Kiblind 77

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KIBLIND Magazine Numéro Obsession


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KIBLIND

Poti déjeuner Illustration réalisée par Guillaume Huby La France d’aujourd’hui vue par la créativité



Depuis sa création en 1960, Dr. Martens est devenue une marque emblématique pour de nombreuses générations, et un symbole de liberté d’expression. Aujourd’hui, Dr. Martens fait le choix d’un focus casual qui déboule sur leur nouvelle collection Tarian et prolonge sa collaboration avec Atmos, le shop devenu en une poignée d’années l’empereur du streetwear japonais. La collection Tarian et les boots Tarik sont pensées pour les hommes de la génération Z, nés avec la streetculture et les réseaux sociaux, qui expriment résolument leur mode de vie par leur style, toujours unique et personnel. Tarian et Tarik, c’est le concept de « processive modernity » : une évolution des modèles traditionnels de la marque vers le monde d’aujourd’hui et de demain, vers une réalité évoluant rapidement, qu’on se doit d’être toujours prêts à braver, à vivre, en solo ou à plusieurs. Et Dr. Martens s’immerge à fond dans le concept, en imaginant des communications en co-création avec les artisans de ce monde moderne mouvant.

KIBLIND s’est prêté au jeu et pour réintepréter la boot Tarik à travers les créations originales de trois illustrateurs internationaux. Jiayi Li, Cristina Daura et Jihnwa Jang ont livré leur vision personnelle de l’univers Tarik, à découvrir dans les pages suivantes.


JIAYI LI *La boot Tarik réinventée par Jiayi Li

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CRISTINA DAURA *La boot Tarik réinventée par Cristina Daura

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JINHWA JANG *La boot Tarik réinventée par Jinhwa Jang

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👀 ÉDITO — 8

Les allures charmantes, le sourire facile et les manières polies recouvrent bien mal la vraie nature de l’être humain. Ce masque de bienséance cache en réalité bien des manies secrètes, des passions enfouies, des obsessions dévorantes. À l’intérieur de chacun et chacune d’entre nous vibre un moteur qu’activent ces pistons jusqu’à la déraison. Pouvaiton se douter que notre banquière possédait la plus grande collection de Polly Pocket du département ? Ou que le père de la petite Jeanne n’en démordait pas de sa passion absolue pour Mariah Carey ? Ce genre de choses ne doit pas être la proie du jugement ou de la moquerie. Bien au contraire, ces petites folies doivent provoquer la fascination. Après tout, chacun et chacune d’entre nous cultive cet irrationnel, engraisse ce déraisonnable. Des maigres salaires que nous avons, du peu de temps libre dont nous disposons, nous faisons de l’absurde, de l’incompréhensible. Devant la vanité – apparente – de ces gestes cent fois répétés, de cette collection mille fois augmentée, nous devons nous prosterner. Car il y a quelque chose de fantastique dans ces actes et ces pensées totalement mystérieux pour le reste du monde et compréhensibles par une seule personne, nous-mêmes. Les obsessionnels sont les Don Quichotte de notre temps : ils se battent sans espoir de victoire mais ils le font avec tout leur corps et toute leur âme. Ils sont peut-être fous, mais ils sont surtout totalement vivants. À la fin, peut-être bien que tu l’auras, ce calendrier « Rainbow Tour » Mariah Carey (import japonais). L’important, c’est surtout de ne jamais baisser les bras.

n o i s s Obse

KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

Obs Obs essi Obs essi on ess on ion O Ob O O bs Ob b O Ob es b sssee s b e O s s s e O s s s b s e i O b s s e o s O s i s s b i e o O s e sss o bs n i s s O o b i s n e siiio o n s bs se es i Ob s n o o s n o n ses s s i n n o s n ss o n siiio o n on n n

Directeur de la publication : Jérémie Martinez / Direction Kiblind : Jérémie Martinez - Jean Tourette - Gabriel Viry Comité de rédaction : Maxime Gueugneau - Elora Quittet - Jérémie Martinez Team Kiblind : Alizée Avice - Guillaume Bonneau - Agathe Bruguière - Allan Chéron - Alix Hassler - Guillaume Huby Mathilde Neto - Solène Pauly - Justine Ravinet - Charlotte Roux - Déborah Schmitt - Phoebe Stubblefield Jean Tourette - Olivier Trias - Gabriel Viry Contributeurs : Rose Wong - Revue Profane - Thomas Aïdan (revue Septième Obsession) - Agnès Gayraud Réviseur : Raphaël Lagier Direction artistique : Kiblind Agence Imprimeur : Musumeci S.p.A. / www.musumecispa.it Papier : Le magazine Kiblind est imprimé sur papier Fedrigoni / Couverture : Symbol Freelife E/E49 Country 250g Papier intérieur : Arcoprint Milk 100g, Arena natural Bulk 90g et Symbol Freelife Gloss 130g Typographies : Kiblind Magazine (Benoît Bodhuin) et Lector (Gert Wunderlich) Édité par Kiblind Édition & Klar Communication. SARL au capital de 15 000 euros - 507 472 249 RCS Lyon. 27 rue Bouteille - 69001 Lyon / 69 rue Armand Carrel - 75019 Paris - 04 78 27 69 82 Le magazine est diffusé en France et en Belgique. www.kiblind.com / www.kiblind-store.com ISSN : 1628-4146 Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. Merci à Matthieu Sandjivy. THX CBS. Contact : magazine@kiblind.com


Saison 2021–22 @ Gaîté Lyrique. Avec Olivier Ratsi, Sabrina Ratté, Visual System, Silly Boy Blue, Nova Materia, Lorenzo Senni, programmation détaillée sur le site www.gaite-lyrique.net ou en scannant le QR code au centre de la page. DA & design : Large.la

Malibu, My Sisters Lives Matter Ball, Pitchfork Music Festival, Shygirl, Charlotte Adigéry & Bolis Pupul, Joanna, Rina Sawayama

, Get Well Soon, Paris Electronic Week, FAME, Capitaine futur, Nuit blanche, Paris Podcast Festival & many more ! Plus d’infos et La Gaîté Lyrique Musiques & futurs alternatifs 3, bis rue Papin 75003 Paris gaite-lyrique.net @gaitelyrique Établissement culturel de la Ville de Paris


👀 SOMMAIRE — 10

8

Édito / Ours

10

Sommaire

12

In the mood feat. Rose Wong

21

Intro Obsession

28

Invitation Thomas Aïdan (Septième Obsession) Faire son cinéma

32

En couverture : Ram Han

38

Créations originales Obsession

44

Citations

48

Dossier - La loi des séries

54

Invitation Agnès Gayraud : Cet air qui m'obsède jour et nuit

58

La bibliothèque idéale : Revue Profane

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60 Citations 61

Playlist Obsession : Jérô me Niel

62

Imagier - Icônes

73

Sélection Kiblind

84

Square2


jeu vidéo

animati

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Illustration : Mathilde DECUISERIE, étudiante de 5e année jeu vidéo

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L’ÉCOLE DES MÉTIERS DU D ESSIN

enseignement supérieur

formation professionnelle

portes ouvertes et salons

- Des parcours en 3 ou 5 ans pour se spécialiser en édition multimédia, cinéma d’animation, jeu vidéo et dessin 3D, à Lyon - Un parcours en 2 ans pour devenir storyboarder ou layout artist, à Angoulême - Une Prépa Dessin pour acquérir les fondamentaux - En fin d’études, les étudiants accèdent à un job dating réunissant 70 entreprises de l’image

- Des parcours de VAE pour faire reconnaître son expérience - Des formations pour développer ses compétences ou se reconvertir en illustration narrative, character design, illustration vectorielle et digital painting. Organisme référencé au Datadock.

- Prochaine JPO : samedi 20 novembre 2021. - Salons d’orientation partout en France d’octobre à février : à Paris, Lyon, Angoulême, Nancy, Nantes, et Bordeaux

Certificats d’établissement

Titres professionnels niveaux 6 et 7

Reportez-vous à notre site pour toutes les dates : www.cohl.fr

Diplôme visé niveau 6

Lyon : 1, rue Félix Rollet, Lyon 69003 // Angoulême : 50, rue du Gond, Angoulême 16000 tél. : 04 72 12 01 01 // www.cohl.fr


👀 IN THE MOOD — 12 KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

IN THE M👀D Vous croiserez dans cette entrée quelques objets illustrés rencontrés par bonheur ces derniers mois lors de nos pérégrinations visuelles. Vous serez guidés par les silhouettes obsessionnelles de l'incroyable illustratrice Rose Wong, puisées dans son projet loooooookboooooook.


👀 MAGAZINE ■

HOMEPAGE

ISSUE 1 2020 AUD $29.95

REDEFINING YOUR SPACE

Homepage → Artwork par Maïté Marque instagram.com/maitemarque_ issuu.com/homepagemag

13 — IN THE MOOD

SCOTCH ■ → Par Kang Han pour A letter from shop instagram.com/a_letter_ from_shop

VINYLE ■ Human Safari de Ora the Molecule → Artwork par Lola Favre instagram.com/lolafavre instagram.com/orathemolecule

AFFICHE ■

Festival Lollapalooza → Artwork par Bene Rohlmann benerohlmann.com lollapalooza.com

TOTE BAG SÉRIGRAPHIÉ ■

→ Par Kelly Belter instagram.com/ bybelter

AFFICHE ■ Concert de Khruangbin à Salt Lake City, Utah → Artwork par Mariia Timofeeva instagram.com/masha_fee instagram.com/khruangbin

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CD ■ Easy Bammer de May Rio → Artwork par Sarah Lammer sarahlammer.com mayrio.bandcamp.com


👀 IN THE MOOD — 14

ont en fait beaucoup en commun. Tout est une marque, on est envahis par les logos et les mascottes depuis qu’on est nés. Cette iconographie moderne dans la plus pure des formes, la relation qu’on entretient avec ces symboles, c’est quelque chose qui m’intrigue et c’est pour ça que j’explore énormément ces thèmes.

VINYLE ■ → YUNG SLICE L’artiste londonien d’origine brésilienne Yung Slice nous a régalé·e·s de trois artworks à l’occasion de la sortie de l’album Garden Grooves de Holly Spleef récemment. Un exercice sous forme de triptyque prouvant tout le génie et la malice du garçon.

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Salut Yung Slice, peux-tu te présenter ? Je suis un amoureux de pizza, un illustrateur, graphiste et artiste digital avec quinze ans d’expérience et une vie dévouée à créer des mondes visuels imaginaires. Je suis né au Brésil, puis j’ai été élevé à Los Angeles et à São Paulo. J’ai déménagé à Londres il y a cinq ans avec pour rêve la liberté artistique individuelle et une émulation collective poussant au développement, à la matérialisation d’idées et de concepts. Je voulais juste vivre ma vie comme je le souhaitais, repartir de zéro pour ma carrière, puiser l’inspiration dans les éléments de la vie de tous les jours ; je cherchais aussi à profiter de l’échange multiculturel et de la culture populaire qui nous entoure à Londres. Quelles sont tes inspirations dans la vie de tous les jours et plus précisément, dans le milieu de l’art ? Mon esprit voyage beaucoup, donc je suis constamment en train de passer d’un sujet et d’un intérêt à un autre. Je trouve de la beauté dans les peintures de cabanes de plage, les vieux jouets de fast-food, Cassius Marcellus Coolidge et d’autres artistes que l’on catégorise comme « kitsch » et qu’on ne considérait pas comme du « vrai art » à l’époque. D’une manière plus poétique, je suis inspiré par les recoins intacts et non prétentieux de Londres comme les magasins de poulets, les boulangeries jamaïcaines, les vide-greniers que sont les « Car Boot Sales » et les épiceries où l’on vend de l’alcool. J’embrasse le monde comme il est, avec toute sa noirceur, mais avec une approche visuelle décontractée, un peu de provocation et d’humour aussi. La nature, les espaces urbains, le psychédélisme, les contre-cultures, l’impact de la gentrification, les stratégies marketing démoniaques, l’ère post-industrielle : tous ces sujets ont un énorme impact sur mon travail. J’aime le mélange entre l’art noble et l’art considéré comme inférieur, j’essaie de mélanger des éléments qui peuvent paraître éloignés à la surface alors qu’ils

Récemment, tu as dessiné trois artworks pour l’album de Holly Spleef, comment la collaboration est-elle née ? Ça s’est fait vraiment naturellement. On s’est découvert tous les deux en ligne et on se suivait mutuellement pendant des mois. Il m’a contacté l’an dernier car il voulait qu’on travaille ensemble. Comme j’étais autant fan de sa musique que lui de mon art, il n’y avait pas à réfléchir. Est-ce que tu avais déjà travaillé sur des supports musicaux avant ça ? J’ai toujours été impliqué dans le milieu de la musique quand je vivais à Los Angeles. Enfant, j’allais rendre visite à un ami de mes parents, un métalleux qui avait des tonnes d’albums de métal dans son salon. Je m’asseyais là et je redessinais les pochettes, comme Snaggletooth de Motörhead ou des pochettes de Metallica, Judas Priest, etc. pendant que les disques jouaient sur les enceintes. Pendant mon adolescence, j’ai commencé à faire des logos pour des groupes mais aussi des pochettes, des feuillets pour des K7 et des CD, et des flyers pour des concerts underground. J’ai aussi joué dans plusieurs groupes, surtout dans le milieu hardcore/punk, c’est pour ça que j’ai gardé cette mentalité « Do It Yourself » dans mes créations, c’est ancré en moi. Par contre, c’est la première fois que je peux vraiment réaliser une pochette de vinyle, et j’ai définitivement envie d’en faire plus, car j’adore travailler avec ce medium. Comment as-tu procédé pour cette série d’artworks et quelles ont été tes inspirations ici ? Comme je le fais toujours lorsque je crée, premièrement, je creuse et je cherche les références qui pourraient être les plus appropriées pour le projet. Ensuite, je fais une esquisse de la composition directement sur mon iPad. Quand j’en arrive à la composition qui me plaît, je passe sur Adobe Illustrator et je travaille les traits, les personnages, j’expérimente avec des objets et j’ajoute de nouvelles idées. J’ai créé le logo de Garden Grooves à mi-parcours et j’ai doucement incorporé de la typographie dans le dessin. Les couleurs ont été ajoutées en dernière étape. Mes inspirations principales pour ce projet ont été les vieux livres de jardinage et des affiches et pochettes d’albums extraites des années 1960. Les années folles des Beach Boys, de Pet Sounds à Holland. Dans le même temps, je voulais amener des éléments de musique électronique actuelle et son langage visuel moderne. J’ai dû trouver la balance entre ceux qui ont écrit l’histoire de la musique et ceux qui vont le faire. Quelle est la plus belle pochette de disque de tous les temps pour toi ? C’est une question bien difficile. Je ne peux pas en choisir une, mais je vais lister plusieurs chefs-d’œuvre qui me sont venus à l’esprit : Return to the 36 Chambers de ODB, Saturday Nite Fever de Lordz of Brooklyn, Eat a Peach des Allman Brothers, On Top of the World de Eightball & MJG, le disque éponyme de Marcos Valle (1983 Fruits and Juice cover), Screamadelica de Primal Scream… Cette liste pourrait continuer à tout jamais.


👀 BD ■

→ Au travers du rayon de Aude Bertrand (collectif Karbone) audebertrand.com collectifkarbone.fr

15 — IN THE MOOD

VINYLE ■ Let’s get serious de Superserious → Artwork par Sebastian Schwamm instagram.com/ sebastian_schwamm instagram.com/ superserious_

MARCHÉ DE L’ILLUSTRATION IMPERTINENTE N°4 2 & 3 octobre 202 1

TRANSAT ■ → Par Miguel Cruz pour DIY Art Shop instagram.com/m.suksu diyartshop.com

AFFICHE ■

Le Marché de L’illustration Impertinente n°4 → Artwork par Dani Torrent instagram.com/danitorrentx

REVUE COLLECTIVE ■

→ Magnet par Les éditions Aimant instagram.com/editions_aimant

JEU DE CARTES ■

→ Par Emilie Vast instagram.com/emilie_vast

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VINYLE ■ Sweet Morning (EP) de Teleman → Artwork par Rob Pybus pybism.com instagram.com/teleman


👀 IN THE MOOD — 16

OBJET ■ → FLORE RODRIGUEZ Depuis son Argentine natale, Flore Rodriguez dessine des personnages mignons comme tout et les fait vivre sur tout un tas de supports, via la broderie, l’impression en risographie et le textile. On a voulu tout savoir, entre autres, sur son univers enfantin joliment rétro.

Salut Flore, qui es-tu ? Salut ! Je suis une artiste visuelle et illustratrice argentine, j’ai toujours vécu à Buenos Aires et il y a de ça quatre ans, j’ai déménagé dans une petite ville près de la mer. J’aime énormément dessiner, à la fois sur du papier et sur d’autres matériaux comme pour la broderie. J’ai étudié la biologie pendant quelques années à l’université avant de réaliser que je désirais autre chose et j’ai décidé de me lancer dans les arts visuels, sans formation concrète. J’ai beaucoup appris par moi-même. J’ai appris à connaître ce monde en dessinant beaucoup, en étant en contact avec d’autres artistes et illustrateur·rice·s, en participant à des festivals et à des marchés, et en me rendant dans des expositions et des musées. Ça a aussi été bénéfique pour moi d’explorer le monde de l’édition et de me rapprocher de la scène graphique indépendante. Depuis 2016, j’ai publié mon travail par moi-même et aussi en collaboration avec de petits éditeurs en Argentine, au Chili et à Mexico. Je travaille actuellement sur mon premier livre qui sera édité par Periplo. Ton univers artistique est rempli de personnages et d’objets enfantins. Peux-tu nous expliquer comment tu en es arrivée à ce style ? Depuis que je suis enfant, j’ai toujours abordé le dessin en inventant des personnages. Je remplissais des carnets de ces personnages et de leur monde fictif, en imaginant les particularités de chacun et les rencontres et échanges entre eux. Je n’ai jamais vraiment abandonné cette façon de dessiner. J’adore toujours ce processus en tant qu’adulte. Dans mon travail, je m’intéresse à la relation et aux caractères des personnages avec toujours beaucoup de tendresse. L’art et l’illustration me permettent d’imaginer des univers où tous les éléments prennent vie et parlent des autres mondes possibles. Comment définirais-tu ton style avec tes propres mots ? Il est coloré, tendre et nostalgique. C’est principalement du dessin à la main que j’imprime en risographie ou en sérigraphie. Mon style est influencé par l’esthétique des poupées, et par les illustrations et jouets d’enfants des années 1940 et 1950. On y trouve aussi parfois quelques réminiscences d’objets avec lesquels je jouais enfant dans les années 1990.

