KIBLIND 47

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hiver 13 - 14

— CULTURE   VISUELLE   &  VISION   CULTURELLE

skate is break iron jim géant vert jochen gerner us as a logo city market krypt cDi

— goeff Mcfetridge

GRATUIT kiblind.com




kiblind 47 (Hiver 2013-2014) — eXPOSiTiOn COlleCTive feaT. GeOff McfeTridGe DU 16.01.14 AU 21.01.14 AU POINT ÉPHÉMÈRE - PARIS 10

VERNISSAGE LE JEUDI 16 JANVIER À PARTIR DE 19H AVEC Letter Proef Tuin - La Plus Petite Société d’Impression (WORKSHOP), un test grandeur nature du jeu vidéo 140 (INSTALLATION) et les créations originales de tous les artistes des Pages Blanches du n°47 inspirées par la couverture de Geoff McFetridge.

WWW.KIBLIND.COM OU WWW.POINTEPHEMERE.ORG


GEOFF McFETRIDGE championdontstop.com

Us as a logo de Geoff McFetridge

G

01 TEMPLE OF THE WESTEST (WHITE), 2012.

03 MOEBIUS GIRL, 2012.

02 X3 (DEALING WITH ABSTRACTION), 2012.

04 GIRLS PILE TWO, 2012.

E N CO UV E RT U R E

05 FLOATING, 2012.

eoff McFetridge est né en 1971 du côté de Calgary, au Canada. Il poursuit tout à fait logiquement ses études au Alberta College of Art and Design. Puis il passe rapidement du côté étoilé de la frontière pour terminer sa thèse au California Institute of the Art. Le grand ouest américain lui sourit plutôt puisqu'avant même qu'il ne sorte de l'université, le voilà repéré par l'Arts Director Club et le ID magazine qui lui dressent tout deux des lauriers pour son projet Chinatown. La gloire est là, devant lui, qui lui tend les bras. Il s'y pelotonne immédiatement. Le magazine des Beastie Boys, Grand Royal, sera sa première et prestigieuse maison. Il y reste deux ans comme directeur artistique, puis fonde son propre studio graphique, le bien nommé Champion Graphics. Et ce championlà enchaîne les victoires sur le circuit professionnel avec des génériques pour les films Virgin Suicides, Adaptation. ou Max et les Maximonstres, la réalisation de clips pour Simian, Plaid ou The Whitest Boy Alive, et des broutilles pour quelques sous-marques dont Nike, Pepsi, Stüssy ou Burton. Mais Geoff McFetridge possède, comme chacun de nous son petit jardin secret. Un jardin, non, un bois, une forêt ! Les travaux personnels de Geoff McFetridge sont en effet d'une richesse et d'une beauté confondante. Sa série Us as a logo, créée à l'occasion d'une exposition personnelle à la V1 Gallery de Copenhague, présente ainsi les caractéristiques de son travail, poussée à son paroxysme. À cheval entre le réel et le fantasmé, entre le graphisme et la peinture, Geoff McFetridge navigue sur les eaux troubles de la simplicité et en ressort l'œil tranquille et le souffle calme. De cette série est tiré le visuel qui illustre cette 47e couverture.

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ÉDI TO - SOMMA IRE

DATA

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Texte : M. Sandjivy

Kiblind est un magazine simple. C'est un magazine avec des histoires, des images et des dessins. On y trouve des informations sur le skateboard avec des bonhommes dessinés sur un logiciel fait exprès. Comme ça, on peut être incollable et tout connaître sur la planche à roulettes tout en découvrant une histoire illustrée. Et puis, il y a plein de créations graphiques faites par plein de gens différents du monde entier à partir de l'image qui se trouve en couverture. Celle du dessinateur de jeux vidéo par exemple. Ou même des images imprimées par la plus petite société d'impression du monde. Ou presque. Attention, quand même ! Car en tournant les pages trop vite, on peut aussi trouver des photos moches. Mais c'est fait exprès. Comme pour faire une blague et réfléchir sur le beau. Dans ce magazine on peut également lire des histoires. Des histoires de la vie de tous les jours mais aussi des histoires fantastiques ! Ainsi, il y a l'histoire de Maxime et Simon qui partent quelques jours à Paris, en France. Ils vont faire la fête dans un grand festival de musique avec des groupes sympas. Puis, quand ils rentrent, ils font une bande dessinée pour nous raconter leur aventure. C'est très rigolo. Ensuite, on peut lire l'histoire d'un monsieur qui a eu une grande idée et qui est copié par plein d'autres messieurs. Il habite dans la plus grande ville des Etats-Unis : la ville de New-York. Comme il aimait beaucoup sa ville, il a eu envie de le dire à plein de gens et même de l'écrire sur des T-shirts ou sur des tasses pour boire le café. Mais aussi, il y a l'histoire de Jean et du Géant Vert ! C'est une histoire passionnante et pleine d'aventures. Enfin et surtout, il y a l'histoire de Geoff. C'est l'histoire en couverture. Une histoire simple. Une histoire graphique. Une histoire dessinée à la main. L'histoire de son travail.

— SKATE IS A BREAK

PO RT RA IT

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— JOCHEN GERNER

PAG ES B L A NCH ES

21 —

ANNA KOVECSES 22 ANN WOO 23 LETTER PROEF TUIN 24 FLORENT GROC FLORENT 25 BÉNÉDICTE MULLER 26 CHRISTINA GRANSOW 27 140 28 FLORENT TANET 29 ALBAN CORET 30 ZEELOT 31 ROXANE LUMERET 32 ATELIER LA CASSE 33

STAFF Directeur de la publication : Jérémie Martinez Rédacteurs en chef : Jean Tourette  - Gabriel Viry - Jérémie Martinez Rédacteur en chef Mode : Baptiste Viry

Rédaction Kiblind : Maxime Gueugneau Gabriel Viry - Jean Tourette - Jérémie Martinez Olivier Trias  - Simon Bournel-Bosson Matthieu Sandjivy - Marlène Cottin. Cahier Mode : DA / Baptiste Viry  - Assistante / Alizée Lagé Photographe / Laurent Croiser - Styliste  / Alix Devallois

Relecture : Frédéric Gude  Merci à : Baptiste Alchourroun - Matthias Malingrey - Matthias Mal- Simon Chambon‑Andréani - David Chauvet - François Huguet. Direction artistique : Agence Klar (www.agence-klar.com)


REVUE DE PR ESS E

R ÉCL A ME

— IRON JIM

— GÉANT VERT

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12 R EPO RTAG E G RA PH IQ UE

16 — PITCHFORK

DOSSI ER

CA H IER MO D E

— CITY MARKET

— KRYPT

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41 CD I

55 — BÊTE 55 BIBLIOTHÈQUE 56 COMPLÉMENT 57 CROISSANCE 58

ESPION 59 GRAPH. EN FR. 61 HORAIRE 62 HUMANITÉ 63

OPPORTUNITÉ 64 RAMDAMS 65 VOCABLE 66

INFOS Le magazine Kiblind est imprimé par : DEUX-PONTS Manufacture d'histoires - 5, rue des Condamines 38320 Bresson - www.deux-ponts.fr Il est édité à 40 000 exemplaires par Kiblind Édition & Klar Communication. SARL au capital de 15 000 euros - 507 472 249 RCS Lyon .

Kiblind Magazine - 27 rue Bouteille - 69001 Lyon  04 78 27 69 82  - www.kiblind.com  Le magazine est diffusé en France (à Paris, Lyon, Marseille, Montpellier, Bordeaux, Toulouse, Rennes, Nantes, Lille, Strasbourg, etc.) et à Bruxelles. Ce numéro comprend un cahier supplémentaire de 28 pages pour la région Rhône-Alpes.

ISSN : 1628-4146 // Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. Ugl'ribery, Ballon d'or ! Contact : redaction@kiblind.com


DATA

SKATE IS A BREAK

Sujet : J. Martinez Graphisme : Matthias Malingrëy

08 09

E

n 1779, le capitaine James Cook découvre à Hawaï le he’e nalu qui consiste à glisser (hee) sur une vague (nalu). Si en 1819, Monsieur Petibled dépose à Paris un brevet pour le patin à roulettes alignées (repris en 1983 par la société Rollerblade Inc.), il faut attendre 1863 et James Plimpton pour tâter le premier patin à deux rangées de deux roulettes alignées (roller skate). Mais c'est en 1935 que tout s'accélère : Tom Blake invente la dérive (l'aileron placé sous le surf) et la Chicago Roller Skate Company dépose un brevet pour un système d'essieu appelé Truck. Les patins à roulettes (roller skates) et les trottinettes (scooter) sont dans la place et les enfants bricolent. Avec un patin à roulettes cassé en deux, dont chacune des parties est clouée aux extrémités d'un morceau de bois, et un guidon fixé sur une cagette de bois dur qui sert de potence, ils likent. Ils se débarrassent de la cagette. Les premiers skateboards (planche à patiner) sont nés cassés.

ORIGINE MATÉRIELLE DU SKATEBOARD

Grip et planche

22,4% Roue

11,6% 6,2% Truck

2%

POURCENTAGE DE BLESSÉS PAR SPORT (USA - 2011)

12,997 (2002)

Roulements à billes

DÉCOMPOSITION D'UN SKATE

11,272 (2006)

7,190 (1999)

NOMBRE DE SKATERS 1999-2013 (EN MILLIONS AUX USA)

NB : La baisse de la cible démographique du skate (10-19 ans) contribue à la chute du nombre de jeunes skaters depuis 2005.

6,318 (2013)


6 318 000 skaters

500 skateparks 88%

ont - de 25 ans

12% sont diplômés de l'Université (ou équivalent)

82%

ont un pénis

49%

44%

Bowling

Vélo

SIXIÈME

AUTRES SPORTS PRATIQUÉS

sport le + pratiqué

35% Basket

9%

3%

contusion

commotion

42 accidents mortels dont seulement 2 sur un skatepark

130 km/h record de vitesse

9% lacération

6% abrasion

TYPES DE BLESSURES (HORS BLESSURES MINEURES)

29%

70% des blessures mineures

SKATEBOARD IN THE USA (2012)

fracture

44% entorse et luxation

71%

1/3

des accidents mortels impliquent une voiture

des blessés ont - d'une semaine de pratique


R EV UE DE P R ESSE Texte : M. Gueugneau

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IRON JIM PRENDRE LA PRESSE POUR CE QU’ELLE EST : UNE SOURCE D’INFORMATIONS ET D’INSPIRATIONS. PROFUSION DE SAVEURS DE NOS PARUTIONS NATIONALES, SOUS LA FORME D’UN COURT RÉCIT, RÉSULTAT DU FUMET DÉGAGÉ PAR NOS LECTURES.

