3 minute read
Un laboratoire mobile de biologie moléculaire à Kaboul
un laboratoire mobile de biologie moléculaire à Activités opérationnelles KABOUL
En Afghanistan, depuis septembre 2009, les premiers décès associés au virus de la grippe pandémique A(H1N1) sont enregistrés. En octobre 2009, des cas apparaissent au sein des militaires de la FIAS (1) . Le service de santé des armées décide de déployer à Kaboul son laboratoire mobile de biologie moléculaire.
Advertisement
En octobre 2009, des cas possibles de grippe pandémique apparaissent au sein de la FIAS. Deux patients présentant des signes de gravité sont hospitalisés dans le service de réanimation de l’Hôpital médicochirurgical (HMC) de KAIA. L’hiver continental, des effectifs confinés, la rusticité des conditions de vie, un environnement poussiéreux, le stress des opérations de combat sont autant de conditions favorisant la circulation du virus grippal. La vaccination ayant débuté en novembre 2009, la protection immunitaire des soldats n’est pas encore bien établie. La décision est prise de déployer à Kaboul un laboratoire mobile de RTPCR (2) composé de matériels opérationnels utilisés par l’HIA Bégin et l’IRBA-antenne de Grenoble. Il permet le diagnostic en temps réel de la grippe A(H1N1) à partir d’écouvillons naso-pharyngés. Le rôle du biologiste consiste à installer le matériel à l’HMC KAIA, mettre en œuvre et valider les techniques de détection du virus, assurer la formation et organiser la prise en charge des prélèvements et leur exploitation.
Une réorganisation du laboratoire est impérative pour intégrer le module de biologie moléculaire. Deux secteurs sont créés : analyses urgentes et microbiologie. Tout l’espace, couloir compris, est utilisé afin de sectoriser les étapes diagnostiques, tout en protégeant le manipulateur et en évitant les contaminations. Des kits de prélèvement, fiches de procédures et questionnaires sont distribués aux unités sur le terrain et des séances d’information bilingues sont dispensées aux personnels.
Durant un mois, 51 analyses sont réalisées, au profit de vingt-huit Français et de sept autres nationalités. Dix-huit prélèvements sont positifs, quatre grippes saisonnières et quatorze de type A(H1N1). Trois patients sont hospitalisés dont un présente des signes de gravité avec hypoxie. Treize relèvent de cas groupés et concernent la FOB (3) de Nijrab, le détachement de Douchambé ainsi que du personnel de l’HMC. Les symptômes sont caractéristiques : début brutal, asthénie et toux. Les myalgies apparaissent au deuxième jour et la fièvre élevée (39 à 40°C) vers le troisième jour.
Les cas de grippe saisonnière sont isolés entre le 31 octobre et le 14 novembre 2009. Le virus A(H1N1) devient
1
ensuite prédominant jusqu’au 2 décembre. Dès le lendemain, les prélèvements sont négatifs. Ces résultats semblent traduire une diminution de la circulation virale, probablement due à une installation progressive de l’immunité liée à la vaccination.
La mise en œuvre d’un module complet de biologie moléculaire à Kaboul a apporté une réponse au nouveau défi posé aux forces déployées sur le théâtre afghan. Elle permet aussi d’envisager d’autres développements diagnostiques face aux risques infectieux : tuberculose, pneumopathies atypiques, chlamydioses. L’Afghanistan est une zone d’endémie pour des infections virales devenues rares (poliomyélite) ou particulièrement agressives, comme la fièvre hémorragique Crimée-Congo.
Médecin en chef Jérôme Maslin HIA Sainte-Anne
Photos 1, 2, 3 : Module de biologie moléculaire à l’HMC KAIA
2
3
(1) FIAS : Force internationale d’assistance et de sécurité (2) RT-PCR : technique très sensible et très spécifique de biologie moléculaire (3) FOB : base opérationnelle avancée