Kiblind#15

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N째15 10 000 ex.

le journal qui vous publie vous

Gratuit_Avril_Mai_2007





Couverture >> Pierre-Louis Bouvier // Directeur de la publication >> Jérémie Martinez // Direction de la Rédaction >> Jean Tourette + Jérémie Martinez // Rédaction Kiblind >> Gabriel Viry + Guillaume Jallut + Professeur Moriart y + Matthieu Sandjivy + Leslie Pignard// Graphisme : Arnaud Giroud + David Lesort (Pitaya Design Global + www.pitaya-design.com) + Kinga Sofalvi // Maquette >> Jérémie Martinez // Relecture >> Frédéric Gude Responsable Publicité >> Jean Tourette // Responsable Développement >> Gabriel Viry // Responsable Communication >> Maïté Dewuffe l-Dessart // Chargé de communication >> Guillaume Jallut // Responsable Web >> Antoine Thierry Imprimerie JM. Barbou // ZAE Bondy Sud 8 rue Marcel Dassault 93147 Bondy Cedex// Tél >> 01 48 02 14 1 4 // contact@imprimerie-jmbarbou.fr Le magazine Kiblind est édité à 10 000 exemplaires par l’Association Kiblind // 4 rue des Pierres Plantées 69001 Lyon // www.kiblind.com // Tél >> 04 78 27 69 82 // contact@kiblind.com // ISSN : 1628-4046 Les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs . Tous droits strictement réservés. L’ensemble de l’équipe Kiblind tient à remercier Laurent Bonzon et M. Sandjivy pour son soutien sans faille.

sommaire

international

«Emploi Dans le cadre du dispositif ind est Tremplin», l’Association Kibl ne-Alpes soutenue par la Région Rhô

et le FSE.

... UN OEIL SUR LYON

sur le zinc .

dossier urbain 4/5 .

anachronique rétropolitain

lyon dans la presse

dossier

agenda pass

chronique du ki

PRINTANIER 08 .

VIOLENCE URBAINE 11 .

THE GOOD GERMAN 17 .

BATEAU MOUCHE 19 .

PETIT PRINCE 20

BEAUJOLAIS NIPPON NI MAUVAIS 22 ... PAGES BLANCHES .

.

bertille saunier 26 BEB 28

Grégory BROSSAT 30

.

Romain JENANCKER 32

.

PIERRE-LOUIS BOUVIER 34 .

mélikah abdelmoumen 36 .

luc akicia 40

.

elsa beau 43 .

... BAZART

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. festival ELECTROCHOC#2 53 . musique KAMENKO + CAUSE 55

CULTURE EN CHANTIER 47

+ BENJAMIN FINCHER 56

théâtre LE LÉZARD DRAMATIQUE

59

festival noir sur blanc

61

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09/04 > 27/05 63

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J’Y PENSE... 66



édito

kapitalismus

C

omme Alain M. en son temps, Kiblind a décidé de faire le choix de l’économie de marché. Fêtant bientôt ses trois ans, il crève l’abcès, revendique haut et fort son adhésion au capitalisme triomphant et son amour des courbes de croissance. Il faut bien confesser ici que la notoriété d’une marque permet d’augmenter les prix, ce qui accroît encore les profits et dégage davantage d’argent pour les actionnaires (qu’à Kiblind nous aimons vraiment beaucoup), comme le démontre le schéma cidessous : Empocher les profiteroles>>augmenter la courroie de distribution>>Accroître les maux de ventes >>Faire kiffer les actionnaires>> ...

Vous trouverez ainsi une étude de lectorat en page 24 comme gage de sérieux de notre démarche marketing. Qui sont nos lecteurs ? Sûrement des jeunes qui consomment nuit et jour. Alors rejoignez-nous ! Il serait tout de même dommage de vous priver des opportunités qu’offre le marché. Comme l’expliquait J.-P. Raffarin dans l’excellente revue disparue L’Œil Électrique (n°32), en avril 2004 : « Moi qui ait fait HEC, je vous le confirme. Même si le rendement « optimal » est moins optimal que prévu, vous pourrez toujours utiliser ce papier pour vous chauffer. Le papier c’est une valeur dans laquelle je crois. Et je demande aux Français d’y croire ». À Kiblind, on dévore la Vie Financière, et c’est déjà pas mal…

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26 ans né à Lyon, Bouvier Pierre-Louis, sinateur de BD. Graphiste illustrateur, des s en free lance nce érie Après diverses exp entaux, il a la tim sen ecs éch ux sur lyon et de nombre ez Paris. Vous aur peut-être son chance d’être embauché à graphisme sur vos slips. uvier.com + Contact >> www.misterbo


sur le zinc

printanier

Commencer par le calendrier . Le 1er (d’avril ) : faire le poison malade . Mais le 6 (de mai, 2nd tour ), pas la morue qui s’est pris une brandade. Le requin, l’anguille, la truite sauce béarnaise ou la grande bouilabaisse ? Mieux vaut ne pas y penser et, dès maintenant, profiter :

G. V.

Des Bourgeons

// Dans les arbres // Levez les yeux, sourcillez, faites comme si ça venait de sortir, pas déjà depuis le mois de février ; participez aux Printanières de Bron, le 21 avril, ou au 7e marché aux Plantes de la Place Lyauthey, le 6 mai. « Goûtez les plantes sauvages », grâce à l’association Naturama, le 25, à Mornant. // Si l’arbre, c’est vous // Dites que vous êtes celui de la liberté, lors du printemps des prisons organisé le 11 avril par les associations GENEPI ; ou que pour vos bourgeons, vous attendez les « jeudis des allergies », ou autres bons spots, au CHU sud de Lyon. 10 mai : soirée « Eczémas ». Le pollen, au printemps, ça ne vous réussit toujours pas. // Des jeunes filles en fleur // Relisez à l’ombre, pensez le 5 (de mai) qu’une belle présidente, ça aurait une autre face ; aimez regarder les filles qui marchent sur la place ; s’il y a du vent dans l’air, participez à l’Open International du Rhône d’Echecs, le 2 avril à Lacroix Laval. Au moins, ça mat…

Un air de fête

// Faites-la // Au fromage, le 20 mai, à Chambost-Allières, puis justifiez les lendemains qui fouettent. N’oubliez pas le pain (fête nationale, le 15 mai), ni les voisins (le 30 mai). // La ville est une fête // Pensez-le, en recensant, dans le Progrès, la fête de la Renaissance (20 avril, Vieux Lyon), celle de l’Europe (12 mai, place de la République), la fête des fleuristes et des peintres, même jour même saison, sur la place du Trion. // Après les vieux festifs // Laissez les sonotones, réservez-vous des boules (obut + quiès) pour le grand tournoi de la Pentecôte, le 25 mai, Place Bellecour ; allez border les soleils couchants, faites la nuit des musées, le 19 ; enchaînez-vous, dès le lendemain, 5 jours et nuits sonores.

Printemps-été

// Capitale de la mode // Vous y êtes, pendant la Semaine de la mode, à partir du 16 avril dans toute l’agglomération, ou Passage Thiaffait, le 1er juin, pour le passage à l’été (PEAH). D’ici là, vous aurez peut-être gagné le Concours européen d’imprimé textile, organisé le 15 mai à l’Hôtel de ville de Lyon. // Hors saison // Faites le marché vintage, le 21 avril, ou les branchés masqués, entre salon du randonneur, le 20 avril au Palais des Congrès, et Journée de l’art déco et de l’habitat écologique, organisée le 5 mai, à Saint-Victor-sur-Loire… // Et s’il n’y a plus de saisons… // C’est que vous faites la momie, après le sarkophage, que ce sont les mamies qui sont en âge, pendant les Nuits Sonores, que vous attendez l’été, mais qu’il ressemble à l’hiver, qu’à défaut de vous réchauffer le cœur, vous refroidirez un peu la terre…


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un oeil sur lyon

sur le zinc

C’est, en %, la proportion des déplacements urbains en voiture, à Lyon : minoritaire. Il y a dix ans, elle était de 51,9 %. Lyon devient ainsi la première grande ville de France à passer sous le seuil des 50 %. Se substituant à la voiture, la marche à pied, le vélo (+ 180 % en 10 ans), et les deux roues se sont développés très sensiblement.

C’est le nombre moyen d’habitants par taxi, à Lyon. Un ratio très inférieur à la moyenne parisienne : 1 taxi pour 142 habitants. Il est de 1 sur 800 à Marseille, enfin une bonne raison d’économiser les Taxi...

Transports toujours, mais en commun. C’est le rang occupé par Lyon, parmi les villes de province, en termes d’offre de transports (métro, bus, tram..) par habitant. Mais le prix du billet atteint également la tête du classement, juste après Marseille (1,70 euros). Peux-t-on avoir le bus à l’heure, l’argent de l’agent, et le sourire du contrôleur ?



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UN OEIL SUR LYON

dossier urbain 4/5

Dossier urbain 4/5

violence urbaine Rappel des épisodes précédents : la ville intègre, veille à son image, imagine des espaces verts, soigne sa nature urbaine. Parce que l’hiver est derrière, et que les images fondent comme neige au soleil, ne pas oublier que la ville désintègre, exclut. Chronique d’une vraie violence urbaine, qui commence et finit souvent sur un fond de logement.


L

’hiver a été doux et rude, selon l’épaisseur du toit. Contre le bon sens, un pont n’est pas plus épais que la charpente d’une maison. On n’a jamais parlé autant, ni en même temps, du réchauffement et de la crise du logement. Il y eut les Enfants de Don Quichotte, une trentaine de Quechua posées Place Bellecour (plusieurs centaines, encore présentes à Paris, sur le Canal Saint-Martin). Une municipalité, à Lyon, qui n’exigea pas, à l’instar d’autres villes, la dissolution du campement. La mort de l’Abbé Pierre, né à la Croix-Rousse et icône de la lutte contre l’exclusion. Le Ministère de la crise du logement, réunissant une quarantaine d’associations et installé à Lyon, parce que le fleuve n’est pas si tranquille, cours du Docteur Long. Et aussi tous les reflets de l’exclusion qui s’affichent, au quotidien, dans la rue, sur les quais du métro, sous les ponts. Ce sont d’autres berges du Rhône. Les sans domicile fixe ou le retour des bidonvilles dans l’agglomération lyonnaise constituent la face immergée d’un iceberg qui est bien le seul à ne pas souffrir de l’effet de serre. En 1961, Louis Pradel se félicitait d’être à la tête de la « première grande cité sans bidonvilles de France ». Aujourd’hui, Villeurbanne accueille le plus grand « chabâa » de France, tandis que l’association ATTAC en recense pas moins de 13 dans l’ensemble de l’agglomération. Le nombre de SDF, très difficile à évaluer (à l’échelle nationale, l’INSEE en compterait près de 100 000) ne cesse d’augmenter dans les grandes villes. Et tout cela sachant que les sanslogements sont les victimes les plus visibles d’une crise qui ratisse beaucoup plus large…

Qui ne connaît pas la crise…

L’inaccessibilité du logement s’est considérablement aggravée, ces dernières années. On retrouve des accents de l’hiver 54, où des milliers de gens, souvent titulaires d’un emploi, étaient contraints de « coucher dehors ». La crise actuelle est complexe, produit de multiples facteurs et évolutions de fond. On les retrouve, avec les symptômes, dans la plupart des grandes villes, à des degrés différents. Regarder, mais ne pas loucher. Au format panoramique, appréhender la crise sur le marché du logement, où l’offre et la demande ne jouent

pas dans le même panier. Côté offre. Les grandes villes manquent de nouveaux logements. Et même si la construction reprend, il faudra des années pour combler le retard accumulé. A cela s’ajoutent des faillites dans la « distribution » des logements. Le nombre de logements vacants (plus de 2 millions en France, près de 200 000 en Rhône-Alpes, selon l’INSEE) est éloquent lorsqu’on le met en face des 900 000 logements manquants, selon la Fondation Abbé Pierre, sur l’ensemble du territoire. A côté de la pression sur l’offre, la demande n’a cessé de se développer. Les explications sont plurielles, lointaines, à forte connotation urbaine. Le nombre d’individus potentiellement à la recherche d’un logement a augmenté très sensiblement, qu’il s’agisse d’étudiants sollicitant un studio en ville, ou d’un couple séparé multipliant, au moins par deux, le besoin de logement. Citons aussi : la réduction de la taille des familles et l’augmentation du nombre de célibataires. Le besoin de logement est sur une courbe très ascendante. Et au marché, les prix montent ! Entre 30 et 40% au niveau national, en moyenne, ces trois dernières années. A Lyon, la hausse a tendance à fléchir et les propriétaires semblent encore ne pas tous exiger, comme à Paris, un locataire en CDI, une double caution solidaire, un revenu 3 à 4 fois supérieur au loyer. Parce qu’il y a du monde à la porte (nos demandeurs), on fait du propre ou du figuré. Le logement social est une issue parallèle, mais la demande excède aussi largement l’offre. A Lyon, la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU) a produit ses effets puisque la proportion de logements sociaux est passée de 17,72 à 23 % en 5 ans. Mais malgré ces efforts, la demande demeure trois fois supérieure à l’offre disponible. A noter que Lyon respecte le taux mais aussi la qualification de « sociaux », puisque seuls les logements réellement accessibles aux ménages les plus modestes sont comptabilisés. De très nombreuses villes ont des calculs plus saignants, moins à point. Qu’il soit vacant, manquant ou au plus offrant, le logement peut rapidement devenir inaccessible. Un verrou des villes qui n’est pas une clé des champs…


