42 AUTOMNE 2012
— VISION CULTURELLE & CULTURE VISUELLE
COMPLOT JOURNAL INTIME QUICKOS JEAN JULLIEN SEUL AU MONDE FAITS DIVERS TÊTES COUPÉES CDI
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COUVERTURE KILIAN ENG
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GRATUIT
kiblind.com
KILIAN ENG
E N CO U V E RT U R E ÂŤ UNDER Âť de K. Eng
01 CAOTICO Album artwork, 2012
www.behance.net/KilianEng
02 THE GASLAMP KILLER Album artwork, 2012
03 AKVARIUM Personal work, 2012
04 THE BURIAL Personal work, 2012
T 05 PILOTPRIEST Album artwork, 2012
he image is taken from a short comic I did where this scene presents the last panel. The story is telling about the day when the trees and plants came to earth. In this image the main character in the story is coming up from a hole from the underground where he had encountered a secret laboratory that experimented with vegetation. In the beginning of the story he went down in the same hole and there you could see that the space around the hole and its surrounding were totally empty, like a desert, not a single plant to be found. This image shows when he comes up from the very same hole about 30 minutes later and a forrest has grown up during that time. The whole idea from the beginning to create this story has to do with my interest in humans relation to our environment and my thoughts around different ways that we try to take control over the elements. In this story this theme is presented in a surrealistic and somewhat mysterious way without no real logic, more as if it was a memory of a vague dream. Kilian Eng
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haine. Et pourtant, la douce voix de nous susurrer à l’oreille : « La vérité toi nous irons la chercher.
réalité Judas, celui qui l’a dénoncé. Yes !
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Texte : M. Sandjivy
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Le chiffre 23 est un magnifique nombre n premier. Àattel qu’il fut longtemps ion point d Simo t FonainMichael porté par Jordan. Mais il est S I également le chiffre du complot, ceIFR lui que l’on e retrouve partout. On le e Rom Club d ainsi dansLe« SiPièc», le dont la 23ème trouve décimale est 643, soit le nombre le plus beau selon les mathématiciens. Et NS 23 multiplié 2 fois font 46, nombre que l’on retrouve partout dans notre proche actualité. Ainsi, 46% des français se voient satisfaits des 100 premiers jours de François Hollande et 46% se montrent également inquiets anpour leur pouvoir roped Table n d’achat, alorsERuoqu’aux États-Unis, les u OMC plus riches possèdent 46% du gâteau. banque Clin d’œil outre-rhin puisque 46% centraless FMI des Allemands se disent incapables de profiter de la vie à cause du stress et de la crise. En outre, 46% des comptes Twitter seraient factices alors que 46% des détenteurs de comptes bancaires utiliseront les services mobiles en 2016. ER le cadre Autre sujet d’inquiétude, dans CI AN N I F enquête estides maladies rares, Eune ET U MIQ O N vale révèle des erreurs de diagnostic ÉCO — SPHÈRE DU POUVOIR dans 46% des cas. Heureusement que, ce même été, Thierry Omeyer arrêtait 46% des tirs adverses. Ces évènements sans rapport apparent souffrent tous ES ORganISaTIOnS d’une même statistique et il semble POUvOIR PLanÉTaIRE difficile de croire à une coïncidence. C'est d'ailleurs le même rapport qui existe entre les tailles respectives de Muggsy Bogues et Manute Bole, plus petit et plus grand joueur de la NBA ; le même rapport entre l'ancien et le nouveau Kiblind. Mo Ban nd que ial e
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Augmentez votre plaisir. Enlarge your Kiblind. STAFF Directeur de la publication : Jérémie Martinez Rédacteurs en chef : Jean Tourette - Gabriel Viry - Jérémie Martinez Rédaction Kiblind : Maxime Gueugneau - Gabriel Viry - Jean Tourette - Jérémie Martinez - Olivier Trias Simon Bournel-Bosson - Matthieu Sandjivy Marlène Cottin.
barack obaMa est oussaMa ben Laden
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Le 44e président des États-Unis et la défunte tête pensante du réseau Al-Qaïda seraient deux hommes THÉORIE différents. DU COMPLOT
BaLIvERnES.
E 2 EN 1 15 Ils ne sont qu’un. Outre la paronymie entre Obama et Osama (en anglais), la supposée appartenance d’Obama la religion P OàRT RA I T musulmane et le deuxième prénom du Président des Etats-Unis (Hussein), de nombreux indices plaident en faveur de cette excellente théorie. En tête, la ressemblance flagrante entre les deux hommes. Cerise sur le gâteau : le bandeau de la chaîne d'information américaine Fox News au moment de la « mort » d’Oussama Ben Laden, « Obama Ben Laden is Dead ».
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La Mort de Lady diana
Son chauffeur, saoul, s’est planté dans le 13e pilier du tunnel de l’Alma.
BILLEvESÉES. —
Si la thèse d’un mec bourré conduisant trop vite ne suffit pas, il est tout à fait possible d’imaginer autre chose. D’ailleurs la princesse Diana soupçonnait elle-même un complot imminent, selon son majordome Paul Burrel. Peut-être est-ce le Bohemian Club, en hommage à la princesse Diane, qui aurait sacrifié la princesse pour parfaire leurs réunions sataniques ? Autre supposition : la22 Princesse Diana ANTHONY ZINONOS aurait découvert le sang reptilien de la famille royale LUCAS GRISINELLI 23 d’Angleterre.
ANNA TOPURIYA 24 SIMON DAVIDSON 25 BENOÎT BODHIN 26 DANIEL CLARKE 27 CLARISSA BONET 28 JORDY VAN DEN NIEUWENDIJK 29 UELI ALDER 30 GRACE HELMER 31 SANNAH KVIST 32 BLEXBOLEX 33
Merci à : Arnaud Giroud - Anaïs Bourgeois - Guillaume Vonthron et David Chauvet - Pierre Constantin - Jérémy Cullaz. Cahier Mode , Direction artistique : Agence Klar feat Baptiste Viry - Photographe : Laurent Croisier - Styliste : Alix Devallois. Direction artistique : Agence Klar (agence-klar.com) Relecture : Frédéric Gude
L'assassinat de j. F. kennedy
Officiellement, Lee Harvey Oswald est l’unique assassin de John Fitzgerald Kennedy. Officieusement, pullulent de multiples hypothèses : la mafia, les anticastristes, le complexe militaro-industriel, le KGB, Lyndon Johnson, Fidel Castro, J.Edgar Hoover…
MEnSOngES.
Il est plus probable que la famille Illuminati Kennedy ait fait dissidence et que les autres, par le bras de l’Illuminati Aristote Onassis (futur mari de Jackie Kennedy), l’aient punie. Il est à noter que le Congrès américain reconnut, en 1979, un complot probable dans l’assassinat de JFK.
Direction communication : Gabriel Viry Direction commerciale : Jean Tourette Relations commerciales : Olivier Trias
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REVUE DE P R ESS E
RÉCLAME
— JOURNAL INTIME
— QUICKOS UNE HISTOIRE DE GOÛT
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12 R E P O RTAG E G RA P H I Q U E
16 — LE VOYAGE À NANTES
DOSSIER
CA H I E R M O D E
— FAITES ENTRER L'ACCUSÉ
— LE PARADIS DES FEMMES SANS TÊTE
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41 CDI
55 — AFFINNITÉ 55 ANIMAUX 57 ÉLECTRONI[K] 58
MOCHE 59 SONDE 61 SUFFIRE (SE) 62
TERREAU 63 TREFONDS 65 VOYAGE 66
INFOS Imprimerie JM. Barbou - ZAE Bondy Sud - 8 rue Marcel Dassault - 93147 Bondy Cedex - 01 48 02 14 14 contact@imprimerie-jmbarbou.fr Le magazine Kiblind est édité à 40 000 exemplaires par Kiblind Édition & Klar Communication. SARL au capital de 15 000 euros - 507 472 249 RCS Lyon .
27 rue Bouteille - 69001 Lyon 04 78 27 69 82 - www.kiblind.com Le magazine est diffusé à Paris, Lyon, Marseille, Montpellier, Bordeaux, Toulouse, Rennes, Nantes, Lille, Strasbourg, Bruxelles et Genève. Ce numéro comprend un supplément spécial de 28 pages pour la région Rhône-Alpes.
ISSN : 1628-4146 // Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. Bienvenue au monde Louisa. Contact : redaction@kiblind.com
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THÉORIES DU COMPLOT
Sujet : M. Gueugneau, J. Martinez Graphisme : P. Constantin & J. Cullaz
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Membres supposés : François Mitterrand, George Bush, Prince Rainier, Elisabeth II, J.P. Morgan, Théodore Roosevelt, etc.
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LES FRANCS-MAÇONS Le terme franc-maçonnerie (a priori apparu en 1598 en Écosse) recouvre aujourd’hui un ensemble de phénomènes divers et variés. Pour faire vite et global, ce sont des espaces de sociabilité progressiste dont les membres, cooptés, suivent la pratique de rites et cultivent le mystère. Société secrète par excellence, elle suscite une paranoïa féroce depuis trois siècles, la rumeur faisant de ses membres les maîtres secrets du monde et/ ou les fantassins des Illuminati. Membres connus : Simon Bolivar, Mozart, George Washington, Winston Churchill, Xavier Bertrand, Achille Zavatta, etc.
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OUVOIR MIL À l’origine, il s’agit d’une société secrète allemande, Les Illuminati de Bavière, fondée en 1776 par Adam Weishaupt. Elle aurait survécu à son interdiction de 1784, et ses membres actuels contrôleraient les gouvernements et les banques dans le but de satisfaire Lucifer, entre autres. Par ailleurs, les Illuminati seraient la déclinaison contemporaine de la très ancienne Fraternité du Serpent, créée par les Babyloniens 5000 ans avant Jésus-Christ. Une touche reptilienne qui n’est pas pour déplaire.
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Membres supposés : Georges Pompidou, le Prince Charles, Elizabeth II, Tony Blair, les Rockefeller, Hillary Clinton ,George Bush, Michelle Obama, etc.
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Venant d’une autre planète ou du centre de la terre, les Reptiliens auraient pris le contrôle du monde en acquérant une forme humaine factice. Ils mesureraient entre 1,50 m et 3 m de haut, se nourriraient de sang humain (de vierges et d’enfants), et auraient pour but de forcer l’humanité à les servir. Ils iraient, selon certains, jusqu’à diriger les Illuminati euxmêmes. Une théorie qui ne manque donc pas d’audace et sur laquelle il est bon de pencher un œil avisé.
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Guerres, assassinats, révolutions, chaque événement s’inscrit dans une logique inflexible et, par nature, inattaquable. Si le doute est un élément constitutif de la raison humaine, paranoïa est mère de furie et les complotistes peuvent parfois se faire les messagers de la haine. Et pourtant, la douce voix de Fox Mulder ne cesse de nous susurrer à l’oreille : « La vérité est ailleurs ». Fox, pour toi nous irons la chercher.
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rracher le bandeau qui obstrue notre vue et savoir quels sont les véritables moteurs de l’Histoire : n’est-ce pas le meilleur moyen de choisir, enfin, notre destin ? Pas d’inquiétude, les différentes théories du complot sont là pour ça, toutes prêtes à sauter sur le râble des sceptiques, en assumant leur fonction explicative et rassurante face à l’imbitable complexité du monde.
— SPHÈRE DU POUVOIR
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LES ORGANISATIONS DU POUVOIR PLANÉTAIRE
JÉSUS AVAIT UN FRÈRE JUMEAUX La religion chrétienne s’est fondée sur la croyance en Jésus-Christ, fils de Dieu, expiant les péchés du monde par son sacrifice sur la croix. Sa résurrection supposée, 3 jours après sa mort, est une des « preuves » majeures de sa divinité.
L’EXTRA-TERRESTRE DE ROSWELL Selon l’US Air Force, un ballon-sonde issu du projet Mogul se serait écrasé le 4 juillet 1947 près de la ville de Roswell, au Nouveau-Mexique.
LE SÉISME DU 11 MARS 2011 ET LA CATASTROPHE DE FUKUSHIMA Le séisme de mars 2011 serait une malheureuse catastrophe naturelle, imputable aux seuls éléments.
