Kiblind#12

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_Rédaction ™_Rédaction en chef : Gabriel Viry™ de la publication : Jérémie Martinez r cteu Artistique : Dire ion al™_ irect Glob ™_D gn Desi tinez a Mar Pitay jivy™Gabriel Viry™Jérémie Sand Couverture : Kinga Sofalvi pour hieu Matt tin™ Cora ™Le rt™Kinga iarty Leso t™Professeur Mor Arnaud Giroud™David Kiblind : Jean Tourette™Simon Loya .pitaya-design.com] ™_Graphisme : www 99_ 54 28 78 rimerie 04 Imp Tél : is™_ al_ rgeo Glob Bou a Design Frédéric Gude™Anaïs Arnaud Giroud™David Lesort™ [ Pitay sart™_ Kiblind ++ : Docteur Toniax™ -Des uffel Dew é Maït : ation unic Sofalvi™Jérémie Martinez™_Comm l : 01 48 15 55 00_ ISSN : 1628-4046 ardets 93165 Noisy-le-Grand Cedex_Té articles publiés n’engagent que la Landais, 26 rue du Ballon, ZAI Les Rich 69001 Lyon_www.kiblind.com_Les tées Plan es Pierr aite des rue 4 nd, Kibli ociation r M. Sandjivy pour son soutien et souh Le magazine Kiblind est édité par l’Ass ble de l’équipe Kiblind tient à remercie sem L’en . rvés rése ent tem stric ts droi responsabilité de leurs auteurs. Tous au petit Félix que du bonheur. An 3.

sommaire

rétropolitain

international

dossier

écho de la biennale

musique

«Emploi Dans le cadre du dispositif ind est Tremplin», l’Association Kibl ne-Alpes Rhô ion Rég la par e enu sout et le FSE.

... UN OEIL SUR LYON

zinc .

dossier urbain .

anachronique

lyon vue d’ailleurs

danse

festival

RENTRée chez vous 8 .

Jeter l’ancre en ville 11 .

L’absente de l’opéra17 .

Où vas-tu, gastronomie lyonnaise 18 .

Le feuilleton de l’été 21

Nouvelle-Calédonie, un espoir... 24 ... PAGES BLANCHES

. loïc Godart 28 . Porno Finger + Jango Ringard + Pierre-Louis Bouvier 30 . Pierre-Louis Bouvier 32 . Pitaya design global 34 . Eso 36 . Nicolas Tondu 40

... BAZART

.

. galerie Talents à suivre... 50 .

Projet Sputnik/// la 224 45

.

TDMI/6 n’off/Belles latinas 51

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les zurbamateurs 55

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Spontanéous/mot10 56

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Carmenmariavega/El sutta syndicat 59 Silence de Lil/AntiQuarks 59

agenda pass

18/09 > 29/10 64

chronique du ki

Amoureux 66

.



édito

F G. V.

faites le 12...

en couv + ales... pages centr ntôt vid Lesort, rejoint bie Créé en 2002 par Da est ais nn lyo dio ce stu par Arnaud Giroud, n sig de le et e iqu ph gra n spécialisé dans le desig n tio ec Dir puis 3 ans à la d’objet. Pitaya est de nt me ale ég a et e Kiblind graphique du magazin ), le ontje (scénographie Bo rd To c ave travaillé ur), rie nté n de mobilier d’i Crédit Agricole (desig . . ). lle tie en tion événem Cétélem (communica a-design.com ay pit w. ww Contact :

aites encore le 12 (le 118, c’est pour novembre 2027, le 218, pour …47).

Ça fait trois mois, vous nous manquiez déjà. Un peu comme disent les chauffeurs des bacs à sable ou les chanteurs de salle (ou vice-et-versa) : « Et vous, on vous manquait alors ? Plus fort ! ». Tout ça pour un rappel. Allez, on va se serrer et on s’y colle : trois ans déjà, 12 numéros, 628 pages, 120 000 ex, 15 artistes, 120 œuvres publiées, déjà pas mal… Et une troisième rentrée, pour laquelle on a décidé d’oublier : - de maigrir : pas pris la plage, mais 16 pages ; - d’arrêter de fumer : sauf pour faire un tabac ; - de faire de la soupe (branché) : à force de ne pas en reprendre, on a perdu 6,25 cm2 ; - de rester le teint hâlé : nous, c’est toujours Pages Blanches ; - de faire les comptes ; - de faire l’appel : ça manquerait ; - de regarder les autres faire : surtout les nouveaux ; - de se faire coiffer au poteau (ne veut pas dire Coupet) ; - d’avoir Cure des Epis, mais de les plaquer au jour le jour ; - de suivre les plans de la Comète ; - … de ne pas être pas peu fiers On remet tout à la prochaine année. En civile. On verra bien : s’il y a trop de cholestérol dans les articles, si on est encore plus blanc que blanc, s’il faut sauver les autres (journaux), appeler le 15, être en mars, et donc à l’heure…(n°13 : en novembre – n°14 : en janvier…). Et pour cette rentrée, pour être dans le ton, yaka tourner la page, pour les bonnes (ré)solutions. An 3 déjà, pas pris une ride, déjà pas mal… Ò


rentrée chez vous zinc

On a passé l’été : chaud. Les rues désertes, les plages horaires, les hyper-hydratés, les « sortez peu », « buvez beaucoup », « point trop n’en faut »…Y a qu’à penser à la rentrée. « Rentrée chez vous, sortez un peu ». Reprenez vos résolutions, dites-vous que la seule solution, c’est dans les manifestations. Le programme ? Il n’y a qu’à demander… G.V.

faitets du spor

ptembre, à la courir : le 23 se à z ce en m m + Reco n du patrimoine 4e Semi-maratho le ur po , Or d’ te Tê ur une « course lac de Cublize, po ; le 1er octobre, au n » ; ou le 8, dans ur de « l’ami sapi forestière » auto grande « Course la Beaujolais, pour du es bl no vig les « des clochers ». cher : dans les vous de mar ns da e br to + Contentezoc 15 », organisées le balades urbaines La guerre, la paix tour du thème « au les rues de Lyon 22, participez au mémoires ». Le : patrimoines et novembre, aux Miribel, et le 11 à », r sto ca du « Raid montées Boyer la Bi-côte, dans les de ns tio sta ife an m Fourvière. , sur la colline de et de la Garennes : dans les filets de s autres faire + Regardez le d Prix de Tennis an nais, ou du Gr on Ly s e qu pi lym l’O ; dans les panier r du 29 octobre e br to oc 5 de Lyon, à parti le sé Live Tour, organi de du NBA Europe upe du monde Co la de rs lo Ou e. all ob str à L’A e, à Gerland. Roller, le 8 octobr

votre rentrée culturelle

+ Lisez Kiblin d, prenez le Pass… + Finissez le s romans d e l’été : méfiez-vous des rentrées littéraires, préférez : le Sa lon de la petit e édition et de la jeunesse, le 4 et 5 novem bre, à SaintPriest, ou, à la m ême date, le Sa lon du livre du lyonnais (C hampagne-au-M ont-d’Or). Le 15 enfin, dans le cadre de la Se maine de la solidarité, un e grande brader ie aux livres est organisée da ns le centre de Lyon. + Reprenez vos classiq ues : la 12e Biennale de la D anse, du 9 au 30 septembre (grand défilé : le 17) ; les Journées du patrimoine, le 16 et le 17 ; le Mois de la photographie à Lyon (septem bre) ; le Salon international du disque, à l’esp ace Tête d’Or, le 29 octo bre.


, Et sduerzto-vuotu s éva mois de s étoiles : après 18 ++ la tête dans le -Velin -en ux Va de ium Planétar travaux, le Nouveau t au en ém 9 octobre, simultan la ouvre ses portes, le te tou ns da de la Science, lancement de la Fête tobre). région (du 9 au 15 oc Orient », rs ? De « Sublime eu aill d’ vie ++ en r Terre pa e vente organisé à travers l’exposition au 1er re tob oc 28 hat) du d’Amitié (Lyon Montc festival Tout à fait Thaï », un novembre, ou de « à Lyon é clin Thaïlandaise, dé national sur la culture de la ce Pla la sur novembre, du 27 octobre au 4 République… cez vos vos fournitures, dépla Et aussi : achetez e, dites cin pis la à é indien, allez meubles, attendez l’ét oir », ev rec « it dra fau re, qu’il que vous allez tout fai e le qu é, rosé, c’est meilleur l’ét arrêter la feta, que le r… bientôt arrive nouveau Beaujolais va

547 000

exemplaires de journa ux quotidiens, gratuits ou payants, sont diffusés en moyenne à Lyon. Le Progrè s est le plus gros « tireur » (360 000 ex. environ), suivi par 20 minutes et Lyon Plu s (76 000 ex. chacun), pu is Métro (35 000 ex.)

3001 et 1001

sont les numéros des sta tions Vélo’v les plus active s. La première se situe boulevard Vivier-Merle, la seconde devant l’Opéra. Pour l’odyssée de l’espac e, nous vous conseillons 200 1, Place Bellecour…

234 000

C’est le nombre d’étudian ts en Rhône-Alpes, d’aprè s une récente étude de l’IN SEE (juillet 2006). La mo itié étudie dans l’agglomérat ion lyonnaise. 77 000 son tà l’Université. La région att ire plus d’étudiants qu’ell e n’en « exporte ». Les « éch anges » sont excédentaires avec toutes les régions, au premier rang desquels la Bourgogne, l’Auvergne et la région Centre. Le sol de est négatif avec le Mid i-Pyrénées, le Languedo cRoussillon et l’Ile de Fra nce. Les jeunes lyonnais qui partent étudier dans ces régions sont plus nombreu x que ceux qui arrivent. Avec l’Ile-de-France, Rh ôneAlpes « perd » chaque ann ée 2500 jeunes…

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un oeil sur lyon

zinc

r e n î d r u o p en ville…

oîtes ortiers de b n, s DJs, les p io le s at rè rm ap fo : r e u Entré droit à le ir o ir av t n t ie ra pourrai vo de nuit dev e national t m es lô ip if d ct je n ée. L’ob à Lyon. U er, n de l’ann fi tt lu la r i u ’ic o d p le jour le métier ionnaliser n. de profess iscriminatio d t, contre la en m m ta o n social » en : après le « e c n ce ta is és Zarma lan Plat de r ssociation l’A re, , b 3 o 0 ct 0 o 2 du 26 décembre s ral. À partir to se u ec re él b O m K o n l’Avis de ne, de m to u ) l’a s… t rt tou conce et durant ées-débats, ir n o io (s g s ré n o manifestati s toute la s à « se anisées dan seront org our inciter les citoyen p Rhône-Alpes débat démocratique ». le er ri p ro p ap ré l.com ekoelectora www.avisd , New York illeurbanneV ig ... b e t e r n e eu Salade v lle va mettr n pas. La vi concept le t an rt o p il n’y a qu’u im en e, d la sa sa quinzaine apple dans e il y a une éé cr ne », e rt ve torier sur u de « carte pe ? Réper la ci n à ri p s lié Le es sites d’années. ins nsemble d as l’e ag e m rt : ca seule nnement de l’enviro uteurs de protection taires, distrib au n u m m co s bios, jardin cyclés… produits re d g de Gérar lera du blo graphie, « ar p n o : Au café cet été. Bio s, etc. is en ligne isirs, lecture Collomb, m actualité, lo », ts en em engag marc : ire, même le Il faut le bo m o .c b dcollom www.gerar



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UN OEIL SUR LYON

dossier urbain 1/5

jeter l’ancre en ville, nouveau port d’attache ? dossier urbain 1/5

La rédaction a décidé « d’aller » en ville, et d’y rester, toute l’année. Pour regarder sa ville, observer ses chantiers, ses-vies-ses-oeuvres, ses morts ou ses « vivants ». Alors que le modèle urbain se diffuse en se nommant (parmi tant d’autres, vous êtes en train de lire un mag « urbain » et serez bien trop « urbain » d’aller, pour moi, au city market…), on semble pouvoir observer une dynamique d’identification à la ville. Le « cityisme » deviendrait-il un sentiment d’appartenance remplaçant tous les autres ? l’attachement à sa ville pourrait-il être une explication à la fameuse crise de l’État-nation ? Qu’en est-il à Lyon ? Kiblind descend pour poser les bonnes questions…

E

n ces temps de rentrée, nous servons toujours les flageolets en premier. L’histoire de la ville est longue, complexe, à rebondissements. Pour faire cours, on prend d’abord les raccourcis (pas la ficelle) : une question d’angle. Au-delà de la construction physique ou du peuplement, l’histoire de la ville peut être appréhendée à travers le rapport entretenu avec le pouvoir central. « J’adore l’histoire-géo », dit le fayot Il y eut d’abord un commencement, notre genèse, que l’on va situer (pour éviter de penser à Denver moins comme ville que comme dernier dinosaure) à l’Antiquité. A l’époque, il y a les villes, tout au

moins La ville, centrale et puissante : Athènes, Rome, Jérusalem, Carthage… Ce sont les villes qui partent en conquête, se font la compét’ (plus de 2 000 ans après, on semble revenir à des situations similaires, évidemment non militaires) ou la guerre, parfois dans un même pays, comme entre Sparte et Athènes... Les grands empires de la période antique sont d’ailleurs issus de ces villes, constituant une sorte de prolongation militaire de leur puissance économique, politique et culturelle. A l’Antiquité, la ville de Lyon, fondée par Jules César en 43 avant un autre J.C., est une véritable place forte de l’Empire romain sur le territoire français. Capitale des Gaules, elle domine toutes les autres villes, notamment î


Lutèce, ex-Paris, qui n’est alors qu’une bourgade insignifiante et insalubre. Et qui n’a qu’à bien se tenir. Au Ve siècle après J.C., l’Empire romain s’effondre, emportant avec lui le modèle de la cité. La religion, véritable ciment socio-culturel des nations en train de se dessiner, prend le train de l’histoire : si les villes continuent leur expansion, le pouvoir réel se déplace inexorablement vers les centres spirituels, puis vers un lieu unique : le château du Roi. Entre le pouvoir royal et les villes, commence une longue histoire de vases communicants, ou plutôt de vases peu communicatifs qui s’envoient déjà, comme un bon vieux ménage, en pleine figure. Et puis tout le vaisselier peut aussi y passer : à l’époque, on pense que pour asseoir l’autorité du roi, il faut limiter la puissance des villes. De son côté, Lyon n’a pas trop de velléités : c’est une ville en déclin, instable, dont le développement est limité par la géographie des lieux, en particulier des deux cours d’eau difficilement franchissables.

