Kiblind magazine Gratuit
NumĂŠro 30 Avril - Mai 10
Culture Blender www.kiblind.com
SOMMAIRE
Édito
7
Vu par... Etienne Hervy
8
Revue de presse It's the beat
10
Anachronique X-TU
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Dossier Faits Divers
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Globe Electrip Festivals
20
Pages Blanches Dan McPharlin Giom / Guillaume Dénervaud Yu Matsuoka Thierry Jaspart Les plus beaux livres français
23
Maths
35
KIBLIND N°30 AVRIL - MAI 10 Couverture / DAN McPHARLIN De l’abstrait au surréalisme il n’y a qu’un fil que Dan McPharlin, jeune graphiste d’Adelaïde, Australie, aime à parcourir dans des tribulations graphiques et chimériques retranscrites ici par la chute de la petite balle orange. www.danmcpharlin.com
STAFF /
Directeur de la publication > Jérémie Martinez Rédaction Kiblind > Gabriel Viry + Jean Tourette + Jérémie Martinez + Maxime Gueugneau + Olivier Trias + Matthieu Sandjivy + Guillaume Jallut + Marine Morin. Merci à Anaïs Bourgeois + Franz Bone + Landry Noblet/ Librairie Expérience + Guillaume Vonthron Cahier Mode > Direction artistique : Baptiste Viry + Photographe : Alain Delorme + Styliste : Alix Devallois + Make-up & hair : Aude Durocher + Modèle : Céline + Texte : Emilie-Alice Fabrizi
Directeur de la communication > Gabriel Viry Directeur commercial > Jean Tourette Agent commercial> Anthony Planche
INFOS/
Imprimerie JM. Barbou / ZAE Bondy Sud - 8 rue Marcel Dassault - 93147 Bondy Cedex / 01 48 02 14 14 / contact@imprimerie-jmbarbou.fr Le magazine Kiblind est édité à 30 000 exemplaires par Kiblind Corp. / SARL au capital de 15 000 euros / 507 472 249 RCS Lyon / 4 rue des Pierres Plantées 69001 Lyon / 04 78 27 69 82 / www.kiblind.com Le magazine est diffusé à Paris, Lyon, Marseille, Montpellier, Bordeaux, Toulouse, Rennes, Nantes, Lille, Bruxelles et Genève. Ce numéro comprend un supplément spécial pour la région Rhône-Alpes. ISSN : 1628-4046 // Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. Six years and « we're still here, you bastards !». Contact : redaction@kiblind.com
Direction artistique > Klar (agence-klar.com) Avec la participation de : Arnaud Giroud (pitaya-design. com) + Kinga Sofalvi (kingasofalvi.com) + Simon Bournel-Bosson (simonbournel.blogspot.com) + Marie Bienaimé (blog.mariebienaime.fr) Relecture > Frédéric Gude
Print B.ü.L.b Comix Le Syndrome de Warhol + Hey ! Magazine + L'Amateur + La Soif d'images + Coney Island Baby + L'Album factice Écran Objectif Moon + Des souris et des zobs + That's bingo + Au long court + Move your natal body + The secret world + Red dead redemption + Plants vs zombies
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40 This is the end ? +À quoi sert 3D ? + The man you loved t hate + Game over + Venetica + Babel Rising + Prison Break : The Conspiracy
Cahier Mode ART/C Krokiblind Candy Twist
45
Bazart
62
Louche actualités
66
Post it Identités
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ÉDITO
T/ M. Sandjivy I/ S. Bournel-Bosson
07
Etienne Hervy
Itw / G. Viry Visuel : Affiche de Vladimir & Georgy Stenbergs pour Man with a Movie Camera / Dziga Vertov (1929)
Et si la Haute-Marne s’affirmait, grâce à Chaumont, comme un pôle international du graphisme ? Ancien rédacteur en chef d’Étapes, nouveau directeur du Festival d’affiches, Etienne Hervy nous explique comment… Kiblind / Vous venez de prendre, en février, la direction, du Festival de Chaumont. Quelles sont vos ambitions ? Etienne Hervy / Elles sont nombreuses, mais elles dépendent surtout de la mission qui m’a été confiée et qui a changé. Elle est triple : l’organisation du festival ; l’animation du « pôle graphique » qui, tout au long de l’année, pilote un ensemble d’actions autour du graphisme : éditions, résidences, etc. ; enfin, la préfiguration du Centre International du Graphisme (CIG) qui devrait voir le jour, à Chaumont, à l’horizon 2012. Concernant le festival, j’hérite, grâce à l’équipe précédente, d’une manifestation en bonne santé, réputée, dynamique... : nous allons continuer ! Au niveau fonctionnel, l’évolution majeure repose peut-être dans le fait que je suis à la fois, cette année, le délégué général du Festival et son directeur artistique. Dès 2011, le festival aura un directeur artistique invité chaque année. K / Concernant la programmation, quelles sont les principales nouveautés de l’édition 2010 ? EH / L’an dernier était un peu particulier : le festival célébrait son vingtième anniversaire, l’occasion de tirer un bilan sur la manifestation et, plus largement, sur 20 ans de graphisme en France. L’édition 2010 a une nouvelle optique : on va vers un lieu et on s’inscrit, très clairement, dans une nouvelle dynamique. En termes de nouveautés concrètes, il y aura peut-être moins d’approches monographiques que par le passé. Avant, aux Silos, il y avait toujours une exposition patrimoniale consacrée à un « grand » du graphisme : Cassandre, Paul Rand, etc. L’objectif, cette année, sera de mettre en exergue un mouvement, plutôt
VU PAR
qu’une personne : les affiches constructivistes des années vingt et trente, en s’appuyant notamment sur les oeuvres prêtées par la Bibliothèque Nationale de Russie. Autre évolution : le concours international d’affiches sera doublé d’une « sélection française ». Concrètement, un second jury va être formé : il choisira, de façon indépendante et sans connaissance des résultats du concours, une sélection de 10 à 15 affiches conçues par des graphistes français. L’objectif est de favoriser la reconnaissance de la qualité graphique, là où elle est, ce qui n’a rien d’évident… K / Comment percevez-vous, justement, la création graphique en France ? EH / Moi, j’aime bien ! Et je me suis rendu compte, notamment à l’étranger, que je n’étais pas le seul… Le graphisme français n’en a pas conscience, il existe toujours une sorte de complexe parce qu’on n’est pas aussi suisse que les Suisses ou pas si hongrois que les Hongrois. La France est un carrefour de ces cultures, un lieu d’expérience. Là où le graphisme est l’exception, nous avons des graphistes exceptionnels ! Parallèlement, les choses se structurent de plus en plus, notamment dans les écoles. Le niveau augmente, une vraie culture de la discipline s’y développe, des terrains de recherche apparaissent, même si la commande, institutionnelle et commerciale, reste relativement faible. L’enjeu, aujourd’hui, est de savoir comment toute cette qualité, tous les étudiants que nous sommes en train de former, peuvent passer dans le champ de l’application. Avec votre magazine, vous y contribuez, comme d’autres. L’autre point positif, c’est que la jeune génération est très à l’aise pour articuler une pratique artistique avec une pratique de designer graphique. Le clivage entre les deux n’existe pas pour eux et, plus largement, de nombreux clivages sont en train de disparaître. En attendant, évidemment, les prochains… K / Dans quelle mesure l’affiche, en tant que support, restet-elle autant pertinente pour évaluer la création graphique actuelle ? EH / Chaumont reste un festival d’affiches, créé à partir d’un patrimoine (une collection de 5 000 affiches léguée, à la ville, par Gustave Dutailly), même si nous tendons à élargir notre vision et replacer l’affiche dans un ensemble plus vaste : celui du graphisme. Cela pose une autre question, concernant la manière de diffuser les œuvres. Comment exposer un livre, une signalétique, un pictogramme, une interface ? Il faut trouver des réponses quitte à les inventer. Nous commençons cette démarche prospective avec le
Festival. Cette année, par exemple, Chaumont accueille l’exposition des Plus Beaux Livres pour laquelle Tom Henni va créer une scénographique spécifique. Or, une scénographie, c’est – en soi – une création graphique. K / Quels sont les contours du futur « Centre international du graphisme » ? EH / Les premières bases sont posées, avec une logique de rayonnement et une ambition claire : créer, à Chaumont, une institution consacrée au graphisme. Le projet d’un tel lieu ne date pas d’aujourd’hui. La première étape, concrète, c’est le projet « pôle image » qui va associer, dans un même bâtiment, le Centre international du graphisme et un complexe de cinéma. Cela nous permettra de bénéficier de nouveaux outils, dont une salle de projection, pour tout ce qui relève du graphisme « en mouvement ». Dès la rentrée prochaine, et en attendant la construction physique du centre, le pôle va s’appeler « CIG avant les murs ». Plus largement, au-delà du lieu, on souhaite travailler avec d’autres structures. En Europe, il y a plusieurs établissements qui, de l’affiche au design, sont consacrés au graphisme. En France, il y a aussi des lieux qui pourraient accueillir des opérations menées, en « antichambre », à Chaumont : le Centre national de l’Estampe et de l’Art Imprimé (CNEAI), à Chatou ; la Gaité Lyrique ou la Galerie Anatome, à Paris. Des choses sont également envisageables avec de nombreux musées et centres de création, sur l’ensemble du territoire : le Musée de l’Imprimerie, à Lyon ; la Cité du Design, à Saint-Étienne ; etc. Il y a, enfin, les événements, comme Marseille 2013, pour lesquels nous pourrions prendre en charge une partie de la programmation, sur le plan graphique. Plus que de l’ambition, il nous faut avoir de la prétention, celle de placer Chaumont et le CIG comme l’institution et la place forte du graphisme.