E.T. JÉSUS J.P.N. SOTTISES.
Cette résurrection n’est évidemment qu’un vilain tour de passe-passe entre frères. Thomas, dit Didyme (« jumeau »), s’est sacrifié en lieu et place de Jésus. Ce qui permet une résurrection plus aisée. Le mieux, c’est que Thomas (auteur du 5e Évangile) serait en réalité Judas, celui qui l’a dénoncé. Yes !
CONNERIES.
Il s’agit évidemment d’une soucoupe volante, avec à son bord une douzaine d’extra-terrestres. Mais motus : le Majestic 12, groupement de scientifiques, militaires et membres du gouvernement Illuminati, est là pour étouffer l’affaire aux yeux du monde. Il y a sans doute un lien avec un plan de domination mondiale, un message codé semble-t-il, un sombre avertissement apocalyptique, ou quelque chose de cet ordre…
BARACK OBAMA EST OUSSAMA BEN LADEN
LES ATTENTATS DU 11 SEPTEMBRE
Le 44e président des États-Unis et la défunte tête pensante du réseau Al-Qaïda seraient deux hommes différents.
BALIVERNES.
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Ils ne sont qu’un. Outre la paronymie entre Obama et Osama (en anglais), la supposée appartenance d’Obama à la religion musulmane et le deuxième prénom du Président des Etats-Unis (Hussein), de nombreux indices plaident en faveur de cette excellente théorie. En tête, la ressemblance flagrante entre les deux hommes. Cerise sur le gâteau : le bandeau de la chaîne d'information américaine Fox News au moment de la « mort » d’Oussama Ben Laden, « Obama Ben Laden is Dead ».
FARIBOLES.
Selon l’excellent et bien connu conspirationniste Benjamin Fulford, le tremblement de terre de mars 2011 ayant causé le tsunami, et la catastrophe de Fukushima, serait le fait de la terrible arme secrète de la CIA, le HAARP. Celle-ci aurait la possibilité de causer, depuis l’espace, toutes sortes de catastrophes naturelles. Le Japon serait en effet en passe de se révolter face au Nouvel Ordre Mondial. Le tremblement de terre à Haïti, en 2010, n’était qu’un essai.
Les attentats du 11 septembre auraient été fomentés par le réseau de terroristes islamistes Al-Qaïda.
ÉVÈNEMENTS LOUCHES
FOUTAISES.
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Les preuves d’un complot nous submergent : l’avion « fantôme » du Pentagone ; le diable présent dans la fumée du World Trade Center ; l’effondrement « inexpliqué » de la tour no7 ; le missile qui aurait touché le vol 93 ; les options de vente placées sur les actions American Airlines et United Airlines les 5 et 6 septembre ; les avis de recherche d’Oussama Ben Laden ne mentionnant pas sa participation aux attentats ; les 11 lettres de George W.Bush, de New York City, qui correspondent parfaitement à 1+1+9 (11.9) ; etc. Il y a de quoi faire.
LA MORT DE LADY DIANA
L'ASSASSINAT DE J. F. KENNEDY
LA MORT DE MICHAEL JACKSON
Son chauffeur, saoul, s’est planté dans le 13e pilier du tunnel de l’Alma.
Officiellement, Lee Harvey Oswald est l’unique assassin de John Fitzgerald Kennedy. Officieusement, pullulent de multiples hypothèses : la mafia, les anticastristes, le complexe militaro-industriel, le KGB, Lyndon Johnson, Fidel Castro, J. Edgar Hoover…
Michael Jackson serait mort d’une overdose de Propofol dans sa propriété de Neverland, le 25 juin 2009. Il s’agirait d’un complot meurtrier dont le dernier maillon de la chaîne serait Conrad Robert Murray (ce qui donne — presque — l’anagramme de Murder by Contract). Un complot ourdi par les Illuminati, qui auraient vu le jouet de leurs manipulations se rebeller dans les dernières années de sa vie. À l’instar de 2pac.
DIANA J.F.K. M.J. BILLEVESÉES.
Si la thèse d’un mec bourré conduisant trop vite ne suffit pas, il est tout à fait possible d’imaginer autre chose. D’ailleurs la princesse Diana soupçonnait elle-même un complot imminent, selon son majordome Paul Burrel. Peut-être est-ce le Bohemian Club, en hommage à la déesse Diane, qui aurait sacrifié la princesse pour parfaire leurs réunions sataniques ? Autre supposition : la Princesse Diana aurait découvert le sang reptilien de la famille royale d’Angleterre.
MENSONGES.
Il est plus probable que la famille Illuminati Kennedy ait fait dissidence et que les autres, par le bras de l’Illuminati Aristote Onassis (futur mari de Jackie Kennedy), l’aient punie. Il est à noter que le Congrès américain reconnut, en 1979, un complot probable dans l’assassinat de JFK.
SORNETTES.
Michael Jackson est encore en vie et se cache sous l’identité de Dave Dave.
R E V UE DE PRESSE Texte : M. Gueugneau
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JOURNAL INTIME PRENDRE LA PRESSE POUR CE QU’ELLE EST : UNE SOURCE D’INFORMATIONS ET D’INSPIRATIONS. PROFUSION DE SAVEURS DE NOS PARUTIONS NATIONALES, SOUS LA FORME D’UN COURT RÉCIT, RÉSULTAT DU FUMET DÉGAGÉ PAR NOS LECTURES.
— 01 AUDIMAT N°0 Juin 2012 www.les-siestes-electroniques.com/Revue
02 BACK COVER N°5 2012-2013 editions-b42.com/back-cover
03 EXÉ N°9 Juillet / Août / Septembre 2012 www.exemagazine.fr
2 septembre – Je ne saurais pas dire depuis combien de temps je me sens comme ça. Dix ans ? Vingt ans ? Où est-ce que j’ai toujours été un peu comme ça ? 13 septembre - « Si tu ne peux aller vers la nature, la nature viendra à toi ! » 03 . Le prospectus, à l’époque, ne mentait pas : un pavillon flambant neuf avec arbres et jardin. Maintenant – c’est-à-dire un an après -, il n’y a plus vraiment de pelouse et encore moins de nature par chez moi. Par contre, je peux toujours apprécier au mieux la douce mélodie de l’usine Rheinzink, toute proche. « Les coups sourds résonnent au loin comme les battements d’un cœur mécanique, tandis que le ciel se voile de panaches de fumées blanches » 07 . Un spectacle son et lumière. Pour moi. Tous les jours. 18 septembre - « 2h41. C’est le temps que mettent les deux étoiles du système 19b-3-6008 à se tourner autour » 07 . Moi, c’est tout juste le temps que je
mets pour aller au bureau. Un bureau gris, évidemment. « La présence du béton dans le projet est marqué par une ambivalence » 03 : il est, d’un côté, un moyen de se sentir en prison, de l’autre, un moyen puissant d’inciter à l’évasion. « Pas d’art sans joie écrivait J.-C. » 09 , tant mieux, on fait des bottes. 24 septembre – Ce matin, le boss a déclaré, lors de la réunion de présentation : « les créations originales – et intéressantes – que nous découvrons ici, sont plus parlantes qu’un long discours pour souligner que la maison bouge, qu’elle bouge vite et bien. » 06 . On était fiers. Surtout quand il a ajouté que nous étions tous membres d’une même famille : ça soude une équipe de se sentir tous frères et sœurs. Pourtant, « à propos du mot « famille », je préfère le mot « série » ou « collection » 08 . C’est plus approprié, je crois, au caractère impersonnel de nos relations.
29 septembre – En voilà une chose pas banale. Alors que, comme tous les samedis, je m’ennuyais pesamment dans un espace vert, une jeune fille vint se poser à mes côtés. Ce n’est pourtant pas la joliesse qui me caractérise : si pour certains « la rareté est une valeur esthétique » 01 , il faut au moins posséder une sorte d’analogie avec le genre humain pour pouvoir se sentir beau. Qu’à cela ne tienne, « l’ours brun sait quand la chasse et ouverte » 07 , et je me sentais l’âme d’un séducteur. Et, fait incroyable, j’obtins son nom.
« MAIS JE N’AI PAS GRAND CHOSE À DIRE SUR LE TENNIS » GRAPHIC N°22, Juin 2012 / graphicmag.kr
7 octobre - « Je peux déjà dire que d’une certaine manière, le miracle de Skype est le futur de la science-fiction » 01 : la fille du parc m’avait retrouvé et moi je pouvait converse r avec elle sans la connaître, sans la payer et sans me sentir coupable. Certes, elle n’était pas d’une stabilité mentale à toutes épreuves, mais après tout « personne n’est fou, certaines personnes ont juste d'autres façons de penser et d’observer le monde. » 08 . Et puis, elle en avait vécu des choses sales : il y a dix ans « elle fut prise pour cible par une ou plusieurs personnes non identifiées qui la détruisirent complètement » 02 . On sentait que ça l’avait secouée, mais, disait-elle philosophiquement, « pour souffrir, tu dois te faire violer ou tirer dessus. Question d’humanité » 09 . Bon. 16 octobre – Enfin, je suis allé chez elle. « L’aménagement de [son] stu-
04 GRAPHIC N°22 Juin 2012 graphicmag.kr
dio relevait d’emblée une certaine affection pour l’anticonformisme » 02 . Il faut dire que « la lumière, vecteur d’hygiène comme l’air et le sport, qui devait paradoxalement pénétrer cet univers souterrain » 03 ne pénétrait pas vraiment en fait. Mais ça ne me gênait pas, « j’ai moi-même longtemps vécut en croyant que ce qui existait dans l’ombre vivait, pour cette seule raison, d’une vie plus haute, plus noble et plus précieuse que ce qui s’épanouissait dans la lumière » 01 . Et puis, moi, chez une femme… Je rentrais les yeux fermés. D’emblée elle me déclare qu’elle est « embarrassée ou honteuse des choses [qu’elle] a dites » 04 . Lorsque je lui dis qu’il ne faut pas avoir honte, qu’au contraire il faut se vider, elle me propose de parler tennis. « Mais je n’ai pas grand chose à dire sur le tennis. » 04 . Alors on se tait. Pour couper court à ce silence pesant, elle sort de la gnôle. « L’eau-de-vie de prune s’invite en fin de repas depuis le Moyen-Âge » 05 , soyons modernes, me dit-elle, commençons tout de suite.
05 MARMITON N°7 Septembre / Octobre 2012 marmiton.org/magazine
06 POINTURE N°32 Septembre / Octobre / Novembre 2012 pointure-magazine.com
07 SCIENCE & VIE N°1140 Septembre 2012 www.science-et-vie.com
19 octobre – Je ne l’avais pas reconnue. Elle, si. Quand elle est venue me voir dans la cave où elle me gardait, « je me suis expliqué, et je lui ai posé quelques questions » 08 . Elle est restée muette, enroulée dans son châle qui « recouvre mal ses joues creuses et ses lèvres qui ne sont pas irrités par le froid. Elles ne sont pas rougies par le vin » 09 , signe qu’elle est totalement consciente de ce qu’elle me fait subir. Je ne lui donne pas tort, mais malgré le style que je me donne, « depuis dix ans, j’ai gardé une liste des projets que j’aimerais mener » 04 . La dernière chose qui me reste, c’est ce journal, qu’elle m’a encouragé à remplir une dernière fois. Il paraît que « La vie c’est ce qui se passe pendant que t’es occupé à faire autre chose » 08 . Je crois que je ne saurais jamais.
RETROUVEZ LA SÉLECTION EN DÉTAIL SUR WWW.KIBLIND.COM
08 SLANTED N°19 Automne 2012 www.slanted.de
09 SPECIMEN N°3, Juin 2012 perso.ens-lyon.fr/celia. allard/page-accueil.html
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R É C LAME Texte : J. Tourette Visuel : Quickos
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QUICKOS UNE HISTOIRE DE GOÛT
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— DES ICONES MEURENT, D'AUTRES RESTENT, CERTAINES CHANGENT. IL Y EN A AUSSI QUI ONT UNE TÊTE DE HAMBURGER ET QUI PARLENT EN « OS ». ET ÇA VA FAIRE 10 ANS.
