Kiblind #18

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Couverture > DANGER ( www.myspace.com/2emedanger) // Directeur de la publication > Jérémie Martinez // Rédacteur en chef n°18 > Matthieu Sandjivy // Rédaction Kiblind > Gabriel Viry + Jean Tourette + Jérémie Martinez + Guillaume Jallut + Dan Salvado// Pages «Autre Couture» : Guillaume Jallut + Julien Daviron // Graphisme : Arnaud Giroud + David Lesort (www.pitaya-design.com) + Kinga Sofalvi (perso.orange.fr/kinga.sofalvi/) // Maquette > Jérémie Martinez // Relecture > Frédéric Gude // Responsable Publicité > Jean Tourette // Responsable Développement > Gabriel Viry // Communication > Jean Tourette + Guillaume Jallut + Maïté Dewuffel-Dessart // Responsable Web > Antoine Thierry // Responsable Pass culturel Kiblind > Jean Tourette.Imprimerie JM. Barbou // ZAE Bondy Sud 8 rue Marcel Dassault 93147 Bondy Cedex// Tél > 01 48 02 14 14 // contact@imprimerie-jmbarbou.fr Le magazine Kiblind est édité à 10 000 exemplaires par l’Association Kiblind // 4 rue des Pierres Plantées 69001 Lyon // www.kiblind.com // Tél > 04 78 27 69 82 // contact@kiblind.com // ISSN : 1628-4046 Les articles ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. Et un grand merci à Claude Sandjivy pour son infatigable soutien.

DÉC/JAN 08

SOMMAIRE

ut... Le dang er est parto 47... et ,35 Pages 1, 7, 34 jamais s plu ez ur Vous n’a t. peur co mme avan yspace. + d’infos : www.m com/2e medanger

uverture... en co

Dans le cadre du dispositif «Emploi Tremplin», l’Association Kiblind est soutenue par la Région Rhône-Alpes et le FSE.

ÉDITO     #07

ÉVÉNEMENTS     #08  L’oie     000 VU PAR...      #11 Sam/Recmag      #01

LE DOSSIER      #12 Ville lumière, j’ai besoin de toi      #07

ANACHRONIQUE      #17 Mémoires du siège de Lyon      #07

LYON DANS LA PRESSE      #19 Contemporeux      #07

PAGES BLANCHES  bze  Testicule Billy Bandana & Jacob Dehli  Linda Sanchez  Mistiff + Miette + Stoul  Stereotype  Danger  Euphémia

#23 #07 #07 #07 #07 #07 #07 #07

DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE      #41 Inédit / Audrey Dupont      #07

BAZART/MUSIQUE      #47 Danger + Danger      #07

BAZART/MUSIQUE      #49 Les Magiciens du quotidien      #07

BAZART/MUSIQUE      #51 Arpad Flynn      #07

BAZART/THÉÂTRE      #53 Théâtre Détours      #07

BAZART/THÉÂTRE      #55 Bioffique théâtre      #07

BAZART/GALERIE      #57 Doxart Contemporain      #07

ÉVÉNEMENTS PARTENAIRES      #58 By Pass      #07

AUTRE COUTURE      #60

PAUSE      #65 Aumône      #07

LE KI      #66 Joyeux Naëlle      #07



édito

#07

R

egarde-moi bien ! Regarde-moi je te dis ! Sais-tu qui je suis ? Je suis le Ki. Je suis le Blinde. Assis devant ma télé… Je branche la console. J’insère une cartouche de jeu et je me laisse envelopper par le son midi. Je te regarde, je suis partout, ton univers. Tu penses amener de la lumière ? Viens je t’attends. J’ai 64 pages pour te regarder bouger, sentir, évoluer, grandir, mûrir, germer, fleurir, pourrir, vivre et… Je suis là, je t’attends. Tapi dans une sombre allée. Vautré dans une mer gelée. Jean-Michel Jarre tape à ma porte, branche ses machines sur ma télé et me guide dans un nouvel univers. Prends ce qui t’appartient, le Ki est là pour te libérer. Prends ce qui te revient, le Blinde est là pour te guider. Quand tu vois la voie, suis-la ! Où qu’elle te conduise. Ne réfléchis pas. Arrête-toi avant la pensée, avant les mots. Le zen tu trouveras. On frappe à la porte. Justice débarque… et le son change à nouveau. Va te coucher. Regarde ce miroir. Est-il superbe ou hideux ? Dans la voie se trouve ta réponse. Les comparaisons aident à comprendre, mais « Danger » ça n’est pas simplement ce joyeux melting pot. Danger c’est Danger. Nous vous laisserons juger du reste. La parole fut donnée et nous la prîmes. L’espace fut accordé et vous le… continuez comme ca, changez rien ; vous êtes dans l’animation, vous êtes l’émulation, vous êtes l’innovation, et c’est déjà pas mal. M. S.

http://gegemarcello.blogspot.com


01 Depuis le 24/10 et jusqu’au 12/12 - Cinéma « Les 400 coups », Villefranche-sur-Saône : 12e Rencontres du cinéma francophone en Beaujolais. (www.cinespikfrench.com) 02 Depuis le 6/11 et jusqu’au 6/01 - Kolle Bolle (Lyon 7e) : Photographies et projections de Mathieu Hubert. (www.mathieuhubert.com)

l’oie

er 03 29/11 - La Pêcherie (1 ) : Live de The Chastes et set de Rubin Steiner, à l’occasion de l’inauguration du Kulte Store, 8 rue Chenavard. Entrée libre, de 21h à 2h. (www.kulte.fr)

04 Début décembre : Sortie de Souvenirs de poche, le second sketchbook d’Alexandra Kha, aux éditions Tanibis. (www.tanibis.net) er 05 1/12 - Art gens (Lyon 1 ) : réouverture festive de la boutique rénovée, de 10h à 21h. (www.artgens.net) e 06 1/12 > 31/12 - Lyon : 5 édition de la Griffe lyonnaise, le concours des créateurs (mode, design, multimedia…) (www.grandlyon.com) er 07 6/12 > 9/12 - Dalle Rozier (Lyon 1 ) : « Slam des Lumières », installation visuelle et interactive organisée par XLR Project. (www.xlrproject.net) er 08 9/12 - Passage Thiaffait (Lyon 1 ) : PEAH Hiver. (http://p.e.a.h.free.fr)

09 9/12, 16/12 et 20/12 - Librairie Expérience (Lyon 2e) : Dédicaces des auteurs du Projet Bermuda + expo/vente des planches originales issues de l’album. (www.librairie-experience.com) 10 6/01 - La Sucrière (+ autres lieux), Lyon 2e : dernier jour de la Biennale d’Art contemporain 2007. (www.biennale-de-lyon.org) 11 8/01 > 9/01 - Théâtre Nouvelle Génération (Lyon 9e) : « La petite insomnie » (de Jean Racine à David Lynch). (http://les. transformateurs.free.fr/insomnie.html) 12 12/1 - Grandes salles de la Bibliothèque municipale de Lyon (Lyon 3e) : fin de l’expo « La photographie n’a rien à voir » (création française contemporaine). (www.bm-lyon.fr) e 13 12/01 > 25/01- Saint Font : 9 édition du SaintFons Jazz Festival. (www.saint-fons-jazz.fr) er 14 18/01 > 24/01 - Les Subsistances (Lyon 1 ) : « Position Parallèle au Plancher » (cirque) avec Philippe Ménard et « Déversoir ». (www.les-subs.com) e 15 21/01 > 27/01 - Lyon : 6 édition des Inattendues. Diffusion de raretés et ateliers de création. (http://les-inattendus.club.fr)

Concert et pause déj Fini le mauvais burger expédié au bureau devant son écran ou le repas du jour intordable accompagné des sempiternelles discussions politiques ou sportives au bistro du coin. L’EAC innove et propose la formule concert de midi, avec un sandwich, un verre et un concert à partir de 5 euro ! « Midi Musiques », Espace Albert Camus, 17 janvier à 12h30, avec la Camerata du Rhône.