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Tu as l’air d’aimer aussi produire beaucoup d’objets. Quel est celui que tu rêverais de fabriquer ? Les possibilités qu’apportent les objets en termes de jeu, d’imagination et de beauté dans la vie de tous les jours sont très importantes pour moi. Je n’ai pas d’objet rêvé en particulier, mais je m’assure que mes illustrations soient sur des objets fabriqués avec soin et avec des matériaux durables, et qu’ils soient aussi réutilisables et/ou recyclables. Par exemple, il y a des boîtes de chocolats ou de biscuits qui ont 80 ans et qui sont toujours utilisables et jolies, des vêtements des années 1960 avec des motifs incroyables fabriqués avec des tissus qui durent encore aujourd’hui, des packagings illustrés faits de papier et de carton qui sont gardés comme des trésors pour leur beauté aujourd’hui. J’aimerais réintroduire tout ça dans les objets modernes. J’aime aussi beaucoup les objets qui sont pensés pour former des collections et les éditions limitées. Les objets qui cochent tous ces critères sont pour moi des objets sur lesquels j’ai envie d’apposer mes illustrations, mais si je devais choisir un seul objet pour le faire, je pense que ce serait simplement un livre. Quels sont justement tes livres illustrés préférés ? Je suis une fan de livres illustrés. J’adore tous les livres de l’autrice argentine Isol, mon préféré est Tener un patito es útil, un livre en forme d’accordéon où un enfant trouve un caneton et liste toutes les choses qu’il peut faire avec lui. Quand l’histoire touche à sa fin, une autre commence de l’autre côté du livre où c’est le caneton qui raconte qu’un enfant l’a trouvé et toutes les expériences qu’ils ont vécues ensemble. Bruno Murani est aussi un de mes artistes préférés et j’adore sa collection de livres pop-up, en particulier Never Content, un autre livre avec une histoire circulaire où l’on alterne entre ce que les personnages sont et ce qu’ils voudraient être. J’aime aussi Book of Beds illustré par Quentin Blake, Cuento mi Cuerpo de Luciana de Luca et Natalia Di Bernardo, mais aussi tous les livres de Tomi Ungerer et de Richard Scarry. Il y en a tellement de livres super que j’ai eu du mal à choisir !


👀 17 — IN THE MOOD

AFFICHE ■

La grande course de radeaux, Genève → Artwork par Aglaé Rochette aglaerochette.tumblr.com

VINYLE ■ Native Dance 02 de Bayetë → Artwork par Riccardo Corda instagram.com/riccardo_corda instagram.com/bayete_fr

SERVIETTE DAYTRIPPERS ■

Local Heroes pour V&A Dundee (© Gabriela Silviera) → Par Lauren Morsley instagram.com/laurenmorsley

BD - PROJET DE MASTER ■

→ Perfect Sleep de Anna Degnbol annadegnbol.dk

MAGAZINE ■

QDY Mag - Discover Japan Now n°032 → Artwork par Chou Yi instagram.com/ chouyi instagram.com/ qdymag

→ Par Malwine Stauss malwinestauss.com

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FOULARD EN COTON ■


👀 IN THE MOOD — 18

VINYLE ■ Piano Sky, Natural Selection → Artwork par Bratislav Milenkovic instagram.com/bratislavm popdepression.bandcamp.com

AFFICHE ■ Concert de Future Islands à Los Angeles → Artwork de Robert Beatty robertbeattyart.com

TEE-SHIRT « COUCH POTATO » ■

→ Par guanyinma pour Li Seng Min instagram.com/guanyinma lisengmin.com

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VINYLE ■ Compilation Botanicalia de Etymology Records → Artwork par M Fatchurofi fatchurofi.com instagram.com/ etymologyrecords

LIVRE ■ Bijou de Idir Davaine (ed. 3fpj et Studio Fidèle) instagram.com/idirdavaine instagram.com/editions3fpj instagram.com/studio_fidele AFFICHE ■

Retour à l’anormale Programmation du Marché Gare, Lyon → Artwork par Nicolas Badout instagram.com/nkl.factory marchegare.fr


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LIVRE ■ → Passe en Profondeur

Derby, le dernier zine publié par Elie Partouche et son club de champions de la micro édition Passe en Profondeur, nous a méchamment fait de l’œil sur Instagram. Heureux hasard, il y en a eu plein d’autres. Salut Elie, deux questions primordiales en une : qui es-tu, d’où viens-tu ? Hello, je suis un humain multicasquette, j’aime bien dire que je suis un amateur confirmé, à la fois auteur, graphiste, éditeur, imprimeur et je bidouille aussi du code (cet ordre est évidemment interchangeable). J’ai grandi à Saint-Ouen dans le 93, et ça fait maintenant sept ans que j’habite dans le même bloc d’immeubles à Strasbourg. J’y suis venu pour faire mes études de graphisme puis d’illustration à la HEAR, je m’y plais bien pour l’instant et je suis plutôt parti pour rester.

Passe en Profondeur te permet de sortir tes propres zines mais aussi des ouvrages collaboratifs. Peux-tu nous parler du dernier en date, Derby ? Avec plaisir ! Derby est un fanzine choral,

Quelles sont tes préférences en termes d’impression ? Je suis assez fasciné par toutes les techniques d’impression, mais je n’ai pas encore eu le temps de tout tester malheureusement. J’adore la sérigraphie parce que c’est à mon échelle, aussi bien physiquement qu’en termes de production. Je connais bien cette technique, les couleurs sont belles, à mon sens c’est un bon compromis. En ce moment, je zyeute sur l’offset et j’espère que mes livres auront bientôt la bonne odeur de l’encre d’imprimerie. Des infos en exclu sur le prochain zine prévu ? Pour un prochain zine collectif ça reste encore assez flou. Je réfléchis à peut-être mettre plus l’accent sur la narration pour ce qui pourrait être un futur recueil, et à côté proposer plus de projets solo à des auteur·ices. Sinon, la seule sortie prévue pour bientôt, c’est une petite BD sur des pêcheurs que je vais auto-éditer à l’automne. Quelle est l’ambition du coach de Passe en Profondeur pour l’avenir ? Un passage en Ligue des Champions ? Ligue des Champions, c’est un mirage lointain pour le club, pourquoi pas le petit club de CFA2 en finale de la coupe de France, c’est plus le genre d’histoire qui me plairait !

→ Les silhouettes présentes sur ces pages ont été réalisées par Rose Wong rosewongart.com

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Peux-tu nous présenter ton projet Passe en Profondeur ? Passe en Profondeur, c’est une maison de micro-édition en perpétuelle évolution. La ligne éditoriale, si l’on peut dire, est de faire des éditions ou des objets qui détonnent, avec des considérations liées aux techniques d’impression et à de nouvelles formes éditoriales. Ça s’est d’abord concrétisé par le parti pris d’imprimer en sérigraphie des grands formats pliés, sur plusieurs éditions, dans lesquelles j’ai réuni de plus en plus d’auteur·rice·s. En parallèle de ça, j’ai aussi une pratique du dessin et de la bande dessinée, j’en fais des éditions que j’intègre au catalogue. J’ai aussi édité un petit recueil de dessins de carnet d’Émilie Clarke qui s’appelle Excerpt, c’était le premier coup d’essai avec une seule personne, j’aimerais bien réitérer le format et collaborer avec d’autres auteur·rice·s. Comme tout ce que je viens de dire n’est pas vraiment fixé, peut-être que cette présentation n’aura plus de sens dans un an.

avec 14participant·e·s. Dans la lignée des précédentes publications, c’est une sorte de recueil d’affiches format 40 par 60 pliées, une affiche par personne, aucun thème et pour seule contrainte un recto polychrome et un verso monochrome. Il y a une alternance entre sérigraphie et offset, avec pour certaines affiches un repiquage en sérigraphie, le tout sur un papier couché mat. Le fait de plier les affiches et d’en faire un livre crée des vis-à-vis inattendus, et met en parallèle des images et des travaux qui n’auraient pas forcément l’occasion d’être associés.


Grumman Moon Suit, 1960, concept proposal for lunar exploration (Photo by Oscar Fritz Goro/The LIFE Picture Collection © Meredith Corporation)


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D’une manière générale, l’obsession est un sujet éminemment psychique, qu’il soit une pathologie réelle ou une simple idée fixe, qui dépasse la mesure normale, le fil d’une pensée raisonnable et équilibrée. Il est un espace de déraison, frôlant l’idée populaire de la folie ou au contraire la simple saugrenuité.

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« ESPÈCE D’OBSÉDÉ·E »

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HANTISE

THE DEVIL L’obsession en tant que pathologie est à ranger aux côtés de la longue liste des névroses ou autres symptômes longtemps interprétés comme des manifestations du démon  . D’ailleurs, l’Obsession est l’un des quatre procédés qu’utiliserait le Diable pour séduire les Hommes et les soumettre à son empire. Elle trône aux côtés de la Tentation, de l’Illusion et de la Possession. L’obsession diabolique, c’est l’irruption du démon dans le corps et l’âme d’un l’homme sans toutefois le posséder totalement. C’est un peu comme le chatouiller violemment de temps en temps. La Possession a souvent remporté la vedette au rang des attaques démoniaques, aussi l’Obsession est, elle, souvent restée dans l’ombre. L’attention s’est portée sur des névroses plus spectaculaires, pour l’extérieur du moins. Du coup, le recours à l’exorcisme dans les cas d’obsessions a été plus ou moins variable et modérée selon les époques, la solution d’une vie pieuse éta généra nt pl l e m us en t

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S’accompagne de rituels de lavages excessifs.

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L’OBSESSION DE SYMÉTRIE ET D’EXACTITUDE Ou quand vous vous apercevez que vous avez scrupuleusement aligné les stylos sur votre bureau, et que vous en avez profité pour réaligner les stylos de vos collègues, ainsi que tous leurs dossiers.

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2

BONUS S’accompagne de rituels d’agencement et de vérification jusqu’à (re)trouver l’emplacement parfait.

BONUS

LES TROUBLES D’ACCUMULATION ET DE COLLECTIONNISME Se définissent par la phobie de jeter un objet, de ramasser et entreposer des objets ou des papiers inutiles, suivant une catégorie ou sans différenciation. Bonus : voir page 23.

LES OBSESSIONS DE DOUTE OU D’ERREUR Ou quand vous relisez trente fois la rubrique pour vérifier qu’il n’y a pas de fautes. Ou quand vous vérifiez à dix reprises que le frigo est bien fermé. S’accompagne de vérifications systématiques et excessives.

L’OBSESSION DE MALHEUR ET DE SUPERSTITION Déclenchée par l’évocation ou la vue d’un chiffre, d’une couleur, d’un signe particulier susceptible de provoquer des catastrophes, comme des chats noirs, des échelles, des feux qui passent au rouge, des codes secrets sur les plaques d’immatriculations.

3

BONUS

S’accompagne de rituels conjuratoires comme un geste barrière du mal ou un pari avec soi-même.

5

LES OBSESSIONS AGRESSIVES Se traduit par des pensées agressives et violentes, assumées ou non, par une peur panique de laisser échapper des insultes ou encore d’être responsable de quelque chose d’horrible.

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BONUS

S’accompagnent de conduites d’évitement.

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👀

E

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Le sujet étant bien souvent conscient de l’absurdité et de l’inutilité de son attitude, sans pouvoir toutefois s’en défaire, la vie devient facilement impossible et un suivi psychiatrique est alors nécessaire. On a donc été rassuré·e·s ici de constater que nos ruminations anxieuses et essentielles sur la couleur du nouveau tapis du salon avaient été balayées par un verre entre copains. L’important c’est de ne pas perdre pied avec la réalité.

1

DI

L’obsession peut être un sujet assez grave quand elle dérape et devient une pathologie. En psychologie, l’obsession est caractérisée par l'irruption dans la pensée d'un sentiment, d'une idée, d’un geste impossible à contrôler. Elle entre alors dans la charmante catégorie des névroses, aux côtés de l’hystérie, et s’accompagne de terminologies tout aussi réjouissantes comme l’obsession idéative ou la rumination incontrôlable, l’obsession phobique ou encore le trouble obsessionnel compulsif. À noter une différence entre obsession, qui est un trouble du contenu de la pensée, et compulsion, qui est un acte inutile ou absurde que l’on ne peut s’empêcher de faire.

L’OBSESSION DE CONTAMINATION Ou la peur panique d’être infecté·e par des insectes, des microbes, des éléments toxiques. Une obsession qui nous rappelle la première vague de COVID-19, quand on shampouinait les boîtes de pâtes ou paquets de farine durement acquis. BONUS

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21 — INTRODUCTION

OBSESSION


👀 INTRODUCTION — 22

TOUT LE MONDE EST UN PEU

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UNE VIE D’OBSESSION Àsocnh obsession. L’obsession est une quête infinie qui évolue tout au long de notre vie. Mais en y regardant de plus près, on cherche à peu près toutes et tous les mêmes choses à certains stades de notre vie. 1 MOIS

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KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

40 ANS

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BÉBÉ, nous cherchons à mettre tout ce qui passe entre nos mains dans la bouche. Petits beurres, jouets, cailloux, fourmis, tout y passe... Et oui, il s’agirait de ne pas crever de faim. ENFANT, nous voulons tout faire comme les grands, quitte à se casser la figure avec les talons hauts de maman ou avoir l’air ridicule à s’entraîner à fumer avec une brosse à dents. ADO, une fois réalisé que tu n’es plus un enfant désormais, les choses sérieuses commencent. Ta nouvelle obsession : plaire aux autres. Pour cela, il te faudra les derniers habits à la mode, avoir l’air « cool », dire « genre », cacher les boutons d’acné sur ton joli minois et admirer avec tes copains et copines deux-trois starlettes qui ont le vent en poupe. ÉTUDIANT·E, c’est bien simple, l’obsession du moment se résume en quatre lettres : TEUF. Lundi, Mardi, Mercredi, Jeudi, Vendredi, Samedi, Dimanche : on ne voit pas où est le problème. ONE LIFE. JEUNE ADULTE, ça y est la vie sérieuse peut commencer. On ne parle pas ici d’une obsession, mais d’une multitude de petites lubies qui s’installent et qui rythment notre quotidien : faire des brunchs, acheter des plantes pour son appart, trouver (enfin) sa vraie vocation, redécouvrir la nature… Attention toutefois à ne pas vieillir trop tôt. QUARANTENAIRE, les gens autour de toi n’ont qu’un mot à la bouche : ENFANTS. Même si ta belle-mère passe son temps à faire des allusions lourdingues, tu es tout à fait décisionnaire sur ce point. Peut-être même que tu n’en veux pas, et c’est très bien comme ça ! ÂGÉ·E, une obsession : trouver tes lunettes (et/ou ton sac). Tu peux en perdre des heures à farfouiller dans tous les recoins… Sache qu’il sera toujours au seul endroit auquel tu n’avais pas pensé. UNE FOIS DÉCÉDÉ·E, ta quête de la paix intérieure, tu cherches la direction du Paradis ? (s’il en existe un bien sûr). Les plus divins seront obsédé·e·s par la réincarnation.

LES R MA OTTES DU QUOTIDIEN

LE BINGO DES TOC TOC COMMUNS

LES S’entêter à sentir TOC les odeurs 2 à 3 fois TOC même lorsqu’elles sont PAS Pourquoi sentir G R AV E S écœurantes. ton tee-shirt de la journée

On appellera ici TOC TOC les Troubles Obsessionnels Compulsifs Très Occurrents & tout à fait Concevables. Pour faire plus simple, ce sont nos petites manies, nos lubies du quotidien. Alors que les TOC touchent 2 à 3 % de la population française, disons que 99,8 % des Français·e·s sont victimes de TOC TOC. En un mot : ce n’est pas très grave. Pas besoin de consulter un magnétiseur / hypnotiseur / chaman marabouteur qui coûtera cher à votre portefeuille et qui ne sera pas remboursé par la sécu. Les TOC TOC sont inoffensifs, à condition (comme toujours) d’en user avec modération.

Déverrouiller et verrouiller son téléphone trois fois de suite. On n’a toujours pas compris quel était le but...

avant de le mettre à laver ? Vérifier 3 fois que la porte de son appartement est bien fermée, quitte à remonter les 6 étages de l’immeuble.

Aller 4 fois aux toilettes avant de se coucher, alors que l’on n’a pas forcément plus envie d’uriner maintenant qu’il y a 1min34s.

Manger d’abord la panure du poisson pané. Tu veux vraiment voir à quoi ressemble la tête du poisson qui se cache sous cette alléchante chapelure ?

Croquer les angles des petits écoliers avant de s’attaquer au reste du biscuit. Plaisir gustatif garanti !

Vérifier son réveil 10 fois avant de dormir.

Faire un combat de regard au moment de sortir du wagon de métro : qui sera le premier à céder pour ouvrir la porte ?

Au final, il faut se rendre à l’évidence : on est tou·te·s un peu TOC TOC...

Le XXIe siècle nous a fourré un smartphone dans la main. De plus en plus jeune, l’humain est biberonné aux écrans et aux réseaux sociaux, ce qui le rend parfois complètement dingo. 2h22 Temps passé en moyenne par jour s n atio sur les réseaux sociau des applict accros : x 77% léphones, den Sur nos tétent et nous ren sociaux. x n des Français·e·s u a h a se des 18-34 ans % nous ré 48 s le te ont un coucou ont pour premier ges n smartphone du matin la consultatio des réseaux sociaux 94% d’entre eux·elles l’utilisent quotidiennement

53% des utilisateur·rice·s de smartphones présentent des symptômes d’anxiété en cas de perte, de mauvaise couverture réseau, de batterie faible ou juste parce que leur cellulaire n’est pas à proximité

d Le a ev te x tr an m 3 ip t ps lé l et en es é pas 20 tre cra sé 16 1 ns 98 6

42% des adolescent·e·s déclarent qu’ils·elles seraient « dévasté·e·s » s’ils·elles devaient quitter leur foyer plusieurs jours sans leur téléphone Cette peur est même un concept : la NOMOPHOBIE ou “no mobile phobia”

58% des Français·es déclarent avoir leur mobile 24h sur 24h avec eux·elles

37% des adolescent ·e·s ressentent la pression de poster du co ntenu susc eptible de récolter beaucoup de likes et de comm entaires Selon diverses études, les accros aux réseaux sociaux sont des personnes plus stressées que les autres + sont plus à risque de développer des troubles du comportement alimentaire + sont plus exposées aux risques de maladies mentales et aux idées suicidaires.