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UN OEIL SUR LYON

dossier urbain 4/5

Un lion calme et sauvage

Pas loin de la porte

Les jeunes sont très fortement victimes de la crise du logement. Selon la dernière Enquête logement de l’INSEE (2002), 55 % des 19-25 ans vivent encore chez leurs parents, faute de pouvoir accéder à un logement autonome. Parmi eux, 35 % ont un emploi. On n’est pas chez Tanguy mais plutôt chez Rémy, où de nombreux jeunes en rupture familiale basculent à la rue, dans un squat, dans leur voiture… Ceux qui accèdent à un logement, après avoir montré patte blanche (vraiment blanche + garanties + caution), supportent des loyers disproportionnés avec leurs revenus. Le « taux d’effort » moyen chez les jeunes est, en moyenne, deux fois plus élevé que celui de leurs parents. L’augmentation des dépenses de logement et d’énergie devient aussi insupportable chez des milliers de ménages modestes, qui n’ont plus vingt ans et risquent l’expulsion à chaque rouleau de printemps. C’est comme ça qu’on finit par aimer l’hiver, et le réchauffement. Selon la Fondation Abbé Pierre, 100 000 personnes seraient aujourd’hui, en France, « à la porte du logement », sous la menace d’une expulsion. 99 768 décisions d’expulsion ont été prises en 2005, seulement 10 163 ont été effectives. 90 000 « épargnés » qui seraient venus sinon s’ajouter à la longue liste des personnes actuellement sans logement : 100 000 SDF + 150 000 personnes hébergées dans des dispositifs collectifs + 150 000 hébergées chez des tiers + 100 000 personnes résidant de manière permanente dans des campings + 375 000 locataires ou sous-locataires d’un meublé ou d’une chambre d’hôtel. Pour ne pas plomber l’ambiance, ni parler du retour du saturnisme, on ne fera qu’effleurer les 1,8 million de logements jugés « inconfortables ou surpeuplés ». Et tout ça : à la ville…

Malgré l’attractivité de la ville, et la forte demande, Lyon semble relativement épargnée par la crise du logement. Du moins, elle semble être moins prégnante qu’ailleurs. Il n’y a qu’à regarder : la relative facilité à trouver un logement ; une 24e place dans le classement des 30 villes de plus de 100 000 habitants les plus chères de France ; le 10e taux seulement de logements vacants ; le respect de la loi SRU, les solutions trouvées à la loi de la RUE (dont 1 500 places d’accueil d’urgence, 175 000 nuitées offertes chaque année par le Foyer NotreDame-des-Sans-Abri, animé par 700 bénévoles et 140 salariés, etc.). Ainsi, la pauvreté paraît plus dissipée, peut-être parce que les exclus le sont aussi dans la ville. A Lyon, c’est peut-être moins la ru(é)e sur les quais (du métro). Mais le « bidonville » excentré est devenu une spécialité locale. En tout état de cause, pour un exclu, ou pour celui qui menace de perdre son logement, la rue lyonnaise n’est pas meilleure qu’ailleurs. Dent pour dent et villes pour vil. Ne pas avoir son chez soi, ou dormir dehors, sauf pour Daran sur ses chaises (musicales), est déjà « invivable ». Mais, surtout, cela ne constitue qu’un début, puisque la faute de toit entraîne inévitablement le défaut de plancher. D’où l’on peut ne pas se relever. Impossibilité, après le logement, d’accéder à l’emploi, de construire un projet ou une vie sociale. C’est comme une équation : ne pas recevoir chez vous = ne pas aller chez les autres. Et toutes les inconnues liées au logement qui freinent, même chez les logés, la mobilité et la possibilité de voir ailleurs. Ce cercle vicieux sera le même pour le rejeté de Lyon ou le rejeton d’une plus petite ville. L’exclusion est une violence urbaine, la grande ville moderne, une machine à exclure. Surtout lorsqu’elle est riche et qu’elle a grandi trop vite. A Los Angeles, et ce n’est qu’un exemple, 80 000 SDF collent aujourd’hui au chewing gum d’Hollywood. 10 fois plus qu’à Paris, pour une population équivalente et pour une capitale déjà pas mal en son genre, question exclusion…


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UN OEIL SUR LYON

dossier urbain 4/5

Savez-vous planter des ghettos à la mode de chez nous ? Le ghetto version trilogie : rien de plus simple. Il suffit de mixer quelques délaissés, d’attendre quelques années, et hop, un ghetto nouveau ! 1er délaissé >> l’urbain Bien loin de nous l’époque des 30 glorieuses, de son industrie florissante, du travail pour tous et des conquêtes verticales de l’urbanisation. Les nouvelles Babel s’effritent aujourd’hui sous le regard inquiet de ceux qui sont restés, le regard médusé des infortunés de passage. L’humanité a cédé le pas à l’urbanité en regroupant 80% de la population dans ces « zones », certaines sont prospères, d’autres sont abandonnées. Hormis quelques politiques d’urbanisme que l’on nomme pompeusement les Grands Projets de Ville (GPV), beaucoup ne voient pas les choses changer, au contraire, elles se dégradent. Toujours pas de transports en commun dignes de ce nom, les squatteurs prennent la place et la friche devient délaissée. Une sorte de trou dans l’urbanisme, un reste de Babel qui atteste de l’incapacité humaine à maintenir ses conquêtes spatiales.

2ème délaissé >> l’ÉCONOMIQUE Attirées autrefois par l’opulence du travail, des populations entières se sont déplacées pour apporter leur pierre à l’édifice de ces nouvelles tours de Babel. Immigrés, paysans et ouvriers vinrent dans l’espoir d’offrir une vie meilleure à leurs enfants. Pour autant, la vie économique a déserté ces endroits, au profit des centres, plus prospères.

Abandonnés à contempler les délaissés urbains, ces nouveaux délaissés économiques découvrirent à leurs dépends la nouvelle peste qui s’est répandue pendant plus de trente ans : le chômage. Cette maladie urbaine gangréna ces zones urbaines, et, à la torpeur de ces délaissés, s’est ajoutée la véhémence de l’idéologie libérale ambiante : le chômeur est un volontaire du non-travail. Les délaissés économiques sont devenus des hypocondriaques du travail, une croyance devenue pathologique, voire sociale.

3ème délaissé >> le social Ces cas ont transmis leur héritage. La culture du délaissé s’est transmise à la nouvelle génération, un gène social est né. Vivant sur les ruines d’un passé glorieux, mais éphémère, la nouvelle génération observe la chance des autres : éducation, travail, ascenseur social… Mais la voit depuis le sous-sol. Le ghetto prend alors toute sa puissance. Il s’exprime parfois à travers une culture urbaine nouvelle, celle du délaissé. Le hip-hop tire son origine de cet abandon. Initialement consenti pour apporter un peu de joie dans les ghettos avec l’organisation des block-partys, il est aujourd’hui l’expression des sentiments les plus simples, victime d’un repli territorial, de la vision des délaissés sur eux-mêmes. Les banlieusards parlent aux banlieusards, il est sans doute trop tard pour comprendre… PR M. + G. V.




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UN OEIL SUR LYON

anachronique

anachronique

the good german Contre toute attente, le lecteur cinéphile ne trouvera pas ici une critique du dernier film de Steven Soderbergh. Désolé. Mais publicité mensongère ou pas, de « bon allemand » il sera néanmoins question ici, en la figure énigmatique de l’Homme de la Roche du quai Pierre-Scize. Sorry George…

C

reusée dans la roche, à proximité de la place de Bourgneuf, une grotte abrite la statue d’un curieux personnage. Sculptée en 1849 par Bonnaire, elle figure un gentilhomme vêtu à la mode du XVIe siècle, tenant une bourse dans sa main droite et serrant de la gauche son testament contre sa poitrine. Sur le piédestal a été gravée l’inscription suivante : « L’Homme de la Roche, Jean Kleberger dit le Bon Allemand, échevin de Lyon, citoyen de Genève et de Berne, né à Nuremberg en 1486, mort à Lyon en 1546 ». Mais qui était cet homme, que lui valut le titre de « Bon Allemand » et pourquoi trois siècles séparent sa mort et l’inauguration de l’œuvre ? En réalité, dès le XVIe siècle une statue de bois avait déjà été installée à cet emplacement par les habitants du quartier. Elle saluait un « anonyme bienfaiteur » qui fut baptisé, à défaut de patronyme, « l’homme de la roche ». Mais en 1820, alors qu’une nouvelle statue est inaugurée suite à la détérioration du modèle, quelqu’un parla d’un certain Kleberger. Comme la nouvelle édification subit rapidement le même sort que sa réplique passée, une souscription fut alors ouverte pour qu’on remplaçât l’œuvre et qu’on affinât les recherches sur l’identité du

personnage. Celles-ci furent confirmées et il fut confié à Bonnaire le soin de réaliser l’ouvrage actuel, en l’honneur de Jean Kleberger.

L’ANONYME BIENFAITEUR

C’était un richissime financier de Berne. En 1530, accusé d’avoir empoisonné sa femme, il vint trouver refuge à Lyon, où il avait déjà travaillé pour le compte de la maison Imhoff. En ces temps, une épidémie de peste sévissait et la misère s’étendait dans la cité rhodanienne. Devant l’ampleur des événements, les bourgeois de l’Hôtel-Dieu ouvrirent une souscription pour soulager les enfants malheureux. Kleberger fut le premier donateur. Et sur la première ligne il inscrivit : « un marchand allemand, 500 livres ». Ces mots lui valurent le titre qui ne le quittera plus. Le « Bon Allemand » donne aux pauvres, prête aux rois et gagne la réputation dans le quartier de Bourgneuf de bienfaiteur des filles à marier en mal de dot. Quant à la juste représentation qu’en livra Bonnaire, d’un élégant banquier toujours prêt à dégainer sa bourse, elle fournit aux mauvais payeurs l’occasion d’adresser à leurs créanciers : « va te faire payer à l’Homme de la Roche ! ». J. T.



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UN OEIL SUR LYON

rétropolitain

rétropolitain

bateau-mouche un biz lyonnais Itinéraire atypique d’un bateau qui coule des jours heureux sur la Seine mais qui, au 19e siècle, prit son envol à Lyon, dans un quartier qui lui donna son nom.

P

remier départ en 1665, lorsque Louis XIV tente de développer la batellerie sur les conseils de Colbert. L’idée, simple, consiste en la fabrication de bateaux légers capables de conduire les passagers sur de courts trajets fluviaux. Du Louvre à Chaillot, Passy ou Auteuil. Du Pont Royal à Versailles ou Saint-Cloud. On rame et on boit beaucoup. Sur ces tavernes flottantes, on festoie à tel point qu’on en oublierait presque la mission première : le simple transfert de passagers. Il faudra attendre deux siècles et la création d’un organisme d’état pour voir apparaître le véritable bateau-omnibus. Cet organisme devait en effet accorder des concessions pour l’exploitation du fleuve parisien selon un cahier des charges très strict. La première de ces concessions sera accordée à une compagnie lyonnaise, la Compagnie des bateaux-mouches.