01. 032C n°25 Automne-Hiver 2013/14 www.032c.com

02. 180°C n°2 Automne-Hiver 2013/14 www.180c.fr

03. CHARLES n°7 Octobre 2013 www.la-tengo.com

An xiii après la Chose. « Dans la capitale de l'une de ces nations modernes dont l'existence est récente. » 06. Un de ces résidus morbides de la civilisation précédente, où se chevauchent les restes de la grandeur passée et les preuves implacables de notre perdition actuelle. Aujourd'hui comme hier « il pleut, le ciel est gris et il n'y a rien à part des voitures, des stations services, des motels et d'autres lieux lugubres. » 09 Ce doit être l'époque qui influe sur le climat. Après la Chose, tout a commencé à partir en vrille. Non pas qu'avant c'était le paradis. Mais aujourd'hui, banques, police, école, hôpitaux, « tous ces types d'institutions sont en crise, ce qui inclus les institutions politiques. » 01 Crise, c'est pour les optimistes ; en réalité, plus rien ni personne ne gouverne. Dans ce monde vit et tue Iron Jim. L'anarchie, la révolution permanente, c'est ce qui fait fructifier les affaires d'Iron Jim. Les émeutes, pour qui fait business de la mort, sont comme une immense mine d'or. L'hiver est un moment propice pour ces défoulements populaires. Le reste du temps « la violence reste tapie, larvée, prête à éclater dans des soubresauts gore impitoyables. » 07 Et en ce moment c'est la période haute pour Iron Jim, les États-Unis Restaurés d'Amérique se voient confrontés au pire déchaînement de violence depuis la Chose. « Cependant, le profil de certains mutins force la réflexion. » 05 « Les manifestants avaient été électrisés par

des noyaux d'anarchistes désireux de généraliser le tumulte et l'inquiétude. » 03 En cela, il est clair qu'ils avaient réussi. Aux bénignes revendications originelles (« comment vivre dans la société d'aujourd'hui qui n'a pas trouvé de réponse aux questions posées ?  »)  09, s'étaient substituée une violence aveugle qui avait elle-même laissé place à une guerre de gangs plus ou moins organisée. Dans ce type de situation, les gens se raccrochent à ce qu'ils peuvent, s'inventent des cultes pour se croire soudés. « Quand un quasiobjet unit une communauté, cette communauté devient réelle – la communauté est née. » 01 Bonne nouvelle, Jimbo, cet objet, ce sont les armes. La routine hivernale reprenait, donc. « Les saisons passent et reviennent, les recettes aussi, toujours un peu les mêmes… » 02 « Plutôt que d'avancer, je fais des cercles » 08 aimait se dire Iron Jim. Cette boucle temporelle n'était pas pour lui déplaire, ça lui permettait de profiter pleinement de ces temps de chaos qu'il adorait. Car « jamais l'appât du gain n'aura dicté ses choix de carrière » 05, c'est plutôt l'odeur du sang qu'il affectionne. « Ce qui m'a possédé ? La folie. Le parfum qu'elle dégageait » 04 argumente-t-il souvent, pour justifier son parcours professionnel. Son prochain contrat puait le malsain et il en frétillait d'avance. Il avait rendez-vous, ce jour-là dans une maison perdue dans les collines, le genre de lieu qu'affectionne particuliè-


04. EXTRA EXTRA n°2 2013 www.extratextramagazine. com

rement les apprentis Capone. « Ce n'est même pas vraiment une maison, c'est une cabane – une cabane dans les bois, au-dessus d'Olympic Peninsula. » 06. Ici se cachait un sacré loufiat, devenu truand par hasard ou opportunisme. Il faut se figurer que « ce personnage belge typique, adepte de l'humour noir avec un penchant pour les blagues scatologiques, est aussi l'homme derrière le Musée du Slip, qui regroupe des donations de célébrités dont celle du ministre des affaires étrangères Didier Reynders, le one hit wonder Plastic “ Ça plane pour moi ” Bertrand et l'actrice porno Brigitte Lahaie. »  04 Un dilettante du crime, en somme.

« CES MESSAGES CRYPTÉS, CELA VOULAIT DIRE : IL FAUT BUTER QUELQU'UN » CHARLES, n°7, Octobre 2013

Une femme charnue garde l'entrée de la bicoque et manifestement, elle n'a pas inventé l'eau tiède. Avant de parler, « elle ouvre sa bouche pour une aspiration nécessaire à l'alimentation de son cerveau en oxygène » 06 et déglutit un « Entrez » qu'on peine à croire humain. Une table, deux chaises et le Belge attendent sagement Jim. « J'espère que ça ne vous gène pas si j'enregistre notre conversation, « cet archivage des choses me permet aussi de combattre l'oubli »  08, commence le Belge. À mon âge, c'est pas du luxe ! − Je vous en prie, faites, ce n'est pas ça qui va nous empêcher de conclure. Comme je dis toujours : « une seule chose arrêtera Iron Jim : la fin du monde. » 07 − La fin du monde ou la vôtre, vous semblez attirer sur vous pas mal d'animosités…

− Il m'arrive de manquer de courtoisie par moment mais « quand on veut briller sur le marché parallèle des armes de guerre nouvelle génération, mieux vaut se montrer extrêmement persuasif. » 07 − Manque de courtoisie ? Le meurtre de masse est un peu plus qu'un manque de courtoisie, ce me semble. − « Une fois encore, face au succès, la quantité n'est pas suffisante et il faut gérer le mécontentement des acheteurs. » 02 Moi, je suis un businessman, je gère comme je peux. Quelque chose vous chagrine dans mon comportement ? Peut-être dois-je me retirer ? − Vous savez, mes camarades et moi souhaitons avant tout que le monde retrouve sa raison. Que la population retrouve « des moments d'un nous généreux sans frontière, sans histoire, sans bagage, sans blessure, prêt à se laisser prendre dans les tourbillons collectifs avec des inconnus, sans peur ni contrainte. » 09. Dans ce rêve, les gens comme vous n'apparaissent pas. Ce que nous nous apprêtons à faire, « c'est précisément ce type de crash, ou collision, entre l'ancienne loi et la nouvelle loi. » 01

05. ONZE MONDIAL n°262 Nov. - Déc. - Janv. 13/14 www.onzemondial.com

06. PARIS, LÀ n°10 Automne 2013 www.paris-la.com

07. ROCKYRAMA n°2 4e trimestre 2013 www.rockyrama.com

« Ces messages cryptés, cela voulait dire : il faut buter quelqu'un ». 03 Ce fut fait. Iron Jim fut hâché d'une quinzaine de balles calibre 44.Magnum. Bien plus qu'il n'en faut. La vue de Jimbo se brouilla rapidement. « Il semblait que plus il se rapprochait de la mort, plus il s'entourait de motifs et de couleurs. » 04 Puis ces motifs se sont transformés en une vision concrète : « juste quelques grandes avenues et des petites maisons, balayées ce jourlà par un vent frais mais baignées de lumière. » 05. La nouvelle loi devenait effective, du moins pour Iron Jim.

RETROUVEZ LA SÉLECTION EN DÉTAIL SUR WWW.KIBLIND.COM

08. THE DRAWER vol.5 Octobre 2013 www.thedrawer.net

09. TIMULT n°7 Septembre 2013 timult.poivron.org


R ÉC L AME Texte : J. Tourette Visuels : ® General Mills

LE GÉANT VERT

COMBINAISON DE CONTES ET D’AMOURS VÉGÉTALES, LE GÉANT VERT TRÔNE À LA 3e PLACE SUR LE PODIUM DES PERSONNAGES PUBLICITAIRES LES PLUS CONNUS AU MONDE. TOUT ÇA POUR DES PETITS POIS. COMME QUOI : PLUS C’EST GROS, PLUS ÇA POUSSE.

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On a toujours besoin de petits pois chez soi », disait un petit oiseau à la fin des années 60, au profit d’une campagne de communication collective. Plus énergétiques que la majorité des légumes verts (81 cal/100 g), riches en vitamine C (25 mg/100 g), et bénéfiques pour leur apport en sucres solubles, en lysine et en fibres, les petits pois constituent effectivement une base d’alimentation parfaite. Le slogan est tellement éclatant, se substitue si naturellement à la morale de La Fontaine « on a toujours besoin d’un plus petit que soi », au pied près, qu’on en oublie presque la formule originale. Et comme l’art du contre-pied est une constante en matière de publicité, quoi de plus efficace que le gigantesque pour parler du minuscule. L’Incroyable Hulk tirait-il sa couleur d’un régime alimentaire à base végétale ? Ou est-ce simplement par malice que notre esprit aime déduire des caractères en se basant sur des codes-couleurs ? Vert de peur, vert de rage, vert comme l’espoir ou comme la putréfaction, la couleur symbolise un vaste éventail de valeurs plus ou moins contradictoires. Mais il est une contrée où les choses sont plus simples et moins équivoques : le Minnesota, terre du Géant Vert. Derrière le personnage, une grosse compagnie déjà séculaire : la Minnesota Valley Canning Company, créée en 1903, à Le Sueur. Elle se destine essen-

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tiellement à la fabrication de légumes en conserve, qu’elle commercialise sur le marché américain dès le début du xxe siècle. En 1925, elle introduit dans sa gamme une espèce de petits pois plus grands que de coutume, auxquels elle donne le nom emphatique de « green giant great big tender peas ». Le positionnement commercial est de taille ; et pour allier le marketing à la communication des atouts intrinsèques de son produit, elle se dote trois ans plus tard d’une figure de style : The Green Giant. Le bien nommé Géant Vert apparaît donc en 1928 dans la publicité. À deux détails près : il n’était pas vert et ne ressemblait pas à proprement parler à un « géant » 01. C’était plutôt une sorte d’ogre trapu aux cheveux hirsutes, qui n’était pas sans rappeler quelque caricature sortie des contes de Grimm, drapée dans un costume une-pièce d’un style paléolithique, et dont les bras aux biceps tendus peinaient à soutenir la masse encombrante d’une énorme gousse de petits pois. Sans doute conscients qu’il lui manquait quelque chose d’édifiant vis à vis du produit qu’il devait symboliser, les communicants de la compagnie eurent l’initiative deux ans plus tard de marquer son physique d’une teinte plus à-propos, plus immédiate, qui deviendrait sa signature : le vert. Apparemment, l’innovation visuelle – aussi ambitieuse fût-elle – n’était pas tout à fait à la hauteur des desseins de l’entreprise et du succès attendu. Si la mascotte avait bel et bien été créée, elle


ne parvenait pas en l’état à générer ce capital sympathie si cher au monde de la communication. La Minnesota Valley Canning Company s’offrit alors en 1935 les services de l’agence Erwin, Wasey & Co, et plus particulièrement de son publicitaire talentueux : Leo Burnett. Il redressa le géant, troqua son vêtement animal contre une parure de feuilles qui le rapprochait davantage de l’univers végétal dont il était issu et, surtout, lui donna le sourire 02. Renommé The Jolly Green Giant, le personnage jovial et rassurant toucha enfin sa cible, se trouva un public. En 1950, le Géant Vert était devenu tellement populaire aux États-Unis que la firme en fit sa figure emblématique, et changea de raison sociale au profit du nom de son icône en se rebaptisant The Green Giant Compagny. Pour gagner en notoriété, les publicitaires décidèrent alors de s’emparer du petit écran. Mais contre toute attente, les premiers pas du colosse à la télévision, en 1954, furent désastreux : incarné tour à tour par un homme peint en vert ou par une marionnette aux gestes saccadés 03, le résultat ne parvint qu’à générer au mieux un sentiment d’étrangeté ; au pire d’effroi… Histoire de renverser la tendance, les grands moyens furent déployés : on lui bâtit un décor où il puisse plastronner à sa mesure, paisible et bienfaisant, droit comme un « i », les mains sur les hanches, protecteur et vigilant, là, au milieu de la vallée ; et il reçut la parole, à travers la voix généreuse et grave d’Elmer « Len » Dresslar Jr., lançant sur les monts et les vaux du Minnesota de longs et profonds « Oh ! Oh ! Oh ! », à faire pâlir le Père Noël. Les téléspectateurs applaudirent enfin.

surgelés : le bon géant s’adapte et adopte une posture qui le protège du climat, tandis que sa garde-robe se voit embellie d’une longue écharpe rouge destinée à le mettre à l’abri des vents frais qui soufflent sur le marketing 04. Dans un autre contexte, on pourrait croire qu’il aurait été casté pour une campagne Oscillococcinum… Mais non. Quant à son attitude définitive, celle qui l’a rendu célèbre et iconique à nos jeunes années, elle a finalement été fixée en 1976, et n’a guère bougé depuis. 05 Certes, dans les années 70, jugeant peut-être que le Géant Vert devait finir par se sentir seul dans sa grande vallée, les responsables de la communication lui trouvèrent un compagnon (au nom certainement plus euphonique avec l’accent d’origine) : Sprout 06. Ce petit personnage, jeune « pousse » littéralement ingénue, n’était en réalité pas seulement venu pour combler la solitude du grand, mais plutôt pour remplacer la voix off en apportant une touche didactique et renseigner le client sur le produit et les innovations de la marque – avec plus de trois mots cette fois. Au fil des décennies (bientôt neuf), et malgré des débuts légèrement tâtonnants, le Géant Vert s’est forgé une renommée exemplaire. L’illustre magazine américain Advertising Age le classe en 3 e positions parmi les icônes publicitaires les plus célèbres, après le cowboy Marlboro et Ronald McDonald. À défaut d’un oscar, ça valait bien une statue… La sienne mesure 55 pieds et trône sur un mont de Blue Earth, sa ville natale, depuis 1979. 07

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OH ! OH ! OH ! En 1960, Géant Vert traverse l’Atlantique et arrive en France, en devenant la première marque à commercialiser du maïs doux grâce à son unique boîte « L’Original ». À cette même époque, la société lance ses premiers légumes 06

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JOCHEN GERNER

P O RT RA IT Texte : O. Trias Visuel : Jochen Gerner

SI DEPUIS QUELQUES ANNÉES LA BANDE DESSINÉE S'EXPOSE DE PLUS EN PLUS SUR LES MURS DES GALERIES, NUL DOUTE QUE JOCHEN GERNER, PAR SON TRAVAIL D'ARTISTE ET D'ILLUSTRATEUR, A LARGEMENT CONTRIBUÉ À FAIRE SORTIR CETTE DISCIPLINE DE SA CASE.

tructure le matériel brut pour le reconstruire différemment, dans une autre direction. Par le dessin, j'essaie de réinterpréter les données visuelles pour produire une nouvelle série d'images ». Passionné par les jeux intellectuels que permet la bande dessinée, Jochen Gerner manipule les cases et les mots, déplace les images, les adapte, les redessine, les efface ou les modifie, les faisant ainsi glisser vers de nouvelles versions, plus abstraites. Son approche, par une perpétuelle conceptualisation de l'expérience visuelle, ouvre alors la pratique du dessin vers de nouveaux horizons artistiques. Dans Mon Lapin #3, sorti en novembre 2013 (L'Association), il se charge de réunir, en tant que rédacteur en chef, des artistes tels que Bettina Henni, Vanessa Dziuba, David Poullard, Kitty Crowther, etc. qui tendent, eux aussi, à concevoir des passerelles entre la pratique du dessin et différentes formes d'art. Une manière de présenter la relève. WWW.JOCHENGERNER.COM

© Jochen Gerner, TNT en Amérique, 2002.

