Kiblind #25

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SOMMAIRE 05

Edito 7

Ruban sonore

L’oie 8 Vu par… 11

David + gz1 + gz2 + Pierre-Marie

Dossier 12

À mort le VJing !

Anachronique 19 Villa « le lac »

Revue de presse 20 Esprit sain

Globe 23

Just London

Pages Blanches 27 Mathias Schweizer* James Whipple* Robert V. Wodzinski* Raphaël Bastide* Pierre Vanni* Olivier Laric* Guylaine de Fenoyl Steven Burke

28 30 31 32 33 34 36 38

Réalisation Cahier Mode > Direction artistique : Baptiste Viry / Réalisation : Alain Delorme / Stylisme : Aurélie Auger. Graphisme > Jérémie Martinez + Arnaud Giroud (www.pitaya-design.com) + Kinga Sofalvi (www. sogoud.com) + Simon Bournel-Bosson (http:// mrbiscuit.carbonmade.com/) + Pierre-Louis Bouvier (www.misterbouvier.com) // Maquette > Jérémie Martinez // Relecture > Frédéric Gude . Direction artistique > Jérémie Martinez ////////////////// Direction développement > Gabriel Viry ///////////////// Direction communication > Guillaume Jallut ///////// Direction commerciale > Jean Tourette /////////////////// Imprimerie JM. Barbou / ZAE Bondy Sud - 8 rue Marcel Dassault - 93147 Bondy Cedex / 01 48 02 14 14 / contact@imprimerie-jmbarbou.fr Le magazine Kiblind est édité à 20 000 exemplaires par Kiblind Corp. / SARL au capital de 15 000 euros / 507 472 249 RCS Lyon / 4 rue des Pierres Plantées 69001 Lyon / 04 78 27 69 82 / www.kiblind.com / Contacts : initiale du prénom.nom@kiblind.com

25

k

KIBLIND N°25

Couverture : Pierre Vanni* À l’occasion d’images sonores 09, Kiblind s’associe à Manystuff* pour la publication d’artistes présents lors du festival Nuits Sonores. www.pierrevanni.com // www. manystuff.org www.nuits-sonores.com Directeur de la publication > Jérémie Martinez // Direction rubrique > Ecran et Cahier Mode : Guillaume Jallut / Globe et Pages Blanches : Jérémie Martinez / Anachronique, Print, Bazart et By Pass : Jean Tourette / L’Oie, Vu Par, Dossier et Revue de Presse : Gabriel Viry. Rédaction Kiblind > Gabriel Viry + Jean Tourette + Jérémie Martinez + Guillaume Jallut + Matthieu Sandjivy + Maxime Gueugneau + nos correspondants/amis //

Print 42

Moutons électriques JSBJ Frédéric Magazine Aux vents ! Amusement Filles perdues Gagner la guerre

Bazart 47

The Last Rapes Of Mr. Teach Ghostown Sliimy Scénographie David Rodrigues Européennes 9

By pass 55 Cdt Carotte 63 Écran 64

IGF The Time that remains Flower Kutiman / Thru You

Le magazine est diffusé à Lyon, Grand-Lyon, Grenoble, Saint-Étienne, Annecy et Genève.

Cahier mode 67

ISSN : 1628-4046 // Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. Willkommen Tilla JM.

Chronique du Ki 82

Andrea Crews Selection tree Thunderheads



ÉDITO 07

so Ru no ba re n

a Une métaphore filée comme un ruban de Möbius, robotique et sonore. Ça doit être une image de printemps. Entre la succession des feuilles, des salves bruyantes annoncent des Nuits agitées. Visions croisées des « musiques actuelles » et pause sur un film musical, histoire de savoir si les lettres mortes se ramassent à la pelle. L’appel de Londres, lui, est toujours d’actualité, même sur les bords du lac Léman. Alors on sort les images, qu’on ébruite sur toutes ces pages trop blanches, pour en noircir le trait comme un polar. Mais une clôture électrique ne suffira pas à contenir une bande de jeunes dans la chambre des filles perdues, avant de s’en remettre aux vents. Ce sera le dernier viol de Mr. Teach, scénographié par Dan Graham. Et d’ici qu’une fleur éclose entre Israël et Palestine, les jeux seront faits. On plantera plutôt un grand arbre avec des têtes à claques, pour voir de haut si les braves portent un pull. Et sans quiproquo, s’assurer que l’homme bon existe. Le temps de faire le tour, on sera de nouveau au point de départ. Parce qu’on ne peut pas retourner une surface qui n’a qu’une seule face, et qu’un seul bord. On la suit, même si le chemin est tordu. Comme une onde. a

© Pierre-Louis - misterbouvier.com


l’oie

1/ Du 16 au 18 avril, Oullins + Lyon + Villeurbanne : Reperkusound. Electro et hip hop. www.reperkusound.com 2/ Jusqu’au 19 avril au Musée d’Art Contemporain de Lyon : Exposition Quintet www.moca-lyon.org

Hop hop hop

Pour la sixième année consécutive, L’Original revient, du 1er au 5 avril. Ce festival lyonnais propose, outre ses têtes d’affiche (Ice Cube, Rohff, Oxmo, etc.), de nombreuses manifestations autour de la culture hip hop : danse, battles, projections, théâtre, rencontres, etc. En résonance, le Fil de Saint-Étienne accueille, le dimanche, la qualification sud de la Battle of the year, ouverte aux crews de danseurs et autres Bgirls. www.loriginal-festival.com ou www.le-fil.com

3/ Du 19 au 30 avril, Espace Albert Camus de Bron : exposition de Sogoud Design. Very so good ! www.sogoud.com 4/ Du 22 au 26 avril, Palexpo de Genève : Europ’Art, salon international de l’art contemporain. www.europart.ch 5/ 23 avril, Victoria Hall de Genève : Bireli Lagrène Gipsy Project. Avec Sara Lazarus. www.ville-ge.ch/culture/victoria_hall 6/ 24 avril, Le Transbordeur (Villeurbanne) : The Ting Tings en concert. Shut up and let me go. www.transbordeur.fr 7/ Jusqu’au 26 avril, Musée des Tissus de Lyon (2ème) : Rêves de papier, expo de robes en papier de la créatrice belge Isabelle de Borchgrave. www.musee-des-tissus.com 8/ 26 avril, Le Fil de Saint-Étienne : Bourse aux disques. 1 euro, mais vous pouvez repartir gros. www.le-fil.com 9/ 29 avril, Le Transbordeur (Villeurbanne) : Magma. Le grand retour de la « musique des forces de l’univers ». www.transbordeur.fr 10/ Du 2 au 23 mai, Dope Shop (Lyon 1er) : 3S, expo skate et retro gaming de Mm. www.linkartz.com

Il était une oie…

Kader Attou n’a du danseur étoile qu’une seule trajectoire : montante. Fondateur et chorégraphe de la compagnie de hip hop Accrorap, il multiplie les projets, les voyages et le dialogue de corps étrangers. Petites histoires.com, son dernier spectacle, est aussi bien un retour à l’enfance qu’une invitation au voyage, celui auquel on a tous droit : le rêve. Poésie assurée, le temps d’une tournée, de New York à Hong Kong, en passant par Annecy (Bonlieu), les 3 et 4 avril, Annemasse, le 22, Vénissieux, le 24, etc. www.accrorap.com

11/ Le 11 mai, Archives municipales de Lyon (2e) : L’affiche, un art de la rue, conférence de Michel Bouvet, affichiste et graphiste. www.archives-lyon.fr 12/ Du 11 mai au 28 juin, Carhartt Store (Lyon 1er) : Expo du street artiste L’Atlas. L’Art Tellurique Lié Au Sens. www.linkartz.com 13/ 16 mai, Région + France + Europe : 5e Nuit européenne des Musées. www.nuitdesmusees.culture.fr 14/ Du 25 au 31 mai, Villa Gillet et Subsistances (Lyon) : 3e Assises internationales du roman. www.villagillet.net 15/ 26 mai, Summun de Grenoble : Emir Kusturica and The No Smoking Band. Mieux que le Red bull. www.summum-grenoble.com 16/ Du 27 au 31 mai, Parc Expo de Saint-Étienne : 18e édition du Festival Paroles et Musiques. www.paroles-et-musiques.net 17/ 7 juin, Les Subsistances (Lyon 1er) : Grand Fooding d’Été. Pique-électro-nique. www.lefooding. com

Particule élémentaire

Au festival Electron, à Genève, on mange des frites, des saucisses carbo et on se gave d’électro. Quatre jours, à bouffer des platines, avec plus de 90 sets, dont ceux de 2 Many’s DJ, Q-Bert, Agoria ou Chloé. Restez à table : au-delà du mixage, Electron est aussi un fabuleux blender qui se nourrit de danse, contemporaine, de conférences et de ketchup. Du 9 au 12 avril, dans plusieurs lieux : Alhambra, Palladium, L’Usine, Mad. www.electronfestival.ch


Reculez (mais restez dans le jeu)

Le Marché de la mode vintage, à Lyon, c’est toute la mode des années cinquante au début des années quatre-vingts (tissus, chaussures, sapes, bijoux, petit mobilier), dans un lieu unique : l’ancien Marché de Gros (2e) etc. Événement unique en France, il réunit, chaque année, plus de 300 exposants, accompagnés de leurs trésors du passé. Rendez-vous, les 30 et 31 mai, sur le thème du rock… www.marchemodevintage.com

Bande d’anatidés

OIE 09

BDécines fête ses 10 ans et mobilise toute la ville pour célébrer, du 15 au 17 mai, la bande dessinée. Ce salon pluridisciplinaire accueille une trentaine d’auteurs, français et étrangers, qui incarnent, plus que le bio, le reste du sujet de l’année : la diversité. Le Toboggan profite de l’événement pour organiser BDanse, permettant de « caser » les chorégraphes et les illustrateurs. Deux pièces seront présentées, dont Comète Comix, d’Emilio Calcago, qui s’inspire de la crèche de Noël pour mettre en scène des super-héros. Les Watchmen, anciens charpentiers ? www.bdecines.com

Un marais dans la ville

Avec la compagnie Retouramont, le Théâtre Jean Marais propose, le 15 mai, un concept chorégraphique extérieur, sur le thème « danse et architecture ». Le décor : l’Arsenal de Saint-Fons (69), investi par des danseurs spécialisés en escalade, suspendus à des cordes. Évoluant dans le vide, ils mettent en mouvement l’ascension, l’envol, la chute et l’enfoncement vers le sol. Si les derniers Yamakazis constatent le coup de la grâce, M. Besson sera-t-il amené à aimer Jean Marais ? Pour l’oie, c’est fait. www.theatre-jean-marais.com

Multibecs

Pas de jars ?

Du 15 au 30 avril, dans toute la France et dans plusieurs villes d’Europe, les Femmes s’en mêlent. Depuis 1997, ce festival consacre la scène musicale féminine et indépendante. Sur notre plateau, les oies investiront le Ciel de Grenoble, l’Épicerie moderne de Feyzin (69) et le Fil de Saint-Étienne pour six live endiablés, où les hommes auront aussi droit de s’emmêler. Au revoir Simone, bonjour Solange La Frange. www.lfsm.net

La Comédie de Saint-Étienne propose, jusqu’au 14 mai, Backstage, un festival interdisciplinaire mélangeant arts plastiques, danse, théâtre, cinéma, musiques, sons et vidéo. Trois spectacles seront proposés, en phase avec des problématiques actuelles : La Décennie rouge, du 6 au 7 mai, Novo, le 12, et Je pensais que mon père…, du 13 au 14. www.comedie-de-saint-etienne.fr


Itw: G. Viry + G. Jallut

Incontournables dans le paysage des « musiques actuelles », Grrrnd Zero, l’Épicerie Moderne et Nuits Sonores partagent, au-delà des contradictions, une sorte de complémentarité. Rien de tel qu’une bonne soirée enfumée pour la voir, enfin, respirer. K - Vous êtes, chacun, de jeunes programmateurs. Qu’est-ce qui vous rapproche ? D - Je pense que c’est une programmation collégiale. À Nuits Sonores, ils sont trois ou quatre. Même chose, chez nous. À Grrrnd Zero, c’est encore plus éclaté, avec un fonctionnement plus participatif. GZ1 - À l’origine, le projet a été monté par des organisateurs de concerts et par des musiciens. Aujourd’hui, c’est davantage un noyau d’organisateurs qui programment, collectivement, avec d’autres assos. PM - Pour un festival, c’est un gros luxe d’avoir plusieurs personnes à la prog. La plupart, en effet, ont tendance à la « délocaliser ». Chez nous, en plus, le directeur n’est pas le programmateur, ce qui est intéressant par rapport à d’autres structures, où tout est très centralisé. K - Vous partagez une programmation assez « pointue ». N’y a-t-il pas un risque de s’enfermer dans les musiques « alternatives », tournées vers un seul public ? GZ2 - On est les TF1 des musiques alternatives, donc il faut relativiser. Au-delà de ça, l’objectif n’est pas forcément d’avoir le maximum de public : c’est de faire les concerts qui te plaisent. PM - L’idée, c’est de créer des espaces qui aient du sens. Construire une initiative comme Grrrnd Zero, avec des tarifs abordables, ça permet de découvrir des groupes que les gens n’iraient jamais voir ailleurs. C’est ce que ne comprennent pas les pouvoirs publics :

on n’essaye pas de légitimer une programmation hyper pointue ; on veut simplement créer des espaces éphémères, où chacun peut venir s’éclater. K - Vous ne pensez pas qu’à un moment donné, ne reconnaître aucun nom sur une programmation peut quand même être une barrière ? D - Nous travaillons beaucoup sur un public d’habitués. En plus de ça, je pense qu’à Lyon, il y a vraiment de la place pour tous les goûts. PM - C’est pareil pour Nuits Sonores, et même partout ailleurs. La majorité des gens qui vont au théâtre ne connaissent pas forcément ce qu’ils vont voir. C’est là, à mon sens, que l’on se rejoint, afin de créer les conditions de la convivialité. La programmation, elle va certes amener son lot d’afficionados. Mais l’intérêt, c’est surtout de partager un état d’esprit dans lequel tout le monde peut se reconnaître. GZ1 - Je suis pas certaine que les Nuits arrivent à le créer… PM - On ne va pas te cacher que le remplissage des concerts est aussi une forte contrainte. Mais, au-delà des têtes d’affiche, on va tout faire pour créer cette ambiance, améliorer l’accueil du public, éviter justement le côté « usine à bétail ». Après, bien sûr, il y a des questions d’économie, de sécurité, de propreté, et une problématique à résoudre : comment créer de la convivialité avec 8 500 personnes ? K - Et le public, comment il réagit ? PM - Les trois quarts des artistes qu’on fait venir nous disent qu’ils sont vraiment enthousiastes : ça vaut une soirée

à Londres, ou n’importe où… Et c’est valable ailleurs. Récemment, je parlais avec un tourneur, qui me disait : « l’avantage, à Grrrnd Zero, c’est que le groupe va pouvoir faire une pure date ». C’est précisément ce qu’un artiste recherche. K - Est-ce que les « musiques actuelles » ont encore leur place au cœur de la ville ? D - C’est un peu particulier pour nous : depuis le début, on travaille sur une logique d’agglo. En tant que spectateur, en revanche, je trouve qu’à Lyon, il reste quand même pas mal de possibilités. GZ1 - Le problème, pour moi, ce n’est pas le manque de public ou de salles. C’est de permettre aux salles qui existent de continuer à exister. PM - C’est vrai. Souvent, on ne laisse pas vivre des initiatives qui, tout en étant autofinancées, ne font de mal à personne. K - La ville du futur serait donc en train de se construire sans les « musiques actuelles » ? GZ2 - Quand tu regardes les subventions, c’est assez clair… PM - Ça va au-delà du débat sur les subventions et des musiques actuelles. C’est juste un mode de vie qui est, en permanence, en train de se faire tâcler. Pour faire vivre un lieu artistique, on est obligé d’avoir un bar qui tourne, autrement dit, d’être des « brasseurs ». Même ça aujourd’hui, ça devient compliqué. En France, on va attendre que les centres urbains soient vraiment en crise pour les réinvestir.