+ d'infos / 21e édition du Festival International de l’affiche et du graphisme de Chaumont : du 29 mai au 20 juin 2010. Au programme : le concours étudiant, sur le thème « Le graphisme, qu’est-ce que c’est ? », le concours international et la « sélection française », l’appel à projets aux jeunes professionnels de tous les secteurs du design graphique (édition, design d’interaction, motion, identité, communication, pack, typo, scéno, etc.) Chaumont c’est aussi : des expositions, un « parcours d’affiches », l’exposition des Plus Beaux Livres 2010, etc. Bref : allez-y ! www.chaumont-graphisme.com 09
, ic à Paris n o S e t t les. u Ville À Lyon o ur d’autres initia s e r o n s So pter s dant Nuit ent com v u e p En atten M ter pour ten eurs de BP , en vain, a e n L è les amat a PQR… « sc : r is rdis. P heure su o l e s n e se u d le » r s le s rre na pri Celle sse régio ire déma it alors
o, la pre là de fa ale, Yuksek, ava and il ne re d’electr qui va bien au-de è ti a m andie, qu pois » star loc n rm E o s, e é N fo c n n n ’i o E ». ine d , ann J Diep relais… est une m ales, « D avre Libre d’grisou » ir n p e la u B c o É e C d « ord ée pas eH de la soir nPicard. N ue Yuk- s’agit hoix », L q « DJ de c x étudiants parvie Courrier , e le … c L p n m s o e n d x a u e d au e . r d n a P e so p u is , sy q lors rend re Bu et Bu nous app e Pierre-Alexand s dance- s’excite irer DJ Mehdi ela C . » ! ell platine nt à att ur sur le e n la to sek s’app e al, re n ff n rn u u o u lâche le jo : « cha fait « s d’après publicain etroots Chakra i, é Faithless , ss R é u c a n st i e o ’E « T y B Et L comm à de Blood ues (…) avait floors ». cebook : e a s F ss n a e e p li p a u P it ro ue Busy q oop : les derrière des masq val de sur un g s sc a p s : revien ent arna Sources « se cach nt pas trop le C : quand tu n’en arnier va e aurent G … , e « L n , im » on -T. ni n ti ’a A. e G. », L’U Rou la pla mais n r la Carto uf électrise « Une grosse te Candy, erise sur C ss . , la , » o. G ce C e T. en r ; is Prov 10/1 Ven rit su i, peuf », La e tranpsasela PQR, aucunlae « Ils font c dans la u ns Tsug illaise éc a e d o rs Barbaux, que », a t D ig n w M e ud a ni L 19/1 ;L électro old, e lisez P est, à it carrém musique Picard, 29/1 ; nappes c - Si vous n rendre que Busy vivre la er e t se croira d n r e o Le Courri n pour la ville v ono ss-o ft Punk e tio ’app ne « Décep is », L’Yon un « cro de rythmiques m nk chance d n manager de Da anger » c e v -sous-Bo 1/2 ; « La a ay ln Au d' P, es de fu aine / AF effraie », , l’ancie rie Ed-B o wave, Républic chno e de new et n ypnotiques, hérité … ». La ville ateur de l’ « écu soirée te Peté, dolphe à l’affich e, d h Ro n re ; is b st fo /2 a e au m 11 m le so Il s e brera e vi n ). v L’Union, ns o to o … lo pers nn ieux n, Châ e gro L’Est Uffie « Demai du hardcore », ai, mais rique et d electro, encore m ux (Justice, m é m n Verger, e u rythme e stival n ni s, ha re /2 ; Stép nce s Sono récie l’ e. « Le fe lea les fe p n it y p n éclair, 12 haute surveilla u a il N to é , r, R u us n on PQ ndia namo « Zone so e techno », L’Uni s ne s’e tion mo soiré récompe errière l’ tte fois, issent de pour la ur que na e e réputa en), avec ses quand, d irdy Nam Nam, n e ce u ir o é 12/2 ;« Po tta », La Dépêch v rg , a .B Gue uett st fo chno « David oirée te (Le Parisi Dj’s, de l’actu David G Grammy s’e /2 ; 13/2 ; « S du Midi, cro », L’Union, 14 , connue » italic, 2 Many ictoires. t x n V u e a x ! » x m oi ), u a ch sans ac » p (V » et o sé , DJ de l e -p a h in c o is… ; c a /2 si tr po rr ffi , 15 « DJ diep s d’a ot mu (« elec ain lo rmandie p c te ix li tê g n b ion e u in Paris No at o p ns lt h é e e se P R d la « m c’est Le olier, « La /2 ; Gilles Tri complète Libre, 15 s. Pour A Times, ne etc.), son n rd L a io Le Havre t, « Italians u w rs », d e A èse et tro m tz th ec él Pillaul l’Yon de syn t à Me ut l’im is n o s a Theophile La Marseillaise, e le rt a M m su iv . th u » , q tter » l’é : , MarUSA les ry nnefoy, do it be oralie Bo vient Marseille les lignes bac aux le dans « 18/2 ; C e À il ta v tr . satac n » « e ar ais s M n r o u re te ce, e la electr « Le Win sait li odèle m La Proven e l'hiver », és, comm e les beats re ce m blicaine m u iv p la platin ieu fu é réveiller su l fe R uf n it it ha ’u fa té sen ête d imera 19/2 ; « C e Libre, 20/2 ; sont vr ent repré l’al- satac a t, « en qu n peu de utres se n ! », Le Ha t, « Marsatac, m a ’a le d st a g in ul é l’ lla r u , Pi La t ulnay roduit e, pou Theophile neige électro », attendan », ., ville d’A ys pour avoir cop history. rest classe de ise, 26/2 ; Ph. M ble ». En « Winter a r n e g m e is v in Marseilla m n tronique n v a o ra ec li c él rg e G a d ’o x tude s, d e u ni e La t a ss zé », n lu a is la « L niorta il vie e « c ago B positeur /2 ; chaleur, al, sorte d nce nous d'un com République, 27 : m A Chic nch touch » ? rn u e b s iv k le h le se el e uk uv , e d No rov ique mailly, « Y « fre son épiso Patrice De ges et ne me ès électr que La P filerait ses Pas assez 3 ; s mélan texte, tr quand neige electro », re n : o s u J'aime le », Nord Eclair, 2/ c u a o e e n c rc la a o n : rie Dans Zebd e res 2010 utre m limiter à c e a n e m n v devriez ra », u m uits Sono t on o ro s « N c Ly n u P ., à Y.G vend l'electro ue La À mis, vo q . urnaux o ro » s, jo P e s crème de 3 ; « Soirée punk rt e n « a (l ti u : » cq es n, 3/ pe des pla Le Parisie ue avec le grou le pull Ja ieux : le lomanes s de chemis les stars che gothiq m pyromé La Dépê le t tomber « b n re e a o e p m urself », ra c a d e fe Yo n c e ss id sh e e le ni p fi th Pu mond quali 4/3 ; « Fai e », c’est d u e a t efloors sformé la h n s n nc du Midi, e a -C te da e m s tr is e le ur sur uvel « Serr mouv qui a uls art , n se son reto ix ’u ec un no n « d av M is uvert », ai o i m v le ai k l en Républic boîte les fou e à cie o mier S u r la re e q p v è s , Le Berry h. M., « La n le » th a u m o d c bu so al ; C la peuf » « dis ulent r, qui ews, 11/3 cks », / Relaxn it à la tra »), débo e Laurent Garnie n, station en ire « la teuf dans tes plut ig qu'on su « Phoenix et o d no ch te fa sê st, 11/3 ; aux USA », le cas d et L’Unio Et si vou ermet de Sud Oue c un taba sine. C’est ctriser » Reims , 11/3 ; En p e garder la combi. apperez pas non . Guetta : » n Lorrain e ai h le , ic c bl é an n h d th et reva Le Répu n’éc C. Jona revient « Stéphane rganique », ctrit air de ées, vous y tour à l'o stival Ele « un peti tôt Pyrén fe c u e « Jarre, re st, 14/3 ; « Blood d v a t rs n Sud Oue electro italia », dernier, lo « bataillé penda forza M. octobre Beetrots, icain, 15/3 ; « J. ait bl lles sicien av L’Est Répu l’intimité des sa n ns ai ity, le mu c Jarre da t », Le Républic . er de conc
Lorrain,
15/3
REVUE DE PRESSE
copine CDI, une n e t lo u poche ». un bo dans la omme a h st te tre à lo , y o n éth ns le cen ldorad (…) et u irée effraie », da nouvel e . , re : o u st e tr ss c u ra le O e Sud « la so otidien usique u si m q t E la le , plus au e pd in u ra , a s’est roupe to la presse rcial vois en croire ish Yourself, un g nique », comme teur de Conforam co Dépôt ri c o un « le dire gue de B propriée oll électr Quand P son collè rock n’r hardcore qu’au « ap e d e n d é o h ti c in c pro hno e réa lousa uisager un n scie sa le à la tec barque à Monv o b n y si e n ra r se u u s o A p é . n d plu » o s , , e e in ll té u ri ’à cô e beso des g robatiq Rocher d en cas d r s derrière rock ac e e v ts « lm Y ti a e c e le p u s ir il jo ? Dan ’autres pouvo d se e u r d a te . p e in tauban, i a n e è Oxyg tre cert er », suiv ement « r alançant st peut-ê e b l e de chanti o A21, habituell n h e s, ic a c rs an M r un oreu du t qui, pou s pour les hardc bien : à 61 ans, Je te l’Eue chats : le » ie ss u PM s to mbe iéloru mur de B nt, un Cela to nt sur scène, dan e Techniclus en B ne son « le ie è qu v io m s re -v a a p e ra t, e rr lt le rsou ntéress core u Dé- Ja ’i n a rd i a (L u h st un cha q l» ’e a e s rope, c PQR. C s un digit corner les buffle n la a ra d te M u si : dé me ain mais to emple , ri x p rt e x a e e k s’ it tr gabber à i u fa n nt n, qu Midi). A lub écha tateurs o nt garço pêche du s n’est pas un c les spec es pour voir 130 ma « e : d st a e e h n u c u O m ètr mont-Pa tite com de kilom our Sud la pois une pe connue p s des centaines veux leur rendre s lu p giste ma « , ée s. Je tre amas d’Agen r ses soir es concert t chez eux ». Au m i âmes, prè té de vie que pou is a 2010, lu désorm illi en allan tournée, i sa sa tranqu ud Ouest). C’est riginaire litesse u e q d e rk m (S ,o C . Cla : le no é r it u il h b rt techno » grâce à DJ Fabb é A danse é par 'Odyss e ite « où l’on nge a été inspir 2001 : L que ». e le d il chose fa v e e it n su la usi ellier, u i on ma rait écrit nt (sa) m de Montp inimale comme ic J peut ). En- au space « en écouta ? JM ( , » m in y o a b n g rr e l’ lo ru e u d in a a la tech t r c n ut su publi (certains au en alla e, mise to des Pour Le Ré des mécaniques d u A el un prune l’ s n ce à uler le matéri ndu, da rs DJ, grâ s aux encore ro eront filmés avec fin, Cape tu in fu t e s e r) d tion ouvert ’Avata erts « s d s, c é n » n o e n c g o a la forma g , ti n e taille avanta e le tourn » subve njeu est d sent utilisé sur téresser d méca’e in L s’ « ateliers s. à n e a ess x nais 8 à 15 er la jeun tôt qu’au our que jeunes de che : « p e, lo- cit harpes lasers plu stien Maye, un ê it p é su D la a t ba aux selon L a… ». E cas de Sé y… e la preid Guett m Midi-P s. C’est le niortais », fan d o o n fr s, des Dav m I’ , , à 12 an siteur uck Me « compo rtait déjà 4 ans, il o gique ? F p i u q re nd mière heure andoulière. À 3 el La on cuo s pa s n b lequ n a d e Bien usique électroniq nsesûrrépartie. le synDthreéame s with Angels itdaunns e sorte de ie vo Si la m en font b ha- sort ublique fusé à les raves pos de C c Nouvelle Rép . L’album est dif déx e s e d partout, » e rc n v a n ie a p o c t ti si o à fl er, le sécra le mu Fin févri e coulait a « con lon national », n cupeg ir c a o la p c t e m É a e » h st h eclerc L e lons-en-C kore », dont L’E ’ « il ne l’ « éc c a eptes sp d a qu à l’ « E : « les ton s préciser au bien- dicace e « un créneau » « Aktiv u ituts o st n in e d s e, le ré êm esse a la gentill ’un salon consac ée hard- rait m itude électroniqu fure ». L sd s de coif e la zén ense soir n d m lo n s’agit pa e . sa im rs e s e v u le n ti et teufe : ac ais d’u de beauté de 5 000 d’accord s être », m c t, n lu n o p e d t m n it lé sera eC ueilla core, acc clichés », expliqu stement presse e s if n corps… le n to a s a m re b o a c « À une je ion, qui n le U s, l’ e à tt e 27 ans, run à lun pris : « b bien com