Départ Nul n’est censé ignorer l’oie

Chanson pieds nus Sur 2043, sur la vie d’un légiste ou sur sa sœur, Yasmina chante des chansons pieds nus. Accompagnée de Brice Berrerd à la contrebasse et Benoît Richou à la guitare, elle oscille entre la chanson française et les sonorités jazz manouche ; ça dépend des saisons. En tout cas, elle chantera le 26/01 au Périscope fraîchement inauguré (2e). Au fait : Yasmina est en photo p. 60. + d’info et d’écoute : www.myspace.com/ yasminachansonpiedsnus

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Théâtre burlesk & clownesk Une première édition en 2006 et d’ores et déjà un festival considéré comme le rendez-vous du burlesque à Lyon. Diversité des genres pour saluer le comique théâtral, satire, parodie, absurde, humour noir. Une dizaine de créations inédites sera à l’affiche du Frako Festival cette année, du 1/02 au 9/02. + d’infos : www.lecroiseur.org

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Événements

#09

L’oie blanche Nuit blanche au Polaris, le 12 janvier. Danse, théâtre, cinéma « live », concert et expo sur le thème « Frères d’une nuit ». C’est à Corbas : un vol d’oiseau. On vous attend, pour rejouer… + d’infos : www.lepolaris.org

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tanabataHI « Tanabata », c’est une fête japonaise qui célèbre les étoiles, où l’on attache des voeux à un arbre qui sera ensuite brûlé pour que ceux-ci soient exaucés. Pour cette édition de la Fête des Lumières, Pitaya Design réinterprète cette tradition devant l’Église Saint-Nizier, en substituant aux feuilles disparues des vœux luminescents. Du 6/12 au 9/12. + d’infos : pitaya-design.com

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CHAMPAGNE Sortie de Kiblind n°19 10 13

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Périscopal L’association R.E.S.E.A.U [Rassemblement d’Energies pour la Sauvegarde d’un Espace Artistique Utopique] ouvre sa salle de spectacle : le Périscope. Ce nouvel espace musical, dédié particulièrement au jazz et aux musiques improvisées, est le fruit de la rencontre détonante entre deux collectifs : le Grolektif et le collectif Polycarpe. Inauguration le 6/12 à partir de 19h, 13 rue Delandine (Lyon 2e). + d’infos : www.periscope-lyon.com

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Un pont entre deux Rives Le 9e festival BD’Art (bande dessinée et dessin de presse) est organisé à Rive-deGier, du 30 novembre au 2 décembre, sur le thème « Inventons, recyclons ». Au programme : des invités, une expo Off, un colloque sur la BD et la Pub, une soirée « humour », un concours de dessins amateurs et de dessins scolaires. + d’infos : http://assoc.pagesproorange.fr/bdart

Caqueter n’est pas jouer Le salon « Lyon Game » se tient du 3 au 6 décembre 2007, au Palais des Congrès, dans la 6e région mondiale du jeu vidéo. Si vous n’arrivez pas à vous détendre, participez aux 3e « Serious Games Sessions Europe », organisées en même temps. Des jeux sur la défense, l’administration ou la sécurité civile. + d’infos : www.lyongame.fr ou www.sgseurope.fr



vu par ...

#11

sam/recmag

C

RECmag le vidéo magazine www.RECmag.com www.myspace.com/koshbox www.myspace.com/djflycom www.myspace.com/ateliermastiq

’est un peu au pied levé que les amis de Kiblind m’ont demandé de vous parler de nos découvertes. Cependant cela tombait à pic. En effet, l’association Bizarre venait de nous présenter à Vénissieux deux concerts de fin de résidence. La résidence, qu’est-ce que c’est...? Bien sûr, vous connaissez celle secondaire pour les vacances, mais la c’est plutôt de travail primaire qu’il s’agit. Avant de se produire sur scène et devant du public tous les groupes passent par cette phase préparatoire. Jeu de lumières, réglage du son, mise en place du jeu de scène etc... toutes ces petites choses qui paraissent naturelles lors des concerts sont en fait le fruit de longues heures de travail. C’est donc les fruits de ce labeur qui étaient présentés ce soir-là. Pour commencer, Kosh accompagné par le multiinstrumentiste Doud. Kosh est ce qu’on appelle une boite à rythme humaine (en anglais «a human beat box»...). Juste avec sa voix ce petit gars est capable de vous évoquer un paysage avec les oiseaux, le vent, et les bombes qui tombent autour... de vous faire croire qu’il y a là tout un orchestre avec violon, trompette et batterie alors que tous les sons sortent de sa bouche. En compagnie de Doud qui vient étoffer tout cela avec sa guitare, sa trompette et sa voix, ces deux-là nous proposent plus qu’un concert, un véritable spectacle rempli d’humour et d’humanité. Ensuite, les quatre compères du Scratch bandits crew enchaînaient cette soirée avec la présentation de leur nouveau set. Après plusieurs récompenses individuelles et collectives lors de concours de scratch en France et à travers le monde, la bande des bandits se remet derrière les platines mais s’éloigne un peu de la technique pure pour nous proposer un voyage sonore aux accents mélodiques, puisant dans toutes les cultures musicales. Chez RECmag on aime parler de tout et pas que de musique. Alors après les conseils pour vos oreilles on vous suggère aussi d’aller jeter un oeil ou les deux chez nos copines de l’Atelier mastiQ. Elles nous proposeront de voir la vierge dans tous ses états entre le 6 et le 8 décembre. Ca se passera au 41 rue Burdeau, ce sera une expo collective avec plein d’artistes et ça vous changera des traditionnelles loupiottes...


ville de lumière, j’ai besoin de toi


LE DOSSIER

#13

L Grande fierté lyonnaise, la lumière est devenue une composante importante de l’espace urbain pour les villes d’Europe et du monde entier. Elle est aussi devenue un enjeu majeur pour les différents acteurs politiques et artistiques qui mettent la main à l’interrupteur et participent à l’organisation de nombreuses manifestations aux formes diverses. Ville de lumière, qu’ont-ils fait de toi ?

’heure est à la concurrence… On se dispute le titre de « ville lumière ». L’agglomération lyonnaise, Eindhoven ou encore Montréal montent au créneau de l’autoproclamation. Sans faire outrageusement de l’olympisme à la lyonnaise, on peut se targuer d’avoir été des précurseurs en la matière. Mais aujourd’hui, en Europe par exemple, fleurissent de nombreuses manifestations lumineuses qui témoignent d’un intérêt croissant des acteurs politiques et/ou artistiques pour le phénomène « lumière ».

Flux politiques

S’appuyant sur une forte tradition populaire et religieuse, la ville de Lyon a, en 1989, été l’une des premières villes européennes à conceptualiser et mettre en place un plan d’intervention global dans le domaine de la lumière. Au début, les objectifs étaient relativement modestes et s’inscrivaient dans une longue tradition française fonctionnaliste. Ils consistaient à valoriser le patrimoine existant (illumination des monuments) et à sécuriser certains quartiers jugés alors comme pouvant être dangereux (éclairage de la voierie) ; le tout dans une démarche générale d’aménagement du territoire. Ce premier plan Lumière s’accompagna d’une manifestation populaire festive qui s’appuyait sur un socle historique et religieux (la vierge Marie, etc.) : le 8 décembre. Fin 2004, il a été reconsidéré dans l’optique d’une acception plus large, en cohérence avec les problématiques actuelles rencontrées dans les zones urbaines : « Il s’appuie sur la tendance à affranchir la lumière de son support traditionnel, le monument, pour donner à voir une rue ou accompagner des événements du quotidien. Grâce à la lumière, il s’agit de saisir, à partir de points de vue multiples, la réalité de la ville, hétérogène et complexe, d’en restituer les mouvements et les pulsations. L’ambition n’est pas de renier l’identité lyonnaise mise en valeur par le premier Plan Lumière - fondé sur le patrimoine, l’histoire, la géographie de Lyon et la singularité de sa topographie - mais de mieux approcher la diversité et la richesse de la ville […]. Le nouveau Plan Lumière s’appuie sur les fleuves, collines, silhouettes, grands axes de circulation qui constituent le socle topographique fondateur de la ville. Il prolonge leur mise en lumière en ne modifiant que le strict nécessaire. Il cherche à ménager les visions lointaines et multiplier les panoramas sur la ville […]. »* * Le Nouveau plan lumière : une autre vision de la ville, sur www.lyon.fr


En résumé, le nouveau plan Lumière récemment mis en œuvre entérine le passage du simple éclairage à la lumière urbaine. Il privilégie l’écologie (lutter contre la pollution lumineuse par exemple), l’innovation (technologie des semi-conducteurs), la création et la concertation sur une échelle territoriale de plus en plus proche de l’agglomération. Il tente, en définitive de reconsidérer le rapport des habitants à leur ville par un prisme original : la lumière. De nombreuses villes dans le monde ont suivi la démarche entreprise par les Lyonnais. Lyon a même initié la création d’une association, LUCI (Lighting Urban Community International), qui rassemble les responsables politiques des municipalités qui manifestent un intérêt pour « la mise en commun d’expériences dans le domaine de la lumière en vue de la création d’un réseau international des villes de lumières ». Organisée en commissions, cette association présidée par la ville de Lyon réunit aujourd’hui 50 villes-membres et de nombreux acteurs du monde de la lumière. Le nouveau plan Lumière, ainsi que le cadre de coopération mis en place par LUCI, témoignent de l’intérêt croissant que portent les acteurs politiques des municipalités à la lumière. Cette volonté, partagée par des acteurs de la société civile, se traduit également par l’organisation croissante de manifestations artistiques en lien direct ou non avec les politiques municipales. Ces manifestations peuvent donc prendre la forme de simples vitrines de communication municipale et/ou de laboratoire d’idées et s’inscrire dans un cadre d’expérimentation. Dans tous les cas, elles infléchissent sur les politiques menées en matière de lumière.