R

econnu depuis ses débuts dans les années 90 pour ses dessins de presse (Les Inrocks, Le Monde, Libération, New York Times) et ses livres d'images, parus à L'Association ou dans la collection Jeunesse des éditions du Rouergue, Jochen Gerner entreprend, depuis une douzaine d'années, de silloner des terres quasi inexplorées, situées à la frontière de la bande dessinée et de l'art contemporain. Tout juste diplomé de l'École nationale supérieure d'art de Nancy, il rejoint dès 1993 l'éminent collectif OuBaPo (Ouvroir de Bande dessinée Potentielle), « le plus excitant laboratoire sur la bande dessinée et les relations entre textes et images ». Entouré de François Ayroles, Patrice Killoffer, Étienne Lécroart, Gilles Ciment, Anne Baraou, Thierry Grœnsteen, Jean-Christophe Menu et Lewis Trondheim, il commence à développer des expérimentations sur différents types de narrations et de constructions graphiques : « J'y ai vraiment découvert le terrain d'investigation illimité que peut représenter la bande dessinée ». Dès lors, en s’efforçant constamment de « trouver de nouveaux systèmes, de casser les codes », il va progressivement immerger sa pratique du dessin dans une véritable réflexion sur l'image. L'album TNT en Amérique, œuvre majeure et emblématique de l'auteur, paru en 2002, matérialise admirablement cette façon d'aborder son travail. Dans cet ouvrage, il s’attelle à recouvrir à l'encre noire les pages de l'intégralité de l'album Tintin en Amérique, pour ne laisser apparaître que certaines formes colorées, des pictogrammes ou des mots de vocabulaire, révélant ainsi « la violence cachée, sous-jacente mais pourtant réelle, dans le tissu narratif d'Hergé ». Un parfait « exercice oubapien », qui lui ouvre les portes de la Galerie Anne Barrault. Ce procédé de détournement, Jochen Gerner va alors le transposer et le décliner sur bien d'autres travaux d'expositions personnelles, avec toujours pour but de créer une nouvelle possibilité de lecture à partir d'un support imprimé. Ainsi, pour Home, il vide de ses meubles un catalogue Ikea pour en faire ressortir les teintes scandinaves ; il colorie manuellement des cartes postales pour Mehr Licht !, ou s'attaque à des planches de bande dessinée populaires pour Chloroforme Mazout. « Beaucoup de mes projets sont une sorte de réflexion sur la façon dont peut être perçue une image. Je dés-

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R EP ORTAG E G RAPH I Q U E Texte : M. Gueugneau Visuel : S. Bournel-Bosson


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PAGES B L AN C H ES

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— ANNA KOVECSES sans-titre (Création originale) annakovecses.tumblr.com


— ANN WOO Tara www.annwoo.com


— LETTER PROEF TUIN sans-titre (Création originale) www.letterproeftuin.com


— FLORENT GROC FLORENT Montagne 01 (Création originale) florentgrocflorent.tumblr.com


— BÉNÉDICTE MULLER Il fait beau (Création originale) www.benedictemuller.com


— CHRISTINA GRANSOW Gropius (Création originale) www.christinagransow.de


— 140 Screenshot (Création originale) game140.com


— FLORENT TANET sans-titre (Création originale) cargocollective.com/ftanet


— ALBAN CORET Miami www.albancoret.com


— ZEELOT sans-titre (Création originale) www.zeloot.nl


— ROXANE LUMERET L'amour de jeunesse roxanelumeret.com


— ATELIER LA CASSE Au suivant (Création originale) www.la-casse.fr


DOSSIER Texte : G. Viry Visuel : Baptiste Alchourroun

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CITY MARKET —

GEORGES CLOONEY VA-T-IL BIENTÔT AVALER SES NESPRESSO DANS DES MUGS VELIB' OU OUVRIR SA CLASSE E AVEC UN PORTE-CLÉS ONLY LYON ? DANS UN CONTEXTE DE MÉTROPOLISATION, TOUJOURS PLUS CONCURRENTIEL, LES VILLES CHANGENT D'IMAGES ET SE CONVERTISSENT AU MARKETING. EVIAN, CAMEMBERT OU BACCARAT N'ONT QU'À BIEN SE TENIR.


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P

etite commune de 30 000 âmes, située entre Lyon et Grenoble, Bourgoin-Jallieu est-elle la ville la plus pop de France ? C'est la seule, en tous cas, à s'être dotée d'un alphabet et d'une stelle funéraire rose fluo. Réalisée en 2003 par une figure de l'art contemporain, Bertrand Lavier, en hommage à Frédéric Dard, originaire de la ville, elle arbore les 174 titres de San-Antonio, dont L'Année de la moule, Baise-Ball à La Baule ou Alice au pays des Merguez. Cinq ans plus tard, la ville surprend à nouveau, en confiant la refonte de son identité visuelle à l'artiste Pascal Le Coq, fondateur de la revue expérimentale Oxo. « Je ne connaissais pas Bourgoin, mais j'ai tout de suite senti que la ville était prête à aller assez loin dans sa démarche de modernisa-

tion. Je me suis notamment inspiré de l'identité de Roppongi Hills, un quartier branché de Tokyo, où les lettres sont remplacées par des formes, immédiatement reconnaissables ». En 2008, Bourgoin-Jallieu présente son nouveau logo : plus qu'un symbole, il s'agit d'un véritable alphabet, où chaque lettre dispose d'une forme simple, unique et colorée. « L'idée consistait à inventer un nouveau langage, qui pourrait être adopté par les habitants et décliné dans l'ensemble de la ville. La carte de vœux 2009, par exemple, a été adressée avec un paquet de gommettes, représentant chaque lettre. » Derrière son concept, Pascal Le Coq imagine que la commune iséroise deviendrait même, grâce à l'accumulation de mots composés en « Bourgoin-Jallieu », la première ville mondiale à


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acquérir le statut d'œuvre d'art. Il y a encore du travail car, en découvrant les lieux, sous la pluie et les normales saisonnières, le fameux alphabet saute moins aux yeux que les trois lettres P.M.U. (apparemment sur-représentées) ou la typographie variable des affichettes « À louer ». Seuls l'Office de Tourisme et les Maisons des associations, croisés sur le parcours, ont déjà été transformés. Quant au théâtre Jean Vilar, qui l'arborait fièrement, il a brûlé… « La nouvelle identité a été très bien accueillie par les habitants. Ceci dit, l'alphabet reste difficilement adaptable à tous les équipements », assume Christian Maronne, directeur de la communication. Quoi qu'il en soit, la démarche de Bourgoin-Jallieu reste inédite. La ville a en effet choisi un concept résolument artistique, au service d'un objectif sur lequel les agences-conseil ont souvent chasse gardée : valoriser un territoire en signifiant, par l'identité, qu'il n'abrite pas seulement des carcasses de rugby, mais aussi des technologies de pointe et des nouvelles industries. Un changement de logo, pour une ville française, n'a rien d'exceptionnel : on en dénombre un nouveau, en moyenne, chaque mois ! « C'est un effet de mode et un véritable carnaval, commente Boris Maynadier, chercheur et consultant dans le marketing territorial, qui y voit aussi un leurre : si les nouvelles identités de villes remplacent les armoiries, aucune ne peut changer, à elle seule, le destin d'un territoire. » Quant aux marques urbaines, qui apparaissent souvent en complément, elles seraient en capacité de le faire, à condition de reposer sur un véritable projet de développement. Introduites par les stations balnéaires, dès les années quatre-vingt, les marques territoriales ont d'abord attiré les départements, comme une nouvelle arme de séduction touristique. Depuis une dizaine d'années, elles essaiment partout sur le territoire en nous faisant croire qu'on est libre (mais pas seul) dans la Creuse ou que Richard Gotainer, chantant la Marnothérapie, est un médicament. Si Bourgoin-Jallieu est une ville pop, le département de Laon

UN CHANGEMENT DE LOGO, POUR UNE VILLE FRANÇAISE, N'A RIEN D'EXCEPTIONNEL : ON EN DÉNOMBRE UN NOUVEAU, EN MOYENNE, CHAQUE MOIS ! C'EST UN EFFET DE MODE ET UN VÉRITABLE CARNAVAL…

L'alphabet dessiné par Pascal Le Coq pour la ville de Bourgoin‑Jallieu. L'artiste réalise également la revue Oxo, dans laquelle il réinvente les codes des dictionnaires, notamment les drapeaux. revueoxo.blogspot.com

serait, lui, carrément «Rock Aisne Roll». C'est du moins ce qu'il affiche, actuellement, dans le métro parisien, à travers la nouvelle campagne de sa marque, créée en 2005 : «L'Aisne, it's open». Après les talents «Pur l'Aisne» ou «L'Aisne'Glich Institute», le Conseil Général invite, cette année, le public, à faire autant d'esprit que ses communicants pour l'aider à trouver un nouveau slogan. Plus de 850 personnes se sont déjà prêtées au jeu, sur le site dédié, en mode fulgurance (« Venez butiner de plaisir au pôle l’Aisne ») ou beaucoup moins corporate : « Parfois, j'ai la Aisne ». En Gironde, la marque Le Plein de Plaisirs a également été imposée, à partir de 2009, à coups de campagnes aventureuses. Après « Ici, j'ai trouvé mon point G », la collectivité remet le couvert, en 2011, avec ses

« 33 positions de plaisir » : une sorte de kamasutra local, comprenant notamment la pose de l'hûitre, les vignes enlacées ou les escapades à cheval.