À quand la digital detox ?


👀 ERSON NA SP LE

FAN DE

Les personnages historiques ou nos stars contemporaines restent des humains et comme nous, ont leurs petites marottes et leurs idées fixes. Petite sélection d’anecdotes zinzines. LE COMPOSITEUR BEETHOVEN exigeait 60 grains de café, ni plus, ni moins, pour préparer son breuvage. On ne compose pas en buvant du jus de chaussette ! HOWARD HUGHES - aviateur, homme d’affaires, producteur de cinéma et on en passe - avait beau être l’un des hommes les plus riches et les plus puissants des États-Unis au XXème siècle, il souffrait aussi de nombreux tocs. Il avait notamment la phobie des microbes et obligeait ses collaborateurs à se laver les mains 12 fois par jour. RAFAEL NADAL multiplie les petites manies sur le court : il aligne ses bouteilles d’eau, remonte ses chaussettes - en commençant toujours par celle de gauche - et ne manque pas de remettre en place son slip avant chaque service. Le secret des champions ?

KATY PERRY se brosse les dents 6 fois par jour. Une légère obsession buco-dentaire développée à la suite d’un traumatisme d’enfance : la découverte de 14 caries lors de sa première visite chez le dentiste. LEONARDO DICAPRIO a longtemps conservé un toc de jeunesse : marcher sur les fissures du sol ou sur les vieux chewing-gums, quitte à faire demi-tour pour recommencer en cas d’oubli. DAVID BECKHAM est un fou du rangement. Il organise chaque objet symétriquement et tout doit fonctionner par paire. Et dire que Victoria est bordélique (selon nos sources très fiables des magazines people)…

Attendre un SMS de sa part, checker qu’il est connecté, penser à elle 24h/24, faire relire un SMS à quinze copines avant de le lui envoyer, analyser tous ses faits et gestes ...

23 — INTRODUCTION

AUSS IS TÉS BSÉDÉ TO ES ON

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Oui, c’est bien elle, une obsession qui nous prend aux tripes et nous retourne la tête : l’OBSESSION AMOUREUSE. Tout individu qui a été amoureux un jour peut témoigner de cet état de vulnérabilité où l’on est fasciné par cet Autre qui devient le centre de notre Univers. On vendrait sa peau pour savoir ce que fait l’être aimé : où est-il ? que mange-t-il ? pense-t-il à moi en chantonnant des chansons douces ? L’obsession amoureuse touche à la fois les célibataires qui idéalisent un amour impossible comme les personnes en couple qui font en sorte que leur vie tourne autour de leur partenaire. Elle peut parfois déboucher sur de jolis happy ending. Dans d’autres cas, elle est juste une vision déformée de la réalité qui peut faire plus de mal qu’autre chose. L’obsession amoureuse, un BIEN ou un MAL ? Difficile à dire. On aurait tendance à répondre par la négative. Mais, après tout, l’addiction ne serait-elle pas la marque de fabrique de toute histoire sentimentale ?

COLLECTIONNER EST INSTINCTIF et hyper humain. Dans l’enfance, on est tous et toutes un peu collectionneurs : on choisit avec soin et regarde dévotement ces cailloux et coquillages ramassés sur les plages, ces fleurs collées dans un herbier, ces billes qu’on défend jalousement à la récré. D’ailleurs, 50 % des collectionneurs ont lancé leur œuvre avant leur majorité. LA COLLECTION EST UN MOYEN DE SE SOUVENIR, de s’ancrer dans la réalité, de garder près de soi des objets qui, une fois réunis, prennent un sens nouveau : celui de notre existence. Parfois, la collection se poursuit à l’âge adulte et les mots utilisés rappellent combien l’affaire est psychique et émotionnelle. « Avoir le coup de foudre pour un objet », « trouver la perle rare » : eurs t amat on aime et prend soin de ses objets chassés, chinés, dégotés ls soien imistes, ’i u q , int eurs comme d’un chat/chien ou d’un·e amoureux·se. ectionn distingue les ection, et les coll ls, on ur coll e Parmi n le n t io n s e e d’elle es m LES COLLECTIONNEURS ACHARNÉS, ou obs nt précieuse ne parlent qu e i u rd q a . , g s a eux, ont les symptômes de la passion : fièvre, i e v qu ist ut x… nt à to ibitionn oureu angoisse, émoi, pulsion irrésistible vers un objet, les exh et la montre ement am t r o p appétit insatiable d’acquérir une nouvelle pièce, com ritable cette pièce-là, si si, celle-ci. Et le loisir vire à l’obsession, Un vé lorsque cette passion vient prendre toute la place, vient grignoter le reste de sa vie.

obsession

Reliez les collectionneurs & leurs collections

La syllogomanie quant à elle est un goût immodéré pour l'accumulation qui concernerait actuellement 2,3 à 4,6 % de la population. Cette tendance au fouillis et cette hantise de jeter se retrouvent sous des formes douces, comme un dressing plein à craquer, mais aussi plus alarmantes, jusqu’au « syndrôme de Diogène » qui voit l’accumulation réduire peu à peu l’espace vital du sujet, parfois jusqu’à sa mort. Marie Kond , où es-tu.

LE PARFUM

Arctophilie Botumodélophilie Chionosphéréphile Fibulanophilie Lécythiophilie Nanipabullophilie Russaphilie Philopinie Plangonophilie Calcéologie Cassanuxiphilie Clupéidophilie Appertophilie

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Gommes Boutons 0urs en peluches Ouvre-boîtes Pin's Poupées Chaussures Boîtes de sardines Nains de jardins à brouettes Flacons de parfum Boules à neiges Casse-noix Bateaux en bouteilles

« o bsessio n » c’est aussi un parfum, par Calvin Klein, l’un des premiers de la marque, créé en 1985. Le topo de présentation est clair : par des senteurs orientales et boisées, ce parfum diffuse un charme envoûtant, provocant, irrésistible, incarne une femme passionnelle et ardente. Et on s’imagine illico propulsé dans les vapeurs de l’Orient, avec la sensualité pour seul objectif de vie. L’obsession peut donc être agréable nous dit CK, ouf.

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ACCUMULATION COLLECTION


👀 INTRODUCTION — 24

ÉR D N ND SSIO A QU BSE L’ O

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??? COMMENT SE LIBÉRER D’UNE OBSESSION ???

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A DR O

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ÉDIUM GRAND M

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USSITE VOYANCE PRÉCISE, 100% DE RÉ

N°1

vos acles pour régler toutes , capable de faire des mir ées. nce ign cha élo l, vai xes tra , es fi itié Amour, am . Rupture facile. Idé dans le désenvoûtement i. obsessions. Spécialisé ant Succès professionnel gar dance. -vous ou par correspon le, travaille sur rendez ona ati ern int n Une réputatio !!! S TRES ONT ÉCHOUÉ RÉUSSIT LÀ OÙ LES AU Z -M O I ! APPELE 22H30 DE 8H À IS O Ç E R S (Facilités de paiement) U O JE V

JEUX D'ARGENT

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☺ MICHEL ☹ Maître R ÉRISSEU

Souvent considéré comme une activité récréative ou une solution à ses problèmes, l'usage de drogue peut vite tourner à l’addiction. De nombreuses personnalités s’y sont brûlées les ailes voire ont “cassé leur pipe” (Janis Joplin, Jean-Michel Basquiat, Whitney Houston, Prince, et tant d’autres). Mais quelques survivants sont encore là pour témoigner de cette noire obsession. Parmi eux, Keith Richards , membre des Keith RICHARDS Rolling Stones, n’a pas été le dernier des consommateurs. Adepte de l’héroïne dans les années 70, le guitariste a longtemps considéré son corps “comme un laboratoire”. En 2006, après être tombé d’un palmier aux îles Fidji et avoir subi une opération du cerveau (véridique), Keith arrête la cocaïne. Un poil mégalo, l’homme de 77 ans déclare alors :

« Ce qui vous tuerait ne me tue pas ».

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On préfère ne pas se risquer à vérifier…

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Nombreux sont ceux qui ont déjà tenté leur chance à un jeu de hasard. Le goût du jeu est tel qu’il vire parfois à l’obsession. Pour parler de ce sujet, qui de mieux que ... DOSTOÏEVSKI Être l’un des plus grands romanciers russes n’a pas empêché l’écrivain d’être accro aux jeux d’argent. Dostoïevski s’est en effet battu pendant de nombreuses années contre son vice et a été ruiné plusieurs fois. Le Joueur, roman semi-autobiographique a ainsi été écrit en urgence pour éponger ses dettes. Dans cet ouvrage paru en 1867 et largement tiré de son expérience personnelle, Dostoïevski y décrit les comportements compulsifs des adeptes du casino avec un tel niveau de précisions que les psychiatres du XXe siècle s’en sont servis comme modèle pour les addictions aux jeux d’argent. L’histoire ne dit pas si Patrick Bruel a lu son ouvrage...

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ES OPATH PSYCH S R U & TUE RIE EN SÉ

La figure du tueur fascine autant qu’elle effraie. Est-ce la célébrité de ces psychopathes qui nous attire ou bien leur psychologie dérangeante ? La France en a compté un grand nombre même si les États-Unis remportent haut la main ce palmarès. C’est d’ailleurs aux Américains qu’on doit le terme de tueur en Série ou « serial killer ». Le plus célèbre d’entre eux : Charles MANSON . Gourou psychopathe, il fonde à la fin des années 60 une communauté hippie, « La Famille » dans laquelle il se présente comme la réincarnation du Christ. Il se sert des adeptes de sa secte comme bras armés pour commettre des meurtres : il fait ainsi assassiner Sharon Tate, épouse de Roman Polanski alors enceinte ; et quatre de ses amis. Le lendemain, un autre couple est assassiné sauvagement dans le même quartier. Son procès a marqué le début de sa médiatisation et du culte de sa personnalité : son nom est évoqué au cinéma, dans des chansons, et des centaines d’ouvrages. Pendant 40 ans, il a été le détenu américain qui a reçu le plus de courriers. Au final, ne serions-nous pas aussi un peu obsédés par eux ?


Le dictateur de la Corée du Nord, père de Kim Jong-Un, nourrissait une passion certaine pour le 7ème art et ne supportait pas que son pays ne soit pas une grande nation de cinéma. C’est pourquoi il kidnappa deux stars sud-coréennes afin de travailler sur ses films de propagande. Tout simplement. Le réalisateur Shin Sang-ok et sa femme actrice Choi Eun-hee furent ainsi enlevés à Hong-Kong par les services secrets Nord-Coréens à la fin des années 70. Ils tournèrent en deux ans pas moins de 20 films pour le dictateur, inspirés de ses longs-métrages préférés tels Rambo et James Bond. Ce n’est qu’en 1986, après 8 ans de détention, que le couple arriva à s’échapper.

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le numéro fétiche de Ne Win

Le général Ne Win fut au pouvoir de 1962 à 1988 en Birmanie. Conformément aux recommandations d’astrologues et numérologues, il décida de faire du chiffre 9 le porte-bonheur du régime. À cette époque, les billets ont notamment été remplacés pour être des multiples de 9. Une manière comme une autre de décider de sa politique économique.

Fidel Lacto

Certains humains aiment tellement les animaux qu’ils finissent par vouloir devenir et vivre comme eux.

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WOOOOOOUF ! Le Britannique Tom Peters a embrassé la vie de chiot. Il se fait appeler Spot, s’affuble d’un costume de Dalmatien, se promène à quatre pattes et en collier, aime dormir dans une cage et manger dans des gamelles. Good dog.

MIAOOOOOU ! L'HOMME LÉZARD Également adepte des modifications physiques, l’américain Erik Sprague s'est fait tatouer des écailles vertes de la tête aux pieds et n’a pas oublié de se couper la langue et de tailler ses dents en crochets pour coller au style reptilien, so chic. L’homme-lézard a fait de sa lubie un métier, sillonnant le monde en tant que “freakshow performer”. Chacun son truc !

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BONUS un poil morbide

RIP

Un citoyen brésilien a développé une habitude étonnante à la mort de son père, au début des années 80. Chaque matin depuis 30 ans, il écoute la rubrique nécrologique de sa petite ville puis se rend à tous les enterrements du jour. Il a même quitté son travail pour continuer cette passion étrange qui l’a fait se rendre à des milliers de cérémonies.

Dennis Avner quant à lui est plus connu sous le nom de l'homme-félin ou Stalking Cat. Pour la petite histoire, cet ancien vétéran de la Navy a eu une révélation quand un chef indien lui a conseillé de suivre “la voie du tigre”. Ce sera surtout pour lui la voie du bistouri avec pas moins d’une centaine d’opérations de chirurgie esthétique réalisées (dont une greffe de crocs !), doublées de nombreux tatouages et piercings afin d’atteindre son rêve…  devenir un matou. Jusqu'à sa fin tragique en 2012, l’homme-félin se donnant la mort.

M. PINGOUIN

Un accident de scooter, une hanche plus petite que l’autre et cette réflexion d’un client sur sa démarche « Viens Pingouin ! », il n’en fallait pas plus à Alfred David, chauffeur de taxi belge, pour développer une passion dévorante pour nos copains de la banquise. L’homme a connu son heure de gloire en faisant plus de 200 passages télé entre les années 80 et 2000. Au-delà d’une collection impressionnante d’objets pingouins, il a fait corps avec son animal-totem en portant pendant près de 40 ans le même costume. Son dernier rêve : être enterré dans sa combinaison, quelque part en Antarctique.

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Fidel Castro faisait une petite fixette sur le lait. Tout d’abord, il mangeait des quantités industrielles de crème glacée. Le romancier Gabriel Garcia Marquez, ami du dictateur cubain, a ainsi révélé dans un essai que Castro avait conclu un repas par “18 boules de glace”. Il semble également que l’homme cherchait à produire un camembert meilleur que celui des Français. Une légère obsession lactée qui donna des idées à la CIA, échafaudant un plan (loupé) pour empoisonner l’un des milk-shakes du dictateur.

LES FIXETTES DES DICTATEURS → LES FIXETTES DES DICTATEURS

Kim Jong-il, ce cinéphile

LES AMIS DES BÊT E

25 — INTRODUCTION

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TR ELO U C S CH E U S EN G NR T O U T E


INTRODUCTION — 26

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L ' O B S E S S I O N D A N S

L'ART

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LES SÉANCES CHEZ LE PSY

Nombre d’artistes renommés pourraient être rangés, dans leur pratique ou dans leur vie, dans la catégorie des obsessionnels. Édouard Degas Gustave Moreau Salvador Dalí David Hockney René Magritte

les danseuses Salomé les pendules les piscines les chapeaux melons

Les exemples de motifs ou de thèmes reproduits tout au long d’une carrière, parfois jusqu’à l’indigestion, parcourent l’histoire de l’Art au point de se demander parfois si elle tourne rond, cette histoire. Pourtant ces obsessions en disent long sur l’artiste et révolutionnent bien souvent notre manière de représenter le monde.

L’artiste japonaise YAYOI KUSAMA peint des pois, partout. Figure emblématique des années 60, elle a marqué le monde de l’art par ses œuvres et performances pointillées. L’obsession du pois lui vient d’une hallucination alors qu’elle avait 10 ans, qui a vu les motifs d’une nappe rouge envahir la pièce de son enfance. Bien plus qu’une fixation, ces pois parlent d’ellemême, de ses angoisses, de ses névroses : la peinture est pour Yayoi Kusama une catharsis qu’elle nomme « self obliteration ». Depuis les années 70, elle réside à sa demande dans un établissement psychiatrique, ne sortant que pour travailler dans son atelier. Elle connaît aujourd’hui encore un succès et une reconnaissance internationale.

Q SI

U

M

On appelle groupie un jeune admirateur (le plus souvent admiratrice) fan inconditionnel·le d’un chanteur ou d’un groupe de musique, au point de le suivre sur ses tournées et plus largement, là où il se trouve, dans l’espoir d’engager une relation sexuelle ou sentimentale avec ladite star.

Le portrait d’Innocent X peint en 1650 par Velasquez a été pour Francis Bacon une source d’inspiration majeure. De nombreux historiens se sont penchés sur l’étrange obsession du peintre pour l’image de cet ecclésiastique sévère et grognon enveloppé d’une ganache vanille-fraise. Toujours est-il que Bacon a collectionné pendant des années des reproductions du tableau et peint plus d’une cinquantaine de personnages papaux plus ou moins assis, toujours en train de crier. On serait tentés aussi d’interroger Claude Monet qui, entre 1892 à 1894 a peint pas moins de trente tableaux du portail de la cathédrale Notre-Dame de Rouen à des heures différentes de la journée. Un geste révolutionnaire dans l’histoire de l’Art mais aussi une bien belle marotte.

LES FIXETTES PERSONNELLES

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Les groupies sont nées au milieu des années 60, en pleine révolution sexuelle et essor du rock’n’roll. Plusieurs sources attribuent d’ailleurs le mot “groupie” au bassiste des Rolling Stones, Bill Wyman. Considérées comme “cool” dans les années 70, incarnant une certaine émancipation féminine, les groupies du XXIe siècle sont vues plus négativement. Aurait-on ouvert les yeux ? L’extrême jeunesse de certaines fans et le mouvement global initié par #Metoo donnent à réfléchir. Reste que les groupies ont inspiré de nombreuses chansons. Parmi les plus connues : LOUISE

GEOIS

BOUR

quant à elle a créé une œuvre majeure au sein de laquelle les femmes-maison côtoient les araignées monumentales, en hommage à sa propre mère. L’une des plus célèbres d’entre elles, installée à Ottawa, se nomme d’ailleurs, tout simplement, « Maman ». Familière des théories psychanalytiques, elle écrira dans un essai en 1990 :

« La vérité c'est que Freud ne fit rien pour les artistes, ou pour le problème des artistes, le tourment des artistes (…) Voilà pourquoi les artistes se répètent — parce qu'ils n'ont pas accès à un remède. »

Ruby Tuesday La groupie du pianiste Billie Jean Groupie

Rolling Stones Michel Berger Michael Jackson Snoop Dog

SING MY OBSESSION Les obsessions sont une source d’inspiration pour la musique contemporaine. Qui n’a pas dansé sur Obsession d’Aventura qui explore sur un rythme chaloupé l’obsession amoureuse ? Ou sur La Tortura de Shakira, une variante sur le même thème. Mariah Carey parle plutôt du harcèlement dont elle serait l’objet dans Obsessed (potin : à priori de la part d’Eminem).