« Je sais bien sûr comment ma ville est née », dit bien-sûr le lecteur… En pleine guerre des Gaules, Jules César décide d’établir un camp militaire sur la colline de Fourvière. Ce promontoire est un carrefour stratégique situé à mi-chemin entre le Nord et le Sud de la France. En 43 avant JC une colonie de droit romain y est instaurée :c’est ainsi que naît Lugdunum (colline de la lumière, en latin). Lyon s’impose rapidement comme capitale des trois Gaules.

Avec la fin des guerres féodales, on entre dans une nouvelle ère. A partir des XIe et XIIe siècles, les villes s’ouvrent progressivement vers l’extérieur. Leur fonction sécuritaire, matérialisée par les remparts et les murailles, devient secondaire, au profit de la fonction commerciale. Avec ce développement naît la bourgeoisie, qui détient la puissance économique (déterminante dans l’évolution physique des villes, comme à Lyon) mais entretient des relations complexes, au plan politique, avec le pouvoir royal, toujours méfiant. Alors que la royauté compte tirer

profit de la richesse des bourgeois, ces derniers renverseront finalement le trône, en 1789, avec la Révolution Française. Une page est tournée, la ville peut lire entre les lignes, et jusque dans sa main : il y a de l’avenir... Au XIXe, le développement économique du pays s’accélère, l’exode rural se précipite et les villes connaissent une forte expansion au niveaux géographique et démographique. D’abord « empêchée » par les révolutionnaires pour avoir été « loyaliste » et pour s’être révoltée contre la Convention en 1793, la ville de Lyon profite de l’expansion économique du pays pour poursuivre son développement (depuis plusieurs siècles, Lyon était devenue une ville d’influence et de renom, en particulier pendant la Renaissance). Au XIXe, les progrès techniques (construction de ponts, assainissement des marais...) lui ont notamment permis de s’étendre rive gauche, de l’autre côté du Rhône. Alors que les villes grandissent et prennent de la place, l’administration et le pouvoir politique sont concentrés, sans nuancier, à Paris. Il faudra attendre très longtemps, jusqu’à la deuxième moitié du XXe siècle, pour les réorganisations administratives et la diffusion du modèle démocratique au niveau local (loi de 1966 sur les communautés de communes, création des régions en 1972, décentralisation à partir de 1982…), qui en décident véritablement autrement. « Je préfère prendre la main », dit la vieille ville à Julien* *Lepers évidemment, dans son nouveau jeu sous-télévisé, « La ville : question pour une championne ». Avec la décentralisation, les collectivités locales (régions, départements, villes…) sont montées en puissance. Quant aux communautés de communes, créées à partir de 1966, elles forment aujourd’hui des « super-villes » aux « super-pouvoirs ». A titre d’exemple, la Communauté Urbaine de Lyon (Grand Lyon), qui réunit 55 villes de l’agglomération, est capable de mettre en place les Vélo’v ou de créer 100 hectares d’espaces verts, soit un quart de la surface existante, en l’espace de 5 ans. La dynamique de décentralisation va inexorablement se poursuivre, mais les derniers œufs mis aux paniers ressemblent plutôt à des coquilles vides. L’exemple le plus révélateur


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UN OEIL SUR LYON concerne les départements qui, avec la loi Raffarin (2002) se voient allouer de nouvelles compétences (gestion des routes nationales, du RMI…), mais sans transfert des budgets correspondants. Quels que soient ses dysfonctionnements, cet exemple de décentralisation a une incidence purement administrative. En effet, faut-il être allocataire du RMI, s’intéresser au financement des collèges ou à la gestion des routes (y en a qui aiment ça) pour se sentir rhodanien ? Pourrait-on mourir pour le département en cas d’attaque par un lycée ou par une ligne TGV ? Ainsi, au-delà de sa dimension administrative, la vraie décentralisation, celle qui fait se développer une collectivité comme la ville, repose moins sur le transfert de compétences que sur la capacité à créer une identité forte, qui fait que l’on se sentira davantage lyonnais que grandlyonnais, rhônalpin, ou même Français. Autrement dit, pour exister, la ville n’a pas seulement à compter sur les pouvoirs qui lui sont alloués. Son véritable pouvoir, c’est la frange d’en bas, ses habitants jeunes et chevelus, qui sont bien plus importants que la coupe ou la découpe dans les budgets. Les ressorts de cette identité, qui fait de la ville un portî

dossier urbain 1/5

« J’y suis pour rien, c’est pas le mien », dit le royal maître canin S’il y a un domaine où le pouvoir central ne peut rien, c’est dans le traitement des crottes de chien. Comment cela s’est-il passé, à l’échelle de la ville ? Voici notre version, entre fiction et réalité… Une crotte de chien fumante. A l’Antiquité, on n’y prête pas attention, on pense tout juste la conserver pour Moyen-Age, on demande si le chien est croyant ou païen, puis on brûle la crotte sur le palier du non-chrétien. A la Renaisssance, le bourgeois s’assure que le chien n’a pas fait devant l’atelier avant de solliciter l’intervention du roi. Après la révolution, on instaure le code civil du chien puis on élabore à la fin du XIXe une première machine de recyclage. En 1982, année de la décentralisation, Jacques Chirac introduit à Paris la première motocrotte, appelée officiellement « caninette ». Alors que la machine fait grand bruit, notamment à l’étranger, elle n’est utilisée qu’à Paris, ville-bull aux dents longues. Aujourd’hui : on paie une amende à la ville (38 euros à Lyon), on crée des conseils de quartier sur le sujet, on vend (véridique, et à Lyon) une ancienne motocrotte sur e-bay (modèle : Motocrotte MBK X-Limit 50cc). Et demain : le citoyen urbain descendra de son vélo pour utiliser les kioscan (enfin) et agir ainsi en cas de besoin. attaquer le voisin. Au

« I have a dream », dit l’adjoint aux crottes à la mairie du 10e arrondissement A Lyon, le ramassage des déjections est un véritable problème. Chiffré, qui plus est. Imaginez : 140 000 chiens dans l’agglomération, 40 tonnes d’excréments par an, 600 000 euros de budget ramassage. Plusieurs actions ont déjà été menées : une vaste campagne de communication ainsi qu’un « événementiel » surprenant en 2003, le dépôt par la communauté urbaine de 10 000 fausses crottes (rouges) pour sensibiliser les propriétaires de chiens…


d’attache ou les encres servent surtout à écrire des lettres d’amour, sont pluriels. Il y a la culture, le milieu, le football. L’histoire aussi, qui expliquerait que dans certaines villes, pourtant non capitales (New York aux États-Unis, Marseille en France ?), l’identification paraisse particulièrement forte, et ce depuis toujours. Dans de nombreux cas, sans préjuger de l’existence des autres ressorts, l’identité est aussi façonnée. La communication et tout ce qui construit ou reconstruit l’image intérieure et

« Je

vais faire simple, et

Bref »,

dit ce pépin de

statisticien (sur la défensive)

Vers 1830, le Rhône comptait 434 000 habitants. Lyon : 165 000. En 1968 : le département en regroupait 1 326 000. 535 000 vivaient à Lyon. Aujourd’hui (dernier recensement), 1 600 000 personnes habitent le Rhône, dont 445 000 à Lyon. A Lyon, les arrondissements les plus peuplés 3e (83 000 hab.), le 8e (70 000) et le e 7 (61 000). Le 5e, le 6e et le 9e comptent entre 46 000 et 48 000 habitants chacun. Les 1er (27 000 hab.), 2e (28 000) et 4e (34 000) sont les arrondissements les plus centraux, et donc les moins peuplés. sont le

extérieure d’une ville participent à ce mécanisme d’identification. D’autant plus que le terrain est propice : 80 % des Français vivent en ville tandis que la qualité d’ « urbain » devient un véritable élément identitaire pour certains. Je me sens « urbain » (I feel so urban) : je dois aimer ma ville. « Je tape sur des bambous, parce que ma ville,elle est numéro 1 », dit le citadin C’est la baseline que chaque maire aimerait probablement voir reprendre. Ou la chanson que Monsieur de la Ville, sosie qui tape aussi sur des bambis, a composé pour la Mairie. Pour la baseline, on va pas souvent très loin : il n’y a qu’à regarder les messages des grandes campagnes de communication orchestrées aujourd’hui par et pour les municipalités. On voulait rencontrer un sur-urbain. On l’a imaginé : il nous attendait, à Lyon, devant un 4 par 3 Monoprix (« dans la ville, il y la

vie »), nous lisant une communication reprise par tous les newsmags urbains, sur l’invention par une marque citadine d’une nouvelle, et véritable (pas le cuir), chaussure « de ville ». On l’a remercié, de l’avoir inventée. Il nous a dit : « c’est trop urbain », donc c’est trop bien. Aujourd’hui, alors que quatre français sur cinq vivent en ville, on a un modèle de l’urbain représenté dans tous les champs du quotidien. L’urbanité est un mode de vie, ès-qualité. C’est aussi, et par voie de conséquence, un marché, avec des cibles, du marketing, des produits adaptés : le citymarket, la smart, le cityguide... Il y a l’ « urbain ++ », qui consomme de la ville, et l’urbain « moyen ». Pour ce dernier, même si le temps de l’exode appartient de très loin au passé, la ville demeure un passage obligé pour se rapprocher d’un métier, d’une école, d’un coeur d’activités. A Lyon, on le retrouve très largement dans les 80 % de résidents qui rêvent d’avoir un pavillon. L’ « urbain ++ » est dans une autre dimension : il aime la ville sans s’y sentir contraint, même s’il sera le premier, en fonction de ses moyens, à apporter la campagne à la ville, ou l’esprit de village entre deux grands boulevards. Nouvel eldorado du bobo, passé l’âge du ++ mais fonctionnant encore à l’électricité (+ -) de la ville : les quartiers-villages, comme la Croix-Rousse, ou les communes limitrophes aux premiers airs de campagne (les Monts d’Or, Sainte-Foy-lès-Lyon, etc). Un peu comme Kiblind, en bon mag urbain avec local à la X-Rousse, mais sans les moyens… On aime ainsi la ville, on la consomme même, et la ville nous le rend très bien. La communication d’une municipalité, et tout facteur contribuant à améliorer et diffuser l’image d’une ville, alimentent le rapport que les habitants entretiennent avec elle. C’est ainsi qu’on s’identifie à sa ville et qu’on lui donne, ce faisant, une place nouvelle. A ce sujet, Lyon constitue un cas d’école, puisqu’en 25 ans, l’image de la ville a considérablement changé. Dans les années 80, la capitale des Gaules a une mauvaise image industrielle, brumeuse, complexée. Il aura fallu un ensemble de dynamiques convergentes pour que l’image s’éclaircisse : communication de la ville, mise en valeur du patrimoine (gastronomie, industrie du luxe, plan lumière, rénovation de quartiers…), classement du vieux Lyon et des Pentes de la Croix-Rousse au patrimoine mondial de l’UNESCO, promotion de l’environnement et


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UN OEIL SUR LYON

dossier urbain 1/5

de la qualité de la vie (plus de 200 jours de soleil par an, proximité avec la mer et la montagne…), installation d’équipements et de nouvelles structures (ENS, grandes écoles…), organisation de grands événements culturels (Biennales, 8 décembre et plus récemment Nuits Sonores…), développement du tourisme (loisirs et surtout affaires), Vélo’v, OL, etc. Les résultats sont sensibles : les lyonnais aiment leur ville, de plus en plus, oseraiton, les non-lyonnais s’empressent, les experts applaudissent, la presse s’intéresse. Parmi de nombreux exemples, cette année : la ville a été classée 37e, juste derrière Paris et devant Londres, dans la fameuse étude du Cabinet Mercer sur la qualité de vie dans les métropoles

mondiales. L’image de Lyon se diffuse également dans la presse, et donc auprès de l’opinion. Régulièrement, la ville arrive en tête des enquêtes d’opinion et des palmarès sur la vie dans les agglomérations françaises. Le regard extérieur, qui se matérialise de toutes les façons (échos informels, tourisme, attraction du public dans les grands événements, 3e solde migratoire des villes de + de 100 000 habitants) se répercutent sur le regard que les lyonnais portent à leur cité. On s’identifie sûrement plus à la ville aujourd’hui qu’il y a vingt-cinq ans. D’ailleurs, le lyonnais est content, fier de l’être, tape sur des bambous et n’arrête pas de « sauter »…Ò Pr. M. G. V.



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UN OEIL SUR LYON

anachronique

l’absente de l’opéra anachronique Sur l’attique de l’Opéra de Lyon, face à l’Hôtel de Ville, trônent les muses. Silhouettes opalines coupant la base du dôme de verre, les filles de Zeus et Mnémosyne président aux arts. Mais l’une d’elles est absente. Un oubli de l’architecte ?