I LOVE YOU – Le city branding est né, un peu accidentellement, aux États-Unis : lancée en 1977 et censée durer trois mois, la campagne est la première expérience sensible de promotion d'une ville. Elle visait, à l'époque, à redorer l'image calamiteuse de New York auprès des touristes étrangers. « C'est une racine, mais il faut attendre les années 2000 pour que les collectivités s'intéressent véritablement au branding, en raison de deux phénomènes simultanés : la métropolisation et la compétition crois-


EN QUELQUES CHIFFRES -

400 000 euros

LE COÛT DE LA NOUVELLE MARQUE "PARIS RÉGION, SOURCE OF INSPIRATION", LANCÉE FIN NOVEMBRE PAR LE CONSEIL RÉGIONAL D'ILE-DE-FRANCE

1,8 MILLION de dollars MONTANT MOYEN ANNUEL, EN DOLLAR, DES ROYALTIES VERSÉES À L'ÉTAT DE NEW YORK POUR L'EXPLOITATION DE LA MARQUE I LOVE NY

2 202 712 PARIS EST LA VILLE LA PLUS "LIKÉE" DU MONDE SUR FACEBOOK, LOIN DEVANT NEW YORK, LONDRES, MADRID ET BERLIN

10 SARCELLES, ROUBAIX, DUNKERQUE, TOURCOING, VITROLLES, CHARLEVILLE-MÉZIÈRES, BEAUVAIS, MAUBEUGE, VESOUL ET LE HAVRE : LE TOP 10 DES PIRES VILLES FRANÇAISES, SELON UN SONDAGE TOPICO (10 000 VOTANTS, OCTOBRE 2013)

1,5 MILLIARD d'euros

DOSSIER

MONTANT TOTAL DES DÉPENSES DE COMMUNICATION DES COLLECTIVITÉS LOCALES (RÉGIONS, DÉPARTEMENTS, VILLES) EN FRANCE, EN 2012

600 M d'euros

RETOMBÉES ÉCONOMIQUES ATTENDUES POUR MARSEILLE, CAPITALE EUROPÉENNE DE LA CULTURE 2013

sante entre les villes ; le développement de la notion de marque, en marketing, dans laquelle on investit, à travers le packaging ou les produits dérivés ». En 2004, Amsterdam est la première grande métropole à se lancer, avec I amsterdam, avant d'être rejointe, en quelques années, par la plupart des capitales : Be Berlin, Be Brussels, Madrid About You, Lond-On, coPENhagen (Open for you), People Make Glascow, etc. « En France, l'émergence du city branding est étroitement liée au processus de décentralisation, imposant aux villes de définir leurs propres stratégies de développement, en pariant sur tel ou tel domaine : l'offre touristique, la technologie ou le design ». Armée d'un éventail assez large, Lyon est la première à dégainer, dès 2008, avec une identité bien trouvée, Only Lyon et une photocopie tournant, initialement, à plein régime. Comme à Amsterdam, l'Office de tourisme est rebaptisé et les lettres de la marque sont fabriquées, à taille humaine, pour que le public s'acoquine dessus. Au-delà des campagnes successives (Who is the king ?, So LoveLY, Addicted to Lyon), la marque part également en tournée, chez ses concurrentes et développe un important réseau d'ambassadeurs, connus ou anonymes, qui n'ont pas peur de l'avion. Ils serait 13 500 aujourd'hui. Avec tous ces efforts, la griffe Only Lyon est devenue, cinq ans après sa création, un modèle de city branding, reconnu à l'international. Pendant ce temps, la plupart des grandes villes françaises se sont aussi munies d'une marque, plus ou moins performante. Toulouse a pris un préfixe (So), Montpellier, une terminaison nerveuse (Unlimited) ; Strasbourg est

devenue The Europtimist ; et pendant que Nice cultive son bilinguisme (Nice & Smart), Marseille s'est accolée un éphémère « On the move », comme si David Guetta ou l'inventeur du nouveau slogan de C&A avaient participé au brainstorming. À l'extrémité Nord, pendant que Dunkerque revendique son Made In, Lille joue carrément la carte du « carnaval » : en moins de six mois, la métropole s'est dotée d'une marque territoriale, Lille's, et d'une nouvelle identité de ville. Même si les deux opérations sont distinctes, avec des bailleurs et des objectifs différents, elles auraient coûté, à elles deux, plus de 130 000 euros. Si le city branding est d'abord l'apanage des grandes métropoles, en raison notamment du prix d'entrée, il a conquis toute la France et dépasse largement les barrières de la langue. Rodez, par exemple, parle désormais comme Jane Birkin (My Rodez, tu m'inspires) et La Roche-sur-Yon fait carrément du Van Damme : Vendée way of life ! À Besançon, la ville a choisi de rester du côté de Molière mais, du coup, elle s'expose à la réplique. En 2012, sa nouvelle signature « L'air(e) du temps » est aussitôt détournée, comme un retour fracassant à la réalité : « Besançon, un temps de chien ». Également déclinée en version L'air(e)otisme, la campagne de la ville joue aussi, comme beaucoup

I amsterdam (2004) et Only Lyon (2008). Toute ressemblance est une coïncidence. www.iamsterdam.com www.onlylyon.org

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MILTON GLASER

POUVEZ-VOUS NOUS RAPPELER BRIÈVEMENT L'HISTOIRE DE ? C'était une demande du département de Commerce de l'État de New York. Je travaillais à l'époque dans l'agence de publicité Wells Rich Greene. Le commissaire adjoint, qui s'appelait John Dyson, est venu nous voir pour nous confier l'identité visuelle d'un slogan pour New York. Pour autant que je sache, ce n'était pas une compétition, car aucune autre agence n'a été invitée à faire des propositions. Cela n'est pas forcément étonnant car la démarche était pro bono, c'est-à-dire sans rémunération. COMMENT AVEZ-VOUS EU CETTE IDÉE ? Ma première idée, qui était une typographie simple, a été soumise à la commission et directement approuvée. Je ne me souviens même plus à quoi elle ressemblait, mais je n'en étais pas pleinement satisfait. Quelques jours plus tard, dans un taxi, j'ai dessiné un autre slogan. En sortant, j'ai immédiatement appelé Bill Doyle, le chef du département, pour lui expliquer ma nouvelle idée. Il m'a répondu : « On ne peut pas

d'autres, sur les lois de l'attraction. De façon générale, le marketing territorial sur-exploite les codes de l'amour et de la séduction, ce qui est finalement assez logique dans la mesure où ses commanditaires sont, avant tout, dans une posture de drague. Pas besoin de repasser par le Point G, sur la Dune du Pyla, pour qu'un rapide tour des marques suffise à satisfaire un cœur d’artichaut en transit, consumant de l'amour à chaque étape : coup de foudre en Lorraine (J'aime Metz ou I NancY), aventure à Cholet (« l'entreprenante »), fin de partie au Cap d'Agde, dont L'archipel de vie ne nous précise pas encore si les îles ont des poils…

NO LOGO ? –

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aurait sauvé New York et Imported From Detroit, matraqué par les constructeurs automobiles, doit contribuer à sauver Détroit. Mais audelà des cas extrêmes, les résultats du city branding restent difficiles à mesurer, car ses effets sont souvent

réunir, à nouveau, la Commission…  » Je me suis précipité à son bureau pour lui montrer le croquis. Il a convenu que c'était mieux et qu'il fallait le présenter. Au final, tout le monde a approuvé. Ce qui est intéressant, dans l'histoire, c'est que la marque , telle que vous la connaissez, aurait pu ne jamais exister… LA CAMPAGNE ÉTAIT PRÉVUE POUR DURER TROIS MOIS. CELA FAIT TRENTESIX ANS… Dans les métiers de la création ou la communication, chacun a l'espoir de faire quelque chose qui entre dans la conscience du public et devienne, en quelque sorte, intemporel. C'est ce qui m'est arrivé ! Trente-six ans, c'est une durée, sans précédent, pour une campagne de communication. Je n'ai pas d'explications rationnelles pour comprendre pourquoi une identité visuelle vit plus longtemps qu'une autre, mais ça reste évidemment très gratifiant d'avoir marqué les esprits, dans la durée… PENSEZ-VOUS, COMME BEAUCOUP, QUE CE LOGO A CHANGÉ L'IMAGE DE NEW YORK ? Dans les années soixante-dix, la situation a New York était très difficile, comme dans le film Network où les habitants crient par la fenêtre : « I'm mad as hell and I'm not gonna take it any-

indirects et pas forcément immédiats. À Lyon, la mise en orbite d'Only n'est pourtant pas étrangère, semble-t-il, à l'augmentation très sensible de la fréquentation touristique. Pour le reste, vu d'un bar-tabac de Bourgoin, le foisonnement d'identités, de marques ou de stratégies, plus ou moins abouties, peut aisément ressembler à un nouveau sport national, dans lequel les élus et les communicants se retrouvent autour d'un exercice favori : la gonflette. La pratique concerne notamment les montants. En 2011, la nouvelle marque Pau, Porte des Pyrénées, signée Dragon Rouge, a été brocardée pour son allure enfantine, mais a coûté un vrai prix de daron : 87 000 euros. « Un logo n'a jamais fait une marque et, à l'inverse, on peut faire une marque sans logo », rappelle Boris Maynadier, selon lequel les meilleures expériences ne sont pas forcément les plus « marquantes ». « Nantes, par exemple, s'est positionnée, depuis longtemps, sur la culture et les droits de l'Homme. Elle a certes une petite marque de développement, Just Imagine, mais ce sont surtout ses initiatives, en lien avec ces

more! » À partir de 1977, la Ville a décidé de reprendre en main son destin et de réinventer l'atmosphère ambiante. La volonté de créer une marque, positive et forte, faisait partie de cette démarche. Je ne sais pas si le logo a changé le visage de New York, mais je suis amoureux de ma ville et très fier qu'il ait pu contribuer, à cette époque, à insuffler une nouvelle dynamique. EST DEVENUE UN SYMBOLE UNIVERSEL, COPIÉ DANS LE MONDE ENTIER. COMMENT RESSENTEZ-VOUS CELA ? Comme je vous le disais, le sentiment d'avoir apporté quelque chose de positif à la ville et au monde dans lequel vous vivez, est plus important, selon moi, que tout le reste. Nous ne vivons pas seulement pour nous-mêmes et c'est la même chose dans mon métier. Avoir un minimum de sens collectif et être aussi reconnu pour cela, c'est extrêmement satisfaisant pour moi. Je suis donc très fier qu' puisse appartenir, en quelque sorte, à tout le monde. www.miltonglaser.com

deux axes, qui font le succès de sa stratégie » : Voyage à Nantes, parcours artistique Estuaire, etc. Avec le design, Saint-Étienne suit un même modèle de développement ; la ville ne l'a pas encore structuré autour d'une marque globale, mais l'essentiel est qu'il s'enracine, dans l'espace et dans les esprits : Cité du design, Biennale, École supérieure, événements réguliers avec les commerçants, etc. Outre-Atlantique, la ville de Détroit constitue également un autre exemple pertinent ; officiellement en faillite, elle cherche désormais à rebondir, au-delà de l'industrie, pour attirer les artistes, en leur promettant notamment des grands espaces à bas coûts. Le marketing est bien là, mais il avance masqué, ce qui ne signifie pas que la collectivité ne puisse pas compter sur sa star locale, Eminem, pour pousser régulièrement une petite tête de gondole. « Le city branding est récent mais on est déjà passé, selon moi, dans une nouvelle ère, qui ne repose plus seulement sur une stratégie de salons ». Ancien responsable de la communication de Velib' au sein de la Mairie

DOSSIER

LA CÉLÈBRE SIGNATURE A ÉTÉ DESSINÉE DANS UN TAXI ET AURAIT PU NE JAMAIS RESSEMBLER À CELLE QUE NOUS CONNAISSONS. À 85 ANS, MILTON GLASER N'EST PAS SEULEMENT UNE LÉGENDE AMÉRICAINE DU GRAPHISME : C'EST UN ROMANTIQUE.


de Paris, Gildas Robert occupe désormais la tête d'un noucontinue… ». Du coup, la ville met actuellement les bouchées veau département, ouvert en janvier 2013 : « Marketing et doubles. En décembre, elle lance le premier concept-store en communication des Marques ». Contrairement à la pluligne initié par une collectivité, proposant 250 articles emblépart des grandes métropoles européennes, la capitale n'a matiques du patrimoine parisien : « On y trouve les produits jamais adopté, en marketing, le voile intégral. « Paris est dérivés de nos marques, mais aussi du thé Mariage Frères davantage qu'une marque ; ce sont plus de 300 marques ou la chaise Fermob, dessinée pour la nouvelle Place de la déposées qui impliquent République ». Une boutique d'adopter une stratégie plus physique serait même dans le relationnelle, 2.0, susceptible NEW YORK EXPLOITE viseur, dès 2014. Et pour nous de parler à chacun, plutôt assurer qu'il n'est pas devenu SES MARQUES DEPUIS qu'à tout le monde ». un chef de rayon comme les LONGTEMPS, Concrètement, le service est autres, Gildas Robert nous chargé de commercialiser les AVEC SES T-SHIRTS NYPD, rappelle une évidence : « Tous marques parisiennes (Velib', SES CASQUETTES DE POMPIERS les revenus reviendront aux Paris Plages, etc.), à travers Parisiens, car ils permettront OU SES CRAVATES une démarche de licensing, de financer les services publics permettant aux industriels ou CENTRAL PARK. et de nouvelles activités ». aux éditeurs de les exploiter, Dans son fameux No Logo, la en échange de royalties. New journaliste canadienne Naomi York fait cela depuis longtemps, avec ses T-shirts NYPD, Klein démontre que la puissance des marques se mesure ses casquettes de pompiers ou ses cravates Central Park. Et justement à leur capacité à s'effacer. Il en va sûrement de Amsterdam développe carrément ses propres points de vente. même pour le city branding. D'ailleurs, comme Lyon resLa nouvelle démarche parisienne a commencé, juste avant tera moins connue que New York, force est de constater l'été, avec la commercialisation de 16 produits Velib', déclique son nouveau T-shirt « moustache » semble beaucoup nant l'univers illustré des Mesdemoiselles. « On a fait un plus redoutable que ses modèles précédents ; plutôt qu'un carton : disponibles dans 70 boutiques, les 20 000 produits logo Only Lyon, griffé en gros, le client a désormais droit ont été écoulés en 2 mois ! Les touristes sont très friands et à une phrase, écrite en énorme : « We tried hot dog but we lorsqu'ils utilisent, chez eux, leur mug ou leur sac, la publicité preferred Quenelle. » •