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a pourrait commencer comme ça, avec une phrase de Poelvoorde dans Les Portes de la Gloire : « Comment a pu-t-on en arriver là ? » Une tête de hamburger, des frites en guise de cheveux et un langage en « os » : c'est Quickos. Marionnette icône pour toute une génération, pouvant susciter tour à tour moquerie ou nostalgie, la mascotte de Quick va fêter en 2013 son 10e anniversaire. Et si le modèle ne semble pas avoir beaucoup changé depuis ses premières apparitions, son origine cache une danse entre création et marketing valsant des rires aux larmes. Pour une chaîne de fast-food, se doter d'une bonne mascotte est un sujet particulièrement délicat. Déjà en 2000, on pouvait lire sur les forums ce genre de remarques : « Pourquoi Quick ne nous sort pas une mascotte lui aussi, on pourrait l'appeler "Quicky" (oh non, ZUT. Nesquik a déjà eu l'idée) ! alors je sais pas moi "Super-quick" ou "Quickos"! » (signé Zephir, sur dooyou.fr). Bref, derrière ce commentaire, un cri unanime : « On veut une mascotte ! » Pourtant Quick avait déjà connu des égéries (le Magicien Quick, Booly, Sweety), qui n'ont pas connu la même longé-
QuickTime™ et un décompresseur Photo - JPEG sont requis pour visualiser cette image.
vité et généré le même souvenir dans les mémoires. Alors cette fois-ci, il s'agissait de « marquer ». Cette même année 2000, Gabriel Gaultier, un directeur de création de chez Young & Rubicam (l'agence de publicité avec laquelle travaillait Quick) a spontanément gribouillé un dessin qui a relancé la question : « À l'époque, je regardais pas mal Sesame Street avec ma fille. Et globalement j'aimais beaucoup les marionnettes de Jim Henson, les têtes avec des balles de ping pong et la grande bouche. Je me suis dit que faire un personnage avec une tête de hamburger et des frites pour les cheveux, ça pouvait être drôle. Je l'ai dessiné comme tel et je l'ai appelé Quickos. » Sur le plan formel, le dessin représentait une vraie marionnette, sans pieds, juste un pull et des bras, mais déjà avec les caractéristiques essentielles. Pourtant le dessin est resté plus d'un an sur un coin de table... « Comme je l'avais imaginé, Quickos n'était pas réservé à la cible enfant. Je le voyais plus décadent, moins enfantin et capable d'intéresser aussi les adultes. Pour moi, c'était plus un ado un peu demeuré. Ou un geek, une sorte de gamin prolongé dans la vie. Il annonçait Zuckerberg ! Mais il n'était pas sans sensualité ni sans charme. C'était une mascotte qui était capable d'assurer. De faire du rap par exemple. Quand Levi's a repris Flat Eric, ils ont bousculé les frontières entre la marionnette et le public adulte. Moi je voulais faire la même chose. Et personne m'a suivi là-dessus, alors que les gamins préfèrent s'identifier aux adultes qu'aux enfants : c'est pour ça qu'ils aiment les cow-boys, qu'ils veulent conduire des voitures, etc. » Le marketing a ses raisons que la publicité connaît bien... L'idée d'imposer une mascotte forte, qui puisse représenter durablement un « marqueur » de la marque, faisait néanmoins son chemin. À cette époque, c'est la branche Wunderman de Young & Rubicam qui était en charge de l'expertise promo pour les plus jeunes. Pour Vanessa Duvivier, directrice de clientèle, le brief était clair : « Quick
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avait un manque sur la cible enfant, en dehors de l'attractivité des licences. L'importance de créer une mascotte sympathique qui puisse séduire les plus jeunes devenait primordial face au géant Mc Do. » Sur ce constat édifiant, la commande de Quick s'est nettement précisée : il fallait un personnage qui soit « un double de l'enfant » et qui « incarne les valeurs libertaires et transgressives du fast-food ». Quickos devait être l'opposé de Ronald, figure très sage, bien pensante et qui représente davantage les parents. Et de ce point de vue, concevoir une vraie marionnette comme l'avait proposé Gabriel Gaultier, mais adaptée à la cible enfant, provoquait un décalage saisissant face à la généralisation de la 3D en matière de design graphique. C'est ainsi que le dessin de Gabriel Gaultier a attéri sur le bureau d'un DA de Wunderman : Justin Roque. « La piste de la marionnette nous plaisait beaucoup. Avec Stéphane Ledien, qui était concepteur-rédacteur, nous avons commencé à la designer et progressivement à lui inventer tout un univers. On lui a d'abord rajouter des pieds et des petites bottes rouges (quand j'étais enfant j'avais des petites bottes rouges en plastique et ça m'a fait marrer de lui faire les mêmes !), puis un short rouge 01 . Ensuite on a réalisé une première version en dur de la marionnette 02 . Mais Quick n'aimait pas le côté disproportionné, un peu trash, et souhaitait vraiment qu'il ressemble plus à un enfant. On a donc revu les proportions, fait quelques modifs, et c'est finalement cette version plus lisse qui a été retenue pour le lan-
cement 03 . » Avec de vrais marionnettistes, dont certains travaillaient aux Guignols, le tournage a été entrepris en studio sur de vraies maquettes, de grands décors et le green screen 04 . Et en février 2003, Quickos faisait sa première apparition sur les écrans. Malheureusement, l'engouement et l'exaltation qu'avait générés cette création fut de courte durée. Dans les mois qui suivirent, Wunderman/Y&R perdit le budget et Quickos passa entre les mains d'une nouvelle agence. Mais surtout, le principe originel de la marionette fut abandonné pour lui préférer la 3D... Dommage. Bien entendu, la saga ne s'est pas arrêtée pour autant. Et quelle que soit sa matière, Quickos a réussi à traverser une décénie en rencontrant un vrai succès auprès de la cible que visait Quick, tout en conservant sa tête. Linh Thai Duy, son dessinateur actuel, continue de l'animer pour des « anniversaires inoubliables » et il poursuit ses aventures extraordinaires dans des « mondes magiques ». Une nouveauté tout de même, apportée par The Brand Nation, la nouvelle agence du groupe : la Quick Family. Une famille d'humains en 3D comme on peut l'imaginer sur les murs d'un fast-food. Normal. À un détail près : la petite fille 05 a une marionnette à la main...
RETROUVEZ UNE SÉLECTION INÉDITE DE QUICKOS SUR KIBLIND.COM
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JEAN JULLIEN
P O RTA I T Texte : O. Trias Visuel : J. Julien
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ILLUSTRATEUR, CRÉATEUR, ARTISTE PROTÉIFORME, JEAN JULLIEN EST AVANT TOUT UN COMMUNICANT, DONT LES TRAVAUX NE S'ADRESSENT PAS SEULEMENT AU PUBLIC HABITUÉ DES GALERIES OU DE L'ART EN GÉNÉRAL.
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Il y a une dimension sociale qui me plaît dans la communication. » Ces quelques mots, pourraient, d'une certaine manière, symboliser l'orientation artistique de Jean Jullien. La particularité de son travail c'est de « communiquer des idées, des messages ». À travers ses illustrations et ses affiches, on retrouve le style de Savignac ou Tomi Ungerer. Comme eux, Jean Jullien est un artiste grand public, qui crée « des images simples qui peuvent parler au plus grand nombre ». On sent presque dans son approche une forme d'éthique, une volonté de défendre un art plus démocratique : « il y a une dimension morale qui me plaît dans l'idée de communiquer d'une manière visuellement et créativement excitante à un public qui n'est pas forcément au fait de la culture graphique ». Principalement basé sur l'illustration, le travail de Jean Jullien ne se limite pourtant pas seulement à cette discipline. Il aime donner vie à ses dessins, par le biais de différents médiums. Ses personnages prennent forme et sont mis en scène à travers des installations ou dans les vidéos qu'il réalise avec son frère Nicolas (cf. Jullien Brothers). Il apprécie particulièrement « le côté hasardeux et éphémère qu'il y a dans les travaux en volume, au contraire
du dessin qui est plus contrôlé », et y trouve « le rapport à l'environnement beaucoup plus excitant ». « Fasciné par le sculptural », il compte d'ailleurs dans un futur proche « explorer un petit peu plus la mise en volume, avec d'autres matériaux que le papier ». Illustration, installation, vidéo, mais aussi photographie, costumes, livres, prêt-à-porter, Jean Jullien s'exprime donc sur des supports aussi variés que les secteurs d'où proviennent les commandes : culturel, mode, automobile, édition... Et s'il s'épanouit dans cette diversité (« J'aime le côté éclectique dans ma pratique, le fait de jongler entre les médiums et les différents projets. »), il avoue tout de même trouver un plaisir particulier dans le travail éditorial (The New Yok Times, Télérama, Les Inrocks, Le Nouvel Observateur...) : « J'aime bien le côté gymnastique illustrée, le fait de devoir pratiquer sans avoir le temps de procrastiner ou de se poser de grandes questions, chose que je peux faire au contraire dans les projets plus personnels. J'aime le coté immédiat et automatique du travail éditorial ». Parti à Londres pour poursuivre ses études, Jean Jullien a choisi de rester y vivre une fois sa formation terminée : « Ça m'a semblé plus facile pour commencer. En général, c'est une ville qui
convient bien aux jeunes illustrateurs, aux jeunes créas. On sent une effervescence, et plus d'ouverture sur une certaine forme de culture visuelle, plus aventureuse, plus décalée. Ils savent prendre plus de risques. » On comprend mieux son affection pour l'état d'esprit d'outre-manche en découvrant l'œuvre pérenne qu'il a installé au 32e étage de la Tour Bretagne à Nantes : le Nid, un héron au cou gigantesque dont le corps fait office de bar et les oeufs servent de sièges et de tables. Encore une œuvre surprenante que saura apprécier un très large public. WWW.JEANJULLIEN.COM PORTFOLIO SUR WWW.KIBLIND.COM
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R E P ORTAGE GRAPHIQUE Texte : M. Gueugneau Visuel : S. Bournel-Bosson
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PAG ES B L A N C H ES
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A U M O N D E !
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— ANTHONY ZINONOS Just GO talk TO her www.anthonyzinonos.com
— LUCAS GRISINELLI Christos Anesti PART II www.lucasgrisinelli.com
— ANNA TOPURIYA In the center www.annatopuriya.com
— SIMON DAVIDSON Bob www.simondavidson.com.au
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A U M O N D E ! — BENOÎT BODHUIN Typographie Marianne www.benbenworld.com
— DANIEL CLARKE Adrian's Story daniel-clarke.com
— CLARISSA BONET The Commute clarissabonet.com
— JORDY VAN DEN NIEUWENDIJK Curiosity (Création Originale) http://jordyvandennieuwendijk.nl
— UELI ALDER Detonation 1 www.alderego.ch
— GRACE HELMER (Création Originale) http://gracehelmer.co.uk
— SANNAH KVIST Sans Titre http://sannahkvist.se
— BLEXBOLEX La piscine, 2009 • blexbolex - « dessins, peintures & éditions rares, 1992 / 2012 » 24.10/17.11 à arts factory x galerie lavignes-Bastille - 27 rue de Charonne Paris 11 • www.artsfactory.net
D OSSIER Texte : G. Viry Visuel : L. Croisier
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FAITES ENTRER L'ACCUSÉ
— VIOLENT, SÉCURITAIRE, ANXIOGÈNE, MENSONGER : LE NOUVEAU DÉTECTIVE EST SOUVENT ACCUSÉ DE TOUS LES « MOTS ». IL DEMEURE NÉANMOINS UN MONUMENT HISTORIQUE ET UN VÉRITABLE OVNI, ASSEZ FASCINANT, DANS LE PAYSAGE MÉDIATIQUE FRANÇAIS. NOUS AVONS ENQUÊTÉ, TOUT L'ÉTÉ.
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vez-vous ressenti, cet été, « la pulsion de mort sans précédent qui s'abat sur la France » ? Avant la canicule, LND jette un nouveau coup de froid, fin juillet, en compilant trois affaires, sans lien, dans une « abominable série noire ». L'addition est sans appel : 8 morts, 4 enfants et une manière étonnante de se régaler, comme au moins 260 000 Français, tout l'été.