Les Mouches du 7e arrondissement

La dénomination de « bateau-mouche » ne provient pas, comme le veut la légende, du patronyme d’un éventuel inventeur répondant au doux nom de Jean-Sébastien Mouche, mais d’un quartier lyonnais. Le quartier de la Mouche, construit sur d’anciens marécages, se situait entre la Mulatière et l’actuelle Halle Tony Garnier. Il devait lui-même son nom à une insalubrité persistante et aux deux bras

du fleuve qui rappelaient les ailes d’un insecte volant particulièrement emmerdant. Avant de constituer avec Gerland et la Guillotière le 7e arrondissement, le quartier de la Mouche était jusqu’en 1912 un quartier de Lyon à part entière. Revenons à nos moucherons. Messieurs Plasson et Chaize inventent donc à Lyon en 1862 les premiers bateaux-omnibus auxquels ils donneront le nom du quartier. La compagnie des bateaux-mouches exploitera une première ligne entre Vaise et la Mulatière avec cinq bateaux et voguera cinq années plus tard vers le fleuve parisien. Avec trente bateaux-mouches, elle organisera le transport de nombreux voyageurs. Mais bientôt concurrencée par les nouveaux moyens de transports collectifs comme le trolleybus ou le métro, elle cessera son activité en 1934. Le rôle de ces bateaux volants a considérablement évolué. De simple moyen de transport, il sont devenus de précieux outils pour les organisateurs de croisières. À partir de 1949, l’expression « bateaux-mouches » devient ainsi une marque déposée et désigne une compagnie qui organise des promenades touristiques. Loin des anciens marécages lyonnais, ces mouches si particulières ont désormais le goût des affaires. J. M.


lyon dans la presse

petit prince Puisque seule la terre intéresse la presse (rase campagne + planète en danger), on vous renvoie à vos rêves de jeunesse. Au Petit Prince, par exemple, qui n’est pas né très loin…

L

’atterrissage forcé. Il aurait pu se passer à Collonges, où Saint-Ex aurait rencontré Paul Bocuse, âgé de 17 ans quand le Petit prince est né. « Tu veux du mouton ? », lui aurait demandé le jeune chef, dont on vient de célébrer les 81 ans et les 42 années de bannière triple étoilée. On aurait eu autre chose à se mettre sous la dent que ses 3 femmes (Zone interdite, qui n’est pas le premier, vient d’y consacrer un reportage) ou les hommages interminables, les seuls à ne pas passer au café. Le 10 février encore, Le Nouvel Obs nous servait la soupe (aux truffes ?), à Monaco : 80 chefs du monde entier s’étaient réunis autour d’un « buffet du monde pantagruélique » préparé en l’honneur de « celui qu’ils considèrent comme leur maître à tous ». Notamment au Japon, où Bocuse vient d’ouvrir son 8e restaurant. Le Petit Prince à Collonges ? Une rencontre impossible, qu’on imaginerait quelque part plus vers l’est… : avant Tokyo, plutôt juste après Charpieu…

Décines-moi…

Le développement de l’OL a passé un nouveau stade : celui du marché et d’un « OL Land » privé qui accueillera, en 2010 à Décines, une enceinte de 60 000 places, un centre de loisirs et une galerie commerciale. Le complexe sera en partie financé

par l’introduction du club en bourse, que la presse a très largement relayée. Question terrain, on en est plus au choix de la moquette qu’à la question de savoir si le gardien aura les cheveux si longs qu’on l’appellera la coupette. Pour Le Figaro, « plusieurs détails restent à régler dont le choix d’un toit et d’une pelouse rétractable ou non ». Concernant la toiture, il s’agit peut-être d’offrir au Petit Prince, comme dans le livre, une boîte remplie de moutons. Décines dans la presse, c’est aussi le collège-lycée musulman Al Kindi, qui vient d’ouvir ses portes, malgré les oppositions qui demeurent. On imagine le dessin : Sarko par ici, ça serait des moutons égorgés pendant les cours de SVT. Pour encadrer les élèves, le deuxième établissement du genre (premier, en taille, après celui de Lille) pourrait solliciter Roland Veuillet. Kiblind a été l’un des premiers à évoquer le cas de ce CPE muté « injustement » en 2003 de Nîmes à Lyon. Après 16 500 kilomètres de courses à pied, une très longue grève de la faim, puis un internement psychiatrique décidé par le ministre de l’Éducation (!), l’affaire Veuillet a essuyé beaucoup d’encre. Dans Libération, par exemple, Clémentine Autain, Olivier Besancenot, Noel Mamère ou encore Jacques Gaillot ont signé un Rebonds pour « sauver l’honneur et la santé de Veuillet ». Que tous ces gens nous lisent : nous nous en réjouissons !


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UN OEIL SUR LYON

lyon dans la presse

Par excès de zèle, nous inviterions même Al Kindi à recruter le bouillonnant Philippe Mérieu, ancien directeur de l’IUFM de Lyon. Nouvelobs.com publie la « lettre » qu’il vient d’adresser aux candidats, et dans laquelle il plaide pour « l’introduction massive de la technologie au collège » ou « l’instauration de deux demi-journées par semaine d’ateliers sportifs et culturels ». Du temps libre qui aurait au moins permis au Petit Prince de ne pas sécher le roi (pour rappel : « il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner ») ni le buveur…

Quatrième planète

Elle est habitée par un businessman dont le seul bonheur est de compter ses étoiles, puisqu’il est le premier à avoir eu l’idée de les posséder. Il y a du Bill Gates, sur cette planète. Et du Gérard Collomb, pas très loin, la tête dans les étoiles. Challenges raconte l’étape parisienne de « l’idole des managers, en tournée d’adieux ». Résultat: « la France a eu droit à 8 heures ! ». Gérard Collomb, à une poignée de main médiatisée (au même titre que Luc Besson et même José Bové dans les couloirs de TF1) et surtout à un « partenariat numérique » avec Microsoft. « Le maire de Lyon a le sourire », selon 20 minutes. L’accord, premier du genre en Europe, va permettre de soutenir les start-up innovantes de la région, notamment les éditeurs de jeux vidéo. En jeu également : le développement de « l’administration électronique de la ville » et le programme « clique sur la ville » destiné à favoriser l’accès des plus démunis à Internet. Selon Métro, la ville serait également candidate pour accueillir une « école de l’innovation », comme celle que Microsoft a ouverte à Philadelphie. Comme tous les autres, le Petit Prince finira sur un X-Box B612 (son astéroïde), qui permettra de rejoindre directement le géographe sans devoir vaincre le monstre du réverbère…

Histoire de géographe

A Lyon, l’historien se prend pour un géographe à la découverte de nouveaux mondes. Et ce sont les

enseignants qui révisent… On connaissait Bruno Gollnisch, condamné en janvier pour ses sorties peu sortables sur les chambres à gaz nazies. On découvre Raymond Barre, sur France culture, légitimant la fonction du même Gollnisch (« un bon conseiller municipal ») et celle de Maurice Papon (« un grand commis de l’Etat »). Tous les journaux reviennent aussi sur les propos de l’ancien maire de Lyon sur le « lobby juif ». Autre histoire, celle de l’écrivain Jacques Blaynac dans Présumé Jean Moulin : un pavé de 900 pages qui en jette surtout à la mare. On y découvre notamment que le chef de la résistance aurait été « anti-De Gaulle », plutôt sympathisant communiste : « On l’a même un temps surnommé Moulin Rouge ». Blaynac, remet aussi en cause « l’embrouille de Caluire ». Pour lui, l’arrestation de Moulin est due à la longue traque policière des allemands et non à la trahison d’un homme, René Hardy. De quoi dormir sur ses deux Laurel, et continuer à rêver… Comme il refait l’histoire, le géographe changea aussi la fin. Il dissuada le Petit Prince d’explorer la Terre qui a « mauvaise réputation ». Lui conseilla d’éviter les serpents et de ne pas croire les renards. De rentrer directement sur sa planète, s’occuper de sa fleur. L’aviateur l’attendait déjà à Saint-Exupéry. Il y avait un vol, dans moins de deux heures… G. V. Sources : Sophie Landrin, « OL Land », projet à 400 millions d’euros », Le Monde, 25/1 ; David Bensoussan, « L’idole des managers en tournée d’adieux », Challenges, 1/2 ; Microsoft va soutenir des start-up lyonnaises, Métro, 2/2 ; Sophie Landrin, « En grève de la faim, un conseiller principal d’éducation conteste sa mutation », Le Monde, 7/2 ; François Dufay, « Jean Moulin : l’enquête rebondit », Le Point, 8/2 ; « Lettre ouverte du pédagogue Philippe Meirieu », Nouvelobs.com, 9/2 ; Carole Bianchi, « Football: introduction en bourse réussie pour l’Olympique Lyonnais », Nouvel Obs/Associated Press, 10/2 ; « Une biographie de Jean Moulin relance le débat sur le chef de la Résistance », 20 Minutes, 12/2 ; « Robien cherche une sortie de crise face à la grève de la faim de Roland Veuillet », Nouvel Obs/Associated Press, 13/2 ; « L’établissement scolaire musulman Al-Kindi prêt à ouvrir s’il y a un nombre suffisant d’élèves », Nouvel Obs/Associated Press, 16/2 ; Éric Gaillard, « Plus de 80 chefs parmi les plus réputés de la planète mettent la main à la pâte ce week-end à Monaco », Nouvel Obs/Reuters, 10/2 ; « Lycée musulman près de Lyon: les responsables prêts à ouvrir «très vite», 20 Minutes/AFP, 16/2 ; Sauver l’honneur et la santé de Roland Veuillet, in Rebonds, Libération, 21/2 ; Dong T., « Le futur stade de l’OL sera situé à Décines », Le Figaro, 28/2 ; Catherine Coroller, « Quand Barre parle de « Lobby juif » », Libération, 3/3.


International

beaujolais nouveau : nippon ni mauvais BOJO

Il est tendance au Japon de consommer des produits made in Europe. Au pays du soleil levant, si vous désirez être « fashion », dégustez et vêtezvous lyonnais... Bien sûr, évitez la panoplie « Guignol » mais rendez-vous, avant votre départ pour le Japon, chez les couturiers lyonnais et/ou munissez-vous d’une fillette (¼ litre de beaujolais). « It’s so chic ! » Vous pensez que j’exagère... A vous de juger.

E

n novembre 2006, à Osaka, ville réputée au Japon pour son théâtre de marionnettes (Bunraku) commence le voyage de Gérard Collomb, Sénateur-maire de Lyon et président du Grand Lyon. A ses côtés : une délégation d’élus de la Ville et du Grand Lyon, le président de la chambre de commerce et d’industrie, les patrons des entreprises lyonnaises, des directeurs d’université et la directrice de l’Orchestre national de Lyon. L’objectif de cette délégation est de « défendre l’excellence lyonnaise, en termes économiques et culturels. » Dans cette veine (mais avec un degré plus élevé d’alcool), je vais tenter, avec vous, lecteur, de dévoiler les charmes

extrême-orientaux du beaujolais nouveau made in Lyon . Pourquoi ce vulgaire breuvage local, ni bon, ni mauvais, se métamorphose au Japon en délicieuse créature drapée de rouge? Suivons le fameux adage : « In vino veritas »... En 1697, Lambert d’Herbigny, conseiller du Roy dépêché dans la province, écrit : « Il entrait dans Lyon, année commune, 240 000 asnées de vin ». Dès le XVIIIe siècle, le vin du Beaujolais approvisionne Lyon. Dans l’atmosphère bruyante des guinguettes et des cabarets ou dans la moiteur des caves particulières, celui que l’on nomme avec fierté le


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UN OEIL SUR LYON

international

« troisième fleuve de Lyon », délie les langues des bourgeois et des canuts. Il est consommé sous la forme de vin « nouveau », car comme tous les vins de cette époque, il se conserve mal. A partir de 1855, la hausse du niveau de vie multiplie par deux la consommation de vin à Lyon (soit plus on est riche, plus on boit... à méditer). Le commerce international s’empare de la consommation de vin du Beaujolais. L’exportation vers le Japon atteint son apogée au début du XXIe siècle. La consommation dans l’Archipel atteint 8,8 millions de litres en 2005, contre seulement 590 000 dix ans plus tôt. Avec quelques 11 millions de bouteilles de beaujolais nouveau commandées en 2006, le Japon demeure le plus gros importateur devant l’Allemagne et les Etats-Unis. Comme on dit vulgairement chez nous, le « beaujolpif » a troqué sa fillette contre quelques verres de saké. Le beaujolais nouveau, grâce à son goût léger et fruité, fait notamment fureur chez les femmes japonaises qui le préfèrent souvent aux breuvages typiquement masculins que sont la bière et le saké. Penser que les japonais ont du « nez » ou n’en ont pas est une hypothèse plus ou moins valable pour comprendre cet engouement. Mais elle demeure insuffisante. Amusons-nous à dénouer le fil de l’histoire afin d’imaginer comment le beaujolais nouveau a pu faire « tache de vin » au Japon. Tout a commencé en 1850 à cause d’une maladie qui frappa les élevages de vers à soie lyonnais. A priori, rien à voir avec notre célèbre beaujolais... (patience, lecteur !). Au milieu du XIXe siècle, Lyon est considérée comme « la ville de la soie », tant le précieux tissu domine son économie. Il s’avère donc indispensable pour le bien-être économique et le rayonnement de la ville d’assainir les élevages de vers à soie. Lyon importe du Japon des cocons à soie et exporte, en échange, ses fils naturels. En 1860, des négociants lyonnais entérinent le commerce de la soie entre Lyon et le Japon. Ils s’installent dans la concession étrangère de Yokohama pour y établir

des succursales d’import-export. Ces négociants auraient-ils caché sous leur veste deux ou trois fillettes de beaujolais nouveau ? Cette hypothèse peut être considérée comme une parole d’ivrogne mais une chose est certaine : japonais, fabricants, commerçants, étudiants, viennent à Lyon à partir du XIXe siècle pour découvrir la civilisation française et les procédés de fabrication très fins des produits de soieries « à la lyonnaise ». Des liens commencent dès lors à se tisser entre la capitale des Gaules et l’Archipel. En 1959, Yokohama est jumelée à Lyon et on recense fin 2005 dans le Rhône 1360 personnes originaires du Japon (qui boivent du beaujolais ! Cela reste à prouver). Sous son apparence institutionnelle, le « jumelage Lyon-Yokohama » évoque une histoire commune. Cette histoire induit une réappropriation et une réinvention par l’Autre de ce qui est considéré comme « nôtre ». Décontextualisé, un produit local peut acquérir de nouvelles facettes en fonction de celui qui le perçoit. Ainsi, vous serez surpris d’apprendre avec quelle innocence le beaujolais nouveau s’amuse au Japon à faire rougir des corps à moitié nus. Âmes sensibles, abstenez-vous de lire les lignes suivantes. Car... Attention... Mesdames et Messieurs..., au Japon, on se baigne dans le beaujolais ! (je vous avais prévenus). Un centre de remise en forme japonais, Hakone Kowakien Yunessun, situé près du Mont Fuji, à Hakone (ouest de Tokyo) a célébré le cru 2006 en proposant des bains au beaujolais nouveau dans l’un de ses « onsens » (thermes volcanique). Sans jeu de mots, cela n’est pas nouveau, car déjà Cléopâtre, la légendaire reine d’Egypte, adorait se prélasser dans un bain de vin. Il paraît que cette pratique est bonne pour rajeunir le corps. Moralité de l’histoire : du simple verre au produit de beauté, le beaujolais nouveau est « nippon ni mauvais »... Alors laissez-vous tenter... Imaginez ce que vous pourriez inventer avec du Saké. L . P.