VU PAR 11

K - Alors, comment rester en ville ? PM - En ce moment, par exemple, on essaye de faire du lobbying pour conserver un lieu comme le Marché Gare, en disant : « il y a plein de gens qui font des événements et qui auraient besoin de ce lieu ». En ce qui nous concerne , on aimerait monter une salle pour sédentariser ce qu’on fait déjà, le reste de l’année, comme les Échos Sonores. Mais pour l’instant, on n’y arrive pas. K - On a l’impression que vos activités sont assez transversales : d’un côté, un festival qui cherche à se sédentariser ; de l’autre, des structures fixes, qui proposent des festivals… GZ2 - En 2007, en effet, on a fait un festival Grrrnd Zero, mais c’était davantage un mot sur une affiche qu’une volonté de monter un vrai événement, avec un pass et tout ce qui va avec. L’objectif, c’était simplement de marquer un peu le coup par rapport à plusieurs concerts qui s’enchaînaient. GZ1 - Il y avait aussi un intérêt en terme de visibilité, même si, finalement, ça a eu peu d’effet. On n’est pas du tout dans une logique de communication médiatique… PM - Nous, on est certes une « grosse machine », avec une attachée de presse, mais ça ne signifie pas que les médias suivent, sur des dates isolées. Sur les Nuits, on arrive aujourd’hui à avoir une visibilité, mais la portée est finalement assez limitée. Effectivement, auprès des journalistes estampillés « musiques électroniques », on a une force de frappe : ils vont tiquer sur le côté « festival urbain de 4 jours », ce qui n’existe pas à Paris. K - Au-delà de la ville, comment participez-vous à la promotion de la scène locale ? D - Les premières parties restent évidemment un bon outil. Mais il faut de plus en plus négocier avec les tourneurs. GZ2 - Parfois, les artistes locaux amènent plus de public que les autres. P our nous, ce sont souvent des potes mais, en plus de ça, je trouve qu’à Lyon, il y a vraiment une bonne scène. On ne les fait pas seulement passer

parce qu’ils sont locaux. PM - De façon générale, dès que tu as une initiative locale, il faut la porter. C’est notre rôle. On a des outils de diffusion, des microscopes : il faut s’en servir. Avec Nuits Sonores, on essaie de mettre des artistes locaux sur des temps assez forts. Si tu les fais jouer devant trente personnes, en début de soirée, autant pas le faire… D - L’autre problème, c’est la question de la professionnalisation des pratiques. Il faut promouvoir les groupes locaux, mais on se retrouve aussi face à des réglementations lourdes qui font, qu’à un moment donné, tu ne peux plus le faire. Tu peux exploser le budget, juste pour faire jouer un groupe, alors que les mecs, à la limite, ils s’en foutent du cachet. PM - Ca me rend dingue : tu veux faire jouer le groupe d’à côté, mais tu ne peux pas parce que, pour l’administration, ce n’est pas son métier. Elle réfute en quelque sorte le droit de dire : « je ferai de la musique toute ma vie, mais je n’ai pas envie d’en vivre ». GZ1 - C’est le problème. On est dans une position d’employeur, alors qu’on cherche, tout spécialement à Grrrnd Zero, à laisser s’épanouir l’art en dehors de la professionnalisation.

mation, je pense qu’on pourrait bosser ensemble, sur quelques projets. Nous, on aimerait avoir un espace totalement modulable, qui permette de faire des choses comme Grrrnd Zero ou l’Épicerie et, en même temps, d’avoir une activité de clubbing. L’objectif serait de monter un lieu réellement ouvert, avec un vrai partage de la programmation. GZ1 - Entre nos structures, les différences concernent surtout le fonctionnement : laisser rentrer les gens qui n’ont pas assez d’argent, ne pas faire de sortie définitive, ne pas vendre des bouteilles d’eau trois euros, enfin tout ce qui rend réellement un endroit convivial. Une salle interassociative, c’est ce qu’on pratique déjà depuis bientôt 5 ans, avec des petites assos qui se tapent des procès pour affichage, qui vont au distributeur retirer leurs thunes perso pour régler les cachets d’artistes... C’est plus dans ces assos là qu’on se reconnaît. De par son fonctionnement, Grrrd Zero a besoin d’un endroit qui lui est propre.

Créée en 2005 au sein du Centre Culturel de Feyzin, l’Épicerie Moderne est une nouvelle scène de Musiques actuelles qui propose des concerts, très éclectiques, des expos, des résidences d’artistes, etc. David est co-programmateur. www.epiceriemoderne.com

K - Des collaborations « locales » vous semblent-elles possibles ? GZ1 - Entre les artistes, l’émulation existe. Grrrnd Zero en est d’ailleurs le produit. A la base, on avait des musiciens qui cherchaient à répéter. Progressivement, des groupes se sont formés. PM - A Lyon, je trouve que la scène musicale arrive, de façon générale, à s’émuler, même entre les structures. GZ1 - Peut-être, mais notre objectif n’est pas de faire l’Hôtel de la musique. C’est, avant tout, de défendre une identité musicale…

Grrrnd Zero est un OVNI culturel qui regroupe, depuis 2004, des artistes et des organisateurs de concerts autour d’un dénominateur commun : le rock indé. Le lieu propose des studios de répét et des concerts, entre la friche occupée de Gerland et le Rail Théâtre, à Vaise. Gz1 et Gz2 font partie de l’équipe, entièrement bénévole. www.grrrndzero.org

K - S’agit-il simplement d’une question de coloration musicale ? GZ1 - Entre les structures, c’est aussi une question de personnes, et de démarches, souvent très différentes. PM - Pour moi, l’émulation de certaines tribus, elle agit sur le reste. Au-delà des différends, largement liés à la program-

Créé en 2003, Nuits Sonores est l’un des plus gros festivals urbains de musiques électroniques et indie. Pierre-Marie est l’un des programmateurs. David s’occupe du Parcours Extra, qui regroupe une constellation d’activités, du « marathon de la danse » à la « pétanque électro ». Du 20 au 24 mai, un peu partout dans Lyon. www.nuits-sonores.com


à mort le vjing ! Apparu il y a moins de vingt ans dans le sillage de l’électro, le VJing est un cheval de bataille qui fait muter ses jockeys. Si le sampling d’images n’a plus valeur d’étalon, la discipline, multiforme, ne manque pas d’horizons…


DOSSIER_À MORT LE VJING 13

Texte: G. Viry & G. Jallut Illustration : K. Sofalvi

Rassurez-vous. Derrière les parition du clip constitue une petite rédiodes electroluminescentes, vidéoeffec- volution : sur MTV, les « VJ » désignent teurs et autres métafouineurs, le VJing les animateurs chargés d’enchaîner les n’est pas aussi compliqué que ce qu’il y morceaux. A cette époque, certaines paraît. A condition de ne pas trop foui- innovations technologiques favorisent ner sur les forums spécialisés. Quand Le simultanément l’intérêt pour le méCollagiste, animateur d’un des princi- lange d’images animées. L’arrivée du paux webmag sur le sujet, parle, sur son magnétoscope amène, par exemple, de site, d’ « oscillateur neuronal branché nouvelles possibilités, par rapport aux sur le paradoxalepiped du skysoprine », supports existants (caméra super 8, 16 vous voyez clair : de l’illusion. De façon mm), pour récupérer et mixer des imaacadémique, le VJing consiste à créer ges. Au sens le plus « antique » du terme, et/ou diffuser un flux d’images, en vue les premiers VJ apparaissent, tels des Jad’illustrer la musique. L’émergence nus, dont les têtes d’enfants représentede la discipline est aussi simple à saisir raient aussi bien l’héritage de la culture qu’une image à rester sage. Elle suscite TV que le produit de la démocratisation un besoin, presque anatomique. Pre- culturelle. Cette logique d’hybridation nons un inditrouve, avec vidu, constitué les premiers À l’instar de toutes les normalement ordinateurs et disciplines artistiques (ni sourd, ni l’apparition du vivantes, le VJing permet jeu vidéo, une aveugle) : les deux sens qu’il à la musique de mobiliser nouvelle tête utilise le plus ensemble la vue et l’ouie. de pont. L’Atari sont la vue et l’Amiga reset l’ouie. A l’instar de toutes les dis- tent de drôles de bêtes : ils permettent ciplines artistiques vivantes, le VJing de domestiquer les images, grâce au permet à la musique de les mobiliser mixage virtuel et au stockage des donensemble, et encore mieux : en direct. nées. Quant à l’émergence de la « scène Hier encore, le VJing n’avait pas vingt demo », elle forme une autre source ans. Mais ses racines sont aussi loin- d’inspiration. Ses acteurs réalisent, en taines que profondes, liées à la com- live, des performances technologiques, binaison historique entre l’image et le en combinant la MAO, l’infographie son. Dès le XVIIIe siècle, au temps des et la programmation informatique. sets de Haydn, les Song Slide, sortes de Au tournant des années quatre-vingtlanternes magiques, permettaient, par dix, toutes les conditions sont remplies exemple, d’illustrer les chansons. Avec pour que le VJing moderne entre en l’arrivée du cinéma, puis la démocrati- scène. Cela tombe bien. En Europe et sation de la télévision, la vidéo investit au Japon, un nouveau genre musical progressivement le champ musical et, apparaît : l’électro. Génératrice de complus largement, la création artistique. positions sans textes, elle peut compter Au début des années quatre-vingt, l’ap- sur une autre matrice : l’image.


Electromagnétisme

Apparue dix ans plus tôt, à Detroit, la techno traverse l’Atlantique et devient un véritable phénomène culturel. Les artistes essaiment partout où il est possible d’additionner les décibels, les sound system et les amoureux du kaki : champs, hangars, terrains militaires, etc. A l’étranger, puis en France, les free parties se développent, offrant tout ce qui manque, a priori, aux clubs fermés : des espaces de liberté, la gratuité et, dans un premier temps, le « droit » à l’image. Viktor Furiani, VJ lyonnais et membre du collectif Mosquito Massala, en a suffisamment conservé l’esprit pour ne pas qu’on l’oublie : « Le Vjing est vraiment issu du milieu de la teuf. C’est la base à partir de laquelle plusieurs générations de VJ se sont enchaînées. » La première

fait, bien sur, dans l’analogique. C’est le reste des VHS et du « cinémix » pour sampler des images de films ou de dessins animés. La deuxième profite de la révolution numérique et de la diffusion des arts graphiques. Au-delà des softs favorisant le mixage, les VJ véhiculent une autre écologie, ne se contentant plus de recycler l’existant. Les images sont créées, recréées, voire générées automatiquement, dans des conditions de puristes : le direct. Si le VJing s’est développé rapidement du point de vue de la technique, il a aussi acquis une importance croissante, par rapport à la musique. Dès 1997, les britanniques de Coldcut habillaient, avec Hexstatic, un de leurs morceaux, Timber, sur le thème de la déforestation industrielle. Pour Pierre-Marie Oullion, programmateur à Nuits Sonores, il marque un véritable tournant : pour la première fois, « il semble que ce soit l’image qui fasse le son ». En l’espèce, il s’agit certes d’un clip, mais le fait que les Coldcut soient considérés comme des pierres angulaires du VJing (création d’un logiciel, Vjam ; promotion d’artistes utilisant la vidéo, à travers leur label, Ninja Tunes, etc.) permet d’extrapoler sur les possibilités du live.

Champs de vision

Parmi la constellation de VJ, quelques étoiles à découvrir, en commençant sur Myspace : Klif, Reactable (photos), Tintin, Templar, La Mêche, Lego_man, Elr°y, Le Neopen, Kritikator, Sanch, Zero, Funkyteamwork, Pfadfinderei, B.L.O.T, Wii Skiller Krew, etc. Visuels : Mapping Festival

Le sens d’un set VJ est toujours débattu (faut-il lui en donner ?) et le sera toujours. Quoi qu’il en soit, l’image atteint progressivement le top niveau, celui de la musique. Depuis quelques années, le public, les DJ, les programmateurs sont de plus en plus demandeurs. Au-delà de l’activité musicale, le VJing investit également les galeries, les musées, les théâtres et même la communication, pour le plus grand respect, on l’imagine, des héritiers de la culture free. Pour les vidéastes de VJevent, « un studio de création parisien spécialisé dans le VJing », la teuf, c’est d’avoir, comme clients, Marriott, Norton Anti Virus ou


encore Baccardi. Ainsi, passé à la vitesse de la lumière d’un accessoire un peu confidentiel à une réalité métonymique, le VJing est une activité de plus en plus disparate. Imaginez un Loft, bourré d’écrans (et bien sûr, d’une piscine), dans lequel L. demanderait à J.E., VJ influencé par la synestésie et les gammes émotionnelles, d’assurer l’animation visuelle d’un colloque pour la Mission interministérielle de lutte contre la drogue. Malgré l’intérêt qu’il suscite, le VJing reste, d’un point de vue économique, le parent pauvre du son. L’accessibilité des outils (logiciels de PAO, softs de mixage, caméras numériques, projecteurs, etc.) fait que chacun peut, potentiellement, s’improviser comme jockey. D’ailleurs, l’offre explose. Or, dans un « marché » émergent, où le flou fait aussi partie de l’artistique, certains commanditaires en profitent. Conséquence : que les DJ soient un peu gourmands ou affamés, les VJ n’ont souvent plus grand chose pour manger. Cela est d’autant plus difficile, nous explique l’un d’eux, quand on considère la longueur des prestations (en général, plusieurs heures) et le coût du matériel. Ainsi, sur une scène aussi prolifique, en matière d’électro, que la scène lyonnaise, les VJ professionnels se compteraient sur les doigts d’une main. Et encore. Heureusement, il y a le plaisir de jouer, particulièrement présent chez les amateurs de free, et quelques perspectives. « le VJing est devenu incontournable pour les organisateurs de concerts et de soirées », résume Viktor. La dynamique événementielle allume également d’autres écrans, qui ne font pas de fumée. Fin mai, par exemple, la 7e édition de Nuits Sonores propose, pour la 4e année consécutive, Images Sonores, un programme de conférences, de workshops et de performances live. Dans l’un des plus gros festivals de musique électronique en Europe, le VJing et les « arts numériques » sont en

pleine lumière. D’autres d’événements, en développement, leur sont entièrement dévoués. Créé, en 1988, à Manosque, le festival itinérant des Arts Vivants fait partie des manifestations référentes à l’échelle internationale. Dans la région, Vizual Invaders, originaire de Savoie, débarque en avril, à Lyon, avec plusieurs figures de la scène alternative (Cycloptik, Nico Tico, Oblivion, etc.). Quant au Mapping Festival, organisé en mai, à Genève, il constitue l’un des événements les plus ambitieux et pointus de la scène VJ en lui donnant, au-delà du magnétisme, un autre champ artistique : celui des possibles…

Deux lettres mortes ?

Le VJing a tellement gagné, en lettres de noblesse, que le terme est, pour certains, un peu désuet. Une troisième génération s’est ouverte, dont les tenants ont surtout besoin d’un alphabet plus complet : performers, artistes numériques, techniciens de l’image, etc. Pour Le Collagiste, « le VJ est aujourd’hui un artiste technicien, qui crée une expérience visuelle comme une peinture vidéo éphémère ». Le clivage entre sampleurs et créateurs d’images appartiendrait déjà à un autre siècle.