En huit numéros et une centaine d'affaires, nous avons ainsi recensé 102 morts, dont 19 enfants et 2 femmes enceintes, une quinzaine de viols, une avalanche, un suicide à la scie-sauteuse, une bouche tranchée au scalpel ou un duel meurtrier au tracteur. Bien au-delà de l'été, cela fait 84 printemps que ça dure, depuis que les frères Kessel et Gaston Gallimard ont lancé Détective, un journal d'investigation
destiné à explorer « l'envers du décor social ». Malgré une histoire mouvementée, l'expérience se prolonge si bien qu'il continue d'afficher une mine insolemment bonne et un visage de journal un peu paranormal, cumulant les paradoxes et les fantasmes. Il est le seul, par exemple, à pouvoir enchaîner une couverture polaire, une série de blagues, un reportage animalier et une publicité pour la conven-
LE NOUVEAU DETECTIVE -
1928 CRÉATION PAR GEORGES KESSEL ET DEUX FUTURS ACADÉMICIENS, SON FRÈRE JOSEPH ET GASTON GALLIMARD
INTERDICTION, SOUS GISCARD, APRÈS UN VIRAGE « FILLES À POIL, EN TRAIN DE SE FAIRE VIOLER ». RÉAPPARITION SOUS LE NOM QUI ? POLICE, PUIS LE NOUVEAU DÉTECTIVE.
PLUMES CÉLÈBRES :
DIFFUSION HEBDOMADAIRE :
JEAN COCTEAU, GEORGES SIMENON, PAUL MORAND....
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261 583 EXEMPLAIRES (OJD, 2011), COMPARABLE À MARIANNE (268 057) ET AU JDD (258 215)
LECTORAT : MAJORITAIREMENT JEUNE (20-35 ANS), FÉMININ (65%), ISSU DE CLASSES POPULAIRES ET HABITANT, DE PRÉFÉRENCE, DANS LE NORD OU L'EST DE LA FRANCE
"L'ABOMINABLE SÉRIE NOIRE" DU NUMÉRO 1558
tion obsèques Aviva. Concernant les enquêtes, l'histoire veut aussi que le journal ait acquis une réputation facile de gros mytho tout en ayant contribué, pour de vrai, à l'avancée de certaines affaires (Dills, Kulik), à la remise en cause du bagne ou de la guillotine. En fait, derrière une longévité et un succès exceptionnels, plus faciles à mesurer devant un kiosque de Martigues que dans un Relay parisien, LND est l'un des premiers hebdomadaires français, cinq fois plus lu que Les Inrocks, mais assez méconnu. Le trésor serait d'ailleurs bien gardé derrière la porte de Nuit et Jour, l'éditeur du journal, à Paris : pas facile, paraît-il, à ouvrir...
LA BITE ET LE COUTEAU —
« Les journalistes français sont quand même des mange-merdes. Ils gueulent tous contre les tabloïds anglais, mais cette semaine, c'est bien le Sun qui a été chercher un criminel nazi, après un an d'enquête. On parle aujourd'hui de deux journalistes britanniques mais quand il foutra une nana à poil, ils diront tous que c'est de la presse de caniveau. » En quelques minutes, Gabriel de Mortemart vient de planter le décor. Le jeune directeur du LND porte aussi bien son nom que les chemises à grand col et un lexique franc du collier, dont il réserve le meilleur à une certaine caste, reproductible et pantouflarde, de journalistes qualifiés de « cassecouille », « père la morale » et même d' « enculés ». « Ce sont des fonctionnaires et ils s'en foutent. A Détective, chaque semaine, on joue notre peau. Nous sommes sûrement critiquables, mais on a au moins le mérite de faire des enquêtes de terrain, de se battre pour chercher des infos, avec la bite et le couteau ». De Mortemart est une particule élémentaire du LND, un pur produit maison, parfaitement lucide sur la réputation du journal et sa mission. Il l'inscrit dans une tradition de
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LE FAIT DIVERS EST-IL HYPE? ANGELO DI MARCO EST EXPOSÉ À 12 MAIL, À PARIS www.12mail.fr
presse populaire, au sens noble du terme, proche de ses lecteurs, auxquels il dirait la vérité, et comme un véritable contre-pouvoir auprès des autorités établies. On l'a vu, tout l'été, du commissariat d'Avignon qui conseille de faire le 17 à un buraliste en train de se faire braquer (à 100 mètres) à la clinique du Val d'Ouest, près de Lyon, coupable d'une fatal error sur un bébé de 8 mois. Au-delà des doutes que le journal a toujours suscités, son directeur semble ainsi accroché, comme une moule énergisante, à la restauration de la vérité. À la limite, parfois, du populisme, cela expliquerait qu'on croise, dans le journal, des roumains, des gitans, des racailles ou qu'une affaire de rivalité politique, bien réelle, entre deux élus de Moselle, y soit résumée sans détour : « Sénateurs cherchent pute ». Plus largement, De Mortemart s'inspirerait d'un double postulat selon lequel toute vérité, même brutale, est bonne à dire et tous les moyens sont bons, ou quasi, pour aller la chercher. « Dans les pays anglo-saxons, au moins, la règle est claire : quand c'est vrai, c'est publiable. Après, on peut dire que certains journaux font de la merde, mais le principe est assez juste, qu'il s'agisse de traquer un nazi ou de choper Kate Moss en train de prendre de la coke. » Contrairement aux ta-
bloïds anglais, LND s'intéresse peu aux people et les affaires impliquant des personnalités (Giraud, Boutboul) se sont toujours soldées par des ventes désastreuses. « DSK, par exemple, nos lecteurs savent à peine qui c'est ». Par contre, ils connaissent tous le « DSK de Châlon », un vieux pervers turc, bourré de Viagra, adepte des séances de torture avec de jeunes autochtones rencontrées sur Internet. En passant ainsi son quotidien à descendre sur le terrain, jusque dans la fosse sceptique de la société, la rédaction en ferait alors remonter une inimaginable saleté. C'est logique. « Quand on reproche à Détective d'inventer, je réponds, avec un peu de cynisme, que ce n'est même pas la peine. Quand vous voyez ce mec, cette semaine, qui construit une yourte et veut l'emmener de Metz à Marseille, pour ouvrir un bateau flottant... : des conneries pareilles, ça ne s'invente pas ! Évidemment, il l'a pas fait, donc il a préféré tuer tout le monde, parce qu'il était trop bourré. » L'affaire suivante nous laisse, quand même, un peu plus perplexes, à partir du moment où une femme aurait entendu la voix d'une amie, victime d'un accident de cheval, dans le bec d'une corneille...
JOURNALISME NARRATIF —
Lundi matin. Comme chaque semaine, la petite équipe du LND - une vingtaine de personnes, dont 6 reporters de terrain - s'agite en conférence de rédaction pour préparer le nouveau numéro, comprenant une douzaine d'enquêtes, des rubriques récurrentes (« Ça fuse au prétoire ») et des à-cotés méga-LOL : « Ils ont fait très très fort... », insolites des JO, etc. Les sources d'information sont multiples, issues de canaux traditionnels et surtout d'une « petite cuisine interne » qui ne manque pas d'histoire pour savoir où manger. Seul périodique français consacré aux faits divers, LND reçoit aussi des informations du public, comme dans l'affaire Bérenger Brouns, un charcutier-traiteur accusé d'avoir découpé sa femme à Paris. « Sa mère nous a appelé en disant qu'elle était paniquée, car elle était sans nouvelles de sa fille. Les flics étaient passés dans l'appartement, mais ils n'avaient rien vu. Quand notre reporter est arrivé sur les lieux, il y avait des traces de sang partout ». Les enquêteurs du LND sont ainsi, toujours, au cœur de la machine. Ils entretiennent des contacts, souvent anciens, avec la
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DEPUIS 1995, BACHELOT CARON ONT CRÉÉ PLUS DE 350 IMAGES POUR LND ET COLLABORENT RÉGULIÈREMENT AVEC D'AUTRES JOURNAUX : LIBÉ, LE MONDE, THE NEW YORKER, VSD
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police et la justice, mais surtout une compétence maison de laboureur à l'ancienne et un statut de témoin quotidien de la « France d'en bas » qui ne se réduit pas, loin de là, au territoire du crime. « En marge de nos enquêtes, on découvre toujours des choses étonnantes, comme ce type, qui n'avait jamais vu la mer et a construit un paquebot dans son jardin ! ». Au final, l'occupation du terrain reste absolument essentielle pour le journal, d'autant plus que le métier aurait beaucoup changé. « Avant, les reporters déjeunaient avec le juge, le commissaire, et ils discutaient, dans une franche camaraderie, de choses et d'autres, notamment des affaires. Ce n'est plus du tout pareil aujourd'hui : on est en train d'inventer un monde où les journalistes sont là pour tendre un micro, alors que la justice et la police sont là pour ne rien dire. À Détective, on essaie de contourner cela, dans notre coin, mais c'est de plus en plus difficile. » Une fois les enquêtes bouclées, le journal n'a pas terminé, pour autant, le travail. « Les articles sont rédigés, souvent à plusieurs mains, mais c'est le fonctionnement habituel de la presse : les papiers sont généralement des œuvres collectives ». De Mortemart banalise, lui-même, son concept de journalisme narratif tout en sachant très bien que LND s'est toujours illustré dans un traitement bien particulier des affaires, aussi identitaire sur la forme que sur la mauvaise réputation du journal. Et alors ? « Quand Truman Capote fait un bouquin sur les faits divers, tout
le monde se met en extase, parce que les écrivains auraient le droit de les romancer, mais pas nous ! » Quoi qu'il en soit, les bonnes recettes reviennent encore tout l'été. Dès la titraille, par exemple, LND utilise un répertoire limité, souvent mortifère, dont les 6 termes les plus employés (sur 130 gros titres) permettent de dresser, en les juxtaposant, un titre-robot quasi parfait : « Crime d'enfant : l'effroyable mort d'une petite fille ». Au-delà du lexique, les formules du LND sont aussi propices à alimenter, chez ses détracteurs, les soupçons de déformation, en rabattant régulièrement le lecteur vers une sorte de réalité augmentée. Ainsi, lorsqu'un petit allemand sort, miraculé, d'une chute de 25 mètres dans un puits, le journal a tranché : ce sera l'histoire de « l'enfant avalé par la forêt ». Cet accident est d'ailleurs symptomatique de la manière dont LND met en scène, par la narration, ses enquêtes, en commençant par dépeindre une ambiance idéale, famille heureuse et météo favorable. « Le regard émerveillé, ils sont quarante gamins de 3 à 4 ans à scruter les sous-bois (…) Ils ont tous eu le même espoir : voir apparaître sept petits personnages au visage rond, en train de chanter 'Hé ho, hé ho, on rentre du boulot' ». Le mal peut alors surgir avec fracas, à partir de quoi le récit ne cessera de placer le lecteur dans la peau de la victime. Tous les récits sont ainsi écrits au présent, alors qu'un quart des enquêtes porte, cet été, sur des affaires passées, jusqu'à 35 ans d'âge. Absents, par définition, au moment des faits, les rédacteurs
PATRICK DILLS DIX ANS APRÈS SA LIBÉRATION, LE « CONDAMNÉ À TORT » REVIENT, POUR KIBLIND, SUR LA MÉDIATISATION DE SON AFFAIRE ET LE RÔLE DU LND.
- QUEL A ÉTÉ LE RÔLE DE LA PRESSE ET DU LND DANS L'AFFAIRE ?