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B A U D E L A I R I E N N E S

Certains collectionnent les livres de messe, d’autres les éditions des Fleurs du Mal de Baudelaire. On pourrait parler de botanique morbide ou de bibliophilie nauséeuse. Une sorte d’obsession, pas forcément névrotique, mais une obsession quand même, enracinée dans un terreau esthétique d’un goût fin de siècle, déliquescent, arrosée d’une noirceur qui fait pousser de nouvelles fleurs à la beauté toujours bizarre, aux couleurs décadentes et au parfum de spleen. Le spleen, particulièrement baudelairien, est un état mélancolique profond né de l’ennui et du désenchantement, du dégoût pour un monde insupportable, hors duquel le poète cherche absolument à s’exiler, pour soigner son mal de vivre et trouver la joie dans une quête frénétique de la Beauté pure, cet idéal inaccessible. Le mot est emprunté à l’anglais qui désigne directement la rate, le siège des « idées noires » pour les Anciens, organe qui déverse dans le corps la bile noire, déclencheur de la mélancolie et des formes sévères de dépression. Dans l’édition de 1861 des Fleurs du Mal, le spleen colle tellement à l’obsession que deux poèmes s’enchaînent, côte à côte,

accompagnés successivement par « Le Goût du Néant », « Alchimie de la Douleur », « Horreur sympathique » et « L’Héautontimorouménos » (littéralement « le bourreau de soi-même », en grec). L’annonce d’un parcours programmé en quelque sorte, comme est l'ensemble de l’œuvre et spécialement la section « Spleen et Idéal » : un lent cheminement au bord du gouffre, avant la descente obsessionnelle dans ses entrailles fécondes.

27 — INTRODUCTION

OBSESSIONS

« Obsession » est l’expression du spleen qui coule dans l’encre noire de chaque page des Fleurs du Mal : horreur du banal, rejet de la nature, aveu maladif d’une recherche de noirceur pour atteindre la pureté, et complainte insensée vers l’abîme, celui d’où rien de connu n’est encore sorti. Composé trois ans après la sortie de la première édition de 1857 – qui sera immédiatement condamnée et fera au passage la renommée de Baudelaire – le poème ajoute au bouquet un peu de ce violet profond des névroses, précipitant la fuite déchaînée de l’artiste quelque part hors du monde. Légende photo : Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Paris, Édition R. Simon, 1935.

KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

→ Textes : A. Hassler, S. Pauly, C. Roux & J. Tourette → Mise en page : A. Bruguière & G. Bonneau


👀 INVITATION — 28

Faire son cinéma

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Du haut de son jeune âge, Thomas Aïdan a interviewé les plus grands et a surtout fondé, à la force de sa plume, l’excellentissime revue La Septième Obsession. Qui de mieux que lui, alors, pour nous parler de la façon dont les réalisateurs se servent de leur art pour exprimer leurs obsessions.


👀 29 — INVITATION KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

En 1976, le cinéaste américain Brian de Palma signait un film résolument obsessionnel, comme à peu près toute sa filmographie d’ailleurs. Sans ironie, le film se nomme Obsession et trace le parcours semé d’embûches d’un promoteur immobilier, Michael Courtland. Ce dernier fait un transfert, seize ans plus tard, autour d’une certaine Sandra, qui ressemble furieusement à sa femme, Elisabeth, disparue il y a plusieurs années. Rejouant habilement le vertige de Sueurs froides (1958) d’Alfred Hitchcock, sur le double féminin, De Palma tisse, avec une énergie électrique, le rapport obsessionnel que peut entretenir son personnage avec le souvenir douloureux de la perte de sa femme, et comment une silhouette surgissant de nulle part peut venir abriter son fétichisme puissamment habité. Et ainsi, lui procurer un certain plaisir heureux. Au fond, qu’est-ce qu’une obsession ? Le terme semble quelque peu galvaudé ces tempsci, c’est un mot que l’on manie avec prudence, car il peut vouloir dire tout et son contraire. Est-ce une maladie ? Une passion comme il en existe tant ? Une fixette un peu lourde sur un élément en particulier ? Ou bien, un état d’âme obligatoire et nécessaire pour continuer à vivre ? En effet, peut-on se sentir vivant sans être « obsédé » ? L’obsession n’est-elle pas, en vérité, une simple preuve de notre capacité à aimer (même de manière douteuse, comme c’est le cas dans Psychose, film d’une morbidité totale) ? Il est clairement difficile de répondre précisément à ces questions, aussi triviales soient-elles. L’obsession est un réel mystère, et ce dernier jouit d’une ambiguïté effarante, que l’on pourchasse sans jamais la rattraper, telle une chimère. Lorsque j’ai décidé de fonder La Septième Obsession en 2015, c’était autant pour assumer mon amour du cinéma que pour tenter de courir après mon obsession, celle d’un art en mouvement. Mais on ne court pas seulement après le cinéma, il nous court aussi après. Ce n’est pas La Mort aux trousses (Hitchcock, 1959), mais « l’obsession aux trousses ». Il fallait beaucoup de papier pour faire s’imprimer toutes ces obsessions qui nourrissent l’imaginaire des cinéastes, un espace physique pour faire s’incarner toutes ces choses désordonnées mais bien réelles. Le papier d’une revue, par son étanchéité, contribue à absorber ce qui nous obsède, la cinéphilie étant plurielle à bien des égards. Une obsession sans attache, ni structure, est dès lors complètement anarchique, s’éparpillant inlassablement, dans le vide.


👀 INVITATION — 30 KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

C’est pour cela qu’Éric Rohmer signe en 1970 son magnifique Le Genou de Claire pour montrer comment une chose a priori anodine peut déclencher un événement sensoriel ; qu’il faut accepter ce sentiment troublant et ne pas l’éviter, mais au contraire le théoriser et lui donner une consistance réelle. La passion de Jean-Claude Brialy pour ce bout de peau de Laurence de Monaghan, comme l’exprime à merveille l’affiche originale, n’a pas tellement de rationalité – pourquoi le genou plutôt que la jambe, ou l’épaule ? Ce n’est pas si grave. De l’obsession au fétichisme, il n’y a qu’un pas. Plus l’obsession est précise, plus elle se rapproche de l’infiniment petit, ainsi le fétichisme se met en branle. Dans Le Monde du 15 décembre 1970, Jean de Baroncelli écrivit intelligemment : « Éric Rohmer ne tient nullement à passer pour un cinéaste obsédé par les problèmes actuels, ce qui, en 1970, est un trait de caractère profondément original. À propos de Ma Nuit chez Maud, nous avions évoqué Montaigne et Diderot. Le héros du Genou de Claire m’a fait fugitivement penser à Benjamin Constant. D’abord à cause du lac d’Annecy qui ressemble au lac Léman. Mais surtout à cause du comportement psychologique de cet homme aux approches de la maturité ; de sa gourmandise des femmes ; de ce mélange que l’on décèle en lui de cynisme, de frivolité, d’inquiétude et de sincérité ; de ses dons d’observation ; de ses espiègleries sentimentales de vieux gamin. “La meilleure qualité que le ciel m’ait donnée, c’est celle de m’amuser moi-même”, disait Constant. Le héros du Genou de Claire se divertit à merveille des émotions légères qu’il s’offre. » Rohmer était obsédé par les comportements humains, par ce qui nous détermine et qui nous intime de créer des chemins de traverse au sein même de notre psychologie inquiète. Une obsession, en cela, est une comète, dont on ne sait pas toujours que faire, elle élargit notre vision des choses, et définit parfois le plus basique de nos existences. Elle est aussi une manière d’explorer notre gourmandise insatiable, comme c’est le cas chez Abdellatif Kechiche, notamment avec Mektoub My Love Canto Uno (2018). Nous naissons, nous aimons, puis nous mourrons. L’obsession est le langage des amoureux, de ceux qui considèrent l’existence comme singulière, un hommage profond et intense à la Création. Il n’est donc pas étonnant de retrouver chez des cinéastes aussi inspiré(e)s et sexualisé(e)s que Luis Buñuel, Pedro Almodóvar, Lars von Trier, Paul Thomas Anderson, Quentin Tarantino, Kathryn Bigelow, David Cronenberg, pour ne citer qu’eux, quantité d’obsessions transfigurées par la lumière de la projection cinématographique. Les artistes, dans l’embêtement constant d’une quête toujours plus grande de « grandeur », dévient leur énergie sexuelle vers leur création. Dans l’entreprise obsessionnelle,


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Visuels dans l'ordre d'apparition : Brian de Palma – Obsession, 1976 / Alfred Hitchcock – Sueurs froides, 1958 / Alfred Hitchcock – Psychose, 1960 / Tom Haïdan – La Septième Obsession, n°1, 2015 / Alfred Hitchcock – La Mort aux trousses, 1959 / Éric Rohmer – Le Genou de Claire, 1970 / Éric Rohmer – Ma Nuit chez Maud, 1969 / Abdellatif Kechiche – Mektoub My Love Canto Uno, 2018 / Xavier Dolan – Mommy, 2014 / Pedro Almodóvar – Douleur et Gloire, 2019 / Terrence Malick – The Tree of Life, 2011 / Alfred Hitchcock – Fenêtre sur cour, 1954

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il y a évidemment une pulsion sexuelle fortement ressentie, et l’idée même que faire un film est proche d’un acte charnel. En 2014, lors de la promotion de Mommy, le cinéaste québécois Xavier Dolan, expliquait sans entrave dans Les Inrocks qu’il préférait faire un film quand ça brûlait en lui et ainsi éteindre le feu érotique, plutôt que de se masturber compulsivement devant une photo de Jake Gyllenhaal. La phrase paraissait foncièrement provocatrice, mais elle avait le mérite d’être claire. C’est comprendre combien l’énergie sexuelle est un fabuleux carburant. Dans Douleur et gloire (2019), Almodovar raconte combien le désir érotique – même inassouvi avec l’objet de notre désir – peut servir l’acte de création, un peu comme une boussole. Dans l’érotisme, il n’y a pas que l’envie de décharger crûment, il y a aussi l’amour des formes et de tout ce qui nourrit notre existence. L’obsession naît d’un trouble, d’un déraillement de la pensée binaire. Cet état de fait conduit nos esprits à découvrir encore plus le monde, et in fine, le nôtre. Car en bonne idée fixe, l’obsession est à l’origine du connais-toi même, de cette envie de faire connaissance avec ce que nous sommes. Même dans un film aussi mystique et poétique que The Tree of Life (2011), Terrence Malick semble plus que jamais fasciné par les origines de la vie, notre trivialité apparente, nos liens avec le monde animal. Un film obsessionnel de tout ce qui nous excède et nous précède (le fameux Big Bang de la Création), comme de tout ce qui nous ramène à notre instinct primitif. Dans Fenêtre sur cour (Alfred Hitchcock, 1954), le personnage interprété par James Stewart est littéralement obsédé par son voisinage, et la potentialité d’un assassinat en face de chez lui. Il y a évidemment une certaine folie à fixer du regard un élément extérieur, mais cela tourne tellement en boucle, comme une spirale, qu’il devient impossible de s’en extraire. Les obsessions peuplent nos esprits, elles sont les guidelines qui s’imposent pour continuer notre route. Il existe une multitude d’obsessions, mais toutes convergent vers un même centre : la fascination de l’existence des choses. Gaston Bachelard disait qu’on pouvait voir le monde dans un grain de sable, on pourrait aussi dire que l’on peut voir le monde dans une obsession .


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Ram Han

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Ram Han capture des images mentales enfouies, des instants flous volés dans les limbes lointains de nos rêves refoulés. L’artiste coréenne, est obsédée par le média vidéo, sa matérialisation graphique et son empreinte sur nos cerveaux spongieux et influençables. Cette virtuose de l’image numérique utilise sa formation initiale en animation pour créer des images mélancoliques, organiques et oniriques en forme de screenshots. Elle revient parfois à ses premières amours comme dans ce clip de la Française Oklou que vous avez peut-être croisé l’année passée. Ce qu’apprécie par-dessus tout l’habitante de Séoul, ce sont les distorsions, les textures, la représentation du vivant et les effets de lumière. Des obsessions précieuses pour retranscrire avec talent les fantasmes, les émotions souvent dissimulées, enfouies au plus profond de notre chair. Une ode illustrée à la nevrose. 33 — EN COUVERTURE

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Pour tout dire, toutes les choses non humaines qui se tordent et prennent vie, cela peut être une plante, un animal de compagnie, un papillon, une tasse de thé ou une épée.

As-tu une image qui t’obsède plus particulièrement ? Si tu fermes les yeux par exemple, quelle œuvre te vient spontanément à l’esprit ?

Oui, pas mal en réalité… En particulier des scènes de dessins animés ou de jeux vidéo de mon enfance. Elles restent collées aux cellules de mon thalamus, fixées dans mon cortex cérébral. Des scènes violentes en animation 2D, les modélisations monotones et fluides des jeux en 3D et les personnages étranges et paradoxalement trop détaillés dans ces jeux… Ah oui, et aussi une image récurrente de conte de fées altérée par le traitement graphique de la console… Des obsessions tout à fait normales quoi.

As-tu des obsessions particulières ? Dans ton travail ou plus globalement dans la vie ?

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« J’aime chaque scène, chaque détail de Nausicaa de la Vallée du Vent du studio Ghibli. En particulier, j’aime beaucoup le personnage d’Omu. À tel point que si je devais renaître un jour, j’aimerais bien revenir en Omu »

J’aime chaque scène, chaque détail de Nausicaa de la Vallée du Vent du studio Ghibli. En particulier, j’aime beaucoup le personnage d’Omu. À tel point que si je devais renaître un jour, j’aimerais bien revenir en Omu. Ah oui et aussi, je suis pas mal obsédée par Mew des Pokémon. Sinon, ma plus grande inspiration reste Jérôme Bosch… Je n’oublierai jamais le choc qu’a été ma première rencontre avec un de ses tableaux…

Quels sont les artistes qui t’ont obsédée plus jeune ou qui t’obsèdent encore aujourd’hui ?

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« Sinon, ma plus grande inspiration reste Jérôme Bosch… Je n’oublierai jamais le choc qu’a été ma première rencontre avec un de ses tableaux…»

Je dessine quelques petites choses en me mettant à la place d’un touriste qui traverse les mondes, virtuels ou réels.

Sur quel projet travailles-tu actuellement ?

Je pense que l’obsession la plus forte est finalement celle que l’on cache au plus profond de son cœur, celle qui est le plus dissimulée, refoulée. Je voulais du coup exprimer cette attirance secrète mais intense pour cette chose profonde.

Quelques mots sur cette couverture ?

J’ai toujours été fan d’animation, et depuis toute petite, j’ai admiré le travail de nombreux artistes dans ce domaine. Ça se retrouve dans mon travail en peinture numérique et ça m’influence quotidiennement dans l’utilisation de la couleur, de la texture et dans ma façon de travailler mes dessins au trait.

Comment tes études en animation ont-elles influencé ton travail en illustration ?

La série de panneaux lumineux sur lesquels j’ai travaillé pour la Biennale de Busan, la série The Room Type et la série Souvenir.

Quels sont les projets qui t’ont le plus marquée, pour lesquels tu as un attachement particulier ?

Dernièrement, j’ai beaucoup écouté de chansons de la musicienne coréenne CIFIKA. Depuis l’année passée et le contexte qu’on connaît, j’ai pas mal pensé à l’avenir. Sa musique est pleine d’espoir et elle a la voix d’une sorte de prophète du futur. Ça me calme l’esprit aussi.

Et au niveau musical ? Y a-t-il une musique en particulier que tu écoutes en boucle et qui vient hanter ton cerveau ?

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CRÉA TIONS ORIGI NALES

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L’obsession est une hantise qui vous place à cheval entre l’idée fixe et la folie. Un démon, en somme, qui vient vous piquer sans relâche, formant peu à peu une excroissance pesante dans votre cerveau. Attention, les mots ronflants qui viennent d’être ici écrits n’augurent pas forcément de grandes conséquences. On peut juste être un obsédé de la course arc-en-ciel à Mario Kart ou se fourrer corps et âme dans une collection de cartes téléphoniques – les jeunes, on vous expliquera. Peu importe finalement, si les obsessions sont multiples, graves ou légères, c’est le phénomène qui est fascinant. Aussi, parce que les mots sont parfois décevants, nous avons demandé à huit illustrateurs et illustratrices de prendre ce sujet en main et de dessiner leur obsession, leur petite manie, leur folie douce. Merci donc à María Jesús Contreras, Samuel Bas, Bryce Wymer, Panayiotis Terzis, Eniko Katalin Eged, Joseph Callioni, Muhammad Fatchurofi, et Dani Choi de nous avoir livré leur version de l’obsession.


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mariajesuscontreras.com

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María Jesús Contreras | Amermelada

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👀 CRÉATIONS ORIGINALES — 40 KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

Samuel Bas | Pan! Pan! Pan! Ouaf! Ouaf! Ouaf! instagram.com/_samuelbas_


41 — CRÉATIONS ORIGINALES

brycewymer.com

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Bryce Wymer | Obsessive Compulsive Disorder

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👀 CRÉATIONS ORIGINALES — 42 KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

Panayiotis Terzis | Color Harvest/Fruiting Bodies panterzis.com


👀 43 — CRÉATIONS ORIGINALES

instagram.com/nikoenikoeniko

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Eniko Katalin Eged |Only existing in others' reflection


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Joseph Callioni | Obsession

instagram.com/joseph.callioni

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45 — CRÉATIONS ORIGINALES

fatchurofi.com

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Muhammad Fatchurofi | Self mastery

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Dani Choi | Freedom

danichoi.com

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« No es amor, « Ce fut l’obsession, par la pensée, par l’image,

no es amor, es par tout, la hantise d’autant plus terrible

una obsesión qu’elle se spécialisait, qu’elle ne s’égarait pas,

(Oh, no) » in qu’elle se concentrait toujours sur le même

point » Joris-Karl Huysmans in En route

« Obsesión »

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Aventura -


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LA LOI DES SÉRIES SÉRIES SÉRIES

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Q

u’on ne nous fasse pas croire : les artistes ne sont pas des gens comme les autres. Les gens, les normaux, ce qu’ils font – à la grande limite – c’est acheter de mauvais cordons-bleus pour leur collec de Départ’Aimants ; au pire du pire, ils craquent un peu trop de thunes dans un album Panini – Ligue de Football Professionnel. C’est cela, nos obsessions, à nous les mortels. Elles sont légères, passagères, futiles et n’engagent pas à grand-chose. Lorsqu’un dessinateur ou une dessinatrice met la main dans le pot, ça prend une autre tournure. Les obsessions qu’ils développent pour un sujet ou une technique deviennent des caps, des rocs, voire même des péninsules. Des machins qui leur prennent tout leur temps, qui les travaillent jour et nuit et qui orientent durablement leur production. Mais ça n’a pas l’air de les affecter plus que ça.