Champs numériques

DOSSIER_À MORT LE VJING 15

Créé en 2005, à Genève, le Mapping Festival est un lieu de rencontre, de réflexion, d’échange autour du VJing actuel, des nouveaux médias et des arts numériques. C’est aujourd’hui l’un des événements majeurs de la scène VJ qui propose, année après année, une approche résolument pluridisciplinaire. L’édition 2009 accueille une quarantaine d’artistes, à travers une programmation très musclée : expositions, installations interactives, performances audiovisuelles, intérieures et extérieures, et last but not least, quelques soirées « déjantées ». Du 8 au 17 mai, un peu partout dans la ville : Bâtiment d’Art contemporain, Zoo, cinéma Spoutnik, Galerie Labo, Écurie de l’Ilot 13. www.mappingfestival.com


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Mosquito Massala est un collectif cosmopolite (Lyon+Londres+Paris +Bombay), composé de quatre artistes numériques, dont Waner et Viktor Furiani, « traveller » touche-à-tout : création d’images, larsen, projections « personnalisées », et même itinérantes, grâce à une combinaison faite maison. Son dernier projet met en en scène deux danseuses, Marion Urban et Raffaella Tempesta, entre Lyon, Berlin et Paris. mosquitomassala.com

Ce qui importe, aujourd’hui, est moins la production d’images en temps réel, que la performance qui l’entoure. Plasticien et VJ d’origine parisienne, Allergy utilise, par exemple, les films qu’il réalise dans les « espaces interdits », comme un échaffaudage ou le toit d’une église. A première vue, les images sont à contre courant du VJing actuel : pré-enregistrées, elles mettent en scène une réalité « froide » qui tranche avec les ressources actuelles, issues du motion design, de l’animation 3D ou de la réalité augmentée. Mais là où Allergy laisse des traces, c’est dans sa performance physique. L’émergence, dans le VJing, du larsen vidéo, constitue un autre exemple, à la croisée de l’évolution technique et de la performance artistique. Passons quelques heures avec Viktor Furiani, pour bien comprendre de quoi il s’agit: « Le larsen part d’un bug vidéo et consiste à créer une boucle entre une caméra et un support de projection. Le délai qui se crée permet de générer une véritable expérience visuelle, en utilisant les artifices présents, » comme une fumée de cigarette. Quant aux supports de projection, ils ont, eux aussi, beaucoup évolué. L’écran 4 X 3 est désormais bien esseulé sur une scène électro, où les VJ cherchent, de plus en plus, à occuper l’espace. Leur démarche s’inscrit désormais dans une véritable recherche scénographique. Parmi les techniques devenues récurrentes, le mapping (plusieurs supports, répartis

dans l’espace, permettant au contenu visuel d’évoluer physiquement) ou les moustiquaires (sortes d’écrans transparents), y participent pleinement. Elles impliquent de travailler en amont, sur l’espace, l’éclairage, l’interactivité avec le public. Dans cette optique, les collaborations se multiplient, qu’il s’agisse d’aventures d’un soir ou de collectifs pluridisciplinaires, réunissant vidéastes, designers, scénographes, architectes, plasticiens. Play en est, parmi d’autres, un exemple. Composé de 5 mention graphics (infographie animée), dont le lyonnais Bastardgraphics, il accompagnera, lors de Nuits Sonores, le set de Laurent Garnier, grâce à une vidéo générative utilisant différentes techniques : l’animation, les effets spéciaux, l’Op’Art, etc. Pour Pierre-Marie, responsable d’ Images Sonores, « la notion-même de “ VJ ” est aujourd’hui clairement dépassée ». Le champ de l’imagerie musicale s’ouvre ainsi à de nouveaux créatifs, qui ne sont pas a proprement parler des VJ, mais dont les objets visuels aboutissent à la même fonction : imager la musique. L’important est de créer les conditions du live visuel, pas seulement de le faire en direct. Entre Bristol, Paris et Bruxelles, le collectif antiVJ, qui travaille beaucoup avec la lumière, a le nom qu’il nous faut. Dans la même logique, quand les Daft Punk s’inscrustent, lors de leur dernière tournée, dans une pyramide luminescente et générative de contenu visuel, on peut chercher, au-delà de la sensation, quelques enseignements. Pour le spectateur, la scène, l’image, l’éclairage et le son font partie d’un même ensemble, dont les éléments sont interdépendants. Quant au créateur de l’animation visuelle, vous remarquez quelque chose ? Omniprésent dans le show, il a disparu de la scène. Le VJ, c’est donc deux lettres prêtes à mourir. Mais, comme chez Armand Jammot, les combinaisons garantissent l’avenir.



date limite : 1er mai 09


AnachroniquE 19

villa « le lac »

Une petite maison en bord de lac, manifeste puriste de Le Corbusier. La démonstration en 60 m² des théories de « l’architecture moderne ». Texte: J. Tourette Crédits : Phototèque Fondation Le Corbusier

*Film de Jacques Tati (1967), critique visionnaire du progrès technique et de l’architecture ultramoderne. **Les Cinq points d’une nouvelle architecture, publié en 1926 par Le Corbusier et Pierre Jeanneret + d’infos : - Le Corbusier, Une petite maison 1923, Éditions d’architecture, Zurich, 1968. - Le Corbusier à Genève 1922-1932, collectif, Payot Lausanne, 1987 - Exposition du 11/06 au 28/10 : Avec vue sur le lac, l’architecture et le paysage, au Palais de l’Île / Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine d’Annecy

Petite boîte blanche posée sur les bords du Léman, à Corseaux, la villa « Le Lac » est le premier exemple d’architecture moderne en Suisse. Cette « petite maison » au volume rigoureusement optimisé, comptant des trésors d’ingéniosité et de fonctionnalisme, figure comme l’axe fondateur d’une certaine idée de la modernité, puriste et utilitaire. Une « machine à habiter », où l’on trouve déjà les idées-maîtresses du programme que développera Le Corbusier pour ses « villas blanches ». Comme sorti d’un Playtime* avec quarante ans d’avance, cet anachronisme des années 20 tient lieu de manifeste. Simplicité des formes, organisation, esthétique répondant aux normes du purisme, sorte de cubisme architectural défini par Le Corbusier en 1918. « Là où naît l’ordre, naît le bien-être. » D’abord, la recherche de l’échelle humaine et le souci des proportions, comme pierre angulaire de l’optimisation de l’espace ; l’orientation, pour exploiter au maximum la lumière ; la conception du plan fonctionnel, où chaque surface est rigoureusement définie pour les actions

précises qui s’y déroulent. Puis, déjà trois des « cinq points de l’architecture moderne »** : l’usage du plan libre, pour les agencements intérieurs grâce à la structure en béton armé ; le toit-terrasse, auquel on accède par l’extérieur ; et enfin, le rôle d’acteur principal donné à la « fenêtre en bandeaux », ouverture unique de 11 m de large face au lac Léman.

perret vs le corbusier

Ces principes d’avant-garde ne sont pas toujours les bienvenus. L’attaque est lancée à l’occasion du Salon d’Automne de 1923, par l’ancien maître Auguste Perret. La controverse va se cristalliser sur la « fenêtre en bandeaux », synecdoque de la « petite maison » de Corseaux : « L’effet obtenu à l’extérieur est très original, mais je crains que l’effet intérieur ne le soit bien plus : la moitié des chambres doit manquer complètement de lumière, ce qui est pousser un peu loin l’originalité. » En réponse à Perret, Le Corbusier fait publier dans Paris Journal le premier plan de la villa. Non seulement les pièces sont parfaitement éclairées, mais la fenêtre, ouverte entre le séjour et le panorama horizontal du Léman, provoque l’éclatement sémantique traditionnel entre intérieur et extérieur. « Le site “est là” comme si on était au jardin », écrit Le Corbusier. Sous l’effacement de la frontière visuelle imposée par une fenêtre classique, l’unité esthétique du paysage est préservée. Un éclatement qui se retrouve au jardin, par une symétrie ironique, dans la disposition d’une petite « salle de verdure », limitée par une simple cloison percée comme une veduta sur les eaux du lac. Quand la petite maison fut achevée, en 1924, le conseil municipal d’une commune avoisinante considéra qu’une telle architecture constituait « un crime de lèse-nature » et interdit qu’elle soit à jamais imitée. En 1962, elle fut déclarée « monument historique ».


P ES AIN S T RI

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REVUE DE PRESSE 21

nir  « deve coeur : rend le n o s rep suivre 05, il r. Sa it que nt ». En 20 va redresse ua f l a s i o ’ ç u  c r u o e « err comm téphanois, q complexe, les « v s : on ses. r s s e s t o e n r u p a i g a disa grou cer, s plus va s e n s j l e o i , l  f s s l  : r i a e e e o d tonne ss ef equ e, p métho tes » et cha Casino dé hyavec l s » : « Chaqu que l’épaul ’est ê t e f s c si , e des es per le gramme d succes as plus loin e (…) Puis eds, mond i e n l nt d i a d p p g u s L’or dan ants o ain » le co ’aux e ne va i u g e i u q , r u s i h i ’ q u u d j d p in es, ourd’h aujour principaux r sans plus lo u’aux ongl  ». Auj ert, « à un jou qui évoque es …  l q e  : u s s o u m r j c v e m u é p o all t du reco riane »  Dans ngs « c , des en hau ntièrement CV lo t un « fil d’A a Nasa ». « du pières ujusqu’ u e a t p s n l e s a ns e p de nt et suiv inateur de tche et le se CaDumo exception ’anus, de la 05, d a r h o 0 l  » c e l 2 ree , la t « un la seu énitales, de pieds ». En rs où ur de pedig tifique », g e n v i i g h n c s u s t e cet vale scien partie mains et d le stre haît ont rentes icerie rcing, s nc contac ige en « ép des et diffé qui, me de vre, « le pie là, tout s’e  une r u é t ’ é e s ’ u « c t ’ d ri ) sino il déco plants ». E la lèvre, d cine société t, Leader P e arme e n u m a s i r n c u la t un ave cou , so et les (CDis ssèden . E = Marration qui montre e « gros o s o p f é t r i , e t n n  p d e tio n , ne : lot lité » l’intui e hub implantatio mains et tionna 1. À Lyon e d a r r t e u t a o r  l ; s  « n , so e i  : e l  » s e s l s s t r 2 e b u a , su ta den s l redou Camembert ns, fait, lui de ses métal » sques » dan sur r e e k c d a o , r di ux ne u, 24 arine rne » u a g e o e  j  c n annea antesques t « « u a Ce ie G est f i ig d’une l globuleux Jérém de l’esprit. sin, s’ , sur s i de « g ; création e e d o e n n n r e i s àu tien lle Sta le par  », étudiant oreille  semblable l’origine, E e a Nouve minable », en h a « i l t c , A é u e e r t . a d ê h g o  » t c b rs la de stre qué lo  voix a rmé le a-terre , mais celle e « nécrose remar lgré une « eux » a cha . La d’extr n x u u  : e e i a à d r  » g it co ite M6. M mour conta affole le web mie en ava enlevée, su i l’énerve en é u n  h é o u e re : J r son «  sa prestati dû êtr ante ». Ce q métrique »… lontai t, fan de o « v t y y s n e e o , bi jury ven foudr « voulu être ue fer figie de la ésume is roix r ne catholiq ef C  l j’aura « it on de Casino est un jeu de T-shirts à « ro’ ck’n’roll goa-n r p d’esaouri, patr hés », a plus rock, vêtu n groupe de tholix » et s t Sain N c ncer e Ca  ». So harles ermar elques vierge appelle « Th  Faire un co t le Jean-C tein des sup la tête. Qu s i ’  « s  : o s g t s m  » s n lon ian e it rage et « Ei métrie dan bs) : un aths en dit , des mend e O c a l y p e s me a d s s M v à My Nou amné s (…) Com e : Lèp d’une d u e s s L u e s ( o d r b s ar ath pour pécheu de Laz preuve sser de M ent » pour le des le tombeau ntela i p p m u e e l e r n u p u e  u s po hs ; men. evant « an dire à e mat Jésus d t swingue ! » t a ainsi com spé ; un doctorat d fait même t s i e e r , i n ve-toi e saint, l’esp cler u ors pair qu c que son QI es ». tr y… h n r i t e ô c M n n Pour ê ver le boutt e n x g i li ’Ala e ur au  », l d e s i e r t r t a é t o i p a p d cé cet i fois su nateur sur p is n’a i t-cinq ma , e t « ving est un « ord ê t i de sa Naour tout faire t u e p qui

vous , n i ps sa avec la r o c dans à savoir, cer… n i en it sa m r m Reste p o s ? c E issez uel bout a n n q co , par presse



GLOBE / JUST LONDON 23

GRECO ROMAN PARTIES London_UK / G. Jallut

Illustration : A. Giroud

+ d’infos : www.myspace.com/ grecoromanmusic Actualité : > Dans le cadre de Nuits Sonores 09’s Carte Blanche à Londres /This is London > 23 mai 09 LDN Sounds 2 Piscine du Rhône de 18h à 23h avec Micachu & the Shapes + Padded Cell + Greco Roman soundsystem avec Joe de Hot Chip

a Londres est le berceau d’un nombre incroyable de musiques populaires ou confidentielles depuis les années 60. Pop, rock, punk, new wave , drum and bass, grime ou dubstep, autant de styles musicaux associés à une solide culture du club, de la cave, du pub. De la fête en somme. Il suffit de jeter un coup d’œil sur le Time Out de la semaine pour se rendre compte que ses rubriques « Music », « Clubs » ou « Alternative nightlife » ne désemplissent pas d’évènements aux noms improbables, dans des lieux improbables, même s’il y a bien évidemment aussi les très très grosses machines. Selon les sondages de plusieurs centaines de DJ, au moins trois des meilleurs clubs mondiaux sont londoniens. Des noms comme The Fabric, The End ou le Turnmills drainent ainsi des milliers de personnes et des artistes internationalement reconnus. Luttant avec ces grosses soirées hyper codées, un étrange crew ressort des Archives le passé romain de Londinium et rend grâce aux olympiades. Propageant une ambiance bon enfant largement inspirée du sport préféré des Grecs, des Romains et des gays, ces soirées sont (dés)organisées par une jolie brochette d’activistes : Joe du groupe Hot Chip, Stephen du label Moshi Moshi, Raf Daddy ou Ross Allen. Et le crew draine dans son giron quelques-uns

des artistes UK les plus en vue, comme David E. Sugar, Buraka Som Sistema, Drums of Death ou Grovesnor. Bousculant sérieusement les codes de la culture club outre-manche, le Greco Roman crew donne une série de fêtes sporadiques et chaotiques, avec un mot d’ordre qui sent bon les raves du temps passé : à l’arrache, mais à l’envi. Organisées à la dernière minute et dans des lieux aléatoires souvent pas très grands, le label ne produit ni affiche ni fly pour ces fêtes. Il n’envoie pas d’annonces agenda aux magazines et condamne le live report.

Tuff teuf

Les Greco Roman parties, toute folles qu’elles soient, suivent donc une ascèse respectable. Ses 5 commandements sont : Pas de sponsors, pas de guestlist, pas de politique musicale restrictive, pas d’annonces, pas de photographes. Loin du coup marketing, le peu d’argent que les organisateurs gagnent est réinvesti dans le label et ses productions discographiques (5 très bons mix cds à ce jour), ainsi que dans des tee-shirts et serviettes de sportifs du plus bel effet. Un peu d’air frais au pays de la Reine, un public pas bégueule et des artistes pas rois… London calling encore, bien sûr.


GLOBE / JUST LONDON 24

SHUNT

Lazarides Gallery

London_UK / M. Gueugneau

London_UK / J. Martinez

Secret wars London_UK / J. Martinez

Cette galerie incontournable de Londres est l’œuvre de Steve Lazarides. Ponte du street art, ce dernier s’est d’abord fait connaître en cofondant la boutique en ligne Pictures On Walls, qui édite des sérigraphies des grands noms du street art et plus dernièrement en signant Outsiders, catalogue non exhaustif de street artists qu’il défend. La galerie, située dans le quartier de Soho, est bâtie sur le site d’un ancien commerce de bric-à-brac sadomasochiste. Dorénavant, vous pouvez donc vous torturez l’esprit et faire mal à votre portefeuille en vous procurant une œuvre de Banksy, Jamie Hewlett, Antony Micallef, Faile, Stanley Donwood, Mode 2, Paul Insect, Kelsey Brookes, Conor Harrington, Invader, Ben Turnbull, Mark Jenkins, 3D, Jonathan Yeo, Lucy McLauchlan, Miranda Donovan ou Zevs. Rien que ça. Témoignage du succès rencontré, une autre galerie à vu le jour à Newcastle. Notre bon vieux Steve a même décidé de s’offrir New York. Du 26 septembre au 12 octobre 2008, au 282 Bowery at Houston, un vast group show de street artistes a juste recouvert la rue tout entière d’œuvres gigantesques. Monstrueux.