LND a pris très tôt parti en faveur de mon innocence en cherchant à faire éclater la vérité*. C'était aussi un moyen de communication puisque, à travers les lecteurs, j'ai reçu beaucoup de soutien en prison. De façon générale, la presse écrite a joué un rôle important dans l'affaire, même s'il faut distinguer les titres qui font avancer les choses des choux gras qui cherchent, avant tout, à vendre du papier sur le malheur des gens. La médiatisation empêche surtout une affaire de stagner. - D'AUTRES JOURNAUX ONT-ILS JOUÉ CE RÔLE PLUS QUE D'AUTRES ? Le Figaro Magazine, par exemple, a largement relayé l'affaire. De toute façon, dès que certains osent, tous les autres peuvent le faire derrière. Certains ont mené leur propre enquête, de façon précoce ; d'autres ont plutôt relayé les nouveaux éléments sans vraiment s'investir. - ETES-VOUS ENCORE SOLLICITÉS, SUR VOTRE AFFAIRE, PAR LES MÉDIAS ? Il m'arrive parfois de participer à une émission ou une interview, mais ça reste exceptionnel, d'autant plus que je reste très prudent sur le sujet, tant que l'affaire n'est pas close. Je continue aussi à donner quelques conférences, à travers le pays, pour partager mon expérience. - SUIVEZ-VOUS ENCORE L'ENQUÊTE, OU FAIT-ELLE DÉFINITIVEMENT PARTIE DU PASSÉ ? J'ai en effet tourné la page, mais c'est toujours indélébile puisqu'on n'efface pas, comme ça, 15 ans de sa vie. Cela ne signifie pas que je ne suis pas heureux aujourd'hui et je suis dans l'espoir qu'on puisse trouver, un jour, le coupable. Je n'en sais pas beaucoup plus sur l'enquête actuelle, mais une chose est fondamentale : le dossier n'est pas fermé. * La rédaction a notamment refait toute l'enquête en cherchant à savoir, par exemple, si un témoin avait pu entendre les cris des enfants.
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n'hésitent pas non plus à introduire des éléments de dialogue pour nous permettre d'entendre, sans friture, le coupable : « Continue et c'est dans le cœur que je te le plante ! ». Au final, après pas mal de suspense, des détails et une immersion, progressive et totale, dans le drame, les sujets se terminent souvent par un petit message, en guise de service après-vente, à l'image de celui concluant cette abominable série noire : « Le malheur peut frapper à chaque porte. »
DESSINE-MOI UN MOURANT —
Fain-lès-Moutiers, au début du mois d'août. Contrairement aux apparences, nous n'arrivons pas en Bourgogne sur la trace d'Émile Louis ou de Michel Fourniret, ni pour se dire que les passagers du Paris-Montbard ont tous une tête à se retrouver dans LND, mais pour rencontrer Louis Bachelot et Marjolaine Caron. Après les
Beaux-Arts à Paris, puis une première vie de costumière et scénographe, ce tandem artistique a réhabilité une vieille ferme pour y faire régner une atmosphère aussi familiale que trompeuse. Depuis une quinzaine d'années, en effet, le couple réalise des « tableaux photographiques » destinés à la presse et à leur activité, chargée, d'artistes contemporains. « Nous avons commencé à faire des images pour Nous Deux, puis un jour, notre femme de ménage nous a dit : Ça me fait penser à Détective... J'ai appelé Catherine Nemo, l'ancienne directrice, qui nous a reçus et en quinze minutes, l'affaire était conclue ». À l'époque, l'hebdomadaire, qui a longtemps collaboré avec Angelo Di Marco et revendique toujours, d'après son directeur actuel, un rôle de « découvreur de talents », recherche de nouveaux illustrateurs, capables de livrer des images, en 24 heures chrono, après avoir trouvé un foie de sanglier, des têtes de psychopathes, un sous-bois et des jeunes enfants innocents. À ce petit jeu-là, les Bachelot Caron sont parfaits. Tout est UN VISAGE DE FILLETTE, PHOTOGRAPHIÉE À ARCACHON. LE CORPS D'UNE AUTRE ET TOUJOURS UN CRIMINEL À MILLE TÊTES : LOUIS BACHELOT
disponible, autour de la maison et dedans, pour reconstituer les scènes de crime. Pour les personnages, le couple se met en scène lui-même lorsqu'il ne s'agit pas de ses propres enfants et des voisins, dont le garde forestier du village ou un ancien ouvrier de Marion Vernoux, l'ex-femme de Jacques Audiard, qui habite le coin. « Un jour, je me souviens, on a débarqué chez des Anglais, qu'on connaissait à peine, pour leur demander de jouer une femme enceinte et un homme en train de couper un bras. Ils étaient un peu étonnés, mais ce sont aujourd'hui des amis. » Après le déjeuner, où le chevreuil a bien le goût de gibier (pas d'homme), Les Bachelot Caron nous laissent aussi découvrir leur formidable banque d'images, faite maison, dont chaque visuel pourra servir, un jour, à une création : visages d'un vol Easyjet, accidents de la route, asiatiques, intérieurs de maisons, etc. Au-delà des prises de vue, en effet, le couple forme surtout un étonnant duo de plasticiens numériques qui raffolent de Photoshop pour couper, décoller et monter des images, volontairement truquées. « Nous sommes passionnés, depuis toujours, par le mélange de la vérité et du faux. Les images véhiculent, toutes, une double lecture, avec des éléments réels, mais aussi des détails qui coincent. » LND leur irait donc si bien et, comme chaque jeudi, ou presque, Dimitri Sani, rédacteur en chef adjoint du journal, vient d'appeler. Il leur transmet le brief de la semaine, presque gentillet : une sorte d'euthanasie, à l'Opinel, qu'un homme de 90 balais, malade d'un cancer, a exercé sur sa femme, atteinte d'Alzheimer... Au bout de l'été, une seule question reste alors en suspens : quel est l'effet du LND sur notre organisme ? Nous n'avons rien remarqué, si ce n'est de continuer à le lire ou d'avoir un peu hésité, dans le sable, à recouvrir les pieds de son fils, 20 mois, car on ne sait jamais : le ciel était trop dégagé...
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Crédits: collier H&M - Photo © Laurent Croisier
LE P ARA DIS D
ES F E
MM ES SAN S E T TÊ CA H I E R M O D E
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ART -
01 Doberman, Jan Kounen 1996 02 Sans titre
03 Tête de Méduse, Le Caravage - 1558
05 Salomé avec la tête de Saint Jean-Baptiste, Lucas Cranach 04 Salvador Dali, Femme à la tête de fleurs - 1937
06 Annette MESSAGER, Mes vœux - 1989
D'une citation de Dobermann, modifiée qui plus est, aux chiennes de garde, la frontière est sensible : « Le Seigneur l'a châtiée, il a rejoint le paradis des hommes femmes sans tête » 01 : une vaste étendue peuplée de jeunes femmes aux corps dénudés, aux courbes généreuses, et la tête coupée. La première trace de représentation d'une femme sans tête remonterait à la préhistoire 02 . Vers -15000 ans, on voit ainsi apparaître de nombreux dessins ou sculptures où le corps étêté exprime la personne. Les raisons d'une telle représentation sont méconnues : une identification au visage moins forte qu'aujourd'hui, une représentation de soi tel que l'on se voit (sans utiliser de miroir), introduction à la misogynie, etc. Quoi qu'il en soit, le loup est désormais dans la bergerie Cette image parcourra l'histoire avant de s'échouer dans la publicité contemporaine. Dans la mythologie grecque déjà, le mythe de la méduse raconte l'histoire de cette femme violée par Poséidon puis punie par Athéna, qui la transforma en Gorgone. Ses cheveux devenus des serpents, elle pétrifie désormais de son regard tous ceux qui la croise. Une seule solution : la décapitation. C'est Persée qui s'y colle et crac !, servie sur un plateau 03. L'idée de la femme sans tête hante les couloirs de la misogynie ambiante des hautes sphères du 19ème. Certes, de la gorge tranchée peut germer des roses chez Dali et les surréalistes 04 mais l'ambiance est clairement à la décapitation. Seule Salomé, héroïne fugitive du Nouveau Testament et archétype certain de la femme fatale, inverse la tendance : elle joue de ses atouts pour dresser le mâle puis, au meilleur moment, lui fait couper la tête, avant de l'embrasser, toujours sur un plateau 05.
PUB -
09 Reebok - 2010
07 Aubade - 2002
09 Reebok - 2010
09 Reebok - 2010
08 Aubade - 2002
10 Patrick Juvet - 1977
Aujourd'hui, la publicité décapite la femme et aime à la découper en petits morceaux savoureux. L'installation de Annette Messager 06, réalisée en 1989, laissait présager le pire : une fragmentation publicitaire de la femme et la création d'un désir stéréotypé prenant sa source dans l'imagerie populaire des magazines. En un mot, Aubade. 1992. Les têtes tombent. Une campagne va marquer l'histoire de la publicité, allant même jusqu'à provoquer des accidents de la route. L'idée : des femmes en lingerie sans têtes dont on montre que des parties du corps, le tout en noir et blanc. Une phrase bien sentie sous le titre « Leçon de séduction ». Tout le monde tombe dans le panneau. L'homme : « si vous voulez que votre femme soit aussi belle que celle de la Pub, achetez lui des dessous Aubade » ; La femme : « si vous voulez rendre vos maris zinzins, achetez Aubade » . D'une ambiance porno chic, les leçons vont glisser joliment vers un univers plus léger et en mouvement en conservant la même recette 07. Chez Aubade ou chez Babette 08, la femme sans tête s'explique par une volonté de faciliter l'identification et la projection. Pour certains analystes, c'est aussi un moyen de priver la femme de son identité propre. Interchangeable, elle n'est plus qu'un simple corps dénué de conscience et d'intelligence. Ne reste plus que la parcellisation du corps et l'opprobre est jetée. En 2010, dans la campagne vidéo Reebok Easy Tone 09, une addition d'erreurs de cadrage volontaires concentre notre attention sur des fesses, juste des fesses. Pire, cette communication agressive renforcerait le fantasme chez la consommatrice d'un corps parfait, délivré de ses contingences naturelles « animales »(graisse, poils, odeur). Une femme sans corps ni tête en somme. Mais alors ... 10
Photographe : L a u re nt C ro i s i e r
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D i re c t i o n A r t i st i q u e : Ba pt i ste Vi r y
Sty l i ste : A l i x D eva l l o i s M o d e l s : Vi rg i n i e M a ze l & Q u e nt i n Coste n o b l e
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CENTRE DE DOCUMENTATION ET D’INFORMATION
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RÉDIGÉ PAR MAXIME GUEUGNEAU & CO
AFFINITÉ Fig. 1 : L’Autre Jean – [ E X P O ] . Marithé Bachellerie et François Girbaud officient dans le tissu depuis plus de 40 ans. Une association qui s’est soldée par un mariage et une des marques les plus respectées du prêt-à-porter français. L’Autre Jean est l’exposition qui couvre la carrière de ces deux joyeux drilles de la mode. Joyeux, certes, mais surtout talentueux et inventifs. Avec le Baggy, la ligne S.P.Q.R., le B.E. Blue, et plus globalement leur souci d’un vêtement différent, Marithé et François Girbaud ont su accompagner les évolutions de ce siècle. Mieux, ils les ont souvent devancées. Hormis les croquis et les habits exposés, l’exposition présentera également leurs différentes campagnes de communication qui, tout comme leur stylisme a su se renouveler pour toujours étonner. Des spots réalisés par Godard aux présentations de délavages en forme de film expressionniste allemand, les façons qu’on les Girbaud de parler de leur travail ont toujours été à leur image : fraiches et décalées. Une exposition en forme d’hommage, pour un couple qui n’a pas fini de faire valser les idées reçues. www.musee-art-industrie.saint-etienne.fr ; www.girbaud.com • Exposition L’Autre Jean, en association avec la Biennale du Design 2013, du 26.10 au 6.05 au Musée d’Art et d’Industrie de Saint-Étienne.
n.f. (affinitas), rapport de ressemblance, sympathie. Ex : « j’ai pas vraiment d’affinité avec Zarko » - Marie de Secret Story. Se dit aussi d’artistes travaillant ensemble autour d’un projet commun.
Fig. 2 : Collection # 3 – [ R E V U E ] . À peine sorti d’une exposition monstre (Stratos) au Centre d’Art Contemporain de Lacoux, le collectif Collection (Sammy Stein, Julien Kedryna, Vanessa Dziuba, Antoine Stevenot et Jean-Pierre Bretin) nous fait le bonheur de publier la troisième édition de sa revue : la bien nommée revue Collection. Comme toujours, celle-ci s’articule autour de dessin contemporain et de ses avatars les plus aventureux. Mais cette fois-ci les artistes interviewés sont de ceux qui dépassent allègrement le cadre de la feuille blanche. Que ce soit le photographe, plasticien et dessinateur Thomas Maileander qui s’associe avec l’artiste Dominique Théâte, le musicien et écrivain Fabio Viscogliosi qui prend quand même le temps de dessiner ou encore les graphistes du FLAG qui se sont mis à la céramique, les invités de Collection #3 ont le chic pour trouver le crayon trop court pour eux. Pour la 3e fois, Collection porte haut la réflexion dans le dessin contemporain, le poussant bien au-delà de limites dont il n’a plus guère besoin. Merci pour la leçon. www.collectionrevue.com • Collection #3, sorti le 1.09, 256p., 20 euros. Présentation le 29.09 à la Librairie du Lieu Unique à Nantes.