L'eau de Paris et la gamme Velib', disponibles dans le nouveau "concept-store" en ligne de la capitale. www.boutique.paris.fr

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KXK

CAHI E R M ODE

DA : Krypt x Kiblind I Photo : Laurent Croisier Styliste : Alix Devallois Make-up : Emma Puhaka I Hair : Victor Bulle Models :   Damien Clément   Alexis Cécilia   Ana Zoé Texte : J. Martinez

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Attention. Si une personne qualifie l'un de ses semblables du sobriquet so british ugly, méfiance, il ne lui veut pas que du mal. Certes il se peut très bien que cet homme (disons que c'est un homme) soit tout simplement laid, disgracieux, déstructuré, brassé, déformé, irrévérencieux, et salement banal, ou alors, au contraire, il s'agit juste d'un mec cool. L'esthétique ugly (littéralement laid, moche, vilain, horrible, répugnant, déplaisant dans la langue de Wayne “ugly” Rooney) égrène aujourd'hui sa semence féroce dans tous les domaines artistiques. Après avoir attaqué à la source le fleuron des étudiants d'écoles d'art, le moche tache la mode, pour le plaisir. Et puis aussi parce qu'au bout d'un moment, Sofia Coppola, c'est chiant.

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and wrote Paul R end in itself,’ an ken ta en is be m ty lly au be nd it is equa A . «  ‘Rarely has rt A lid, r’s ne   A Desig Ugliness is va in Paul Rand: sult in itself. prere re d ge en ua an ess as nous lang to treat uglin e cult y to an indige th ke h is it it w n m he le ,w The prob . es ur lt even refreshing emies cu ad d ac or design ative ideas an from the maj peals g senting altern in ap at at an th e em c design come a styl be y kl e ic qu of ugly graphi s so sense to mak ni is that it ha line or good ip sc di lfo e, e and their alum nc ar ge onents out the intelli hile the prop to anyone with g out of it. W in g their signast in re us te is in m e e or llowers ar fo r something m ei th Ugliness , es us rious m ut substance. ho it w e yl st lowing their va hy as hen it is a and typograp t a problem w no is de ture designs co a own virtue eapon, even as ugliness as its t Bu n. as a tool, a w tio nc minishes all following fu status quo – di e result of form th to n tio -jerk reac – or as a knee 01 .  design. » 02

Laid

is more.

Notre ami Steven Heller, théoricien contemporain du design graphique, a évoqué le culte de la laideur (cult of ugly) dans un article paru en 1993 dans Eye Magazine #9 01. Et pour lui, comme pour beaucoup d'autres esthètes du graphisme, ça ne fait pas un pli : faire le laid, d'accord, mais encore faut-il savoir pourquoi… Si on se penche sur l'histoire de l'art récente, on nous susurre que le mouvement ugly aurait pris sa source dans les années 70 avec l'avénement du style punk, lui-même largement inspiré par les futuristes, dadaïstes et autres psychédéliques. Une volonté farouche ambiante : casser le formalisme des modernes, jouer de la rigueur académique pour affirmer sa différence et manipuler la naïveté des formes pour accentuer l'efficacité des faibles moyens en présence. Ce n'est pas anodin si l'esthétique punk avec toutes ses variantes (voir les sea punk et l'amour porté à nos amis les dauphins) est aujourd'hui encore, largement présente dans les réalisations dites ugly. D'après Steven Heller toujours, l'un des éléments fondateurs de l'ère ugly, est la publication par des étudiants américains de la Cranbrook Academy of Art, de Output, en 1992 02. Cet ouvrage pose les principes adulés par ces chères têtes blondes qui parsèment les écoles d'art, en particulier les écoles belges, hollandaises, allemandes et françaises, bien entendu. Au programme : jouer des motifs éculés, des formes simples, triturer les typos système, tuer la grille typographique en jouant des alignements, des espacements, manipuler les images en basse résolution, etc. En ce début de décennie 90 définitivement ugly, alors même que l'on fête l'avénement de la Dream Team à Barcelone, ces étudiants américains vont prendre la balle au vol et dunker sur la tête du rigoureux graphisme suisse, entre autres. Marre de l'homogénéité standardisée, fuck le nombre d'or, not in my hOuSE. Aujourd'hui encore, il suffit de voir les affiches des folles soirées de la Gerrit


Rietveld Academie 04 pour se dire que, quand même, ça dure. Le ugly serait donc un manifeste, un cri de fureur contre la beauté facile, un cocktail molotov jeté sur l'effet lomo d'une photo de coucher de soleil avec au premier plan, une jeune blonde avec des jolis seins, ni trop petits, ni trop gros. Mais pas seulement. Ce manifeste de 1992 va pénétrer les écoles d'art pour rejaillir dans les années 2000 au beau milieu du monde merveilleux de la création. Patrick Burgoyne dans Creative Review note que l'esthétique ugly était déjà présente dans des magazines tels que Super Super, 032C en 2007 ou Hirst, designé par Mirko Borsche, plus récemment. Généralement, tous les étudiants des années 2005-2012 se sont sans doute amusés un jour de cours, encouragé par des professeurs émérites, à mettre un dégradé sous une photo de poney en bitmap. La sortie du livre Pretty Ugly chez Gestalten en 2012, n'a fait que couronner l'avénement d'une imagerie devenue branchée. Dans la mode, on croise depuis quelques années déjà le ugly chez les talentueux frenchies d'Andrea Crews 05 ou chez les lointaines Australiennes de Di$count Univer$e 06. Mais il suffit de faire un tour sur le sublime blog de Dora Moulot, la Gazette du mauvais goût 03 pour s'apercevoir qu'il est partout. Partout, certes, mais en petite quantité. Tant qu'il sera minoritaire le laid suscitera un intérêt. Le phénomène ugly concerne en effet une élite, une faune de créatifs auto-référencés, qui, eux-mêmes, savent. Et pour les autres ? Pour le quidam, le « moche » suscite souvent la même réaction : absence de sens, simple foutage de gueule, ou juste une phrase du style « ah, mais c'est moche ». Il faut dire qu'on s'en fout de péter une grille quand on ignore tout simplement son existence. Il est sans doute parfois difficile de savoir si les ugly friendly sont de véritables amoureux d'une imagerie populaire éculée et spontanée ou juste des esthètes en quête d'identité visuelle.

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CENTRE DE DOCUMENTATION ET D’INFORMATION RÉDIGÉ PAR MAXIME GUEUGNEAU & CO

CDI

Fig. 1 : Koursky Lion _ [ M U S I Q U E ] . Pour nous, Français, le rap est un animal sauvage. Si quelques-uns de nos compatriotes ont réussi à lui faire faire d'admirables tours, il a longtemps peiné à passer pour autre chose qu'un phénomène de foire. Peu conscient de sa réelle valeur artistique, le bon peuple ne faisait que s'encanailler à son écoute. Pourtant, ce rap est devenu l'animal de compagnie de toute une génération. Mieux, pour de nombreux Français, il est un moyen naturel de création artistique. L'œil s'humecte donc à la vue de cette génération de producteurs français partie à la conquête des États-Unis. Koursky Lion, talent fantastique, est la crème de cette crème. Bercé par les sonorités expertes de RZA, Precise, Mike Dean, DJ Squeeky ou DJ Quik, Koursky Lion est un connaisseur émérite des choses hip-hop. Mais plutôt que d'étaler vainement son érudition sur les internets, Koursky Lion a choisi de suivre ses maîtres et de créer un son propre. Le Nantais, prenant appui sur l'occultisme de l'horrocore texan, les sirènes de la G-Funk californienne ou les volutes du cloud rap new-yorkais, a développé sa propre mixture. Une recette que goûtent apparemment les oreilles américaines. En effet, à l'instar de Junior Makhno, Al'Tarba ou Soufien 3000, Koursky a su séduire nos amis outre-atlantes. Producteur du parfait projet The Promethazine Elevator avec Opposite C (Jacksonville), de pépites pour Sortahuman (Huntsville), KaiHall (Flint), ou encore Dough Dough et Yung Simmie du Raider Klan (Miami), Koursky Lion trace aujourd'hui sa route avec de très belles personnes. Un chemin qui mène sinon à la gloire, du moins à la postérité pour les amoureux du rap. • The Promethazine Elevator II : The Dawn Of Bermuda Lee, Opposition C & Koursky Lion, sortie le 25.12. Koursky Lion a réalisé le Kiblind Mix #22 à écouter sur soundcloud.com/kiblind kourskylion.bandcamp.com ; soundcloud.com/kourskylion ; kourskylion.tumblr.com

n.f. (bestia). Personne dominée par ses instincts ; personne maîtrisant parfaitement son sujet (argot). Ex : « Je suis une bête de déconneur » - Emmanuel Kant. Se dit aussi du diable et de son fameux chiffre ainsi que de musiciens de grand talent

Fig. 2 : Thomas Hessler _ [ M U S I Q U E ] . Petit à petit, la techno fait son nid sur nos terres tricolores. Alors qu'il y a quelques années à peine il fallait encore à son adorateur traverser les frontières pour espérer l'entendre, c'est elle qui désormais s'affiche sur la plupart des murs de nos grandes villes, tout comme en couverture des magazines les plus en vogues. Du centre aux cinq côtés de l'hexagone, elle s'installe, se développe, et s'amplifie. Sans tambours, sans trompettes, et sans fanfaronner, il semblerait qu'enfin elle cesse de n'être que ce bruit, qui pendant si longtemps ne fît que déranger les moeurs, alimenter les polémiques, et troubler le silence. Partout, les clubs lui ouvrent leurs portes et laissent en leurs enceintes y raisonner ses vibrations. Pourtant – et c'est surement ce qui en constitue le comble –­ c'est de nulle part que les plus exigeants de ses adeptes souhaiteraient la voir surgir. Avouons qu'ils n'ont pas tort. Enfin… pas tout à fait. Qu'y a-t-il de plus fascinant qu'un son dont on ne pourrait situer la provenance exacte ? Qu'y a-t-il de plus envoûtant qu'une mélodie dont on ne saurait décrire l'essence même ? Qu'y a-t-il, aussi, de plus puissant qu'une onde qui vienne frapper à nos tympans sans prendre la peine de les prévenir? Les nihilistes diront qu'il n'y a rien ; les vieux, qu'il n'y a plus rien. Les hollandais affirmeront que non loin des rivages, il y a les mistpoeffers ; les japonais qu'au bord de l'archipel, il y a l'uminari. Et nous, nous contenterons de répondre qu'heureusement : il y a le nouveau disque de Thomas Hessler. Simon Chambon-Andréani • Thomas Hessler – Gravity EP est sorti mi-décembre   sur Nowhere, filière de Syncrophone. soundcloud.com/thomas-hesslerberlin ; www.syncrophone.fr

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Crédits : ©Benjamin Baret

Fig. 3 : Laurence 666 _

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[ P R I N T ] . Co-hé-sion. Le mot fait peur, les tirets encore plus. Et pourtant. Tous artistes, tous illustrateurs et bédéistes, Chloé Fournier, Benjamin Baret, Hugo Charpentier, Manuel Lieffroy et Rémy Mattei ont choisi de se muer en un collectif sans peur et sans reproche : Mauvaise Foi. Et pour mieux signifier leurs liens sans failles, ils sortent de façon quasiment semestrielle une revue de goût, Laurence 666. Si elles ont sorti la bande dessinée de Manuel Lieffroy, Les Nocturnes, et quelques sérigraphies personnelles, Laurence 666 reste (pour l'instant) le cœur de l'activité de Mauvaise Foi Éditions. Le principe : demander à chaque

dessinateur une dextérité sans pareille et une confiance en l'autre qui nous rappelle ce beau concept de cohésion. Un récit simple, concocté par les membres de Mauvaise Foi, se retrouve découpé en plusieurs parties. Chacune d'entre elles est distribuée aux participants du projet, sans que ceux-ci n'aient connaissance du reste. Résultat, une bande dessinée à mi-chemin entre cadavre exquis et scénario classique, porté par le talent des hôtes et de leurs invités. Le n°4 est d'ailleurs tout chaud, lui qui nous transporte sur les terres Inuits par la grâce des auteurs de Mauvaise Foi et celle de leurs invités : Clément Relave, Olivier Bonhomme, Gaëlle Loth, Emre Orhun, etc. Le tout dans un pur esprit d'équipe. • Laurence 666 n°4, sortie mi-janvier. www.mauvaisefoi-editions.com

n.f. (βιβλιοθήκη). Meuble ou endroit où sont conservés les livres ; collection organisée de livres. Ex : « Non mais une bibliothèque, on n'est pas forcé de mettre des livres dedans, si ? » - La Fouine. Se dit aussi d'une liste d'ouvrages à consulter absolument.