E

n 1756, sur la place de la Comédie et de l’actuel opéra, un Grand Théâtre est inauguré. Edifié par Jacques-Germain Soufflot, l’architecte du Panthéon, ce Grand Théâtre aurait fêté le 17 octobre son 250e anniversaire, s’il n’avait été jugé trop vétuste dès le siècle suivant. Il fut donc entièrement rasé en 1826, et deux architectes furent chargés d’élever un nouvel édifice. Le théâtre néoclassique dessiné par Antoine-Marie Chenavard et Jean-Marie Pollet, dont la façade actuelle est encore authentique, fut achevé en 1863. L’événement coïncide avec l’installation de huit muses réalisées par les sculpteurs Bonnet, Bonnassieux, Fabisch et Roubaud, symétriquement alignées sur l’attique autour du mot « THÉÂTRE » en bas-relief. Huit muses et non neuf, qui prirent place sur les huit piédestaux prévus par les architectes. ASTRONOMY DOMINE Un oubli ? Il semble très improbable que des artistes néoclassiques du début XIXe, gargarisés à outrance d’éléments gréco-romains, aient pu méconnaître le nombre exact des filles de Mnémosyne. En réalité, Chenavard aurait exclu une muse par souci de symétrie et défendu son choix en arguant que la place était destinée « aux huit muses qui ont trait au théâtre ». Ainsi sacrifie-t-il Uranie, la muse qui préside à l’astronomie. Peut-être la mécanique des sphères est-elle trop éloignée du théâtre ? Mais peut-être l’architecte at-il surtout voulu éviter la redondance ?

Car Uranie avait déjà un « sanctuaire » à Lyon. Place des Cordeliers, entre l’église Saint-Bonaventure et l’actuelle CCI, se dressait depuis 1765 une colonne de 21 m. A son sommet dominait Uranie, armée d’une méridienne. Lorsque Chenavard réalise ses plans, il délaisse volontairement la place de la neuvième muse, qui parade déjà à quelques centaines de mètres plus bas. L’architecte ignorait alors que le préfet Vaïsse réaménagerait les Cordeliers et ferait démolir la colonne en 1856, seulement quelques années avant l’achèvement du théâtre. Trop tard pour faire une place à Uranie. Mais l’absente de l’opéra avait préparé sa sortie. Car ses huit sœurs se décrépirent en moins de trente années… Vengeance divine ? Les muses vénales furent remplacées par des copies en fonte, costumées couleur pierre. Quant à Uranie, elle demeurerait intacte dans les réserves de la Ville. Ò J. T.

Les neuf muses : Clio (Histoire), Euterpe (Musique), Thalie (Comédie), Melpomène (Tragédie), Terpsichore (Danse), Erato (Elégie), Polymnie (Rhétorique), Calliope (Poésie épique), Uranie (Astronomie)


où vas-tu, gastronomie lyonnaise ? rétropolitain Cela ne date pas d’hier : au monde de la ripaille, Lyon est depuis longtemps capitale. Du haut de ses 80 ans, Paul Bocuse en est devenu le digne héritier, marchant dans les « plats » d’une corporation tricentenaire. Mais demain ?

C

’est au temps des diligences, soit - pour ceux qui n’ont pas connu la joie des Playmobil entre les XVIIe et XVIIIe siècles, que la renommée de la cuisine lyonnaise se met à galoper à travers le pays. On murmure à l’oreille des chevaux qu’au confluent du Rhône et de la Saône, se déguste une cuisine simple, généreuse et roborative. En un mot : fort goûteuse. Le terme de bouchon lyonnais naît de cette période de bombance. La légende dit qu’un bouquet de paille était accroché à l’enseigne des auberges de Lyon afin de nourrir les attelages, autrement « bouchonner » les équidés. Plus plausible, cela servait de signalisation aux lieux de restauration. En résumé, cela deviendra des lieux de bouches. Plus étonnant encore, ce avec quoi les Lyonnais de l’époque avaient pour habitude de se sustenter gauloisement : une cuisine que l’on sert encore de nos jours ! Les grands classiques n’ont pas disparu

des menus : salaisons, gratons, andouillette, bouilli (pot-au-feu en patois lyonnais), salade de pomme de terre, cervelle de canut.… Avec l’avènement de l’ère industrielle et l’émergence du prolétariat au cours du XIXe, les auberges migrent progressivement dans le centre de Lyon afin de rassasier les ouvriers, notamment les travailleurs de la soie. Elles doivent alors s’adapter aux horaires de cette nouvelle clientèle. On invente donc le mâchon, un solide casse-croûte matinal que certaines adresses lyonnaises recommandent encore sur leur ardoise. La bonne chère de Lyon Voilà donc nos Lyonnais à table, mais pas encore véritables gastronomes. A la suite de bourgeoises faillites, de grandes familles sont contraintes, dans la première moitié du XXe siècle, de se séparer de leur cuisinière. Certaines d’entre elles, qui maîtrisent fort bien la préparation des mets, décident de mettre


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à profit leur talent en s’installant à leur compte ou en monnayant leurs compétences au service de la restauration publique. Ainsi, tout le monde peut découvrir les subtilités de la poularde en vessie, de la tête de veau, des béatilles (crêtes, gésiers, foies…), des quenelles ou encore du gâteau de foies de volaille. Toutes ces femmes aux fourneaux se feront désormais appelées les « Mères » de Lyon. Paul Bocuse sera l’enfant de l’une d’entre elles.

de boutiques propres où l’on retrouve sa ligne d’épicerie fine : vins, champagnes, alcools, thés, confitures, foies gras, etc. En 1987, il crée le premier Concours mondial de cuisine, le « Bocuse d’Or ». Personnage public et hautement cathodique, Paul Bocuse est couronné « Cuisinier du Siècle » en 1989 par Gault et Millau, tandis que l’année suivante, son restaurant est classé « 1er restaurant du Monde » par The Rich and Famous World’s Best.

Né en 1926, il fait partie d’une famille de cuisiniers établie dans le même village de père en fils depuis le XVIIe siècle, à Collonges-au-Mont-d’Or. Celui qui deviendra le plus grand chef français embrasse rapidement la destinée. De retour de la Seconde Guerre Mondiale, il s’appuie sur la grande richesse que recèlent les terroirs alentours. C’est sans doute là que réside le secret de la réussite de la cuisine lyonnaise : au Nord, les vins du Beaujolais ou de Bourgogne et les bœufs du Mâconnais ; à l’Est, les fromages de Saint-Marcellin, les porcs du Dauphiné et les volailles de Bresse ; à l’Ouest, les charcutailles et les vins des montagnes lyonnaises ; au Sud, les Côtes-du-Rhône et l’abondance des récoltes fruitières.

Nord, Sud, Est, Ouest… aujourd’hui, Paul Bocuse est aux quatre coins de Lyon et de la planète bouffe. Un ambassadeur de poids pour la notoriété de la gastronomie lyonnaise. Cependant, cette réalité semble s’effilocher. On distingue en effet, et de plus en plus nettement, cuisine lyonnaise et cuisine à Lyon. D’autre part, si les écoles (Ecole Paul Bocuse, Institut Vatel…), les événements (Salon Sirha…) et les projets (Centre international des arômes…) ne manquent pas, le consommateur reste souvent tenu à l’écart.

Apprenti au sein de grandes maisons lyonnaises, Paul Bocuse parfait son savoir-faire au contact de son maître Fernand Point et de la célèbre Mère Brazier. Après avoir satisfait au concours du Meilleur Ouvrier de France en 1961, il obtient une première étoile au guide Michelin, suivie d’une deuxième dès l’année suivante. Et toque ! 1965 signe sa consécration, avec une troisième étoile attribuée. Au zénith de la profession, il fait progressivement de l’Auberge de Collonges « Paul Bocuse » une référence nationale. Il est l’égal des plus grands chefs du moment (Alain Chapel, Gaston Lenotre, Jean et Pierre Troisgros...) et porte la cuisine française et lyonnaise à de tels sommets que Valérie Giscard d’Estaing le décore de la Légion d’Honneur en 1975. Histoire de montrer qu’il ne boude son plaisir, il crée la soupe aux truffes V.G.E. Remettre le couvert Dans les années 70, « Paul Bocuse » est une marque qui s’exporte dans le monde entier et dispose

Partant du principe que la cuisine d’aujourd’hui est devenue un langage universel, on peut se demander s’il ne faut pas chercher à le relayer auprès d’un public plus large. A quand un événement à Lyon qui, à l’instar de ce qui se fait pour l’art contemporain, valoriserait le patrimoine culinaire local et proposerait de la haute gastronomie à la portée de tous ? Ò S. L.



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lyon vue d’ailleurs

le feuilleton de l’été lyon vue d’ailleurs

Lyon n’est pas maître du zodiaque. Pas de télés cette année, mais une presse qui en parle dans ses séries de l’été…

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Lyon, le bistrot fait sa broc’, Louis, sa brocante (tourné depuis 1998 dans la région), Alexandre Astier, sa Kaamelott. Pour Le Monde, la série médiévale, qui vient de quitter la banlieue parisienne pour revenir à Villeurbanne, « sera le Graal du studio 24, créé par Robert Planchon et géré par Rhône-Alpes Cinéma ». Ici aussi, la réalité va plus vite que la fiction. Le Monde revient par exemple sur l’assassinat du juge Reynaud, en 1975, à Lyon. À l’époque, la ville, surnommée « Chicago-sur-Rhône », était un « policier » grandeur nature : « enlèvements, règlements de comptes, braquages (…) le crime est le point d’orgue d’une décennie furieuse » La victime, un personnage de film aux « allures de colonial, tenues excentriques (…) et manières qui détonnent ». Pour mieux connaître ses adversaires, notamment, « le juge s’autorise des virées dans des bars et boîtes de nuit où, play-boy vieillissant, il s’étourdit dans la fréquentation de demi-mondaines et d’hommes d’affaires venus s’encanailler ». Avec le « gang des Lyonnais », le talentueux magistrat « pensait avoir trouvé un dossier à sa mesure ». Mais deux poids ne suffiront pas contre les balles reçues en pleine nuque, une nuit de juillet, dans les Pentes de Fourvière. Le suspect numéro 1 était d’ailleurs également impliqué dans l’enlèvement de Christophe Mérieux, noyé trente ans plus tard dans une piscine Desjoyaux plutôt que dans le Rhônesous-Chicago.

Scénario écrit d’avance ? Ou en retard, 20 minutes seulement, au sujet d’un autre « gang », celui des maires de Lyon pour transformer le Vieux Lyon. Édouard Herriot fut le premier : « C’étaient les années folles. L’époque des projets urbains les plus fous ». Le maire envisageait « de raser les constructions de Saint-Paul à Saint-Jean ». Le projet fut finalement perdu de vue, mais dans les années soixante, Pradel (Louis, peu brocanteur) rêva à son tour de « créer un large boulevard urbain entre le centre de Lyon et Fourvière ». André Malraux, alors ministre de la Culture, classa le quartier « secteur sauvegardé », en 1964. Aujourd’hui, les projets fumistes ont laissé la place au calumet : les velléitaires peuvent bien tourner dans leur tombe, l’urbanisme à Lyon est désormais une histoire de Colombes. Quoique : la guerre sera peut-être déclarée par le dernier « gang des lyonnais », le collectif « Terre Noire » auquel Technikart consacre un portrait. Le « mystérieux » groupe, emmené par Lionel Tran, 35 ans, a une danseuse pas très véLov : « détourner les wars comics des années 70 pour décrire l’état de guerre économico psychologique dans lequel baigne notre pays ». Les planches de BD sont passées au Typex, « les bulles sont réécrites pour faire le parallèle entre guerre réelle et désintégration sociale ». Nos gangsters vivent de drogues et de « radicalité », dans un « état de guerre généralisé » où le chaos ne serait pas en demeure…î


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lyon vue d’ailleurs

Y’A PAS MARQUÉ LE POSTE « Notre génération est comme une pousse à qui on a donné de l’engrais en plein soleil. Puis on lui a mis un seau dessus ». La météo de cet été. Par Lionel Tran, encore lui, en guérillero de Laurent Romejko… Avant la canicule ou les hyper-hydratés, dont la presse a beaucoup parlé, le dossier « world cup », à Lyon, avait déjà été très chaud. Il y avait à dire : Coupet-sans-le-souffle, les 10 lyonnais de France-Brésil, Ribéry dans un jeu d’Olympiques… Générique. On éteint la télé, on refait la radio, comme avec Le Monde cet été dans sa « série sur les historiques de la FM ». Premier épisode, de choix, le 16 juillet dernier : le quotidien transite par Radio Canut, « l’intransigeante », créée en 1977 dans la clandestinité, toujours locale et « rebelle ». Tuer le temps, devant le(s) poste(s). Alors que dehors, les activités sont estivales et nombreuses. Le Monde : « Une chose est sûre, les lyonnais ne mourront pas idiots. De festivals en manifestations populaires, ils n’ont que l’embarras du choix ». Les Inrocks sont déjà aux Nuits de Fourvière, distribuant des points, comme des images : A Franz Ferdinand, un « show renversant », un de leurs « meilleurs concerts ». À Adam Green, qui joue les « Pierre Richard » entre deux morceaux : « Cette nuit, notre tour bus s’est arrêté sur une aire d’autoroute en Belgique. Je suis descendu pour prendre l’air, et quand je suis

revenu, le bus était parti sans moi. Je suis resté toute la nuit à la station-service, en pyjama... » Puis The Strokes, le même soir : « malgré un jeu de lumières digne de Jean-Michel Jarre (…), les Strokes ne nous ont pas réservé de surprises. Concert classique, setlists habituelles, pas de dérapages, ni de sauts périlleux... ». Puisqu’il n’y a qu’un saut avec la rentrée, faisons-le avec les enfants, qui s’élanceront les premiers. À Lyon, pas comme à Bruxelles, on cuisine avec des « bouts de chou». Libération nous emmène dans un cours de cuisine pour enfants, animé à Lyon par le bi-étoilé Philippe Gauvreau. L’objectif ? « Sensibiliser les enfants aux produits, aux saveurs », tout en respectant leurs goûts, comme pour les hamburgers. On y parle moins de cours d’école ou de garçons, que de la meilleure façon, comme « ces trois filles à la bouche pleine », d’« attendrir l’escalope de veau ». Faut-il passer à la batte, ou à la casserole ? Ò Sources : Olivier Bras, Le Courrier International, « A Coupet le souffle », 8/6 ; Martine Silber, Le Monde, « Les Intranquilles, un festival protéiforme à Lyon, 18/6 ; Alice Géraud, Libération, « Bouts de chou aux fourneaux », 23/6 ; Sophie Landrin, Le Monde, « Le tournage de Kaamelott sera le Graal des studios de Villeurbanne », 5/07 ; Sophie Landrin, Le Monde (supplément spécial été), « L’intransigeante », 16/7 ; Frédéric Crouzet, 20 minutes, « Un secteur rescapé des bulldozers », 20/7 ; Le Monde, « L’assassinat du juge Renaud : le « shérif » tué à Chicagosur-Rhône », 24/7 ; Emmannuel Poncet, Technikart, « Le gang des lyonnais », 25/7 ; Ondine Benetier, Les Inrockuptibles, Détours rock’n’roll par les Nuits de Fourvière 2006, 25/7.



la nouvelle-calédonie, un espoir pour les peuples autochtones international La Nouvelle-Calédonie, près de 20 ans après le drame de la grotte d’Ouvéa, connaît toujours une situation très sensible. Si les problèmes n’ont pas changé depuis, les armes utilisées ne sont pas les mêmes : les fusils des militants ont été troqués contre des livres de droit.