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[ J E U X V I D É O ] . Le jeu vidéo se décompose en plusieurs catégories trustées par de grands titres. Ces figures de proue, grâce à leurs succès, dessinent les contours du genre et il est parfois difficile pour les nouveaux venus de se dégager des contraintes imposées par les ténors du quartier. Pourtant, ArenaNet par l’intermédiaire de Guild Wars 2 sort des sentiers battus et rebattus par WoW et tous les MMORPG qui suivirent. Le jeu est axé sur la coopération et l’aventure dynamique. Vous bénéficierez d’une grande liberté, autant dans le thème de votre aventure que dans la création de votre personnage. Parmi un vaste panel de compétences et aptitudes, vous devrez à tout moment faire des choix qui viendront modifier votre gameplay afin de franchir les challenges en cours. Bien sur, libre à vous de construire votre personnage comme vous l’entendez mais, face à la difficulté, vous devrez unir vos forces à celles de vos amis ou de joueurs rencontrés sur le chemin. Guild Wars 2 offre une expérience de jeu rafraichissante, riche et variée qui contraste avec le milieu sclérosé du MMO. Cerise sur le gâteau, une fois le jeu acheté, pas besoin de payer un abonnement supplémentaire. En période de crise, le free-to-play monte en puissance. Espérons que les éditeurs et développeurs sauront s’inspirer de ce qui s’annonce comme la nouvelle référence du jeu de rôle en ligne. Matthieu Sandjivy
Fig. 4 : WeAre Together – [ M U S I Q U E ] . WeArt et la Fiesta des Suds vivent depuis quelques temps une belle romance. Portées par le même souci d’installer à Marseille une culture musicale exigeante, les deux structures se donnent enfin la main : WeAre Together organisera la soirée de clôture du festival des musiques du monde. Et quelle soirée, mon vieux. Répartie sur quatre scènes (dont une réservée aux jeunes pousses françaises) et annonçant de bien jolis noms de la musique électronique, la soirée WeArt se veut riche, jouissive, resplendissante. Pour finir en beauté la Fiesta des Suds, WeArt regorgera de quelques mignons artistes, que les amateurs apprécieront. Outre les reconnus Birdy Nam Nam, l’association WeArt a eu la (très) bonne idée de faire venir le brûleur de parquets de Cagliari, Dusty Kid (Boxer), les décideurs de Berlin, Booka Shade (Get Physical), l’étoile de Campanie, Joseph Capriati (Drumcode) ou encore la caresse du PACA, N’To, nouvelle pépite française de la minimale. Une fin de fiesta qui ressemble farouchement à un départ d’incendie.
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www.weareweart.fr ; www.dock-des-suds.org/fiesta-des-suds • WeAre Together, le 31.10, soirée de clôture de la Fiesta des Suds (du 19 au 27.10), au Dock des Suds à Marseille.
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Fig. 3 : Guild Wars 2 –
Fig. 5 : La Petite invite – [ M U S I Q U E ] . Non seulement Gilles Peterson est une bonne personne, mais il a en plus le toupet de faire les meilleures émissions de radio du monde (sur la BBC1) et d’organiser le plus orgiaque des festivals : le Worldwide Festival qui se décline à Sète, à Singapour et à Leysin (Suisse). Et que dire de la programmation qui mêla cette année (à Sète) Mosca, Scuba, Julio Bashmore, Machinedrum, Claude Vonstroke, Tinariwen, etc. C’est pourquoi inviter le Worldwide Festival semble en tout point une glorieuse idée. Pas étonnant, ainsi, qu’elle soit venue du festival toulousain La Petite Invite, lui qui, depuis quatre ans, en a eu de si bonne en invitant Les Femmes s’en Mêlent et Nuits Sonores par deux fois. On vous prédit donc un excellent week-end de la Toussaint, à Toulouse.
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www.lapetite.com • La Petite Invite # Worldwide Festival du 31.10 au 4.11 à Toulouse. En plus des soirées, 5 événements décalés en journée auront lieu.
ANIMAUX CDI
n.m. (anima) : Êtres vivants doués d’une sensibilité et capables de mouvement. Ex : « Si un animal donne des animaux, alors le manimal, donne des manimaux » - Daddy Jokno (Afro Jazz). Animale est aussi la sélection ci-dessus.
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– Utile Ignorance, 923a et Vaya proposent une réflexion graphique, artistique et ludique sur le fait social total qu’est devenu le sport dans notre société. Les 6 et 7.10 à la Plage du Baggersee à Strasbourg.
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– L’association Brigade A4 organise un festival d’Art Contemporain, Déviation, dans les vitrines de plusieurs boutiques à Toulouse. Avec entre autres Laurence Cathala, Julia Cottin, Laurent Pernel, Max Boufathal, Cyril Hatt, etc. Du 29.09 au 19.10 à Toulouse.
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– Scopitone, en plus d’une excellente programmation électronique, honore la mémoire des disparus de l’Austria, en invitant Laurent La Torpille pour une immersion numérique dans le naufrage qui marqua l’histoire de la navigation en 1858. Au Château des Ducs de Bretagne, à Nantes, du 13.09 au 11.11.
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– Les bienheureuses Rencontres Trans Musicales de Rennes continuent leur petit bonhomme de chemin et fêteront leur 34e édition avec la présence d’au moins Vitalic, Von Pariahs, Mermonte, Black Strobe, Netsky, Ondatropica, O.Children. Les 6, 7 et 8.12 à Rennes.
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– Le 6.10 au Nouveau Casino, on a un invité de marque. Le fondateur du label Trouble & Bass, Drop The Lime, viendra en effet s’occuper personnellement du cas de la salle parisienne. Avec, en sus, deux acolytes de choix : Doctor Vince (Svinkels) et Dj Kesmo (Booty Call).
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– La toute nouvelle boîte d’évènementielle Sources inaugure ses méfaits avec une soirée qui rendra heureux les mélomanes de Paris : le 28.09, au Petit Bain, il y aura Kodh, Tommy Kid, CDBL, Bernadott, Rodeo et Calcium pour la soirée Sources Begins.
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adj. (moque, mokka), se dit de quelqu’un de laid, d’un événement contrariant. Ex : « c’est moche » - Franck Ribéry. Également utilisé pour désigner le XIVe siècle, l’automne ou le suicide.
CULTURES ELECTRONI[K] Fig. 1 : Édition 2012 –
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[ É D I T I O N ] . Le festival rennais dédié aux cultures électroniques est une bénédiction. En d’autres temps, la Grèce lui aurait dressé des autels ; en d’autres mœurs, il serait aussi populaire que Joséphine Baker. Alliant une programmation éclatante à un éclectisme bluffant, Cultures Electroni[k] respecte le pluriel dont il s’est lui-même affublé. Et ça nous plait. Du côté populaire des Nuits Électroniques, le travail a été fait. Des bonnes superstars (le toujours incroyable Lone, le plutôt incroyable Rone, les deux incroyables Teenage Fantasy…), des jeunes loups (Low Jack, Subarys…), et bien sûr l’assistance méritée du graphisme et de la scénographie (Studio Fünf pour Rone, et Avoka pour les installations). On reste dans la claque de bon goût. Pour chercher le troublant, on se tournera vers la Nuit Art et Sciences, avec Mondkopf et le studio Trafik qui rendent hommage à Brian Eno, l’authentique gelée musicale, Noisy Jelly, par Marianne Cauard et Raphaël Pluvinage ou encore le désoeuvrement sonore de Roly Porter bien aidé par le studio MFO. On furètera aussi bien sûr du côté des Expériences, ces petits laboratoires de la créations numériques : l’association Cheveu x Yroyto, les polymorphes Thraces, le live de Robert Henke peuvent valoir une ou deux tonnes de cacahouètes. Robert Henke, parlons-en, tiens. Moitié de Monolake, développeur d’AbleXXXXComputer Music ton Live, créateur d’instruments, taulier des labels Imbalance et Chain Reaction, Robert Henke est aussi allemand. Et il a droit à la carte blanche 2012 de Cultures Electroni[k]. C’est donc trois fois plus d’Henke pour nous : la Métropole Electroni[k], le live à l’Expérience 2, et la performance Atom. Mais Cultures Electroni[k] en veut toujours plus et propose encore d’autres friandises : la Super Boom pour les enfants, le magnifique Projet Pilot des dessinateurs Elsa Quintin et Alexandre Martinet, la Nuit Américaine en hommage à Philip Glass et John Adams, les installations d’Yroyto, d’Artificiel et de Joanie Lemercier, etc. 6 jours chargés comme il faut. www.electroni-k.org • Cultures Electroni[k], du 8 au 14.10, à Rennes (Ubu, Jardin Moderne, Antipode MJC, etc.)
INTERVIEW GAÉTAN NAËL, PRÉSIDENT ET YVES-MARIE GUIVARCH, MEMBRE DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’ASSOCIATION ELECTRONIK.
- POUVEZ-VOUS, EN QUELQUES MOTS, PRÉSENTER LE FESTIVAL ? Un rendez-vous dédié à la création actuelle, une exploration des croisements entre arts, musiques et technologies, l’envie de repousser les frontières, de décloisonner les propositions artistiques et les lieux investis pour connecter des mondes, des univers et des publics le temps d’un festival atypique. - DE QUOI ÊTES-VOUS LE PLUS FIER DANS LE PROJET CULTURES ELECTRONI-[K] ? De l’enthousiasme suscité, des nouvelles relations culturelles imaginées collectivement et de l’accompagnement des publics, dans toute leur diversité, vers des découvertes poétiques et des pratiques innovantes. Le festival fonctionne comme le web,
il est une succession d’hyperliens, où toutes les propositions, les disciplines, les artistes et le public se voient connectés pour ne faire qu’un. - QUELS SONT LES ARTISTES IMMANQUABLES CETTE ANNÉE ? TOUS. S’il fallait en cité une poignée : Robert HENKE, notre artiste en résidence internationale pour une création à l’aéroport de Rennes et une présentation d’ATOM, Raphaël Pluvinage et Marianne Cauvard qui ont créé la gelée musicale Noisy Jelly, Yannick Jacquet (Legoman) et Joanie Lemercier du label AntiVJ qui présenteront des installations audiovisuelles, le duo MFO qui proposera un travail vidéo d’une grande précision lors du set de Roly Porter, et le nouveau live de Rone & Studio Fünf qui sera audiovisuel !
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MOCHE
adj. (moque, mokka), se dit de quelqu’un de laid, d’un événement contrariant. Ex : « c’est moche » - Franck Ribéry. Également utilisé pour désigner le XIVe siècle, l’automne ou le suicide.
Fig. 1 : Le Temps est proche –
Fig. 2 : 33 tours et quelques secondes –
[ B D ] . Le XIVe siècle fut funeste. Si un Dieu a jamais existé, c’est en 1301 qu’il s’est barré d’Europe, laissant tout le monde dans la merde. Et celle-ci avait une sale odeur de mort. Entre la Peste Noire, la Guerre de Cent Ans ou la simple stupidité de monarques en fin de race, force est de constater que la tranquillité et le bonheur n’entraient que par intermittence dans le cœur des hommes. Cela, Christopher Hittinger le sait et s’en amuse. Dans Le Temps est proche, l’auteur de Jamestown, de Géants et des Déserteurs, aborde ce siècle de sang avec érudition, cynisme et ironie. Pour en capter l’essence, Christopher Hittinger joue également de son trait, rendant graphiquement la grandeur et la décadence de cette difficile fin de Moyen-Âge. Alternant dessins coquins et pleine page méticuleuse, Hittinger rend au lecteur ce que le XIVe lui a donné : le sentiment d’une période aussi absurde que décisive pour la marche de l’histoire.