Sous ce nom mystérieux se cache une manifestation dédiée au dessin qui se répand dans le monde entier. Inspiré par The Warriors et Fight Club et lancé à Londres en mars 2006, Secret Wars est un concours géant qui confronte en direct, lors de sessions de 90 minutes, des artistes dans leur plus simple appareil (les seuls outils autorisés sont de la peinture ou des marqueurs, toujours noirs). Le gagnant est désigné par l’ensemble de la foule à l’applaudimètre et par deux juges. Parallèlement à la mise en place au Royaume-Uni, de battles réguliers, l’équipe a également organisé des tournées européennes (Paris, Amsterdam, Berlin, Dresde, Milan, Barcelone et Londres) et des sessions dans le monde entier (USA, Japon, Australie). Les gagnants se voient remettre un petit chèque qui fait plaisir. La prochaine finale a lieu à Londres, au Village underground, repère de l’équipe organisatrice, avec un prix de 1 000 livres sterling à gagner.

« London State of Mind », pensa le philosophe quand, face à la Tamise, il s’assit sur un banc cinq minutes avec toi. Et pour la première fois, la Vérité fut approchée, le Darfour sauvé, la Grande Boucle bouclée. Car, oui, bien plus que la fourmillante mégalopole qui nous est constamment dépeinte, Londres est avant tout cette ville anthropophage faisant sienne chacun de ses habitants. L’expression individuelle au sein du labyrinthe stomacal se fera toujours empreinte de ce rapport fusionnel à la ville que peuvent avoir les londoniens, consciemment ou inconsciemment. Ainsi s’inscrit le collectif d’artistes Shunt. Les dix performeurs qui le forment ont pris Londres comme terrain de jeux, installant leur manifestation dans les lieux d’histoire oubliés, les bâtiments défoncés et abandonnés de la capitale. A la croisée du théâtre contemporain, de la création plastique et musicale, Shunt est un laboratoire de recherche artistique qui se meut à la lumière des places investies. Depuis deux ans et demi, ces squatteurs professionnels ont pris leurs aises dans une station désaffectée du début du XIXe siècle. Le Spill Festival profite de cet espace d’irréels, créé par ce dédale d’arches souterraines pour y présenter quelques-unes de ses performances live. Culture et territoire, mon pote.

+ d’infos Lazarides Gallery 8 Greek Street - London’s Soho 77 Quayside - Newcastle www.lazinc.com

+ d’infos Secret Village Underground 54 Holywell Lane - London www.secretwars.co.uk

+ d’infos www.shunt.co.uk Shunt Vaults 20 Stainer Street, London/United Kingdom www.spillfestival.com, du 2 au 26 Avril, le 13 et 14 au Shunt Vaults.




PAGES BLANCHES 27

¤Pages Blanches n°25 Ouverture



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La cabale du mur par Guylaine de Fenoyl Le quai de la Pêcherie bruit d’une rumeur inhabituelle en ce dimanche matin. D’habitude, les promeneurs inclinés sur les présentoirs interpellent les bouquinistes à propos de l’origine d’un livre ou furètent à la recherche de la perle rare. Léonard tend l’oreille. Le nom de Bernard Pivot circule de bouche en bouche. Il est mal réveillé, mais il lui semble entendre parler d’assassinat. Il se tourne vers un chaland. - Qu’est-ce qui se passe ? - Vous n’êtes pas au courant ? Pivot a été décapité ! - Hein ! Léonard se laisse entraîner par la marée humaine qui progresse en direction du quai Saint-Vincent et s’agglutine au niveau de la rue de la Martinière. Le doute n’est pas permis : à la place de la tête de Bernard Pivot, il n’y a plus rien. Le cou se termine net, le sang dégouline en sombres rigoles le long du vêtement du défenseur de la langue française. Une grosse tache macule même le trottoir. La foule est dense, rassemblée pour contempler le spectacle. Les lyonnais sont furieux. Qui a pu s’en prendre à leur mur ? Des hypothèses jaillissent. Les parisiens, bien sûr, éternels adversaires, ou les marseillais, jaloux des victoires de l’OL. Mais non, ils se seraient attaqués à Bernard Lacombe, symbole sportif ! Soudain, un homme tend le bras vers le balcon du haut. - Mais… Juliette est bien pâle, vous ne trouvez pas ? Regardez : il y a une marque rouge sur sa robe blanche, juste au-dessus du repli jaune formé par sa cape ! Pas de doute, on a tué Madame Récamier en même temps que Bernard Pivot. La police tout juste arrivée, tente de disperser les badauds. - Circulez ! Tout ça est l’oeuvre d’un petit plaisantin. La mairie de Lyon s’occupe de tout. Le peintre est prévenu. Il réparera les dégâts. - Ça m’étonnerait ! La jeune fille qui vient de s’exprimer désigne l’artiste d’un doigt tremblant. Dans ses mains, il n’y a plus de pinceaux et les pots de peinture ont disparu. C’est un véritable complot ! « Une étrange affaire se déroule actuellement à Lyon. Après Bernard Pivot et Juliette Récamier, c’est au tour des frères Lumière d’avoir été occis sur la célèbre fresque visible du quai Saint-Vincent… » Léonard sursaute, lâche son bol et quitte son studio à toute allure. Encore ! Il se précipite dans le premier. Deux cordes attachées à la rambarde où se tient SaintEx pendent jusqu’au balcon inférieur. Elles se terminent par des noeuds coulants qui enserrent les gorges des inventeurs. Les habitants de Lyon se sont rassemblés en masse pour constater les faits. Ils discutent vigoureusement. Beaucoup prennent des photos. Ils se regroupent dans les cafés alentour ou en profitent pour visiter les galeries, s’installer dans les bouchons et essayer d’en savoir plus. Même sur le quai de Bondy en face, la densité humaine est inhabituelle. Un vieil homme incrimine les gones d’aujourd’hui qui ne respectent rien, c’est bien connu. De nombreux journalistes circulent parmi les passants. Mais nul ne semble savoir qui attaque ainsi les lyonnais célèbres. Une chose est sûre : chaque résident de la cité des Gaules se sent atteint, personnellement. La fureur monte.


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« Le massacreur de Lyon a encore frappé » : la Une du Progrès. Assis dans un bistrot, Léonard sirote son café. Frédéric Dard a purement et simplement disparu. Quant à Maurice Sève, il s’est affalé sur son balcon dans une attitude qui ne prête à aucune confusion. La belle cordière en a l’air tout dépité ! - Je croyais que la police ne quittait plus le mur des yeux. - Oh, on a affaire à des petits malins ! Il y a eu une rixe cette nuit sur la passerelle. Les policiers ont dû quitter leur planque. Ils ont coursé les bagarreurs dans tout Saint-Jean ! - Le peintre a fait sacrément vite ! - Pour Dard, c’était enfantin. Et pour Maurice Sève, il a utilisé une toile pré-peinte qu’il a collée au mur. Ce sera facile à réparer ! - J’imagine que la nuit prochaine il ne pourra rien faire. Tout sera surveillé de près. - Y a des chances. Nous, on reste ouvert, comme tous les commerçants du quartier. Même à Saint-Paul, ils ont prévu de ne pas fermer. Les touristes affluent de partout. Léonard a décidé de veiller aussi. Il a pris ses quartiers, 3 rue de la Martinière. Vue sur le mur, vue sur le quai. Etant donné le monde rassemblé, il se demande bien comment le « massacreur du mur » pourra opérer. Le cabaretier passe de table en table, servant alternativement café et boissons fortes. Les conversations vont bon train. Paul Bocuse s’est déplacé. Il surveille attentivement son personnage. Pas question que sa toque ne bouge d’un iota ! Les policiers sont aux aguets. Jamais on a vu un tel déploiement de forces pour un mur ! La nuit est claire et de nombreuses personnes se sont munies de jumelles. Elles scrutent attentivement la moindre parcelle peinte. Mais rien ne se passe. Les gens vont et viennent des deux côtés de la Saône. Les commerçants font leurs affaires. Un client apostrophe le patron du bar : - Dis donc, Marcel ! Si on n’arrive pas à joindre le peintre, vous pourriez peut-être vous y mettre, tes copains et toi ! Léonard se tourne vers ledit Marcel. - Vous peignez ? - Oh, ici, on est tous un peu artistes ! On est pas descendants des canuts pour rien ! - Et amoureux de votre quartier ? - Et de Lyon ! - L’hiver a été long, n’est-ce pas ? Et la crise a dû mettre à mal vos petits commerces… Je me demande comment vous allez vous en sortir. - Les lyonnais sont dégourdis. - Je vous crois ! Cette affaire est une aubaine pour vous. En fait, je parlais de cette nuit… Une clameur retentit au-dehors. Léonard se précipite. - Là, regardez ! - Où ? - Sur le balcon, à portée de main d’André-Marie Ampère ! On dirait une grenade dégoupillée ! - Comment est-elle arrivée là ? La grande échelle est dépliée et un pompier grimpe lestement. Il parvient au niveau de l’objet peint et le détache. Il fait un signe, pouce tendu. Tout va bien ! Léonard hoche la tête. L’engin, préalablement encollé, a été projeté d’une fenêtre d’en face avec un système de pompe à air. Du grand guignol ! Vraiment malins, ces lyonnais !



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PAGES BLANCHES FEAT. MANYSTUFF* À L’OCCASION D’IMAGES SONORES 09 Mathias Schweizer www.rolax.org/ (pp. 28-29) James Whipple www.indoor-oak.org (p. 30) Robert V. Wodzinski www.robertwodzinski.com (p. 31) Raphaël Bastide www.raphaelbastide.com (p. 32) Pierre Vanni www.pierrevanni.com (p. 33) Oliver Laric www.oliverlaric.com (pp. 34-35) Guylaine de Fenoyl Lauréate 2009 du prix « Agostino » de la nouvelle policière du Quai du Polar www.quaisdupolar.com (pp. 36-37) Ambiguous Artists Paddles Exhibition - Steven Burke Membre du collectif Ambiguous Addicted Artists Association Prochaine Expo lors de l’évènement Ping Pong à l’occasion du festival Nuits Sonores 21 & 22 mai 09 - Galerie At Work 23 rue Burdeau Lyon 1er www.ambiguousclothing.com (pp. 38-39)

*MANYSTUFF « Every morning I check Manystuff » et « Every morning I do Manystuff », voilà qui concentre la démarche de ce blog, de son administratrice ainsi que celle du visiteur, fidèles comme en témoigne les statistiques de fréquentation : « Every morning », environ 4 000 visiteurs se laissent guider par la sélection de graphistes présentés par Manystuff qui se veut le miroir d’une pratique, le reflet d’un paysage dont le cadre se définit par des coups de cœur quotidiens. Manystuff étend son activité de promotion de la nouvelle scène graphique et s’engage entre autres dans un commissariat : rester devant l’écran c’est une chose, mais il semble indispensable de faire une expérimentation sensible de cette discipline, de cette pratique, de ces créations. *MANYSTUFF & IMAGES SONORES 09 Sur Internet la définition de l’image est conditionnée par le débit du flux d’informations. A priori on pourrait se dire que l’objectif de la technologie du net est de nous apporter une image d’une définition la plus haute et la plus précise. Mais finalement, ce qui compte est d’optimiser sa diffusion. Le graphisme sur ordinateur, aujourd’hui, se concentre beaucoup sur le réseau : concevoir une vidéo, une image, un pdf, disponibles « on line ». De ce fait, confronté à ce probleme du « poid » de la création, de sa diffusion, le graphiste adopte plusieurs positions : tantôt il s’y plie jusqu’à la caricature, jusqu’à revenir aux archétypes de l’image graphique numérique de la première ère du net ; tantôt il la défie en faisant de la Haute Définition (HD), d’immenses images, des vidéos léchées... Manystuff, dans le cadre d’Images Sonores 2009 (Festival Nuits Sonores), souhaite présenter ces deux extrêmes et les confronter, et propose une exposition de travaux originaux - réflexions, expérimentations - de Pierre Vanni et A+B Designers, Mathias Schweizer, Robert Wodzinski, James Whipple (Indoor Oak) et Olivier Laric ; ainsi qu’une performance de Raphaël Bastide. www. manystuff.org www.nuits-sonores.com

¤Pages Blanches Kiblind n°25 Crédits



mouto électriq Science-fiction, Fantasy, littératures de l’imaginaire et romans policiers. Une maison d’édition consacrée à la publication et à l’étude des genres « mineurs », avec une méthode d’analyse inspirée des popular studies anglo-saxonnes. Texte: J. Tourette Illustration : Thiriet, empruntée à la couverture du Prisonnier de la planète Mars, de Gustave Le Rouge (février 2009).

+ d’infos : *Les Moutons électriques, éditeurs depuis le 1er juin 2004. www.moutonselectriques.fr

aa « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » Philip K. Dick pose cette question en 1966, sur la couverture d’un roman. Quand Ridley Scott revisite le texte, en 1982, il lui préfère le titre Blade Runner. L’adaptation cinématographique remportant immédiatement un vif succès, les éditeurs français de science-fiction se mettent à la page, et conservent les deux mots du réalisateur. Vingt ans plus tard, une maison d’édition exclusivement SF/Fantasy voit le jour à Lyon, baptisée en hommage à l’écrivain californien : Les Moutons Électriques. Créée en 2004, la maison rassemble une équipe d’amateurs éclairés des littératures de l’imaginaire, de traducteurs, graphistes et écrivains, réunie autour de André-François Ruaud. La ligne éditoriale des Moutons Électriques, composée alors de romans et d’études axés sur des littératures « mineures », dans la langue de l’exégète, ils élargissent rapidement le champ de la science-fiction à un autre

genre « populaire » : le polar. Leur bibliothèque compte alors trois « collections » : une collection de romans petits formats centrés sur la science-fiction et la fantasy ; une revue d’essais et recherches, Fiction ; et une « Bibliothèque Rouge » d’ouvrages originaux célébrant les grandes figures de la littérature populaire et policière, agencé comme des « biographies » de personnages imaginaires, tels que Sherlock Holmes, Hercule Poirot ou Arsène Lupin.

MIROIRS ET VOLTAÏQUE

Avec la rigueur d’un protagoniste d’Asimov, Les Moutons Électriques opèrent en 2007 une restructuration plus pertinente de leur catalogue. Sous l’impulsion de leur nouveau gérant, Raphaël Colson, les collections sont réorganisées : les romans originaux et les textes non traduits ou épuisés en France sont rassemblés dans la « Bibliothèque Voltaïque » ; et la « Bibliothèque Rouge » étend son


ns ques rayonnement policier au genre fantastique (Dracula, Frankenstein). Une nouvelle « Bibliothèque des Miroirs » sort de terre, avec un premier sujet qui démangeait de longue date Raphaël Colson et son partenaire de recherches Julien Bétan : le zombie (Zombies !, février 09). La particularité de cette collection tient à sa vocation encyclopédique : traiter un sujet chronologiquement, sans chercher à cloisonner thématiquement les supports de référence (littérature, cinéma, télévision, BD, etc.), à la manière des popular studies anglo-saxonnes. C’est pourquoi chaque page de texte de cette collection, équilibrée entre spécialisation et vulgarisation, fait obligatoirement face à une page d’illustration. Le public d’aujourd’hui lit de l’image.