Faisceaux artistiques

Il existe plus d’une trentaine de manifestations pluridisciplinaires et artistiques dévolues à la lumière. Dans le cas lyonnais, la « Fête des Lumières », dotée d’un budget important, rassemble tous les ans plusieurs millions de visiteurs autour d’installations spectaculaire. Comme le Radiance de Glasgow, dans une moindre mesure, il s’agit d’un festival à l’échelle de la ville directement porté par l’équipe municipale. Il faut dire que l’enjeu est important, notamment en termes de communication politique. En partie pour les mêmes raisons, au sein de LUCI, association soutenue par les villes, il n’y a pas de réelle mise en réseau des acteurs artistiques. Tout juste a-t-on créé une commission (sur les six existantes) : « Culture

et éclairage ». Les villes ne veulent pas perdre leurs prérogatives. Mais les festivals s’organisent entre eux, et créent leurs propres outils de mise en réseau. C’est le cas du réseau INFL (International Network of Festivals of Light), récemment formalisé, comprenant des festivals-lumière qui n’émanent pas seulement des villes mais aussi d’acteurs privés (associations). Il est coordonné par Bettina Peltz, également directrice artistique du festival allemand Lichtrouten à Lüdenscheid en Allemagne et du GLOW Festival d’Eindhoven, et Véronique Liot, en charge du développement européen des projets-lumière de la galerie Roger Tator . Les échanges se situent ici plutôt au niveau artistique. Ce réseau prend en compte les « micro-festivals » (Superflux à Lyon, Valgusfestival de Tallinn, Polder Licht à Amsterdam, etc.). Ceux-ci sont initiés par des opérateurs culturels autonomes qui, avec des moyens moins importants, expérimentent dans des quartiers ou lieux de vie de moindre taille, s’immiscent dans le quotidien des habitants et nourrissent une réflexion globale sur la lumière. Sont inclus également, au sein d’INFL, d’autres types d’organisation : les musées dédiés à la lumière, et aussi les réseaux de professionnels « créatifs » de la lumière, tels que Lighting Detectives, qui « enquête » de manière ludique sur la qualité de l’éclairage urbain, ou Professional Lighting Designers’ Association. En clair, la lumière est au centre du débat. Tout n’est pas simple, évidemment, et certains micro-festivals sont integrés directement aux manifestations municipales de grandes ampleurs (Superflux à Lyon ou Glow@TAC à Eindhoven) et profitent du public et des budgets (souvent maigres) alloués. De la même manière, les municipalités se nourrissent des prises de risque artistiques des micro-festivals pour élaborer leur plan de prospective dans le domaine de la lumière. Alors ? Et la lumière fut. J. M. Avec la participation de Véronique Liot

france

lyon

#8 décembre


principales manifestations lumière suisse

LE DOSSIER

#15

finlande

helsinki

#valon voimat

genève

estonie

#les yeux de la nuit

tallinn

#valgus Festival

suisse

genève

#arbres & lumières

écosse

glasgow

allemagne

#radiance

lüdenscheid

#lichtrouten

serbie-monténégro

belgrade

#lighting detective

slovénie

pays-bas

ljubljana

eindhoven

#lighting detective

#glow

portugal

lisbonne #luzboa



ANACHRONIQUE

#17

mémoires du siège de lyon En 1793, Lyon fut assiégée. Près de 2000 lyonnais connurent la mort. Témoignage du massacre, une chapelle du 6e abrite les ossements des 209 condamnés à mort du 5 décembre. Amères vanités.

À

l ’angle de la rue de Créqui et de la rue Louis Blanc, se dresse la chapelle Sainte-Croix. Sur la façade, sculpté en haut relief : « À la gloire de dieu - À la mémoire des victimes du siège de Lyon - MDCCXCIII ». Lyon avait pourtant bien accueilli les idées éclairées et les réformes libérales de la Révolution de 1789. Mais dès 1791, la Révolution glisse doucement vers la Terreur. Les massacres de septembre 1792 et la mort du roi début 1793 finissent par donner l’alarme. Le désordre grandit partout en France et l’anarchie gagne une vingtaine de départements. A Lyon, une nouvelle municipalité, contrôlée par les commissaires de la Convention, impose les règles d’un nouvel ordre, violent et sommaire. Le 29 mai 1793, les Lyonnais se soulèvent. Au cri de « Résistance à l’oppression », la municipalité vacille et ses principaux notables sont mis aux fers. L’ordre revint dans la ville. Mais la Convention l’entendait bien différemment. Le 12 juillet, un décret ordonne de diriger contre Lyon les troupes de l’armée des Alpes. La défense s’organise dans la ville. Elle enrôle des volontaires, choisit des chefs, et place le commandement général entre les mains du Comte de Précy. Le siège commence le 8 août. Durant deux mois, les Lyonnais en sous-nombre vont tenter de résister à la Convention. Lyon est bombardée, pillée, dévastée. Au matin du 9 octobre, l’armée des Alpes marche sur la ville.

« Lyon n’est plus »

Par décret du 12 octobre, la Convention proclame : « Lyon fit la guerre à la liberté ; Lyon n’est plus. » La Terreur vengeresse se déploie dans cette commune rebaptisée « Ville-Affranchie ». A la lueur des torches, des factions cernent les quartiers, pillent et traquent. La guillotine frappe place des Terreaux ; on fusille à Bellecour et surtout dans la plaine des Brotteaux. Sur ces prairies alors désertes, des convois s’agglutinent chaque jour. Le 5 décembre, journée la plus sanglante, 209 condamnés, attachés deux à deux et liés par une corde, sont fusillés en une salve. Beaucoup seront achevés pendant la nuit ou au petit matin par les fossoyeurs. Pendant ces mois de Terreur, plus de 2000 personnes de tout âge, tout rang, toute profession, ont trouvé la mort. Le 6 avril 1794, les sections jacobines se déchirent. La vie reprend son cours ; le 7 octobre Lyon retrouve son nom. Les familles endeuillées décidèrent alors d’élever un monument, à l’emplacement même où les canons résonnaient. Ce monument expiatoire, détruit à deux reprises, abrite toujours les ossements des fusillés du 5 décembre. Dans la crypte, les crânes forment un autel autour du tombeau du Comte de Précy, et leurs orbites fixes, tournées vers l’auditoire, préservent l’horreur de cette page sanglante de l’histoire lyonnaise. J. T.



LYON DANS LA PRESSE

#19

contemporeux Il y a le in, le out, le on, le off, les pour, les contre. Communication aidant, la presse a les yeux rivés sur la Biennale. Et les journaux ont pris l’eau, qu’il s’agisse de cracher, de ne pas se mouiller ou de regarder le lac (Lyon) pour éteindre le feu…

P

rendre de l’altitude, ou de la bouteille. Avec Les Échos, on demande « à boire ». Le journal revient sur le succès de la Biennale, plus exactement des « deux biennales » : une formule qui fonctionne et un « joli doublé, pour la ville de Lyon, dans le domaine culturel ». Alors que la Biennale de la danse « s’adjuge désormais le premier rang mondial » dans sa spécialité, la Biennale de l’Art contemporain, dont la 9e édition se déroule actuellement (jusqu’en janvier), attire les foules (173 000 visiteurs en 2005, « une fréquentation digne des plus grandes expositions internationales ») et foule le haut du classement. L’événement lyonnais est un des « dix premiers » du genre parmi les 103 biennales recensées par Les Échos. Pour Libération, ce type d’événement explose à travers le monde, s’apparentant même, dans certains pays comme en Chine, à des « opérations de promotions nationales […] plus destinées à faire fructifier le commerce de l’art que sa fréquentation ». Mais « la Biennale de Lyon n’a pas attendu cette inflation pour sauter dans le manège. » Alors l’enchantement, c’est 6,4 millions d’euros le tour et « des ressources propres qui progressent plus vite que les subventions ». La ville

tire le pompon puisque la Biennale a aussi, selon Les Échos, « une mission d’animation du territoire et de création de Lien social ». On le voit, sur les docks de Lyon, avec La Sucrière, un des quatre lieux d’exposition, ou la première « Dock Art Fair », foire de l’art contemporain organisée sur le Quai Rambaud, du 17 au 23 septembre dernier. On y arrive : pourtant ultra-centralisé « le marché de l’art passe (désormais) par Lyon », une « ville carrefour » qui deviendra peutêtre un carouf’ de l’art, avec têtes de gondoles, comme à Venise, où l’art contemporain n’a jamais pris l’âge (la première Biennale a été organisée en 1895, avant le modernisme !), ni l’eau. En liaison avec celle de Lyon, Athènes organise également sa première biennale : « Destroy Athens ». Le néo-destructeur Thierry Ehrmann n’en est pas le commissaire, auquel cas il aurait fallu, comme dans sa « Borderline Biennial », avaler une pilule puis passer une échographie, pour accéder à la manifestation. Associée également à celle d’Istanbul, la biennale de Lyon a aussi connu son heure « destroy » : dans la presse.