L

représentants d’associations et d’ONG kanakes, un représentant du peuple Dene du Canada (Buffalo River Dene Nation) et une poignée d’habitants engagés du plateau du Larzac.

En ce lieu, au début du mois d’août dernier, s’est déroulée une improbable rencontre entre des

C’est suite à une semaine passée à Genève, à l’ONU, que les représentants kanaks présents, et le représentant Dene, décidèrent de se rendre, à nouveau pour certains, ou pour la première fois pour d’autres, à la rencontre de ceux qui, de par leur propre histoire ne saisissent que trop bien les luttes autochtones. Tous les ans, et depuis vingt ans, se déroule à l’ONU à Genève, à la fin du mois de juillet, un Groupe de

e Larzac, malgré l’image d’Épinal, n’est pas qu’un plateau désertique peuplé d’irréductibles fermiers autogestionnaires, de farouches antimilitaristes, ou de cinquantenaires débonnaires, gardiens autoproclamés de l’esprit du joli mois de mai. En son cœur, savamment caché entre quelques arbres, existe un territoire de quelques mètres carrés seulement, donné au milieu des années 80 au peuple Kanak par les militants du Larzac, sur lequel a été édifiée une case traditionnelle, nommée « La Caselle ».


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international

Travail sur les Populations Autochtones. Pendant une semaine, tour à tour, les représentants autochtones du monde entier viennent relater la situation de leur peuple dans la salle des déclarations et devant les membres du GTPA. Celui-ci est chargé de rendre compte des situations dramatiques de ces peuples auprès de la Sous-commission des droits de l’homme et de développer des standards internationaux sur le droit des peuples autochtones. À l’écoute des discours des représentants, on constate malheureusement de nombreux points communs au sort de ces populations malheureusement colonisées et dominées : spoliation des terres, militarisation, exploitation sans autorisations ni indemnités des ressources naturelles, discrimination raciale, etc. La presque totalité des représentants autochtones vient chercher sur la scène internationale la reconnaissance de leurs droits en tant que peuple autochtone, ce qui leur est refusé au niveau national et interne. C’est de même cette bataille juridique et internationale qu’ont décidé de mener les représentants kanaks. Mais la lutte ne se réduit pas uniquement à faire appel aux instances internationales. C’est ainsi qu’on voit les peuples autochtones s’allier entre eux, et s’allier aussi à tous ceux qui luttent pour leur terre, comme les gens du Larzac. Une nouvelle internationale ? La lutte du Larzac et la lutte de Kanaky sont liées depuis plus de vingt ans par des échanges de solidarité et de soutien. À nouveau, lors de la rencontre fin août dernier, les échanges, très intenses, ont porté essentiellement sur la situation actuelle et presque inchangée de l’archipel de la Mélanésie. Depuis le début de l’année, dans un troublant silence médiatique, la Nouvelle-Calédonie est agitée par de violents soubresauts qui font écho aux luttes indépendantistes des années 70 & 80. À l’époque, les conflits s’étaient soldés par la signature, le 26 juin 1988, des accords de Matignon. Dix ans après, en 1998, l’actuel retraité le plus actif de France, à l’époque premier ministre, avait conclu avec les différentes parties en présence, le FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste)

et les loyalistes, un nouvel accord, ceux de Nouméa, prévoyant un progressif transfert de compétences devant aboutir, en 2014, à un référendum sur la question de l’indépendance du territoire. Il est à noter qu’à l’heure actuelle, la France n’accorde qu’une autonomie partielle à ce territoire, puisque les pouvoirs régaliens (la défense, la sécurité, la justice et la monnaie) resteront sous son égide. Par ailleurs, on peut se demander, dans la mesure où l’indépendance sera accordée à l’ensemble du territoire de Nouvelle-Calédonie, si ce processus aboutira à plus de souveraineté pour le peuple Kanak ? Aujourd’hui, l’ennemi a partiellement changé de visage. Car à l’Etat s’ajoutent les multinationales. Un projet très controversé de construction d’une usine d’extraction de minerai, en plein cœur des terres kanakes, au beau milieu d’une réserve naturelle, et ce en dépit du droit français, notamment en terme de protection de la nature et de droit du travail a mis le feu aux poudres. Pendant plusieurs semaines, les habitants de l’île ont manifesté contre l’entreprise mise en cause et l’autorité régulatrice qui a autorisé le projet. Résultat des courses : à l’heure où cela semble parfaitement inimaginable en métropole, les différents piquets qui bloquaient l’accès à l’usine ont été dégagés à la hussarde, une partie des militants mis en prison et ce sans que quiconque ne s’en émeuve. Mais, ce qui aurait pu n’être qu’une défaite de plus, s’avère en réalité une victoire, car si les Kanaks n’ont pas encore gagné la bataille des terres et des ressources naturelles, ils ont été déclarés vainqueurs, par contre, sur la scène juridique locale. Le tribunal administratif de l’île a retiré, suite à une plainte début mai, le droit d’exploitation de la mine à la multinationale en question. Si l’ennemi a changé de visage, les armes également. Par contre, celles-ci ont leur limite : alors que tous les recours internes ont été utilisés, la multinationale poursuit toujours les travaux de construction de l’usine. Un ultimatum vient d’être posé par une ONG kanake pour le 24 septembre prochain. Soit l’arrêt total du projet minier, soit… À suivre. Ò L . C.



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pages blanches

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le journal qui vous publie vous...










Livre ou mourir Ça devait faire longtemps qu’il ne lui avait pas écrit, mais comme il ne parvenait même pas à se remémorer la dernière fois, il se disait que ça comptait pas vraiment, et que c’était comme s’il écrivait à une nouvelle personne, comme ça, juste pour lui dire des trucs, sans vraiment savoir par avance quoi ni pourquoi. Il entendait son vieux père ronchon raconter de la merde à l’autre bout de la maison, il s’en foutait vaguement, il ne l’écoutait plus depuis quelques années, c’était moins fatiguant que de répondre effrontément, moins dangereux aussi. Parfois il essayait de prendre part à la conversation, il tentait d’abord d’entendre ce qu’on lui disait d’une oreille toujours distraite par le bruit du monde, les mécanismes internes, le vent qui souffle pour rien, c’était archi dur, répondre était pire encore, un calvaire presque, des mots informes s’agglutinant mal, sans intonation pour former des phrases impersonnelles au vocabulaire inadapté. Il écrivait à un ami qui n’existait que dans son premier livre, entendez le premier qu’il avait lu, il écrivait au petit prince, souvent et au renard parfois, en prenant garde d’y adopter un style simple afin qu’il comprît bien. Le reste du temps il écrivait de longues tirades complexes et ampoulées qui nécessitaient qu’on fît l’usage à répétition d’un dictionnaire pour en saisir le sens. On


aurait dit un étranger, partout, il était inconnu et distant de son propre environnement. On lui posait des questions, il regardait d’un grand sourire bleu d’incompréhension son interlocuteur, qui s’énervait parfois, soulignait son attente : « hein ? houhou je te parle », il baissait les yeux dessus, reprenait son cheminement intérieur. Se renfrognait tranquillement et oubliait enfin avec joie le reste. Il avait souvent cette impression très nette de ne pas appartenir ou au moins, puisqu’il était bien forcé d’appartenir au monde qui avait été son berceau, il avait le sentiment de ne pas participer à ce que les gens appelle la marche du monde, qui tourne seulement, soit dit en passant. Il avait froid des fois et faim comme tout le monde, peut-être plus ou moins, allez savoir ce que ressentent les autres quand vous n’êtes définitivement que vous-même. Ce dont il était persuadé c’est d’habiter dans un livre. Lequel importait peu. Tout n’était qu’un mot pour lui écrit en noirs caractères d’imprimerie sur un papier blanc fraîchement imprimé. Il avait du mal à se persuader de la véracité des choses et parfois avant de pouvoir s’émouvoir ou émettre le moindre sentiment il devait se sermonner mentalement afin de laisser la nouvelle s’emparer de lui et lui faire comprendre qu’il

s’agissait d’un tournant dans sa vie. Des fois ça marchait pas, « non merci » il avait dit à cette jeune suédoise qui voulait avec empressement pratiquer à son chevet des gestes de secourisme complexes issus d’un manuel de sauvetage qui n’était pas encore paru en France, car très avantgardiste. Souvent il se rendait chez lui, dans la contemplation tranquille de la lecture il se voyait vivre en vrai, le monde prenait corps, et le jeune éphèbe prenait bien la suédoise hardie dans toutes les positions imaginables plus une qui n’était pas une franche réussite, là ça devenait possible mais c’était pas lui. Le monde existait donc dans les livres et l’extérieur était moche et mauvais, ou plutôt non même pas, l’extérieur était juste une illusion des sens servie sur un plateau par un malin génie quelconque. Un grand bol d’inutilité saupoudré de mollesse et d’incompréhension en somme, bouillon de cocotte. Et quand il n’y avait pas de bol ? C’était juste pas de chance… Il avait eu des échanges avec cette jeune salope qui parlait anglais dans les instants de détresse intense ou d’alcoolisme effréné, avec un accent spectaculaire, plus qu’authentique, elle lui avait confié dans la langue d’Howard Presley, un brave contribuable comme un autre à qui la langue appartenait décidément au moins autant qu’a Locke, Shakespeare


et tous ces gugusses, qu’ils jouent du violon ou non, elle lui avait donc confié qu’elle nageait dans la rue parce qu’il était. Restait à savoir ce que cela signifiait, ce dont il n’eut pas le loisir. Et elle avait terminé sa phrase là, ç’avait été pour lui une révélation, on peut donc vivre et partager quelque chose avec des gens qui demeurent également dans des livres vraisemblablement, et elle semblait en être, il lui répondit qu’il coulait partout parce qu’elle n’était pas. Le lendemain elle partait. Et lui s’enfonçait doucement dans un marasme indicible qui ne le serait plus si on poursuivait cette description. Il répondait systématiquement « non », parce que c’était plus court à dire que « oui » et surtout rédhibitoire, ça coupait habilement court à la conversation, *aorasie* il ne s’exposait pas trop aux autres. Il craignait l’autre plus que tout au monde. Parce que l’autre savait tout un tas de trucs tout à fait certains sur la vie, son essence et son aboutissement. A force il était devenu fainéant, il pensait de temps en temps à une fin précoce agrémentée d’une effusion de globines diverses, mais il avait peur de ça aussi et une sainte horreur du sang. Coagulé, ça vous salope une moquette. Il aimait pas la moquette, ça gratouille, ça se troue quand on y laisse tomber du charbon, ça fait du bruit quand on s’endort et

ça favorise la chute des bières. Son chat était doux, parce qu’un chat ça sait faire que ça, être doux, et encore c’est pas exprès. C’est naturel ou alors c’est le bon dieu. Allez savoir. Mais, si c’est lui, il aurait pu nous faire doux aussi en passant, faut pas exagérer. Ça l’aurait peut être aidé à conclure avec Béatrice. Remarque il connaissait pas de Béatrice et puis ce nom était moche, et même au présent il est moche. Il retenait pas bien les prénoms, c’était pas très poli selon les gens mais le vrai truc c’est qu’il retenait pas les gens. C’était plus grave encore, mais ils étaient chiants. Il avait milité dans une association, il savait plus trop pourquoi, en tout cas ça avait été nul. Il s’attachait par contre à bien se rappeler mot pour mot les motifs avancés par ses ex-conquêtes lors de la rupture. C’était facile il en avait trois à son actif et ils étaient assez marrants. « On est trop différents » avait été le premier, ç’avait été dur trois jours, après ça avait fait mal, aujourd’hui ça allait mieux, il ne faisait que pleurer quand par malheur quelqu’un glissait une référence à cet épisode ou quoi que ce fût qui pouvait y faire penser dans une conversation. Le second était étrange, des fois, il pensait que c’était sa réplique préférée et d’autres fois il parvenait en se concentrant à haïr encore celle qui lui avait prononcé ces douces paroles, près de


quatorze ans auparavant : « je suis déjà presque cinglée, j’ai plus de place pour tes névroses ». En y repensant, ça le faisait plus rire du tout, il se répétait « salope » à tous les temps de l’indicatif dans sa tête. Il avait oublié la troisième qui avait été sa préférée. En partant il avait juste remarqué qu’elle lui avait laissé arracher le lob de l’oreille droite méticuleusement, probablement même au moyen d’une anesthésie locale. Il était très peureux aussi. Dormait beaucoup, ne s’émerveillait de rien sinon Salim, son voisin qui était un dépressif chronique doublé d’un analphabète myopathe. Il l’enviait sincèrement. Plus, que ça il avait écrit une prière solennelle à une divinité hindoue rencontrée au hasard d’une de ses lectures pour la sommer de transférer son âme dans son voisin, ça avait été un échec fracassant. Il allait mal souvent, et le reste du temps, il se rendait simplement pas compte, mais ça allait tout aussi mal. Il s’ennuyait souvent. Des fois il outrepassait l’ennui, découvrait un sentiment supérieur d’infini dépassement de soi. Il découvrait l’hibernation. Ou alors il devenait transparent. Et puis ça lui passait comme une fulgurance heptathlonique.