BEAT THE IT’S
. Vir y
Texte: G
11
x-tu Visite du laboratoire de recherches architecturales d’Anouk Legendre et Nicolas Desmazières. Texte / J. Tourette Visuel / Tour biO2 Crédits : X-TU Architects
Derrière ces trois lettres qui résonnent comme l’acronyme d’un projet secret, œuvre une agence d’architectes, designers et chercheurs. X-TU pose l’architecture contemporaine comme une équation : le « x » est à la fois l’inconnue et le but à atteindre, la variable déterminée par le chantier nu, la correspondance à trouver entre le terrain brut et la réalisation à venir. L’idée et la forme. La recherche est essentiellement déterminée par le contexte, le « x » qui marque l’emplacement, le site et la situation. X=Situ : X-TU. En blouse de métal et gants de mercure, Anouk Legendre et Nicolas Desmazières dirigent les expériences : « trouver une alchimie entre différentes contraintes pour découvrir la solution juste, à la fois innovante et inattendue ; sans oublier que le fondement est
évidemment de produire quelque chose d'habitable ». Une formule théorique qui leur offrit, entre autres distinctions, la clef des Programmes Architecture Nouvelle, l'inscription aux Nouveaux albums de la jeune architecture, une nomination à l'Equerre d'argent en 2001, le Grand prix d'architecture de Bordeaux en 2003, et l'entrée au palmarès de New european architecture en 2007. Passée au révélateur, la géométrie de leur production s'alimente de design d'espace à la manière des courbes de Verner Panton ou des angles des frères Bouroullec, librement enrichie de musique et d'art contemporain, ou encore de créations de haute couture façon Martin Margiela. La posture architecturale s'est forgée en se concentrant d'abord sur un modèle de forme « sculpture urbaine ». Un
ANACHRONIQUE
travail influencé par l'architecture hollandaise contemporaine et le travail de sculpteurs comme Eduardo Chillida, Richard Serra, Robert Morris ou Donald Judd, de l'œuvre minimale jusqu'à la forme plus élaborée. À première vue, les projets de X-TU ressemblent à des objets urbains autonomes incrustés dans un décor contrasté. Le commissariat de Saint-Denis, qu'ils achèvent en 2006, présente un volume vertical, des murs de verre déployés sur un socle de béton glacé, percé de hublots cylindriques illuminés selon l'heure du jour ; l'UFR de
fie lorsqu'il s'agit d'expérimenter de nouveaux décors : les vallées de Corée du Sud ou le relief de La Réunion. L'agence réalise actuellement deux projets internationaux majeurs : le Jeongok Prehistory Museum et la Maison des Civilisations et de l'Unité Réunionnaise. Les maquettes du musée de Jeongok lui donnent une allure de vaisseau, qui aurait atterri sur la campagne coréenne entre deux collines. Des formes très douces, qui créent une circulation dans un décor naturel et s'intègrent harmonieusement en conservant un
Si l'esthétique de X-TU reste identifiable dans la pureté de ses lignes minimales, la matière sous-jacente fixe les contours de la réalisation Chimie de Paris VII (2007) donne dans la science-fiction avec ses passerelles tubulaires percées entre deux monolithes sur pilotis et sa façade argentée crénelée de cubes verts. Des sculptures urbaines, des corps, des entités. Pourtant, le style est encore soumis au contexte ; et si l'esthétique de X-TU reste identifiable dans la pureté de ses lignes minimales, la physique sous-jacente et le pragmatisme du traitement de la matière existante fixent les contours du cadre de réalisation. L'évolution du commissariat, par exemple, est profondément influencée par le paysage réel environnant de la Plaine Saint-Denis : un ensemble brisé où se chevauchent des bâtiments de différentes proportions et de matériaux hétéroclites, qui créent une ligne d'horizon aiguisée entre le ciel et le paysage. Et la recherche s'intensi-
design épuré. « Dans ce projet, qui se situe dans un cadre très beau, nous avons cherché à faire un bâtiment-paysage qui se fonde en partie dans les collines. Il s'approprie l'espace, fait corps avec lui. En même temps, dans ses parties souterraines et cachées, demeure une forme, presque organique, profondément symbiotique avec la géologie. » À La Réunion, la MCUR est de forme circulaire, reprenant le mouvement spiral et naturel des coquillages, avec une façade tissée de cordes blondes qui bruissent dans le vent ; l'ensemble se fond dans une scénographie de rochers, de savane et d'éléments urbains. « Elle a été conçue comme la continuité imaginaire du réseau de flux autoroutiers qui l'alimente. Elle en poursuit les lignes et circonvolutions, s'approprie les ouvrages d'art voisins, effleure, se glisse
sur/contre le paysage, s'enroule sur les rochers, attrape les masses d'air pour fabriquer des courants rafraîchissants sous le ciel des tropiques. C'est une réponse à un monde poétique, à la savane d'herbes sèches et de lave noire qui nous était donnée. » Ces deux musées, qui doivent respectivement voir le jour en 2010 et 2012, ont placé les architectes face à des mondes nouveaux, les ont poussés à concevoir une muséographie active, permanente et imaginer de nouvelles méthodes avec des partenaires scientifiques locaux, pour les adapter avec pertinence au cadre régional. Le site avant l'esthétique. Aujourd'hui, Anouk Legendre et Nicolas Desmazières mènent une étude globale sur l' « architecture bionique ». Le nouveau projet-phare de X-TU est la Tour biO2 : premier ensemble à énergie positive qui utilise un système de transformation de micro organismes appliqué en « bio-façades ». « Nous avons déposé un brevet pour ce système. Le projet est développé avec un promoteur, un développeur et une entreprise qui développe le procédé de transformation. » La pensée de l'architecture se renouvelle avec la prise en compte générale du développement durable et se tourne davantage du côté des chercheurs. L'enjeu est maintenant considérable. X= ? + d’infos www.x-tu.com Exposition prévue en septembre 2010 à la Galerie d'Architecture 11 rue des Blancs-Manteaux, Paris 4e www.galerie-architecture.fr Présentation sur la R&D de l'agence et notamment sur l'aspect « architecture bionique et intégration du vivant » 13
faitS divers Les petits meurtres entre amis et autres belles histoires du genre ont toujours inspiré la création artistique. Cela tombe bien : il y a plein de manières de jouer avec la réalité. Mise en scène quasi journalistique, séries noires, création de faits divers plus irréels que les vrais : reportage, avant le carnage…
DOSSIER / L'ART DU FAIT DIVERS
Texte / G. Viry Illustration / K. Sofalvi
Enquêter sur le fait divers, dans l’art, c’est d’abord se demander s’il y a autant d’obstacles que de rebondissements chez Christophe Hondelatte. En effet, tout avait très mal commencé… 1 : Hé merde ! Télérama et consorts multiplient les « hors série » à l’occasion de l’expo Crime et Châtiment, à Orsay… On l’ignorait. 2 : La veille de nos recherches, la Maison des Métallos, à Paris, organise une rencontre, sur le fait divers, à l’initiative du Groupe des Vingt (théâtres franciliens). 3. Le lendemain, la secrétaire générale peine à nous répondre, comme si c’était la police… « Je n’étais pas là quand le Groupe a choisi la thématique »… « Faut voir avec l’attachée de presse ». Bref, pas grand-chose n’a filtré, si ce n’est que l’initiative repose sur une commande passée à un auteur, Jacques Dor. Et que la pièce, Acide est le cœur des hommes, réunit un comédien et une chanteuse lyrique autour d’un fait dramatique… 4. Nouvelle tentative au Musée du dessin de faits divers, à Troyes, une ville qui vient de l’Est, donc bien placée pour le crime. L’établissement est ouvert tous les jours, mais personne ne répond : « les lignes sont momentanément interrompues ». Et si c’était autre chose qu’une belle session de loose ? Une standardiste étranglée, avec le câble téléphonique, pour s’être tapé un visiteur du dimanche ? 5. L’aventure se poursuit… Les faits divers sont issus d’un vocable de presse désignant l’ensemble des événements inclassables ailleurs : crimes, accidents, catastrophes, chiens écrasés sur le bord de l’autoroute, etc. Ce qui importe, c’est la diversité. Si vous lisez Le Nouveau Détective (« Rendez-moi la tête de ma femme », « Carnage au petit-déjeuner : il pète un câble après vingt ans d’abstinence », etc.), sachez que le fait divers, c’est aussi un sumo super cambrioleur en Russie ou une maman de 9 ans, à Shangai, etc. (Faitsdivers.com). Orga-
nisatrice des Rencontres de Guéret (voir encadré), Isabelle Bize insiste : « Le fait divers, ce n’est pas juste le crime. C’est aussi le gamin qui roule à 180 avec la voiture de son père ou les affaires dans le sport qui pourraient faire l’objet d’une prochaine thématique ». Et s’il fallait les ranger dans un même tiroir (à côté de la tête du red’chef), voici ce qui semble les lier : l’intérêt du public, quel que soit son degré (premier, second) et ses motivations, entre information de proximité et voyeurisme sordide. Quand vous passez près d’un accident de la route, avec des pompiers : vous vous promettez de ne pas regarder…? Résultats : Faites entrer l’accusé réunit, chaque dimanche, plus d’1,5 million de spectateurs et Le Nouveau détective regroupe davantage de lecteurs, le mercredi, que Le Courrier international et Les Inrocks réunis. Si les médias sont une photographie de la société, la création artistique autour du fait divers serait une simple représentation de la réalité. Le public suit. « C’est un thème mobilisateur », reconnaît Grégoire Courtois, du théâtre d’Auxerre : il lui a consacré une semaine thématique, autour de trois spectacles (Nature morte dans un fossé, Une frite dans le sucre, Têtes à Claques), des lectures, une expo. Ce type de manifestations, pluridisciplinaires, se multiplie. Et prouve qu’entre l’huile de friture et la peinture au couteau, on peut créer, aussi différemment, que tuer…