kiblind et vous 1/Comment avez-vous connu Kiblind ? >En le prenant dans un bar, un restaurant ou un lieu culturel... >Bouche à oreille >Article dans la presse >Radio / Télé >Web 2/Le Lisez-vous : >À chaque parution >De temps en temps 3/Pour quelles raisons ? >Je trouve des informations sur ma ville >Cela me permet de découvrir de nouveaux artistes locaux >Je me tiens au courant de l’actualité culturelle de ma ville >Autres 4/La lecture du magazine vous a-t-elle donné envie d’en savoir plus sur les artistes présentés ? >Oui >Non

>> Complétez cette enquête. Si vous répondez avant le 31 mai, gagnez de nombreux cadeaux (places de ciné, festival, théâtre, une paire d’omega 3, etc.)

8/Repère-t-on facilement les différentes parties/rubriques ? >Oui >Non 9/Dans Kiblind vous lisez, par ordre de préférence (1,2 et 3) : >La partie information locale en début de magazine >La partie publication au centre du magazine (Pages Blanches) >La partie promotion d’artistes émergents à la fin du magazine 10/Y aurait-il des rubriques spécifiques que vous aimeriez voir dans Kiblind ? >Oui >Non >Si oui, lesquelles : 11/Une fois lu, conservez-vous Kiblind ? >Oui >Non

12/Combien de personnes lisent-elles votre exemplaire de Kiblind ? 5/D’acheter leurs œuvres ou aller les voir >Vos amis en concert ? >Votre conjoint(e) >Oui >Vos collègues de travail >Non >Votre famille 6/Le magazine Kiblind est-il agréable à 13/Quelle image avez-vous de Kiblind ? lire ? >Trop lyonnais >Oui >Innovant/différent >Non >Trop sérieux/obscur 7/Trouvez-vous la couverture >Tendance du magazine accrocheuse, attractive ? >Simple & Funky, l’esprit funky >Oui >Non

14/Vous êtes : >Un homme >Une femme 15/Vous avez entre : >15 et 20 >20 et 30 >30 et 40 >40 et 50 >50 et 60 16/Votre profession : >Etudiant >Salarié (préciser le domaine d’activité) >Sans emploi 17/De quel « budget culture » disposez-vous à peu près par mois ? >Néant >Entre 10 et 20 euros >Entre 20 et 50 euros >Entre 50 et 100 euros >Plus de 100 euros 18/Vous le répartissez plutôt dans (par ordre de préférence) : >Musique (Concerts, CD...) > Vidéo (DVD, Cinéma...) > Théâtre >Musées, Galleries, Expos... >Livre, BD...

Pour nous répondre, rien de plus simple >> Directement en ligne sur notre site www.kiblind.com ou par courrier à Kiblind - 4 rue des Pierres Plantées 69001 Lyon - en n’oubliant pas de mentionner vos nom et adresse afin de recevoir les places offertes.


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Victoria et le Vagabond (À paraître en 2008 aux éditions Marchand de feuilles)

+ Livre & Lire dans Kiblind : un inédit… En collaboration avec Kiblind, Livre & Lire vous propose de découvrir, dans ce numéro, un texte inédit d’un écrivain qui débute son parcours éditorial. Le texte de Mélikah Abdelmoumen est un extrait de son nouveau roman, Victoria et le Vagabond, à paraître en 2008 aux éditions Marchand de feuilles (Montréal).

Livre & Lire Livre & Lire est le mensuel du livre en RhôneAlpes publié par l’Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation (ARALD), association financée par la région RhôneAlpes et la DRAC de Rhône-Alpes. Il propose un regard sur la vie du livre et de la lecture dans notre région, présentée à travers la diversité de ses écrivains, de ses traducteurs, de ses éditeurs, mais aussi de ses librairies et de ses bibliothèques. Livre & Lire est disponible sur abonnement et consultable en ligne sur www.arald.org.

Dès la rencontre entre la quasi-nonagénaire et l’acteur vedette, voisins de palier, c’est le coup de foudre. Peter Kelman aura beau être appelé à voyager de par le monde, la force de son amitié pour Victoria Gryphe le ramènera inexorablement à elle, et il l’accompagnera jusqu’à son dernier souffle. La scène qui suit se passe peu après leur première rencontre. Victoria a invité Peter à dîner. La narratrice, Renée St-Cyr, est la femme avec laquelle Peter Kelman partagera sa vie, quelques années plus tard.


Le Dictateur est le premier film de Charles Chaplin que Peter Kelman et Victoria Gryphe aient regardé ensemble, lors de ce dîner en tête à tête, après avoir bu assez de verres de Villageoise pour que Pete ne soit plus même affecté par l’acidité meurtrière de l’inénarrable breuvage gryphien…    Il est arrivé à dix-neuf heures précises, avec des fleurs et une bonne bouteille de Côtes du Rhône. Victoria a mis une robe mi-longue à col rond et à ceinture de soie, aux imprimés fleuris noirs sur fond bleu. Elle porte toujours le même parfum floral, de l’ombre à paupières bleu pâle, et un rouge discret qui donne à ses lèvres un aspect velouté. Par-dessus la magnifique robe des beaux jours dont le parfum arrive mal à cacher l’odeur de boules à mites, un vieux gilet beige et, aux pieds, de petites pantoufles de laine bleue et noire assorties.    Elle fait grand cas du bouquet acheté par Peter au marché de la place.    – Hé, le gone ! C’est comme si tu m’connaissais par cœur ! Comment que t’as su que j’adorais les mimosas ?    Il lui fait un de ses sourires de cinéma :    – J’ai parié, madame Gryphe.    Elle a alors ce geste qui deviendra entre eux une manière d’exprimer leur tendresse ou leur amitié l’un à l’autre, lorsque les mots ne leur viendront pas ou leur sembleront insuffisants : elle lui pince la joue, avec un sourire malicieux.    La bouteille de Côtes du Rhône, par contre, ne semble pas trop l’émouvoir. Après un « merci » un peu distrait, elle la fourre au fond d’une armoire, et sort de son buffet de cuisine un litron de Villageoise. Elle invite Peter à prendre place à la petite table de la cuisine. Assis là, il voit, par la fenêtre pratiquée dans le mur et donnant sur

le séjour, la télé allumée qui diffuse le bulletin de nouvelles régional. Victoria l’écoute distraitement tout en s’occupant de sa pintade, qu’elle fait cuire directement sur les ronds du four à gaz, dans une immense cocotte jaune canari. Ça sent bon le beurre qui grille, la peau de volaille croustillante, et les petits pois verts aux lardons et aux zouanions qu’elle fait revenir à la poêle, en soulevant de temps en temps de sa main libre le couvercle de la cocotte pour jeter un œil presque amoureux à l’oiseau.    – Bon, on va y laisser comme ça et boire un coup… Ouf, j’suis toute déglinguée, moi…    S’aidant de la canne qu’elle garde toujours à proximité, elle vient s’asseoir à table avec son jeune invité.    – Tu voudrais pas aller prendre, en bas, dans le frigo… J’y ai mis deux petites rondelles de foie gras ! Tu crains pas, j’espère ?    – Non, au contraire ! Mais madame Gryphe, vous me gâtez !    Elle éclate alors d’un petit rire coquet, comme un gloussement un peu rauque, un rire de crécelle, avant de lui faire un de ses inimitables clins d’œil bleus et de lui dire, taquine : « Faut quand même pas que je me rate, le gone ! C’est pas tous les jours que je reçois une vedette du cinéma chez moi ! »    Il secoue la tête modestement, avant d’aller au réfrigérateur chercher les deux petits morceaux de foie gras achetés par Victoria l’après-midi même (et à grand-peine !) tout au haut des pentes, chez Monoprix.    Je suppose qu’ils ont peu parlé pendant le repas, mais qu’ils se sont beaucoup regardés, en souriant. J’imagine tout à fait, à cause de mes propres souvenirs de dîners chez madame Gryphe, les questions lancées par Victoria de temps en


temps, entre deux bouchées, pour s’assurer que son illustre hôte ne manque de rien. « T’as assez eu de foie gras, mon coco ? » « Elle te plaît, c’te pintade ? » « Allez, encore un p’tit coup de rouge ! » « Tiens, prends-moi la bouteille dans la porte du frigo, là… c’est du Kriter, pour fêter ça. » « J’t’ai pris un gâteau au chocolat mais moi j’en prendrai pas, hein. J’aime pas bien tous ces desserts pleins de chichis. Mais sers-toi, pour l’amour ! J’veux pas rester prise avec ! » « Dis-donc, le gone, tu manges pas beaucoup pour un gars de ta stature ! »    J’essaie de voir Peter comme elle devait le voir, assis là, peu disert, peut-être même un peu intimidé, certainement fasciné… Il porte sans doute une chemise colorée, impeccablement pressée, de cette coupe british cintrée, avec les poignets de manches très grands, longs et évasés, repliés nonchalamment mais avec un goût parfait sur l’avant-bras, le col empesé, déboutonné mais pas trop. Il a mis un jean noir, pour être propre sans être pompeux, ou peut-être ces pantalons fuseaux à rayures grises qui lui vont si bien… Je n’arrive pas à déterminer s’il porte ses inévitables Converse noires ou s’il a plutôt choisi, pour l’occasion, ses chaussures marron de cuir fin à bouts carrés… En revanche, je vois comme si j’y étais sa chevelure couleur pelage de renard, coupée ras, ses yeux gris aux longs cils brun-roux, ses joues rondes, et ses lèvres charnues, roses, toujours un peu gercées… Je vois Pete assis là avec Victoria qui savoure plus qu’elle ne parle, Pete qui la couve de regards attendris, se demandant par quel étrange coup du destin il se retrouve là, dans quel but, et ce qu’il doit apprendre de cette rencontre inattendue, de cette amitié improbable qu’il sent naître entre lui et la vieille dame dont il ne sait pas encore la mirobolante histoire.

Le repas fini, elle l’invite à passer au salon, lui demandant de poser sur la table à café le reste de la bouteille de mousseux et les deux flûtes de cristal. Elle lui indique quelque chose sur le sol, devant la télé. Peter comprend alors qu’elle a extrait de la chambre de son défunt fils un lecteur VHS et qu’elle l’a posé là, avec à côté, empilées soigneusement, une multitude de cassettes vidéo.    – Mais vous auriez pu me le demander, madame Gryphe ! Me dites pas que vous avez transporté tout ça toute seule ! J’aurais pu le faire, moi !    Pendant qu’il tente de comprendre le système de branchements à la française dont il ne sait pas encore que cela porte le nom mélodieux de « prise péritel », Victoria demande à Peter s’il lui a apporté un de ses films, à lui. Emmêlé dans ses fils électriques, le front plissé par la concentration, il fait le modeste, essaie de s’esquiver.    – Allez, le gone ! Fais pas ta timorée ! Prometsmoi que tu m’en apporteras un la prochaine fois !    – Entendu, madame Gryphe. Mais je vous laisserai le regarder sans moi, d’accord ?    – Hé, quoi, coco ? T’aimes pas bien te voir dans l’écran ?    – Pas trop, non. Au début, je voulais bien. J’avais besoin, même, de me voir, c’était comme si j’arrivais pas à m’entrer dans le crâne que c’était bien moi, là-haut… Mais maintenant, j’ai bien compris, ce n’est pas moi.    – Qu’est-ce tu m’chantes là ? C’est bien toi, pourtant ! J’y comprends rien, moi, à tes histoires…    Il essaie de lui expliquer cet étrange sentiment de dédoublement, de scission, de division, d’échappement à soi que lui a procuré, dès son premier film, le fait de retrouver sa propre image en mouvement, si proche et tellement loin…


Il lui parle de ce que ça a de morbide pour lui, des tribus qui croyaient que fixer quelqu’un sur pellicule lui enlève son essence… Mais il l’avait déjà perdue aux mots « sentiment de scission ». Au bout de quelques minutes de cette tirade un peu complaisante, elle l’interrompt.    – J’ai bien compris c’que tu veux dire, le gone. Seulement je trouve que t’y te compliques beaucoup pour pas grand-chose ! C’t’une belle chose, le cinéma. Ça peut changer des vies. Le reste, on s’en fiche, non ?    Il sourit. Parce qu’il sait bien qu’elle a raison. Parce que depuis le temps où il s’est mis à intellectualiser le drôle de sentiment de perte, de déception, qu’il éprouve chaque fois qu’un film dans lequel il a joué est terminé, il a arrêté de vraiment se demander pourquoi. Pourquoi il est toujours un peu dépité. Et ce qui lui manque.    – Si on se regardait un Charlot, mon coco ?    Et c’est alors qu’ils regarderont Le Dictateur que Pete comprendra. En voyant Charles Chaplin, l’homme-cinéma… Charles Chaplin, l’hommeorchestre qui allait toujours jusqu’au bout… Charles Chaplin, le créateur total, qui pour dire ce qu’il avait à dire s’appropriait la page blanche, la pellicule, un violon, la lumière, les textures des tissus, une fausse moustache, le son d’une porte de voiture de luxe qui claque, les monuments publics. Charles Chaplin qui réinventait le langage. Charles Chaplin, vagabond sublime au petit corps infiniment meurtri, gracieux, animal, poétique.

