces véhicules devant être adaptables à tout type de missions. Dans le domaine aéronautique, le SSA concourt aux programmes de développement d’équipements pour la

réalisation des évacuations médicales par voie aérienne. L’échelon milieu aéronautique mènera en fin d’année un maquettage grandeur nature des lots Morphée et convoyage médical (CM30) sur un A330 MRTT Phoenix qui remplace le C135 Fr ravitailleur en service. L’armée de l’air a réceptionné le premier de ces aéronefs et en attend un second pour juin 2019. Simultanément, le traitement de l’obsolescence constatée de certains équipements médicaux utilisés pour assurer le transport de patients graves sera initié. Des travaux équivalents sont en cours pour la définition du système qui permettra l’évacuation aérienne héliportée sur NH90. Les nouveaux vecteurs attendus comme l’hélicoptère interarmées léger, devront faire l’objet d’une démarche similaire pour accroître le spectre des capacités d’évacuation médicale.  MCSCN Patrick Derain, MP Antoine Luft

©Nexter-Texelis

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LA RÉSERVE

Lumière sur le recrutement des réservistes Pour recruter un réserviste, l’employeur doit :

A l’issue :

Définir son besoin dans une fiche de poste afin d’engager la procédure de recrutement. Transmettre cette fiche à la section de recrutement et de formation de la réserve militaire (SeRFReM) de son secteur. Celle-ci intègre le document dans deux outils numériques : Le portail « réserviste opérationnel connecté » (ROC) ou le site interarmées des réserves (SIRéM), permettant au candidat à la réserve, visitant un de ces deux outils, d’enclencher le processus de recrutement.

1. Le candidat se retrouve en contact avec la SeRFRéM correspondant au poste choisi et fournit les 5 pièces constituant le dossier initial (CV, copie CNI, copie diplôme/scolarité, copie JAPD/JDC, lettre de motivation). 2. Un entretien est organisé avec le futur employeur. Si le candidat est accepté, l’employeur initie le contrôle élémentaire (FICE). La SeRFReM transmet alors le dossier initial à l’antenne de gestion des réserves (AGER) correspondant au milieu d’exercice du poste choisi puis finalise avec l’intéressé son dossier de recrutement. En parallèle, le réserviste fait sa visite médicale d’aptitude et transmet son certificat médico-administratif à l’ AGER.

POUR PLUS D’INFORMATIONS, RENDEZ-VOUS SUR : Intrasan > DG-RH-SSA > Département de gestion RH > Gestion des réservistes

3. Le dossier de recrutement complet et l’avis de sécurité obtenu, l’ AGER édite le contrat d’engagement à servir dans la réserve et le transmet pour signature à l’intéressé. L’ AGER adresse le dossier complet au bureau « gestion des réserves » du département des ressources humaines qui procèdera, à la réception du contrat signé par le candidat, à sa nomination dans la réserve. 4. A la publication de la nomination, un nombre de jours prévisionnel d’activité est attribué au nouveau réserviste permettant ainsi à la formation d’emploi de le convoquer pour des activités. Le réserviste sans passé militaire devra effectuer une formation militaire initiale.

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HISTOIRE

La vaccination : les contributions du SSA à travers l’histoire De nos jours, la vaccination est un acte entré dans les mœurs. Ce geste de prévention a permis l’arrêt de la transmission de certaines maladies dangereuses voire de leur élimination Edward Jenner Albert Calmette sauvant ainsi des millions de vies. L’histoire de la vaccination prend ses racines dès le 18e siècle grâce à Edward Jenner, qui inventa le vaccin contre la variole. Il s’agit-là d’une des plus grandes avancées dans le domaine de la médecine. Le SSA, du fait de sa présence dans les conflits armés, a participé activement à son développement. Hier et aujourd’hui, une des missions principales du SSA a toujours été d’apporter à chaque militaire un soutien santé aussi bien au moment de sa préparation, de sa projection puis sur le terrain afin de préserver ses chances de survie. Or, la vaccination militaire soulève des problématiques bien particulières puisqu’elle concerne une population jeune, entraînée et en bonne santé physique et mentale. Du fait de leurs activités, il est primordial d’assurer le maintien de leur état de santé, plus particulièrement pour les forces projetées en opérations extérieures et exposées à des conditions sanitaires non-optimales.

au sein de la 1re classe du Corps de santé des colonies, fonde un centre de vaccination contre la variole et la rage en 1891 à Saigon. Par la suite, il met au point, avec Camille Guérin, le vaccin contre la tuberculose grâce au BCG (vaccin bilié de Calmette et Guérin).