Rappel des faits
Les faits divers forment une matière première inépuisable pour la création artistique. C’est particulièrement vrai dans les œuvres de fiction (littérature, cinéma, théâtre, BD, etc.), mais pas seulement. Dans la musique, par exemple, plusieurs rappeurs français et Patrick Dils lui-même sont revenus sur l’affaire 15
de Montigny-lès-Metz. Aux États-Unis, la chanson Stagger Lee, inspirée d'une vieille histoire de meurtre, fin XIXe, dans un bar de Saint-Louis, est devenue un
rère n’est pas l’équivalent contemporain de Stendhal mais L’Adversaire n’est pas moins inspiré d’un fait divers réel que Julien Sorel de l’affaire Berthet. Le pitch : en 1993, JeanLe point de départ de Luc Moullet, dans La Terre de la Claude Romand, faux médecin à Folie, remonte à un fait divers familial : « l’arrière-petit l’OMS, assassine neveu du bisaïeul de ma trisaïeule a tué, à coups de pioche, femme, enfants et le maire du village, sa femme et le garde champêtre, parents, tout ça pour se retroucoupable d’avoir déplacé sa chèvre de 10 mètres ». ver dans un film de Nicole Garcia véritable standard, qui compterait plus (2001). En 1988, Bernard-Marie Koltès de 500 reprises : Llyod Price, Nick Cave, consacre l’une de ses dernières pièces à The Clash, etc. Roberto Succo, serial killer italien qui a En littérature, les faits divers occupent commencé par buter son père et sa mère Caron et Bachelot sont régulièrement le premier plan, surtout avant d’accomplir une petite chevauchée venus « par hasard » quand il s'agit de son côté obscur. Pour meurtrière. La pièce a aussi fait l’obà l’illustration de faits divers. Quand ils ne Mark Cusack, organisateur de Quai du jet d’un film (Cédric Khan, 2001), puis dépeignent pas les Polar (en avril, à Lyon), « les faits divers d’une bande dessinée (Ilaria Trondoli, affaires criminelles, ils inspirent de nombreux auteurs de polars 2008). De façon générale, qu’ils passent s’occupent notamment et romans noirs. » D’où la table ronde ou non par l’écrit, les meilleurs tueurs ont de la Fondation Gilles Caron, le père de proposée, avec cinq écrivains, pour cette souvent droit à des adaptations en série. Marjolaine, qu’ils ont nouvelle édition. L’utilisation littéraire En 1967, par exemple, Richard Brooks lancée en 2007, à des faits divers ne se limite pas, pour au- adaptait, à l’écran, In Cold Blood, le chef Genève. fondationgillescaron.org tant, aux séries noires. Emmanuel Car- d’œuvre du romancier américain Truman Capote, à partir d’une longue enquête de terrain sur le meurtre de quatre fermiers au Kansas. En 2006, l’affaire revient : deux films y sont consacrés, plus une bande dessinée. A quand la réplique de l’arme du crime dans un menu Happy Meal ? En France, les sœurs Papin, domestiques tellement « modèles » qu’elles ont assassiné leurs patronnes (1933), ont déjà fait l’objet de cinq adaptations sur grand écran : Chabrol, J.-P. Denis, etc. Qu’est-ce qui reste ? Thierry Paulin, le « tueur aux vieilles dames » ? Claire Denis, qu’on aime bien, l'a déjà fait, avec J’ai pas sommeil (1994). Outreau ? Programmé, cette année, dans Présumé Coupable… L’affaire Viguier ? © Bachelot Caron / Courtesy : Sébastien Nahon
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Parfois, on peut se faire assassiner pour avoir simplement posé une question. Tant pis : les fait divers ne sont-ils pas aussi l’apanage des auteurs en mal d’inspiration et une sorte de « valeur sûre » dans laquelle Francis Heaulme ou Michel Fourniret seraient aussi bankable qu’un Jean Dujardin ? Impossible, sur ce point, de soupçonner Luc Moullet, ancien complice de Godard mais principal oublié de la Nouvelle Vague. Début 2010, il sort La Terre de la folie, un documentaire génial, dans lequel il étudie les « phénomènes psychiques » dans sa région d’origine, les Alpes du Sud. Son point de départ remonte à une histoire familiale : « l'arrière-petit neveu du bisaïeul de ma trisaïeule a tué, à coups de pioche, le maire du village, sa femme et le garde champêtre, coupable d'avoir déplacé sa chèvre de 10 mètres ». À partir de ce fait divers, Moullet répertorie une quarantaine de crimes locaux et mène une enquête, bidon et futée, tout droit sortie d'un reportage de Groland : explications rocambolesques (le passage du nuage de Tchernobyl, le repli des mafieux marseillais ?) ; reconstitutions kitschissimes (une fausse poursuite en caméra subjective), etc. Au final, le cinéaste semble se moquer de la société et tourner justement en dérision l'illusion sensationnaliste souvent attachée à la représentation des faits divers. Afin de le rassurer, certains ont justement appris à s'en servir autrement.
Ce n’est pas un (vrai) crime
Bien qu'elle s'en défende (« ceci n'est pas de l'art »), la compagnie La Bande Passante, à Nancy, fabrique de drôles d'objets qui ressemblent, à s'y méprendre, à
© Delphine Balley
de l'art plastique. Le théâtre d'Auxerre a accueilli sa dernière expo, Compléments d'objets, que Christophe Courtois tente de nous expliquer : « Il s'agit de huit machines sonores créées autour d'une science imaginaire, la mnémophilie, qui permet à des objets, comme des capsules, de restituer ce qu'ils entendent » Dans la patrie d'Émile Louis, l'expo a été conçue comme un jeu : les objets permettent la reconstitution du meurtre d'un policier, dans un commissariat. Si les créations sonores n'ont pas forcément été conçues pour ce type de scènes, le théâtre utilise cette matière artistique pour inventer une nouvelle réalité, en l'occurrence : un nouveau fait divers. Cette seconde dimension, autour du fait divers, se retrouve dans le travail de certains photographes, comme Delphine Balley, qui jonglent entre histoires vraies et faits inventés de toutes pièces. En 2006, elle réalise, dans le cadre du Septembre de la Photographie, à Lyon, une série de photos mettant en scène des
Légende : Le Pot au feu M.C. retrouva sa femme grièvement brûlée par le plat de pot-au-feu. Il réfléchit jusqu’au lendemain soir avant d’annoncer sa mort à la police. Le fait divers est-il une valeur d’avenir pour la photographie contemporaine ? Delphine Balley, c’est l’avenir. Représentée par la Galerie Le Réverbère, à Lyon, la photographe multiplie les publications (Le Monde 2, Étapes, etc.) et les expos. À suivre, donc, de très près, de Montélimar à Berlin… delphineballey.com galerielereverbere.com
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faits divers réels. « Je les ai puisés dans la presse locale et chez Félix Fénéon qui concentre les infos, en trois lignes, avec une dimension finalement très burlesque ». Les œuvres permettent d'imaginer l'avant ou l'après, sur le mode d'une « reconstitution judiciaire ». La jeune fille qui va mourir, noyée, joue encore dans sa chambre, au moment du cliché. A l'inverse, le cadavre d'un fils, mort depuis deux jours, est bien visible aux pieds de Mme J., atteinte d’Alzheimer. À son tour, l'artiste dépasse la réalité, en inventant, dans d'autres séries de photos, de nouveaux faits divers. C'est même le cas de son propre assassinat, dans Histoires de Famille : la traque du tueur commence dans le salon familial, avec son vrai père et les « chasseurs camouflés du Vercors ».
Fait divers à l’heure creuse On ignore comment se positionne Guéret, 15 000 habitants, sur la nouvelle carte interactive du crime mise en ligne, il y a quelques semaines, par l’Office national de la délinquance. En tous les cas, son histoire recèle de détails croustillants… Émile Girardin, originaire du coin, est considéré comme le « père du fait divers dans la presse ». Claude Chabrol, l’un des principaux relais du faits divers à l’écran, est né juste à côté. Il y a notamment filmé Noces Rouges (1973), inspiré d’une sombre affaire locale. Etc. Dans ce contexte, Isabelle Bize et Thierry Dubosclard ont lancé, en 2006, un festival étonnant : Les Rencontres du fait divers, seule manifestation culturelle consacrée exclusivement au sujet. Pendant trois jours, chaque année, Guéret accueille la crème du crime : journalistes, psychologues, cinéastes, photographes, dessinateurs, comédiens, etc. « Nous proposons, à partir d’un thème donné (" Secrets de famille ", en 2010), un ensemble de manifestations autour du fait divers : conférences, expos, dédicaces d’auteurs, projections, atelier théâtre dans la salle d’audience du Palais de Justice… ». Si on ne se fait pas découper d’ici-là, on a promis qu’on irait. Du 27 au 29 mai. www.lesrencontresdufaitdivers.fr
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Marjolaine Caron et Louis Bachelot marquent également la transition ultime entre l'illustration de presse, autour du fait divers, et l'art contemporain. Depuis une dizaine d'années, ils réalisent des « tableaux photographiques » publiés dans les journaux (Nous Deux, Le Nouveau Détective, mais aussi Libé, Le Monde, The New Yorker). « La presse nous demande de réagir très vite, donc nous mettons en scène ce que nous avons sous la main : des amis, des voisins, etc. Nos visuels sont une interprétation totalement subjective et détachée des faits qu'ils racontent, ce qui nous permet justement d'être dans le décalage, la tension, l'humour noir ». Au-delà de leur activité pour la presse, le tandem a aussi conquis le monde de l'art. Leurs œuvres sont régulièrement exposées, de Paris à New York, en passant par Le Château d'eau, récemment, à Toulouse. « Nous serons également présents, cette année, à Guéret et au Festival d'Arles ». Ils se permettent même, parfois, de pousser un peu le vice, en organisant des performances vivantes. Exemple : un « repas cannibale », à SaintGermain-des-Prés, qui met en scène une femme nue, entourée de convives affamés. Si le fait divers est une source d'inspiration, basée sur la réalité, ce type de créations constitue une forme d'expiration pour concevoir de nouvelles histoires, dont le génie artistique repose justement sur le fait qu'elles paraissent encore plus vraies que nature. À l'heure de la coupure de presse, on pourrait même parler de réalité augmentée. Quant à l'heureux possesseur de L’origine du meurtre, de Bachelot et Caron, pas besoin de chercher dans le nouveau France Soir. Son fait divers l'attend, en permanence, dans la salle à manger...