Un beau jour, ou peut-être une nuit, comme la faune était presque tout éteinte et que l’aigle noir donc avait disparu depuis des lustres, il s’est en allé courir allègrement à travers les cumulonimbus. En d’autres mots plus crus, il est mort. On l’a enterré dans la terre et non dans un livre, ça l’aurait peut-être contrarié s’il l’avait su mais il ne pouvait plus s’émouvoir de rien là où il n’était pas assurément. Personne n’a plus jamais parlé de lui. Le petit prince n’a répondu à aucune de ses missives. Le petit prince n’a jamais reçu la moindre de ses lettres. Il s’était juste planté d’adresse. Celui-ci a tout de même eu la décence de se rendre à l’enterrement, il s’y trouvait seul. Les yeux un peu brumeux devant cette bière pas fraîche, l’âme amère de n’avoir pas connu. Puis il est reparti au vent. Le renard n’est pas venu. Il ne savait pas lire. Utilisait les lettres de lui comme cartons à pizzas. Personne d’autre n’est venu, il n’avait pas envoyé de cartons d’invitation.

Eso


Dans le creux du vallon, il y a une rivière Au printemps, elle sinue au milieu des violettes C’est ici qu’un beau jour j’ai retrouvé mon père Quelques secondes avant qu’il n’actionne la gâchette Il m’a dit à bientôt puis il s’est retourné Un papillon orange figé sur son épaule Dans un grondement sourd sa tête a explosé Son corps s’est refroidi sous les branches d’un saule Je n’ai pas su pleurer quand j’ai vu ses yeux vides Une douce sérénité irradiait son visage Rappelant vaguement la grâce d’une sylphide Ou celle d’un nouveau-né bercé par le ramage De sa bouche émanait un léger filet rouge Qui s’évanouissait sur un lit de fougères On aurait presque dit qu’il faisait une prière. Paysages immortels, labyrinthe mémoriel A une époque lointaine, j’ai vécu des moments Je n’en suis plus très sûr, tout est flou à présent Comment éradiquer cette fuite éternelle ? J’ai vu l’écume des vagues, mourir sur les falaises Ressenti les caresses des zéphyrs sur ma peau Le soleil empourpré se mirer sur les flots Et succombé au charme de ton regard de braise

Nicolas Tondu

Oui, je peux l’affirmer : il y a eu quelque chose Un sentiment furtif a transpercé ma vie Le but de sa mission semblait mal défini Quand j’ai enlevé la flèche, j’avais des ecchymoses.


Le Peintre Ma vie défile Ma vie s’étale Ma vie débile Ma vie banale

Douleur tranquille Couleur pâle Moi mon asile Est dans mes toiles

Je prends mon thé Je prends mon temps Je peins l’ennui Je peins le vent

A l’atelier Dans les étoiles Mon esprit file Et vous dévoile

Les contours bleus D’une mer tendre Les ailes d’un cygne Les rives du Gange

Et les cheveux De celle que j’aime Lueur rousse Dans mon cœur blême

Sur un tableau Peint dans mes rêves J’ai dessiné Une coccinelle

Qui parle à Dieu Comme un enfant Dit ma dérive Des sentiments

Je fais un vœu Je veux une trêve Sur mon pinceau L’aigreur en grève

Douleur tranquille Couleur pâle Moi mon asile Est dans mes toiles.

Nicolas Tondu


... envoyez vos oeuvres www.kiblind.com LoĂŻc Godart

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Porno Finger Jango Ringard Pierre-Louis Bouvier (Patchwork)

Pierre-Louis Bouvier www.misterbouvier.com (Saucisse)

Eso

mondieukilaiso@yahoo.fr (Nouvelle)

Nicolas Tondu nicolataraxie@yahoo.fr (PoĂŠsies)




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Bazart

dossier

dossier

projet sputnik /// la 224 Le projet Sputnik fait partie du volet culturel du Grand Projet de Ville, qui vise à transformer le quartier de la Duchère. À sa tête, Là Hors De, compagnie artistique pluridisciplinaire. Sa mission : faire de cette période de transition, un moment d’échange et de création avec une population qui voit son quotidien chamboulé. Vous avez dit mission spatiale ? î


L

orsque l’on parle du Projet Sputnik, il est souvent difficile de comprendre exactement de quoi il s’agit et ce, pour deux raisons. C’est tout d’abord à cause de l’opacité et de la complexité qui entourent certaines politiques publiques en matière d’aménagement du territoire. C’est également en raison d’une redéfinition quasi permanente de la mission délicate et parfois expérimentale conférée à Là Hors De. Sur la question des politiques de réaménagement territorial, un petit retour en arrière est nécessaire. Les Grand Projets de Ville (GPV) ont succédé aux Grands Projets Urbains ( GPU) qui furent mis en œuvre de 1991 à 1994. Si les GPV ont gardé pour l’essentiel la mission des GPU (réaménager des quartiers rencontrant des difficultés dans les domaines du chômage, de la pauvreté, de la délinquance et de l’image), l’ampleur de ces projets et les méthodes employées ont évolué. Ainsi, de 14 sites au début des années 90, on est passé à 52 aujourd’hui. Parallèlement, on recherche davantage à prendre en considération les demandes des habitants et leur conditions de vie, même si de nombreux progrès restent à faire dans ce domaine. Le Quartier de la Duchère est le plus « grand » des Grands Projets de Ville sur un plan national, en ce qui concerne l’investissement des différentes collectivités territoriales et de l’État. Il l’est aussi par l’ampleur de la transformation espérée. Il faut dire que là où certaines communes de l’Ouest lyonnais rechignent à doter leur parc immobilier de 20% de logements locatifs sociaux, comme l’exige la loi, la Duchère, quant à elle, n’en compte pas moins de 80%. Ce quartier du 9ème arrondissement est d’ailleurs généralement banni des trajets des lyonnais, qui lui confèrent une image d’enclave de pauvreté et de grande délinquance. L’objectif, chiffré, du GPV à l’horizon 2012 est d’atteindre le seuil des 60% de logements sociaux et de redonner une image plus attractive à cette « autre » colline, oubliée, appartenant pourtant au territoire de la commune. En attendant cet horizon pas si lointain, sur le terrain, la population voit son environnement bouleverser, et Là Hors De, de l’espace, débarquer.

LA TRANSITION PAR LA CRÉATION La spécificité du GPV de La Duchère ne s’arrête pourtant pas à sa seule ampleur. En effet, en suivant le rapport signé Fabrice Lextrait et Philippe Sommande, et en optant pour la création artistique comme moteur, les différentes collectivités ont choisi d’innover pour atteindre les objectifs escomptés : forger une nouvelle identité, accompagner la population dans la mutation de leur quotidien, séduire les futurs habitants et ancrer un projet novateur qui puisse faire exemplarité à l’échelon national et international des transformations urbaines. Rien que ça. Ces objectifs ambitieux sont donc par extension aussi ceux de Là Hors De. Voilà en effet plus d’un an que la compagnie dirigée par Nathalie Veuillet et Wilfrid Hasberey est installée à la Duchère. Une année riche, humainement et psychologiquement, où les objectifs fixés au préalable ont fait place à un quotidien en pleine mutation. Les échanges avec la population des différentes barres de la Duchère et en particulier de la 224 (immeuble où est logée Là Hors De) évoluent au gré des différentes initiatives de la compagnie. L’objectif de la Compagnie n’est pas de former des ateliers pour enseigner une pratique artistique ou un savoir-faire. La volonté des nombreux artistes présents est d’interroger les habitants sur ce qu’ils vivent dans cet instant présent, entre un passé déjà regretté et un futur incertain. Puis créer, pour en laisser une trace, un témoignage. Dans de nombreux cas de restructuration de quartier comme celui de la Duchère, les populations locales se retrouvent déracinées, orphelines d’un environnement qu’elles côtoient et qui leur appartient depuis maintenant de nombreuses années. La redéfinition du territoire implique en effet un nombre important de relogements, dans le même quartier parfois, un peu plus loin souvent. Dans le cas précis de la Duchère, des efforts ont été faits par les différents protagonistes publics ou parapublics pour mener au mieux, au moins pire, cette délicate mission du relogement. Malgré tout, l’attachement à « son » quartier est un phénomène vécu par tous, à la Duchère comme ailleurs. L’une des difficultés rencontrées par Là Hors De réside justement dans la gestion de cet entre-deux. Pour certains habitants, l’avant représentait le mieux, quant à l’après, il est surtout


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LE MUSÉE ÉPHÉMÈRE PASSE LE TÉMOIN Là Hors De a ses locaux dans l’un des appartements de la barre des 1000 à la Duchère. Mais quatre autres appartements ont été mis à la disposition de la Compagnie par l’OPAC du Rhône, qui soutient avec énergie cette initiative.La fin de l’occupation est pour 2009, date de leur démolition. Ces appartements ont constitué pendant l’année passée un lieu de rencontres avec les habitants mais également un lieu de travail pour les artistes en résidence : le musée éphémère. Créé par Là Hors De et les artistes associés au projet, il regroupe les Galeries d’expositions (œuvres qui se montent et se démontent), les appartements investis jusqu’à la démolition et de nombreuses performances (lecture, marathon des auteurs, lectures à la carte). En mars 2006 a eu lieu l’exposition « Dix », pretextée par la manifestation « des dix mots de la langue française », où 10 rencontres, au cours de 10 expériences menées avec 10 groupes de février à mars, ont abouti à 10 œuvres installées dans les appartements de la barre 224. L’une de ces dix installations dites « 224 » justement, met en scène un personnage nommé Beblue. Ce dernier fut inspiré par un jeune habitant de la Duchère participant à l’un des groupes de cette manifestation. L’objectif était pour eux de réaliser un film à l’aide de leur téléphone portable. En se grimant en différents personnages,ils ont finalement reconstitué l’environnement qui était le leur avant le début des travaux à la Duchère, témoins d’une situation qu’ils ne veulent pas voir changer ou d’un futur trop éparpillé. Beblue, les organes à l’intérieur de son corps, mis en situation dans de nombreux endroits de la barre des 1000, témoigne de cetteî

Crédits Photos : 224 - Là Hors De dans le cadre de Dix

synonyme d’interrogations. L’instant présent ? Un moment délicat. Par conséquent, la Compagnie, qui représente par bien des aspects « l’extérieur » et rappelle malgré elle cet après, évolue au gré de l’apprentissage de ces différents facteurs. Elle crée, en temps réel, des formes artistiques qui ont pour objectif de provoquer le dialogue entre les artistes et les habitants, et entre les habitants eux-mêmes. Évoquer l’entre-deux. L’une des réalisations de Là Hors De témoigne justement via l’art d’une réflexion commune, qui s’immisce, s’installe, petit à petit, étape après étape.


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sclérose territoriale qui pousse certains d’entre eux, d’entre nous, à n’avancer qu’en terrain connu et conquis, par peur d’un monde extérieur souvent hostile. Finalement, on se retrouve à restreindre son environnement à un territoire minimal, le quartier dans le quartier, par peur de se confronter à l’audelà de, à là hors de. Ceci n’est qu’un exemple des nombreux travaux menés à la Duchère, entre artistes et habitants. Chacun étant tour à tour le témoin ou l’acteur d’un entre-deux délicat. Le travail de Là Hors De est en cela à la fois politique (on parlera d’action culturelle) mais aussi artistique. C’est en tant qu’artistes qu’ils peuvent diffuser les signes de ce contexte difficile, perdu entre deux temps. En dedans, pour le dehors. Ò

Crédits Photos : 224 - Là Hors De dans le cadre de Dix

CONTACTS : PROJET SPUTNIK Compagnie Là Hors De 224 E Boulevard Duchère 69009 Lyon Tél. : 04 72 85 02 79 Fax : 08 70 59 72 82 info@lahorsde.com www.lahorsde.com

3 questions

à Natahlie Veuillet, Codirectrice de Là Hors De et metteuse en scène.