« J’aime cette idée de forage à un endroit précis. Je n’abandonne pas ces séries au fil du temps », avoue par exemple un Jochen Gerner, grand spécialiste de tunnels créatifs. Nous lui avons demandé à lui, mais aussi à Marie Baudet, Pauline di Valentin et Romain Figaro, tous auteurs de séries remarquables, quels étaient les tenants et les aboutissants de cette drôle de coutume artistique qui consiste à creuser, encore et encore, les mêmes thèmes.

Il y a autant de manières de plonger que d’être artistes. L’obsession n’est pas un but, ni même une obligation. Elle est, voilà tout. Qu’elle sédimente des éléments intimes du dessinateur ou qu’elle lui soit complètement extérieure, elle s’impose sans qu’on lui ait rien demandé. Parfois ça vient d’un coup, sans prévenir : « Les crashs ? Je suis tombé sur une image, un fait divers photographié. On se demande d’où vient la voiture, pourquoi le mur n’est pas cassé. On se croirait dans GTA. Ça m’a un peu fait marrer, je me suis dit “tiens, j’ai envie de dessiner des bagnoles”, les piscines, c’est un truc qui me parle et l’architecture aussi. » Alors, Romain Figaro s’est mis à dessiner des voitures, plongées dans des piscines, dans des villas luxueuses. Et il en a dessiné plein. Jusqu’à remplir une exposition entière, sobrement intitulée Crash, en 2017. Pour d’autres, la série peut venir d’un

À gauche : Car Pool House, Romain Figaro Page de droite de haut en bas : Nissan iii, Honda, Saab, Lancia, Romain Figaro


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Interview OBSESSION 👀 Quelle était ton obsession enfant ? ville en Lego puis de la Je pense que l’idée de construire une petite devait être ma plus suite de ainsi et e struir recon détruire pour la grosse obsession. → Quelle est-elle aujourd’hui ? Je suis partagé entre dessiner des voitures des années 80 dans des paysages surnaturels et architecturaux ou bien regarder des vidéos de qualité sur l’astronomie sur YouTube. 👀 As-tu (eu) des collections ? Elles n’étaient pas monstrueuses mais on peut dire que j’avais une collection de voitures toutes marques confondues, essentiellement Majorette, un peu Hot Wheels, et des plus belles en plus grand format. Les pin’s également, et pas mal de billes. → Quelle est celle que tu rêverais de posséder ? Alors ça fait pas super écolo, mais je pense que si j’avais l’argent nécessaire et le garage qui va avec, je me paierais tout plein de voitures un peu moins cliché que Porsche et Ferrari (Saab 900 turbo, pas décapotable, Mehari, une DS pour écouter du jazz très fort dedans, un BX pour écouter de la musique essentiellement produite avec des synthétiseurs, une Honda CRX, une Matra Bagheera pour être trois devant, etc.). 👀 As-tu déjà idolâtré un·e artiste ? Si oui, lequel/laquelle ? Je pense que depuis toujours, lorsque je vois un dessin de Robert Crumb, ça me fait le même effet, ça me fascine ; donc je pourrais largement le rentrer dans cette case. Disons que c’est celui qui m’a le plus inspiré directement depuis que je suis petit, avec mon père qui est peintre.

→ Y a-t-il un autre thème qui te fascine et qui pourrait devenir ta nouvelle lubie en dessin dans le futur ? Oui, je vais me pencher sur la Bretagne, côte sauvage, falaises, pins, océan/mer, faune et flore marine, etc. Je viens plus ou moins de là et j’ai envie d’en faire un album d’images ou un genre d’herbier, avec des gros plans sur tous ces éléments.

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détail, d’une petite manie qui se met à prendre toute la place. Pauline di Valentin a commencé sur format carte postale avant d’en être aujourd’hui à faire des fresques de 2 m par 2 m. « Je me suis mise à peindre des petites architectures que je puisais de tableaux vus en Italie comme je m’y rends régulièrement. À la base, c’étaient des microespaces et après, j’ai essayé de construire des pièces, des architectures autour. Il faut savoir que parallèlement, je regarde beaucoup de films et je me suis mise à beaucoup dessiner en regardant les films parce qu’il y avait des images qui m’intéressaient. Je me suis mise à essayer de faire des images qui recréaient des petites histoires. Et peu à peu, j’ai reculé pour avoir des architectures plus globales. » Les bâtiments mystérieux de la peintre amiénoise rassemblent ses différentes passions en plus de faire référence à son histoire familiale. Un regard sur le passé qui a également bien inspiré Marie Baudet alias Hyperbaudet.

« Les crashs ? Je suis tombé sur une image, un fait divers photographié. On se demande d’où vient la voiture, pourquoi le mur n’est pas cassé. On se croirait dans GTA. Ça m’a un peu fait marrer, je me suis dit “tiens, j’ai envie de dessiner des bagnoles” »


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Les bâtiments mystérieux de la peintre amiénoise rassemblent ses différentes passions en plus de faire référence à son histoire familiale.

Alors qu’elle a abandonné le dessin depuis un petit moment, elle profite des rares moments de répit que lui laisse son bébé pour s’y remettre. « J’ai commencé à dessiner ce qu’il se passait, donc mon congé mat’ avec ma fille. J’ai continué un peu à faire des petites saynètes en rajoutant petit à petit des montagnes, des lacs, avec déjà une passion pour les moyens de transport. » Et dans quoi on peut retrouver à la fois des moments intimes et des jolis paysages et des voitures de goût ? On vous le donne en mille. « Mon père avait de très bons appareils argentiques à l’époque. Et il n’arrêtait pas de faire des photos, ce qui horripilait ma mère. On a donc énormément de photos à la maison. J’ai une vraie fascination pour les photos, se demander ce qu’on pensait à ce moment-là, ce qu’on était, ce qu’on est aujourd’hui. J’adorais le style, les années 1980, les vêtements. J’aime aussi le principe de ces photos qu’on ne pouvait pas refaire à l’époque et donc qui sont parfois décentrées, mal cadrées. Ça me passionnait, et ça m’est venu comme ça, j’ai eu envie de les reproduire. » Marie Baudet multiplie alors pendant quelques années ces remakes de photos et reconstruit ainsi un album de famille, le sien mais aussi celui de toutes celles et tous ceux qui ont vécu ces moments-là de partage, de gêne et de tendresse en attendant que ce foutu Kodak fasse clic-clac. Car une obsession artistique doit pouvoir se partager, doit pouvoir intéresser l’autre, malgré l’intérêt hyper personnel qui en est l’origine.

« J’ai une vraie fascination pour les photos, se demander ce qu’on pensait à ce moment-là, ce qu’on était, ce qu’on est aujourd’hui. »

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Les oiseaux, objet du dernier livre de Jochen Gerner, permettent également de mêler le personnel et l’universel. Voire même d’y rajouter un côté recherche formelle qui n’est pas pour déplaire au dessinateur parisien. « Je pense avoir toujours dessiné des oiseaux. Mon père, lui-même dessinateur, en dessinait beaucoup. L’oiseau est un animal très graphique, construit à partir de quelques traits, deux lignes droites et deux ou trois triangles. Mais le déclenchement de cette série spécifique s’est fait par hasard, en dessinant un premier oiseau imaginaire

À droite : Terrazzo, Pauline Di Valentin À gauche : Golden House, Pauline Di Valentin

Interview OBSESSION 👀 Quelle était ton obsession enfant ? grenier. J’y passais La « cabane » que j’avais construite dans le ents de spectacle vêtem les avec sée beaucoup de temps dégui très kitsch et qui y traînaient et je l’arrangeais avec les objets maison. ème deuxi ma t C’étai ais. trouv j’y que les tissus → Quelle est-elle aujourd’hui ? Les maisons bien sûr. Tous les lieux qui peuvent m’inspirer et me donner envie de dessiner. Mon entourage le sait bien et m’envoie régulièrement des photos d’architectures roses qu’ils croisent sur leurs chemins ou en vacances. 👀 As-tu (eu) des collections ? Oui, plusieurs même : les cartes postales, les tickets de cinéma… J’ai longtemps collectionné les sucres dans les cafés, j’en ai eu beaucoup, et cette collection a duré longtemps.

→ Quelle est celle que tu rêverais de posséder ? Aujourd’hui, j’achète pas mal de statuettes de Vénus, j’ai commencé il y a quelques années, j’en ai une petite dizaine dont quatre Vénus de Milo. J’aime bien. 👀 As-tu déjà idolâtré un·e artiste ? Si oui, lequel/laquelle ? Oui j’ai longtemps adoré Felix Vallotton, j’adore les couleurs qu’il utilise, ses couchers de soleil, je ne m’en lasse pas. J’ai plusieurs petites cartes postales de ses peintures encadrées chez moi. →Y a-t-il un autre thème qui te fascine et qui pourrait devenir ta nouvelle lubie en dessin dans le futur ? Les scènes de baignade, j’ai fait quelques dessins de ce type en revenant de vacances. Les paysages plus naturels avec plusieurs personnages m’inspirent.


👀 dans une petite chambre de station de ski du Jura en janvier 2019. La blancheur du paysage enneigé m’a probablement incité à travailler en couleurs. Puis peu à peu, j’ai découvert qu’il serait possible avec ce sujet de travailler à la fois sur les variétés infinies des oiseaux et sur les potentialités chromatiques des entrecroisements de lignes de couleur. » Qui dit série, dit forcément répétition, et c’est particulièrement visible sur le travail de Jochen Gerner. Dès lors, il faut y trouver matière à approfondir, multiplier les angles, ne jamais se lasser dans un travail qu’on eût imaginé redondant. La fin, ce petit mot si ambigu de trois lettres qui peut provoquer des sentiments ô combien contradictoires, n’a pas rimé avec rasle-bol pour Jochen Gerner non plus. « Lorsque le projet de livre est apparu avec les éditions B42, nous avons communément décidé qu’un ensemble de 200 oiseaux constituerait une volière d’une belle densité. Je suis donc allé avec beaucoup de plaisir jusqu’à ce nombre. Puis, ayant travaillé sur cette série depuis une vingtaine de mois, je n’ai pas pu m’arrêter brutalement. » Loin de pratiquer un acte machinal, Jochen a pris à bras-le-corps ce challenge et en a fait un parfait prétexte à l’exercice et à l’expérimentation. « Peu à peu, j’ai entrevu les nouvelles possibilités de superpositions chromatiques. Mais le but n’était pas d’aller dans une direction toujours plus technique et sophistiquée. Au contraire, je souhaitais très souvent limiter le nombre de couleurs employées pour parvenir à représenter certains oiseaux avec plus de sobriété. » Grâce à des archives iconographiques et aux scènes qu’il a observées tous les jours depuis sa fenêtre, Jochen a pu ainsi constituer une collection de drôles d’oiseaux allant du commun moineau aux spécimens exotiques les plus extraordinaires et étranges. Tombé amoureux de ces petits êtres à plumes, l’illustrateur nous avoue même avoir eu du mal à décrocher. « Il y a eu une période après la sortie du livre où j’ai dessiné encore quelques oiseaux, à la façon d’un sas de décompression. »

👀 Quelle était ton obsession enfant ? Les images, réelles ou mentales. → Quelle est-elle aujourd’hui ? L’image et l’écrit, l’imprimé. L’architecture, le monde animal, végétal et minéral. 👀 As-tu (eu) des collections ? Enfant, j’ai collectionné les écritures manuscrites de mes proches. Je collectionne aujourd’hui les carnets de dessin, dont j’épuise le stock en les utilisant. C’est donc une collection vivante et sans cesse renouvelée. → Quelle est celle que tu rêverais de posséder ? La collection d’ouvrages du Club des libraires de France (1954-1966) et du Club du meilleur livre (1952-1963). 👀 As-tu déjà idolâtré un·e artiste ? Si oui, lequel/laquelle ? Aucune idolâtrie. → Y a-t-il un autre thème qui te fascine et qui pourrait devenir ta nouvelle lubie en dessin dans le futur ? L’architecture brute et minimale.

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Au dessus : Illustrations de Jochen Gerner issues de l'ouvrage Les Oiseaux

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« j’ai découvert qu’il serait possible avec ce sujet de travailler à la fois sur les variétés infinies des oiseaux et sur les potentialités chromatiques des entrecroisements de lignes de couleur. »


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L’ouverture de quelques pochettes cartonnées rangées au fond du buffet de chez papa-maman suffit à fournir à l’illustratrice une source infinie d’inspiration.

Comme Pauline di Valentin, Marie Baudet est venue assez naturellement au sujet qui allait l’obséder : les vieilles photos de famille. Ici, l’ouverture de quelques pochettes cartonnées rangées au fond du buffet de chez papa-maman suffit à fournir à l’illustratrice une source infinie d’inspiration. Comme les parents avaient le clic facile à cette époque, les personnages, les paysages et la gamme colorimétrique sont donc naturellement différents d’une photo à l’autre et permettent à Marie de se diversifier dans ses illustrations, tout en gardant le même fil conducteur. Néanmoins, l’illustratrice a ressenti le besoin de s’essayer à de nouvelles techniques. « Dernièrement, je me suis orientée vers la peinture à l’huile. C’est une vraie technique difficile à maîtriser mais c’est un truc qui m’a vraiment plu. » Après avoir dessiné des dizaines et des dizaines de personnages sans visages, l’illustratrice veut également faire prendre à son art un tournant plus narratif. « Bien que j’adore faire des scènes uniques, comme ça, sur lesquelles on peut s’inventer des histoires, j’ai voulu aller plus loin dans le fait de raconter. On s’est lancé avec un ami dans l’écriture d’une bande dessinée. » Aujourd’hui, Marie alias Hyperbaudet se consacre donc à une BD qui l’a fait s’éloigner petit à petit de sa série familiale, après une exposition chez Arts Factory comme climax. « Je passe un peu à autre chose avec la BD, mais en même temps je ne dis pas que c’est fini. J’ai du mal à prendre de grandes décisions comme ça. Mais c’est vrai que j’en fais beaucoup moins et j’ai l’envie de me tourner vers d’autres projets. »

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C’est une exposition qui a également permis de sublimer la série obsessionnelle d’illustrations de Romain Figaro. Motivé par l’idée de tapisser les murs d’une galerie nantaise de vieilles bagnoles et de piscines, l’ancien étudiant des Arts Déco s’est attelé à la tâche. Comme Jochen Gerner capture à tout jamais les oiseaux croisés

Interview OBSESSION 👀 Quelle était ton obsession enfant ? Être actrice de cinéma. En toute simplicité. → Quelle est-elle aujourd’hui ? Le futur (l’obsession du passé étant plutôt réglée depuis que je l’ai peint). Sinon, plus léger, j’ai un retour de crush, 25 ans après, pour Friends, la série des années 1990. 👀 As-tu (eu) des collections ? Les objets et les ouvrages sur Marilyn Monroe et JFK : ça a été une véritable obsession, j’ai été passionnée par l’enquête sur la mort de Marilyn, je suis allée voir sa maison et sa tombe à Los Angeles, et cela m’a conduit à une fixette sur l’assassinat de Kennedy après. Une amie m’avait même offert le Paris-Match de l’époque avec Lee Harvey Oswald (le tueur désigné) en couverture, belle pièce de collection que j’ai toujours ! → Quelle est celle que tu rêverais de posséder ? Une collection de pied-à-terre, peut-être ? Je suis de moins en moins attachée au matériel, j’avais une bibliothèque remplie d’une belle collection de livres de poche que j’avais amassée avec cœur pendant ma « vingtaine intello » et que je viens de jeter, et ça m’a fait du bien ! 👀 As-tu déjà idolâtré un·e artiste ? Si oui, lequel/laquelle ? Je n’ai « idôlatré » qu’enfant, après je suis devenue admirative raisonnable. Donc, Marilyn Monroe : j’avais les VHS de ses films, des CD, je me déguisais et l’imitais, je ne trouve pas que ce soit une bonne ref à prendre pour modèle, mais bon, c’est fait :) → Y a-t-il un autre thème qui te fascine et qui pourrait devenir ta nouvelle lubie en dessin dans le futur ? Les visages, ma passion première. J’avais choisi de ne plus en faire pour déconstruire mes acquis, mais j’adore retenir les détails des visages des gens, je le fais sans y penser depuis toujours.


👀 53 — DOSSIER

« J’ai du mal à prendre de grandes décisions comme ça. Mais c’est vrai que j’en fais beaucoup moins et j’ai l’envie de me tourner vers d’autres projets »

dans son jardin, Pauline Di Valentin, les objets qu’elle affectionne dans ses peintures, et Marie Baudet les précieux instants passés en famille, Romain Figaro veut immortaliser ses fantasmes d’enfant avec la série Crash. « Je me dis “tiens, cette voiture-là, je l’aurai jamais, mais si je la dessine, c’est un peu une manière de me l’approprier”. C’est comme quand le mec de Dragon Ball Z dessinait les petites R5 GT Turbo. Dans une interview, il expliquait qu’il ne se les procurerait jamais mais qu’il avait l’impression que c’était à lui en les dessinant. » Pour autant, la phase « voiture piscine » de l’illustrateur en est une parmi tant d’autres. « Cette série était vraiment liée à l’expo et je l’avais faite en dernière minute. Ensuite, je voulais changer mais je n’étais pas si éloigné car des gens avaient vu ce travail et me demandaient des choses qui s’en rapprochent. J’ai marqué une petite pause histoire de, car j’avais envie de toucher à d’autres trucs à un moment. » Pour Romain, pas de temporalité précise, tout est une affaire d’envie. « Moi, ma manière de bosser est un peu en dents de scie. Je vais pas au bout, je m’arrête, je reviens. » Grand bien lui en fasse d’ailleurs, car voulant consacrer ses efforts sur les personnages récemment, le fan de bolides n’a pas pu s’empêcher de faire une petite sortie de route pour dessiner un avion qui se crashe dans les airs. « Je me suis dit que j’irais peut-être plus loin et que je mettrais un avion qui se crashe dans une piscine. Mais il faut quand même une très grande baraque. »

« Je me suis dit que j’irais peut-être plus loin et que je mettrais un avion qui se crashe dans une piscine. Mais il faut quand même une très grande baraque. »

Comme quoi, comme pour les Départ’Aimants, même si on essaye de passer à autre chose, on ne refusera jamais ce fichu Territoire de Belfort manquant à notre collection.