GLOBE
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MUTEK
Montréal/Canada | www.mutek.org/fr « MU » : mutation + « TEK » : technologie + formes émergentes de la création numérique audiovisuelle + 100 artistes de 15 pays + dans la ville + installations, performances, ateliers, tables rondes et conférences + techno, house, dubstep et électro + Mutek Festival au Mexique, en Argentine et au Chili + 11e édition : du 2 au 6 juin 2010 02
MOVEMENT : DETROIT ELECTRONIC MUSIC FESTIVAL
Detroit/États-Unis | www.demf.com À l'occasion du week-end du Memorial Day + Paxahau, actuel promoteur de l'événement + Lieu de naissance de la techno + Hart Plaza, downtown Detroit + retour de Carl Craig à la programmation + 70 mixs et live, sur 5 scènes + 80 000 personnes + 11e édition : du 29 au 31 mai 2010
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ULTRA MUSIC FESTIVAL
Miami/États-Unis | www.ultramusicfestival.com Organisé lors de la Winter Music Conference (23-27 mars 2010) + plate-forme pour l'avancement de l'industrie + WMC 2009 : 1 910 artistes et DJs, 3 228 délégués de l'industrie et plus de 500 événements + UMF : événement en plein air + face à l'océan au Bicentennial Park, downtown Miami + 100 000 personnes + 12e édition : 26 et 27 mars 2010 04
NATURE ONE
Kastellaun/Allemagne | www.nature-one.de La plus grosse rave party d'Allemagne + techno minimale, gabber, house, trance ou goa + dans une ancienne base militaire américaine + près de 300 acts (Dj's ou Live) + 4 floors principaux et 17 clubs en plein air et dans 6 bunkers totalement aménagés et reliés par des tunnels + 50 000 personnes + 16e édition : du 30 juillet au 1er août 2010 05
GLOBAL GATHERING
Stratford-upon-Avon/UK | www.globalgathering.co.uk Godskitchen + le dernier week-end de Juillet sur le Long Marston Airfield + DJ les plus reconnus au monde + 60 000 personnes et plus de 35 000 places de camping + 10 festivals dans le monde + "simply the best" + 10e édition : 30 et 31 juillet 2010
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SONAR
Barcelone/Espagne | www.sonar.es Plus important festival mondial consacré aux « musiques d’avant-garde et aux arts multimédia » + Sónar de Día : espaces du CCCB et du MACBA + Sónar de Noche : Fira Gran Via (M2) L’Hospital et L’Auditori + 75 000 personnes + la première fois, simultanément à Barcelone et à La Corogne (Sónar Galicia) + 17e édition : 17, 18 et 19 juin
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ELECTRON FESTIVAL
Genève/Suisse |www.electronfestival.ch Le week-end de Pâques + 8 lieux différents : le Palladium, le Màd, l’Alhambra, le BAC, le Moloko, le KAB/PTR, le Zoo et le cinéma Spoutnik + dj set & live, VJs, danse contemporaine, conférences, art contemporain, soirées thématiques + 100 artistes internationaux + 15 000 personnes + 7e édition : du 1er au 4 avril 2010 08
TIME WARP
Mannheim/Allemagne | www.time-warp.de Techno, house et minimal au « Maimarkthalle » + line up complet + performances multimédias + World Premiere : Richie Hawtin presents Plastikman, Sven Väth, Loco Dice, Dubfire, Marco Carola, Magda, Chris Liebing, Speedy J, Ellen Allien + quelques jours plus tôt, Jetztmusikfestival + 30 000 personnes + 16e édition : les 27 et 28 Mars 2010 09
OZORA FESTIVAL
Ozora/Hongrie | www.ozorafest.hu La "Mecque" des rendez-vous Goa en Europe + 1ère édition en 1999, pour l'éclipse totale + au bord du Lac Balaton + ambiance zen + psychotropes hallucinogènes + progressive house, goa, trance, psyché, minimal, techno + 40 000 personnes + 12e édition : du 3 au 8 août 2010
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KAZANTIP
Popovka/Ukraine | http://kazantipa.net/ Festival de musique electro sur l'une des plus belles plages de la Mer Noire + Popovka, station balnéaire en Crimée (« la Côte d'Azur ukrainienne ») + gigantesque beach party, de jour comme de nuit + 300 DJs et 14 dancefloors + 150 000 clubbers + 21 heures sur 24 pendant 5 semaines + 19e édition : du 28 juillet au 25 août 11
METAMORPHOSE FESTIVAL
Shuzenji/Japon | www.metamo.info Plus grand festival de musique électronique au Japon + Mayuri Akama, organisatrice du festival, pionnière de la scène des clubs japonais + à Shuzenji : petite ville ancienne, près du mont Fuji, dans la péninsule d'Izu + en plein air + entre 30 et 40 acts + 30 000 personnes + 11e édition : le 4 septembre 2010 12
STEREOSONIC
Australie | stereosonic.com.au Musique électronique et arts numériques + le festival australien à la croissance la plus rapide + un des festivals les plus aimés en Australie + nouveau lieu à Brisbane : The Eagle Farm Racecourse + les meilleurs artistes electro, house et techno + à Brisbane, Adelaïde, Perth, Sydney, Melbourne + 20 000 personnes à chaque étape + 4e édition : fin novembre, début décembre
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DAN McPHARLIN
Situé dans un monde où le fantasme est roi, le travail de Dan McPharlin qu’il soit en 2D ou en 3D se rapproche chimiquement des paysages de la science-fiction des années 70. Dan est un artiste australien d’Adélaïde et a déjà illustré de nombreux journaux et revues, pochettes d’album ou encore sites web, et possède une jolie collection de clients parmi lesquels Nike, The New York Times, Esquire Magazine, Warp Records, Stones Throw Records, etc. www.danmcpharlin.com
GIOM / GUILLAUME DÉNERVAUD
Guillaume Dénervaud nous vient de Suisse et, du haut de ses 22 ans, officie sur les T-shirts des marques Prisme, Monthly, Lowrider, et a collaboré aux magazines Amateur, Profil ou encore Le Journal des Bains. Il touche aux différents domaines de la sérigraphie, de l’auto-édition à l’aide des techniques de l’encre de Chine et de la peinture acrylique. Il exposera au mois de mai dans la galerie La Grille, à Yverdon, en Suisse donc. http://gigiom.blogspot.com www.lagrille.ch
YU MATSUOKA
Cette japonaise d’à peine 32 ans vit et travaille à Bruxelles pour le plus grand plaisir des galeries européennes qu’elle a la manie d’investir fréquemment seule ou à plusieurs. La galerie Exprmntl qui l’a accueillie déjà à deux reprises, renouvelle l’expérience jusqu’au 30 avril avec l’exposition Un ours mal léché dans mon jardin dont sont tirées les deux peintures ici présentées : Usagi Funérailles et Lumière Bleue. Expo jusqu'au 30 avril à la galerie Exprmntl (Toulouse) http://yu-matsuoka.blogspot.com www.exprmntl.fr
THIERRY JASPART
Jeune illustrateur belge, Thierry Jaspart réalise sous son nom ou celui d’Andalltha (aussi orthographié &alltha) toutes sortes d’objets graphiques et de performances artistiques. Il lui arrive également d’exposer de temps à autre et de faire la couverture du numéro 8 de la revue belge Blaire Magazine. www.thierryjaspart.com
GALERIE ANATOME / LEs PLUS BEAUx LIVREs FRANÇAIS
Le concours des Plus Beaux Livres Français 2010, dont les lauréats sont exposés à la galerie Anatome de Paris, puis au Festival de Chaumont, a pour but de désigner le plus bel ouvrage hexagonal de l'année. Les critères retenus sont autant les savoir-faire traditionnels que l’innovation, la qualité de fabrication que la qualité graphique de la publication. La galerie Anatome s’est toujours concentrée exclusivement sur le graphisme pur et reste à ce jour l’un des rares lieux d’exposition reconnus, en France, dediés au design graphique. Crédits : scénographie / Grégoire Romanet - Photographie / Galerie Anatome. Expo du 02 au 17 avril 2010 à la galerie Anatome (Paris) www.galerie-anatome.com www.lesplusbeauxlivres.fr Pages Blanches n°30 Crédits
maths
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b.ü.l.b coMix les Éditions b.Ü.l.b coMix Mettent en boÎte depuis plus de 10 ans des auteurs de bd Venus du Monde entier. cette Maison d'Édition indÉpendante GeneVoise s'est ainsi Fait reMarquer par le Micro ForMat des ses parutions à l'allure soiGnÉe, directeMent issues du radicalisMe diy (do it yourselF). V, le dernier nÉ de la collection 2 [W] Vient de paraÎtre. c'est bon, c'est dans la boÎte. t / J.Martinez
2wbox - set V auteurs : Jad Fair, Gregory chapuisat, Jim drain, Kitty crowther, ivan brunetti impression : 2 couleurs offset, gris chaud + orange brique (int+couv) tirage : 680 ex. prix de vente : 15 chF sorti le 17 mars 2010
L'histoire commence toujours de la même façon, inexorablement. Flânant dans les allées étroites d'une jolie librairie qui sent bon la lavande, votre regard se pose sur une petite chose jonchée sur la banque de la caisse. Cette boîte d'à peine trois centimètres sur quatre sur laquelle est inscrite l'énigmatique formule « 2W - Set V » attire votre attention, pour ne plus la lâcher. Jusqu'à l'achat compulsif. À l'intérieur de ce petit réceptacle en carton, cinq mini bandes dessinées toutes de bichromie vêtues. Dépliées, elles prennent la forme d'un accordéon de onze volets, soit 22 pages d'illustrations.
têtes d'aMpoules
À l'origine de ces êtres de petite taille, les éditions B.ü.L.b COMIX créée à Genève en 1996 par Nicolas Robel. Ce graphiste et illustrateur indépendant, ancien élève de l'actuelle HEAD de Genève, fut rejoint en 2002 dans l'aventure par Mathieu Criste, spécialiste en typographie et collectionneur de disques. À eux deux, ils ont conceptualisé le système B.ü.L.b : « Le «B» pour bande dessinée, le «ü» pour ütopique et enfin le «L» et le «b» sont, pour conclure que les éditions B.ü.L.b proposent des Bandes dessinées ütopiques à Lire dans son bain. Pourquoi ütopique ? Pour expliquer les buts considérés peut-être comme démesurés d’une petite maison face à un marché impitoyable. Ütopique, pour justifier les ambitions (sans limites ?) d’une édition qui ne possède peut-être pas les moyens de les réaliser. Mais ütopique aussi parce qu’elle
2wbox set e, “Funny bunny” de archer prewitt
liVre i bd i reVue
tente d’une manière détournée d’y parvenir. « À lire dans son bain » enfin, ne signifie pas que les albums sont à l’épreuve de l’eau, mais vient ajouter une note incongrue dans la signification globale ». Clair et limpide comme l'eau de sa baignoire avant de s'y plonger. Profitant de la magie anglo-saxonne (bulb signifie ampoule dans la langue de Wayne Rooney), Nicolas et Mathieu ont donné à chaque collection le nom du wattage d'une ampoule (2 [w] / 25 [w] / 40 [w] / X [w]), le format évoluant en la prononciation de “bulb” Varie selon les fonction de la puissance. Selon le diktat personnes et leurs connaissances de la de la sempiternelle lanGue anGlaise. après aVoir tout entendu et respectée doctrine en passant par [boulb], [beulb] ou bien encore du Do It Yourself, les publications sont [bulb], Je dÉcidais de Jouer sur le paradoxe de toujours imprimées sa siGniFication et de son pays d’oriGine. en bichromie, à 1 000 exemplaires maximum sans retirage afin de gérer les coûts et les stocks, et conserver le principe notice artisanal. Pour la collection 2 [w], le pliage et l'emboîtage sont ainsi entière- b.ü.l.b comix ment réalisés par leurs petites mains. En ce qui concerne la charte graphique, p.o. box 2033 Genève 1 tout est basé sur le système DIN ISO 216 (série A). Le tout en totale auto- ch–1211 tel (+41) 22 329 72 00 nomie financière, logique à partir de laquelle découle une véritable liberté comix@bulbfactory.ch éditoriale basée sur la découverte et l'expérimentation, au croisement de l'il- www.bulbfactory.ch lustration, de la BD, et de l'art contemporain. Dans la collection 2 [w], les éditions B.ü.L.b COMIX ont publié jusqu'à aujourd'hui 22 boîtes, soit 110 artistes. Selon le principe de l'alphabet, il y en aura au total 26. V venant de paraître, il ne vous reste donc plus que W, X, Y et Z pour vous rattraper. 37
le syndroMe de Warhol
l'aMateur : JuGer, participer et consoMMer
t / l. noblet
hey ! MaGazine
Il existe deux sortes de parodies. Celles qui se moquent, qui déconstruisent leur sujet et celles qui rendent hommage. Le Syndrome de Warhol est une parodie de série B, concoctée par deux garçons qui ont dû en voir/lire un gros paquet... Et qui aiment ça ! Les personnages, d'abord : un Latino vicelard, un ado flippant et une "femme"... bleue. L'intrigue : ce trio de choc doit retrouver un inconnu avec le chiffre 21 scarifié sur le front. Pourquoi ? Mystère. En tout cas au début du livre. Parce qu'en plus de parodier, messieurs Cren & Cerqueux savent faire une bonne bande dessinée, avec une vraie intrigue dont on veut connaître la chute, des coups de théâtre plus qu'inattendus et des passages hallucinés dignes d'un vieux Métal Hurlant. Tous les codes de la série B sont présents pour rendre le récit bis à souhait, du sexe déviant au trash grotesque. Premier né des éditions Desinge & Hugo & Cie, avec son jumeau MeloBielo (un remake de Sauvez Willy sous LSD), Le Syndrome de Warhol est un road-movie fou et inclassable, concocté par deux énergumènes talentueux. Pour rappel, cet album constitue une récidive après Dérapage, un autre roadmovie bien décalé paru il y a quelques années et passé trop inaperçu. Il n’est jamais trop tard pour rattraper vos erreurs !