En période de conflits, les armées ont toujours eu à craindre l’apparition d’épidémies menaçant les capacités opérationnelles des troupes. L’anticipation de ces risques a mené à l’augmentation des actes de prévention. Ainsi, le recours à la vaccination militaire est devenu primordial.

De nos jours, le calendrier vaccinal des armées est révisé chaque année du fait notamment des nombreuses évolutions organisationnelles des forces et surtout des modifications épidémiologiques. Dans ce domaine, le Service mène un travail de communication important auprès du grand public et des professionnels de santé

C’est ainsi que de grandes figures du SSA se sont distinguées par leur approche, et leur esprit d’entreprise. Ainsi, Albert Calmette, médecin et bactériologiste militaire

En 1913, Hyacinthe Vincent et André Chantemesse élaborent le vaccin contre la typhoïde juste avant la Première Guerre mondiale. Celui-ci devient obligatoire et sauve l’armée française en supprimant presque totalement les cas de fièvre typhoïde.

L’apport du SSA dans le domaine de la vaccinologie est donc considérable et a marqué l’histoire.  Actu Santé n° 152 • Hiver 2018 - 2019

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TÉMOIGNAGE

Le sauvetage au combat au service du patient

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a polo arrive en trombe dans le hall des urgences de l’HIA Clermont-Tonnerre (HIACT), 5 ado­­lescents paniqués en descendent précipitamment, l’un d’eux est plié en deux et se tient le thorax, il est très pâle : « Venez vite, il a pris un plomb dans la poitrine.» Un simple plomb de carabine pourraitil avoir pénétré profondément la cage thoracique ? Immédiatement, je donne quelques consignes et déroule le « M-A-R-C-H-E » : pas de saignement massif extériorisé même s’il est très pâle, les voies aériennes sont

Le saviezvous ?

L’EHCM de Brest s’appuie depuis 2012 sur une permanence commune civilo-militaire en imagerie avec pour objectif ambitieux un SAU unique décliné sur 3 sites (CHRU Cavale Blanche, HIA Clermont-Tonnerre et CH Carhaix) et armé par une seule équipe civilo-militaire médicale et paramédicale.

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claires, il a un impact thoracique supérieur para sternal droit sans point de sor tie, un pouls radial bien frappé non accéléré, il est Radiographie d’un plomb intra thoracique - ©X. Fouilland conscient et orienté. L’infirmier pose déjà deux cathéters de bon calibre et prélève Il bénéficiera d’une intervention les tubes pour le bilan et le groupage, chirurgicale permettant le retrait d’un l’aide-soignant monitore le patient, volumineux caillot intra péricardique, l’interne appelle le manipulateur radio, la suture des orifices d’entrée et sortie je pose un pansement 3 côtés. au niveau de l’auricule droit, le retrait d’un volumineux caillot pleural et les H+10 minutes : la radiographie sutures d’entrée et sortie au niveau du thoracique révèle la présence d’un lobe pulmonaire moyen. plomb au centre de la cage thoracique, à distance du point d’entrée, au niveau Cette situation, exceptionnelle dans de la partie supérieure de la silhouette un service d’urgence de centre-ville cardiaque. Pas d’épanchement de province, a parfaitement illustré thoracique ni de pneumothorax visible à la pertinence de notre démarche de l’échographie mais la coupe cardiaque conditionnement de soignant militaire. 4 cavités montre un hémopéricarde Les réflexes acquis dans les formations de faible abondance. Le patient est de sauvetage au combat dispensées mis en condition pour descendre par l’Ecole du Val-de-Grâce m’ont immédiatement à l’angio-scanner permis d’être à l’aise ce soir-là. La thoracique de l’HIACT. réactivité des camarades civils, permise par le partenariat maintenant bien rodé H+25 minutes. Le radiologue de entre l’HIA Clermont-Tonnerre et le garde civilo-militaire au CHRU est très CHRU de Brest, a évité toute perte de réactif. Il interprète immédiatement les chance pour le patient, en permettant images à distance en temps réel : le d’excellents délais de prise en charge. plomb est situé à la base de l’aorte dans le sinus de Valsalva. Deux appels téléphoniques et le SAMU transfère MP Xavier FOUILLAND, le patient en chirurgie thoracique au Médecin major de la FREMM Aquitaine CHRU 50 minutes après son arrivée.