Mélikah Abdelmoumen

Alia, un roman de révolte Alia est une jeune femme qui manie l’autofiction comme une arme. Écrivain en profonde révolte contre sa famille, menteuse géniale et actrice hyperactive de son auto-destruction, l’héroïne du roman de Mélikah Abdelmoumen, sorti en 2006, porte avec elle une souffrance étouffante, qui la tient éloignée de l’acceptation du bonheur. Alia est un roman qui joue – ou plutôt ne joue pas – avec l’urgence de l’intime et l’écriture de la mise en scène de soi. Un voyage littéraire au cœur du mensonge et de la vérité. Laurent Bonzon ( Mélikah Abdelmoumen, Alia, éditions Marchand de feuille, 2006. >>www.marchanddefeuilles.com Mélikah Abdelmoumen est née au Québec en 1972. Elle poursuit une thèse de doctorat sur l’autofiction, et elle est l’auteur de plusieurs nouvelles et articles, ainsi que de quatre romans. Avant de s’établir à Lyon, en 2005, elle a été enseignante à l’université de Montréal et scénariste. Elle est arrivée à Lyon à l’occasion d’un échange doctoral entre l’Université de Montréal et l’École normale supérieure, et a décidé d’y vivre et d’y écrire.


Chronique du zinc Elle voudrait : Sur un escalator qui monte vers les niveaux duty free, dans une robe très légère. Elle stoppe et observe. Ses moonbootz à talons l’emmènent dans un café ôdgamme. Lorsqu’elle entre dans la salle, tout le monde se tait. Elle traverse. Ca chaloupe, la robe sursaute de gauche à droite, laissant se dévoiler des steppes. Elle humecte, délicieuse. Mais : Le regard las sous les cernes, une cigarette dans le cendrier du vestiaire, elle enfile l’uniforme, elle entend y’a du monde, grouille toi, mais finit d’accrocher son tablier, lentement, bien décidée à fumer cette clope. Face au miroir, proto coupe afro qui n’a pas tenu, malgré le gel, malgré la laque, malgré des tortures – pas les cheveux pour ça. Dans un coin de la tête, sous les yeux qui piquent, super envie d’envoyer tout valdinguer. Alors forcément : Lorsque le vicomte Amex lui sort son sourire de vendeur de bagnoles, ses dix bagues et ses deux blagues, elle a la baffe qui démange, et lorsqu’il ose palper un centimètre carré de ses hanches, comme la garantie d’autres trucs, elle a envie de lui en mettre une. Allez, on se paye le luxe. Elle pose son plateau sur la table, remonte un bras de chemisier et serre le poing correspondant. Mouvement d’avant en arrière. Le golden boy la regarde avec des yeux énormes, sa moustache tango surfrise aux extérieurs. Le coup part vite, percute la rangée de dents de devant Luc Akicia 1/3


Le réflexe de collection Appartement vaste – fin de soirée – salon aéré sur baie vitrée – de grandes peintures abstraites, du blanc sur les murs, au centre : Je nous imagine vociférant l’un face à l’autre, dans une cuisine dévastée, je nous vois et les insultes qui iraient avec. C’est une possibilité, je nous vois une fin comme ça, à tout casser. Cela ne m’effraie pas, cela n’arrivera pas. Elle a commencé à hurler ses trucs de gonzesse, elle gueulait, elle gueulait enculé ENCULE elle a essayé de me mettre une baffe et elle s’est reçu un direct du gauche en retour. Par terre. Elle a l’air cassée. Ce sera peut-être plus sournois. Ce sera, au choix : la coutume commune – les repas à heure fixe – les visites aux amis, les visites programmées... L’ennui est une possibilité, c’est vrai. Mais je n’y crois pas une seconde, parce que tu souris, et chaque fois je me sens renaître, au prochain sourire – elle m’a souri ! – je suis heureux quand elle sourit. Elle ne bouge pas depuis vingt minutes. Sa respiration, imperceptible, elle ne vibre pas. Je l’ai sans doute tuée, le regrette sans pouvoir y changer grand chose. Elle aurait pas dû me faire chier, ce boulot je vais le trouver putain, comme ça à jacter, putain, TOUS les francs c’est pour madame, elle s’achète des robes hors de prix. J’ai encore mal au poing. Je l’ai salement cognée. Plus ma main filant sur tes cuisses vers le sombre, chacun de mes doigts ripant sur le cuivre, plus... On dirait presque qu’elle dort. Mais sa joue est rouge de sang, je suis accroupi à son flanc. Luc Akicia 2/3


Eldorado Ciel bleu immaculé, vaguelettes à peine le long de la coque... Le bateau tanguait de manière curieuse depuis quelques minutes, puis le fleuve redevint paisible. On entendait à peine le vent frotter son dos contre les arbres. Tout était calme dans l’Eldorado. Les cheminées noires d’Antes Del Mar venaient de passer derrière l’horizon. Ulrik venait d’entamer une partie d’échecs avec l’iranien, ils s’étaient installé au soleil sur le pont. L’Amazone était plongée dans un étrange silence. Plus de chants d’oiseaux, plus d’animaux rampant contre les feuilles mortes sur la rive, aucun mouvement sur des hectares, comme si la nature se préparait à un événement effroyable. Tous les passagers s’étaient tus. L’un d’eux fixa alors un point, loin devant le bateau, où l’eau semblait bouillir, comme un début de tourbillon, qui se rapprochait de l’esquif à très grande vitesse. La vague atteignit l’embarcation de plein fouet, et l’on put sentir, grognant sous la coque, le frottement d’une bête énorme. Ulrik avait sorti son arme, Eva le rejoignit pour le serrer. L’horreur qui surgit alors de l’eau était un monumental ver de couleur noire, il devait atteindre les vingt mètres de hauteur, de sa peau suintait un liquide de couleur crème, dont la puanteur fit vomir Eva. Ulrik tira le premier, immédiatement accompagné des trois autres passagers. A chaque impact de balle, le cuir de la bête laissait échapper d’énormes cloques.

Luc Akicia 3/3


S

oleil sur la rue de la République, se lève, oblique, chagrin, joyeux La vie peut bien attendre Que j’aille me coucher…cinq heures l’heure sans pourquoi…six heures Tu meurs tu meurs D’une tumeur j’en mourrai mais la vie peut bien attendre Pour appeler la mort Que j’aie goûté l’amour sifflé l’horizon et giflé les salauds Le front sur toutes les poutres les pieds sur toutes les lunes les yeux sur son corps-dune Ma bouche sur sa bouche-prune Des louches de vie par jour, j’en bois, j’en bois, et j’ai toujours aussi soif Ils cherchent la thune je cherche le temps je cherche les mains Je m’assassine La vie se vengera De toutes mes fuites nocturnes Parce qu’on m’a toujours dit : la vie n’attendra pas Je suis derrière elle et je me traîne neuf heures du soir J’avale le Rhône et mange la ville du regard Tu m’attends, dis ? Elle n’a pas répondu, elle est passée, méprisante, je l’avais tant haïe Tu m’attends, dis ? Attends-moi Juste quelques années Tant que la vie pourra attendre je me murerai dans l’attente et la cacophonie Ce bruit dans les tympans Vampire joli Solide empire, où les regards sont fébriles Je ne suis tellement pas elle que lorsque je la croise je ne la reconnais pas

Dans le brouillard de fumée et de sons rauques Les yeux injectés de temps Bien si la vie peut attendre j’irai me perdre à ses lèvres Au risque d’en mourir éveillée Et de tomber parmi les pieds dansants les baskets sales J’irai me pendre à mes rêves par terre dans les verres fracassés Dans tous les lacets gris de poussière amassée J’irai me vendre à leurs verres dans leurs rêves fracassés La vie pourra attendre Que j’aie tout lynché d’osmose Et léché toutes les routes et séché toutes mes bières Et rempli mille soutes à souvenirs pour les futures soirées d’hiver Imagine ma tristesse Quand l’espoir se casse en deux d’avoir trop tiré sur sa laisse Tu m’attends ? Tu m’entends ? J’ai beau crier j’existe, j’existe, et m’enivrer, et courir les bars Le temps défie mes ruses Et la liste est longue encore, après les jours juste secondes Il ne restera rien et la liste des futurs et des corvées Est si longue quand aujourd’hui sera liste du passé Après après aujourd’hui, les marches sur lesquelles nous somme assis, scrutant l’horizon Il faudra les monter Elsa


... envoyez vos oeuvres www.kiblind.com Bertille SAUNIER

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Grégory BROSSAT

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Romain JENANCKER

romain.lenancker@laposte.net www.cpluv.com/LENANCKER (Photographie Carnets)

Pierre-Louis BOUVIER www.mister bouvier.com (Ville éléctronique)

Mélikah Abdelmoumen

Extrait de Victoria et le vagabond - Inédit En partenariat avec l’ARALD (Roman)

Luc Akicia

minakuria@hotmail.com (Prose)

Elsa BEAU

ziggy86@hotmail.fr (Poésie)




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Bazart

dossier

culture en chantier

dossier

Étude des fondations du projet porté par l’association Chantier Public qui invite chaque trimestre des artistes à construire ensemble des nouvelles façons d’exposer. Les plans sont échafaudés dans 200m2 mis à disposition par le collectif inter-associatif Grrrnd Zéro, non loin de Gerland. Chantier en forme de récit, récit en chantier.


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’histoire commence quelques années en arrière, lorsqu’une bande de passionnés de la scène indépendante forme le Grrrnd Zéro et décide de rentrer en résistance pour qu’un lieu de diffusion qui lui serait consacré existe à Lyon. Un squat prolongé, quelques luttes avec les autorités et de nombreuses négociations plus tard, la ville confère en octobre 2006 à Grrnd Zéro un espace de 1200 m2 à Gerland sur la base d’un projet culturel inter-associatif. Ce lieu, qui appartenait à une ancienne entreprise, est mis à disposition du collectif jusqu’en mars 2009 avec un préavis de quatre mois pour chacune des deux parties. L’idée de créer un espace de création est rapidement relancée. Elle existait en effet déjà à la période du squat et fut en plus mentionnée dans la convention signée avec la SACVL [Société anonyme de construction de la Ville de Lyon], grâce au soutien de la mairie de Lyon. L’association chargée de gérer cet espace sera Chantier Public, du nom raturé de l’ancien chantier interdit au public. Partant du principe qu’il faut certaines compétences spécifiques pour faire des « expositions », le collectif Chantier Public est formé de six individus qui œuvraient déjà dans le milieu de l’art à des degrés différents. Ils sont proches des membres du Grrrnd Zéro, connaissent bien le projet de la structure-mère et défendent une certaine manière d’appréhender un lieu d’ « expositions ». L’association est légalement créée cet été. Elle s’occupe dans un premier temps de réhabiliter et rénover les 200 m2 mis à leur disposition. Ils ont les clés fin octobre. La première exposition a lieu le 9 décembre.

qui prendra la forme d’une expérience partagée. En effet, les quatre à cinq artistes nationaux et internationaux, présents chaque trimestre sur le chantier, bénéficient d’un atelier unique où ils se côtoient à la fois entre eux et avec le public. Le fait de travailler « ensemble » crée des passerelles entre les résidents, passerelles qui peuvent influer, ou non, sur les œuvres réalisées, créer, ou non, une certaine porosité entre les personnes présentes. Concrètement les membres de Chantier Public invitent donc les artistes à construire ensemble une « exposition » qui donnera l’occasion de trois rendezvous avec le public « tous les premiers mercredis du mois, jour où à midi les sirènes retentissent en ville » : >> « En début de cycle, “premier coup de pioche” : les invités accueillis depuis une quinzaine, occupent pour la première fois la plate-forme dans l’urgence. L’équipe de Chantier Public invente un événement, contexte de ce premier rendez-vous ». >> « Le mois suivant, “visite de chantier” , en construction et en l’état. Les résidents organisent pour l’occasion un mini concert, une lecture conférence, une performance, une diffusion, un repas, un concours, une élection et/ou une fête ». >> « Le dernier mois, l’ “état des lieux inaugural” s’apparente à un dé-vernissage suivi d’une permanence en soirée durant 1 à 2 semaines ». Trois temps donc, pour faire d’un public à la curiosité aiguisée le témoin d’un ouvrage partagé. Dans un autre coin du chantier, les allers et retours s’effectuent aussi entre les artistes et le collectif de Chantier Public. Ceci afin de rendre l’expérimentation totale.