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La revue Fidèle a sorti cet automne son premier numéro. Il faut le consulter car il s'agit de bandes dessinées de haute volée, réalisées par d'anciens étudiants d'Angoulême pétris de talent : Charles Nogier, Martin Sztajman, Vincent Longhi et Paul Rey et leurs invités Vaiana Gauthier Théo Calméjane et Théo Voisin. Couleurs, 45 pages, 10 euros. revue-fidele. tumblr.com

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Les éditions B42 ont enfin sorti leur Back Cover annuel. Toujours réalisé par l'excellent studio deValence, le Back Cover #6 est cette fois-ci allé fureter du côté du Japon pour en étudier la création en design graphique. Couleurs, 132 pages, éditions B42, 24 euros. www.editions-b42.com

Suite et fin (?) de la formidable revue strasbourgeoise Belles Illustrations qui vient de sortir son 5e numéro, bourré des talents de Bettina Henni, Guillaume Chauchat, Léon Maret, Clément Paurd, Alexis Beauclair, Sylvestre Boucquet, Bénédicte Muller, Anne-Margot Ramstein, etc. Couleurs, 372 pages, 30 euros. bellesillustrations.free.fr

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Les toujours très bonnes éditions Gestalten ont encore sorti le grand jeu avec le dernier ouvrage du roi de la datanews Francesco Franchi, Designing News, qui porte très bien son nom. Ah, et on est dedans. Couleurs, 240 pages, 49,90 euros. www.gestalten.com

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Le délicieux Vincent Broquaire sort son troisième ouvrage en édition très limitée (90 exemplaires). Toujours aussi simple, toujours aussi beau, toujours aussi bluffant, le travail de Vincent Broquair se décline cette fois en 40 dessins sous forme de séquence, d'où son nom, Séquences. Noir & Blanc, 84 pages, éditions Xpo Gallery.

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La très bonne revue littéraire et graphique Le Chant du Monstre est repartie pour son 3e numéro, qui conviera les éditions Cambourakis, Laura Limongi, Keun Young, Andreas Backer, Orion Scohy, etc. Sortie le 14.02. Soirée avant-première le 30.01 à la Gaîté Lyrique. Couleurs, 132 pages, 15 euros. lechantdumonstre.com


n.m. (complementum). Ce qui s'ajoute ou doit s'ajouter à une chose pour la rendre entière. Ex : « Une bonne dissolution, le complément idéal pour tout mandat qui se respecte » - Jacques Chirac. Se dit aussi d'artistes au sein d'une exposition ou d'un festival d'arts numériques.

Fig. 1 : Festival Mirage _

[ A R T S N U M É R I Q U E S ] . L'art ne descend point du ciel. L'art n'est pas un phénomène intemporel. L'art n'est pas détaché de la basse vie des hommes. Réjouissons-nous, alors, quand la technique vient apporter son grain de sel à la création. La peinture à l'huile, la

photographie ou l'électricité ont bien plus transformé la chose artistique que n'importe lequel de nos génies. Il est donc temps de rendre grâce aux technologies numériques qui bouleversent, en ce moment même, les entreprises de l'esprit. Le lyonnais Mirage Festival, organisé par l'association Dolus & Dolus, tient pour la deuxième année une célébration cordiale aux techniques innovantes de l'art contemporain. Sont concernées moult disciplines allant de l'art plastique au mapping, en passant par la musique ou le graphisme. Les Rhodaniens et voyageurs curieux se verront ainsi confrontés aux lives audiovisuels du Japonais Ryoichi Kurokawa accompagné des Italiens de

XX+XY (au Grand Temple) et du duo parisien Nonotak avec le Macédonien Noitu (à l'AmphiOpéra), mais aussi aux installations du Theoriz Crew featuring BKYC, de Pierre Warnecke ou encore à l'extraordinaire performance Murmur. Pour ce qui est de l'avancée musicale, Le Sucre accueillera deux label night consacrées à Musique Large et Delsin Records (avec Claro Intelecto et Conforce). Kiblind y va même de sa petite touche en invitant le collectif Golgotha pour une journée Phone Art au Lavoir Public. L'art numérique, ici et maintenant.

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• Mirage Festival, du 19 au 23.02, à Lyon. www.miragefestival.com ;   www.dolusdolus.com

[ E X P O S I T I O N ] . La caennaise Galerie Oh ! officie depuis un petit moment dans le but salvateur d'offrir un point d'ancrage à la jeune création basse-normande. Un lieu où celle-ci pourrait s'épanouir, et de bourgeon passer à fleur sauvage du plus bel aspect. Bienfaisante, la galerie l'est aussi pour ses visiteurs à qui elle propose sans discontinuer expositions et concerts de qualité. D'exposition il sera question ici avec la belle proposition de janvier qui voit Alice Dufay (illustratrice pour Souleance, les éditions Odile Jacob, etc.), tenancière de la galerie, et l'excellente Evelise Millet (lauréate du prix Dess(e)ins 2013) accrocher quelques-unes de leurs plus belles œuvres. Une rétrospective en forme de découverte passionnante de deux univers opposés autant que complémentaires. Entre la figuration songeuse d'Alice Dufay et les paysages abstraits d'Evelise Millet, le courant passe, le pont se construit naturellement. Il s'agira simplement pour le spectateur de laisser son esprit divaguer, s'inventer récits et aventures, mais surtout d'apprécier le trait joli de ces deux illustratrices de belle tenue. • Evelise Millet & Alice Dufay, exposition jusqu'au 15.01   à la Galerie Oh ! à Caen. facebook.com/lagalerieoh ; www.evelisemillet.fr ; alicedufaydessine.blogspot.fr

Crédits : ©Evelise Millet

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Fig. 2 : Evelise Millet & Alice Dufay _


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n.f. (crescere). Fait ou action de croître ou de grandir. Ex : « Non mais c'est parce que j'ai pas fini ma croissance » - Mimi Mathy. Se dit aussi de festivals ou de maisons d'édition qui ont le bon goût de continuer de grandir.

Fig. 1 : Misma Éditions _ loyaux services envers le 9e art. Et dieu que cette histoire, commencée en avril 2004 avec le Misma #1 d'Estocafish et El Don Guillermo, est remplie d'illustres faits de gloire. Les premiers d'entre tous : les revues DopoTutto Max, évidemment, rassemblant les membres du crew et des invités de marque, pour se mettre au courant de l'actualité de la boîte. Cela ne doit toutefois pas nous cacher la pléthore de bouquins de qualité sortis du fournil du Fauga. Pour être concis, on peut notamment citer le Raison d'État de Reynald Grandpey, la série des Gousse & Gigot d'Anne Simon, le Bijou Special Magazine de Franky Bartol ou dernièrement, l'excellent Orlando de Delphine Panique qui nous ravit encore. Tout cela, et bien plus encore, à admirer courant janvier à Angoulême. • Exposition Misma, du 30.01 au 2.02 au Musée   du Papier, dans le cadre du Festival d'Angoulême. www.misma.fr ; www.bdangouleme.com

Fig. 2 : MO'FO _ [ F E S T I V A L ] . Soyons francs : un festival de musique a-t-il besoin de gonflette pour montrer sa vigueur ? A-t-il besoin d'ors et de paillettes pour prouver sa beauté ? A-t-il besoin d'innombrables groupes pour offrir un programme artistique de bon aloi ? À ces trois questions, le Mo'fo est bien placé pour répondre non. Le plus petit des grands festivals, comme il aime à se faire appeler, ne mise point sur l'apparence et la suffisance pour proposer aux Parisiens une manifestation musicale digne de ce nom. Organisé par Mains d'Œuvres, le Mo'fo est petit, humain, sensible et entend bien le rester un petit moment. Son édition 2013 ne transgresse pas ces simples

règles et promet à ses festivaliers une ambiance chaleureuse qu'argumente une programmation en tout point délectable. Pour en juger, il suffit de consulter notre petite liste et d'en sortir les noms suivants : Cobra, Jessica Pratt, Orval Carlos Sibelius, Electric Electric, Jeffrey Lewis, TV Ghost ou encore ce bon vieux Frank Fairfield. Une bande de gens tout à fait à même de faire passer l'un des meilleurs moments de leur année aux chanceux spectateurs du Mo'fo. Comme quoi, c'est pas la taille qui compte. Du tout, du tout. • Mo'fo, du 24 au 26.01 à Mains d'Œuvre, à Paris. www.festivalmofo.org

Crédits : ©MO'FO

Crédits : ©Club Misma

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[EXPOSITION]. La jolie petite ville du Fauga, en HauteGaronne, n'est pas que cette sympathique zone pavillonnaire, en lointaine banlieue de Toulouse. En effet, elle peut s'enorgueillir d'accueillir une soufflerie hypersonique, hyperenthalpique à arc bref, destinée à étudier l'aérodynamisme des avions. Chose rare. Mieux encore, il semblerait qu'elle niche en son sein l'une des plus enthousiasmantes maison d'édition qui soit, Misma Éditions. Si enthousiasmante, semble-t-il, que le Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême lui consacre une exposition. Mais c'est qu'elle le mérite, cette Misma. Elle qui a valeureusement remporté le Fauve de la bande dessinée alternative l'an passé, peut en effet se targuer de dix ans de bons et


n.m. (spehôn). Personne chargée par un pays de recueillir clandestinement, dans un autre pays, des informations gardées secrètes ; personne qui observe secrètement les activités d'autrui pour les rapporter à un tiers. Ex : « Les espions, c'est franchement pas mon truc » - Barack Obama. Se dit aussi d'artistes très observateurs, ou de festivals qui fouinent à l'étranger.