Comment concilier le projet Sputnik avec un travail artistique + personnel ? Le projet Sputnik correspond à une écriture dramaturgique à l’échelle de la vill. Les interactions entre les créations produites sur le quartier de la Duchère et leurs rayonnements espérés rapidement à l’échelle de la ville, de l’agglo et au niveau national, vont alimenter une partition qui va s’écrire le temps de cet entre-deux urbain. Une partition à l’échelle de la découverte, sans cesse remaniée et requestionnée. Mon travail artistique plus personnel s’insère dans ce cadre créatif et politique (au sens noble) plus global. Il me permet d’évoluer dans un contexte que j’ai choisi et créé. Comme chacun le sait, le contenant peut façonner le contenu. Donc quoi de plus idéal pour un artiste que d’avoir une maîtrise possible de cet endroit rare pour la création et donc de pouvoir sans cesse moduler et adapter sans jamais arrêter de limites ou reproduire de concepts. Sur quoi travailles-tu en ce moment ? En ce moment je prépare deux projet phares, une création théâtrale qui sera produite aux Subsistances et dont nous proposerons une maquette du 19 au 22 septembre dans ce même lieu. Et la première collection permanente du musée éphémère (j’adore le paradoxe !) qui consiste à attribuer un appartement à un plasticien pour y créer une œuvre in situ qui sera détruite en même temps que son contenant, la barre des 1000 à la Duchère, au premier semestre 2009. Et qu’est-ce qui ...(sic) ? Nous rêvons d’œuvres impliquées dans la ville, amenant un autre regard sur le quotidien, défrichant des espaces, empreintes de spontanéité et sous le regard libre de chacun. C’est à cet endroit que nous travaillons.



== galerie

talents à suivre… Encastrée dans les pavés de la rue Saint-Jean, la galerie Talents à Suivre… fait entrer l’art contemporain dans un décor Renaissance. L’objectif de la galerie : mettre en avant les talents émergents, tout en laissant une place aux artistes plus renommés.

S

i les grandes galeries traditionnelles (cf. rue Auguste Comte) travaillent quasi exclusivement avec des artistes de renom, la galerie Talents à Suivre… a pour but de mettre en avant et de promouvoir les travaux d’artistes talentueux mais pas encore connus du grand public, tout en laissant une place à leurs aînés. Axées sur l’art contemporain, les expositions qui s’y tiennent embrassent tous types de productions, de la peinture à la photo en passant par la sculpture. Tous les mois, une nouvelle expo a lieu, présentant les œuvres de deux ou plusieurs artistes. Ils sont ensuite présentés en permanence sur le site de la galerie [www.talentsasuivre.com] où une rubrique personnelle leur est dédiée. Ainsi la collaboration entre les artistes et la galerie se poursuit une fois l’exposition terminée. Les liens qui unissent artistes et galeriste sont bien plus qu’un échange commercial : les parcours se croisent et une amitié se crée. Affinités électives Au niveau de la sélection des talents à suivre, la galerie n’impose aucun critère géographique (la diversité prime, l’art n’ayant pas de frontières), ou de parcours (diplômés des Beaux-Art et autres écoles ou autodidactes) ou de style (peintures, sculptures, gravures, photographies…). Le choix

se fait bien évidemment en fonction de leurs travaux mais également suivant leur motivation et leur personnalité. L’esprit de collaboration est nécessaire pour poser les bases d’une relation de travail dynamique et agréable, saine et bénéfique à la fois pour les artistes et la galerie. Située dans un quartier chargé d’histoire, la rue SaintJean, la galerie dispose de deux salles d’exposition différentes et complémentaires : une salle principale donnant sur la rue, vitrine à proprement parler, et une cave voûtée Renaissance en pierre, plus discrète et très appréciée lors des vernissages. Ò J. T.

Galerie Talents à Suivre 10, rue Lainerie – 69005 Lyon Ouvert du mercredi au dimanche de 14h à 19h & sur RDV 04 78 28 15 47 www.talentsasuivre.com

Actu Exposition commune Gérard Voulouzan et Babacar Touré Du 15 septembre au 29 octobre Vernissage le 15 septembre à partir de 19h


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tdmi // un départ tous les 1/4 d’heure

§§ danse

En écho à la Biennale, Tdmi propose « Un départ tous les quarts d’heure ». Une rencontre avec 25 jeunes compagnies chorégraphiques, essentiellement issues de la région Rhône-Alpes.

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enre « Biennale Off », à l’écart des circuits prime time et sans chercher à concurrencer leurs horaires, Tdmi [Théâtre, Danse, Musique et Image] présente une performance qui se distingue par sa pluralité. Toutes les quinze minutes, de nouveaux artistes entrent en scène dans une totale liberté de forme et de thématique. L’occasion de varier les genres et de proposer un panel élargi des styles qui caractérisent actuellement la danse contemporaine. Mais pas seulement. C’est aussi un moyen d’offrir une scène ouverte à vingt-cinq jeunes compagnies chorégraphiques, professionnelles et pré-professionnelles, issues essentiellement de la région Rhône-Alpes. La manifestation s’étale sur cinq jours, avec un rythme de cinq compagnies par soir. Chaque soir des spectacles différents, tous les quarts d’heure de nouvelles équipes. Forcément anti-soporifique. Selon Marie Zighéra, directrice de Tdmi : « “Un départ tous les quarts d’heure” s’articule autour de petites formes issues de la rencontre entre chorégraphes, dramaturges et interprètes. Leur quête sur le partage du désir de création nous incite à garder les yeux grands ouverts. » que 165e rendez-vous poéti o exp 1 tes, poè 10 revues, 10 e Littéraire Le 30/09 à 20h30, à la Cav 1918 bre em nov 11 du e 14 plac 38090 Villefontaine

Théâtre, Danse, Musique et Image Centre permanent de recherche, de création et de formation, Tdmi est un lieu où s’entrecroisent et se transmettent les pratiques artistiques. Le principe réside dans le décloisonnement et la transversalité des arts scéniques. Imaginé en 2001 par Marie Zighéra et un groupement d’artistes, la finalité du centre est de réunir au sein d’une même structure tous les domaines de compétence liés aux arts de la scène et de l’image pouvant servir les interprètes et les créateurs, et de favoriser la diffusion auprès du public le plus largement possible. « Un départ tous les quarts d’heure » fête sa troisième année, et a déjà été représenté à la Biennale de la Danse en 2004. Ò

J.T.

« Un départ tous les quarts d’heure » Du 19 au 23 septembre et du 26 au 29 septembre, de 18h30 à 19h45 TDMI – Centre d’Échanges de Perrache - Salle Mermillon Lyon 02 Contact et réservations 04 72 77 59 55 www.tdmi-lyon.fr

coh abita tions

Biennale internationale design 2006 St-Etienne 22/11 > 3/12 à La Cité du desi gn de St-Etienne Programme et contacts : www .citedudesign.com


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6 n’off // biennale off

Du 8 au 30 septembre 2006, fidèle à sa nouvelle politique artistique, Le Croiseur accueillera à Gerland de nombreuses « jeunes» compagnies dans le cadre de la première Biennale off de la Danse. Vous chantiez, j’en suis fort aise et bien dansez maintenant.

e

n septembre dernier, Le Croiseur entrait dans le programme Scènes Découvertes financé conjointement par la Ville de Lyon et la DRAC Rhône-Alpes, afin de promouvoir le travail de compagnies dites « émergentes » dans le domaine de la danse. Ce beau plateau du 7e arrondissement rejoignait ainsi cinq théâtres (Les Clochards Célestes, L’Élysée, L’Espace 44, La Salle Genton, et Les Marronniers) et deux salles de concert (Le Bistroy et A Thou Bout d’Chant) dans leur mission d’encourager et d’accompagner l’émergence artistique à Lyon. Après une année de transition, Le Croiseur revient pimenter la vie de la chorégraphie de l’agglomération lyonnaise, revigorée par l’arrivée de Maguy Marin à Rillieux-la-Pape, l’ouverture du studio de la Maison de la Danse et une nouvelle biennale 2006 riche en urbanité. Lyon renforce ainsi son attachement à l’art chorégraphique en se dotant de lieux privilégiant l’accueil de petites formes ou de compagnies encore peu connues, mais prometteuses. C’est en lien avec la Biennale que Le Croiseur entame sa saison en organisant la première Biennale Off intitulée « 6-N’OFF ». Pour le Croiseur, « “6-N’OFF“ doit permettre de mettre en relief le travail des jeunes danseurs et

chorégraphes du 6-9 et des alentours, qu’ils soient français ou étrangers ». 19 compagnies occuperont ainsi le plateau du Croiseur en solo, duo ou trio, en hip-hop, danse contemporaine, etc. Chaque jour de représentation sera donc l’occasion pour ces « jeunes » compagnies de se confronter à un public curieux de connaître les danseurs et danseuses de demain, avant que la bise ne soit venue. Ò j.m.

Le Croiseur 4 rue Croix-Barret - 69007 Lyon Métro B arrêt Jean-Jaurès 04 72 71 42 26 www.lecroiseur.org Tarifs 6-N’OFF : 10 euros // réduit: 6 euros (étudiants, chômeurs) // un billet vous permet l’accès à une soirée ou un après-midi (qu’il y ait 1, 2 ou 4 spectacles).

Do you Know Traffic Bam ? Le samedi 23 septem bre 2006 au Ke Pecherie. On vou s invite à venir (re)découvrir l’un ivers des ses trois activistes mélant musique électronique, art graphique et video (Gualter Vaz, WA et Seize). .. Art, vidéo, musique... info : www.trafficbam.com


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festival

++ festival

belles latinas, festival à l’esprit latino Cette manifestation nationale consacrée à la littérature latino-américaine prend depuis cinq ans sa source au cœur des pentes de la Croix-Rousse, à Espaces Latinos, structure dédiée à l’Amérique Latine. Petite présentation.

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’association Espaces Latinos existe depuis 1984 et diffuse depuis lors une revue éponyme sur l’actualité latino-américaine. En parallèle, son président Januario Espinosa, entouré d’une équipe composée de journalistes, de chroniqueurs littéraires, d’universitaires et de nombreux bénévoles, a développé un festival littéraire consacré à une partie du monde souvent méconnue du public français. La volonté de toute l’équipe du festival est de faire connaître localement ces différents auteurs venus d’Argentine, Brésil, Chili, Guatemala, Uruguay, Cuba et Équateur. 48 rencontres gratuites et 13 auteurs dont la particularité est d’avoir été traduits en français. La cinquième édition de Belles Latinas aura lieu dans toute la France du 9 au 18 octobre. Si de nombreuses rencontres avec ces auteurs latinoaméricains ont lieu dans différentes villes de France, l’épicentre de cette manifestation se trouve à Lyon. Au programme, des rencontres organisées dans plusieurs lieux culturels (Villa Gillet, Muséum et dans

Propos ZOOO de la Compagnie ), 11 h30 (20 10 les an au Tobogg - scolaire). (15h) et 12 octobre (14h30 tions : Renseignements et réserva Macé à Décines n Jea nue ave Le Toboggan, 14 toboggan.com Tél: 04 72 93 30 01 - www.le

de nombreuses bibliothèques de l’agglomération lyonnaise) mais également une après-midi dédiée à la thématique de la Biennale de la danse (Le monde des villes, les villes du monde), du théâtre avec Ma Familia de Carlos Liscano, représentée au CCO à Villeurbanne en présence de son auteur, , et des expositions d’artistes plasticiens sur l’Amérique Latine. Le point d’orgue du Festival sera le week-end du 14 et 15 octobre, place Colbert, dans les pentes de la Croix-Rousse. A l’image d’un Festival qui a pour objectifs principaux le dialogue et le partage entre le public et des auteurs venus d’ailleurs. Lecteur assidu ou non, vous pourrez donc discuter, mais aussi vous restaurer et, pourquoi pas, danser en profitant de ces témoins privilégiés d’une culture en pleine mutation. Ò

J.M.

Belles Latinas Du 9 au 18 octobre 2006 Tél: 04 78 29 82 00 www.espaces-latinos.org écrivains présents :



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les zurbamateurs

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Groupe d’amateurs urbains composé de danseurs et de musiciens, les Zurbamateurs combinent l’art dans la rue et l’amateurisme de qualité.

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es Zurbamateurs, ce sont 60 danseurs, 30 percussionnistes et 30 choristes. Depuis octobre 2005, avec l’aide d’artistes professionnels, les amateurs ébauchent une métaphore artistique du temps et de la ville, qui sera présentée au défilé de la Biennale 2006 : « C’est Slamaville ». Axé autour des danses urbaines, enrichies d’apports africains et brésiliens, le travail chorégraphique est signé Aurélien et Françoise Kairo, de la Cie De Fakto. Côté musique, le chef de Bateria Dominique Chère a ajouté aux sonorités classiques de la batucada des instruments réalisés avec des matériaux de récupération par les musiciens eux-mêmes. Les voix du Chœur « A voix et à vapeur » participent également à la manifestation et offrent leur timbre dans un chant distillé tout spécialement pour l’événement. A noter enfin que Le Peuple de l’Herbe a composé pour le projet un morceau inédit à partir de l’écoute des artistes du collectif et de sons collectés dans la ville. Pour l’identité visuelle, dans le style du graff et du street art, Vizual Update s’est chargé de l’univers graphique.

Le projet : « C’est Slamaville » Une réflexion sur les temps de la ville. Trois temps particuliers, trois tableaux distincts, qui figurent la progression d’une journée urbaine. Le premier temps est celui du quotidien et du travail, des contraintes de la vie urbaine, des gestes mécaniques répétés systématiquement chaque jour. Le second voit l’éveil et la citoyenneté, la prise de parole dans l’espace public et l’engagement. Contrairement au premier moment, caractérisé par l’individualisme, celui-ci correspond à la formation du collectif et de l’union. Avec le troisième temps est enfin célébrée la fête, la nuit. Jusqu’à ce que la journée reprenne. Et cette métaphore dé-filée du temps urbain sera dansée dans la ville en ouverture du Défilé de la Biennale. Après cette date, le nouvel objectif des Zurbamateurs consistera à ouvrir leur projet à d’autres manifestations artistiques, à d’autres artistes, d’autres amateurs, et toujours dans la ville. Ò J.T « C’est Slamaville » En ouverture du Défilé de la Biennale de la Danse le 17/09 à 14h35 Contacts Les Zurbamateurs 8 rue du Gazomètre - 69003 Lyon leszurbamateurs@yahoo.fr


spontanéous

++ festival

2e édition pour le Festival international des arts improvisés, qui se déroulera à Lyon du 30 octobre au 4 novembre. Cinq jours pour découvrir les créations spontanées du monde entier.