LYON DANS LA PRESSE

#20

Pas très « contemp »

Libération a commencé par taper fort, reprochant aux concepteurs de proclamer le « tous ensemble », alors que le concept du « jeu » censé réunir des artistes et des professionnels de l’art (commissaires, critiques….) favorise le vase clos. Quand on demande à « machin » d’élire « l’artiste essentiel de la décennie » (l’objet du jeu), il choisit « machine qui répercute à bidule » : le cercle tourne sur lui-même. Résultat, selon Libé : « un nivellement par le milieu, qui par définition tire vers le bas et expose au risque du médiocre ». Quant aux œuvres, hormis quelques « îlots émergents » (l’indienne Shilpa Gupta, le canadien Brian Jungen, le chinois Liu Wei), le journal tire à vue : l’installation de Michel Houellebecq ? « fait songer à une extension du domaine du n’importe quoi ». Clamor, l’œuvre de Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla, vainqueurs ex-aequo du Grand prix de la Biennale ? une « métaphore » de l’édition 2007 puisqu’il s’agit d’une fanfare (avec « pas mal de boucan ») « enfermée dans un bunker de cartonpâte ». Après l’interview des deux commissaires, Stéphanie Moisdon et Hans Ulrich Obrist, on a fermé le canard. Le 5 octobre, c’est Télérama qui servait son magret : « succession de travaux scolaires sous influences, pour la plupart de piètres plagiats » […], « ensemble affligeant » […], « manifestation refermée sur elle-même » […], « “pestacles” enfantins s’éternisant et n’amusant plus que les participants ». Le journaliste a commencé l’article par le dernier mot qui lui venait à l’esprit : « ridicule », au sens « où l’employa Proust », « le ridicule du pédantisme et de la prétention ».

Entrée dans le jeu

Nous aussi, on voulait jouer. A chercher dans la presse « l’artiste essentiel » de la rentrée. Il y a « Thierry Fremaux », directeur général du Festival de Cannes, et « cinéphile amoureux du berceau du septième art ». Les Échos, encore eux, lui consacrent un portrait élogieux. On découvre son attachement

à Lyon et au quartier des Minguettes, la création de Radio Canut, sa rencontre avec Bertrand Tavernier, etc. Pour ce proche de Martin Scorcese ou de David Lynch, Lyon « sonne comme une promesse », à condition de « valoriser ses biens les plus précieux, comme le cinéma ». Autre « artiste » baroque de la rentrée, Christine « Boutin Luther King » (Libé) a installé son ministère du Logement sur la Place Bellecour, fin septembre, pour une dizaine de jours. Il y eut ce cri, lancé peut-être en référence à « Destroy Athens » ou au logement social façon Demeure du Chaos : « J’appelle à construire, construire, construire ». Et ce finale presque émouvant lorsque la ministre est repartie, « besace pleine » et « larmes aux yeux ». Ca sentait un peu la comédie. On a finalement cherché l’anonymat et découvert, dans les colonnes du Monde, la « performance » d’un braqueur de journaux. L’histoire s’est déroulée début octobre, dans le 6e arrondissement : un « papivore » a braqué un bar-tabac pour voler… « des journaux et quelques briquets ». « Un bel hommage à la presse écrite », selon le journaliste. A moins que les briquets n’aient été là pour brûler les journaux. Ca c’est de l’art, et on dirait même plus : c’est très… « dada » ! J’achète… G. V.

Sources :

« Boutin veut créer une «dynamique» en déménageant à Lyon » , Capital / Reuters, 17/9 ; M. R., « Deux Biennales de renommée mondiale », Les Échos, 19/9 ; M. R., « Thierry Frémaux, un cinéphile amoureux du berceau du septième art », Les Échos, 19/9 ; Henri François et Gérard Debailleux Lefort, « Dans les cases à Lyon », Libération, 20/9 ; H-F.D., « Comme l’art en foire », Libération, 20/9 ; J-B. H, « Le marché de l’art passe par Lyon », Les Échos, 21/9 ; Olivier Bertrand, « Boutin Luther King quitte Lyon », Liberation.fr, 28/9 ; Olivier Céna, « Biennale : Lyon inoffensif », Télérama, 5/10 ; Maria Malagardis, « ‘Destroy Athens’ pour mieux la reconstruire », Libération, 9/10 ; Robert Solé, « Hold-up », Le Monde, 16/10.




PAGES BLANCHES

#23

ouverture /....














Hyperbole aquatique

Non. Je me trompe. Je me vois crier dans une rivière

où le bruit de la cascade rigole. J’enfonce ma tête dans l’écoulement des eaux. Non. Juste mon pauvre visage. Mon crâne restera sec. J’attends que le liquide prenne la forme de mon visage. Non. J’attends que mon visage se liquéfie. J’ouvre la bouche. Je cris. Je suis seule à entendre le son de ma voix. Cristalline et limpide. Des bulles se forment et s’éjectent. Des bulles de résistance. Mes yeux frémissent. Je cris. Je sais qu’il ne sera qu’un. Lorsque mon expiration expirera, le silence m’inondera. Si j’inspire, je me noie. Personne ne me maintient. J’attends l’écho de ma rage. Rien ne m’invite. Tout m’incite à me retenir. Maintenir, retenir, la nuance s’inscrit dans les onze doigts de cet être infecte qui avance vers moi à reculons. Il boite. Son nez renifle sa condition dégoulinante. Si seulement elle ne m’avait pas quitté…la fée, la femme, la foi, la flamme. Non. Ce n’est pas ce que j’ai ressenti. Je me vois crier dans une cascade où le bruit de la rivière rigole. À l’inverse de ce par quoi j’ai commencé. Pas contrairement. Inversement. C’est l’ordre qui est en jeu, pas la subjectivité vivante et vécue de l’image. Parce que parfois j’invente. Au contraire, cette mélodie de cascade n’est que mon rire qui s’élève au dessus du flot de douleurs, douleurs qui se déversent sous mes pieds, pieds qui se jettent à l’eau sans avoir à s’y noyer. Et mon cri n’est que l’alarme signalant que tout ce qui s’écoule ne s’oublie pas mais se transforme. Euphémia


Swan

Il se réveilla avec une amertume dans la bouche. Il la retira comme une languette. Sa salive s’écoula péniblement le long de sa gorge. Il resta dans son lit jusqu’à ce que sa propre urine irrigue son intérieur. En passant, elle avait hotté son iris. Il se vida d’un bleu acide. Il fuma une cigarette. Il recracha le brouillard de son esprit. Les nœuds se dissipent. Le soleil se lève. Les jours s’allongent. Il alluma la télévision. Il était sourd de sens. Le chat chatouilla ses orteils. Il se rappela qu’il n’avait pas changé sa litière. Chacun sa merde. Il colla un post-it sur son front. Ne pas s’oublier. Il voulait déménager pour ne pas s’enterrer. Il s’allongea par terre. Il fit des bulles qui s’élevèrent pour se piquer aux plumes du pélican. Un ami poissonnier qui nourrissait le chat. Il voulait engager une taupe. L’homme est paresseux. Il retira les miettes de son tapis. Une à une. La patience raconte des histoires. Il voulait apprendre l’espagnol pour communiquer avec les âmes. Il toussa. Il se dit qu’il avait peut être un nénuphar quelque part. Puis il se souvint qu’un certain Boris avait eu l’idée avant lui. Il voulait nommer son pouce Franz. Il se demanda si les allemands aimaient les olives. Il refléta le miroir qui observait ses genoux. Il voulait connaître le nom de chaque étoile. Il tenta 43 fois de nouer sa cravate. A la quarante-quatrième il abandonna. Il s’assit sur une marche. Il voulait lire la Bible. Ses mains étaient ridées par l’eau chaude du bain qu’il n’avait jamais pris. Les dents ne se brossent pas quand on ne parle pas. Il décida de prendre l’air aux oiseaux. Il voulait faire un tour en Montgolfière. Il chaussa ses pieds. À trop s’offrir un confort on oublie d’en jouir. Il salua le chat et le pélican. Il ne pensa pas à promettre. Il voulait simplement marcher. Ses pas le menaient vers l’appétit. Son sang s’épaississait au creux de ses canaux phalliques. Il observa une femme qui regardait un enfant qui regardait la vitre qui regardait la fille. Un triangle se construit toujours avec trois doigts. Il voulait toucher le coude d’une personne. Lorsqu’il croisa un hasard, il renifla. Son histoire n’a pas de chute car il est très prudent. Euphémia