Fig. 1 : Black Movie _

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[ C I N É M A ] . 15 ans, bon dieu. 15 ans que le Black Movie de Genève s'échine à faire découvrir le cinéma des autres, celui qui ne passe pas –­ ou si peu – dans nos salles européennes. 15 ans que grâce à lui, les réalisateurs chinois, haïtiens, zimbabwéens, mexicains, estoniens, uruguayens, thaïlandais, philippins ou iraniens peuvent avoir une petite voix au chapitre « cinéma » du Grand Livre des Arts. Une voix à laquelle le Black Movie prêtera encore son mégaphone pour que l'Europe entende enfin l'exceptionnel apport de ce cinéma différent. C'est un mégaphone doré que Black Movie entend cette fois-ci tendre aux réalisateurs du monde entier, car son anniversaire est aussi l'occasion de voir les choses en grand. Ainsi, le festival suisse s'offre une séance de choix avec la sélection spéciale « rétrospective deluxe » qui aligne les meilleurs films de ces quinze dernières années. On y retrouvera, entre autres, Syndrome and a Century d'Apichatpong Weerasethakul, Kinatay de Brillante

Mendoza, Memories of Murder de Bong Joon-Ho, La Mort de Dante Lazarescu de Cristi Puiu et La Saveur de la Pastèque de Tsai Ming‑Liang. Mais la nouba ne s'arrête pas là, puisque Black Movie a, pour l'occasion, demandé à 5 de ses réalisateurs fétiches (Pen-Ek Ratanaruang, Pablo Stoll, Amat Escalante, Brillante Mendoza et Sourav Sarangi) de défendre le premier long-métrage d'un jeune artiste qu'ils soutiennent. Voilà pour les excentricités commémoratives, sinon le programme glissera comme à son habitude avec sa compétition, ses sections (Flirts avec le fantastique, Soutien au Beijing Independant Film Festival, Essais cinématographiques, etc.), ses volets (Documentaires Africains, Courts d'Animation, etc.) et tout ce si beau tremblement. Très grand, bon et joyeux anniversaire, Black Movie. • Black Movie, du 17 au 26.01 à Genève. www.blackmovie.ch

Fig. 2 : Richard Hawkins _ [ E X P O S I T I O N ] . L'esprit de Richard Hawkins semble être fait d'un bois bien étrange. Par tous ses afflux nerveux, l'artiste californien absorbe ce qui fait le monde. Loin de séparer le bon grain de l'ivraie, de ne s'attarder que sur ce qui fait le bon et le beau, Richard Hawkins accepte la raison aussi bien que la folie, l'infâme comme le précieux. Sous de multiples formes, son œuvre déploie démons et merveilles pour créer des fantasmes qui ne transgressent le réel que pour mieux correspondre à la pensée de l'artiste. Car l'étonnante virtuosité de Richard Hawkins se place là. Celui-ci flâne à travers Los Angeles, l'Histoire de l'Art ou encore les émissions télévisées à la recherche de ce qui fera la nature de ses compositions. L'artiste se place ainsi

en voyeur de notre civilisation, de son passé, de son présent, avec ce que cela comporte de brutalité, de vulgarité et de beauté. Ce mélange hétérodoxe forme des chimères que le spectateur est invité à épier, devenant à son tour espion des fascinations de Richard Hawkins. La monographie Glimmer, présentée au Consortium, rassemble ainsi les travaux de ces trois dernières années qui se déclinent en sculptures, collages et peintures, comme autant de voyages à travers l'exubérante réalité de Richard Hawkins. Il ne faut pas avoir le mal de l'air. • Exposition Glimmer de Richard Hawkins, jusqu'au 26.01 au Consortium, à Dijon www.leconsortium.fr

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n.m. + prép. + n.p. (γράφειν + in + frank). Programme événementiel annuel lancé par le Centre National des Arts Plastiques pour soutenir les différentes structures défendant et diffusant le design graphique. Ex : « Le graphisme en France, j'arrive pas bien à suivre » - Vincent Connare. Se dit aussi d'un élan global pour soutenir la richesse de la création graphique française.

[ G R A P H I S M E ] . Le graphiste français et la France vivent une histoire d'amour compliquée. Alors que des paysages idylliques se profilent au-delà de nos frontières (Royaume-Uni, Pays-Bas, Suisse, Allemagne, etc.), le graphiste gaulois se sent seul en son pays. L'année 2013 fut d'ailleurs un exemple parfait de ce désamour entre les deux parties avec l'affaire de la Fête de la Musique et la pétition « Partager le regard » qui en a découlé. Entre les accusations en non-reconnaissance de leur travail et le possible manquement des institutions françaises en termes d'éducation à l'image, les designers en avaient gros. Heureusement, l'orage passe, 2013 se termine et le soleil de 2014 pointe à l'horizon : le Centre National des Arts Plastiques lance Graphisme en France 2014, année de tous les plaisirs. Le CNAP souhaite ainsi faire toute la lumière sur la scène graphique française et montrer aux sceptiques que le verre est non seulement à moitié plein, mais encore qu'il déborde. Car si le paysage institutionnel et artistique a encore un peu de mal à se dépatouiller de la chose graphique, il existe, dans notre beau pays, de réelles raisons de se réjouir. Le travail fourni par les Écoles d'Art, par exemple, les diverses manifestations d'envergures nationales et internationales (Chaumont, Lure, Le Havre, Échirolles, etc.), les différentes structures qui diffusent le graphisme (Musée de l'Imprimerie à Lyon, Gaîté Lyrique, etc.) ou encore le talent de nos studios compatriotes parviennent sans peine à redonner espoir et fierté aux Françaises et aux Français. Graphisme en France est là pour le crier haut et fort. Et c'est l'occasion qui a fait le larron puisque c'est sous l'excellent prétexte des 20 ans de la revue Graphisme en France que 2014 se met sur son 31. À cet effet, Graphisme en France 2014 décoche une pluie de flèches sur l'ardente France. En premier lieu, la revue sus-citée se parera de l'adjectif « spécial » pour célébrer comme il le faut sa 20e année. Niveau publication, nous aurons aussi la parution du Guide de la commande de design graphique, afin de rappeler à tout le monde les règles simples mais spécifiques de l'appel d'offre en graphisme. Par ailleurs, Graphisme en France 2014 se chargera de l'organisation d'un colloque international intitulé « Design Graphique : les formes de l'histoire », ainsi que de celles de salons graphiques mettant en présences commanditaires, graphistes et institutionnels. Enfin, et pour finir cette liste non-exhaustive, un site internet et un calendrier apporteront médiatisation et soutien aux différents festivals et événements graphiques qui auront lieu en France, en 2014. Le temps de la réconciliation semble venu. • Graphisme en France, de janvier à décembre 2014 www.graphismeenfrance.fr

CONCEPT DE L'IDENTITÉ VISUELLE DE GRAPHISME EN FRANCE PAR BUILDING PARIS DONNER LA PAROLE À LA MANIFESTATION En installant une identité visuelle basée sur la typographie, forme graphique écrite du langage, nous souhaitons doter la manifestation d'une « voix », et ainsi lui permettre de « se faire entendre ». REFLÉTER LE DYNAMISME D'UNE SCÈNE GRAPHIQUE ET TYPOGRAPHIQUE FRANÇAISE ET LUI OFFRIR UNE TRIBUNE Pour composer l’identité visuelle de la manifestation, nous avons proposé à de jeunes graphistes et typographes français de nous prêter un (ou plusieurs) caractère(s) typographique(s) inédit(s), car non commercialisé(s), tiré(s) d’un diplôme de fin d’études, issu(s) de recherches personnelles, de projets non aboutis ou confidentiels.

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IDENTIFIER UN TERRITOIRE Nous avons souhaité associer au vocabulaire typographique un signe graphique qui rattache l’événement à un territoire et véhicule l’idée d’une multiplicité de lieux. Notre choix s’est porté sur le « signe distinctif de nationalité » à apposer sur les véhicules en circulation, institué par la convention de Vienne de 1968. (…) LAISSER LES SPÉCIFICITÉS DES CARACTÈRES TYPOGRAPHIQUES «APPORTER LA COULEUR» Le choix délibéré du noir et blanc est une marque de confiance accordée à la sélection des caractères typographiques pour apporter la « couleur » de l'identité visuelle grâce à leur dessin et à leurs particularités graphiques. (…)

Building Paris, déclinaison de l’identité visuelle de la manifestation « Graphisme en France 2014 ».   Centre national des arts plastiques, 2013.

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Fig. 1 : Graphisme en France _


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n.m. (hora). Indicateur des heures de départ, de passage et d'arrivée d'un transport, ou d'ouverture et de fermeture d'un bâtiment ; répartition des heures d'occupation d'une personne. Ex : « J'arrive plutôt bien à respecter les horaires » - Sebastian Vettel. Se dit aussi de Biennales qui arrivent à l'heure ou de labels avec heures de prédilection.

Fig. 1 : Midnight Special Records _

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[ M U S I Q U E ] . À l'orée de l'année 2014, le monde a besoin de repères. L'ubiquité numérique a ses mérites mais aussi ses limites, et il est bon parfois de retrouver simplicité et proximité. Midnight Special Records a fait de ce recentrage son cheval de bataille. Aux limites de Paris, à Bagnolet, se trouve en effet un appartement, source de mille rencontres, de mille créations et de mille aventures sonores. Officiellement occupé par Victor Peynichou, Marius Duflot et Michelle Blades, ce rez-de-jardin coquet fonctionne comme un incubateur où la musique se crée, se développe et s'affirme. Non content de choisir ses artistes avec un goût certain – Caandides, La Femme, Alice Lewis, Juan Trip sont passés par Bagnolet – Midnight Special les choie avec cet appartement-studio, unique lieu

d'enregistrement du label. En ressortent des titres différents, marqués par le talent de chacun, mais qui sont unis par une même saveur. Le même son, les mêmes instruments, les mêmes arrangements fondent la base de chacune des sorties du label. Un air de famille, comme dirait l'autre, qui confère à Midnight Special ce précieux que toute maison de disques devrait quérir sans relâche : une âme. Dans la jungle musicale actuelle, Bagnolet est un point sur la carte auquel il fait bon se référer. • À écouter : l'excellente compilation Midnight Specials. Sorti le 9.12, l'EP éponyme   de This is Avalanche. Prévu pour la rentrée 2014,   le prochain EP de Cléa Vincent. www.midnightspecialrecords.com

Fig. 2 : Biennale Musiques En Scène _ [ M U S I Q U E ] . Bravant la raison, reniant le pragmatisme, la Biennale Musiques en Scène entend nous faire perdre la tête. Et la poser, sans sommation, dans le nuage. Mais gare, il est loin le temps où les nuages étaient de benoites masses d'hydrogène et d'oxygène. Le cumulonimbus que BMES nous réserve est fait d'un autre bois, de celui qui passe bien en ces temps nouveaux : le numérique. Voilà que le festival lyonnais de création contemporaine s'est pris d'amour pour le principe du cloud, métaphore superbe de la collaboration et du réseau, et symbole du travail d'Heiner Goebbels, artiste invité de cette nouvelle édition.

Soit, ça nous arrange bien car le programme est alléchant. Il faut bien dire que l'image est belle pour caractériser à la fois le travail polymorphe d'Heiner Goebbels et le menu de cette nouvelle Biennale. Partisan d'une combinaison des genres, le compositeur allemand ne laisse que rarement la musique seule en scène. Le bougre manie en effet avec brio les différents champs de la création artistique, brassant textes, installations, images et sons d'un même élan. Une habileté déclinée dans pas moins de 9 pièces au cours du festival. Sous ce haut patronage, rencontres, mélanges, nébu-

leuses de pratiques seront les maîtres mots évidents du reste de la programmation. Des chorégraphies de Roque Rivas et Ulf Langheinrich au théâtre musical de Pascal Dusapin en passant par les réinterprétations de Morton Feldman, Claude Debussy, Henry Purcell, Samuel Sighicelli et autres fantaisies de Roland Auzet, le paysage de cette BMES 2014 sera définitivement composite et volatile. Ce n'est pas pour nous déplaire. • Biennale Musiques en Scène,   du 5 au 29.03 à Lyon. www.bmes-lyon.fr


n.f. (humanitas). Nature ou condition humaine ; genre humain, les hommes en général. Ex : « J'ai toujours beaucoup cru en l'humanité » - Pol Pot. Se dit aussi de labels humanistes et de festivals d'animation pour tous.

Fig. 2 : Humanist Records _ [ M U S I Q U E ] . « On est là pour détruire le chagrin du monde ». Tout est dans le nom, tout est dans la formule. Humanist Records n'est pas seulement un bon label, il est cette lumière qui vient éclairer notre obscurité, ce vent chaud qui sèche nos larmes. Construit en dehors de toute ambition financière, à cheval entre la fabrication d'un produit et un système anti-productif, le label de Saint-Genis en Pouilly (Ain) entend ne servir qu'une force : celle du bien. Pour cela, Alexis Paul et ses collègues ont choisi de sortir la musique qui leur ressemble, quand bon leur semble, préservant la beauté et l'émerveillement de celle-ci. À ce petit jeu, l'apport de Humanist Records n'est pas vraiment négligeable. Se souciant très peu de style, de genre ou de classe, Humanist dispose d'une discographie panachée, unie par une exigence artistique sans faille. Chelsea Wolfe ou Witxes ont ainsi vu leur carrière débuter chez lui ; le néo-classique de Belle Arché Lou ainsi que la pop instrumental de Bad Bats s'y épanouissent actuellement ; le doudouk de Hraïr Ratchian piétine d'impatience d'y trompeter, au même titre que les guitares de Feu Machin. Avec ce type de palmarès, Humanist Records n'est pas loin de concrétiser son ambition introductive (issue d'un titre de Belle Arché Lou). Pour nous, en tout cas, ça marche. • Sortie de l'album Cavern de Bad Bats prévue début 2014. www.humanistrecords.com

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Fig. 1 : Ciné-Court Animé _ [ F E S T I V A L ] . Roanne ne brille pas seulement par le goût exquis de ses pralulines, le style élancé de ses marcels et l'incroyable avancement dans les terres de son port. La sous-préfecture de la Loire réserve en effet une autre surprise de taille pour ses habitants et ses visiteurs : le festival international du court-métrage d'animation Ciné-Court Animé. Depuis 5 ans, en effet, la ville de Roanne promeut la fougueuse jeunesse en terme de cinéma d'animation. Cinq années au cours desquelles la manifestation ligérienne n'a eu de cesse de se développer et d'imposer sa vision ambitieuse de l'animation pour adultes et adolescents. Un parcours qui aboutira en 2014 à une sélection de 160 films de 40 nationalités différentes, offrant au public un instantané à la limite de l'exhaustivité. Pour en extraire l'excellence,

Roanne organise par ailleurs cinq compétitions qui récompenseront le meilleur de l'international, du national, de l'expérimental, des vidéos clips et du très court. Hormis ce joyeux affrontement, les 5 ans de Ciné-Court Animé seront l'occasion d'un Best Of, choisi par le public, de projections spéciales (Films d'Écoles d'Animation, Comédies Délirantes, Documentaires Animés, Scolaires), d'une Nuit du Fantastique et enfin d'une rétrospective latino-américaine. Des expositions de Frank Dion (Edmond était un âne, Monsieur Cok, etc.) et Bastien Dubois (Portraits de Voyages) donneront en outre un peu de stabilité à l'ensemble. Attention, Roanne s'anime. • Ciné-Court Animé, du 24 au 30.03   à Roanne, Charlieu et Riorges. animationfestival.roanne.fr

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n.f. (opportunitas). Caractère de ce qui est opportun ; Circonstance favorable, occasion. Ex : « J'ai eu pas mal d'opportunités d'être Prix Nobel, mais j'ai toujours refusé » Marc Lévy. Se dit aussi de hasards de la vie qui permettent de fonder des maisons d'édition, de créer des œuvres d'arts ou de quitter sa terre natale.