A

près son succès remporté l’année dernière, l’équipe de Et CoMPAGNiE – huit artistes passionnés d’impro, tous très gentils mais un peu barjos – prépare la 2e édition de SPONTANéOUS, « le grand festival international des arts improvisés ». Pendant une semaine, le festival accueillera sur La Plateforme des artistes improvisateurs venus des quatre coins du monde. A noter que les manifestations ne se limitent pas au seul domaine du théâtre d’impro, mais regroupent également, musiciens, danseurs, plasticiens et réalisateurs. Pour ajouter un peu de piment, chaque compagnie invitée aura pour thème imposé de proposer au public un spectacle inédit dans une forme absolument nouvelle. Autre tour de force, les artistes devront créer collectivement, au cours du festival, des « spectacles impossibles » mêlant leurs horizons divers et leurs moyens d’expression artistique spécifiques. Quatre créations impossibles pour cette COURS DE THÉÂTRE_06/07 âtre en propose un Cours de Thé La Sagrada Familia Théâtre lière, Platonov de Mo de n Jua Dom : e ateliers. Au programm mélie de de Koltès et Occupe-toi d’A Tchekhov, Roberto Zucco Feydeau. rdi ou le jeudi. Horaires : 20h30 à 23h le ma . née l’an à os Tarif : 360 eur o.fr la.sagrada.familia@wanado Contact : 06.61.71.57.82 ou

édition : un spectacle pour enfants, une création musicale et dansée autour du flamenco et deux créations libres tout public. Enfin, les spectateurs pourront visualiser chaque jour un film tourné et réalisé la veille par une équipe d’improvisateurs. Positionné au niveau des grands festivals d’improvisation dans le monde, tels que Berlin, Amsterdam et Los Angeles, SPONTANéOUS célèbre et encourage la création spontanée. A travers ses représentations, certes, mais également en offrant aux artistes une occasion de se rencontrer, de croiser leurs expériences et de faire avancer la discipline. Pas de combustion spontanée, donc, pour Et CoMPAGNiE (et c’est tant mieux parce qu’on les aime bien) et sans doute de bonnes nuits blanches improvisées d’ici aufestival. Ò J.T. SPONTANéOUS Du 30 octobre au 4 novembre 2006 à La Plateforme, face au 4 quai Augagneur, Lyon 3e Contacts,programme et réservation Et CoMPAGNiE 21 rue Claudius Linossier 69004 Lyon // 04.78.28.50.83 www.spontaneous-festival.com

Lyon septembre de la photographie Du 15/09 au 4/11, une quarantaine de galeries et centres d’art de l’agglomération lyonnaise accueillent les photographies des 84 artistes. Contact : www.lebleuduciel.net


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festival

motmotmotmotmot motmotmotmotmot

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Après avoir initié la « Caravane des dix mots », le Théâtre des Asphodèles est parvenu à fédérer neuf territoires francophones autour de son projet artistique. Une aventure qui doit aboutir en octobre au 1er Forum international des Caravanes francophones.

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haque année, dans le cadre de la Semaine de la langue française et de la francophonie, le ministère de la Culture et de la Communication et le ministère des Affaires Étrangères sélectionnent dix mots. Dix mots pour célébrer la langue française à travers le monde, « dix mots pour jouer, pour s’exprimer, pour échanger ». En 2003, le Théâtre des Asphodèles – connu pour ses créations commedia dell’arte et ses masques d’Arlequin – eut l’idée de faire des « dix mots » un projet culturel proposant des ateliers artistiques pluridisciplinaires : la « Caravane des dix mots ». Outil d’échanges et d’expression fondé sur une approche artistique et ludique du français, cette Caravane allie les accents culturels et pédagogiques pour tresser une coopération internationale entre pays qui partagent la même langue et une soif de rencontres. Animés par des artistes professionnels, écrivains, comédiens, danseurs, photographes, plasticiens et vidéastes, ses ateliers s’exportent hors des murs du théâtre vers des structures de natures diverses. Le passage de la Caravane est alors immortalisé par un court-métrage de 26 minutes, qui retrace le travail

artistique réalisé dans ses différents lieux d’escale. D’abord régionale, la Caravane s’exporte outreciel vers d’autres pays pour créer de nouvelles Caravanes francophones. En 2006, neuf territoires ont adhéré au projet rhône-alpin des dix mots : Roumanie, Québec, Belgique, Madagascar, Maroc, Sénégal, Suisse, Pologne et région autonome de la Vallée d’Aoste. L’aventure initiée par le Théâtre des Asphodèles doit aboutir au 1er Forum international des Caravanes francophones, qui se tiendra à Lyon du 5 au 8 octobre. Ce sera l’occasion pour le public de découvrir les films réalisés par chaque équipe, les productions inspirées par les « dix mots » et de participer à un forum sur la diversité des cultures. Bref, la francophonie vécue, sans badinage, teintée d’expériences humaines et de rencontres authentiques, kaléidoscope flamboyant de cultures et d’échanges, avec pour seul hôte le français en partage. Ò

11e édition du festival Par ole Ambulante Départements et territoires d’ou tre-ciel Du 7 au 20 octobre, sur plusieur s sites de l’agglomération. Renseignements : 04 72 50 14 78 ou www.espacepandora.org

J.T.

Les « dix mots » 2006 Accents-Badinage Escale- Flamboyant-Hôte Kaléidoscope-Masques Outre-ciel-Soif-Tresser Contact Théâtre des Asphodèles 04.72.61.12.55 www.asphodeles.com



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musique

carmenmariavega

)) musique

Un jeune duo plein de talent, malicieux, et heureux d’être musiciens, simplement. Joie communicative. CarmenMariaVega.

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oilà un peu moins d’un an que ce duo parcourt les scènes lyonnaises avec Max à la guitare et Anaïs au chant. À l’origine, comme le veut la tradition, une rencontre. L’un, fan absolu de tout ce qui gravite autour de l’univers sonore et musicien en mal de cordes ; l’autre, comédienne, dotée d’un organe fantaisiste et envoûtant auquel il ne manquait que des textes en français joliment grinçants. CarmenMariaVega, on vous dit.

sélectionnés, à leur grande surprise. Ils bénéficient alors de quelques cours de guitare et de chant et se voient, quelques chansons plus loin, envoyés sur la scène d’À Thou Bout d’Chant où le trac est grand. Motivés et encouragés par l’équipe de cette petite salle du bas des pentes, ils vont défier un public rapidement séduit par cette voix pétillante et des textes drôlement réalistes.

Ils se rencontrent donc. Puis pensent à gagner quelques sous en s’essayant aux reprises, plutôt classiques de jazz si possible. Sauf que cet exercice s’avère beaucoup plus périlleux que prévu. Mais l’envie de travailler ensemble demeure, doublée d’un feeling qui les pousse à mettre en chanson des textes de Max chantés par Anaïs. Sans trop y croire, ils se présentent ainsi encanaillés à un concours du Conservatoire National de Région à Lyon et sont

J.M.

Danskala at home » sortie de l’album « makin un live, t don s, titre 7 composé de du groupe Danskala. Contact : www.danskala.com ) ( en ligne début septembre

CarmenMariaVega, c’est l’histoire de tout ça, d’une fille et d’un gars et d’une musique comme ça. Ò

www.carmenmariavega.com Concerts _22 septembre 19h30 à la Médiathèque de Vaise Place Valmy Lyon 9 _28, 29 et 30 septembre 20h30 à la Salle Leo Ferré 5, place St Jean Lyon 5 _16, 17 et 18 novembre 20h30 à À Thou Bout d’chant rue de Thou Lyon 1

SIMéo Le nouvel albume de Siméo sortira le 2 octobre prochain. De nombreux concert s sont prévus dans toute la France. Contact : www.chezsimeo.com


el sutta syndicat

)) musique

Formation inclassable de huit musiciens réputée pour ses concerts explosifs, El Sutta Syndicat a sorti son premier album en 2005. Parallèlement, une branche du Syndicat se consacre à l’expérimentation électro : le trio El Sutta.

O

rchestre fusion sur une fondation dub, El Sutta Syndicat distille un surprenant mélange d’ambiances sur rythmes variant entre hard-core et jungle, le tout alimenté par des sonorités électroniques et ethniques. Energie universelle (Sutta) et collectif venant de milieux et d’horizons différents, mais souhaitant développer une chose commune (Syndicat), la formation compte huit musiciens, anciens du rock alternatif et du ska lyonnais. Né en 1995 sous le nom de Botamin, le groupe enchaîne les petites scènes locales, les tremplins et festivals régionaux. Au cours de six années de travail sonore et d’arrangements, un nouvel esprit de création s’empara du collectif et l’emmena vers la fusion de styles. Un nouveau cycle commença en 2001et la formation prit le nom de El Sutta Syndicat. Formation scénique en premier lieu le Sutta s’essaie aux enregistrements et sort sa première démo en 2002. Trois ans plus tard, l’envie d’autoproduire pour explorer l’étrange monde du multipistes donne naissance au premier album du collectif : Otro Mundo. El Sutta, le trio Le Syndicat étant essentiellement un groupe scénique, trois de ses membres ont parallèlement

formé un trio électro-jungle pour se consacrer, en profondeur, à l’expérimentation du son et l’orchestration electro.Pour Ali Gator,le charismatique chanteur du Syndicat et l’habile programmateur du trio : « c’est un travail expérimental, qui sort des barrières de la scène. Une musique davantage “de studio”. D’abord de la programmation, que l’on transforme ensuite en set live, avec le but de porter les compositions à la scène. Dans le Syndicat, la musique se fait instantanément en live. » Pour l’instant, le trio est en plein expérimental : seulement 45’ de set live. Mais la saison 2006/2007 devrait voir l’entrée en scène d’El Sutta, avec une première date le 30/09 devant la pyramide de chaussures dressée par Handicap International. Ò J.T.

Discographie Album Otro Mundo (auto-production 2005) Contact Tel : 06 15 55 24 21 www.suttasyndicat.com _30/09 Place Bellecour devant la Pyramide de chaussures

ire eAnniversa nde 3èm o M u d rs Chaleu 2006 auNINKASIKAO irée, gratuite, bre tte so 30septem plet de ce e.com. mme com .chaleursdumond ra g ro p Le w w w r su ible est dispon


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Bazart

musique

silence de lil

)) musique

Un phrasé, Lil, une sonorité électronique, Silence, deux personnages. Une bulle artistique sombre et lumineuse.

A

u départ, il y a deux parcours distincts. Julie, Lil, vient du théâtre. Thibault, Silence, est musicien. L’un va poser ses textes crus et criants de vérité, l’autre va imaginer un univers sonore électronique et torturé. Il y un an, ils se rencontrent et d’une envie commune de croiser leurs orientations artistiques, ils vont réussir à créer un univers original et réaliste, personnel et parlant. La saison dernière, ils ont commencé à diffuser dans quelques scènes lyonnaises ce Silence peu ordinaire. Sur scène, Lil, debout, écrase après chaque titre un verre en plastique alcoolisé et vidé, asséchée par l’expression de sa poésie rapée, d’une prose témoin d’un quotidien effrité. Elle parle, envoûtante, scrutant le public désormais circonspect. Silence, assis, dans l’ombre, œuvre derrière ses machines filées diffusant sons étranges et mesures désarticulées.

rend ses bonnes Le ]kraspek myzik[ rep ux concerts bre habitudes avec de nom s. euro 3 r à 20H pou contact@lerockepamort.org - 69001 lyon 20 montée saint sebastien epamort.org rock w.le ww 22 04 Tél : 06 62 75 23H00 à 00 14H Mercredi au Dimanche

L’idée du duo est de superposer texte et musique, l’un et l’autre pouvant être à la fois autonomes et interdépendants. Le public peut donc tour à tour se laisser happer par le phrasé de Lil et le son de Silence. Leur ambition est de continuer à renforcer la mise en scène afin de rendre encore plus hybride ce spectacle inclassable, entre théâtre, rap, électro et poésie déclamée. Un silence de plus en plus retentissant. Ò

J.M.

Silence de Lil www.silencedelil.com 16 septembre au Peps à 21h

LE LABEL SILLONS sort une compilation le 15 septembre prochain qui sera en téléchargement libre sur le site du label [www.si llons.org]. Vous pouvez retrouver les différents artistes du Label sur leur site réspectif : - FABle : www.musicafable.com - ANOTRET : www.anotret.net - IN-SEKTRAUMA : www.myspace /insektrauma Ils seront en tournée pendant deux mois.


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Bazart

musique

)) musique

antiQuarks

Duo de particules et musique inter-terrestre, AntiQuarks a sorti en mars 2006 son premier album. « Du World progressif ?! Et puis quoi encore ? »

A

ntiQuarks est une matière sonore créée par un duo de particules. Richard Monségu chante des histoires, avec ou sans paroles, rythmées de percussions ; Sébastien Tron tisse des nébuleuses anachroniques avec sa vielle à roue électro. Leur musique est « anonyme », c’est-à-dire qu’elle n’a pas d’unique nom propre, et rend hommage aux cultures populaires dans leurs diversités. Une musique nomade et interterrestre, qui sillonne des contrées aux intonations fantasmagoriques. La composition allie différents temps et espaces. Elle modèle des imaginaires spatio-temporels contenant des époques, des géographies et des cultures distinctes ; elle favorise des croisements anachroniques qui s’assemblent parfaitement, alors que l’Histoire cherche à imposer leurs différences. La musique comme principe de curiosité. Le choix des instruments découle de ce même principe. La vielle à roue véhicule une époque et un style spécifiques (surtout médiéval et folklorique). Avec AntiQuarks, son sens originel est détourné. Electronisée, elle fonctionne comme une machine à sons. Quant aux rythmes, ils sont empruntés aux Amériques Latine et Caribéenne, aux Afriques Centrale, de l’Ouest et du Nord, en accointance avec les traditions populaires et la danse. Sans métissage, sans tentative d’acculturation.