PAGES BLANCHES

#38

... / envoyez vos oeuvres www.kiblind.com

bze

www.myspace.com/bzeland Exposition du 01 au 31 janvier 08 à Carhartt Shop Lyon 8 rue Lanterne Lyon 1er

Testicule Billy Bandana & Jacob Dehli Suite de l’histoire et + d’infos sur : www.myspace.com/lefilsduchanoine www.nunu.fr

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Stereotype

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Danger

(Couverture + pages centrales) www.myspace.com/2emedanger

Euphémia

Hyperbole aquatique / Swan stefaquer@hotmail.fr

Hy




DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE

#41

inédit Livre & Lire dans Kiblind : un inédit… En collaboration avec Kiblind, Livre & Lire vous propose de découvrir, à travers un inédit, un écrivain qui vit en Rhône-Alpes. Livre & Lire est le mensuel du livre en Rhône-Alpes publié par l’Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation (Arald). Il propose un regard sur la vie du livre et de la lecture dans notre région, présentée à travers la diversité de ses écrivains, de ses traducteurs, de ses éditeurs, mais aussi de ses librairies et de ses bibliothèques. Disponible sur abonnement et consultable en ligne sur www.arald.org.

La bougie pleure des larmes de cire. Gouttes de tristesse, qui viennent, une à une, mourir sur la nappe de papier blanc. Je suis cette bougie. Je me consume, inexorablement, sous la flamme d’un étrange amour qui ne parvient pas à mourir. S’obstine à vivre. Toi, en face : tu manges, tu bois. Silencieux. Presque serein. Totalement absent. J’ai devant moi un parfait inconnu au visage familier. Ton regard me traverse sans qu’il ne s’arrête jamais plus sur moi. Je suis devenue cette chose, presque transparente. Je fais partie du décor qui t’entoure. Rangée parmi les objets quotidiens dont on se sert machinalement, mais dont le nom nous échappe. Il est difficile de s’avouer à soi-même que tout fuit. On est contraint d’en faire le constat. On s’enferme dans ce nouvel abri et puis on attend, on espère. Et puis plus rien. On ne peut plus bouger. On reste de marbre face aux choses, aux évènements.

On ne fait plus que les subir. On devient Passivité Inébranlable. On a perdu la force. On se dit que le temps est assassin. Assister à la fin d’un amour, c’est marcher sur les ruines d’un édifice trop haut, qui s’est effondré brusquement. Comme ça, d’un coup, d’un seul. On n’a rien vu venir. Derrière chaque pierre repose un vestige immortel. Chacune de ses pierres a son histoire. Mais isolées, effritées, prises séparément, leurs histoires ne veulent plus rien dire. Sans toi, mon histoire est incompréhensible. Tu fais partie de moi, de ma vie. Je veux garder une pierre de cet édifice qu’on a bâti ensemble. Garder ce petit bout de caillou au fond de ma poche trouée de souvenirs. Fétichiste ? Pourtant… Je me revois sourire en voyant ces femmes, ces hommes, ramener dans leur valise un petit morceau du mur de Berlin.


Je souriais pour la forme, j’étais émue par le fond. J’étais aussi la première à jeter un vase brisé, fendu de part en part. Ni une ni deux : dans la poubelle ! Peut-être un petit pincement au cœur…mais, pas d’hésitation fondamentale. Exit les failles, vive le Feng Shui ! Alors quoi ? Pourquoi je n’arrive pas à jeter celui qui a reposé sur l’autel de notre amour ? Je me surprends à vouloir recoller les morceaux ; en me foutant du temps que ça prendra. Et de l’apparence rendue. Je veux mourir en l’ayant reconstruit ce vase. Je veux mourir dans ce récipient d’amours feintes et défuntes. Je veux qu’à nouveau, on y mette des fleurs dans ce putain de vase. C’est bizarre, la vie. On change. Ça non plus, on ne s’en rend pas compte. Ça vient, tout doucement, sans faire de bruit. Tu commandes le dessert, je finis à peine mon entrée. Distance. C’est ça, une distance incommensurable s’est installée entre nous. La distance ce n’est pas que tu en sois au dessert et moi à l’entrée.

Non. La distance, c’est que tu ne te rends même pas compte que tu en es déjà au dessert et que moi, je n’en suis qu’à l’entrée. La distance, c’est que tu ne te rends pas compte que nous n’avons pas même échangé deux mots ce soir, dans ce restaurant sinistre. La distance, c’est que tu ne vois même pas que je te fixe depuis près d’une heure, les yeux remplis de mes larmes amères. Mon silence est un cri de douleur à redonner l’ouïe à tous les sourds ! Mon silence est un cri, qui perce les tympans de mon cœur fatigué. Dix ans plus tôt, il aurait brisé les tympans de ton cœur aux aguets. Avant même qu’il se soit installé. Avant même qu’on ait pu le laisser exister ce silence. Dix ans plus tôt, tu aurais entendu. Tout de suite. Quinze ans plus tôt, tu aurais remarqué que j’avais une nouvelle robe, et que j’avais coupé mes cheveux. « - Tu n’as rien remarqué, ce soir ? - Non


DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE

#43

-… - Quoi ? - Rien. Je ne me souviens plus de ce que je voulais dire. - Ça devait pas être si important que ça alors ! - Sans doute ! » C’est vrai, après tout quelle importance ?! Que je me sois fait belle ou non pour toi… ce n’est pas important. Ça ne l’est plus. J’aurais débarqué avec une plume dans le cul, tu n’aurais sûrement pas remarqué. C’est pas grave. C’est du détail. Mais moi, j’ai envie de donner de l’importance à une foule de choses qui n’en a pas, là, ce soir, maintenant. Tu demandes l’addition. Ça tombe bien, j’ai pas faim. Je tente : « - Et si j’avais voulu un dessert ? - Bah, t’en prends jamais d’habitude… » C’est pas faux, j’en prends jamais. Mais là tu vois, ce soir, j’ai envie d’un dessert. Un bon gros dessert, bien écœurant. Genre étouffe chrétien. À m’en rendre malade ! C’est dingue comme j’ai envie de

plein de choses d’un coup. J’ai envie de danser, j’ai envie de rire aux éclats. Je crois que je pourrais mourir de rire même. À nous regarder c’est vrai, on a envie de rire non ?! Vous croyez pas ?! Non mais ça aussi, ça fait partie de mes envies : demander aux gens si eux aussi, ça les fait rire, si eux aussi ça leur fait ça. Avoir envie brusquement de se sentir vivre, de se sentir exister. De prendre conscience une fois dans sa vie de ce désir fulgurant. De mordre la vie à pleine dent. De se foutre de tout et de tout le monde. De dire merde à tout. De vivre, pour soi, rien qu’une fois. De se donner vraiment, sans rien attendre en retour. De dire j’aime ou j’aime pas, mais de dire vraiment les choses. Comme elles sont, comme on les ressent. Arrêter de mentir aux autres. Et à soi-même… surtout. Arrêter de se taire par politesse ou parce qu’il vaut mieux. Arracher toute l’hypocrisie puante qui rythme nos vies. Se dire que tout reste encore à faire ; qu’on a du temps pour ça. Et qu’on va le prendre, ce temps, pour vivre, aimer. Pour réapprendre à vivre,


DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE

#44

+

à aimer, pour apprendre tout court. Partager sans honte. Sans tabous. J’ai envie de toi, là, maintenant, tout de suite. Je crois que je ne t’ai jamais autant désiré qu’à cet instant. J’ai envie de toi maintenant parce que, précisément, tu es inaccessible. Tu te débats avec ta carte bleue qui refuse de marcher. Tu ne sais pas qu’à cette minute même, j’ai envie de toi ; que j’ai envie de te sentir bouger dans mon ventre. Tu ne sais pas tout ça. Tu ne sais pas la force de la tempête qui est en moi, et de ce désir presque animal qui m’envahit. Non, notre amour n’est pas mort, je le sais. Je le sens maintenant. Il lui reste un souffle : léger, mais essentiel. Le rythme cardiaque est correct, le pouls bat régulièrement, la tension est stationnaire. On devrait pouvoir le réanimer sans électrochoc. Non ! Notre amour n’est pas mort, Arthur, tu avais raison, il est à réinventer.