FICTION

Plus vieille revue française de SF et liée à ses débuts au périodique américain Fantasy & Science Fiction, la revue Fiction

apparut en 1953. Sa ligne se concentrait sur l’actualité de la SF, les études et la publication de nouvelles originales ou traduites de l’anglais. Bilan : 412 volumes et un arrêt cardiaque en 1990. En réanimant le titre, Les Moutons Électrique lui ont donné une seconde vie. Tirée deux fois par an, Fiction compile une sélection des meilleurs passages de la revue américaine, des nouvelles internationales, des essais, chroniques et trois portfolios de photos ou d’illustrations. Chaque numéro porte également en couverture la marque inédite d’un insigne illustrateur, tel que F’Murrr (N°2), Trondheim (N°3) et Moebius (N°4). Cinq ans d’édition. Les Moutons Électriques comptent aujourd’hui 76 ouvrages à leur catalogue. 8 sont attendus en 2009 et 9 pour l’instant en projet. Reste à éviter les 451° Fahrenheit : la température à laquelle le papier s’enflamme et se consume.

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+Parutions récentes : *Gagner la guerre, Jean-Philippe Jaworski *Fiction, tome 9 *Le Prisonnier de la planète Mars, Gustave Le Rouge *Le Casino perdu, Michel Pagel *Zombies !, Julien Bétan & Raphaël Colson *Le Dico des héros, ouvrage collectif *Chimère, Mary Rosenblum *Deux collèges de magie, Caroline Stevermer


LIVRE I BD I REVUE

Aux vents ! par A.Demousson

JSBJ par G. Jallut

La bande se compose de 4 amis. Epris entre autre de photos, ils lancent un website pour mettre à disposition des yeux curieux le fruit de leurs pérégrinations de par le monde, et reçoivent un accueil chaleureux et nombre de photos dans l’esprit des leurs. Une 1ère publication JSBJ voit le jour en 2007 : 64 pages de photos noir et blanc prises par les 4, pour 150 exemplaires rapidement écoulés. Il aura fallu attendre 2009 pour avoir devant les yeux le nouvel opus. Réunissant cette fois plusieurs photographes rencontrés via leur site, « Taxis pleins , taxis vides » est un bel objet de 76 pages couleurs tiré à 500 exemplaires numérotés main. Derrière un titre énigmatique, le propos est riche, complexe, simple, paradoxal… La photo semble autant héritée des mouvements lo-fi initiés par les Holga ou Lomo que des papes William Eggleston ou Robert Franck : photos du quotidien, de voyages, au premier regard anodines et dont on sent pourtant qu’elles cachent quelque chose. La série floute les frontières : on croirait avoir affaire à un seul photographe, il y en a 12 ; on pourrait entrevoir différents endroits d’un seul pays quand 16 sont présentés ; est-ce la ville, la campagne ; aujourd’hui, il y a 25 ans ? + d’infos : JSBJ - Taxis pleins, taxis vides Edité à 500 ex Dispo dans plusieurs librairies à NewYork, Paris, Lyon et Grenoble et sur www.jesuisunebandedejeunes.com 76 pages / 195 x 255 mm / 20 euros

Frédéric Magazine par J. Martinez

Dans la nébuleuse des magazines dédiés au dessin, voici Frédéric. À l’origine simple site Internet présentant quotidiennement les travaux d’artistes œuvrant dans l’univers du dessin, Frédéric s’est depuis dédoublé. Frédéric le site, co-existe donc depuis 2006 avec Frédéric, version papier. Le troisième numéro du magazine vient tout juste d’arriver. Il est beau et plutôt grassouillet (220 pages). Les cinq membres fondateurs (Isabelle Boinot, Frédéric Fleury, Emmanuelle Pidoux, Frédéric Poincelet et Stéphane Prigent) ont convié des dessinateurs dont ils se sentaient artistiquement proches. On retrouve ainsi distinctement signifié cinq chapitres, cinq familles, cinq territoires, et cinq manières d’appréhender le dessin. Frédéric magazine est co-édité par F.L.T.M.S.T.P.C., les éditions du 57 et arts factory [ éditions ]. Ces derniers, véritable plateforme artistique, sont aussi à l’origine de la collection Dans la marge, cahiers de dessins contemporains monographiques et organisent des expositions itinérantes. Prochaine escale, dans le cadre du frédéric magazine tour 2009 / 2010, du 27 juin au 1er août 2009, à l’espace GHP de Toulouse. + d’infos : Frédéric magazine 3 publié par F.L.T.M.S.T.P.C. + les éditions du 57 + arts factory [ éditions ] Liste des points de vente : www.artsfactory.net http://fredericmagazine.free.fr 220 pages couleur / Format 31 x 22 cm 25 euros

Il fallait oser : publier le gros roman d’un parfait inconnu. C’est le nouveau pari de la collection «À charge» des Éditions À plus d’un titre, avec la sortie du troisième titre de son catalogue. Mais quel roman… Imaginez L’Étranger de Camus raconté/ redécouvert dans la langue de Céline ! Bien plus, bien mieux qu’un roman noir ! Aux vents ! de Marc Pellacœur, c’est l’histoire d’un homme qui laisse (par lâcheté) son ami Mustapha se faire tuer par un autre ami, le terrible Plantu. S’ensuit une descente aux enfers de 450 pages qui jamais ne sortira du territoire de Saint-Amand (ville dont le maire s’appelait… Maurice Papon !). Pour être encore plus précis : l’essentiel de l’histoire se déroule entre les murs de la (seule) discothèque de Saint-Amand. Pas d’erreur possible : dans ce roman censé se passer dans les années 70, c’est le portrait de la société française d’aujourd’hui que Pellacœur nous trace avec force et sensibilité. Il y a bien quelque chose de pourri dans notre royaume hexagonal, mais Pellacoeur, avec le verbe qui est le sien, parvient à faire (sur) vivre au milieu de ce chaos quelques personnages émouvants (dont Michelle, figure inoubliable pour le lecteur, aussi passionnée de cinéma et de livres que de… cul). Signalons aussi, entre autres morceaux de bravoure, un match de football narré sur de nombreuses pages et qui réconciliera les amoureux et les détracteurs du ballon rond (un tour de force que seul un grand écrivain peut réussir). + d’infos : Aux vents ! de Marc Pellacœur Editions A plus d’un titre collection « A charge » 454 pages / 19 euros


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Amusement par G. Jallut

Filles perdues

par R. Fertier / Librairie Expérience

Gagner la guerre par S. Dabat

Plus qu’un simple magazine sur les jeux vidéo, Amusement se veut le premier magazine lifestyle portant sur les loisirs numériques, les jeux vidéo et la culture interactive. Pointu, Amusement représente une nouvelle garde de supports intelligents débridant les rapports entre magazine culturel et magazine lifestyle. Maquette sobre et moderne n’ayant rien à envier aux revues d’art contemporain, chroniqueurs issus des rédactions du New-York Times, Wired, Vogue, Vanity Fair, Art Press, Le Monde, Wallpaper*, ou The Economist, le trimestriel haut de gamme s’affirme depuis bientôt 1 an comme une référence culturelle sérieuse. Habitué donc à décloisonner les catégories, Amusement explore les relations souvent peu établies entre support papier et information dématérialisée en proposant en mars un n°4 relié à Internet via une puce RFID. L’heureux acquéreur se verra ainsi proposer sur le web un contenu spécifique à son utilisation du titre presse : un jeu-vidéo, un dispositif interactif multi-utilisateur, une installation interactive, une vidéo en 3D et un wallpaper. Ce contenu sera enrichi au fur et à mesure, démontrant que presse et Internet ne sont plus concurrents, mais peuvent au contraire s’interpénétrer intelligemment.

A l’orée de la guerre, trois jeunes femmes se retrouvent dans un hôtel. Quelque chose de très particulier commence à les unir, un lien étrange qui se tisse : celui de l’innocence perdue. Chacune à leur tour, Dorothy, Wendy et Alice vont raconter leurs enfances chargées de vices et d’apprentissage sexuel, tout en redécouvrant un plaisir jusque-là refoulé. Et plus les histoires se révèlent, plus la tension et la décadence montent d’un cran dans ce lieu hors du temps. Là encore, les talents scénaristiques d’Alan Moore ne trompent pas, avec cette adaptation érotique de trois classiques de notre enfance : Le magicien d’Oz, Peter Pan et Alice au pays des merveilles. Si les trois figures féminines de ces romans ont perdu de leur innocence, c’est pour nous un véritable plaisir que de les redécouvrir d’une manière totalement détournée. Ainsi, bien que ce roman graphique soit en premier lieu dédié à la luxure, nous avons là un véritable conte initiatique, la trame servant une réflexion philosophique sur le passage de l’enfance à l’âge adulte, et sur la perte de l’innocence. Quant au génie de l’illustratrice Melinda Gebbie, bien que d’apparence discret, il n’en reste pas moins incontestable lorsque l’on découvre toutes les corrélations qui existent entre l’histoire et la narration graphique.

Après son recueil Janua Vera, JeanPhilippe Jaworski retourne dans son univers avec le plus truculent de ses personnages : l’assassin/espion Benvenuto Gesufal. Racontée à la première personne dans un style argotique et imagé, l’histoire nous raconte les péripéties de don Benvenuto, plongé dans les méandres d’une politique retorse, où les meurtres ne sont que la partie immergée de l’iceberg et les trahisons et retournements d’alliance forment le quotidien des hommes politiques. Et notre Benvenuto, quand la curée commence, il s’en prend, des raclées. Torture au début, rafistolage barbare au milieu, égorgement et nécromancie à la fin... l’auteur n’épargne rien au lecteur, pas même sa pudeur ni ses dernières illusions : notre héros est pourri jusqu’à la moelle, qu’on se le dise ! Mais qu’est-ce que c’est bon ! Enfin un roman de fantasy politique libéré des tabous qui étouffent généralement ce style. Ici, tout est cohérent : l’univers à la vénitienne décadent et tortueux, le héros avec la gueule et le vocabulaire de l’emploi, le scénario aussi tortueux que les ruelles de Ciudalia... Jusqu’à la fin, jusqu’au dernier mot, qui achève au vitriol la chronique d’un monde en pleine déliquescence.

+ d’infos : Amusement n°4 http://amusement.fr Dispo depuis le 20 mars en kiosque 204 pages / 5 euros

+ d’infos : Filles perdues Alan Moore et Melinda Gebbie Editions Delcourt, 2008 320 pages / 49,90 euros

+ d’infos : Gagner la guerre Jean-Philippe Jaworski Les Moutons électriques éditeurs 684 pages / 28 euros



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s e p a r t s the la h c a e t . r m of

eugneau

Texte : M. Gu

D’aucuns aiment à se rappeler les sept dernières paroles du Christ. D’autres, les quatre derniers viols de Barbe Noire (Edward Teach). Ceux-là ont plus de chance de finir un peu chiffonés.

aa La légende veut que le rock soit mort dans son vomi avec un album de Lenny Kravitz. Pour le coup, force est de constater qu’on nous a pris pour des cons. Il va très bien, merci, et The Last Rapes Of Mr. Teach nous apporte une énième preuve de la Bonne Nouvelle. Ces loubards des années 2000 ont, en un an, franchi toutes les portes de la gloire qui mènent à jouer en première partie des légendes de la No Wave new-yorkaises Lydia Lunch et Teenage Jesus & The Jerks à la Nuit 4 de Nuits Sonores. Signés sur label April77 records, rejeton de la marque du même nom, Martin Puy (guitare/chant), Maxime Viennet (basse/chant), Xavier Terracol (batterie/chant) et Pierre Ferrero (guitare/chant) ont su prendre le rock-jeu par le bon bout pour très vite dézinguer la France et l’Europe. Ces briançonnais n’ont pas merdé une minute pour prouver que Barbe Noire avait bel et bien lâché quatre lardons dans la nature. Dans leur folle année 2008, ils ont appris aux squatteurs des caves allemandes, anglaises ou italiennes, le lourd fumet du rock abreuvé au Génépi. Mais pas que.

+d’infos : myspace.com/ thelastrapesofmrteach En concert dans la region : Le 16/04 à annecy avec sex beet au comptoir de la folie ordinaire Le 17/04 à Lyon avec sex beet au trokson Le 23/05 pour le festival Nuits Sonores à Lyon au marché gare

Beau comme un arracheur de dents

Visuel : Renaud Thomas www.myspace.com/arbitraire *À partir du 20 avril, découvrez en exclusivité sur Recmag une interview inédite de The Last Rapes of Mr Teach www.recmag.com

Dès leur plus jeune âge engrainés dans un rock où la mode est plus à pisser sur la reine d’Angleterre qu’à faire des concours de coupes au bol, ils ont passé leur adolescence à compter les cicatrices de Sid Vicious sur les vinyls des Sex Pistols. D’où leur tendance à gratter la corde comme on soufflerait les trompettes de l’apocalypse. C’est arrivé au bord de ce chaos qu’on dénote au bout de leurs chaussures pointues l’aérienne mélancolie attrapée au vol de la redécouverte des nuggets des sixties californiennes (The Seeds, 13th Floor Elevators, The Electric Prunes,…). Sûr, ces mecs sentent aussi le cactus. Merveilleuse époque que la nôtre où l’explosion des talents individuels n’a d’égale que l’érudition musicale de leurs dépositaires. The Last Rapes Of Mr.Teach se font les hérauts de cette propension à mélanger les genres, à mettre un peu de sauce blanche dans les kebabs samouraï. Et quand t’as un peu faim en soirée, putain, c’est bon.


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n w o t s gho llut

Ja Texte : G.

Il n’y a pas que les châteaux qui soient hantés et qui nous viennent d’Ecosse. Quelques accords d’une mélopée fantomatique résonnent désormais près des montagnes iséroises.

aa Construit comme un triptyque autour de la figure emblématique de Rael, Ghostown est un groupe certes grenoblois, mais d’horizons bien plus larges. Contrairement au gourou homonyme qui vient de Mars, en Auvergne, Rael Powell vient d’Ecosse. C’est d’une petite ville de là-bas et d’un titre des Specials que lui vient l’envie de qualifier les ambiances et sons qu’il crée de fantomatiques. Le bonhomme est musicien. D’une mère mélomane il tire des références tels que Talking Heads, Brian Eno ou B52s, et d’un apprentissage autodidacte et adolescent un goût prononcé pour la scène trip hop britannique, le hip hop mid school, la composition, le sampling et le rap. Sa carrière, amorcée jeune, se poursuit alors qu’il quitte son pays natal pour la France en 2002. L’entité Ghostown apparaît pour la première fois en 2004. Elle trouve sa composition définitive un an plus tard avec l’intégration de deux âmes : Jeason le maudit, aka Kirsa, DJ montpelliérain au long cours, finaliste de sessions DMC ou ambianceur warm up (pour Birdy Nam Nam entre autres) apporte ses influences hip hop et breakbeat, tandis que la guitare de Baptiser aka Bat de Florette tourne autour de nuances dub, reggae, trip hop ou nu-jazz.

EVERYTHING IS BROKEN UP AND DANCES

+d’infos : www.myspace.com/ raelsghostown LP Reflectionz à venir le 15 avril 08/04, Ninkasi Kafé (Lyon) 25/07, Cabaret Frappé (Grenoble) 31/07, Festival Rock n Poche (Habère Poche) *À partir du 10 avril, découvrez en exclusivité sur Recmag une interview inédite de Ghostown www.recmag.com

C’est cette vaste attraction pour un champ varié de musiques qui donne au groupe une coloration cohérente pourtant multiplement composée. Riff de Fender façon Shadows, nappes flottantes, beat hip hop ou electro, basses dub, mais aussi multiples samples de bouzoukis grecques, de sitars indiens ou d’accordéons français et tziganes font de chaque titre de Ghostown une alchimie entre trip hop et hip hop matinée d’influences world. À la façon d’un Buck 65 ou d’un Busdriver, le flow de Rael est précis, fluide, rapide voire survitaminé. Et comme pour ses influences musicales, ses textes s’inspirent de multiples références. De la littérature classique à la science-fiction en passant par le roman, l’Écossais place humour potache, dissertations sur les grandes thématiques d’une vie ou gentille absurdité avec un égal savoir faire. 40 dates en 3 ans, les premières parties de Wax Taylor, The Youngsters, UHT°, Sayag Jazz Machine, ou La Brigade, la machine Ghostown live se porte bien. Et après avoir offert titres et EP téléchargeables gratuitement, le trio sort en avril un LP de 14 titres. Le premier album 100 % ghost songs pourrait-on dire.