Le Moulassa Leur 1er album, Le Moulassa, est une ode humaniste, qui célèbre la liberté humaine, la tolérance et le respect des cultures. Le Moulassa est un navire de 200 tonneaux, positionné au XVIe siècle dans les mers caribéennes. Son commandant traque les tyrans qui ne respectent pas l’humanité des Indiens, pillent et massacrent leur culture. C’est un humaniste qui défend un idéal de liberté et soutient que les arts, les sciences et les techniques peuvent servir la raison. Chaque histoire contée dans cet album porte le même message. Jusqu’à la question finale : « Et maintenant ? » Maintenant, le duo de particules poursuit humblement son exploration nomadique de la matière humaine. « Nous sommes des points de l’espace, eux croient que l’Homme est un grain dans le sable » [Le Moulassa, k’beïl & nar]. Ò J.T. Actualité - A l’Auditorium de Lyon, vendredi 15 septembre, 20h30, entrée libre. - Défilé de la Biennale de la Danse 2006, création et encadrement musical pour le projet « Egarim, ville mirage » de la Maison Pour Tous/ Salle des Rancy, 3e Arrdt. - A la Casa Musicale, le samedi 7 octobre Contacts Sarah Battegay : 06.77.92.34.67 www.antiquarksduo.org



18 > 24 septembre :: L’Élysée :: Paranoïa_ 20/09 au 23/09 § Le Toboggan § Virtuelevation et The Art of Urban Dance_ 19/09 au 22/09 § Le Croiseur § 6 N’OFF Biennale off danse_ 08/09 au 30/09 )) Ninkasi (( Anniversaire Ninkasi_ 22/09 et 23/09 )) La Marquise (( Flatspectrum_ 21/09 The Green Olive + Jean-Marie Sevain_ 22/09 )) La Casa Musicale (( Moko_ 22/09 Les Drôles d’âmes_ 23/09 )) A Thou Bout d’Chant (( Noz_ 21/09 au 23/09 )) Salle des Rancy (( Matthieu Cote_ 18/09 au 20/09 )) RED HOUSE (( Gwerin an noz_ 22/09 // CHRD // Invent Arisiert_ 20/09 au 26/11 // IAC // Distorsions (1)_ 17/06 au 15/10 °° Institut Lumière °° Rétrospective Visconti_ 31/08 au 24/10

25 septembre > 01 octobre :: Nouveau Théâtre du 8ème :: Parenthèse de Sang_ 29/09 :: La Renaissance :: Opùs Pocus_ 28/09 et 29/09 :: Espace 44 :: Le Bébé_ 26/09 au 1/10 § Le Toboggan § Un pas de côté_ 27/09 au 30/09 § Le Croiseur § 6 N’OFF Biennale off danse_ 08/09 au 30/09 )) Ninkasi (( Oomph_ 1/10 )) Hot Club (( Concert Jazz_ du mardi au samedi à 21h30 )) L’Épicerie Moderne (( Présentation de saison + Exposition l’art du Rock+ Holden_ 29/09 )) La Casa Musicale (( Théophile Ardy_ 30/09 )) A Thou Bout d’Chant (( Cécilem + Vincent Cros_ 28/09 au 30/09 )) Salle des Rancy (( Présentation de saison_ 26/09 Romain Didier_ 29/09 et 30/09 )) RED HOUSE (( Sound Fiction_ 29/09 //CHRD // Invent Arisiert_ 20/09 au 26/11 // IAC // Distorsions (1)_ 17/06 au 15/10 °° Institut Lumière °° Rétrospective Visconti_ 31/08 au 24/10

:::: §§ ))(( ////°°°°

agenda culturel pass kiblind

02 > 08 octobre :: Le Point du Jour :: Présentation de saison_ 2/10 :: Les Ateliers :: En ordre de bataille_ 6/10 au 29/10 :: Nouveau Théâtre du 8ème :: Regards d’octobre_ 4/10 au 21/10 :: Iris :: Brenda Oward_ 3/10 au 14/10 :: La Renaissance :: Opùs Pocus_ 6/10 :: Les Clochards Célestes :: Nouvelles de guerre_ 3/10 au 8/10 :: L’Élysée :: My Girl_ 4/10 au 7/10 :: Espace 44 :: Histoires de femmes _ 3/10 au 8/10 :: Le Toboggan :: Semianyky_ 3/10 § Le Croiseur § Meurtre _06/10 au 13/10 )) Ninkasi (( Scènes découverte_ 4/10 Festival des bières artisanales en fanfare_ 7/10 )) La Marquise (( Solid Steel Annex avec Daedelus_ 5/10 )) La Casa Musicale (( Antiquarks_ 7/10 )) A Thou Bout d’Chant (( Claudine Lebegue_ 5/10 au 7/10 )) Salle des Rancy (( Les Malpolis_ 6/10 et 7/10 )) RED HOUSE (( The Stompin’ Whities_ 6/10 // CHRD // Invent Arisiert_ 20/09 au 26/11 // IAC // Distorsions (1)_ 17/06 au 15/10


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09 > 15 octobre :: Le Point du Jour :: Mère & Fils, comédie nocturne_ 14/10 au 19/10 :: Les Ateliers :: En ordre de bataille_ 6/10 au 29/10 :: Nouveau Théâtre du 8ème :: Regards d’octobre_ 4/10 au 21/10 :: Iris :: Brenda Oward_ 3/10 au 14/10 :: La Renaissance :: La Carmencita_ 11/10 et 13/10 :: Les Clochards Célestes :: La Peau d’Élisa_ 11/10 au 21/10 :: Espace 44 :: Le Bruit et l’odeur_ 10/10 au 22/10 :: Le Croiseur :: Meurtre _06/10 au 13/10 § Le Toboggan § Zooo_ 10/10 et 11/10 Oscar et la dame rose_ 13/10 Le Caravansérail des conteurs_ 14/10 et 15/10 )) Ninkasi (( Festival Tribuzical_ 13/10 )) La Marquise (( Tom Wieland_ 14/10 )) La Casa Musicale (( Zedrus_ 14/10 )) A Thou Bout d’Chant (( Maurice Benin_ 12/10 au 14/10 )) RED HOUSE (( Mister Luck_ 13/10 // CHRD // Invent Arisiert_ 20/09 au 26/11 // IAC // Distorsions (1)_ 17/06 au 15/10 °° Institut Lumière °° Rétrospective Visconti_ 31/08 au 24/10

16 > 22 octobre :: Le Point du Jour :: Mère & Fils, comédie nocturne_ 14/10 au 19/10 :: Les Ateliers :: En ordre de bataille_ 6/10 au 29/10 :: Nouveau Théâtre du 8ème :: Regards d’octobre [festival Théâtre/ Langue des signes]_ 4/10 au 21/10 :: La Renaissance :: Musique symphonique : Mendelssohn + Beethoven _ 19/10 :: Les Clochards Célestes :: La Peau d’Élisa_ 11/10 au 21/10 :: L’Élysée :: Marhles Hotel_ 19/10 au 21/10 :: Espace 44 :: Les Lettres de mon moulin_ 16/10 Le Bruit et l’odeur_ 10/10 au 22/10 § Le Croiseur § Cie in Situ_ 19/10 et 20/10 )) Ninkasi (( Katerine [Au Transbordeur]_ 18/10 )) L’Épicerie Moderne (( Richard Bona_ 17/10 )) La Casa Musicale (( Oldelaf Et Monsieur D_ 21/10 )) A Thou Bout d’Chant (( Alfrede_ 19/10 au 21/10 )) RED HOUSE (( Les Lascars_ 20/10 // CHRD // Invent Arisiert _ 20/09 au 26/11 ELLES. Exister, résister… ici et ailleurs_ 19/10 au 8/03 °° Institut Lumière °° Rétrospective Visconti_ 31/08 au 24/10

23 > 29 octobre

agenda

:: Les Ateliers :: En ordre de bataille_ 6/10 au 29/10 :: L’Élysée :: Marhles Hotel_ 25/10 au 28/10 :: Espace 44 :: Les Lettres de mon moulin_ 23/10 Contes et légendes d’Afrique et des Caraïbes_ 24/10 au 5/11 Fabulettes_ 25/10 au 5/11 :: Le Croiseur :: Ces putains de clés du bonheur _ 24/10 au 27/10 § Le Toboggan § Merci pour tout_ 24/10 )) Ninkasi (( Panic at the disco_ 28/10 )) Hot Club (( Concert Jazz_ du mardi au samedi à 21h30 )) L’Épicerie Moderne (( Birdy Nam Nam + Marcelo Pretto_ 26/10 Lio_ 27/10 )) La Marquise (( JEL_ 25/10 )) La Casa Musicale (( Carte blanche à Gonzones Prod_ 27/10 )) A Thou Bout d’Chant (( Sophie Gentils trio_ 8/11 au 10/11 )) RED HOUSE (( Empire_ 27/10 // CHRD // Invent Arisiert_ 20/09 au 26/11 ELLES. Exister, résister… ici et ailleurs_ 19/10 au 8/03 °° Institut Lumière °° Rétrospective Visconti_ 31/08 au 24/10

Lieux Partenaires THEATRE // LA RENAISSANCE, 7 rue Orsel - Oullins, 04.72.39.74.91/L’ÉLYSÉE, 14 rue Basse Combalot (7e), 04.78.58.88.25/ LE NOUVEAU THÉÂTRE DU 8e, 22 rue du Cdt Pégout (8e), 04.78.78.33.30/LE POINT DU JOUR,7 rue des Aqueducs (5e), 04.78.15.01.80/LES ATELIERS, 5 rue Petit David (2e), 04.78.37.46.30/LES CLOCHARDS CÉLESTES, 51 rue des Tables Claudiennes (1e), 04.78.28.34.43/L’ESPACE 44, 44 rue Burdeau (1e), 04.78.39.79.71/L’IRIS, 331 rue F. de Pressensé - Villeurbanne, 04.78.68.86.49 MUSIQUE // A THOU BOUT D’CHANT, 2 rue de Thou (1e), 04.72.98.28.22/CASA MUSICALE, 1 chemin de Fontenay - St-Cyr-auMont-d’Or/HOT CLUB, 26 rue Lanterne (1e), 04.78.39.54.74/LA MARQUISE, face au 20 quai Augagneur (3e), 04 .72.61.92.92/LE MARCHÉ GARE, 34-36 rue Casimir Périer (2e), 04.72.40.97.13/L’ÉPICERIE MODERNE, Place René Lescot – Feyzin, 04.72.89.98.70/ NINKASI, 267 rue Marcel Merieux (7e), 04.72.76.89.00/SALLE DES RANCY, 249 rue Vendôme (3e), 04.78.60.64.01 DANSE // LE CROISEUR, 4 rue Croix Barret (7e), 04.72.71.42.26/LE TOBOGGAN, 14 avenue Jean Macé – Décines, 04.72.93.30.00 CINEMA // INSTITUT LUMIÈRE, 25 rue du Premier Film (8e), 08.92.68.88.79/ FESTIVALS DE VILLEURBANNE - AU CINÉMA « LE ZOLA », 117 cours Émile Zola – Villeurbanne, 04.78.93.42.65 MUSÉE // CHRD, 14 avenue Berthelot (7e), 04.78.72.23.11/INSTITUT D’ART CONTEMPORAIN, 10 rue du docteur Dolard – Villeurbanne, 04 78.03.47.00/MUSÉE DES BEAUX-ARTS, 20 place des Terreaux (1e), 04.72.10.30.30


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Bazart

Le Ki

chronique du Ki

amoureux

L

es amis. Je suis en vacances dans un train. Il fait beau et très chaud (on appelle ça la « que j’t’enXXX » je crois, mais j’ai pas bien compris ce que ça veut dire). J’espère que vous allez bien. En tout cas moi, ça va. Le Ki n’est plus seulement une institution vulgarisée de la philosophie zen. Le Ki n’est plus un objecteur de conscience. Le Ki est un révélateur d’essence. Mais le Ki aspire à une nouvelle France. La finalité du Ki résidera, je pense, dans une page blanche où le blanc serait le reflet de vos pensées, l‘harmonie qui vous lie les uns aux autres lorsque vous lisez ces quelques « non lignes ». Mais comme le Ki dort dîne, je vais aller manger. En tout cas moi ça va. J’ai failli écrire : « Kiblind c’est comme une ouverture facile : tout le monde connaît mais personne sait comment ça marche. » Quoique... Après 2 ans d’efforts et de lutte, Kiblind est toujours là, n’en déplaise. Mais je reste sidéré devant la bonne volonté que mettent les gens à ne pas respecter leurs engagements et à nous mettre des bourdons dans

les trous. Je ne vise personne en particulier... Enfin si mais c’est mon problème. Ceci dit, le Ki se doit d’interpeller le monde culturel, non pas lyonnais mais universel. Le Ki blinde, mais c’est un mal nécessaire. D’ailleurs, même Renaud est d’accord, si l’on s’en réfère à sa dernière chanson. Juste pour expliquer : il parle de nous, c’est-à-dire de vous, lecteurs, nous, Kiblind, vous, artistes... Alors tous ensemble on va se sortir les doigts du Bang et prendre conscience qu’on n’est pas des jolis flocons de neige (dixit Tyler Durden, Fight Club). En tout cas moi ça va. Là-dessus je vous laisse, parce que moi je suis amoureux et j’ai mieux à faire. Un conseil : souriez. Le Ki reste blinde et c’est déjà pas mal. En tout cas moi ça va...

:) Ò M. S.




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