Audrey Dupont

Audrey Dupont, née en 1979, a fait des études de lettres et vit aujourd’hui à Lyon, où elle est journaliste. Elle vient de publier son premier livre aux éditions Jean-Pierre Huguet. Ecchymoses a reçu le Grand prix de la fiction 2007 de la Sélire, Société des écrivains et du livre lyonnais et rhônalpins. Ecchymoses Les personnages d’Audrey Dupont, quatre femmes, prennent des coups, encaissent, encaissent encore, finissent par répondre. Toujours à coups de mots et de phrases, de textes durs et lancinants qui disent la douleur, la révolte, la violence des sentiments. Quatre femmes, quatre destins troublés par les traumatismes, quatre textes qui s’enchaînent et s’enlacent dans le désir de la vérité. Premier livre, premiers cris, ces monologues résonnent dans la solitude des pages, croisent d’autres chemins et d’autres voix : tout aussi décousues, tout aussi douloureuses, tout aussi sonores. Laurent Bonzon (Audrey Dupont, Ecchymoses, Jean-Pierre Huguet Editeur) Libraire et partenaire... Vous trouverez le dernier livre d’Audrey Dupont, Écchymoses, à la librairie À plus d’un titre (4 quai de la Pêcherie - 1er). Contcats : 04 78 27 69 51 / www.aplusduntitre.com




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#47

danger + danger Mystère est Danger. Le 1er est un blog de forts beaux dessins noir et blanc, le 2ème ce que la région lyonnaise propose de mieux et de plus excitant en musique éléctronique depuis belle lurette…

D

anger vient de derrière l’écran. Celui de la télévision qui faisait défiler Albator ou Ken, celui du CPC 6128 et de l’Amiga 500, celui de Blade Runner au cinéma. Danger est un hologramme, élevé entre pixel et chipset, il opère depuis la matrice comme le puppetmaster pour générer chez ceux qui l’approchent des sensations, produire des images, créer des flashbacks. Danger est un être humain, sombre, sensible, dont les coups de crayon brossent admirablement les contours glacés des ego trip que nombre de ses congénères ressentent. En somme, comme ses talents artistiques, Danger est protéiforme.

Retour vers le futur

Il ne s’essaie pas à être une identité unique, bien délimitée, il existe à travers différentes formes, de différentes façons. Engeance prodige d’une nébuleuse d’artistes qu’il serait idiot d’énumérer, Danger n’est pas dans la tendance, mais dans la bonne direction. Là où Justice est bon mais dangereusement dancefloor, Danger est bon et juste. Un premier aperçu de ses titres, tous des rendez-vous. 11h30, le tube avec préméditation, 09h20, une balade au volant de la caisse d’outrun, 19h11 et c’est l’aventure intérieure dans le cerveau

de Jean-Michel Jarre. Si les colorations tendent nettement aux 80’s et à la chiptune, la musique de Danger refera inévitablement resurgir un monde quasi englouti aux 25/30 ans. Car on n’écoute pas ces titres-là par dessus la jambe, comme n’importe quelle soupe new wave électrisante, non. Ici on pénètre un univers, étrangement agencé, d’images saisies sur écran de contrôle, de sons jubilatoires, d’émotions oubliées, de flou un peu étrange mais plaisant avec ces sensations incertaines de déjà-vu, un silent hill en bien moins glauque. Touche-à-tout génial, Danger est LA révélation de cette fin d’année, celle dont on pense qu’elle pourra renvoyer les transfuges de Daft punk à leur copiercoller, et imposer un vrai univers beau et complet à qui a un peu de sens. Et le goût du danger, bien entendu. G. J. + Actu > EP 09/14 2007 dans les bacs > Concert à la Plateforme en janvier + Contact www.myspace.com/2emedanger + Report à découvrir sur www.recmag.com



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#49

les magiciens du quotidien Viens voir les comédiens, voir les musiciens, voir les magiciens qui arrivent. Une toute nouvelle troupe débarque en ville et enchante les oreilles des passants.

L

’histoire des Magiciens du quotidien pourrait être un bon scénario de film français. Alice, la merveilleuse, rencontre Stéphane dans un bar. Elle lui parle des textes qu’elle écrit. Il doute. Elle se lève, chante devant les yeux ébaubis de l’assistance et conquiert l’assemblée. Quelques temps plus tard, elle passe une petite annonce pour monter un groupe, ceux qui répondent sont camarades de la même école mais ne sont jamais vus. Nouveau plan. Stéphane est chez le luthier, un autre guitariste égraine quelques notes. Ca sonne. Ils font un bœuf. C’est Olivier, il sera le cinquième magicien.

Magie magie, et vos idées…

Et la magie est déjà là, dans cette si nouvelle amitié qui les lie et dont il semble pourtant qu’elle dure depuis des années. Cette magie en infuse une autre, une alchimie musicale qui mêle intimement les textes écrits et chantés par Alice à la musique d’Omar, Stéphane, Benoît et Olivier. De bien belles paroles serties par les douces envolées bossa ; les dansante mélodies swing ; les entêtantes rythmiques manouches… Il suffit pour être séduit d’écouter les 5 titres « démo » enregistrés rapidement et pourtant déjà de fort belle facture. Et quand on sait que ceuxci sont en licence libre, on comprend que l’on n’a pas affaire à une philosophie d’enseigne.

Un esprit de famille et une musique qui fait du bien, qui se sifflote, qui donne le sourire. Et la vraie magie du quotidien c’est ça : amener par petites touches un peu de légèreté, un peu d’apaisement, un peu de vie pour autant. Déclaration passionnée crue et tendre à la fois dans Regarde moi, petite prouesse technique d’une voix posée à la limite du flow dans Cette pluie, il est rare de ne pouvoir mieux dire quelque chose d’une musique ou d’un groupe que ce que quelques mots issus d’un titre évoquent parfaitement en essence : Des airs nous flottent dans la tête, souvent dans le présent, comme des symboles de souvenirs et d’instants. Tous ces moments gravés de musique sont magiques et prenants, et à la seule écoute des notes on se voit les revivre. Je veux encore entendre cet air là. Que ce petit sot d’Harry Potter retourne en stage dans son école pour guignol, et qu’il en prenne de la graine auprès de nos musiciens magiques, ça ferait le plus grand bien à tout le monde. G. J. + Actu > MJC Duchère / 7/12 à 20h30 > Boulangerie du Prado / 14/12 à 20h00 > Antre parenthèse / 21/12 à 20h00 > A Thou bout de chant / 6/02 à 20h30 + Contacts www.myspace.com/lesmagiciensduquotidien



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#51

arpad flynn Never-Ending Déjà Vu. Triptyque envoutant ...

C

e n’est pas demain que l’on ira danser sur les dance floors, à moins d’appartenir à l’une de ces nouvelles boutures de la French Touch (re)déclenchée en France par Daft Punk ou Etienne de Crécy et emboitée dix ans plus tard par le duo parisien de Justice pour ne citer qu’eux. Non c’est sûr : Arpad Flynn et leur Magnifico premier album Never-Ending Déjà Vu n’ont pas l’intention de s’en prendre à vos mains ou à vos pieds, mais plutôt à vos oreilles. Et pour ne pas marcher sur les plates-bandes de monsieur-groupe-tout-le-monde, ils (Alexandre, Benjamin, Emmanuel, Julien et Simon) ont décidé comme leurs congénères de Nelson d’aller puiser dans le rock genre fantôme du passé. L’éventail de compétences chez Arpad Flynn est aussi large que les références auxquelles vous pourriez donner un nom, puisque les guitares, aussi froides puissent-elles être, évoquent tour à tour Jesus Lizard, The Cameleon ou Sonic Youth. Si l’ouverture de album pêche du coté gothique avec son intro Ernstin G. Arner et Inner Stranger, très rapidement Arpad Flynn se débarrasse de l’artifice cher au Fields of the Nephilim pour ne laisser transpirer que l’essence même du groupe. Celle qui profite au morceau suivant From Miles Away ou l’excellent Hope in Waiting, section jouée telle un train à grande vitesse, lancé à toute berzingue dont le seul but est de nous crasher au terminus.

Ce quintet d’union Stéphano-Lyonnaise (si, si c’est possible) signe là un premier album saisissant et d’une maturité remarquable, quand on sait que le groupe s’est ici autoproduit du crayon à l’impression. Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, Alexandre écrit et chante. Tout aussi tourmenté, voire envoûté, que peuvent l’être Lord Isaac ou El Magnifico. Le groupe, pas avare de sentiments, nous ouvre les portes de son intimité avec son livret interne : sorte d’hommage au cinéma d’art et essai d’avant- guerre, où l’on pourra, dans cette chambre des curiosités, croiser une paire de jambes, un corps dévêtu et un sosie de Bela Lugosi aux prises avec une jeune fille facilement soupçonnable de délit d’initiés… Véritable condensé de bruit et de fureur qu’est cet album, Never-Ending Déjà Vu est parfaitement maîtrisé. Et pour s’en assurer, il faudra s’attarder sur la piste 9 et son titre profusément kafkaïen : Same as It Ever Was. Arpad Flynn est peut-être le groupe lyonnais que l’on attendait. Sorte de miracle à l’empâtement de la musique française et, pour ma part, comme disait l’autre (non pas lui l’autre) : l’écouter c’est l’adopter ! D. S.