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y m i i l s this is llut

Ja Texte : G.

Internet nous avait accoutumé aux ascensions rapides, mais il y avait longtemps qu’un tel météore n’avait pas déchiré les cieux musicaux de l’hexagone. Can you feel it ?

a Dans le clip des Jacksons, un gigantesque Michael holographique déversait à pleine poignée des étoiles multicolores qui redonnaient le sourire aux gens. À sa façon, Sliimy reproduit le geste, égayant le Vert stéphanois des fluos de son âge, dévergondant une pop française souvent neurasthénique, et redonnant au « slim » une connotation moins épidermiquement irritante. Le garçon, tout juste 20 ans, timide et excentrique, allure mi-kid midandy et vivant en anglais VOST à Saint-Étienne, vient de faire en 6 mois ce dont des générations d’artistes ont passé leur vie à espérer. Anonyme lycéen en terminale il y a un an, le chanteur qui sommeillait en lui se réveille un peu brusquement au contact de Feed, guitariste et chanteur, et de sa Chambre bleue. Le home studio du musicien est en effet censé accueillir le jeune homme pour enregistrer un premier titre… qu’il n’a pas encore. Sliimy compose et écrit donc pour l’occasion When life, et se lance. Le courant passe si bien entre les deux qu’ils décident de continuer à bosser quelques morceaux ensemble.

wake up

+d’infos : 1er album dans les bacs le 6 avril www.myspace.com/sliimy 23/04, Festival Changez d’air (Saint-Genis-les-Ollières) 31/05, Festival Paroles et musiques (Saint-Étienne)

En bon enfant de la génération web, Sliimy alimente ses pages Myspace, Youtube et son blog, diffusant largement ses reprises et compositions. Les concerts s’enchaînent, dans la région ou à Paris, et le jeune stéphanois est dragué par plusieurs labels. Il passe son bac, l’obtient, et signe dans la foulée avec l’une des plus grosses maisons de disques internationales : Warner. Pas diva pour autant, il continue d’enregistrer avec Feed dans le micro studio stéphanois, et de jouer sur scène dès qu’il le peut. Les choses s’accélèrent en décembre 2008 : un premier EP de 3 titres intitulé Démos sort, et l’excellent cover du Womanizer de Britney se retrouve sur le site de Perez Hilton – the gossip’s king - finissant de générer le buzz sur le web. Surpris de la fulgurante ampleur de cette estime, Sliimy continue cependant de fonctionner au feeling, gardant les impros qu’il aime, partant mixer ses titres dans un studio de Brooklyn à l’ambiance très famille, réalisant lui-même l’artwork de son futur album à la colle et aux ciseaux. Les titres du LP laissent pourtant entrevoir qu’il est sans doute autre chose qu’un artiste gentiment funny. Derrière le personnage toonesque volontairement haut en couleur, on devine quelques blessures et secrets qui font de sa jovialité un paradoxe, et d’un garçon déjà attachant un véritable artiste en devenir.


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, e i h p a r g o n scé m a h a r g n de da t r e b o r t r e à hub Texte : J. Martinez

Du 14 mars au 28 juin, le musée des beauxarts et d’archéologie de Valence et l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne présentent dans 8 lieux, le regard de 24 artistes sur la notion de scénographie. De sa définition académique jusqu’à sa mise en perspective contemporaine.

+d’infos : Scénographie, De Dan Graham à Hubert Robert Du 14 mars au 28 juin 09 www.musee-valence.org Visuel : Dan Graham, Project for Slide Projector, 1966/2005, 80 35mm color slides and carousel slide projector, Collection Dan Graham, Courtesy Marian Goodman Gallery, installation Orchard, 2005

a Pour débuter son cycle d’expositions hors les murs, Combinaisons, le musée des beaux-arts et d’archéologie de Valence s’associe à l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne et propose un parcours dans 8 lieux culturels et patrimoniaux de la région Rhône-Alpes, autour de l’art d’agencer un espace scénique (sites, édifices, paysages, décors, etc). Au programme, une sélection d’œuvres de 24 artistes, emblématiques et contemporains, qui ont traité, à leur façon, la notion de scénographie, depuis sa définition académique, jusqu’à sa mise en perspective contemporaine. Profitant de quelques années de rénovation, jusqu’à sa réouverture en 2012, le musée des beaux-arts et d’archéologie de Valence initie donc, avec cette exposition, un vaste mouvement de collaboration avec des structures associées, dans le domaine culturel en général et celui de l’art contemporain en particulier.

SCENO HORS LES MURS

Scénographie, de Dan Graham à Hubert Robert, propose ainsi un regard actuel sur la scénographie à travers une sélection de pièces issues des collections des deux structures organisatrices. On retrouve des œuvres classiques et emblématiques autour de Hubert Robert, Jean-Baptiste Blanchard, Henry d’Arles ou Jean-François Hue ainsi que des pièces d’artistes contemporains comme Dan Graham, Günther Förg, Cela Floyer ou Kate Blacker. En sortant volontairement de la logique de parcours chronologique, l’exposition permet d’explorer au mieux les formes et les artifices qui jouent sur le rapport du visiteur à son environnement. Enfin, en plus du partenariat avec l’IAC, on retrouve différents lieux culturels associés, parmi lesquels Lux Scène nationale, qui accueillera le 22 avril une rencontre avec les commissaires de l’expo, suivie d’une conférence sur « le paysage cinématographique » , ou encore la Comédie de Valence, qui proposera le 3 avril une soirée autour de la dernière création de Josef Nadj, Entracte.


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s e u g i r d o r d i dav Texte : J. Martinez

Après avoir usé le bitume et les plateaux de danse pendant près de 15 ans, David Rodrigues, danseur Hip-Hop de formation passe le pas et propose un premier spectacle solo, à la croisée des chemins artistique (entre danse contemporaine et Hip-Hop) et narratif (entre rêve et réalité). Ca se passe du côté de Bizarre ! à Venissieux, en co-production avec le CCO de Villeurbanne. +d’infos : Solo David Rodrigues + Cie 2nd Souffle Création « Trans’ Mission » Samedi 18 avril, à 19h. Salle Erik Satie, Rue Prosper Alfaric, à Vénissieux. Prix libre. Présentation publique de résidence, dans le cadre du projet Bizarre! www.projetbizarre.fr www.myspace.com/projetbizarre

aa Le spectacle de David Rodrigues, Solo pour un homme seul, se présente comme un voyage singulier dans la psychologie du personnage principal. En 30 minutes, le spectateur est invité à suivre les doutes, les interrogations d’un homme, seul, face à la réalité de sa propre existence. Pour David Rodrigues, ce spectacle est avant tout un défi artistique et personnel, une volonté de se confronter, seul, au public et à l’univers de la danse contemporaine. Danseur hip-hop de formation, influencé par la rue et les techniques du break, il découvre rapidement la danse professionnelle aux côtés de pionniers de la scène hip hop comme Samir Hachichi et Franck II Louise. En 2006, Mourad Merzouki (compagnie Käfig) le choisit pour faire parti de l’aventure Terrain Vague, aux côtés de danseurs hip hop, de circassiens et de danseurs contemporains. Le spectacle remporte un franc succès avec plus de 350 représentations dans de nombreuses salles. Mais la rencontre avec Mourad Merzouki va être aussi l’occasion pour David Rodrigues de prolonger sa réflexion sur l’évolution de la danse hip hop et sur son lien, complexe, avec la danse contemporaine.

TERRAIN fertile

Avec Terrain vague, il se confronte à des approches différentes du corps, moins brutales, plus globales, et se permet de laisser certains automatismes, issus du break, de côté. Poursuivant cette idée, il décide d’écrire un solo en s’inspirant de ses diverses rencontres artistiques et s’entoure pour cela de Maud Tizon, danseuse classique de formation, devenue chorégraphe contemporaine. Composé de trois tableaux, Solo pour un homme seul retrace les pérégrinations mentales d’un homme face à luimême. S’inspirant de l’image de la spirale, le personnage principal tourne autour de son existence, entre songe éthylique et réalité pathétique. Il revisite son enfance, s’interroge sur sa part de féminité, pour mieux comprendre ce qu’il est devenu. David Rodrigues s’amuse lui, avec les codes du hip hop (avec comme accessoires un skate ou des échasses), mélange les genres et se dirige, progressivement, là où on ne l’attendait pas.


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9 s e n n e é p o eur

Texte : J. Tourette

Tour de jeu organisé chaque année par le théâtre Les Ateliers, les Européennes rassemblent des artistes internationaux pour cinq jours de « mise en jeu » contemporaine.

aa « Parce qu’on ne peut s’adresser à tous, autant s’adresser aux impatients. » En choisissant Howard Barker en épigraphe, cette 9e édition des Européennes pourrait laisser croire qu’elle se situera dans ce « Théâtre de la Catastrophe » tellement caractéristique de l’auteur britannique. Un théâtre à pensées qui engagent des actes, qui décrit une humanité cruelle par nature, toujours séduisante, intelligence et lucide. Possible. Mais à la lettre, la référence enjoint d’abord à la curiosité. Une impatience curieuse, celle qui pousse à chiner, à fouiller pour dénicher quelque chose qui était passé à travers : de l’inédit. Aux spectateurs impatients, qui attendent du nouveau, comme aux impatients dramaturges, en attente d’émergence, les Européennes adressent leur festival. Le point de départ de cette manifestation, initiée en 2000 par Nicole Lachaise et Gilles Chavassieux, est de faire découvrir des textes inédits et inconnus du public. Des écrits d’ici et d’ailleurs, qui ont géographiquement donné un nom à l’événement. Choisis par le comité de lecture du théâtre Les Ateliers, ces œuvres donnent une vision de la teneur du théâtre contemporain européen. Elles étaient historiquement confiées aux metteurs en scène présents sur la saison du théâtre, pour être mises en jeu, comme un test de mise en bouche, avant de déboucher éventuellement sur une véritable création scénique la saison suivante.

Mise en jeu + d’infos : Les Européennes #9 13/05 au 17/05 Les 6 pays présentés : Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Pologne, France et Québec (certes, le concept géographique est ici un peu transcendé…) La programmation complète sur www.theatrelesateliers-lyon.com Visuel : Shopping and Fucking de Mark Ravenhill, mis en jeu par Samuel Delétang à l’occasion des Européennes #5. Photo : David Anemian.

Ce serait un intermédiaire entre la lecture et la mise en scène. Entre l’oralité statique derrière un pupitre et la comédie intégralement scénographiée. La mise en jeu comprend un travail préparatoire de mise en scène, comme une étape de work in progress, permettant de creuser des pistes qui contribueront à la création finale. Les metteurs en scène invités transmettent ainsi aux textes une résonance plus étendue, donnent à voir un spectacle plus vivant aux spectateurs qu’une simple lecture publique. Et comme la plupart des textes viennent d’outre-France, Simon Delétang, co-directeur des Ateliers, a souhaité cette année que les traducteurs soient également mis à l’honneur. Les Européennes #9 présenteront, du 13 au 17 mai, 7 dramaturges contemporains, 7 metteurs en scène, 5 traducteurs, une dizaine de comédiens et 6 pays.




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PROGRAMME PARTENAIRES PASS KIBLIND NTH8* l Nuit do it ! Génération 09 l 03/04 Les « Nuits du NTH8 » sont des moments éphémères et composites où la création prend prétexte d’une actualité, d’un évènement, ou d’un sujet qui brûle, et s’expose sous des lumières multiples. Elles rassemblent des artistes venus de rivages divers, conjuguent ensemble le cabaret, la scène, la tribune, le cercle de parole, le bar, la déambulation poétique... Et durent toute une nuit. Les comédiens-compagnons invitent des artistes amis et partenaires de jeux, issus de la Comédie de SaintÉtienne, du Conservatoire de Lyon, de l’ENSATT, pour une nuit composite Do It ! Génération 09, consacrée aux jeunes comédiens et au lancement de « l’après-compagnonnage ». Jusqu’au petit matin…

INFORMATION > Théâtre : Chantier Œdipe, mise en scène Sylvie Mongin-Algan / Projets des compagnons / Cartes blanches aux comédiens / Cold case avec Vincent Bady… > Chanson : Sainthomas, Monsieur Barthélémy, Koumekiam Jeux : Dégomme ton chanteur, quizz musical, cinématographique et théâtral... > Vidéos et photos : Jacques Bonnot > Boum : DJ Connasse à partir de 2h

* Genre : Théâtre / 22 rue du Commandant Pégout - Lyon 8e / www.nth8.com


L’IRIS* l Mythe au logis l 17 > 26/04 Guy Prunier et Jean-Luc Portalier mettent en scène et musique les grands mythes de l’Antiquité grecque. Endossant le vêtement de Zeus, comme une nouvelle métamorphose du dieu si habile en déguisements, Guy Prunier invoque des références lointaines, si souvent dérangées pour qualifier des comportements actuels, même si « plus personne ne croit en Zeus aujourd’hui ». Entre autres Narcisse, Œdipe, Pandore, Achille ou Méduse, les figures mythiques se succèdent sur un fond sonore assuré par Jean-Luc Portalier. Inspiré, le guitariste s’amuse avec la contrainte d’une esthétique antique rigoureuse, à laquelle il insuffle la liberté d’une musique plus actuelle, moins conventionnelle, pour jouer les aèdes modernes.

INFORMATION Guy Prunier : contes et chants ; JeanLuc Portalier : guitare et chants Musiques écrites par Jean-Luc Portalier, Jean-Christophe Treille et Marc Wolff A voir également 01/04 au 04/04 : Les Tribunaux rustiques

* Genre : Théâtre / 331 rue Francis de Pressensé - Villeurbanne / www.theatredeliris.fr

TOBOGGAN* l Chair de ma chair l 21 > 23/04 Mis en scène par Ilka Schönbein, Chair de ma chair est l’adaptation d’un roman autobiographique d’Aglaja Veteranyi, avec des marionnettes : Pourquoi l’enfant cuisait dans la polenta ? L’histoire d’une enfant de la balle, sa douleur, sa solitude, son errance suite à la disparition tragique de sa mère, sous le grand chapiteau. Un récit réaliste, mais une métaphore des tensions mère/fille. Ilka Schönbein transcende littéralement son personnage : elle ose tout, sans fausse pudeur mais sans vulgarité, mettant à nu les intimités les plus glauques comme les plus partagées. Elle a confié l’interprétation du texte à Nathalie Pagnac, tandis qu’une autre marionnettiste, intervient en italien pour renforcer l’univers forain, circassien de cette histoire singulière.