t / M. Gueugneau
t / M. Morin
K-mel (d’Alliance Ethnik pour les non-entravants), dans les années 90, en avait fait le constat avec une douce mélancolie : le tag disparaît et le graf’ ressurgit dans les galeries D’A.R.T spécialisées. La revue pour représenter, enfin, ce phénomène post-graffiti a paru le 18 mars et son premier numéro affole déjà les vendeurs-réassortisseurs de nos librairies préférées. Face au constat de vide cosmique dont l’Europe faisait l’objet en terme de magazines d’art « à tendance urbaine » dignes de ce nom, les activistes Anne et Julien ont décidé de briser le néant en créant la matière. Issu de ce mythe, Hey ! est par ailleurs doté de pouvoirs sans pareils : deux couvertures, une incroyable épaisseur (144 pages), un dos carré, des stickers inédits, la reproduction d’une œuvre à découper, une absence de publicité et surtout – surtout – une sensibilité artistique louable. Hey ! magazine combat ainsi la laideur maléfique avec un goût certain pour la victoire. À cet égard, le numéro 1 pose les bases d’une lutte héroïque du bien contre le mal. Y sont invités les artistes semi-légendaires Turf One et Alexöne Dizac (les deux couvertures possibles), secondés par une fière équipe où l’on compte Blanquet, JR, Navette, Kris Kuksi et bien d’autres. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.
+ d’infos : Le syndrome de Warhol david cren - renaud cerqueux desinge & hugo & cie sorti en janvier 2010 85 pages / 19,95 euros
+ d’infos : HeY ! #1 Éditions ankama sorti le 18 mars (trimestriel) 144 pages / 17,90 euros www.heyheyhey.fr
Art, musique, mode, antiquités mais aussi vin, parfum ou nouvelles technologies, on ne compte plus les secteurs marchands qui font naître des amateurs en tous genres. Identifiés comme une catégorie de consommateurs à part, ceux-ci, plus exigeants, critiques et connaisseurs que les autres, se révèlent aussi capables de toutes les audaces. Longtemps laissés pour marginaux dans les codes de la consommation de masse, les amateurs semblent désormais davantage considérés comme une espèce sophistiquée d’acquéreurs, devenant peu à peu le modèle d’une ère marketing. Des communautés de goûts sur Internet au concept de « consamateur », du connoisseurship anglais aux métamorphoses du capitalisme, cette compilation d’essais examine la figure de l’amateur sous toutes ses dimensions et en révèle l’influence sur le marché de l’art notamment. L’acheteur éclairé qui remet en cause l’autorité de l’encart publicitaire et met au défit les recommandations des experts, que ce soit pour un lave-vaisselle ou un vinyle vintage, amène les forçats du marketing à revoir leurs techniques de suggestion. Coédité par l’Institut français de la mode et les éditions du Regard, L’Amateur : Juger, participer et consommer en fera se questionner plus d’un sur ses propres convictions de « consamateur ». + d’infos : L'amateur : Juger, participer et consommer institut français de la mode / Éditions du regard 175 pages / 18 euros
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la soiF d’iMaGes coney island baby Le livre est arrivé par La Poste, on ne sait t / G. Viry
l'albuM FictiF t / J. tourette
d’où. Publié aux Éditions Transboréal, La soif d’images est signé Matthieu Raffard, un jeune photographe graphiste qui se trouve quelque part entre New York, où il vit, Paris, d’où il vient, et le reste du monde : Moyen Orient, Asie Centrale, Vietnam, Afrique, Europe des Balkans. En moins de cent pages, l’auteur raconte ses périples, photographiques, sous la forme d’un voyage initiatique ou, plus précisément, une formation continue : « essayer de voir en espérant savoir regarder ». L’ouvrage apporte un regard frais et empirique aux grands enseignements de la photographie contemporaine comme aux conseils d’un vendeur d’objectifs : « peu importe l’appareil, seule la lumière compte ». La soif d’images n’est pas une encyclopédie ni une notice technique, mais une invitation au voyage avec la poésie qui se crée entre le mouvement et l’arrêt. Simple, mais bien. Matthieu Raffard revient notamment sur la série de photos qu’il a réalisée lors d’un road trip « à la française », en 2008, sur la mythique « route des vacances » : Paris - Côte d’Azur. Réalisé notamment avec Michel Bouvet, célèbre graphiste et affichiste français, National 7 est une plongée dans les interstices : stationsservices délaissées, professionnels de la route, zones commerciales plus ou moins désertes, patron de routier arborant, au kilomètre 43, un T-shirt « Mon père est une rock star », etc. La photo, chez l’auteur, c’est comme un volant : en direction de la lumière…
« Jeunes filles, avez-vous la moindre idée de là où vous mettez les pieds ? » Hugh Hefner, le patron de Playboy, pose cette question à deux nymphettes post-Lolita venues audacieusement candidater aux pages du célèbre magazine. Elles sont fraîches, insouciantes et portent déjà chacune les oreilles de lapine. Elles n’ont bien entendu qu’une idée de surface de la carrière à laquelle elles postulent. C’est pourquoi Hefner va leur proposer une balade autour du manoir de Los Angeles, prétexte à leur raconter l’histoire croisée de deux figures incandescentes qui marquèrent leur époque : Bettie Page, la pin-up immortelle des années 50, et Linda Lovelace, l’héroïne seventies de Gorge profonde. Le temps de la réflexion. Avec Coney Island Baby, Nine Antico prête le trait candide de ses dessins aux destins sulfureux de deux icônes intimes. Un cadre qui convient parfaitement à la touche graphique de l’auteure, qui a déjà su s’illustrer avec ses strips mettant en scène des jeunes filles naïves, face à des situations glauques. Ce deuxième roman graphique, après Le Goût du paradis (Ego comme X, 2008), combine cette esthétique délicieusement lascive à un incroyable talent narratif, et une histoire en noir et blanc sans prétention monographique, qui se laisse insidieusement goûter du début à la fin comme un parfum sucré. À lire avec l’album éponyme de Lou Reed en trame de fond.
Ah… encore un livre plein d’images. N’empruntant au factice que le nom, cette nouvelle revue à dimension européenne dédie son regard documenté à l’illustration, avec ou sans majuscule, variant de la simple forme utilitaire qui accompagne le propos, au statut graphique qui l’accueillit au rang de discipline artistique à part entière. Preuve par l’image. Avec ou sans légende, l'illustration s’incruste dans toutes les manifestations éditoriales, traverse l’Histoire, écrite ou manuscrite, et les époques, imprimées ou dessinées. Discrète ou ostentatoire, gravures de dictionnaire de 2 cm2 ou enluminures sacrées des livres testimoniaux, elle sait toujours transgresser la sémantique des caractères, et devient en soi la marque d'une création singulière et hybride. Naturellement à l’écart de toute sectorisation, spécificité ou limite plastique (si ce n’est les contours de la page), elle sillonne les livres pour enfants, manuels scolaires, bandes dessinées, ou accompagne les propos savants du Kamasutra. Avec cet Album factice, dirigé par Guillaume Dégé et édité par le musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, se profile par amusement et par amour, une balade labyrinthique dans un univers visuel. Organisé en pente douce, constitué de fonds publics et privés provenant de divers pays européens, il échappe à toute tentative scientifique de classification conceptuelle. En bref : un beau « spécimen ».
+ d’infos : La soif d’images, petites révélations sur la lumière et la photographie Matthieu raffard Éditions transboréal 89 pages / 8 euros
+ d’infos : Coney island Baby nine antico l’association sorti fin mars 2010 208 pages / 22 euros
+ d’infos : L’album factice dirigé par Guillaume dégé edité par le MaMc de strasbourg sorti en janvier 2010 234 pages / 24 euros
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V.Moon - A Take Away Show #98 - Kazuki Tomokawa
OBJECTIF MOON Texte / G. Vonthron & G. Viry
Depuis des années, Vincent Moon parcourt le monde pour mettre la musique en images. S’il faut être en orbite, pour ne pas le perdre de vue, il fait aussi l’actu sur le web…. Mathieu Seurat n’a que 20 ans et les rues de Paris quand il commence à faire des images dans les salles de concerts. « Des photos, souvent organisées sous forme de tryptiques, puis de la vidéo ». Avant d’aller plus loin, il y eut un déclic : The national, un groupe d’amis newyorkais, qui emprunte ses portraits sur la pochette d’un album, Alligator. Et une vision : Outer Space, le film de Tscherkassky, qui l’incite à mettre ses photos en mouvement et « à chercher ailleurs ». Ainsi est né Vincent Moon qui a fait, depuis, les quatre cent coups. Il est l’un des fondateurs et réalisateurs des « Concerts à emporter » qui arrivent à faire jouer, depuis trois ans, Beirut, dans les rues de Nantes, ou Phoenix, sur les marches du Trocadéro à Paris. Tous ces lives filmés sont disponibles sur le site Blogotheque.net que Vincent continue, de loin, à alimenter. En 2009, pour les dix ans du festival All Tomorrow’s Parties, au Sud de l’Angleterre (« le meilleur festival, à mon sens, malgré des lines up de moins en moins novateurs »), il participe à la réalisation d’un film, que nous aimons beaucoup et dont il conserverait encore des trésors cachés : « j’ai fait une serie beaucoup plus gonzo sur le festival : des films de 30 minutes, narrés par un musicien et vraiment shootés à hauteur d'homme blessé ! ».
WORLD TOUR
Depuis un an et demi, Moon parcourt la planète, là où il peut perdre volontairement ses repères pour se mettre en danger, prendre des risques, « générer
des zones temporaires ». Après le Cambodge, où il termine actuellement un film sur le 10e anniversare du festival Primavera Sounds, il partira au Caire, dans le cadre d’un projet avec les Eurockéennes. Puis Détroit, en septembre, Copenhague, en octobre, le Brésil, on the road, « toujours au gré des rencontres ». Non, le réalisateur n’est pas un businessman affranchi des jetlags, mais un homme absolument libre qui « fait tout par plaisir ». Avec les musiciens qu’il suit, c’est comme un échange, dont les termes sont aussi simples qu’un « potlach » : « passe un bout de vie avec moi, joue-moi de la musique, je te donne un film… ». Les transactions sont donc rares : « Un projet sur dix a un peu de budget. Pour le reste, je me démerde ». En matière de musique, Vincent peut tout filmer, même s’il a évidemment quelques prédilections. « Je vois peu d’intérêt, par exemple, à promener ma caméra sur une scène, dans le cadre bien défini d’un concert : elle n’a en effet qu’un rôle subalterne et documentaire, puisque l’interaction réelle se joue entre les musiciens et le public ». Ce qu’il apprécie par dessus tout, c’est quand le film révèle à l’inverse l’ensemble du processus créatif, de la recherche initiale à la performance filmée. « Dans A Skin, A Night, pour The national, les images progressaient ainsi vers un unique moment live, qui n’intervenait qu’à la fin... ». L’objectif est atteint. + d’info : Tous les films de V. Moon sont disponibles sur son tout nouveau site Internet : www.vincentmoon.com Filmer la Musique, 4e édition : du 8 au 13 juin, à Paris (Point Éphémère). Projections, concerts, installations, performances
Écran
des souris et des zobs
On connaît généralement Art Spiegelman pour sa bande dessinée Maus, tirée des souvenirs concentrationnaires de son père et récompensée par le prix Pulitzer en 1992. Le documentaire Art Spiegelman - Trait de mémoire revient sur la surprenante carrière de cet illustrateur de génie, de ses débuts underground comme dessinateur pornographique à ses travaux sulfureux pour le New Yorker. Plus improbable : on y apprend que cette figure emblématique du devoir de mémoire, est aussi à l’origine des cartes à collectionner Garbage Patch Kids, les ancêtres des Crados. Vous vous souvenez d’Érika Gerbé ? + d’info : art spiegelman - trait de mémoire documentaire de clara Kuperberg et Joëlle oosterlinck, Éditions arte video
that’s a binGo !