+ Contacts www.myspace.com/arpadflynn



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#53

théâtre détours Narration, son et mouvement. Entre jeu et musique, un théâtre qui raconte une histoire et des instruments qui en suggèrent de nouvelles.

«

Détours » pour tous ces chemins que l’on peut emprunter pour raconter une histoire. Digressions, revirements, parallèles, qui ajoutent à la trame une nouvelle dimension, et créent, à travers l’univers de celui qui raconte, une autre histoire, une histoire singulière, une histoire à part. « Détours » également pour ces parcours et expériences personnels, qui font que des individus se rencontrent à un moment donné, s’entendent sur un projet et décident de créer une compagnie de théâtre. Catherine Perrocheau rencontre Thierry Derrien au Brésil. Elle, metteur en scène, et lui, musicien, vont axer leur travail sur l’articulation entre le jeu et la musique, dans la contrainte du texte. Un texte qui ne sera pas déclamé mais lu, pour échapper au seul principe d’illustration. « Qu’est-ce qu’on donne à voir et à entendre ? » Les mélodies provoquent des sensations et des images nouvelles. Elles donnent une couleur aux pages du livre. La musique s’infiltre dans le récit, « irrigue le texte et forme des fleuves, des îlots » ; et au fur et à mesure que les lignes sont creusées par les sons, une histoire nouvelle apparaît. Ainsi avait lieu en 2004 leur première création : Les Fruits posés au fond de la coupe, d’après Ray Bradburry.

Les derniers géants

La dernière création du Théâtre Détours est un conte emprunté à François Place. Porté par une brise musicale, Les Derniers géants commence ainsi : « Au cours d’une promenade sur les docks, Archibald Leopold Ruthmore acheta l’objet qui devait à jamais transformer sa vie : une énorme dent couverte de gravures étranges. » Une dent de géant. Soutenu par son rêve et sa fantaisie, Archibald va se mettre en quête de l’île où séjournent encore ces derniers êtres magiques, au cours d’un parcours initiatique teinté d’espérances et de féerie. Mêlé à la musique, qui raconte elle aussi une histoire, qui apporte une couleur particulière, ce conte prend des détours et des nuances qui enrichissent sa narration, qui provoquent des sensations nouvelles et extérieures au texte. Une exploration, qui est aussi celle du processus de création pour son metteur en scène, une autre histoire. J.T. + Actu Les Derniers géants > du 27/11 au 1/12 au Théâtre de Bourg-en-Bresse > le 2/04 et 3/04 à La Rampe d’Echirolles + Contacts 04 78 09 93 18



BAZART/THÉÂTRE

#55

bioffique théâtre Ne croyez pas ce que l’on vous dit : les halls d’immeuble, ça fait rêver aussi… La compagnie Bioffique Théâtre réveille des immeubles en mettant en scène, en poésie, des personnages à moitié endormis.

P

eut-être était-ce chez vous ? Les 8 et 10 novembre derniers, boulevard du 11 novembre à Villeurbanne, le Bioffique Théâtre a investi un immeuble de l’OPAC pour interpréter République La Libre (en partie brisée), une « création théâtrale contextuelle pour espaces collectifs d’immeubles ». Conçu par Magali Chabroud à la Cité des Arts de la rue (Marseille), ce spectacle consiste à faire « déambuler » le public entre les différents espaces d’un immeuble (cages d’escalier, couloirs, sous-sols, etc.), dans une atmosphère somnambulesque. Tout au long de la représentation, les spectateurs « réveillent » des personnages endormis qui apparaissent et disparaissent sans prévenir. Eux communiquent avec leurs mots, ceux qu’ils ont inventés, mélangés ou empruntés à des auteurs comme Henri Michaux ou Valère Novarina, porte-plume de l’art spontané (ou « art brut »). Le monde est réinventé par la langue, alors que l’espace se transforme, grâce au « ciel bleu » reconstitué dans les étages. Résidents ou non, les participants découvrent l’immeuble autrement. Avec humour, onirisme, poésie, surréalisme…

Prochain palier

Après la première partie, « Débaraquer », coproduite par les Subsistances et présentée en juin 2007 au festival des Intranquilles, la compagnie poursuit

avec le 2e volet de République La Libre. Ce spectacle a été préparé à Villeurbanne, en résidence, aux Ateliers Frappaz, puis à KomplexKapharnaum. La jeune compagnie s’apprête aujourd’hui à lancer de nouvelles expérimentations « immobilières », à chaque fois adaptées à l’espace et à la structure du bâtiment « visité ». Comme à Villeurbanne, les habitants pourront y participer, en se mêlant aux spectateurs extérieurs. Le projet artistique a une dimension sociale, à laquelle plusieurs partenaires institutionnels ont décidé de s’associer. Peut-être entendra-t-on demain que « squatter » une cage d’escalier, c’est un travail d’artiste… Surréaliste ? G. V. + Contacts bioffiquetheatre@yahoo.fr + Actu Bientôt dans votre immeuble… + Crédits Photos ©BlÖffique théâtre + Report à découvrir sur www.recmag.com



BAZART/GALERIE

#57

doxart contemporain Galerie d’art hétérogène, boutique et performances : un espace de création contemporaine au fin fond du confluent.

A

u bout des docks du quai Rambaud, derrière les silos recontextualisés de la Sucrière : le bâtiment Z. Un entrepôt SNCF, aujourd’hui flanqué d’une tête de mort stylisée par trois flèches convergentes. Vanités contemporaines ? Un nouvel espace dédié à la création émergente, venu draguer les berges austères du confluent. Inauguré le 18 septembre, au même moment que la biennale d’art contemporain, l’espace a conservé la nuance bétonnée qui sied au site. Doxart c’est DO pour sa responsable, X pour ses croisements et ses rencontres, et ART pour son champ de prédilection. Son esprit tend à provoquer les intersections de supports et d’esthétiques différents, sans chercher à magnifier l’un ou l’autre particulièrement. Un carrefour où se croisent plasticiens, photographes, spraycan artists, peintres, graphistes, etc., avec comme finalité la rencontre de talents émergents.

Trois convergentes

Les activités de Doxart contemporain se déclinent en trois pôles d’activité : galerie, boutique et événements. La Galerie Doxart tend à rassembler, le temps d’une expo, artistes émergents et artistes confirmés. Profiter de la visibilité du lieu pour présenter aussi bien des premières expositions personnelles que les travaux d’artistes moins anonymes. La boutique,

Doxart Fabrik, est consacrée à la vente d’objets d’art en série limitée : des pièces uniques, mais aussi des déclinaisons en multiple. Le secteur événements, l’Espace Doxart, est dévolu à la mise en scène d’arts vivants autour des expos, tels que des lectures, des concerts ou des performances. Doxart contemporain est finalement le point de convergence de ces trois univers, qui entend participer à la diffusion et à l’accessibilité de la création contemporaine. J.T. + Expos en résonance > Dider Oustrie, photographe 16/11 au 8/12 > Jérémie Boyard, Projet UNIVERSALE 30/11 au 23/12, vernissage le 29/11 à 19h > Jérôme Romain, peinture 14/12 au 6/01, vernissage le 13/12 à 19h + Radio Lancement le 30/11 d’une émission radio hebdomadaire en direct de la galerie (tous les vendredis, 18h-19h, animée par Gaëlle Beaussier sur Lyon 1ère - 90.2 FM) + Contacts Doxart contemporain, Bâtiment Z 48 quai Rambaud (2e) Ouvert du mercredi au dimanche, 14h-20h www.doxart.fr + Report à découvrir sur www.recmag.com


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07

/2008 15 places dans 15 lieux pour 50 profitez de la euro sa vous ruiner. w ison culturelle sans ww.kiblind.com

Biennale d’art contemporain

PEUT-ÊTRE

GENRE> EXPOSITION LIEU> IAC DATES> DU 19/09 AU 06/01

LE PLAISIR AU DESSIN FESTIVAL DOC EN COURTS

GENRE> EXPOSITION LIEU> MUSÉE DES BEAUX-ARTS DATES> 12/10 AU 14/01

LA MAMAN ET LA LA MAMAN ET LA PUTAIN PUTAIN jean eustache

GENRE> THÉÂTRE LIEU>LES ATELIERS DATES> DU 27/11 AU 06/12

GENRE>CINÉMA LIEU> LE COMOEDIA DATES> DU 29/11 AU 02/12

7e édition pour un tour suivid’horizon de de la création contemporaine en une vingtaine de films venus du 30 NOV. monde entier, pour la plupart ER ET 1 inédits. , 4, 11, 14,saison, DOC Chaque en courts défend la nécessité 15, 18, 21 DÉC. d’un soutien à la forme courte, contribue à l’émergence de jeunes auteurs et à l’éclosion d’approches inédites du réel.