INFORMATION Mise en scène de Ilka Schönbein Avec de Ilka Schönbein, Nathalie Pagnac, Bénédicte Holvoote Production des Métamorphoses Singulières, Le Grand Parquet / Coproduction : Theater Meschugge/ Arcadi A voir également 01/04 : Alice ou Le Monde des Merveilles 29/04 : Empty moves (part I), Noces 05/05 et 06/05 : Ohé 13/05 : BDanse : Peter Pan et Comète Comix

* Genre : Théâtre / 14 avenue Jean Macé - Décines / www.letoboggan.com


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LA RENAISSANCE* l La Flûte enchantée l 04 > 24/04 L’histoire, certains d’entre nous la connaissent. Là où il est question du royaume de Sarastro, de Tamino à la recherche de Tamina, de Reine de la Nuit et d’oiseleur amoureux. La musique, par contre, tout le monde en a déjà entendu les principaux airs. Cette fois-ci, seulement un contre-ténor et huit musiciens s’attaquent à l’œuvre éclairée du compositeur allemand. Sur scène, les comédiens ont cédé la place à des personnages miniaturisés : un théâtre de marionnettes occupe une petite partie du plateau, à côté du soliste. Des caméras sont fixées sur la petite intrigue et restituent, dans des proportions bien supérieures, la trame sur grand écran. « Mozart, vivifié par des marionnettes. »

INFORMATION Mise en scène : Thalias Kompagnons Ensemble Kontraste et der Tafehalle / Nuremberg Allemagne Arrangement musical : Marcus Maria Reissenberger A voir également 31/03 au 03/04 : En attendant Godot

* Genre : Théâtre / 10 rue Orsel - Oullins / www.theatrelarenaissance.com

LES ATELIERS* l François d’Assise l 21 > 26/04 Joseph Delteil a préféré retirer le saint titre au penseur chrétien, car il pense que chaque homme peut aspirer à devenir François d’Assise, sans être pour autant sanctifié. Un état d’esprit plus qu’un sacerdoce, dans sa tension vers la félicité à travers l’éloge des choses simples et naturelles. À l’heure actuelle, cette pensée trouve un écho devant la marche de l’industrialisation sur la nature. Artifice. Pollution, falsification, paysages de métal ou atmosphère viciée ; le cortège de l’ère moderne qui dénature les paysages franciscains. Alors, naturellement, monter cette pièce dans un théâtre fermé apparaît comme un défi pour Adel Hakim. Mais finalement : « Je suis chrétien, voyez mes ailes. Je suis païen, voyez mon cul. »

INFORMATION Texte de Joseph Delteil Mise en scène de Adel Hakim A voir également Jusqu’au 03/04 : Froid 13/05 au 17/05 : Les Européennes 09 26/05 au 05/06 : Claus Peymann

* Genre : Théâtre / 5 rue Petit David - Lyon 2e / www.theatrelesateliers-lyon.com


POINT DU JOUR* l La Musica deuxième l 11 > 29/05 Un homme et une femme se retrouvent au bar d’un hôtel, une nuit à Évreux. Le bar est vide, silencieux, et une grosse pendule ponctue les secondes d’un rythme régulier. Ils se connaissent bien. À la suite de leur divorce, ils ont chacun refait leur vie. Un désir mêlé d’angoisse les pousse cette nuit-là à partager les heures, à remonter le temps, tentant de retisser les instants fébriles qui ont balisé l’histoire de leur amour. Ils se donnent jusqu’au matin, quand la lumière du jour effacera celle de la lampe qui éclaire la pièce. Après… Après ? Dans un va-et-vient lancinant, entre refus et nostalgie, tendresse et révolte, Mélanie Bestel signe pour la compagnie nÖjd une mise en scène d’une grande sensibilité, subtile et fidèle au texte de Marguerite Duras.

INFORMATION Texte de Marguerite Duras Mise en scène Mélanie Bestel Avec Guillaume Bailliart, PierreJean Etienne, Aurélie Pitrat Compagnie nÖjd

* Genre : Théâtre / 7 rue des Aqueducs - Lyon 5e / www.lepointdujour.fr

HOT CLUB DE LYON* l Minino Garay l 18/04 Des invités prestigieux au Hot Club, avec notamment trois concerts exceptionnels. Tout d’abord, le 2 avril, avec les New-yorkais Victor Lewis (batteur de Sonny Rollins) et Ed Howard (contrebassiste de Roy Haynes) invités par le saxophoniste italien Stefano Bedetti pour une date en trio. Ensuite avec le quartet du guitariste Joe Cohn, fils de la chanteuse Marilyn Moore et du saxophoniste ténor Al Cohn. Né en 1956, Joe Cohn suscite l’admiration des plus grands dont Pat Metheny. Il a accompagné Hank Jones, Freddie Hubbard ou Wynton Marsalis. Il sera entouré le jeudi 9 avril de Dmitry Baevsky (sax alto), Clovis Nicolas (contrebasse) et Luca Santaniello (batterie). Enfin, le samedi 18, avec le duo très latino entre les argentins Minino Garay, percussionniste de Dee Dee Bridgewater, et son compère pianiste Gerardo di Giusto.

INFORMATION www.mininogaray.com www.myspace.com/mininogaray LES CONCERTS 10/04 : Plaxx’Hit (groove) 23/04 : Trio pas la peine (manouche) 24/04 : Seb Joulie Trio (bop) 01/05 : Stephane Horton trio (moderne) 07/05 : Imperial Kikiristan (bal du monde) 21/05 : Ben Jazz Quartet (world) 23/05 : Kopanitza (trad des balkans) 28/05 : Pic’Pulses (new orleans)

* Genre : Musique / 26 rue Lanterne - Lyon 1er / www.hotclubjazz.com


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EPICERIE MODERNE* l The Legendary Tiger Man l 23/04 Legendary Tiger Man est un oneman band, dans la tradition des racines blues et du delta du Mississippi, où le blues-man jouait et chantait seul, improvisant ses rythmes dans les salles de danse du Sud profond. Derrière le masque du Tigre : Paulo Furtado (ex-Tédio-Boys, Wraygunn). Depuis son premier album, Naked Blues (2001), Legendary Tiger Man a sillonné l’Europe. Avec quelque chose de punk dans son attitude, il cherche à faire vivre la musique qu’il joue. Deux albums plus tard, Fuck Christmas, I got the blues (2003) et Masquerade (2006), il consacre un nouvel opus aux femmes qui hantent son univers, enregistré avec la participation de Asia Argento, Peaches et Dorit Chrysler. Ce Femina doit paraître courant mai.

INFORMATION Prochain album : Femina (05/2009) www.legendarytigerman.com www.myspace.com/thelegendarytigerman A voir également 02/04 : Jay Jay Johanson + CHK 03/04 : Earth + The Good Damn + The Drift 05/04 : Agent Orange + The Irradiates 13/04 : Squarepusher 15/04 : Vandaveer + The North Bay Moustache League 21/04 : Au Revoir Simone + Battant 28/04 : Charlie Winston + Medi & The Medicine Show 30/04 : Andrew Bird + Laura Marling 11/05 : Woven Hand 14/05 : Victor Démé 15/05 : Tété (solo) + Koumekiam + Mr Toma

* Genre : Musique / Place René Lescot - Feyzin / www.epiceriemoderne.com

MARCHÉ GARE* l Firecrakers l 02/05 Firecrackers, c’est l’histoire de 4 potes de Grenoble, déjà musiciens dans différents groupes (Elevate Newton’s Theory et Feverish), qui décident de jouer ensemble pour faire sonner ce bon vieux rock à l’ancienne des années 70. Leurs influences ? Tout aussi bien la scène rock « high energy » hexagonale des années 90 que les glorieux aînés qui ont posé les bases du hard rock il y a plus de 25 ans (AC/DC, Motorhead, Stooges, Ramones, etc.) Bref : l’odeur des lampes surchauffées d’ampli et les guitares rageuses des 70’s. Ce concert au Marché Gare accompagne la sortie de leur nouvel album (en mars) : Firecrackers. Un opus au jeu plus délié, avec des compos qui confirment le « nouveau son » du groupe et son orientation à présent plus « classic rock ».

INFORMATION Nouvel album Firecrackers (Un Dimanche/Anticraft, mars 2009) www.myspace.com/thefirecrackers A voir également 03/04 : Reggae Explosion Sound System part 5, avec Deadly Hunta + Zion High Foundation + King Ade + Prototype + Databass + Heartical Theos 30/04 : Concert Zic Zac du CRR de Lyon avec Mobius Deadwood + Ubikar 30/05 : Trunks + Antiforfora + Brice et sa Pute 04/06 : Carmen Maria Vega + Guest 05/06 : Final Reggae Explosion Part 6

* Genre : Musique / 34 rue Casimir Perrier - Lyon 2e / www.marchegare.fr


LE Clacson* l Programme+Zëro+The Good Damn La rumeur courait depuis quelques l 15/05 mois mais cette fois c’est officiel : Programme revient au complet, après un essai solo d’Arnaud Michniak en 2007, déjà sur les planches du Clacson. Pour les retardataires, Programme naît des cendres de Diabologum, figure mythique de la scène rock française des années 90, et impose en quelques albums un style « radical » et « définitif ». L’autre bonne nouvelle c’est qu’un nouvel opus (sortie prévue en avril) devrait accompagner cette tournée. Cerises sur le gâteau, on retrouvera à leurs côtés les lyonnais de Zëro (exBastard) et The Good Damn. Nouveau line-up pour ces anciens Mary Popper, The Good Damn prend la route du blues noisy et cradingue aux montées épiques et ambiances de lonely cowboy.

INFORMATION www.myspace.com/prgrammefake www.myspace.com/zeromusik www.myspace.com/thegooddamn A voir également 02/04 : Zic du Cru 10/04 : showcase Eko Animo 16/04 : Festival Reperkusound Busdriver + Maniaks + Jonaz + Stupid Monkey 30/05 : Nuit Dub Kanka + Dj Switch + Miniman

* Genre : Musique / 10 rue Orsel - Oullins / www.clacson.fr

NINKASI* l A Certain ratio l 28/05 Pop sombre et sous tension, funk sec et mécanique. Retour d’un groupe-phare entré au panthéon du cold-funk anglais. Déroutant et fascinant depuis 1979, A Certain Ratio rappelle avec une pertinence ahurissante comment une génération entière apprit autrefois à danser, entre la chambre froide et l’étuve, faisant redécouvrir cette fantastique période de l’after-punk, quand l’Angleterre réconciliait sur le dance-floor le punk et le disco, le funk et la new-wave. Fleuron de la scène mancunéenne, le groupe aura même été parmi les rares musiciens locaux à avoir accompagné Manchester de la dépression à la débauche, du rock au dancefloor. Un glissement de terrain qui allait changer la face de la musique de la fin du siècle précédent.

INFORMATION www.acrmcr.com www.myspace.com/acertainratio A voir également 03/04 : MTV – Shake Ton Booty : DJ Cut Killer + China 16/04 : Naïve New Beaters + Fortune 18/04 : Inrock Indie Club : Cazals + Violens + Dinosaur Pile Up + Groupe Cqfd Tbc 23/04 : Hugh Coltman + Matt Bauer 24/04 : Improvisators Dub + Natty Bass 02/05 : The Lasts Poets 13/05 : Lo’jo + Imaz’elia 21/05 : Gregos + Actika Stella Vs KRay + Mathematical + Electrobugz + Proxy + The Driver 23/05 : Orelsan 25/05 : Bat For Lashes 29/05 : Davy Sicard

* Genre : Musique / 267 rue Marcel Mérieux - Lyon 7e / www.ninkasi.fr


BY PASS 61

Institut Lumière* l Rétro Ettore Scola l 03/04 > 24/05 L’Institut Lumière met à l’honneur Ettore Scola, cinéaste emblématique de l’âge d’or de la comédie italienne (avec Risi, Monicelli et Comencini), en organisant la première rétrospective de grande ampleur consacrée au cinéaste. Réputé pour son humour noir, sa satire féroce de la société et de ses laissés pour compte, il a fait de la comédie un terrain propice à la réflexion politique, terrain d’une importance capitale pour cet homme engagé. Plusieurs films très rares ou inédits en France seront présentés : Parlons Femmes, Belfagor le magnifique, Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ?, Le Fouineur, Permette ? Rocco Papaleo ; et la venue d’Ettore Scola à l’Institut le 29 avril.

INFORMATION 03/04 : Soirée d’ouverture, avec Affreux, sales et méchants, précédé de Scola Roma, documentaire de Dominique Roland 23/04 : Soirée spéciale, en présence de Jean A. Gili et Emmanuel Barnault 29/04 : Soirée en présence de Ettore Scola, présentation de Nous nous sommes tant aimés A VOIR ÉGALEMENT 20/05 : Ciné-Concerts du collectif R.A.S. 1ère partie : Vampyr de Carl Theodor Dreyer (1932, 1h15) 2ème partie : L’Homme à la caméra de Dziga Vertov (1929, 1h04) 15/05 : L’épouvantable vendredi, Nuit John Carpenter 20h : L’Antre de la folie, 1995, 1h35 22h : Le Prince des ténèbres, 1987, 1h43 00h : Vampires, 1998, 1h42

* Genre : Cinéma / 25 rue du Premier Film - Lyon 8e / www.institut-lumiere.org

ZOLA* l Screamers l 16/04 Screamers, est un film contre le négationnisme du génocide arménien, à travers le regard et la musique de System Of A Down. Serj Tankian, leader du groupe, a fait la promesse à son grand-père, rescapé de 1915 et aujourd’hui âgé de 96 ans, d’obtenir la reconnaissance du génocide par les États-Unis avant la mort de celui-ci. Avec des témoignages de rescapés des massacres en Arménie, mais également au Rwanda et au Darfour, Screamers insiste sur l’hypocrisie et le cynisme des États et des hommes politiques face à ces questions. Carla Garabedjan a déjà réalisé plusieurs documentaires pointant cette horreur, tels que Beneath The Veil, sur la condition des femmes en Afghanistan, ou Dying for president, sur les crimes de guerre russes en Tchéchènie.

INFORMATION Screamers Documentaire / E-U / 2006 / 1h31 / VO Réalisation : Carla Garapedian Avec : Hrant Dink, John Dolmayan, Daron Malakian, Shavo Odadjian, Serj Tankian A voir également 07/04 : De l’influences des rayons gamma sur le comportement des marguerites 26/04 : Leonera 28/04 : Ciao Stefano 05/05 : Lola Montès 12/05 : Il Divo 25/05 : Tous en scène

* Genre : Cinéma / 117 cours Émile Zola - Villeurbanne / www.lezola.com


BY PASS 62

COMOEDIA* l Journée Bollywood l 28/04 En partenariat ave Asiexpo, le Comoedia organise une Journée du livre & de l’affiche de cinéma asiatique. Plus de 150 livres en français ou anglais, neufs, occasions, imports, dont certains très rares ou anciens, affiches, posters, magazines & revues, artbooks, cd, dvd, etc. Un événement également marqué par la projection unique de Jodhaa Akbar, de Ashutosh Gowariker. Le pitch : au XVIe siècle, l’Inde est dominée par la dynastie des empereurs musulmans moghols. Le dernier empereur, Jalaluddin Muhammad, multiplie les batailles pour agrandir le territoire de l’empire. Afin d’unifier tout l’Hindoustan, il consent en fin tacticien à épouser Jodhaa, une princesse Rajpoute hindoue. Mais la jeune mariée tient ses distances, bien décidée à ne pas être la victime d’une alliance politique. Mmm...

INFORMATIONS 11h à 21h : Journée du livre & de l’affiche de cinéma asiatique, à l’Espace Rencontres du cinéma 17h : Jodhaa Akbar, de Ashutosh Gowariker A voir également 01/04 au 07/04 : L’Étrange Festival. www.zonebis.com 24/04 et 25/04 : Festival Très Court Cine-Collection 12/04 : De L’influence Des Rayons Gamma Sur Le Comportement Des Marguerite’s 10/05 : Lola Montes Carte Blanche A Londres, dans le cadre de Nuits Sonores : 18/05 : Ziggy Stardust And The Spiders From Mars + 9 Songs 19/05 : Blow Up + Joe Strummer : The Future Is Unwritten

* Genre : Cinéma / 13 avenue Berthelot - Lyon 7e / www.cinema-comoedia.com

IAC* l Laurent Pariente l 20/05 > 16/08 Laurent Pariente déploie depuis une vingtaine d’années une œuvre exigeante et difficilement réductible à quelques concepts. Entre sculpture et architecture, son travail se matérialise par des constructions éphémères qui investissent et transforment radicalement les espaces et le temps de l’exposition. Elaborées à partir d’une géométrie rigoureuse de murs et de modules, ces constructions, qui n’ont du labyrinthe que l’apparence, invitent à un parcours sans début ni fin, une déambulation qui est l’expérience répétée du franchissement des seuils. A l’Institut d’art contemporain, Laurent Pariente va pour la première fois introduire la couleur, par une lumière artificielle. Cette couleur, devenue ici « matière lumineuse » et spatiale, baignera le visiteur dans un espace multicolore.