Fondations///////////////////////////////////////

La réflexion permanente menée par les différents membres de Chantier Public et leur volonté de ne pas répéter des schémas préexistants les conduisent à réévaluer en temps réel la portée des actions menées. En incluant par exemple un des leurs en tant qu’artiste dans la première résidence organisée, ils tentent de mesurer de l’intérieur les risques d’une orientation engagée. Des interrogations surgissent ainsi du rapport que les membres de Chantier Public entretiennent avec les artistes d’une part et le public d’autre part. Dans le premier cas, cela tient à un engagement

Le premier objectif du collectif est de montrer l’existence du lieu et de créer une dynamique. Avec une rapidité détonante, les membres de Chantier Public ravivent donc leur réseau d’anciens et actuels élèves des Écoles des Beaux-Arts de Lyon et Grenoble et bétonnent une première exposition. La réflexion se porte dans un premier temps sur ce qu’ils ne veulent pas, un lieu d’exposition classique, et se poursuit sur ce qu’ils désirent mettre en place, un lieu de recherche. Le but est de proposer un espace de résidence pour des « jeunes » artistes

Précautions sismographiques//////////


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liens entre les membres de Chantier Public et les résidents existent nécessairement pour le bon développement du projet. Le collectif interfère même parfois dans la manière de travailler des artistes et dans leur rapport au public, chose impensable au début du projet.

Installer le concept/////////////////////////

initial du collectif d’interférer le moins possible dans le travail des artistes résidents. Pas de rôle de tutelle et encore moins une quelconque mutation en forme de censeur. Malgré tout, à l’issue de la première résidence, il a fallu redéfinir le rôle du collectif vis-à-vis des résidents. Dans le programme initial, tel qu’il a été pensé, les artistes sont supposés être en résidence et doivent donc être présents de façon quasi continue dans le lieu afin de faciliter cet échange entre eux et une ouverture dans leur travail. Chantier Public est ainsi composée de quatre espaces privatifs et aménagée pour permettre un minimum de confort de vie au quotidien. Seulement voilà, les premiers artistes invités n’étaient pas souvent là. Étant en majorité des personnes de la région et le lieu n’étant pas chauffé, ils ne venaient pas systématiquement. Le collectif a donc dû mettre l’accent sur l’aspect « résidence » au sens « d’être à résidence » . Il est toutefois difficile de contraindre des artistes qui, dans une résidence classique, ont pour habitude d’être rémunérés. Les membres de Chantier Public ont l’impression de demander beaucoup en échange de la simple présence dans le lieu. Ils essaient par conséquent de rendre ce dernier le plus confortable possible. À base de système D ou de connexions diverses, ils se sont donné pour mission de satisfaire au moins les besoins en matériel de production des occupants. Ils tentent par exemple de mettre en place un système de mécénat direct avec quelques entreprises. Celles-ci donnent directement du matériel en fonction d’une commande précise à un moment donné. De la même manière, les artistes doivent être au courant des problèmes rencontrés et du fonctionnement en général. Finalement, les

De manière générale, des artistes en résidence se sentent obligés de produire afin d’avoir quelque chose à montrer au public. Seulement dans le cas de Chantier Public, les rendez-vous mensuels, mise à part la troisième date qui vient clôturer le cycle, ne sont pas des dates butoirs de réalisation. Il n’y a pas de nécessité de réaliser une pièce. La seule chose importante est la présence de l’artiste en tant qu’il est le médiateur direct de son travail en direction du public. Toutefois, cette posture singulière est parfois difficile à imaginer pour les résidents. Elle implique le partage et la communication vers les visiteurs. Finalement les membres de Chantier Public redeviennent ces curateurs tant redoutés par euxmêmes. Ils se doivent de préciser les non-objectifs de la résidence aux artistes qui sont conduits à se détacher de l’aspect classique du vernissage. Quant au public, il ne peut se restreindre à n’être qu’un simple consommateur d’art passif mais doit participer à l’échange. L’adhésion obligatoire est un moyen de financer l’association qui, hormis le lieu, ne reçoit pas de subvention. Mais c’est aussi une manière d’inclure le public dans un processus de recherche qui repose finalement sur le principe suivant : l’art n’a de valeur que s’il produit de l’échange. Plus loin qu’un simple projet de résidence artistique, Chantier Public évolue simplement en fonction des gens qui y participent. Artistes, public, membres du collectif, tous contribuent à une tentative originale, témoin d’une nécessité d’action et d’expérimentation. À eux de conclure : « Les orientations conceptuelles et plastiques que nous prenons sont liées à notre économie restreinte. C’est un choix délibéré. La réussite du projet repose sur l’autodétermination des artistes, l’énergie de chantier public, l’implication des partenaires et la participation du public ».


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Le prochain rendez-vous Chantier Public n°#5 (sans titre) aura lieu le 4 avril à partir de 18h. L’étape suivante aura lieu le 2 mai et l’expo finale le 6 juin. Les artistes résidents sont >> Alice Nikitinová/////////////////////////////////////// + née en 1979 à Žatec, République tchèque + études de peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Prague de 1998 à 2004 + dernière exposition: “Práce“ // galerie NOD // 2007 // Prague + site: http://hs36.org/alice/ Exposition “Práce”(=travail) // galerie NOD // février-mars 2007 // Prague

Richard Compte/////////////////////////////////////// + né en 1971 à Ambert + presque auto-didacte + dernière exposition : “Télémétries, artistes et télévision” // Espace d’art contemporain de Nanterre // 2007 “Petite annonce”

Sarah Foulquier////////////////////////////////////// + née en 1983 à Avignon + DNSEP à l’école supérieure d’art de Bourges en 2006 + dernière exposition : “Première” // Abbaye St André // Cac Meymac // 2006 + site: http://www.paris-art.com/expoperso/ Fontaine à jets d’arbre // projet mené durant la résidence

Ivars Gravlejs////////////////////////////////////////// + né en 1979 à Riga, Lituanie + études de photographie à la FAMU Prague de 2000 à 2006 + dernière exposition: “New wave in photography” // Gallery Lumen // Budapest // 2006 + site: http://www.ivarsgravlejs.com/ “One drunk man afet school party in Riga” extrait de la série “my potographs”

+ d’infos sur www.chantierpublic.org

J. M.




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electrochoc#2

++ festival

Produit par la SMAC des Abattoirs du 30 mars au 14 avril, la deuxième édition du festival européen des musiques électroniques fort judicieusement nommé Electro Choc devrait (ré)animer les belles nuits tout juste printanières du Nord Isère.

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idèle à leur credo culturel, les Abattoirs ont commencé depuis cette fin mars à présenter le large spectre du genre musical benoîtement désigné par l’appellation « Electro ». La SMAC [Scène de Musiques ACtuelles] berjallienne, qui entretient en effet depuis sa création le feu sacré de la mission pédagogique que toute bonne salle devrait s’imposer d’elle-même, a donc convié une trentaine d’artistes et une poignée d’intervenants européens et mondiaux à venir s’exprimer en ses murs. Concerts et show case bien sûr, mais aussi expos, collectifs vidéos, ateliers de création et conférences sont autant de déclinaisons de l’objet choisi par les Abattoirs. Musique polygame par essence, Electrochoc présente à la fois les genres connexes rattachés à la nébuleuse électro et les univers propres d’artistes issus de cultures diverses. France, Japon, Grèce, Mali, Madagascar, Israël, EtatsUnis, Allemagne, Pays-Bas, Slovénie, Royaume-Uni… les notes s’envolent d’autant de contrées différentes pour poser aux abattoirs leurs petites ailes chargées d’histoires, de sensibilités, de couleurs différentes. Electrochoc est en ce sens bien un festival de la découverte d’un univers, et non une jolie enfilade de têtes d’affiches bankable sans véritable cohérence.

Il y a là des artistes émergents, et parmi eux quelques étrangetés qui valent le détour : la porn pop déjantée des Asian Z, le set exclusivement 1977 de DJ 77, les 5 frères et sœurs (d’une fratrie de 15, une famille d’une vigueur exceptionnelle…) de N’Java. Il y aussi des perles qui forcent le déplacement, comme le retour plus qu’attendu du défricheur EL P, les élaborations alchimiques du Sayag Jazz Machine ou les mélopées façonnées par Wax Tailor. De l’électro en veux-tu en voilà, dub, world, Hiphop, jazz, rock ou pop : une tuerie de festival aux Abattoirs, en somme. G. J.

+ Festival Electrochoc Du 30 mars au 14 avril Les Abattoirs Bourgoin-Jallieu (38) + Contacts http://lesabattoirs.bourgoinjallieu.fr/ Tél : 04 74 19 14 20

07 Folles en 20 al des Dindes budget trop de Pas de Festiv e us ca ur année po déjà sur Annulé cette chent d’ores et nisateurs plan ements én év s tre serré, les orga stival, et sur d’au fe du ril, avec 08 av 20 n 14 l’éditio ape le l’année. 1ère ét mis dans ur Fo s De tout au long de et s Mes Anjes Noire Céline Blasco, 04 74 67 40 17 eignements >> ns Re . les Mains



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musique

kamenko (crven)

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)) musique

Orchestre de poche de quatre musiciens, Kamenko est un mélange de Klezmer, de Balkan et d’improvisation. Une teinte singulière à importer dans son salon, grâce à la sortie de leur pemier album : Crven.

Kamenko est une fanfare klezmer et macédonienne. Kamenko n’est pas une fanfare klezmer et macédonienne ». En jouant sur le registre plein de paradoxes des musiques d’Europe centrale, cette teinte qui oscille si vite entre joie et tristesse, Kamenko est une interprétation de répertoire Klezmer (musiques juives d’Europe centrale), de musique des Balkans (Macédoine, Bulgarie, Albanie, Serbie) et de traditionnel français. Sous-titré « orchestre de poche poétique », le nom de la formation part d’un acronyme qui s’avéra fortuitement signifier « homme de roche » dans les Balkans. Et comme le hasard fait si bien les choses, la musique de Kamenko laisse une place de choix à l’improvisation, à l’arrangement libre et aux tentatives de mixité sonore. Bref, la créativité prime sur l’emprise du traditionnel, mais sans jamais le caricaturer et toujours avec beaucoup de déférence à son égard.

FANFARE DE POCHE

Tous issus d’univers musicaux différents, du classique au rock en passant par le traditionnel et l’improvisation, les quatre musiciens de Kamenko apportent leur touche singulière au vaste champ des musiques de l’Est. Et même si leur formation peut sembler réduite pour une « fanfare », ils dispensent

une telle énergie et une si vive exubérance sonore que tout est là : des clarinettes (Xavier Blanchot) haut perchées et déroutantes de vélocité, un accordéon (Elsa Ille) tour à tour lancinant et aérien, un tuba acrobatique (Loïc Mortimore) qui saute de rythmes graves en mélodies improbables, un attirail de percussions (Myriam Essayan) énergique et surprenant. Et il suffit de les voir sur scène, ou sous yourte (comme au parc Chazière, fin janvier), pour appréhender toute l’énergie générée par cette fanfare de poche. Mais à défaut d’une immersion totale, leur premier album Crven, fraîchement sorti, est un aperçu sincère de cette atmosphère musicale. Une petite boîte à musique, capable de transformer un salon en salle de bal. J. T.

+ Infos/contact Sortie fin janvier de l’album Crven Extraits en libre écoute sur kamenko.fr + Prochaines dates 12/05 : Kiosque à Coulisse de Crest (26) Cet été : Dimanche de l’Île Barbe et Jeudi des Musiques du monde

MUTANT SHEEP PARAL-LEL // UPGRATE TO éléctronique du duo de m albu vel nou ent cell L’ex ionalement le 14 mars. BEE RECORDS est sorti nat maintenant pour éviter À écouter et à acheter dès www.paral-lel.org >> t tac Con on. tati toute mu


cause (pr?face)

)) musique

Cause interprète un rock sombre mélangeant « gros son », rythmiques prenantes et gimmicks électro.