[THÉÂTRE]. Diyaa Yamout, artiste et jeune militant politique de 28 ans s’est suicidé dans son studio de Beyrouth en octobre 2011. Diyaa a enregistré le film de sa mort sur vidéo et l’a expliquée sur les réseaux sociaux. A partir de ce suicide, et pour traiter de l’absence et du combat d’un jeune libanais d’aujourd’hui dans le contexte des « révolutions arabes », il n’y a pas de comédiens sur le plateau. Seulement un bureau, et dessus : télévision, ordinateur, téléphone portable, répondeur, et écran Facebook ; tous ces objets qui ont le pouvoir de vivre et de diffuser cette identité numérique immaîtrisable, même après notre mort. Ce sont eux qui nous racontent, dans ce faux théâtre documentaire froid et cru, non seulement ce geste terrible mais aussi ce qui advient après lui dans une société elle-même au bord du suicide. Il y a aussi un vieux tourne-disque. En ouverture, un vinyle se met à grésiller : « …et là, je brulerai mes souvenirs d’enfance, mes rêves inachevés, mes restes d’espérance », l’histoire d’une révolte, d’un combat, à l’époque du numérique, le temps d’un 33 tours et de quelques secondes. Magnifique. David Chauvet
www.christopherhittinger.com ; www.thehoochiecoochie.com • Christophe Hittinger, Le Temps est proche, The Hoochie Coochie, 75 p., sortie en Octobre.
• Du 15 au 17 novembre à la Scène nationale de Petit-Quevilly / Mont-Saint-Aignan, le 29 novembre au Théâtre de l’Agora Scène nationale d’Evry et de l’Essonne.
Fig.3 : Automne - Jon McNaught, Nobrow Press, Octobre 2012 –
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SONDE Fig. 1 : Looking 4 Galt –
[ D O C U M E N T A I R E ] . Il était un homme qui, dans sa jeunesse, a fait un peu de musique. Oh ! Trois fois rien : une comédie musicale sur les cheveux (Hair, 1967), un traité de musicologie (Shapes Of Rythm, 1966) et un truc sur les meufs (Woman is Sweeter, 1969), un peu comme tout le monde finalement. Son vrai coup de bol fut de voir les producteurs de rap des 90’s/00’s se pencher gentiment sur son cas. Un certain DJ Premier de Houston (Gangstarr, Werdz from the ghetto), un type qui se fait appeler Rashad « Ringo » Smith (Busta Rhymes, Woo-Hah !!), un drôle de M. Pete Caillou (Run DMC, Down With The King) ou encore un groupe de branleurs (Artifacts, C’mon wit da git down) l’ont ainsi tiré de son sinistre bourbier en le samplant charitablement. Ce mec s’appelle Galt MacDermot, est un génie, et dans le documentaire de la Gasface Fam’ (NY Minute, Pretty as I wanna be, le magazine du même nom), il est salement recherché.
n.f. (sund), instrument utilisé pour explorer à distance. Ex : « cette sonde urinaire me gène au quotidien » Rocco Siffredi. Se dit aussi de festivals ou de documentaristes qui vont au-delà des apparences.
www.gasface.net ; www.dailymotion.fr • Looking 4 Galt, un documentaire de Gasface, visible en novembre sur Dailymotion. Deux spin-off sont prévus : B.I.G. et Talkin All That Jazz
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Fig. 2 : CNEAI : Island # 1 / Salon Light # 9 – [ M U S I Q U E ] . C’est beau, une structure qui croît. D’autant plus beau quand il s’agit du Cneai (Centre National – Éditions Art et Images), défendeur et diffuseur de la création contemporaine en termes d’édition, mais pas que. Le Cneai rouvre en effet ses portes à Chatou (78), plus beau, plus vite, mais surtout plus grand (huit salles + la Maison Flottante + espaces extérieurs). Et plus fort également car deux évènements vont émailler le rentrée du Cneai nouveau. Le week-end de réouverture sera ainsi magnifié par le Festival Island #1, premier des trois week-end annuels et artistiques dédiés aux œuvres vivantes. Une expérience sans cesse renouvelée avec, en toile de fond, ce bout de Seine qui fit tant rêver les impressionnistes. À cette première édition seront présentés l’installation sonore de Jean-Philippe Renoult, la performance chorégraphique Eel Dance de A Constructed World, le live de cette excellente Bérangère
Maximin, un après-midi graphisme Tombolo (Catherine Guiral, Brice Domingues, Thierry Chancogne), etc. Seconde pierre à l’édifice de cette rentrée, le fameux Salon Light, pilier
du travail du Cneai depuis 2004 et sa première édition. Toujours organisé en parallèle à la FIAC, le Salon Light entend une nouvelle fois défendre l’édition originale, belle et innovante. Ici l’objet est roi et le caractère fétiche de l’œuvre d’art bat son plein pour notre bonheur d’esthète et de collectionneur. Privilégiant l’expérimentation et l’indépendance, le Salon Light considère justement l’imprimé comme un des beaux-arts et en dessine complaisamment le futur. Auteurs, graphistes, éditeurs et distributeurs se concentreront autour de la nuée de publications en tout genre (livres, catalogues, vinyles, revues, etc.) qui parsèmera, un temps béni, le Palais de Tokyo. La rentrée du Cneai est chargée comme une mule : tant mieux, rien ne pouvait nous faire plus plaisir. www.cneai.com • Festival Island #1 les 29 et 30.09 au Cneai, à Chatou (78) ; Salon Light #9 les 19, 20 et 21.10 au Palais de Tokyo, à Paris.
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v.r. (sufficere), Pouvoir satisfaire à un but donné. Ex : « Ça suffit » Kurt Cobain. Se dit aussi d’un culture indépendante, qui se suffit à elle-même.
SUFFIRE (SE)
Fig. 1 : Festival International du Film Indépendant de Bordeaux –
www.bordeaux-festival.com • 1e Festival International du Film Indépendant de Bordeaux du 2 au 7.10 avec aussi un focus sur Jonathan Caouette, une programmation jeunesse, des after à l’Iboat, etc.
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[ C I N E ] . En voilà une nouvelle : Bordeaux accueille son tout premier Festival International du Film Indépendant. Léo Soesanto, journaliste aux Inrockuptibles et ardent cinéphile, qui dirige artistiquement le festival, l’annonce comme un temps d’énergie et d’espoir. Pourquoi et surtout comment lui donner tort ? En observateurs bienveillants, nous ne le ferons pas. Une manifestation qui choisit le thème de l’indépendance et de la jeunesse ne mérite que la sympathie. Une manifestation qui a pour parrain Olivier Assayas ne mérite que l’amitié. Une manifestation, enfin, qui a pour égérie Adèle Haenel ne mérite que l’amour. Mais c’est le cœur du FIFIB qui emporte tous nos suffrages avec la compétition internationale qui verra 8 films internationaux se disputer la Lune d’Or (prix du jury) et la Lune d’Argent (prix étudiant), dont ceux de Brandon Cronenberg (oui, oui), de Sophie Letourneur, d’Axel Petersen, ou de Rachid Djaïdani. Fait pas si mal dans le monde pour finir.
Fig. 2 : Marché Noir – [ É D I T I O N ] . À Rennes, quelque chose gronde en sous-sol. C’est n’est pas une mélodie, pas plus une émeute. C’est de l’édition. De la belle, de la pure, de la bonne édition faite localement et en circuit fermé. Un produit de qualité supérieure pour les boss, les durs, les tueurs à gage, les bandits qui renâclent pas devant la puissance de la dope artisanale. Les tenanciers du trafic sont à l’aube d’un gros coup : le salon de la micro-édition Marché Noir, soit trois jours d’autocongratulations autour de leur business. Organisé par L’Atelier du Bourg, Barbe à Papier et La Presse Purée, en collaboration avec le Jardin Moderne, le Marché Noir est un banquet, forcément orgiaque, célébrant la micro-édition rennaise, française et internationale. Trois jours où les parrains de l’édition manufacturée et indépendante viendront proposer gratuitement leurs services via expositions, ateliers, initiations, mais aussi vendre leur came la mieux cuisinée. Seront présents : le sérénissime Albert Foolmoon, Lendroit Éditions, Honnête Magazine, Hôtel Rustique, L’Épluche doigts, L’Imprimerie, Grand Géocoucou, Éléonore Hérisse, etc. Rennes est au creux de leur main, il leur suffit de serrer le poing. marche-noir.tumblr.com ; www.jardinmoderne.org • Marché Noir, Salon de la Micro-Édition, les 21, 22 et 23.09 au Jardin Moderne à Rennes.
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Fig. 3 : Serendip – [ M U S I Q U E ] . Dans un univers gouverné par les forces de la standardisation, le Serendip est une poche de résistance de type irréductible. Depuis 3 ans, ce qui est un des festivals les plus fascinants en France lutte pour l’indépendance, la créativité et la qualité musicale, graphique et cinématographique. Et pour sa troisième édition, le festival a décidé de briller. Donnant corps à sa ligne éditoriale plus que vertueuse, le Serendip invite l’autre culture - la plus excitante à se la donner durant 9 jours de plaisir sonore et visuel. Des vétérans bidouilleurs Das Ding ou Hypnobeat (qui n’a pas joué depuis 1989) au breakcore d’Electric Kettle, Somatic Responses ou Istari Lasterfahrer, en passant par les arpenteurs cosmiques Den Haan ou In Aeternam Vale et l’iconoclaste norvégien Sir Dupermann, la sentence musicale sera sans appel. En cinéma, avec le Karminsky-Grad de Jean-Jacques Rousseau et en graphisme, avec le collectif Arrache-toi un Œil, le schéma est du même tonneau : l’aventure c’est l’aventure. En outre, le Serendip se meut. De festival, il passe à festival ET label, avec peu ou prou le même prêche combinant nouvelles cuiriosités et disques mythiques disparus. Après une réédition de Serge Lafosse (Papy Computer, Force de frappe), et une compilation dédiée aux Synth Lovers, le label s’apprête à sortir une réédition du groupe Satellite/Atom Cristal et une d’Hypnobeat et un EP du groupe noise dadaïste Chlorgerschlecht (aka Transformer di Roboter). Il est grand temps de se rallier à la cause.
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www.serendip-arts.org • Festival Serendip du 5 au 14.10 à Paris, à la Fonderie de l’Image, au Générateur, à la Gare Expérimentale, etc.
TERREAU Fig. 1 : Arts Factory – [ É X P O ] . La très fameuse galerie nomade Arts Factory en avait plein le dos. Marcher, marcher, marcher : ça casse les pattes. La pause était donc de rigueur pour nos amis Effi Mild et Laurent Zorzin qui s’offrent, le temps d’un gros trimestre, un break à la Galerie Lavignes Bastille. Mais, pour Arts Factory, se sédentariser ne signifie certainement pas rouiller sur le ter-ter. Quatre expositions de bon goût sont en effet programmées d’ici à décembre, et cela rend les gens heureux. En voyant les différentes propositions, le peuple a raison d’être content. La première exposition est dédiée à la maison d’édition du dessinateur Stéphane Blanquet, United Dead Artists, qui invite 69 artistes (parmi lesquels Namio Hurakuwa, Aleksandra Waliszewska, Tom de Pékin, Fanny Michaëlis, etc.), pour une exposition de plus de 400 dessins. Seconde étape, Arts Factory fête la sortie de Dirosagraphic, anthologie du des-
n.m. (terral), ce qui est propice au développement de quelque chose. Ex : « La Corée du Nord est le terreau de la démocratie nouvelle » - Kim-Jong Un. Se dit aussi d’une zone ou d’une structure artistiquement fertile.
sinateur et graphiste Hervé Di Rosa, en lui consacrant une jolie rétrospective. Troisième destination : le cerveau mure de Bernard Granger aka Blexbolex, pour fêter les 20 ans de sa carrière éditoriale, la beauté de ses sérigraphies et le raffinement de sa discussion. Enfin, le quatrième cavalier sera le Arts Factory Winter Show #1 et #2 qui invite le collectif Jean Spezial et quelques poulains (Amandine Urruty, Camille Lavaud, LL Cool Jo, Matthias Lehmann, etc.) à en finir avec l’année 2012 et, partant, le monde. Il fait bon se poser un peu. www.artsfactory.net ; www.lewub.com ; www.dirosa.org ; jeanspezial.tumblr.com ; www.lavignesbastille.com • United Dead Artists, jusqu’au 6.10 ; Hervé Di Rosa du 10.10 ay 21.10 ; Blexbolex du 24.10 au 17 .11 ; Arts Factory Winter Show #1 du 21.11 au 7.12 ; AFWS #2 du 8.12 au 22.12. Le tout à la Galerie Lavignes Bastille, à Paris.