CONDITION DU PERSONNEL

SNCF : la nouvelle carte réduction famille militaire Dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’accompagnement des familles et d’amélioration des conditions de vie des militaires 2018 - 2022, de nouvelles conditions d’utilisation de la carte de réduction famille militaire ont été négociées avec la SNCF. Le ministère des armées a obtenu la possibilité que les conjoints et les enfants du militaire détiennent en propre une carte de réduction. Bénéficiaires La carte Famille militaire permet au conjoint et aux enfants à charge d’un militaire en activité, de bénéficier d’une réduction pour des voyages nationaux effectués. A partir du 2 janvier 2019, la présence du militaire n’est plus obligatoire lors du voyage des porteurs de cette carte. Réductions et conditions d’application du tarif : • Pour les TGV (hors OUIGO) et les trains Intercités, une réduction de 30% sur le tarif Loisir est garantie. • Pour les autres trains (hors trains de banlieue Ile de France), une réduction de 25% à 50% est appliquée sur le tarif normal.

SCA et IGESA unis pour la création d’une plateforme numérique unique de loisirs ! Les services du Pass Avantages de l’IGESA et de l’eSCApade du SCA se retrouvent sur la même plateforme, aux côtés d’un espace dédié à la vie dans les bases. De type « comité d’entreprise », ces services offrent une multitude de références et avantages à destination des personnels actifs et retraités, civils et militaires du ministère des Armées. Pour accompagner les ressortissants et leur famille et répondre au mieux à leurs attentes, cette plateforme ouvre un vivier d’offres attractives, sociales et subventionnées. Rendez-vous sur le site igesa.fr pour plus d’informations.

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RECONVERSION

D’infirmière à directrice de crèche : une aventure humaine service des autres, un métier qui pour moi a du sens, engageant. De beaux défis à relever. Choisir de quitter l’armée a obligatoirement un impact sur la cellule familiale. Oui et c’est pour cela que prendre le temps de la réflexion est particulièrement nécessaire. Vous changez votre vie mais aussi celle de ceux qui la partage.

Réflexion, préparation, travail ont été les clefs de la reconversion opérée par l’ISG2 Herriot. Nous sommes allés à sa rencontre. Comment passe-t-on du métier d’infirmière militaire à celui de directrice de crèche ? C’est avant tout le résultat d’un cheminement personnel qui demande beaucoup de réflexions. On ne quitte pas l’institution facilement lorsque l’on s’y sent bien. C’est un ensemble de paramètres personnels, familiaux et professionnels qui m’ont conduite à envisager ce changement, cette reconversion. Tout à apprendre ! Effectivement, un véritable challenge, mais bon nombre de compétences, savoirs et savoir-être acquis et développés au sein du service de santé des armées trouvent naturellement

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leur place dans mes nouvelles fonctions. Je retire des mes expériences sur théâtres d’opérations (Tchad et Côte d’Ivoire), en hôpital ou au sein de la médecine des forces (maintien de l’ordre, opérations…) une réelle capacité d’adaptation, d’organisation, de gestion de crise et d’autonomie que je mets à l’épreuve chaque jours. Vous avez choisi de rester dans le domaine public, pourquoi ? Ce sont les mêmes motivations qui m’ont amenées à m’engager (alors même que j’étais déjà infirmière diplômée en poste dans une clinique privée) que celles qui m’ont conduites à rechercher un poste dans le secteur public. La volonté d’avoir une action au

Le dispositif reconversion au sein du ministère des armées et du SSA en particulier vous a-t-il aidé à porter votre projet ? Se faire accompagner dans son parcours de reconversion est important si l’on veut mettre toutes les chance de son côté. J’ai trouvé des personnes à l’écoute et aidantes. Dans la dernière ligne droite l’ AMACN SACI de la cellule reconversion du SSA a été particulièrement réactive et a mis en œuvre tous les moyens nécessaires pour que les délais soit respectés et que mon dossier franchisse sans heurts les étapes des commissions, Que conseilleriez-vous à un personnel du SSA en cours de transition professionnelle ? De prendre la mesure du changement et de se faire accompagner dans son parcours. 