Après avoir déclaré vouloir faire jouer Lady Gaga, réaliser le préquel d’Inglorious Basterds, un troisième Kill Bill et enfin un western autour de l’esclavage, Tarantino reprend son souffle et s’engage enfin dans un projet sérieusement… concret : il sera Schtroumpf à lunettes (du moins, sa voix…) dans le film d’animation de Raja Gosnell, en 2011.
au lonG court
Créé à l’initiative de l’association Un soir… Un Grain, le « Brusells Short Film Festival » fait partie des rendez-vous qui comptent, en Europe, sur la scène du court-métrage. La 13e édition est organisée du 29 avril au 9 mai dans plusieurs lieux de la ville : Cinéma Vendôme, PTM, Bozar, etc. Au-delà de la compétition internationale (54 films), le Festival propose de nombreux programmes et événements, dont la Nuit du Court, le 30 avril et un Kino Cabaret. + d’info : www.courtmetrage.be
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MoVe your natal body avec le Wii Motion plus sorti l'année dernière et l'annonce pour cette fin d'année des projets de sony et Microsoft, le bon vieux pad fait figure de dinosaure, et risque – comme lui – de disparaître. texte / G. Jallut Il y a quatre ans, Nintendo réalisait l’improbable exploit de faire se lever un gamer en lui glissant entre les mains autre chose qu’une manette. La Wii misait sur une nouvelle manière technique de jouer, quand la PS3 et la 360 continuaient la prime à la grosse turbine HD. Le succès populaire rencontré par la petite console de Nintendo aura fini par influencer ses deux gros concurrents : qu’il s’agisse d’une saine émulation technologique ou d’un rattrapage marketing, tout semble fait désormais pour entériner la rupture entre le canapé et le joueur. Playstation Move de Sony et Natal de Microsoft devraient ainsi pointer le bout de leur nez prochainement. Le premier marie les techniques respectives des concurrents, puisqu'il utilise à la fois le contrôleur sans fil façon Wiimote, et la caméra de détection façon Natal. Si Sony développe finalement l'héritage de l'Eye Toy – en lui adjoignant la réalité augmentée – il engage parallèlement une supériorité hardware conséquente en termes de rendu et de réactivité. Natal intrigue quant à lui par sa promesse de faire disparaître le contrôleur, pour ne plus interagir qu’avec le corps. Le procédé de caméra infrarouge utilisé pour ce faire s'appa-
rente plus à une motion capture (il identifierait 48 points en temps réel) qu'à une captation webcam, et permet une appréhension du corps et des objets dans l'espace avec une précision stupéfiante. La reconnaissance faciale et vocale devrait par ailleurs finir par faire des manipulations de Minority Report notre quotidien.
la chasse aux papillons
Si les trois processus vont définitivement introduire de nouvelles façons de jouer, nombreux sont ceux qui y voient plus une velléité œcuménique d'accueillir enfin femmes, enfants et quinquagénaires autour d'un bon jeu de fitness ou de ping-pong qu’une véritable révolution. Il ne faut sans doute pas mésestimer la satisfaction différée que procurera le passage à la HD des codes lancés par Nintendo, mais la question des titres hors casuals games qui profiteront de tels systèmes reste posée. Quid en effet des efforts physiques qu’il faudra fournir (les high kicks d’un jeu de baston ou les 90 min. de course d’un jeu de foot) ou des performances multitâches demandées par certains titres (MMO, FPS) ? Pas sûr qu’on se lève tous sans manette.
Écran
the secret World
Funcom, les spécialistes norvégiens du MMO, bûchent en ce moment sur The Secret World. Repensant quelque peu les codes du genre, le jeu mélange allégrement fantastique et monde contemporain, légendes urbaines et théories du complot. Une apocalypse ésotérique a vraisemblablement eu lieu, et des hordes de créatures extraordinaires ont envahi nos villes. Golems, vampires, zombies ou loups-garous affrontent Illuminatis, Dragons et Templiers, des sectes humaines secrètes luttant elles-mêmes pour la domination sur ce qui reste de la société. + dispo sur pc et x360 www.darkdaysarecoming.com
red dead redeMption
Ambiance fin de siècle pour le prochain GTA like de Rockstar, Red Dead Redemption. L'Ouest est toujours grand et sauvage, mais les traditions cowboys se font marcher sur les bottes par la modernité : les gatlings côtoient les bons vieux Colts six coups, les locos les chevaux, et le FBI les bandits de grands chemins. L'immensité du territoire, la beauté des décors, les cadrages très cinématographiques et les principes de jeu comme la jauge d'honneur devraient permettre à chaque joueur de se sentir bien dans la peau sale d’un Sentenza, d’un Tuco ou d’un Blondin. + dispo sur ps3 et x360 sortie le 30 avril 2010 www.rockstargames.com
plants Vs zoMbies
PopCap Games, spécialiste des petits jeux addictifs et chronophages qui plaisent tant aux rouilleurs du web, fait un carton avec son nouveau tower defense game. Le schéma reste classique : l'ennemi avance par vague obstinée, et il faut le détruire en parsemant son chemin de lance-projectiles et pièges variés. Rien de bien neuf, pourtant Plants Vs Zombies tire son épingle du jeu : le cadre est un jardin, les défenseurs des petits fleurs kawaï façon Murakami, et les vilains des zombies débiles. + dispo sur pc, Mac, x360, iphone et gratuitement sur le web http://www.popcap.com/games
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CAHIER MODE
CAHIER MODE. Par Baptiste Viry
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ART/C parler de toi, parlons de lui
Premier étage d’un immeuble cossu, à peine le seuil franchi d’un salon mâtiné de blanc que le maître des lieux nous happe. L’œil est amusé, pétillant, malicieux. Pas de mystère, cet homme est un électron libre qui fonctionne à l’instinct. L’année dernière, Art/C – prononcez « Arty » – a décidé de tout quitter : sa ville, le soleil d’Israël et surtout sa boutique House of Art/C Ifrach qui lui assurait de belles heures, pour rejoindre la capitale. Un coup de tête ? Peut-être. Mais assumé. Il se nourrit au défi, et par-dessus tout, à l’adrénaline que procurent les « débuts », les premières fois, les premiers pas. Comme ceux qu’il fait désormais dans la Ville Lumière.
Dans son nouveau sweet home, le ton est donné : les yeux se perdent dans un florilège de robes, manteaux, fourreaux, tuniques en tout genre et toutes matières. D’emblée, on sait que la chasse aux trésors est ouverte. Codes, tendances, canons esthétiques… les pistes sont brouillées. Pas de « standards » ou de « basiques » dans le vestiaire d’Art/C, seulement des créations uniques et inédites sorties de son imaginaire délicieusement irrévérencieux. Le point de départ : redonner vie aux tissus chinés, aux « trouvailles » dénichées aux Puces, chez les fournisseurs des « grands » - Gucci, Oscar de La Renta ou encore Emilio Pucci – et détourner des pièces vintage. Il marche à l’instinct, observe, mesure, visualise et réalise en un tournemain une tenue que lui a inspiré une matière. À chaque idée il pond une création, c’est presque mathématique. C’est surtout un don. Là, le célèbre tweed Chanel revu et corrigé en manteau à clochettes pour working girl du pays des merveilles ; ici, le brocart Yves Saint Laurent revisité en manteau-robe effet Shéhérazade garanti. Ailleurs, le tapis persan détourné en veste coupe droite aux lignes impeccables.
La crise peut bien défaire la mode, imposer de nouveaux diktats minimalistes, forcer la main à la sobriété, ici, ça brille, c’est coloré, insolite, joyeux. Et quand on lui demande les clés de la saison, sans détour il répond envie, allure, jeu de rôles. Il n’habille pas UNE femme, mais toutes les femmes pour peu qu’elles assument. Ses muses ? Les amazones urbaines qui défient la jungle mode avec humour, fantaisie mais toujours élégance. En clair, celles qui osent LE look, celui qui nous transpose du podium à la rue sans passer par la case grotesque. Et si Andy Warhol avait dit vrai quand, au siècle dernier, il a prophétisé que l’on rencontrerait tous notre quart d’heure de célébrité … Par Emilie-Alice Fabrizi
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aKWaaba Music paris/los-angeles/luanda/nairobi...
Après la vague « musique du monde » des années 80, la création musicale africaine retrouve enfin un public en Europe, autre que Josiane Balasko. Les nouvelles technologies lui ont permis de se répandre comme une traînée de poudre, allant même jusqu’à influencer les très occidentales musiques actuelles. Le label Akwaaba Music, par l’entremise de son fondateur Benjamin Lebrave, entend en devenir l’un des principaux missionnaires. On peut y voir un juste retour des choses.