MARY AND CO

Page humaine des Carnet Sud/Nord de Jean-Paul Delore, Peut-être est un opéra parlé, chanté, interprété par des femmes venues des deux Congo, de France, du Japon et du Mozambique. Elles interrogent leur ombre et leur destin, mettent en boucles électroniques, acoustiques ou vocales l’effroi et les langueurs du quotidien. Leur quête d’absolu, leurs plaintes et leurs révoltes.

SOIRÉE BISCUITS

GENRE> MUSIQUE LIEU> LA MARQUISE DATE> 13/12

WEEK END ROBERT ALTMAN

BERTOLT BRECHT EPISODE1

« Le dessin représente sans doute pour la conscience contemporaine une modalité artistique particulièrement expressive, car située plutôt 27deNOV. AU que 6 DÉC. du côté l’approche de l’achèvement, l’esquisse que ET 11 deAU 21 DÉC. de l’oeuvre ». Une sélection de près de 150 dessins, représentative de toutes les écoles du XVIe siècle à nos jours. Un événement qui dévoile la très riche collection d’arts graphiques du musée.

GENRE> THÉÂTRE LIEU> NTH8 DATES> 06/12 AU 09/12

GENRE> MUSIQUE LIEU> HOT CLUB DATE> 30/11

GENRE> CINÉMA LIEU> INSTITUT LUMIÈRE DATES> 14/12 ET 15/12


ÉVÉNEMENTS PARTENAIRES

#59

MAXXO

ÉMILY IOIZEAU

GENRE> MUSIQUE LIEU> NINKASI DATE> 15/12

Pop modèle made in Japan

GENRE> MUSIQUE LIEU> LE MARCHÉ GARE DATE> 21/12

Concert d’une jeune pousse du reggae en pleine croissance. L’album New World Design aux sonorités nü roots dance hall sortie le 8 octobre et composé de 13 titres a demandé deux ans de travail à son jeune autoproducteur. Il a notamment collaboré avec Junior Cony (Ludwig Von 88, Sergent Garcia, etc.) et l’ingénieur son Nicolas Matagrin (High Tone, Meï Teï Sho, etc).

MORDRE LA POUSSIÈRE

GENRE> MUSIQUE LIEU> ÉPICERIE MODERNE DATE> 19/12

Dans le cadre de la semaine du japon, l’Épicerie moderne met son plus beau Kimono. Défilé en musique avec la participation de Kumisolo, suivi d’un concert du groupe lyonnais de Happy Pop Pink Army qui présentera son travail effectué en résidence, axé autour de la création d’un univers inspiré du manga par Céline Mossaz. Tout en couleur. Entrée libre.

GENRE> THÉÂTRE LIEU> LE POINT DU JOUR DATES> DU 14/01 AU 16/01

MADEMOISELLE JULIE

GENRE> THÉÂTRE LIEU> LA RENAISSANCE DATES> 15/01 ET 16/01

by pass LE REVIZOR

GENRE>THÉÂTRE LIEU> L’IRIS DATES> DU 15/01 AU 25/01

C’est l’histoire d’un cercle de petits notables qui utilisent leurs charges publiques pour les mettre au service d’euxmêmes. Lorsqu’ils apprennent l’arrivée incognito d’un Révizor (un inspecteur du tsar) la peur s’infiltre dans les fondations de leur organisation. Un étranger vient en effet de s’installer dans la seule auberge de la ville. Et si c’était lui ?

KHADDEM HAZEM

GENRE> DANSE LIEU> LE TOBOGGAN DATES> DU 23/01 AU 25/01


Yasmina : Jupe > Kulte (Roberta) // Top > Kulte (Jessie) // Jacket > Carhartt (Cape blouson) // Pochette > Baronne daphnée (Enchantress) // Collier > Baronne daphnée (My love) //// Florie : Sneakers > Pointer (Tamzig) // Jeans > Carhartt (Rational pant denver) // Veste > Phalaenopsis (Skies) // Collier > Baronne daphnée (Rich girl)


AUTRE COUTURE

#61

Guillaume : Sneakers > Veja (Volley man) // Jeans > Nudie Jeans Co. (Slim jim) // Ceinture > Kulte (Matt) // T-Shirt > Kulte (Bob merde) // Blouson > Kulte (John steed) //// Alex : Sneakers > Pointer (Soma) // Jeans > Carhartt (Western pant presidio) // T-Shirt > Carhartt (Woodpecker) // Blouson > Carhartt (Kipnuk diamond)


* Créateurs lyonnais

AUTRE COUTURE

#62

™ + Phalaenopsis * Phalaenopsis, l’orchidée papillon. Maëlle Pansard partage sa passion pour cette fleur gracieuse et raffinée et recherche dans le perfectionnisme de chaque pièce sa propre conception de la beauté féminine. > Dispo : Boutique atelier déFILées / 24 rue Pouteau, 1er / www.defilees.com + Baronne daphnée* La Baronne daphnée amène une harmonieuse gamme de couleurs dynamiques, avec sa collection de sacs en cuirs, et un côté femmeenfant à ses colliers et sautoirs. C’est en mélangeant humour et pratique qu’elle interpelle toutes sortes de femmes ; enfants, féminines, libres, avec des couleurs vives et des motifs raffinés ou naïfs. > Dispo : Boutique atelier déFILées / 24 rue Pouteau, 1er / www.defilees.com + Veja, Nudie, Jean > Dispo : Axiome / 2 rue du Plat, 2ème / 04 72 40 09 65 www.axiomelyon.com + Carhartt, Pointer > Dispo : - Carhartt Shop / 8 rue Lanterne, 1er / 04 78 29 95 13 /carharttshoplyon@orange.fr - Carhartt Outlet / 13 rue des Capucins, 1er / 04 78 28 46 01 / Outletcarhartt.lyon@wanadoo.fr www.carhartt-streetwear.com + Kulte > Dispo : Kulte Shop / 16 rue Chenavard, 1er / 04 78 28 08 52 www.kulte.fr + Crédits Direction artistique et photographie > Julien Daviron (julien.daviron@hotmail.fr) // maquillage > Nathalie Kalfon // Stylisme > Maïté Dewuffel-Dessart + Estelle JallutMarquet // Modèles > Florie, Yasmina, Alex et Guillaume // Lieu > Appartement musée des années 30 - Musée Urbain Tony Garnier 4, rue des Serpollières 69008 Lyon // website : www.museeurbaintonygarnier.com // Remerciements > Marika.




PAUSE

# 65

aum么ne

茅mulie (www.myspace.com/matibouille)


LE KI

#66

joyeux naelle

D

écouverte, amour, effort, volonté, souffrance et puis soulagement. A peine arrivée, elle soulevait et évoluait sur les poussières. Petites luminosités éparses, accourant pour célébrer cette naissance, et lui rendre hommage. A peine née et tellement présente, évidente, nécessaire. Pendant que Léa recouvrait ses forces, Elliot observait sa femme et sa fille… sereinement. Catalyseur de vie… Näelle représentait la stabilité qu’ils espéraient, leur certitude, l’évidence de leur relation. Et elle volait déjà dans la pièce, les yeux ouverts et calmes, sans doute ni interrogation, absorbant petit à petit les flux rémanents de l’effort fourni. Superbe conservation d’énergie. Le moment se figea. Näelle a 23 ans. L’école de synthèse était finie. Elle avait maintenant l’autorisation de se révéler, mais elle attendrait. Le temps n’était pas propice et Il n’était pas encore là. Mais elle était patiente et ses parents le savaient. Reprise. Elliot regardait sa fille, qui lui rendait son intense regard. Alors il plongea. Et connu sa seconde mort… là… dans les yeux de son enfant. Petite espérance et maigre confiance. Mais l’essence est là. L’ange est apaisé et le petit démon, malicieux. Je ne m’arrêterai plus désormais, le temps n’est plus à l’enseignement. Mais ça vous le saviez, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ? Dé validation et championnat. Fruit de la passion ou sirop d’orgeat. Rikita et on kiri. On se voit. M. S.



8 rue Lanterne 69001 Lyon Tel : 04 78 29 95 13 carharttleshoplyon@orange.fr


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