VIE DU SERVICE

Premier séminaire de la médecine des forces La DMF a organisé son premier séminaire de la médecine des forces le 22 novembre 2018 sur la Base Aérienne 705 de TOURS. Placé sous la direction du médecin général inspecteur Lécureux, directeur de la DMF, cet événement constituait la première rencontre entre les différents acteurs de la médecine des forces depuis la création officielle de la DMF et son inauguration officielle le 16 novembre 2018. Après une allocution de madame la médecin général des armées Maryline Gygax Genero, directrice centrale du SSA, ce séminaire a permis aux différents acteurs de la médecine des forces de partager et d’échanger dans le but d’harmoniser et d’améliorer leurs pratiques. Réunissant des délégations des établissements subordonnés à la DMF ainsi que divers experts de la DCSSA, ce séminaire a permis d’aborder dans une logique de transversalité et de co-construction des thématiques concernant le quotidien des établissements : réflexion sur le contenu de la visite médicale périodique inventaire et analyse de la charge opérationnelle au sein des antennes médicales ;

assurance qualité des médicaments soumis à la chaine du froid : gestion du stock et traitement des écarts organisation territoriale du commandement, des soutiens et notion de formations hébergeantes. Dans un second temps, un point de situation concernant des projets d’avenir a été présenté : AXONE (CMA numérisé) le système de management intégré (et son logiciel qualité) La transformation des conseils régionaux de santé.

SLT MOULAI, MC CREPEAU

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VIE DU SERVICE

Journée d’hommage aux blessés Le 18 octobre s’est tenue dans toute la France la 1ère journée en l’honneur des blessés du service de santé des armées. La Saint-Luc, patron des médecins, était l’occasion idéale de fêter nos blessés. La directrice centrale a tenu à saluer le courage de son personnel et à assurer de tout son soutien et de son profond respect les blessés et leurs familles. Le ravivage de la flamme sous l’arc de triomphe par la Directrice centrale et la Secrétaire d’Etat, Madame Genevière Darrieussecq, fut un moment solennel, empreint d’émotion.

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Enfin, nos blessés et leurs familles ont pu admirer une exposition photos et assisté à un concert exceptionnel en la Chapelle royale du Val-de-Grâce, sous la direction artistique de Laurent Petitgirard


VIE DU SERVICE «MERCI A TOUT LE PERSONNEL SSA POUR SON SOUTIEN ET RASSEMBLEMENT EN CETTE JOURNEE NATIONALE DEDIEE AUX BLESSES DU SERVICE DE SANTE DES ARMEES».

du service de santé des armées

Les hôpitaux ont également célébré nos blessés ; à l’HIA Bégin, par une messe à la chapelle impériale et l’inauguration d’une exposition de photos, à l’HIA Legouest, par une présentation de médecine physique et de réadaptation proposée par des kinésithérapeutes et ergothérapeutes et à l’HIA ClermontTonnerre par une remise de décorations. Plus au sud, les blessés et leurs familles ont été accueillis à l’HIA Sainte-Anne

par le Médecin général inspecteur Yves Auray, accompagné du Vice-amiral d’escadre Charles-Henri de la Faverie du Ché (Préfet maritime), accueil complété par une visite spéciale guidée des Salins d’Hyères avec un ornithologue de la LPO. Enfin, une sortie conviviale sur le Mont Faron avec les blessés et leurs familles a été organisée par l’HIA Laveran avec le CMA Marseille Aubagne.

L’IRBA a également eu la belle initiative de soutenir nos blessés par une photo aérienne. Le 16ème CMA a quant à lui été un lieu de cérémonie où de nombreuses décorations ont été remises. N’oublions pas le CTSA qui, par son action soutenue, a réussi à récolter 58 poches de sang et reçu 75 donneurs au profit de nos blessés. Les élèves de l’ESA à Lyon-Bron ont quant à eux effectué un cross. Au-delà de nos frontières, le soutien médical en opération BARKHANE a transmis une émouvante pensée à tous nos blessés et leurs familles. 

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VIE DU SERVICE

Cérémonies...