saGa aFrica
4 assises internationales du roMan / lyon e
Le temps littéraire et le temps nucléaire ont du mal à s’entendre. À l’orée de la fatidique année 2012, la pause contemplative et réflexive semble être de mise dans l’univers de la littérature, quand la planète fonce vers son explosion supposée. Peut-on dès lors jeter la pierre à ceux qui dressent les bilans mais croient en l’avenir ? Sûrement pas, car à ce jour, seules trois solutions s’offrent à nous : la mort, le voyage vers une exoplanète ou croire que le film de Roland Emmerich n’est qu’une fiction. Prêtons à cette dernière solution le paradoxe d’une vérité peu probable et les 4e Assises Internationales du Roman auront toute raison d’être. Dans ce brouillard le thème des A.I.R. fait mouche, « le roman : tout dire ? ». +d’actu : 4e assises internationales du roman à la Villa Gillet et aux subsistances en partenariat avec Le Monde, du 24 au 30 mai. thème « le roman : tout dire ? » avec la participaton de Marie darieussecq, bernard pivot, François beaune, rabih alameddine, Florence aubenas, richard powers, Wendy Guerra, le chapelier Fou, percival everett, etc. +d’info : www.villagillet.net
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Akwaaba Music privilégie depuis ses débuts un éclectisme que reflète mal la vision que l’on a de la musique africaine. S’il existe des racines musicales, parfois communes entre différents pays, le paysage artistique y est extrêmement divers et change radicalement selon l’histoire culturelle de chaque région, une histoire que les nouvelles générations réinventent plus ou moins fortement. Tout le travail de Benjamin Lebrave, fondateur d’Akwaaba, s’est fondé sur l’exportation de ces différences méconnues en Europe. Les sorties du label symbolisent son ouverture à tous les genres : des club bangers du Kuduro (Killamu, Angola) et du Coupé-Décalé (Kedjevara, Côte D’Ivoire), à la très acoustique Kora du griot Jali Bakary Konteh (Gambie) en passant par le Rap (Diata Sya, Mali) et bien d’autres. L’objectif d’Akwaaba Music est de faire une démonstration par le nombre : la maison prévoit une moyenne de quinze disques par an. Il faut remonter à Valéry Giscard d’Estaing pour trouver de semblables velléités d’extraction de pépites en Afrique. Une comparaison qui trouvera dans le cœur de Benjamin Lebrave, une résonance toute particulière. +d’actu : dernier album sorti le 6/03, Konteh Kunda de Jali bakary Konteh, accompagné d’un concours de remix toujours en cours sur la chanson Combination. dernier ep de Figura, Ze Bula remixes, sorti le 16/03. sinon, benjamin lebrave parcours actuellement le Ghana. +d’info : www.akwaabamusic.com
periscopaGes / rennes
Comme sur le dos des adolescents impopulaires, on écrit « frappe-moi », sur celui de la bande dessinée industrielle se jette la boule de neige fournie en gravats. Periscopages rassemble les cœurs jeunes du dessin pour en étudier les séquelles et gratter, à l’ongle fin, ces saignées toujours bonnes pour l’hygiène plasmique. Depuis six ans, l’association rennaise organise, avec les Champs Libres, les rencontres de la bande dessinée d’auteur et de l’édition indépendante, avec l’ambition de pourvoir le 9e art d’un lieu d’expression approprié, amorce d’une discussion nécessaire à ses futures tribulations. Les gratuites tables rondes, expositions, conférences et projections se dérouleront cette année dans des lieux aussi divers que la colonie d’artistes présentée, mis en complémentarité pour abreuver la soif d’un public à la curiosité aiguisée. Contempler le verre et le boire. +d’actu : periscopages, 6e rencontres de la bande dessinée d’auteur et de l’édition indépendantes du 13 mai au 6 juin à rennes, avec naz, laurent lomède, Frédéric coché, Johanna hellgren, François ayroles, editions Kaugummi,… +d’info : www.periscopages.org
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printeMps de la typo / paris
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L’écriture s’est appliquée depuis son origine à immobiliser la pensée humaine et à la rendre mémorable. Fixer les productions de l’esprit sur un support physique entraîne le choix de la forme que celles-ci vont prendre visuellement. À ce titre la typographie, visage physique de l’écriture, se retrouve au cœur de la tension entre esthétisme et signification. L’École d’Estienne, héraut de la réflexion sur la communication graphique, a choisi de rendre compte des différentes avancées de la recherche en terme de création de l’écrit. L’objectif est d’effectuer une synergie entre les écoles d’art, les chercheurs et les étudiants, en France et à l’international, pour permettre à l’innovation typographique de devenir le fruit d’une discussion croisée entre les différents acteurs de la communication. La problématique de cette première édition tournera autour de la « transmission de l’écrit », de l’école primaire aux études supérieures artistiques. Une occasion pour les professeurs d’art, les pédagogues et les étudiants de s’interroger sur l’apprentissage actuel de l’écriture qui façonnera la typographie de demain. Le colloque sera illustré par une exposition des logographes Christian Dotremont et Yves Chèvrefils Desbiolles. +d’actu : 1e Édition du printemps de la typographie, les 15 et 16 avril à l’institut national du patrimoine, auditorium colbert – 2 rue Vivienne, 75002 paris. +d’info : www.ecole-estienne.fr
art rocK / saint-brieuc
« À la plus parfaite reproduction, il manquera toujours quelque chose nous dit le philosophe – le décidément très tendance Walter Benjamin – , l’unicité de [la] présence [de l’œuvre d’art] au lieu où elle se trouve ». Le concert et a fortiori le festival peuvent être, en ces temps de numérisation généreuse, un moment de redécouverte de l’indescriptible « ici et maintenant » dont la musique a fort besoin. Et parce qu’ils accueillent les trop rares Konono n°1, le festival Art Rock de Saint-Brieuc est une bonne occasion de le vérifier. +d’info : www.artrock.org +d’actu : Festival art rock de saint-brieuc les 20, 21, 22, 23 et 24 mai, avec Jacques dutronc, air & yi zhou, Vitalic, rachid taha & Mick Jones, peter doherty, the Go ! team, Konono n°1, etc.
rencontres choreGraphiques internationales / seine-saint-denis
Les brimades vouées au port du body sont depuis bien longtemps à ranger au placard. Les chargés de relations avec les scolaires ont su habilement dialoguer avec les jeunes sur l’aspect esthétique de l’artiste danseur afin d’évincer les mauvais mots dont ce dernier faisait généralement l’objet. À ce stade de l’évolution humaine, les Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis peuvent nous montrer des spectacles aussi novateurs qu’exigeants. Depuis 2002, année où Anita Mathieu a pris les rênes et où elles sont devenues annuelles, les Rencontres ont pour habitude de repérer les œuvres créatrices de demain et d’attirer à elles les chorégraphes les plus prometteurs. À suivre notamment parmi les 20 compagnies invitées, celles du sud-africain Boyzie Cekwana, de l’italien Virgilio Seni et de la franco-algérienne Nacera Belaza, tous trois prophètes de la venue sur Terre d’une nouvelle génération d’artisans du corps. +d’actu : rencontres chorégraphiques internationales de seine-saint-denis du 7 au 30 mai +d’info : www.rencontreschoregraphiques.com
bazart par M. Gueugneau
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Mustard piMp / Melun
Il s’en est passé des choses pour avoir voulu croquer une pomme. Une fois l’ennemi de l’homme entré dans nos cœurs par ce curieux biais, il en ressort régulièrement par des attitudes exécrables de la part de personnes par ailleurs tout à fait respectables. Ainsi, les deux jeunes Melunais de Mustard Pimps font leur beurre de ces assauts de malignité dont le corps essaie vainement de se défendre. Bien aidés par ce démon de la perversité qui trahit l’âme noble en société, Baron et eKa font leur petit bonhomme de chemin sur celui pavé de bonnes intentions. Les flammes de leur musique consument depuis deux ans maintenant des individus qui, corrompus, ne peuvent que répondre favorablement à l’entêtement du Coquin. Ils sont alors bien à leur place chez les Illuminati de Dim Mak (Steve Aoki, Bloody Beetroots,…), représentants de la fidget house aux Etats-Sataniques d’Amérique, sur lequel ils ont sorti leur dernier maxi Pigeon Flu (avec Blatta & Inesha) à la fin de l’année dernière. Et à l’homme coupable d’avoir cédé à la tentation, il ne reste qu’à errer sur la toile infinie de sa propre décrépitude. +d’actu : le 10/04 à rouen, le 17/04 à liège, le 8/05 à nantes. +d’info : www.myspace.com/mustardpimp ; www.dimmak.com
beataucue / caen
Au son d’une sirène, l’hédonisme nous appelle et nous pousse à jouer à touche-pipi dans l’obscurité partielle d’une piste de danse. Le soleil, éclatant de gloire est toujours là, au creux de la main d’un(e) joli(e). On hume alors la transpiration faisandée de notre voisin(e) et le corps devient tout dur de partout. C’est cela, une représentation de Beataucue. Et parce que le malheur remplit celui qui n’a pas le feu au cœur, il est doux d’assister au sauvage désordre que provoque la musique de ces deux caennais. La Terre, secouée ainsi par des tribulations sonores turbulentes, s’ouvre pour laisser s’échapper un miel qui manquera sûrement au Paradis. Kitsuné, label d’amour et d’allégresse, ne s’y est pas trompé puisqu’il a signé le groupe pour leur premier maxi après leur travail remarqué sur des remixes pour Brodinsky, Major Lazer, Pony Pony Run Run, Schlachtofbronx, etc. Beataucue n’est qu’au début de son long travail d’anéantissement de la raison. Un début prometteur. +d’actu : en concert le 10/04 au supermarket de lille ; premier maxi prévu pour avril-mai chez Kitsuné. +d’info : www.myspace.com/beataucue
une saison Graphique / le havre
Depuis 2008, Une Saison Graphique souhaite affirmer le nouveau statut que le graphisme a acquis au niveau culturel. Une nouvelle génération est en train de naître qui se mêle sans peur et sans reproche à ses aînés ; la manifestation est là pour en rendre compte. Cette année, les organisateurs laissent ainsi une large place aux travaux réalisés par les étudiants de l'Ecole Supérieure d’Art du Havre en collaboration avec l'artiste Jack Usine. L’experimenté Vincent Perrottet présentera également son travail conjoint avec Annette Lenz ainsi que son projet Travaille d'abord tu t'amuseras ensuite, avec le photographe Myr Muratet, au propos résolument social. Enfin, le studio Suisse FLAG, très porté sur la typographie notamment, sera l’invité du collectif Lieux Communs pour l’exposition à l’ESAH. +d’actu : une saison Graphique du 3 mai au 2 juillet au havre, à l’esah, l’espace d'art contemporain le portique, la bibliothèque universitaire du havre, le carré du thV, etc. +d’info : www.unesaisongraphique.fr + Visuel : Vincent perrottet
R bazart par M. Gueugneau
FestiVal les Musiques / Marseille
Le G.M.E.M., Centre National de Création Musicale, agence mignonnement une alléchante vitrine de la musique contemporaine. Le festival Les Musiques mettra ainsi à l’honneur, durant quinze jours, un versant de l’Art qui atteint rarement le cœur de notre jeunesse. De Gesualdo à Saariaho, Les Musiques ne vise pas la contemporanéité à tout crin mais traverse les siècles pour mieux pointer les communes envies artistiques d’exprimer l’imaginaire par l’innovation créatrice. En ce sens, d’autres domaines artistiques (Danse, Cinéma, Installations,…) sont convoqués pour permettre à ces différentes formes d’art de s’alimenter les unes des autres. Enfin, Raphaël de Vivo, le directeur artistique, a souhaité « sudifier » son entreprise par l’ouverture à des compositeurs méditerranéens (Essyad, Farhang, Orchestre Zajal, etc.) trop souvent négligés. Un pas de plus dans la découverte musicale, maître mot d’un festival qui plonge avec bonheur dans l’inconnu de la création.
+d’actu : Festival les Musiques du 17 avril au 1er mai à la friche belle de Mai, au Musée cantini, au ballet national de Marseille, etc. avec philippe nahon, Mark Foster, l’orchestre najal, Michel portal, et tant d'autres. +d’info : gmem.free.fr
l’institut hongrois de paris présente le travail du collectif iparterv, 11 artistes d’avantgarde traqueurs d’oxygène artistique dans un environnement d’une liberté toute relative : la hongrie des années 50-60. du 15 avril au 10 juillet. www.instituthongrois.fr
les plasticiens isa Melsheimer & Michael raedecker partent à la conquête du sauvage territoire entre image et réel au carré d’art de nîmes jusqu’au 18 avril. carreartmusee.nimes.fr
collaboration européenne, pour la présentation d’une partie de la collection Dossier presse de porto au centre du Museude serralves Exposition du groupe « IPARTERV » d’art - Le progrès de l’illusion contemporain du domaine de Du 15 avril au 10 juillet 2010 –Kerguéhennec Institut hongrois de(Morbihan), Paris jusqu’au 13 juin. www.art-kerguehennec.com
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