De haut en bas : Alfa, Papa, Pauline et moi, Le chappy, Pauline et moi, Sophie, Julien, Papa, Hyperbaudet Page de gauche : Album de Famille, anniversaire mémé, de Hyperbaudet

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→ Textes et propos recueillis par : É. Quittet & M.Gueugneau → Mise en page : A. Avice


👀 INVITATION — 54

Cet air qui m'obsède jour et nuit

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Docteure en philosophie, journaliste pour Libération et Philosophie Magazine, artiste sous le nom de La Féline et auteure du savoureux La Dialectique de la Pop, Agnès Gayraud nous avait forcément tapé dans l'œil. Trop curieux, nous avons fait appel à ses connaissances débordantes pour savoir pourquoi certains morceaux nous rendaient complétement zinzins.


👀 55 — INVITATION KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

Qui n’a jamais éprouvé la puissance de certains airs, accompagnés ou pas de leurs paroles, à venir se réitérer d’eux-mêmes dans nos têtes, avec une insistance parfois encombrante ? Le earworm, ver musical ou ver d’oreille est une figure bien connue de la musique populaire et de la psycho-acoustique, voire des sciences de la cognition. Peut-être en avez-vous un jour éprouvé les symptômes : la petite voix de Freddy Mercury dans « Under Pressure » collée comme un lutin malfaisant à votre lobe temporal, ou bien le « aouah-aouah » suivi d’une voix de speaker lointain dont vous ne discernez même pas le texte dans « Video Killed the Radio Star » des Buggles vissé en sommet du front, ou encore un gimmick sonore entier baignant votre cerveau impuissant le temps d’une nuit d’insomnie ? Dans le roman d’Alfred Bester, L’homme démoli, un roman d’anticipation des années 50, un meurtrier dissimule son acte à des enquêteurs télépathes en se répétant obstinément une chanson enfantine — la chanson de la sardine. Les paroles sont systématiques, l’air répétitif. Sa mémorisation est aussi rapide que son oubli est difficile. Dans le roman, cette simple chansonnette devient un bouclier psychique puissant. Si l’obsession est une obstruction mentale par une représentation (sonore ou visuelle) faisant éternellement retour à la surface de notre conscience, certaines phrases musicales s’y prêtent suprêmement. À un certain degré de réalisme ou de cynisme industriel, la pop tout entière mise sur cette puissance de colonisation mémorielle des mélodies qu’elle vend. Faire un hit, c’est toujours chercher à « occuper des zones de mémoire restées vacantes 1 » écrivaient Bill Drummond et Jimmy Cauty dans leur « manuel du hit facile », The Manual. Et ce n’est pas nouveau, c’est aussi vieux que la chanson populaire. « Cet air qui m'obsède jour et nuit », chantait Edith Piaf, dans « Padam… Padam… », chanson écrite par Henri Contet sur un air de Norbert Glanzberg, parue en 1951. « Il arrive en courant derrière moi/ Il me fait le coup du souviens-toi ». Elle parle ici des souvenirs mais aussi bien du désir d’éternel retour qui couve dans toutes les chansons à succès. Combien de fois dans un tube, entend-on énoncées des injonctions explicites à la répétition ? « Do it again », « one more time », jusqu’à l’évocation performative, auto-réalisatrice, de l’addiction insatiable — « I Just Can’t Get Enough » (Depeche Mode, 1981), voire de l’intoxication (le « Toxic » de Britney Spears, en 2004). Mais les paroles de « Padam… Padam… » nous en apprennent encore davantage,


👀 INVITATION — 56 KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

évoquant par exemple la manière dont l’obsession individuelle puise, au-delà de l’individu, dans les profondeurs de la mémoire collective : « Cet air n'est pas né d'aujourd'hui Il vient d'aussi loin que je viens trainer par cent mille musiciens » Obsédantes, au sens où elles s’imposent à notre psychisme, les chansons à succès ont cette puissance de réveiller une mémoire qui transcende la mémoire individuelle, comme si c’était cette force collective (solidement arrimée à la technique industrielle bien connue du matraquage) qui nous forçait à y succomber. Dans ses études sur la radio remontant au tout début des années 40, Theodor Adorno avait perçu avec justesse qu’il y a dans le plaisir musical qu’on associe aux chansons populaires, un plaisir essentiel de reconnaître, au point que le plaisir musical s’y réduit tout entier à un plaisir de la reconnaissance. Pourquoi aimes-tu ce morceau ? C’est-àdire, pourquoi désires-tu l’écouter encore et encore ? Parce que je le reconnais. Trêve d’arguments esthétiques, l’argument de fond est cognitif. Voilà pourquoi comme le relève encore 70 ans plus tard John Seabrook à propos des hits des années 2010 (Note : Hits ! La Fabrique des tubes, La Découverte), des chansons qui peuvent sembler insupportables à la première écoute finissent par être appréciées après de multiples réécoutes. Ne dites pas que ça ne vous est jamais arrivé. Mais alors, il n’est plus question d’un ver d’oreille qui vient vous chatouiller les tympans d’une manière plus ou moins agaçante : vous avez envie de réentendre la chanson, vous désirez sa réitération, un peu, beaucoup, indéfiniment. Et « cet air qui sait tout par cœur », comme le chante Piaf, n’est plus seulement un air qu’on sait et que l’on reconnaît, mais, « cet air qui m’a reconnu » : il happe à ce point notre esprit qu’il devient lui-même subjectivité, activant la réponse pavlovienne des auditeurs à ses effets de séduction. Bien au-delà de la paranoïa solipsiste dans laquelle vous enferme le ver d’oreille, sorte d’avatar musical de l’acouphène, l’obsession pour un tube demande que la musique résonne, elle nous pousse à l’action, vers la touche « play » et puis « repeat ». Dans un article du New York Times du 6 mars 1994, « A Love Song That Some Love to Hate », Sarah Lyall raconte deux anecdotes édifiantes à ce propos : « À Kennington, en Angleterre, des diffusions répétées de la chanson « I Will Always Love You » interprétée par Whitney Houston, rendue immensément populaire par le film The Bodyguard sorti un an plus tôt), ont poussée Joan Hall, une mère de deux enfants, de 31 ans, à débouler dans l’appartement de ses voisins, à jeter la chaîne stéréo et les enceintes dans la rue par la fenêtre. (…) En octobre, une jeune femme de Middlebrough County âgée de vingt ans, a semble-t-il été


👀 « Nous savons tous que la pop ne va pas sauver le monde, mais [qu’] elle permet, indéniablement, de créer un système de remplissage pour les banques de mémoire (a filling system for the memory banks). »

Visuels dans l'ordre d'apparition : Queen & David Bowie – Under Pressure, 1981 / The Buggles – Video Killed the Radio Star, 1979 / Bester Alfred – L’homme démoli, Paris, Editions Denoël, 1953 / Cauty Jimmy et Drummond Bill – The Manual (How to Have a Number One the Easy Way), Royaume-Uni, KLF Publications, 1988 / Edith Piaf – Padam… Padam, 1951 / Depeche Mode – I Just Can’t Get Enough, 1981 / Britney Spears – Toxic, 2004 / Seabrook John – Hits ! La Fabrique des tubes planétaires, Paris, La Découverte, 2016 / Whitney Houston – I Will Always Love You, 1992 / Reynolds Simon – Retromania, Le Mot et le Reste, 2012 / Prince - Sign o' the Times, 1987

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57 — INVITATION

condamnée à sept jours de prison pour avoir joué « I Will Always Love You » si fort et si souvent que ses voisins se sont plaints de torture psychologique. » Tentative d’assouvissement d’un désir insatiable pour les uns, le phénomène est torture psychologique pour les autres. Car aimer le morceau, c’est vouloir le réentendre, retrouver le match entre votre obsession et les évènements acoustiques se déroulant de A à Z dans une succession que votre psychisme a appris à intégralement anticiper. « Un jour cet air me rendra folle/Cent fois j'ai voulu dire pourquoi/Mais il m'a coupé la parole/Il parle toujours avant moi/Et sa voix couvre ma voix » (toujours Piaf ) : voilà que la fanfare réelle l’emporte sur la voix intérieure, une musique qui semble paradoxalement procéder de notre mémoire se met à résonner à plein volume hors de nous. Et c’est bien ce recouvrement (quand ils « couvrent » ma voix) que l’on désire avec les enregistrements pop chargés de détails, de couleurs sonores qu’on ne saurait bien sûr reproduire dans toutes leurs nuances en se contenant de chanter sous la douche. La radio qui, jusqu’à une certaine époque, jouait les titres sans que l’auditeur anticipe leur diffusion, comme un phénomène de retrouvailles (organisées), pouvait renforcer le plaisir de ce « match » entre notre cerveau et le monde audible. Il est moins sûr que nos nouveaux modes d’écoute se prêtent aussi bien à ce ravissement. Réfléchissant sur les effets du mode shuffle de son iPod dans les années 2000 — mais cela marche aussi avec notre expérience du streaming des années 2020 — Simon Reynolds relevait ce fait étrange : dans la disponibilité constante de la musique, l’auditeur a le plaisir d’accéder potentiellement à tout certes, mais au fond, : « l’obsession n’est pas tolérée » car « elle affirme un objet du désir irremplaçable et rejette la notion d’ ‘un de perdu, dix de retrouvés’ » (Note : S. Reynolds, Retromania, Le Mot et Le Reste, p. 156). Si l’air qui m’obsède change de forme aussi vite que Spotify enchaîne sur un nouveau morceau pré-sélectionné par l’algorithme, la puissance obsessionnelle décrite par Piaf s’en tire sans doute avec un peu de plomb dans l’aile. Une seule issue : que la charge de l’obsession nous revienne, non par aliénation à un matraquage imposé mais par écoute choisie, cultivée, et fidélité à la sidération que certaines musiques peuvent nous inspirer. Sur ce, je m’en vais me repasser « Sign O’The Times » de Prince qui me hante depuis trois jours.


Livres de cuisine. L’obsession n’a pas de prix. Mathieu Nicol, consultant en photographie, a partagé sa collection de livres de cuisine édités entre 1950 et 1980, en France principalement, dans le n° 6 de Profane (printemps-été 2018). Boulimique. Ces ouvrages copieux nourrissent autrement son rapport à l’image, car il goûte le fait qu’ils deviennent des livres de photo sans le savoir. Pas sûr cependant qu’ils lui inspirent des recettes actuelles, à l’ère vegan et sans gluten.

1.

Livres illustrés du savoir pour enfants. L’obsession n’a pas de prix. L’artiste Maximilien Pellet a partagé sa collection d’encyclopédies jeunesse du savoir dans le n° 12 de Profane (printempsété 2021). Quand le monde, les sciences, la vie, sont dessinés et expliqués aux enfants. Les formes produites avec pédagogie n’ont cessé de l’accompagner, jusque dans sa propre pratique de production d’images.

2.

Archisaccuplastikophilie, numéro hors- série Profane, édition Cercle Profane, 128 p., 30 euros. Spéciale dédicace. Profane a eu la joie de publier son premier hors-série en 2018, entièrement consacré à un objet, le sac plastique, et uniquement quand il est orné d’un motif architectural. Sous la houlette d’Éric Monin, prof d’archi et collectionneur des-dits pochons, ce sont 50 spécimens photographiés par Audrey Corregan et approchés par 50 contributeurs, tous liés à la discipline, qui parlent sans faiblir de ce contenant qui appartient désormais au passé.

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4.

Seascapes, Paul Rousteau, éditions Loose Joints, 37 euros. Le photographe Paul Rousteau est un contributeur images régulier et fidèle de la revue. Il vient de publier un livre de photographies consacré aux paysages marins, alors qu’il était en résidence sur un bateau au large de la mer de Corail en Australie. Des horizons sans fin dont il s’empare à l’infini, en multipliant les jeux de lumière, de couleur, de distorsion.

3.

Le gazouillis des éléphants, Bruno Montpied, Éditions du Sandre, 936 pages, 39 euros. Bruno Montpied est un mordu d’art brut, rencontré sur son site Le Poignard subtil. Il a rassemblé dans un livre somme, après 30 ans de recherches à travers la France, des environnements à la frontière des jardins, musées de plein air et personnels, créations végétales ou minérales inattendues et autodidactes… Une balade inédite sur le bord des départementales, des lieux -dits et des hameaux.

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👀 LA BIBLIOTHÈQUE IDÉALE — 58

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59 — LA BIBLIOTHÈQUE IDÉALE

Pour notre plus grand plaisir, la revue Profane révèle au grand jour les petites et grandes passions des humains de cette planète. Persuadés que l’équipe derrière la revue a elle aussi de jolies collections à nous montrer, nous lui avons demandé sa bibliothèque idéale sur le thème de l’obsession. On y trouve des livres dédiés à un seul sujet. Forcément. Un centre d’intérêt unique qui, dans le vertige des pages, finit par contenir le monde entier. Ad libitum. »

Collection Too many Pictures / @vintage_food_ photography

2.

3.

5.

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4.


👀 CITATION — 60

« We are « Chère Obsession, pourrais-tu avoir la gentillesse de me sauver de moi-même ? Sinon je mets les pieds dans

consumers. l'eau et les doigts dans la prise. Il existe une chose qui est pire que d'être avec toi : c'est d'être sans toi. Reviens.

We’re the bySi tu reviens, je t'offre une New Beetle. Bon, d'accord, c'est un peu con comme proposition mais c'est de ta

products of a faute : depuis que tu es partie, je deviens de plus en plus sérieux. Je me suis aperçu qu'il n'existait pas d'autre

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lifestyle obsession.  » fille comme toi. Et j'en ai conclu que je t'aimais. » Fréderic Beigbeider in 99 Francs

Tyler in Fight Club


👀 Sisqo - « Thong Song » Le premier CD 1 titre que j’ai acheté ou peut-être volé, en fait, je sais plus. Je l’ai écouté 1 milliard de fois et je continue aujourd’hui. Le clip est bien évidemment culte.

N

DE

ÔM JÉR

Limp Bizkit - « Rollin '» Pareil, j’écoutais à fond dans le salon ou dans ma chambre. Sur le même album, on pouvait trouver la BO de Mission Impossible 2 qui pour moi est un classique du film d’action que j’adore voir au moins une fois par an.

IST OBSE S S IO

Queen - « Bohemian Rhapsody » Queen en général. C’est ma mère qui m’a fait découvrir ce groupe quand j’étais enfant, sans doute ma première claque, j’écoutais en boucle l’album dans le salon.

61 — PLAYLIST

LA YL LA P

De ses tutos jadis diffusés sur Canal+ aux chorégraphies effrénées offertes généreusement sur Instagram en passant par l’excellente émission La Ferme Jérôme sur MTV, on a toujours su déceler une petite part d’obsession chez Jérôme Niel. On était donc vachement curieux de savoir quels morceaux le hantaient depuis toujours. C’est chose faite.

E NIEL - LA PLAYL ON IST OBSESSI

D

E

BS E SSIO

→ Propos recueillis par : É. Quittet → Mise en page : D. Schmitt

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AYLIST OBSE S

Mariah Carey « Always Be my Baby » J’ai découvert Mariah Carey en primaire à des boums et depuis, elle ne m’a jamais quitté. Cette track est la meilleure de la terre pour moi, la manière qu’elle a de chanter làdessus, elle se balade. C’est trop facile la musique pour elle. Je trouve ça magique et je connais toutes les vibes de ce morceau par cœur.

PL

Modeselektor «  Who » Si tu danses pas làdessus en l’écoutant… je sais pas quoi te dire. Je crois que les festivals me manquent.

O

L

AYLIS DE JÉRÔME NIEL - L N O I S S E S T OB A

DE JÉRÔME NIEL - LA PLAYLIST

E NIEL

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J É RÔM

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Kid Cudi « Swim in the Light » Plus globalement tout l’album Passion, Pain and Demon Slayin’ qui est le meilleur album de l’année 2016. J’ai fait un séjour à Tokyo la même année et je l’écoutais en boucle en marchant le soir, découverte d’une ville et d’un nouvel album en même temps, ça a fait des Chocapic dans ma tête.

Voulzy - « Rockollection » Pour moi, c’est le morceau des vacances avec mes parents quand on descendait dans le Sud en voiture. À ça, tu peux rajouter Cabrel et Julien Clerc mais ce titre de Voulzy est absolument extraordinaire. C’est un génie.


👀 IMAGIER — 62

IMAGIER

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Les Icônes Son cerveau étant d’une efficacité remarquable dans la fabrication du n’importe quoi, l’être humain dispose d’une multitude d’obsessions dans lesquelles enterrer sa raison. Pourtant, il se tourne perpétuellement vers les mêmes. Ainsi, tout le monde est fan. Tout le monde vénère un de ces demi-dieux, vivant parmi les vivants, ayant su s’extraire de sa considération misérable pour planer au-dessus de la masse. Oui, les hommes et les femmes de ce monde n’aiment rien d’autre que d’être à genoux devant l’un ou l’une de leurs congénères sous le prétexte d’une bonne chanson, d’une gueule jolie ou d’un coup droit slicé. Les illustrateurs et illustratrices ne sont pas à la traîne sur ce sujet-là et il leur arrive, parfois, de partager avec nous leur amour transi pour le célèbre. Comment ? En le dessinant, évidemment. Nous avons essayé de rassembler quelquesunes de ces icônes modernes non seulement dans les pages qui suivent, mais également dans un imagier bien plus étoffé, que vous pourrez retrouver dans toutes les bonnes librairies.