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Leçon inaugurale du SSA à l’École du Val-de-Grâce Chaque année, à l’automne, un membre du corps professoral de l’École, prononce une leçon inaugurale en mémoire du premier cours magistral de 1796. Celle-ci est destinée aux élèves et réunit les autorités du service de santé et des universités.

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récédé d’une cérémonie militaire présidée par la médecin générale des armées, Maryline Gygax-Généro, directrice centrale du SSA, cet évènement majeur dans la vie de l’EVDG et du service de santé des armées s’est déroulé le 15 novembre 2018. Le médecin chef des services de classe normale Sylvain, professeur titulaire de la chaire d’anesthésie-réanimation et urgences appliquées aux armées, a prononcé une leçon intitulée « Le service de santé des armées face au terrorisme : des théâtres de guerre au territoire national ».

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VIE DU SERVICE

CADISMEx 2018 : nouveau challenge réussi ! Pour la 4ème année consécutive, un stage CADISMEx a été organisé du 08 au 19 octobre 2018 au CEFOS du camp militaire de la Valbonne.

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iloté par l’école du Val-deGrâce, ce cours avancé est une formation d’adaptation à l’emploi opérationnel, obligatoire à la sortie des cours d’infirmiers spécialisés. Cette année, le nombre conséquent de stagiaires, venus de tous les HIA (27 IADE et 13 IBODE) a incité l’équipe fondatrice du stage à renforcer son pool de formateurs en intégrant trois nouveaux personnels (2 IADE et 1 IBODE). Des intervenants extérieurs ont également été mobilisés pour cette formation : moniteur ISTC, régiment médical, équipe de grimage, CESimMO, 2 IFSI (présence de plastrons), médecins anesthésistesréanimateurs, chirurgiens, équipe TOP. Une antenne chirurgicale a été déployée et les stagiaires ont eu à la rendre entièrement opérationnelle pour un apprentissage réaliste.

Arrivée prochaine des insignes SSA pour bonnets de police !

Cette formation s’appuie aussi sur des cours magistraux de chirurgie de guerre, réalisés par 2 chirurgiens viscéraliste et orthopédiste et par un médecin anesthésiste-réanimateur. Se voulant pratico-pratique, une grande place est faite aux ateliers avec utilisation du matériel de chirurgie, d’anesthésie et de sauvetage au combat. Pour mettre en lien tous les enseignements, les stagiaires ont bénéficié d’un entrainement damage control ground zéro en tenue NRBC-E, calqué sur l’enseignement UMDA. Enfin, pour la première année, les TOP (technique d’optimisation du potentiel) ont été intégrés à l’enseignement. Cette formation a ainsi permis aux stagiaires de mieux appréhender le fonctionnement de la chaine santé en opération extérieure. Durant ces 11 jours

de stage, tout aura été mis en œuvre pour offrir aux nouveaux infirmiers spécialisés une meilleure opérationnalité. 

Ce petit bout de métal était attendu depuis longtemps : le CESCOF (centre expert du soutien du combattant et des forces) a effectué une commande pour le SSA en juin 2018 de 12 000 insignes de bonnets de police pour un montant total de 19 000 €. La fabrication et l’approvisionnement par le SCA se fera en deux temps : 6000 insignes seront disponibles à la mi-mars et les 6000 autres, disponibles à la mi-mai sur le site VPC-CAT. Actu Santé n° 152 • Hiver 2018 - 2019

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LOISIRS

Olivia, championne du monde de kytebuggy Infirmière anesthésiste au sein de l’HIA Percy, Olivia, engagée au service de santé des armées depuis 10 ans, est championne du monde féminine 2018 de char à cerf-volant. Cette enfant du pays royannais pilote avec passion et détermination depuis l’âge de 11 ans. Après les titres mondiaux des Morandière et de Brice Petit pour SaintGeorges Voiles, c’est au tour de Latitude Char de s’enorgueillir de la médaille d’or d’Olivia (Lys) Hégron et du titre de vicechampion du monde par équipe, au championnat du monde de kitebuggy qui

se sont déroulés du 1er au 6 octobre à Borkum, une ile au nord de l’ Allemagne. Militaire de carrière mais toujours licenciée à Latitude Char, son club saint-georgeais, la royannaise Olivia Hégron affiche à 34 ans, un palmarès

élogieux. Championne du monde de char à voile, classe 5 en 2010, déjà championne d’Europe de kitebuggy (classe 8), un buggy à cerf-volant, elle s’inscrit dorénavant dans les meilleures compétitrices de cette spécialité. 