Fig. 1 : Par les Villages, S. Nordey/P. Handke _ [ T H É Â T R E ] . Lors de la conférence de presse, en ouverture du 67e Festival d’Avignon, Stanislas Nordey se demandait ce qu’il était important de jouer aujourd’hui sur une scène de théâtre. Et, il a choisi à cette occasion et pour la Cour d’Honneur de proposer un poème dramatique, peut-être le plus beau de ces dernières décennies, celui écrit par l’auteur allemand Peter Handke en 1981 : Par les Villages. Ce texte s’est imposé à lui et il renverse le spectateur qui se rend disponible comme « une vague emportant tout sur son passage, chavirant aussi bien, le monde, la famille, que l’espoir en l’art. » À travers l’histoire d’un frère de retour au pays natal il évoque le contact entre deux mondes : le monde rural des travailleurs, de ceux qui sont restés dans la maison des parents, opposé au monde urbain, à l’ailleurs où est parti vivre l’aîné, l’intellectuel. Cette pièce montée dans une mise en scène sobre, donne toute sa force aux mots grâce à une succession de monologues superbes (notons particulièrement celui de Hans,

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le frère ouvrier, interprété par Nordey lui-même qui est exceptionnel). Elle nous rappelle en ces temps tourmentés la nécessité impérieuse de l’art. Elle finit dans un chant d’espoir qui a pour but de transformer, comme seul peut le faire le théâtre, notre vision du monde et de la vie avec le monologue de lumière du personnage Nova. On pense alors aux mots de Valérie Lang décédée pendant ce même Festival d’Avignon : « J’ai toujours pensé que le théâtre pouvait changer le monde. Mais aujourd’hui j’y crois de manière différente : on ne change pas forcément la vie avec des textes politiques. C’est l’acte artistique fort qui est un acte politique, puisqu’il change notre regard sur le monde. » Alors, passez « par les villages ». David Chauvet • Par les villages de Peter Handke mise en scène de Stanislas Nordey, du 9 au 11.01 à la Comédie de Reims, du 23 au 25.01   à la Comédie de Clermont-Ferrand, du 30.01 au 1.02   à la MC2 de Grenoble www.lacomediedereims.fr

Crédits : ©Château Fort Fort, 2013.

Fig. 2 : Château Fort Fort _ [ E X P O S I T I O N ] . « Un tas de gravats déversés au hasard : le plus bel ordre du monde » nous disait Héraclite la semaine dernière. Mais le hasard, M. Clite, ça se choie, ça se caresse, ça se bécote. Alors, et seulement alors, nous pouvons parler de beauté. Ainsi, le studio lyonnais Château Fort Fort a-t-il cajolé l'aléatoire, le prenant sous son aile pour qu'à la fin il vole. Force de proposition majeure de leur dernier projet Datatopia 3.0, le hasard s'est vu reconnaître le haut statut d'entité créatrice. Promotion méritée. Parti d'une image – choisie au hasard – de la revue Simplicissimus, Château Fort Fort prend le parti de lui faire vivre le principe de l'erreur active. Cette détérioration aléatoire est le fruit d'un glitch provoqué par un code informatique – choisi au hasard. À partir de ce véritable coup du sort, le studio graphique a donné vie à un objet 3D et construit un mythe, un monde, une vie autour de cette œuvre de l'impalpable. Une vidéo immersive en 3D, d'une part, et le son de ces strates aléatoires, d'autre part, offrent ainsi à ce tas de gravats numérique une matière, une écologie et – oserons-nous le dire – une âme. Le plus bel ordre du monde, sans nul doute. • Datatopia 3.0, exposition de Château Fort Fort, du 8.01 au 7.02   à la Galerie Le Toutouchic, à Metz. www.chateaufortfort.fr ; www.letoutouchic.com


Fig. 3 : Oublie Folie _ [ P R I N T ] . Une vie sans risque n'est pas une vie, nous dit-on régulièrement. Entrer dans le grand bain des vivants doit donc se faire sans savoir nager, simplement au jugé et estimer que la mare ne doit pas être si profonde que ça. Oui, c'est bien de bagou dont il s'agit, de cette étincelle d'où jailli la flamme des plus grandes et belles aventures. Est-ce un hasard si le premier ouvrage sorti des presses d'Oublie Folie Éditions se nomment, précisement, Aventure ? Octave Abaji s'est donc muni de cran, d'intelligence et de ce soupçon de témérité qui rend les épopées réalisables pour se lancer, il y a un an, dans cette folie qu'est l'édition. Sa première parution, Aventure donc, est ainsi à l'image de ce qui gouvernera à la philosophie de cette neuve entreprise : publier ce qui ne l'est pas ailleurs, partir à la recherche de territoires inconnus et périlleux, mais toujours bien accompagné. Ce livre de photographies

sur le graffiti (par François Jenssard, Dusan, Peter Wolff, Justin Guthrie, etc.) ne montrant pas de graffitis, est précisément ce type de singularité auquel Oublie Folie va se consacrer. Sont par ailleurs sur la table de travail un livre d'illustrations autour de la série X-Files avec Hector de La Vallée et Zulu, ainsi que la monographie d'un photographe serbe. Des projets qui prendront leurs temps, Oublie Folie empruntant les épineux chemins du sérieux de la rigueur. Une discipline qui risque de mettre à mal la devise d'Octave Abaji  : « on s'la joue artistes parce que la vie c'est compliqué, gros » (Karlito). La création d'Oublie Folie ne risque pas de simplifier les choses, mais pourrait bien les rendre plus belles. • Aventure, ouvrage collectif sous la direction artistique d'Octave Abaji,   disponible depuis fin octobre. www.oubliefolie.fr

CDI

n.m (  َ ). Tapage, vacarme. Ex : « Avec mes potes, on fait des méchants jams, un ramdam de tous les diables, on est complètement oufs » - Christophe Maé. Se dit aussi de soirées musicales qui poussent le volume à fond.

01

Les Haste lyonnaises se font des amis et non des moindres puisque c'est le crew Sonotown qui investira le Club Transbo, avec Dead Rec Heads & Vauban, HXB et P-Moore, le 20.12.

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Les très cotés Suédois Skudge enchanteront l'I.Boat de leur techno de qualité supérieure, le 21.12 avec Jauzas The Shining et Loner. C'est à Bordeaux.

03

L'excellent site The Drone fête dignement son 5e anniversaire avec 5 artistes de choix : JC Satan, Somaticae, Tomas More, Black Bug et Pete Swanson. Le 17.01 à la Gaîté Lyrique, à Paris.

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04

Le label Roche Musique célèbrera légitimement ses dernières sorties : les EP's de Kartell et Cherokee, en compagnie des deux intéressés et de FKJ. Le 21.12 au Wanderlust, à Paris.

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Hommage de goût au très cher Étienne Daho, avec la soirée Tombés pour la France avec Petit Fantôme + The Pirouettes + Marc Desse. Le 15.01 au Point Ephémère.

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Après quelques anicroches administratives, l'Espace B, à Paris, enchaîne les bons concerts avec The Delano Orchestra le 17.01, Arne Vinzon et Sidney Vallette le 25.01 et Girls Name le 6.02.


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n.m. (vocabulum). Mot, terme considéré comme porteur d'une signification particulière. Ex : « La routourne, ça existe pas ? Soit, je n'ergote pas sur un vocable » - Frank Ribéry. Se dit aussi de termes utilisés dans le commerce ou de moyens d'expressions corporelles.

Fig. 1 : Acrobates _ [ S P E C T A C L E ] . Acrobate [a.kʁɔ.bat]. nc. (masculin et féminin identiques), artiste de cirque, de music-hall, exécutant des exercices d’équilibre et de gymnastique, plus ou moins périlleux. Acrobates, nom d’un spectacle-portrait, pluriel d’un individu singulier rempli de sensible, d’énergie et de questionnements sur les gestes et les propos que le cirque peut proposer aujourd’hui. Sauter, danser, tomber, se relever, avancer, soutenir, faire confiance ; Acrobates c’est tout ça et bien plus encore. Ici, Alexandre Fournier et Matias Pilet oscillent entre gravité des questionnements identitaires et énergie juvénile. À travers leurs mémoires d’un acrobate tombé trop jeune (Fabrice Champion), ces deux-là se demandent ce que c’est de passer à l’âge adulte, ils s’interrogent sur le rapport à l’autre, sur la confrontation à un corps cassé, sur la réinvention d’une vie. Acrobates, pièce bouleversante et lumineuse ; spectacle tendre et nécessaire. François Huguet • Acrobates de Stéphane Ricordel & Olivier Meyrou à Cavaillon, Scène Nationale,   les et 10.01 ; Grenoble, MC2, du 13 au 18.01 ; Paris, Le Centquatre, du 11 au 19.02. www.theatredecavaillon.com

Fig. 2 : La Grande et Fabuleuse Histoire du Commerce _ [ T H É Â T R E ] . Il est de ces langages qui portent en eux foule de significations et d'actes plus ou moins dissimulés. À travers eux, on parle bien souvent de performativité de la parole, de ses « dires » et de ses différents « faires ». Au chapitre des gestes langagiers complexes, le registre du commerce et de la vente est en cela particulier qu’il a une capacité à la transformation surprenante. Joël Pommerat n’est pas linguiste mais il est de ceux qui dissèquent nos idiomes à travers un autre

Crédits : © lisabeth Careccio

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langage, celui d’un théâtre humain remplis de mots, de lieux et d’objets qui disent et viennent palper notre aujourd’hui. Dans La Grande et Fabuleuse Histoire du Commerce, ce génie questionne un jargon particulier en contexte « off ». Avec un regard de caméra de cinéma, il vient construire une succession de scènes où la langue « vente » vient s’étendre sur des lits d’hôtels de VRP des années soixante à nos jours. Cinq vendeurs comédiens magistraux vident ici leur sac vocabulaire et ses mutations avant ou après leurs journées de vente porte-à-porte. Ils viennent mettre à nu un faire linguistique qui nous dévore. Plus qu’un metteur en scène, Joël Pommerat et ses acteurs sont des témoins du réel hors pairs, des analystes lexicologues raconteurs. Ils sont les fabuleux de l’histoire, le commerce, quant à lui, est ici peu reluisant quand bien même il est au centre d’une scène de théâtre. Il faut voir Pommerat, il faut le regarder défaire les faires de ce qu’il nomme l’Histoire du Commerce. François Huguet • La Grande et Fabuleuse Histoire du Commerce de Joël Pommerat à Annecy, Bonlieu du 21 au 23.01 ; à Cavaillon,   Scène nationale les 30 et 31.01 www.bonlieu-annecy.com


Vue

par

Marion Fayolle (2/ 4)



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