👀 63 — IMAGIER

instagram.com/antoinemaillardcomics

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Antoine Maillard | Britney Spears


👀 IMAGIER — 64 KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

Morgane Fadanelli | Frida Kahlo cargocollective.com/morganefadanelli


👀 65 — IMAGIER

kristinatzekova.be

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Kristina Tzekova | Kate Bush


👀 IMAGIER — 66 KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

Natacha Paschal | Les Kardashian natachapaschal.com


👀 67 — IMAGIER

pierremornet.com

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Pierre Mornet | Greta Thunberg


👀 IMAGIER — 68 KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

Chester Holme | Zinedine Zidane chesterholme.co.uk


👀 69 — IMAGIER

shunpei-kamiya.tumblr.com

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Shunpei Kamiya | Andy Warhol & Pablo Picasso


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Paul Lannes | Johnny Hallyday

paul-lannes.com

IMAGIER — 70

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Lic. n°1-1078645-48/2-1078649/3-1078650 / Illustration : Jérôme Dubois / Graphisme : studio Vost

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Print par Maxime Gueugneau

e d i V d n a r Le G

👀 73 — SÉLECTION PRINT

> Sélection Kiblind

EXODE ■ Faut-il quitter la grande ville ? Voilà une question à

laquelle a déjà répondu Manel Naher, jeune femme saoulée par l’économie absurde sur laquelle repose la mégalopole qu’elle habite. Dans ce labyrinthe de tours et de routes, seule compte la notoriété – ou « présence » – sans laquelle vos forces s’affaiblissent jusqu’à une mort certaine. Alors votre nom doit s’afficher partout, vous devez être de toutes les fêtes, imprégner toutes les mémoires sous peine d’être oublié et, bientôt, de disparaître. Mais sortir des frontières de la ville et plonger dans le Grand Vide, c’est prendre le risque que rien ne s’y passe, que rien ne survive. Voilà le topo de la brillante dystopie que nous livre Léa Murawiec, voilà comment elle entre dans le monde de la bande dessinée, voilà comment elle en défonce la porte. À dire vrai, nous avions déjà croisé le travail de cette ancienne de l’EESI d’Angoulême. Membre du collectif Flûtiste, elle avait déjà fait tournebouler nos pupilles grâce aux petits récits qu’elle publiait dans les fanzines dudit collectif mais aussi via l’autoédition (il faut jeter un œil à ses Inktober 2017 et 2018, absolument renversants). La retrouver sur un format long et un projet fignolé pendant deux ans jusque dans ses moindres recoins est un plaisir qu’il ne faut pas bouder. On y retrouve en premier lieu la magie du dessin, dont elle seule connaît la formule. Empruntant au manga pour le dynamisme, à la ligne claire pour ses décors et à l’animation cartoon pour ses personnages, Léa Murawiec se concocte un style bien à elle dont le graphisme dépote aussi bien sur les grandes illustrations que sur les découpages plus resserrés. Les pages explosent sous ses coups de boutoir sans pour autant troubler la lecture. Et c’est l’histoire qui en devient plus prenante, et c’est nous qui dévorons les pages, courant dans les pas de Manel Naher à travers ce monde qui pioche sa folie individualiste dans nos sociétés soi-disant gouvernées par la raison. Les parallèles avec notre présent sont nombreux mais peut-être faut-il simplement les oublier et se laisser plonger dans le grand bain. La vague du Grand Vide risque alors de vous emmener très très loin. → Le Grand Vide de Léa Murawiec, éditions 2024, 200 pages, 25 € → editions2024.com

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👀 SÉLECTION PRINT — 74

Écoute, jolie Márcia RÉEL ■ Les favelas forment pour nous une sorte de

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mythe global, un spectacle flou fait d’ultra-violence quotidienne et de chaos urbain. En réalité, le quotidien, la vie réelle des gens, les drames intimes qui s’y nouent, nous n’en savons rien. C’est ici le sujet d’Écoute, jolie Márcia, dernier livre du Brésilien Marcello Quintanilha. Dans son livre, Marcello Quintanilha nous raconte l’histoire de Márcia. Márcia vit dans un de ces quartiers de Rio où les caïds font régner une loi toute particulière et très peu respectueuse des citoyens. Au milieu de tout ça, Márcia se débrouille comme elle peut avec son métier d’infirmière, son deuxième mari et sa fille, Jaqueline. Mais la descendance n’est pas de tout repos : cul et chemise avec les voyous du quartier, Jaqueline n’en fait qu’à sa tête au point de prendre des risques déments pour elle et sa famille. Dans une atmosphère pourtant propice à la bouche bée et au spectaculaire, Marcello Quintanilha prend le lecteur par les sentiments. Aux couleurs chatoyantes et au dessin de peu de traits répond une réalité plus complexe où l’humanité tente tant bien que mal de se frayer un chemin. Écoute, jolie Márcia réussit à faire entendre ces voix rendues muettes par le vocable fourre-tout de favela et, au milieu du bitume, parvient à faire éclore les émotions. Le réel se déploie là, sous nos yeux, et rend une âme à ces millions de Brésiliens trop souvent déshumanisés par la couche de légendes qui les étouffe. → Écoute, jolie Márcia de Marcello Quintanilha, éditions Çà et Là, 128 pages, 22 €. → caetla.fr

La

Falaise EMPORTÉ ■

À l’adolescence, la vie nous percute par trop d’intensité. Comme si, après s’être délassé dans un cocon si douillet, on ouvrait soudain la porte sur la lumière et le froid, nous laissant aveuglé et transi. Avec son premier album La Falaise, Manon Debaye vient se confronter brillamment à ce trop-plein qui caractérise ces années-là, avec un respect infini pour celles et ceux qui la vivent et luttent contre cette avalanche de sentiments. Charlie et Astrid ont treize ans et rien ne semble les rapprocher. La première, plutôt populaire et respectée, est rongée par une colère que rien ne raisonne, s’en prenant à sa mère, à ses amis et surtout à elle-même, cette personne dont elle ne semble plus tolérer les incohérences. Astrid, elle, est une solitaire, brimée par ses camarades et comme étrangère au monde qui l’entoure. La bande dessinée de Manon Debaye commence pourtant par un pacte de sang entre elles deux, scellant le serment de se suicider à la fin de la semaine, en sautant ensemble d’une falaise. Cette approche des errements de l’adolescence par leur extrême le plus dramatique permet à l’autrice de mettre directement la tête du lecteur sous l’eau de ce chaos émotionnel. Il n’est nulle part question de relativiser les doutes de cette période, de se dire que ce n’est pas grave. Ce fracas qui leur tombe dessus est une épreuve humaine comme il en existe peu dans la vie et l’album nous emporte dans la tempête qui se forme sous ces crânes juvéniles. Pourtant, la violence est ici contenue, les actes n’étant que des révélateurs de mal-être. Manon Debaye, grâce à un dessin doux, presque candide – quoique sublime – et à un découpage qui sait jouer de la décélération, navigue sur ces eaux tumultueuses avec la maîtrise des vieux sages. Les sentiments se transmettent de la page jusqu’au spectateur qui, sans qu’on lui hurle le tragique dans l’oreille, en vient à faire corps avec le désespoir de ces deux jeunes filles que seule l’impossibilité de vivre rassemble. La Falaise est un livre aussi puissant qu’intelligent. → La Falaise de Manon Debaye, Sarbacane, 160 pages, 25 € → editions-sarbacane. com


👀 Bien sûr, globalement, c’est pas ouf. Mais les petites poches de bonheur qu’il nous reste se portent quand même vachement bien. L’édition française de mangas est ainsi l’un de ces ravissements qui nous font dire que si tout est foutu, il nous restera de sacrés bons livres pour passer le temps jusqu’à la fin du monde. Car, dans le sillage des blockbusters récents et d’un intérêt toujours plus fort pour le médium, éclosent çà et là de petites perles piochées dans la longue et méconnue (en France) histoire de la bande dessinée japonaise. La traduction de Destination Terra de Keiko Takemiya par les éditions NaBan est certainement l’une des plus belles perles permises par ce foisonnement éditorial. Initialement publiée entre 1977 et 1980, l’œuvre est en effet de type culte, écrite par une femme qui n’aimait rien tant que briser les codes. Membre du Groupe de l’an 24, un gang d’autrices qui a subverti les règles très masculines du manga, elle réalise avec Destination Terra une œuvre hybride, complexe et pionnière. Spécialiste du shōjo (manga pour fille), on lui demande de réaliser cette fois un shōnen (manga pour garçon). Pas de souci pour Keiko Takemiya qui en profitera pour rassembler les forces des deux genres dans une même histoire. Ici, l’action ne se fait pas sans réflexion et l’introspection des personnages leur donne ce qu’il faut de profondeur pour provoquer l’empathie. Mais Destination Terra est aussi et avant tout une histoire. Les humains, ayant détruit Terra à force de surexploitation des ressources, sont partis dans les étoiles et ont confié leur pensée et leur destin à des super-ordinateurs. Une poignée de personnes, ne correspondant pas aux critères émis par les machines, se voit contrainte à la clandestinité. Mais la révolution gronde. Entre écologie, inclusivité et lutte pour le libre arbitre, Destination Terra parvient à poser un discours alors novateur – et aujourd’hui terriblement d’actualité – grâce à une forme bluffante aussi bien dans le dessin que dans la composition des pages. Le tout instillé dans une épopée aussi captivante qu’innovatrice. Le plus fou, c’est que ça ait 40 ans. → Destination Terra t. 1 de Keiko Takemiya, NaBan éditions, 350 pages, 12 €. → naban-editions.com

KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

SOLIPSISME ■ Ah bah, tiens, ça faisait longtemps. Depuis cette époque à la fois un peu triste mais pas trop, au cours de laquelle apparaissent les premiers boutons d’acné et disparaît l’innocence. Ce temps où la frustration ne pouvait pas encore se déverser dans les jeux vidéo. Cette période qui comptait peu d’amis et beaucoup d’ennui. Ces moments où, alors, il ne restait plus qu’à se croire investi d’une mission, devenir un héros et bouquiner passionnément ces fameux livres dont vous êtes le héros. Heureusement, Étienne Beck a de la mémoire et en profite pour vous replonger dans ces heures de gloire factice durant lesquels la masse de votre courage immense ne pesait pas lourd face aux cadavres de vous-mêmes que vous laissiez au bord du chemin. Mad Maxi-Jack, c’est le bain de jouvence. La BD – appelons-la comme ça – d’Étienne Beck reprend donc ce principe du livre à choix multiples avec, à la fin de chaque planche, une décision à prendre qui vous amènera vers la gloire ou bien vers la mort. Mais ne vous attendez pas trop à retrouver le kitsch des années fastes, avec des dessins passés à la brillantine et des kilos de bravoure. La peinture grotesque d’Étienne Beck augmentée de couleurs chaleureuses s’accompagne d’une histoire qui va cahin-caha avec un héros fort en muscles et manie aussi bien la pendaison pénienne et les dinosaures mutants que le système judiciaire post-apocalyptique. Tout dépend évidemment des chemins que vous prendrez. Une chose est sûre, c’est que la tranche que vous allez vous payer sera bonne, très bonne, dans ce livre qui n’hésite pas à s’empaler sur l’absurde. En prenant comme terrain de jeu un monde où tout est à refaire, Étienne Beck ne pose aucune limite à son imaginaire qu’il a, sans aucun doute, très développé. De toute façon, il s’en fout, puisque dans le livre dont vous êtes le héros, tout est de votre faute. → Mad Maxi-Jack d’Étienne Beck, Frémok, 424 pages, 32 € → fremok.org

ÉCHAPPÉE ■ Nous vivons une époque formidable.

75 — SÉLECTION PRINT

Mad Maxi-Jack : Les Chemins de la rédemption

Destination Terra t. 1


👀 SÉLECTION PRINT — 76 KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

e h c n a Rev SPAGHETTI ■ Le Far West américain est une sale histoire mais diablement bien racontée. Alex Baladi n’est pas le premier à se pencher sur cet espace-temps au cours duquel la civilisation et le chaos ont joyeusement débattu. Le dessinateur suisse ne s’en cache d’ailleurs pas, en postface de Revanche : ce livre lui a été inspiré par la masse de prédécesseurs cinéastes qui ont poncé le sujet, de Sergio Leone à Sergio Cobucci pour ne citer que les illustres Italiens. Oui mais voilà : la BD, selon lui, n’a jamais réussi à s’adapter au genre. Comme on n’est jamais mieux servi que par qui on sait, Alex Baladi s’y est mis, et plutôt bien mis. Revanche nous met le nez dans une histoire en cours, dans laquelle le meurtre a déjà eu lieu et le méchant a été arrêté. Bah alors ? Qu’estce qu’il reste ? La narration des faits, bien évidemment, menée par un taulard qui en a gros, et leurs conséquences dans une ville où le bordel est le nœud central d’un écheveau de mystères. Car le prisonnier n’est pas le seul à se sentir enfermé dans le coin. Tous les personnages croisés semblent engoncés dans leur condition, leur genre ou leur position sociale. Et tous – ou plutôt toutes, les femmes étant au cœur du livre – rêvent de liberté. Pour figurer cette lutte entre une société qui naît et des individus qui veulent déjà en briser les chaînes, Alex Baladi use de ses traditionnels feutres noir et blanc et d’un talent décidément hors norme. Gaufrier éclaté, gros plans à gogo, et composition des pages non conventionnelle apportent à Revanche de quoi étirer le médium dans tous les sens. Le lecteur est pris au milieu de l’expérience, comme bouche bée. Car les tentatives de Baladi ne sont pas vaines : elles rendent hommage au western cinématographique autant qu’elles viennent construire une narration type « trois petits chats » pour construire en quelques pages un monde en soi et les vies intimes qui vont avec. Après Renégat et Robinson suisse, Alex Baladi revisite une nouvelle fois ses classiques pour les couvrir d’or. → Revanche d’Alex Baladi, The Hoochie Coochie, 240 pages, 28 € → thehoochiecoochie.com

Schappi BESTIAIRE ■ Les éditions Misma continuent leur bonne entente avec Anna Haifisch et ça nous fait du ravissement. Figure emblématique de la bande dessinée alternative allemande, la dessinatrice de Leipzig est de tous les bons coups germains, flirtant avec les éditions Rotopol aussi bien qu’avec le collectif Colorama. Deux de ses livres, The Artist 1 & 2, avaient, grâce aux frères Filliatre, pu traverser le Rhin et enchanter bon nombre de lecteurs français. Et nous sommes de ces épatés. Voilà pourquoi la joie se mêle à un intérêt soutenu alors qu’elle remet le couvert avec la maison d’éditions toulousaine. Cette fois, il s’agit de Schappi, un recueil de cinq fables animalières qui envoient évidemment de gros clins d’œil à la communauté des humains. Faites donc disparaître les bulles et cassez là le gaufrier : Anna Haifisch a besoin de place et de clarté pour raconter ses histoires. Les dessins sont ici de pleine page (voire double page) et le texte s’ajoute en cartouche, à l’instar des découpages anciens de la littérature dessinée. Et pourquoi pas, d’ailleurs, puisque l’artiste allemande rassemble ici de courtes historiettes où l’impact se fait d’abord par le dessin avant que la légende nous en contextualise le contenu. Et quel dessin. Anna Haifisch a l’art de maîtriser les contraires. Un trait fragile mais des images imposantes, aplats de couleurs vives mais techniques du noir et blanc, personnage burlesque mais décor minutieux, l’esthétique d’Anna Haifisch ne se lasse pas de mélanger les antipathies graphiques pour un résultat toujours plus somptueux. Ainsi séduits, nous pouvons nous laisser couler dans ces récits où le désespoir est permanent, le cynisme piquant et la poésie pas si loin que ça. Et l’on s’aperçoit, comme par hasard, que les animaux sont grosso modo aussi pathétiques que les humains. → Schappi de Anna Haifisch, Misma Éditions, 96 pages, 18 € → misma.fr


2022 SAISON

Illustrations Marion Lacourt

2021 UNE SAISON HEUREUSE ET FOISONNANTE ! SPECTACLES, EXPOSITIONS, FILMS ET FESTIVAL VIVA CINÉMA… Artistes associés Christophe Haleb (chorégraphe), Jean Luc Hervé (compositeur), Mariana Otero (cinéaste) Olé Khamchanla (chorégraphe)

infos et réservations

lux-valence.com

Spectacles Alban Richard, Hervé Robbe, Demoiselles d’Afrique, Nacera Belaza Mathilde Monnier, Quatuor Diotima, Denis Plassard, Benjamin Dupé, Vincent Peirani et Frédéric Paula …

Expositions Marion Lacourt, Serge Clément, Boris Labbé, Catherine Diverrès

LUX Scène nationale 36 Bd. du Général de Gaulle 26000 Valence


👀 SÉLECTION PRINT — 78 KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

Zénith INSOMNIES ■ María Medem ne s’embarrasse pas de vraisemblance. Dans chacune de ses œuvres, illustrations ou récits, elle nous pose au milieu de décors nus prêts à accueillir à leur aise les divagations du trait comme celles de la pensée. Au lecteur, ensuite, de se débrouiller avec ce qu’il se passe sous ses yeux, entre chocs graphiques et méandres émotionnels. Zénith, sortie chez les Espagnols de Apa Apa Cómics en 2018 et traduite en français cette rentrée chez Rackham, poursuit cette œuvre rare dans laquelle le surréalisme vient offrir son épaule aux esprits torturés. Après Échos, parue chez Fidèle Éditions, María Medem revient donc charmer la France pour la deuxième fois. De cette histoire au contexte flou, dans laquelle deux artistes mangent ensemble chaque midi, nous retiendrons deux choses : qu’ils dorment très mal et que cela permet à l’autrice de nous immerger dans un espace indéfini entre réalité, rêve et – pourquoi pas – hallucinations. Au milieu de tout ça, le lecteur fait son propre chemin, captant ici ou là des impressions, des ressentis, et tente de se plonger dans l’univers mental de ces créateurs aux prises avec l’incompréhensible. Rien n’est sûr, tout s’érode, se brise, coule entre nos doigts comme entre ceux des deux héros. Nous sommes avec eux, en ballottage dans une zone non identifiée, où la vérité n’a plus grande importance. Alternant les micro-vignettes et les grandes doubles pages, les détails et les vues larges, María Medem fignole pour son récit un rythme lent, quasi contemplatif, qu’un dessin fin et de larges aplats de couleurs épousent tout naturellement. La magie opère donc, encore, dans ce Zénith qui conjugue à merveille les deux grandes forces de la dessinatrice espagnole : la beauté du trait et la poésie du doute. → Zénith de María Medem, Éditions Rackham, 108 pages, 19 € → editions-rackham.com