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’histoire a dû commencer au fond d’un garage. On l’imagine ainsi. Une cause, pour refaire son monde, deux frères et « deux amis de 30 ans », une banlieue du Sud de Lyon. Aujourd’hui, on ne roule pas plus des mécaniques, mais le garage s’est transformé en studio et les quatre inséparables (Jérôme au chant et à la guitare, Vincent à la batterie, Raoul à la basse et Sylvain à la guitare) en groupe qui fait du bruit. « La cause, il n’y a rien d’autre. C’est ce qui t’anime dans la vie », explique Jérôme. Chez eux, c’est la musique, le « gros son », mais celui qui sait aussi changer de rythme et passer d’un refrain frénétique à une coupure électrique. En 2005, le groupe sort le 4 titres Maximal, vendu à plus de 1000 exemplaires. Un succès qui s’explique par la diffusion du morceau éponyme sur les ondes locales, et par les concerts, nombreux, potentiellement explosifs. On y revient, à la cause. En novembre 2006, le groupe signe Pr?face, un album de 10 titres. Le son, « gros » mais clair, en est la lumière : ils sont allés jusqu’en Angleterre pour trouver celui qui leur semblait le bon. Commencer par la préface : trois morceaux furi-bons qui vous AVENTURE EN AMAZONIE A la recherche des couleurs du mond e et plus particulièrement de celles du Brésil, le resto galerie le Pain de Sucre expose les oeuvres de Julie Blanchin, jusqu’au 30 avril. Le Pain de Sucre, 82 rue Masséna Lyon 06. >> www.julieblanchin.fr ou www.lepaindesu cre.fr

décoiffent le poil des oreilles. Glissé dans l’ipod entre Cat Power et Charlie Mingus, il y a sûrement une Cause à effet. Puis « Brûle encore » et « Rien ne compte », plus calmes, tentent leur chance : à juste titre(s). La deuxième moitié de l’album alterne faux calme et vraie remontée rock, à l’image de « Perdus dehors » ou de « Je sais (version A.31) », bouquet final fleuri de cordes (guitares, violon) et d’arrangements réussis. Les textes sont parfois en retrait par rapport à la musique, mais Jérôme s’y applique, en français : « On a des choses à dire, on veut qu’on les comprenne ». Les mots sont simples, les rimes, chacune à leur place. Il y a de la fleur du mal, noire, mais de la vie aussi, celle qui, comme le rêve, « brûle encore », ou se fait « sans programme ». Cause toujours, et enfin. Parler des dates qui s’enchaînent, du temps qui se prend, de la dynamique de professionnalisation... Le groupe a déjà fondé une structure juridique, Orage, et cherche actuellement une résidence artistique. « Le reste suivra », comme le dit un morceau de Pr?face. Be Cause… G. V.

+ Discographie Maximal, 4 titres (2005) // Pr?face (2006) + Concerts 13/04 :le Mistral Gagnant,Grenoble (38) 12/05 :le Greni,Condeissiat (01) + Contacts www.pure-cause.com contact@pure-cause.com


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musique

benjamin fincher

)) musique

Groupe Pop/rock à la douceur juvénile et aux sonorités atmosphériques, Benjamin Fincher s’écoute comme un ami intime : avec un verre et sur un canapé de qualité. Nubuque.

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ls sont le plus souvent trois et en acoustique. Deux guitares et un violoncelle au service d’une pop discrète et impeccable. Ils sévissent cependant parfois sur les scènes lyonnaises, accompagnés d ‘un batteur et d’un bassiste, en s’énervant quelque peu. Ce sont les Benjamin Fincher, un nom dont on ignore la signification. Peut-être une de ces connaissances proches qui vous susurre ses faiblesses au creux de l’oreille mais vous fascine par sa sensibilité. Peut-être un ami invisible qui vous transperce par sa fragilité… Juste là, assis à côté. Les trois Fincher viennent de la Drôme, sont encore étudiants et se connaissent depuis pas mal de temps déjà. Jean-Baptiste, chanteur et guitariste, a décidé, après un séjour au Canada d’un an, de formaliser ce trio accompagné de Thomas et Vincent. Ils officient ensemble depuis lors et ont dernièrement œuvré dans toutes les salles lyonnaises où la scène pop/ rock émergente peut s’exprimer. Près de 30 concerts et un maxi autoproduit sorti en novembre 2006, titré Sea Songs EP, ont marqué l’année Fincher. Elle continue avec l’aventure Dandelyon, tremplin de qualité, qui a vu le groupe selectionné pou le concert du 21 mars au Ninkasi Kao en compagnie de S. et Coming Soon. Il leur reste à trouver un distributeur ou un label à même d’accompagner ce désormais fameux Benjamin dans ces aventures acidulées.

L’enregistrement de leur premier album aura lieu cet été avec une sortie prévue à la rentrée. En attendant, vous pouvez les découvrir au Café Citron le 27 avril ou dans la compilation Dandelyon qui sortira début mai. Le mieux étant de savourer les quatre titres présents sur Sea Songs Ep, tranquillement installé sur le velours de votre canapé. Imaginez une conversation muette avec Tim (Buckley), Elliot (Smith), Syd (Matters) ou Ben (Fincher). Les écouter. L’esprit tranquille et léger. J. M. + Infos Sea Songs EP , Maxi de 4 titres autoproduit, est disponible sur www.reshape-muic.com + Concerts 27 avril au Café Citron Plateau Dandelyon,Fête de la Musique + Contacts www.benjaminfincher.com myspace.com/benjaminfncher + Crédit photo Loll Willems MANGO AU KAO Mango Gadzi, les tsigane s perchés dont on vous avez parlé dans Kiblind N°13, se produiront au Ninkasi Kao le 19 avril pro chain. Ils seront suivis par Les Doigts de l’Ho mme, groupe de jazz manouche à guitariste stu péfiant. + d’infos >> www. mango gadzi.com



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théâtre

les carnets du lézard dramatique

:: théâtre

Depuis 2002, la compagnie lyonnaise LZD-Lézard Dramatique développe ses Carnets Sud/Nord, passerelle de création entre villes africaines et européennes. Fin avril elle présentera au Nouveau Théâtre du 8e une de leurs pages récentes : Un grand silence prochain.

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es Carnets Sud/Nord sont un laboratoire mobile de créations théâtrales et musicales. Véritable résidence itinérante, avec des créations, des stages, des actions artistiques dans chacun des lieux visités, leur vocation est de créer, à travers les expériences vécues sur les deux continents, une « collection de formes vivantes du théâtre musical contemporain ». Des formes originales, créées en collaboration avec les artistes locaux, remplies des cultures visitées et de leurs modes d’expression artistique : spectacles, récitals, concerts, performances. Pour le metteur en scène du Lézard dramatique, Jean-Paul Delore, ces Carnets visent à conjuguer trois obsessions : « celle de construire des spectacles à partir de rencontres déterminantes, celle du théâtre musical et celle de l’Afrique Noire ». Et depuis 2002, le laboratoire mouvant a en effet multiplié les expériences et tissé des liens avec de nombreuses villes africaines : Brazzaville (République du Congo), Kinshasa (république démocratique du Congo), Maputo (Mozambique), Bangui (République Centre Africaine), Libreville (Gabon), ou encore N’djaména (Tchad).

UN GRAND SILENCE PROCHAIN

Un grand silence prochain est l’une des pages de ces Carnets Sud/Nord. Comme il s’agit toujours

de rencontres décisives, ce spectacle est né de la complicité unissant Jean-Paul Delore et l’artiste congolais Dieudonné Niangouna. Sur scène, les deux hommes campent un peintre et son modèle dans un atelier. C’est l’histoire d’une complicité sincère, qui sillonne la gamme des relations que peuvent entretenir deux personnes qui se connaissent plus que toute autre, depuis longtemps reliées par la création artistique, ellemême outrepassée par une amitié profonde. Entre excès et apaisement, les comédiens désorganisent leurs divagations sur fond poétique, avec la participation ambiante de deux musiciens. J. T. + Prochaines dates Au Nouveau Théâtre du 8e : 27/04,28/04,2/05,3/05 et 4/05 + Contact LZD 04 78 58 17 55 lezard.dram@free.fr

LYON HORS PISTE Depuis février, la bande parisien ne de Hors Piste Cinéma investit les pentes de la Croix-Rousse et propose à tous une incursion entre patrimoine local et références cinématogra phiques. A vous de réunir une équipe de tournag e et de parodier des scènes de films cultes. + de renseignements >> paris-ho rspiste.com



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festival

++ festival

noir sur blanc

Après une édition uniquement algérienne, Noir sur Blanc revient en Rhône-Alpes du 13 au 18 mai avec ses valises, ses amis et un Acte III plein de surprises et de générosité.

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orsqu’on rencontre l’ardente instigatrice et défenseuse du projet franco-algérien Noir sur Blanc, on sait que c’est un amour passionnel, viscéral, qui régit et la femme et le festival. L’amour d’un pays, l’Algérie, et de ses artistes si vivants et souvent si peu visibles… Acte I, à la Recherche des Liens d’Amour dès 2002, prologue à l’année El Djazaïre en France. Sur une demande de la mairie se met en place aux Subsistances une résidence d’écritures… Suivra une semaine d’actes artistiques divers, avec la participation de 25 personnes d’Algérie et 25 de France. Et déjà des créations musicales, du théâtre, des lectures publiques, des tables rondes.

Le ton est donné, le vent dans les voiles

La région s’intéresse de près à l’événement et propose, outre Alger et Lyon, d’inclure la ville de Sétif a cette dynamique de promotion réciproque des langues, cultures et créations. Riche idée qui permet de voir naître l’acte II en 2004-2005, les Nouveaux Langages. Théâtre, cinéma, musique, tables rondes, arts plastiques ou lectures publiques,

la parole libératrice qui montre les choses, les fait vivre, traverse chacun de ces arts. L’oralité est sans intention première au centre du processus, comme la nuit éclaire le jour. Acte III. Noir sur Blanc est une forme belle et épanouie de la diversité. Celle de deux pays et cultures, celle des langues (arabe, française, kabyle…), celle des formes artistiques, des invités, du savant et du populaire. 60 intervenants, artistes et acteurs de la société civile, 20 de Sétif, 20 d’Alger et 20 de Lyon pour un éclectisme flamboyant, où les fêlures d’un peuple cicatrisent avec les mots, où le Hip-Hop croise le théâtre, où Bukowski se fait algérois, où un cinéaste algérien clipe la chanson écrite par un gamin des pentes… Chacun vient avec quelque chose de précieux que l’autre n’a peut-être pas. Chacun partage la pédagogie, les lyonnais apportant un peu de leur stabilité professionnelle, les algérois et sétifois la sève qui nourrit la fibre artistique créatrice. Rêve et vol d’oiseau…

Journée d’info à l’ISCPA lisme et PA Lyon - école de journa Samedi 21 avril 2007, l’ISC d’information dans n nio réu une e anis org e de communication 30. Au Michel Berthet (9 ) à 10h ses locaux, 47 rue Sergent et des ns atio form ses de l’école, de programme : présentation ux. loca des te visi et e, par métiers auxquels elle pré

G. J.

+ Noir sur Blanc Du 13 au 18 mai Amphithéâtre de l’Opéra de Lyon Pass pour les 6 jours et réservations au 0826 305 325 + Infos www.nedjma-theatre.com


4, quai R. Carrié - 69009 LYON 04 72 19 75 76 HISTOIRE DE SOURIS VERTE Quai

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agenda culturel pass kiblind Chaque année, Kiblind propose un pass culturel pour tous les curieux qui souhaitent découvrir l’environnement artistique de l’agglomération lyonnaise. Petite séléction de l’actualité de nos partenaires...