Championnats du monde militaires de judo : le SSA à l’honneur

Le médecin Marie, médecin-adjoint au sein du 11e CMA (Toulouse) a fait honneur au SSA lors des championnats du monde militaire de judo qui se sont déroulés du 6 au 12 novembre dernier à Rio de Janeiro (Brésil). Elle était intégrée au sein de l’équipe française amenée par le Centre national des sports de la défense (CNSD). Aux côtés de ses camarades féminines, militaires de carrière et réservistes, elle a remporté la médaille d’argent lors de la finale contre l’équipe brésilienne. Elle a également brillé en épreuve individuelle en gagnant une médaille de bronze. Le médecin Marie est donc vice-championne du monde par équipe dans la catégorie des moins de 78 Kg et médaille de bronze en équipe individuelle. 

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LOISIRS

Alexis Bataille

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ide-Soignant de Classe Normale Alexis, j’ai été affecté à l’Hôpital d’Instruction des Armées (HIA) Percy au sein du pôle MEDEVAC, en chirurgie orthopédique et plastique. Après avoir suivi ma formation initiale d’aide-soignant dans le civil, j’ai été recruté sur titre pour servir successivement à l’HIA du Val-deGrâce, puis, à l’HIA Sainte-Anne tout en ayant eu la possibilité d’être projeté en opération extérieure lors de l’opération TAMARIN. Cette diversité d’expériences est pour moi une véritable richesse tant sur le plan professionnel que sur le plan humain. En effet, je rencontre des personnes venant d’horizons différents et aux parcours bien distincts. A leur contact, je vis des moments forts. Ces instants rejoignent ainsi un carnet que je tiens depuis environ sept ans et dans lequel je note toutes ces anecdotes qui jalonnent ma vie professionnelle. L’écriture, est pour moi, une façon de les extérioriser

et, parfois, de m’en souvenir avec plaisir. Sur les conseils de plusieurs de mes collègues, ayant lu ce carnet, j’ai créé en Juillet 2017 une page Facebook intitulée « Dans le couloir - pensées d’un aidesoignant » sur laquelle j’ai commencé à écrire des billets qui reprennent mes histoires. Aussitôt, j’ai reçu le soutien des rédactions d’infirmiers.com et d’actusoins.com en bénéficiant de leur présence sur les réseaux sociaux et de leur visibilité dans la communauté soignante totalisant ainsi 3200 abonnés en une année ! En juillet dernier, un éditeur m’a contacté à la lecture de mes chroniques. A la suite de cela, il m’a proposé de les compiler . J’ai accepté car ce fut l’occasion de redonner ses lettres de noblesses à un métier au coeur du soin. J’ai par ailleurs souhaité démontrer que quotidiennement, malgré les contraintes, les établissements du service de santé des armées conservent cette part d’humanité, supplément d’âme du soin.

J’espère avoir su retranscrire avec le ton juste cette valeur qui est notre force car elle doit être aussi notre fierté. 

Ce livre, « Vous avez mal où ? chroniques d’un aide-soignant » sera publié au mois de mars aux éditions « City Editions ».

Devoirs de mémoire Quatre siècles d’hommages aux médecins, pharmaciens, vétérinaires et officiers d’administration du service de santé des armées Cet ouvrage collectif de 700 pages, rédigé sous la direction de Francis LOUIS, rassemble plus de 360 biographies de médecins, pharmaciens, vétérinaires et officiers d’administration qui ont marqué l’histoire du service de santé des armées et auquel un hommage a été rendu sous diverses formes : rue, établissement ou promotion portant leur nom, statue, plaque commémorative.

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NOMINATIONS

Réserve Le médecin chef des services de réserve Francis Pomey est désigné pour occuper les fonctions de conseiller pour le personnel réserviste auprès de la directrice centrale du service de santé des armées à compter du 1er janvier 2019. Il exercera cette fonction à raison de soixante jours par an.

Chancellerie 4

Témoignage de satisfaction Citation à l’ordre du régiment Croix de la valeur militaire

1 3 7

Médaille d’or de la Défense nationale Ordre national du Mérite

50

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