👀

DES KIDZ

Catcheur d'Amour Ah… le catch. Quel grand sport, quelle épreuve redoutable et quels vêtements ! Aussi est-il bon d’en enseigner les arcanes à nos descendant·e·s et ce, dès le plus jeune âge. C’est pourquoi il ne faut pas hésiter une seconde à se munir du Catcheur d’Amour de Gala Vanson. D’une part, sa beauté vous laissera sans voix, la jeune autrice parisienne maîtrisant l’art du mix peinture-crayon à la perfection. Et d’autre part, elle sait aussi varier les rythmes, diversifier les angles, prendre de la hauteur, tout ça pour entretenir un suspense insoutenable quant à l’issue de cette confrontation entre ce diable de Catcheur d’Amour et la montagne Brique de Pierre. Et prenez garde au twist final, il est au moins aussi redoutable que les deux lutteurs. → Catcheur d’Amour de Gala Vanson, Seuil Jeunesse, 32 pages, 13,90 € → seuiljeunesse.com

Farandole Ce qu’il y a de bien avec Jérémie Fischer, c’est qu’il ne déçoit jamais. Chacun de ses livres réussit le tour de force d’allier beauté graphique et joliesse des mots. Ce Farandole, réalisé à l’occasion d’une invitation du Théâtre Gérard Philippe, pour accompagner la création Octobre à Saint-Denis de Maguy Marin, peut en attester. En partant d’une citation d’Achille Mbembe, l’auteur lyonnais rend visite aux langues du monde et aux territoires qui s’y rattachent. Dans un grand élan poétique, le voilà qui accompagne cette diversité linguistique d’une mixité des techniques, entre collage, trames et traits de stylo-bille. Comme toujours, les visuels laissent un peu de bave sur une bouche grande ouverte, et nous sommes bringuebalés, ébahis par cette ronde au rythme entraînant. → Farandole de Jérémie Fischer, Pan éditions, 36 pages, 15 € → editionspan.com

s e é d I Les de drôles sont e bestioles d

Pipistrelli

t. 2

Pour celles et ceux qui ont le bonheur d’être abonnés au journal Biscoto, Olive et ses copains ne vous sont pas inconnus. Ces petits rigolos en arpentent en effet les colonnes sous forme de petits feuilletons à retrouver tous les mois. Oui, mais l’embêtant avec ça, c’est précisément qu’il faut attendre 30 jours, voire même parfois 31, avant de connaître la suite de l’histoire. Rassurons-nous, la maison d’édition strasbourgeoise a l’excellente idée de regrouper tout ça en un bel et bon livre. Ce nouvel opus permet donc de retrouver les dessins graciles et l’humour potache (c’est vraiment hyper drôle) de Charlotte Pollet en découdre avec l’informatique en pleine nature. C’est très réussi, comme toujours. → Pipistrelli t. 2 – Alpha, Bêta, Plectrude de Charlotte Pollet, Biscoto, 72 pages, 15 € → biscotojournal.com

KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

Il y a une phrase qui ne cesse de poper dans le crâne à la lecture des Idées d’Isabelle Simler, c’est : « la vache, mais c’est trop beau, c’est pas possible, ouh lou lou ». Sans doute est-ce dû au dessin de l’autrice qui empile les traits aux couleurs luxuriantes et donne corps à des superbes créatures comme sorties d’un rêve. Pourtant, elles existent réellement. Sous l’excuse de faire la chasse aux idées, Isabelle Simler nous offre ici un superbe imagier animalier, dans lequel fennec et axolotl jouent le rôle de muses. À la poésie d’un texte s’engageant à la poursuite de l’imaginaire répondent donc ces bêtes grandioses qui incarnent l’évolution de la pensée et le processus de l’acte créatif. Magnifique. → Les Idées sont de drôles de bestioles d’Isabelle Simler, Éditions courtes et longues, 72 pages, 19,95 € → cleditions.com

79 — SÉLECTION PRINT

LE

IN CO


👀 SÉLECTION ANIMATION — 80 KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

MIAM MIAM ■ Marie Larrivé est entrée l’année dernière dans notre vie, en traversant la cour d’honneur puis en gravissant directement l’escalier impérial : d’abord avec une création originale réalisée pour le Kiblind #77 « Météo », puis avec une sublime illustration d’Étretat dans le cadre de notre série de posters Détours de France #2, imprimée en risographie à l’Atelier Kiblind. Grands sensibles, nous fûmes immédiatement emportés par la délicatesse des formes colorées, la subtilité des nuances, les couches d’aplats finement superposées, l’habileté de la peintre. Car c’est bien de peinture qu’il s’agit. Aujourd’hui on fête la sortie récente de son « premier » court-métrage d’animation, façonné avec les mêmes exigences de matière, le mouvement et la narration en plus : Noir-Soleil.

Les films de Marie Larrivé

Illustratrice et réalisatrice formée aux Arts Déco de Paris, Marie Larrivé est d’abord une littéraire passionnée de romans et de fictions. Elle aime Flaubert, particulièrement Madame Bovary pour le côté fait divers et la banalité qui s’installe dans l’histoire ; Philip Roth et ses description de quotidiens très simples ; Mrs Dalloway de Virginia Woolf, pour l’articulation des passages entre univers mental et progression de la fiction narrative ; le style de Sylvia Plath pour son expression de la mélancolie dont elle dotera le personnage de son film. « J’aime dans la littérature quand il y a une forme de tension et de suspense. » Le cinéma est également une source importante d’impressions, de sensations : le cinéma italien, ses déambulations et ses paysages ; Dario Argento pour ses couleurs improbables qui accompagnent un jeu entre réalité et fantasmagorie ; ou encore Vertigo d’Hitchcock. Ce goût pour la narration et les ambiances particulières explique pourquoi les œuvres de Marie Larrivé sont singulièrement narratives : « J’aimais déjà raconter des histoires avant de savoir dessiner. C’est en entrant en prépa aux Ateliers de Sèvres que je me suis mise à fond au dessin. Puis j’ai beaucoup expérimenté la technique aux Arts Déco, et suis revenue à la peinture par le simple plaisir de la sensation du pinceau sur une feuille de papier. » Et techniquement, elle s’exerce en réalisant un premier clip, avec Lucas Malbrun, pour Gablé : Tropicool (2016), entièrement à l’acrylique.

Cette même année va commencer sans qu’elle s’en aperçoive le travail sur Noir-Soleil. Elle travaille sur un projet de plusieurs peintures toutes inspirées d’un cadrage au style de photos de vacances, qui présentent à chaque fois une scène figée dans un paysage avec une catastrophe sur le point d’arriver. Baptisée Eldorado, cette série lui donna l’envie d’aller plus loin dans l’histoire et d’apporter du mouvement. « J’adore expérimenter visuellement à la peinture les gammes de couleurs et les nuances des paysages. Ça me donne toujours ensuite des envies d’histoires. Et j’avance petit à petit en travaillant les deux conjointement. » Noir-Soleil raconte une histoire ambiguë, perturbante et à double lecture, comme l’oxymore de son titre. Suite à un tremblement de terre à proximité de Naples, le cadavre d’un homme enseveli durant quarante ans remonte à la surface de l’eau et échoue dans la baie. Le processus d’identification du corps entraîne un père et sa fille jusque-là séparés à se rendre sur place, pour confirmer les liens de parenté par un test génétique. L’histoire est celle de leurs retrouvailles, du poids relationnel qui les assomme et de la distance émotionnelle qui les sépare. Tous les décors sont peints à la main sur papier, scannés, puis animés : on peut vraiment parler d’illustration en mouvement. Si bien que chaque plan est véritablement une peinture, avec un rôle graphique essentiel accordé aux paysages et au travail des ambiances. « Je voulais qu’on se sente comme devant une peinture, que les personnages soient fondus dans le décor, que les atmosphères aient plus d’importance, provoquent plus de sensations que les successions d’actions. Le décor, c’est la trace de l’action. Dans le film, c’est lui qui contient les souvenirs, la véritable histoire, ce qui va permettre à chacun d’interpréter librement l’issue. » Le tout soutenu par une nappe musicale extrêmement subtile de Pierre Oberkampf et Maël Oudin, qui accompagne discrètement le spectateur dans un songe d’entre-deux-mondes, comme une expérience cinématographique en peinture. Le film a commencé gentiment sa vie internationale en étant présenté en juin dernier à la Semaine de la Critique, et sera visible durant l’année aux quatre coins du globe dans les festivals internationaux et autres grandes manifestations de cinéma d’animation. → Plus d’images et de films de Marie Larrivé sur Kiblind.com → Crédits : Extraits de Noir-Soleil de Marie Larrivé Production : Eddy / Co-production : Respiro

Animation par Jean Tourette



👀 SÉLECTION MUSIQUE — 82

Molly Ka – A Martyr’s Lewis Reward

PUR ■ Vous connaissez ce sentiment de plénitude lorsqu’un disque arrive littéralement à vous sortir de vos activités et à arrêter le temps ? Plus rien ne compte, l’esprit est vidé, uniquement concentré sur la merveille qui vient à lui via les conduits auditifs. Voilà ce qui se passe quand on rencontre The Forgotten Edge. Ici, Molly Lewis nous emmène vers la musicalité la plus pure et précieuse : six titres instrumentaux parcourus par le sifflement ciselé de l’Australienne. En nous plongeant directement dans les grandes heures des BO de films signées Ennio Morricone, Lalo Schifrin et Alessandro Alessandroni, ce premier EP fait revivre une imagerie exaltante où latin jazz des années 1970, sonorités caribéennes et sud-américaines composent un tout parfait. Petit conseil donc : plutôt que de vous enquiller une boîte de D-Stress, écoutez donc en boucle The Forgotten Edge de Molly Lewis. → The Forgotten Edge (EP) de Molly Lewis • disponible chez Jagjaguwar → jagjaguwar.bandcamp.com

Cameroon Garage Funk CHALEUR ■ Lorsque le son distordu sort de la platine, fort et outrancier, qu’il s’élance ensuite pour poser la première pierre de la compilation Cameroon Garage Funk, nul ne mettrait un billet sur le fait qu’il nous vient tout droit d’une église. Et quand le morceau de Jean-Pierre Djeukam, qui inaugure ladite compilation, enfile ensuite son costume de tentateur funk, on se dit que la provocation est trop forte, que le loup est définitivement entré dans la bergerie et qu’il va y faire un carnage. Pourtant, on n’y peut rien, les seize morceaux de la compilation sortie par Analog Africa ont bel et bien été enregistrés par Monsieur Awono, technicien d’une église adventiste, au cœur du Yaoundé brûlant des années 70. Samy Ben Redjeb, tenancier du label allemand, est allé fouiller les bacs issus de ces enregistrements miraculeux, effectués alors que la capitale camerounaise manquait cruellement de studios. Après Pop Makossa il y a quatre ans, la maison francfortoise revient sur ces années de feu du Cameroun, quand le pays du Makossa pullulait de groupes, d’artistes et de créativité. Heureusement pour nous, le micro béni a pu enregistrer une partie de cette folie. → Cameroon Garage Funk (compilation) • disponible chez Analog Africa → analogafrica.com

KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

Ray Sapienz BOUM ■ Est-il vraiment étonnant que le label ougandais Nyege Nyege Tapes ait eu le vent en sur-poupe ces dernières années ? Non, car avec lui est arrivé à nos oreilles de tristes Européens les contours d’une musique nouvelle, exploratrice et incroyablement dansante. À l’intérieur de la grande maison des musiques électroniques, les artistes promus par Nyege Nyege ont défoncé des portes, trouvé des passages secrets, décoré à nouveau des salles oubliées. Ce fut alors une déferlante de sons jamais entendus, des unions étranges et terriblement séduisantes, un paysage de la musique actuelle revue et corrigée pour mieux la plonger dans le futur. La magie opère à nouveau dans le disque de Ray Sapienz, Na Zala Zala, où il se trouve accompagné par le rappeur Fresh Dougis et le danseur, chanteur et percussionniste Papapalas, tous deux exilés congolais comme lui, en terre ougandaise. Le fondateur du label Hakuna Kalala (incroyable foyer de musiques lui aussi) livre ici un disque où les percussions analogiques et numériques s’entrechoquent et ouvrent des espaces-temps nouveaux, entre tradition et futurisme, pendant que les raps et chants nous rappellent que des humains se baladent derrière cette fusion de techno, hip-hop, dancehall et va savoir quoi encore. Encore une porte d’entrée vers cette nouvelle ère de la musique moderne qui s’ouvre du côté de Kampala. → Na Zala Zala de Ray Sapienz & The Congo Techno Ensemble • disponible chez Nyege Nyege Tapes → nyegenyegetapes.bandcamp.com

LA REF ■ Voilà bientôt dix ans que Ka s’est offert une seconde carrière. Après plusieurs faux départs dans les années 90, d’abord aux côtés de Natural Elements qu’il quittera avant le succès, puis avec un duo mort-né nommé Nightbreed, il monte pour de bon sur la bête dans la deuxième décennie du XXIe siècle. Là, contre toute attente, il impose un style qui fera date : un rap comme une odyssée sombre, pétri de références et de doubles-sens, le tout sur des samples soul bouclés sans joie et sans beat, annonçant la mode des années suivantes. Étrange carrière qui voit l’homme de Brownsville trouver sa place et la reconnaissance à la quarantaine, dans un style qui ne jure que par la jouvence et la terre brûlée. Ce nouvel opus prolonge le travail de ces dix dernières années. Sur ses productions caractéristiques faites majoritairement par lui, son rap chuchote toujours les noirceurs de son quartier. Pourtant, cette fois, le voilà qui lorgne aussi sur sa propre carrière, son rôle pour les autres, ce qu’il a accompli et ce qu’il espère. Peut-être moins sombre, moins métaphorique également que ses prédécesseurs, A Martyr’s Reward laisse – un peu – entrer la lumière. Une occasion de découvrir celui qui est devenu une référence ultime pour toute une génération → A Martyr’s Reward de Ka. • disponible chez Iron Works → brownsvilleka.com

Valence

POP ■ Tiens donc, encore un

Québécois derrière un excellent album de rentrée. Avec ce premier long-jeu (comme on dit là-bas), le musicien, interprète et compositeur Vincent Dufour nous emmène vers une délicieuse destination où tout paraît plus léger. Puisant dans l’intime, Pêle-mêle conte les thèmes d’une jeunesse continuellement encline à trouver un sens. L’amour, l’émancipation et le conformisme sont questionnés à travers la voix claire de Valence. Tout autour, le jeu de guitare nord-américain faussement négligé et si reconnaissable flirte avec des percussions enveloppantes. Bricolée dans la chambre du jeune musicien à Québec, la pop de Valence n’est pas sans nous rappeler les pontes du genre que sont Foxygen, en particulier sur l’entêtant « La Vie attend pas ». Allez cette année, on signe à l’AS Valence direct → Pêle-mêle de Valence • disponible chez Chivi Chivi → bigdada.com

Uman

TABLEAU ■ Quoi qu’on en dise, les années

effacent les souvenirs, aussi précieux soient-ils. Pour que le chef-d’œuvre de spontanéité qu’est l’album Chaleur humaine de UMAN ne finisse pas dans l’oubli comme tant d’autres, le label Freedom to Spend le réédite aujourd’hui. Initialement composé en 1992 par les frère et sœur Danielle et Didier alias UMAN, Chaleur humaine est un ravissement pour les oreilles et une nourriture abondante pour le cerveau. Des éléments inattendus qu’on pensait incompatibles y fusionnent pour dessiner un tableau final à la force artistique unique. Agrémenté d’improvisations au piano, des vocalises lyriques de Danielle, de récits contés en langue étrangère, et de tout un joyeux ensemble de sonorités cosmiques, Chaleur humaine traverse et traversera le temps sans jamais vaciller. → Chaleur humaine de UMAN • disponible chez Freedom to Spend →freedomtospend.org

Musique par Elora Quittet & Maxime Gueugneau


théâtre danse musique cirque

2021—22

saison

04 76 00 79 00 mc2grenoble.fr

Conception Graphéine – Histoire(s) de France de Amine Adjina - photo © Géraldine Aresteanu – licences 1-2021-004429/30/32/33 2-2021-004435 3-2021-004436

Faites gafa nous.


👀 SQUARE — 84 KIBLIND Magazine → 77 → Obsession

SQUARE² SQUARE² est une nouvelle BD originale publiée chaque dimanche sur le compte Instagram de KIBLIND. Le principe : chaque semaine pendant un mois, un artiste que nous avons choisi dessine un strip qui doit respecter les règles graphiques suivantes : un carré central / 4 côtés / 4 cases / 4 couleurs. Ici, une variation autour du carré jaune proposée par les artistes du dernier trimestre.

SQUARE² • Chapitre 4 - Partie 1/4 Ruppert & Mulot À suivre sur : instagram.com/kiblind_magazine


Ils étaient médecin, sportif, enseignant, ingénieur ou rappeur et puis un jour, ils ont eu un déclic qui a littéralement bouleversé leur chemin de vie. Le Podcast Depuis, je danse explore les histoires inspirantes d’artistes, danseurs, chorégraphes pour qui la danse n’était pas une évidence. Avec Djino Alolo Sabin, Nacera Belaza, Aurélien Bory, Daniel Larrieu... EN ÉCOUTE SUR

Nouvel épisode à découvrir tous les 15 jours à partir du 15 septembre 2021. Illustration © Manon Probst - Licences : 1-1054424, 2-1054425, 3-1054423

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SQUARE² est une nouvelle BD originale publiée chaque dimanche sur le compte Instagram de KIBLIND. Le principe : chaque semaine pendant un mois, un artiste que nous avons choisi dessine un strip qui doit respecter les règles graphiques suivantes : un carré central / 4 côtés / 4 cases / 4 couleurs. Ici, une variation autour du carré jaune proposée par les artistes du dernier trimestre.

SQUARE² • Chapitre 5 - Partie 1/4 Mariano Pascual À suivre sur : instagram.com/kiblind_magazine


exposition coproduite avec


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SQUARE²

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SQUARE² est une nouvelle BD originale publiée chaque dimanche sur le compte Instagram de KIBLIND. Le principe : chaque semaine pendant un mois, un artiste que nous avons choisi dessine un strip qui doit respecter les règles graphiques suivantes : un carré central / 4 côtés / 4 cases / 4 couleurs. Ici, une variation autour du carré jaune proposée par les artistes du dernier trimestre.

SQUARE² • Chapitre 6 - Partie 1/4 Jean Jullien À suivre sur : instagram.com/kiblind_magazine


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