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agenda

09 > 15 avril

16 > 22 avril

:: Espace 44 :: Deux créations de Teatro del Viento_ 3/04 au 15/04 )) NINKASI (( Tinariwen_14/04 )) La marquise (( Jazzman feat Gerald «Jazzman»_ 14/04 )) L’ÉPICERIE MODERNE (( Shannon Wright + Kiss Kiss Martine_15/04 )) RED HOUSE (( Claudio_ 13/04 // Musée des Beaux Arts // Interprétations musicales Parcours musical dans les collections _ 14/04 // CHRD // Primo Levi_ 12/04 au 11/04/08 Un camp pour les Tsiganes _ jusqu’au 1/07 // INSTITUT LUMIÈRE// Rétrospective Jean Eustache _ 22/03 au 17/04 Rétrospective Volker Schlöndorff _ 15/03 au 22/04

es ? nouvell un Quelles organise ra o d n Pa né ti e es d ac p L’Es lles de nouve création e concours n u je voir la ur à promou lauréats verront le s ie Le g lo e. o ir th ra litté ne an lié dans u nt. texte pub Ve u r La Passe d our envoye éditée par ate limite p d la : n o ti Atten ril. est le 30 av u concours vos textes d és it al d o m Toutes les andora.org p ce a ww.esp sont sur w

(M)

:: Le Point du Jour :: Dernier caprice_ 19/04 au 24/04 :: Iris :: Temps Fort [chanson et poésie]_ 17/04 au 5/05 :: La Renaissance :: Charlot Burlescophonic_ 20/04 :: Les Clochards Célestes :: Tue-le_ 20/04 au 29/04 :: Espace 44 :: Un roi sans divertissement _ 17/04 au 29/04 )) La marquise (( Spiritual South_ 20/04 )) NINKASI (( Midlake_ 16/04 Mango Gadzi + Les Doigts de l’Homme _ 19/04 )) LE MARCHÉ GARE (( Red + Coming Soon_ 20/04 )) Salle des Rancy (( Un tondu, Un chevelu_ 19/04 au 21/04 )) L’ÉPICERIE MODERNE (( Nosfell + La Tropa + Alexandre Kinn_19/04 Atmosphèr_ 22/04 )) RED HOUSE (( Hot Rats_ 20/04 // Musée des Beaux Arts // Interprétations musicales Parcours musical dans les collections _ 21/04 // CHRD // Primo Levi_ 12/04 au 11/04/08 Un camp pour les Tsiganes _ jusqu’au 1/07 // Musée des BeaUx-Arts // Le temps de la peinture, Lyon 1800-1914_ 20/04 au 30/07 // INSTITUT LUMIÈRE// Rétrospective Jean Eustache _ 22/03 au 17/04 Rétrospective Volker Schlöndorff _ 15/03 au 22/04

22(M) d L’exce P llente revue d’ouv po rir tout c son site Int étique 22(M ernet. e que )dP vie Vo savoir n sur le vous avez us y trouve t tit r des 2 dernie re, y compr toujours vo ez is la pr rs corp ulu sortis ése en s (4 http:/ librairie. To 7 et 48) ré ntation /web.m ce ut ac.com es les infos, mment do /larev ue.22 nc, sur mdp.


23 > 29 avril :: Le Point du Jour :: Dernier caprice_ 19/04 au 24/04 :: Les Ateliers :: Bloody Niggers !_ 24/04 au 29/04 :: Nouveau Théâtre du 8ème :: Un grand silence prochain_ 27/04 au 5/05 :: Iris :: Temps Fort [chanson et poésie]_ 17/04 au 5/05 :: La Renaissance :: Le Songe d’une nuit d’été_ 24/04 au 27/04 :: Les Clochards Célestes :: Tue-le_ 20/04 au 29/04 :: Espace 44 :: Un roi sans divertissement_ 17/04 au 29/04 § Le Toboggan § Digital Uppercut_ 24/04 au 28/04 )) NINKASI (( Érik Truffaz_ 24/04 )) LE MARCHÉ GARE (( La Blanche + Gesh et les Otakus Chanson_ 27/04 )) RED HOUSE (( Traffic_ 27/04 // CHRD // Primo Levi_ 12/04 au 11/04/08 Un camp pour les Tsiganes _ jusqu’au 1/07 // Musée des BeaUx-Arts // Le temps de la peinture, Lyon 1800-1914_ 20/04 au 30/07

30 avril > 06 mai :: Nouveau Théâtre du 8ème :: Un grand silence prochain_ 27/04 au 5/05 :: Iris :: Temps Fort [chanson et poésie]_ 17/04 au 5/05 :: Le Toboggan :: Pomposo_ 3/05 :: Les Clochards Célestes :: Histoires post-it + Parle-moi d’amour_ 2/05 au 6/05 :: Espace 44 :: Le Boxeur et la violoniste_ 2/05 au 13/05 )) L’ÉPICERIE MODERNE (( Soirée Slam / Beat Box_04/05 )) NINKASI (( Pierre Lapointe + Node_ 02/05 X Makeena + Bleubird + Grosso Gadgetto _03/05 )) LE MARCHÉ GARE (( Soirée Zic-Zac CNR_ 04/05 Scène découverte : The Chastes, Laisy Daisy_ 05/05 )) LA MARQUISE (( Solid Steel (Résidence Ninja Tune) avec DJ Food & DK (Ninja Tune / London, UK) _ 20/04 // CHRD // Primo Levi_ 12/04 au 11/04/08 Un camp pour les Tsiganes _ jusqu’au 1/07 // Musée des BeaUx-Arts // Le temps de la peinture, Lyon 1800-1914_ 20/04 au 30/07

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07 > 13 mai :: Les Ateliers :: Les Européennes 7_ 11/05 au 14/05 :: Les Clochards Célestes :: Shitz : divertissement féroce et musical_ 10/05 au 16/05 :: Espace 44 :: Le Boxeur et la violoniste_ 2/05 au 13/05 )) L’ÉPICERIE MODERNE (( Florent Marchet + Philemon_10/05 )) NINKASI (( Warm up nuits sonores avec spider + zero db + bugz in the attic )) Salle des Rancy (( Michèle Bernard_ 11/05 au 16/05 // CHRD // Primo Levi_ 12/04 au 11/04/08 Un camp pour les Tsiganes _ jusqu’au 1/07 // Musée des BeaUx-Arts // Le temps de la peinture, Lyon 1800-1914_ 20/04 au 30/07

COMMENT VA LA LIBRAIRIE ? Sortie le 26 mar s au Salon du Liv re de Paris de l’étude rédigé e par Françoise Benhamou et mise en oeuv re par l’Arald à la demande de la Région et de la DRAC Rh ône-Alpes. Intitulée Librairi es en Rhône-Alpe s - les deux figures figures du libraires : le com merçant et le militant, elle es t disponible à la vente.

THéâTRE // LA RENAISSANCE, 7 rue Orsel - Oullins, 04.72.39.74.91/L’ÉLYSÉE, 14 rue Basse Combalot (7e), 04.78.58.88.25/ LE NOUVEAU THÉÂTRE DU 8e, 22 rue du Cdt Pégout (8e), 04.78.78.33.30/LE POINT DU JOUR,7 rue des Aqueducs (5e), 04.78.150.180/LES ATELIERS, 5 rue Petit David (2e), 04.78.37.46.30/LES CLOCHARDS CÉLESTES, 51 rue des Tables Claudiennes (1e), 04.78.28.34.43/L’ESPACE 44, 44 rue Burdeau (1e), 04.78.39.79.71/L’IRIS, 331 rue F. de Pressensé - Villeurbanne, 04.78.68.86.49 MUSIQUE // A THOU BOUT D’CHANT, 2 rue de Thou (1e), 04.72.98.28.22/CASA MUSICALE, 1 chemin de Fontenay - St-Cyr-auMont-d’Or/HOT CLUB, 26 rue Lanterne (1e), 04.78.39.54.74/LA MARQUISE, face au 20 quai Augagneur (3e),04 .72.61.92.92/LE MARCHÉ GARE, 34-36 rue Casimir Périer (2e), 04.72.40.97.13/L’ÉPICERIE MODERNE, Place René Lescot – Feyzin, 04.72.89.98.70/ NINKASI, 267 rue Marcel Merieux (7e), 04.72.76.89.00/SALLE DES RANCY, 249 rue Vendôme (3e), 04.78.60.64.01


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14 mai > 20 maI :: Le Point du Jour :: La Mouette_ 14/05 au 16/05 :: Nouveau Théâtre du 8ème :: Siraj (La Mouette)_ 14/05 et 15/05 :: Les Clochards Célestes :: Shitz : divertissement féroce et musical_ 10/05 au 16/05 :: Espace 44 :: L’Homme approximatif_ 15/05 au 27/05 )) LE MARCHÉ GARE (( Nuits Sonores_ 17/05 )) Salle des Rancy (( Michèle Bernard_ 11/05 au 16/05 // CHRD // Primo Levi_ 12/04 au 11/04/08 Un camp pour les Tsiganes _ jusqu’au 1/07 // Musée des BeaUx-Arts // Nuit des Musées_ 19/05 Le temps de la peinture, Lyon 1800-1914_ 20/04 au 30/07

21 > 27 maI :: Le Point du Jour :: La Vie sur la Plaça Roosevelt [lecture]_ 24/05 :: Iris :: Brut de Fabrique [rencontres théâtrales]_ 22/05 au 2/06 :: Les Clochards Célestes :: Un éternel automne_ 22/05 au 25/05 :: Espace 44 :: L’Homme approximatif_ 15/05 au 27/05 § Le Croiseur § Cie Sol Y Tu_ 25/05 et 27/05 )) L’ÉPICERIE MODERNE (( Fred Wesley + Shuba-K_ 24/05 )) LE MARCHÉ GARE (( La Mine de Rien_25/05 // CHRD // Primo Levi_ 12/04 au 11/04/08 Un camp pour les Tsiganes _ jusqu’au 1/07 // Musée des BeaUx-Arts // Le temps de la peinture, Lyon 1800-1914_ 20/04 au 30/07

expo une LE e is hoto, organ collage, p eule SUR VINY O iq P t as EX ure, utre, la s e er M Peint s l’Ateli ur vinyle. te quoi d’a t été de r s n ra o a t le p r y u a ’a m d u n’i istes po se déro rue o t , r a h p s 41 de gra ’ex astiq, mat. L le ation oblig ttre au for L’Atelier M ix prévu m e à o r il m r é u v p o a s A au 25 ec un du 21 u (1er), av . a e e g d Bur nissa u ver soir d

agenda

agenda culturel pass kiblind BUBULES Organic Éd itio Bulles d’Un ns expose ses Petite s ivers, du m ercredi 2 m au vendred ai i 1er juin, à la librairie Bonheur d Au es de Vaise (9 Ogres [9 grande ru e e)]. Renseig n www.organ ements >> ic-editions. com

DANSE // LE CROISEUR, 4 rue Croix Barret (7e), 04.72.71.42.26/LE TOBOGGAN, 14 avenue Jean Macé – Décines, 04.72.93.30.00 CINEMA // INSTITUT LUMIÈRE, 25 rue du Premier Film (8e), 08.92.68.88.79/ FESTIVALS DE VILLEURBANNE - AU CINÉMA « LE ZOLA », 117 cours Émile Zola – Villeurbanne, 04.78.93.42.65 MUSÉE // CHRD, 14 avenue Berthelot (7e), 04.78.72.23.11/INSTITUT D’ART CONTEMPORAIN, 10 rue du docteur Dolard – Villeurbanne, 04 78.03.47.00/MUSÉE DES BEAUX-ARTS, 20 place des Terreaux (1e), 04.72.10.30.30 RETROUVEZ LES CONTACTS DE NOS PARTENAIRES SUR www.kiblind.com


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Bazart

Le Ki

chronique du Ki

j’y pense et puis j’oublie

A

ctes manqués, baisers volés, amour gardé… Confrontés à la réalité qui n’était pas la leur, Elliot et Léa avaient décidé de s’installer ensemble, un peu comme on installe différents « skins » et « plug-in » sur son ordi. On peut être touché par l’éternité comme on peut n’y rien comprendre. On peut vivre sa vie sans n’y rien comprendre. Et puis on peut décider de lécher l’asphalte, de s’y écorcher le visage pour voir ce qui en résulte et en quoi on l’a modifié. Elliot avait trouvé un emploi dans cette fabrique de papier à sentiments et de feutre à ouverture cardiaque automatique. Le salaire était modeste mais convenable.Il permettait de vivre agréablement dans ce modeste abri luciole de banlieue. Léa passait ses journées dans la création de photophores apaisants, qu’elle construisait en utilisant la petite fontaine à cieux que lui avait offerte son amour. Elle pouvait ainsi saisir les grâces de son cœur et les baigner de lumière à sa guise, les colorant ainsi de-ci de-là au gré de sa passion.

angoisse, pardon, amour encore, bonheur, renonciation, fatalité, anecdote, union, partage, tristesse, vie, mort, désillusion, spontanéité, couleur, chagrin, envie, passion, ….éternité. Touchons donc un peu tout cela. Essayons tout du moins, chaque jour, de voir en quelqu’un ou quelque chose, ce fragment d’éternité, pour essayer, petit à petit, d’achever notre puzzle personnel. A bien y réfléchir, que ne donnerions-nous pas pour une dispute avec un être aimé ? Pour savoir qu’il existe une personne qui vous aime tellement qu’elle est capable de se mettre à dos, votre être, votre personnalité, votre tout, en sachant qu’au fond l’amour qui vous unit vous fera passer à travers pour en ressortir grandi, fort et lumineux ou sombre éclatant. Eh ouais… Eh ouais…

L’avenir sourit et il est de notre ressort de lui rendre ce sourire ou d’y voir un mauvais tour. Bien sûr rien n’est jamais facile et rêver est une belle opportunité, détente que peu parviennent à trouver.

Des clins d’œil, des clins d’œil, des clins d’œil, déclin de l’œil. Romance débutée, complicité inachevée, entente parfaite d’imperfection. Totalité. Eternité.

Au loin, dans le firmament, un être se créait. Là, caché et protégé dans le ventre de Léa, le futur était en marche. Beauté, amour, joie, colère, espérance,

Marinade et tapenade. Décontextualiser. Et puis comprendre. Amicalement vôtre. Ki du cœur. M. S.




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