INFORMATION Exposition de Laurent Pariente, à l’Institut d’art contemporain, du 20 mai au 16 août 2009. À VOIR ÉGALEMENT Jusqu’au 12/04 : 9 Evenings : Art, Theatre And Engineering , de 2009 A 1966

* Genre : Exposition / 11 rue Docteur Dolard - Villeurbanne / www.i-art-c.org



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Loin des superproductions mainstream, de leurs budgets pharaoniques et de leur surmédiatisation, un festival récompense une catégorie un peu hors champ du monde vidéoludique : les jeux vidéos indépendants. Texte: G. Jallut

+ d’infos www.igf.com Palmarès à découvrir à partir du 27 mars.

aaa Depuis 1998, à San Francisco se tient un salon quasiment unique en son genre : l’Independent Games Festival. Devenu au fil du temps une véritable institution faisant autorité en la matière, l’IGF échappe à ce qu’on pourrait supposer de lui. Au lieu d’une piètre convention de geek criant « haro ! » sur une industrie du jeu vidéo imposant financièrement des produits mainstream abêtissants, l’IGF est organisé par le CMP Game Group, éditeur du magazine Game Developper, du site Gamasutra, et de la très sérieuse Game Developper Conference. Bien que peu relayés par les médias généralistes, ces évènements et supports font référence chez les développeurs et autres acteurs du milieu. Véritable révélateur, l’IGF est destiné à promouvoir l’innovation dans le développement des jeux vidéo et à distinguer les meilleurs développeurs indépendants. On récompense ici la créativité, quel que soit le genre de jeu proposé. De la même manière, les organisateurs ne sont pas focalisés sur une plateforme, bien au contraire. Si de nombreux titres sont destinés aux PC, et moins généralement aux consoles de salon, le Festival a lancé depuis 2008 une catégorie mobile, qui regroupe les jeux créés pour DS, PSP ou téléphone portable. Autre particularité notable, le public a son mot à dire dans la sélection des titres distingués. Un jury de

professionnels du jeu vidéo sélectionne 15 titres parmi les plusieurs centaines reçues, mais les internautes peuvent décerner un Prix du public. Les développeurs prennent en effet le soin de mettre à disposition une version démo du jeu téléchargeable gratuitement, afin que chacun puisse se forger son propre avis.

QUAND ALTERNATIF NE VEUT PAS DIRE BANCAL

9 catégories principales (Le Grand Prix Seumas McNally, le Prix de l’excellence graphique, audio, technique, le Prix de l’innovation, du meilleur jeu web, et du public) viennent récompenser les lauréats. Le salon encourage véritablement la création : chaque gagnant reçoit 2 500 $ (20 000 $ tout de même pour le Prix Seumas McNally), le support financier de sponsors, et bénéficie parallèlement d’une mise en avant du titre auprès des majors du jeu vidéo. Les meilleurs se retrouvent ainsi souvent adaptés sur console ou PC. Et le jury de l’IGF a plutôt bon goût, puisqu’il a attribué l’année dernière plusieurs prix à Crayon Physics Deluxe, World Of Goo, et Audiosurf. À l’heure où nous bouclons, les gagnants 2009 ne sont pas encore connus. Mais avec une sélection comprenant Dyson, Machinarium ou Mightier, on ne devrait pas être deçu.


ÉCRAN 65

The time that remains a Réalisateur et acteur israélo-palestinien, Elia Suleiman s’attache à défendre très subtilement la cause palestinienne. En filigrane dans son court-métrage Introduction à la fin d’un argument, sous forme de journal intime recueillant les incertitudes identitaires de son auteur dans son 1er long-métrage Chronique d’une disparition, Suleiman dispense une narration satirique sans dénonciation grossière, adoptant souvent un ton grotesque pour illustrer des situations dramatiques. Prix du meilleur film à la Mostra de Venise, il est consacré en 2002 avec Intervention divine, 1er film palestinien en compétition officielle à Cannes où, après polémique, il remporte le Prix du jury. The time that remains reprend les thématiques chères à son auteur, mariant adroitement en 4 épisodes chronologiques le destin de nazaréens ordinaires, de 1948 à nos jours. S’entrecroisent : une histoire d’amour malheureuse durant les dernières heures précédant la reddition de Nazareth ; la vie dans une ville sous la loi martiale, contrôlée par un gouvernement militaire ; la fuite hors du pays du jeune héros ; l’accès du parti communiste au pouvoir ; et enfin Nazareth, telle qu’elle apparaît à Suleiman aujourd’hui, confuse, chaotique, à l’image du monde. Un film fort en perspective, que la rumeur donne en lice pour la Palme d’Or 2009.

+ d’infos The time that remains Réalisé par Elia Suleiman Sortie printemps 2009

Flower a Les Californiens de thatgamecompany s’étaient fait remarquer en 2005 alors qu’ils n’étaient encore qu’étudiants en produisant Cloud, un titre déjà éminemment onirique et reposant, proposant d’incarner un jeune garçon maîtrisant les nuages. Ils auront le bon goût de produire à nouveau un jeu hors champ en 2007 avec FlOw sur Playstation 3. Vaguement semblable à la première partie du désormais célèbre Spore, le jeu nous plongeait dans les tranquilles et inexplorées profondeurs sous-marines. Le dernier projet du studio, Flower, parfait le triptyque de « jeux » lyriques à contre-courant. Présenté comme la version vidéoludique d’une poésie, thatgamecompany achève de défier les conventions traditionnelles du jeu. Le pitch ? Le joueur est le souffle qui porte un pétale de fleur dans son mouvement, faisant éclore sur son passage toutes les fleurs à proximité desquelles il passe. Un gameplay excessivement simple et accessible à tous, un environnement-projet pour une fois sur le devant de la scène, une bande son absolument parfaite, Flower n’est pas un jeu à proprement parler, mais ouvre une voie incroyablement intrigante dans l’univers vidéo.

+ d’infos Flower Sorti en fév. 09 / Dispo > PS3 http://thatgamecompany.com

Kutiman / Thru You

a Ophir Kutiel aka Kutiman est un jeune et talentueux musicien, compositeur et producteur israélien de 28 ans. Poly-instrumentiste fan de jazz, il découvre tardivement le funk et l’afro beat, et devient un fan inconditionnel de Fela Kuti, jusqu’à jouer à travers son pseudo avec les ressemblances entre leurs patronymes respectifs. Passionné et éclectique, il part en voyage initiatique à Kingston, collabore avec Damian et Stephen Marley puis signe sur un label allemand un album éponyme sorti en octobre 2007. Il gagne le titre d’artiste à suivre en 2008, mais explose littéralement il y a quelques semaines avec son génial side project intitulé Thru You. A l’instar d’un DJ crate digger, Kutiman a sondé les quelques centaines de milliers de vidéos de musiciens amateurs disponibles sur Youtube. À force de patience, de cut et de paste, il s’est constitué une banque de samples exceptionelle. Son talent d’arrangeur, un peu de minutie et un bon paquet d’heures lui ont alors permis de « produire » huit morceaux-puzzle funk, dub ou hip hop d’une teneur et d’une qualité incroyable quand on connaît les morceaux de base. Le nouveau DJ Shadow est peut-être un enfant du net.

+ d’infos http://thru-you.com www.myspace.com/kutiman www.youtube.com/user/kutiman



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ANDREA CREWS Je suis un pull. Un pull mauve, en laine. Col rond, manches longues. Chaud en hiver, frais en été. Un pull sympa, attachant. Un pull comme on en fait plus. Je suis né dans les années 60. J’ai été porté par Michel, jeune guitariste folk aux cheveux bruns frisés, amoureux d’une certaine Hélène qui laissait trainer son parfum sur mes mailles frétillantes. C’est elle d’ailleurs qui m’a récupéré, en 1987, quand Michel a coupé ses cheveux et a rejoint son ami Jason. Longtemps, elle a versé ses larmes dans mon col, elle s’est même mouchée dans mes manches, la pauvre, lors des nuits de grand désespoir. Petit à petit, Hélène reprit du poil de la bête, et je dois dire qu’on s’est bien marrés dans les années 90. Escapades à la campagne, traversées montagnardes, épopées printanières… La belle époque, quoi. Je mauvissais de jour en jour. Elle et moi, corps à corps. Enroulés, l’un dans l’autre. Croyez-le si vous voulez, le début du deuxième millénaire précipita pourtant ma chute. Délaissé, distendu, troué, usé, fatigué, je fus oublié par ma belle, que dis-je, littéralement trahi, et jeté sans motif ni remerciement dans l’enfer vestimentaire du Dépôt avec pour seule perspective d’ avenir une fin minable et solitaire… Au bord du suicide, je croupissais parmi d’autres loques, ahuri par mon terrible déclin. Puis, Un miracle se produisit Puis, Vint MAROUSSIA. UN coup de foudre.


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UN éclair. Brune, les yeux malicieux et terribles, à peine sortie de son école de mode, elle m’enleva l’Impétueuse, d’un coup d’un seul, sans crier gare, et m’emmena dans sa cellule secrète, connue sous le nom magique d’ANDREA CREWS. Là, je fus récupéré, réinventé, réassemblé, recomposé, réajusté… R.É.I.N.C.A.R.N.É ! L’on découpa mes manches, l’on customisa mon col ringard des sixties, l’on colla sur mon torse des images incandescentes, des motifs fluos et pailletés… Et, en musique, s’il vous plaît ! Un lifting complet, des pieds à la tête ! Une cure de jouvence « fashion » ! Une potion d’éternité made in les années 2000 ! Moi, vieux soixante-huitard blafard délaissé, j’étais devenu, dans les doigts de fée de la joyeuse compagnie créative de Maroussia, le top du top du branchouille-undergrounddécalé-débridé-multicolore ! Une seconde peau, qui en plus d’être au sommet de la mode, avait aussi le bon goût d’être écolo, anti-consumériste, avant-gardiste et… frenchie… Wahou… Plein les yeux… Tout ça pour un seul homme… ANDREA CREWS m’avait définitivement sorti de la dépression grisâtre de mes amours perdues. Désormais, je pavanais dans Paris, tel un prince, dansant dans les bulles de champagne de chez Colette, trinquant avec des chanteurs déjantés comme Philip Katerine ou Yelle. Qui l’eût cru… Moi, petit lainage d’un vieux crooner, propulsé in extremis sur le devant de la scène… Depuis, j’ai élu domicile au 10 rue Frochot, près de Pigalle. C’est là que ma CREW me bichonne. C’est là que Maroussia vient me voir, quand elle a le temps, entre deux kidnappings de vielles loques. Quand je me regarde dans le miroir, je me dis que mon incroyable destin ferait pâlir d’envie n’importe quelle frusque. Bon Dieu, oui. Mais, un souhait cependant m’habite encore. UN souhait secret, un souhait ultime. Le voici. Hélène, si tu te souviens de moi, Hélène si tu passes un jour par Pigalle, Hélène si tu rentres un jour dans mon logis-boutique-atelier, Hélène, si tu me reconnais, moi et mes paillettes, moi et mes customings, moi et mes épaulettes multicolores… Hélène… emmène-moi donc un peu sur toi, comme au bon vieux temps… Ô ma belle Hélène...

ANDREA CREWS est un collectif de mode fondé par Maroussia Rebecq, qui a pour principe frondamental de recycler des fripes et de les customiser, notemment dans un souci écologique de développement durable. Véritable collectivité artistique, ANDREA CREWS associe au travail de mode des talents de tous bords pour ses happenings : musiciens, grapheurs, danseurs... Le collectif possède une boutique 10 rue FROCHOT dans le 9e arroncdissement de Paris et ouvre son atelier au public tous les samedis. A voir... et à porter... www.andreacrews.com



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CRÉDITS CAHIER MODE Marques Ambiguous // www.ambiguousclothing.com American Apparel // http://americanapparel.net Andrea Crews // www.andreacrews.com Baptiste Viry // www.baptisteviry.com Baron Baronne // www.baronbaronne.com Bérangère Claire // http://berangereclaire.com1 Cotélac // www.cotelac.fr2 D.dikate // www.dedikate.com3 Elle // www.ellepretaporter.eu Erotokritos // www.erotokritos.com Franklin Marshall // www.franklinandmarshall.com GRN Apple Tree // http://grnappletree.com Hellz // http://hellz-bellz.com Keds // www.keds.com Lacoste // www.lacoste.com Laclos // www.laclosparis.com Lee // www.lee.com Major League of Baseball // www.casquefashion.com Melissa // www.melissaplasticdreams.com Miaout // http://lemiaout.blogspot.com Minnetonka // http://boutique.minnetonka.fr4 Nina Ricci Eyewear // www.ninaricci.com Pieces // www.pieces.com Sylvia Rielle // www.sylviarielle.com5 Velvetine // www.velvetine.fr SELECTION DE POINTS DE VENTE 1 Aimecube // 7 rue Vauvilliers, Paris 1 2 Cotélac // 9 place Bellecour, Lyon 2 3 L’Hacienda // 9 rue de Sault, Grenoble 4 Kaktus // 9 rue de la République, Lyon 2 5 Village // 9 place des Eaux vives, Genève



CHRONIQUE DU KI 82

kiproquo

Texte: M. Sandjivy Illustration: S. Bournel

aa Être bon. Être un homme bon. Comment puis-je être un homme bon ? Quelles sont les caractéristiques de cet homme bon ? La générosité, le soutien, la bienveillance, le courage, l’humilité, la tempérance, la politesse, le respect de la vie et le sens de l’honneur. Sans être exhaustive, on peut à travers cette liste se faire une idée assez précise des prérequis de l’HB (Homme Bon). Si l’on se réfère à l’histoire et qu’on occulte les héros de tous genres (Jésus, Gandhi, Roland, Nelson Mandela, Eric Cantona…), il semble que le chevalier ou le samouraï aient été les archétypes de l’homme bon. Les vertus nécessaires à cette fonction étaient la compassion, l’humilité, la courtoisie, la bravoure et l’honneur. A l’heure actuelle, qui préfère la réflexion à l’action, il conviendrait d’ajouter une notion de sagesse et de calme. A ce titre les Zen sont exemplaires. Cependant, on se heurte rapidement au

concept d’universalité… Ma réalité est différente de la tienne et ce que je juge bon peut te sembler mal. Existe-t-il une justice universelle ou des comportements qu’on puisse tenir pour bons, partout sur la planète ? Le problème avec une réponse négative, c’est qu’on autoriserait dès lors tous les abus. La réponse doit donc être positive. Alors… Ça parait con, mais… Je comprends pas. Je ne comprends pas comment on en est arrivé là. Est-ce qu’une poignée d’hommes de pouvoir a réellement suffi à transformer notre société ? Stanley Milgram, psychologue social américain nous a permis de répondre « non » à cette question. Mais nous refusons trop souvent cette vérité. Des animaux en cages, torturés, enlevés, expérimentés, tués. Des enfants en cages, torturés, enlevés, violés, vendus, prostitués, tués. Des femmes en cages, torturées, enlevées, violées, vendues, prostituées, harcelées, tuées. Des hommes en cages, torturés, enlevés, violés, vendus, exploités, harcelés, pressurisés, tués. Des personnes âgées seules, en cages, torturées,…………………………..ignorées, tuées. Des gens dehors, perdus, tristes, battus, volés, pauvres, ignorés, rejetés, piétinés, rackettés, souillés, maltraités, vendus, diffamés, tués. Des gens partout, bien portants, trompés, tristes, lâches, ignorés, riches, fatigués, heureux, drogués, saoûls, battus, affamés, obèses, malades, seuls, mal informés, malformés, gouvernés, cruels, ignorants, cultivés, la tête dans le guidon, la face cachée, la volonté voilée, la confiance trahie. Qui ne bougent pas. Je ne dis pas qu’on devrait tous être des saints. Par contre on pourrait tous être de bonne volonté. J’aime pas trop La Bible et ces trucs-là, mais y’a marqué dedans : « paix sur Terre pour les hommes de bonne volonté ». Alors en attendant qu’on habite sur Mars, vous savez ce qu’il nous reste à faire. C’est déjà pas mal. aa




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