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Fig. 2 : Gangsta Gumbo –
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n.m. (très-fonds), En-dessous du sous-sol, espace sombre. Ex : « J’aime aller aux tréfonds des choses » - Nadine Morano. Se dit aussi d’une culture qui explore le côté obscur. Est également la destination d’un bateau qui coule.
l’histoire du rap sudiste est pavée de génies, de drogues, de meurtres, de lubricité, de business men, de misère, de racisme et de fierté. Mieux, chaque État, chaque ville, possède sa propre histoire. Et si on peut les mettre dans un seul sac c’est qu’une même volonté a habité les rappeurs de ces états racistes et conspués par le reste des Etats-Unis : renverser la table. Ce sont ces histoires que nous racontent Jean-Pierre Labarthe et Charlie Braxton, via une connaissance encyclopédique du « Dirty South Rap » et des interviews exceptionnelles. Indispensable. www.camionblanc.com ; jeanpierrelabarthe.over-blog.com ; twitter.com/charliebraxton • Gangsa Gumbo, une anthologie du rap sudiste, de Charlie Braxton & Jean-Pierre Labarthe, Camion Blanc, février 2012, 524 p., 36 euros. À écouter, la mixtape de Jean-Pierre Labarthe aka Grigrislang x Dave Luxe – Southern Gatorz.
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[ L I V R E ] . Cet article aurait dû être écrit il y a bien 6 mois. Malheureusement l’omniscience a parfois ses limites, cruelles et impardonnables. En effet, il y a 6 mois (7 en fait) sortait ce miracle : Gangsta Gumbo, une anthologie du rap sudiste via Houston, Memphis, Atlanta, Miami, Jackson & La Nouvelle-Orléans par Charlie Braxton et Jean-Pierre Labarthe. Soit le premier livre français à s’intéresser au territoire rap le plus inventif (et le plus vendeur) de ces 15 dernières années. Et sans doute le meilleur pour longtemps. Le sud règne aujourd’hui en maître sur les charts internationaux (Pitbull, Lil’ Wayne, Lil’ Jon, Outkast, Rick Ross, Ludacris, Flo Rida, etc.), mais dieu que la route fut longue. Des premiers cartons du 2 Live Crew au trap rap de Gucci Mane, en passant par l’oscar des Three Six Mafia et la collaboration de Jay-Z avec UGK sur Big Pimpin’,
Fig. 1 : Darkside – [ M U S I Q U E ] . De l’année 2011, nous pouvons faire ce constat : Nicolas Jaar est devenu une superstar. Commençant cet an de grâce par la sortie du paranormal Space is The Only Noise, Nicolas Jaar le finissait d’une façon admirable, formant le duo Darkside avec le guitariste Dave Harrington (Arms, El Topo). Ce qui a commencé dans une chambre d’hôtel par des soucis techniques a fini sur disque : le très mélancolique Darkside EP chez Clown & Sunset, le label de Nicolas Jaar. Et il faut croire que le côté obscur de ces jeunes gens a pris le dessus, puisque les voilà qui entament une très sélective tournée européenne, en attendant l’album. Soyons bénis alors, puisque Darkside aime la France et Le Trianon, et qu’ils ont décidé d’y faire leur unique date parisienne le 30.09. Et dieu sait que nous aimons les stars. soundcloud.com/clownandsunset/sets/darkside-darkside-ep ; mercredi-production.tumblr.com • Mercredi Production présente Darkside, le 30.09 au Trianon à Paris. Avec aussi Acid Pauli.
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Fig. 2 : Spitzer — The Call – [ M U S I Q U E ] . Gens de bonne compagnie, animaux et vallées, entendez l’appel. Oui, entendez l’appel que poussent Matthieu et Damien Brégère, connus sous le nom de Spitzer, dans leur premier album, The Call. Entendez cet appel, car il est bon pour le cœur et l’esprit. Alors qu’ils avaient fait frémir la France avec un premier EP chez InFiné, en 2010, nous nous languissions d’entendre sur format long, les péripéties des Spitzer. Nos prières ont été écoutées et nous voici en présence d’un gros morceau de Spitzer avec des bons bouts dedans. Du spatial Too Hard To Breathe (avec Kid A) au tribal Madigan, en passant par les synthés mystiques de The Call, les Spitzer se jouent de leurs références et des nôtres. The Call réussit en effet là où beaucoup trop se cassent la binette : leur musique électronique sent fort le rock, la techno et la pop. Un alliage qui donne un album sombre mais jamais morbide, digital mais vivant, volubile mais prenant. À ce genre d’appel, on souscrit avec fierté. www.spitzer.fr ; www.infine-music.com • The Call, sorti le 03.09 chez InFiné. The Call’s release party, le 21.09 à Villeurbanne, au Transbordeur.
Fig. 3 : Luff 2012 — Lausanne – [ F E S T I V A L ] . Le Lausanne Underground Film Festival est en tout point extraordinaire. Monstrueuse entité bicéphale, le LUFF, comme il aime à se faire appeler, dégage une inquiétante étrangeté. Sur le ventre de la bête, on peut lire « Marginal », dans son dos « Underground ». Le LUFF frappe de concert, à la mi-octobre, de deux violents coup de boule la douce terre helvétique. Il appelle le premier « musique » et le second « cinéma ». En 2012, et pour la 11e fois, le LUFF va prendre possession de la câline Lausanne et imposer une programmation hors-norme et inédite. En haut, tout en haut, nous aurons droit au maître John Waters (présent sur le festival), pape de la marginalité cinématographique, pour une rétrospective, une carte blanche et son One Man Show. D’autres hommages sont programmés : aux cinéastes provocateurs Christian Schliegensief (Allemagne) et Edwin Brienen (Pays-Bas) ainsi qu’aux
transgressions cinématographiques dans l’Europe de l’Est soviétique. Parallèlement à cela, il y aura naturellement les compétitions films courts et films longs pour renouer avec une méritocratie bienvenue. Côté musique, le dépaysement sera semblable. Errons donc dans l’inconnu et l’inouï avec une programmation mêlant bruitisme, punk, électroacoustique, ambient et surnaturel. Comme tête d’affiche, le LUFF choisit bien judicieusement le nouveau projet de Kim Gordon (ex-Sonic Youth) associée à Bill Lace : Body / Head. Et entre autres moments (très) forts nous avons : Kevin Drumm, Radian, Maja Ratkje (membre de Jazkamer) & Ikue Mori, Zeni Geva, Pain Jerk, etc. Puisqu’il faut le faire, allons affronter le LUFF. www.luff.ch • LUFF (Lausanne Undergorund Film Festival), du 17 au 21.10 à Lausanne, Suisse.
Fig. 4 : Dement3d – [ M U S I Q U E ] . Sur le Soundcloud de Dement3d, il est écrit « Record Label Founded in 2011 in Paris, France. » Jusque-là, c’est pas faux. Mais ce que cette succincte présentation ne dit pas, ou peu, c’est qu’il s’agit d’un des labels les plus excitants du moment. Certes, le label fondé par Heartbeat et François X ne compte que trois sorties, mais n’est-ce pas là la preuve d’une attention rare et bienfaisante portée à chaque sortie ? La question est purement rhétorique, et l’évidente réponse est si. Et c’est d’autant plus évident à l’écoute des pépites techno que sont le Discordance de dscrd et les Indirect Light EP et The Last Vehicle EP des surhommes de Polar Inertia. Après cinq années dédiées à l’organisation d’événements musicaux, François X et Heartbeat ont pris l’excellente initiative de mettre au service des artistes leurs oreilles de grande qualité. Et on applaudit des deux mains. www.dement3d.fr • Prochaine sortie : DM3D Versions – Remixes Part 1, avec des remixes de Polar Inertia et dscrd par Lucy, Abdulla Rashim et… Polar Inertia.
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VOLAGE
adj. (volaticus). Qui est instable et susceptible de chavirer. Ex : « Depuis quelques temps, mon visage est volage » Sylvester Stallone. Se dit aussi d’artistes qui aiment voyager.
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Fig. 1 : Vortex et L’Après-midi d’un Foehn –
[ D A N S E ] . Phia Ménard est issue du monde du jonglage. Dans ses deux dernières propositions c’est le vent et son incroyable pouvoir de transformation qu’elle utilise comme une virtuose pour faire vivre la matière. D’abord dans L’Après-midi d’un foehn (tout public à partir de 4 ans) c’est cet air impalpable, propulsé par un cercle de ventilateurs, qui façonne une pièce chorégraphique pour des marionnettes en sacs plastique et qui va créer un ballet aérien d’une sensibilité rare. Vortex, la seconde proposition (pour adultes) nous amène dans un univers plus fantastique qui, au cœur du même dispositif, va traiter de la transformation
d’un être qui tente de se débarrasser de ces diverses couches qui nous cachent ou nous protègent. Vortex c’est l’œil du cyclone, avec ici probablement le corps au centre, un corps transformé, qui renait dans la violence du tourbillon. David Chauvet http://www.cienonnova.com/ ; http://www.biennaledeladanse.com • L’Après-midi d’un Foehn et Vortex, deux spectacles de Phia Ménard (Cie Non Nova) les 26, 27 et 28.09 au CCN de Rillieux-La-Pape dans le cadre de la 15e Biennale de la Danse de Lyon.
[ I N S T A L L A T I O N — E X P O S I T I O N ] .Une fois, Kitsou Dubois fut violemment frappée. C’était en 1990, au CNES. Elle participait alors à un vol parabolique où la gravité s’évanouit. De cette expérience de l’apesanteur, Kitsou Dubois en a tiré ce qui est peut-être l’une des plus fascinantes carrières de la danse moderne. Percevant alors le mouvement nu, elle s’est mise à construire ses chorégraphies en confrontant cette anomie spatio-temporelle, où le corps ne s’appartient qu’à lui-même, aux différents facteurs environnementaux qui empêchent d’habitude sa complète liberté. Dans son installation/exposition Perspectives au Lux de Valence, elle a voulu rendre au spectateur ce que l’apesanteur lui avait donné. Filmant des danseurs en apesanteur dans un Airbus A 300-0G, Kitsou Dubois a voulu effacer les conceptions des spectateurs, modifier leur préjugés et apprendre à tous combien le corps dépend de son milieu. Bouffant les espaces de projection ou au contraire les élargissant à l’extrême, invitant un regard commun ou individuel, Kitsou Dubois veut repousser les limites du regard et de la compréhension, et laisser le spectateur imaginer. Imaginer son corps. www.lux-valence.com ; www.kitsoudubois.com • Perspectives, installation/exposition de Kitsou Dubois du 7.11 au 24.11 au Lux de Valence.
Fig. 3 : Sinner DC — Future That Never Happened –
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[ M U S I Q U E ] . Il existe en Suisse un vortex, et Sinner DC l’a emprunté pour la première fois, il y a de cela 14 ans et leur premier album, Panoramic. L’opération peut paraître délicate, mais nul doute que ce récit est l’entière vérité : leur septième album studio, Future That Never Happened, prouve que les voyages entre dimensions parallèles existent bien. Celle que les Suisses ont visitée cette année ressemble peu ou prou au Colorado provençal, à ceci près qu’il y existe une gravité quasi nulle et qu’à tout moment, le cosmos peut y devenir un havre de paix. Attention,
point de hula hoop, ni de berlingot dans cette paix-là : celleci est plutôt faite d’une ouate subtilement imbibée d’ether. Si l’album s’écoute comme un voyage hors de portée, quelques morceaux viennent plus particulièrement s’insinuer dans notre système nerveux. À titre d’exemples, nous citerons le tube Endless Valley, et les miraculeux Dreem et The Horizon. Pourvu que le minuteur prenne pour une fois son temps. www.sinnerdc.com ; www.mentalgroove.ch • Sinner DC – Future That Never Happened, sortie le 1.10 chez Mental Groove.
CDI
Fig. 2 : Perspectives de Kitsou Dubois –
Vue par Brecht Evens (3/5)