Kiblind #21

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N째21 LYON #Juin+Juill 08

culture blender

Gratuit - 10000 ex.





Couverture >Superscript2 (www.super-script.com) // Directeur de la publication > Jérémie Martinez // Rédacteur en chef n°21 > Jean Tourette // Rédaction Kiblind > Gabriel Viry + Jean Tourette + Jérémie Martinez + Guillaume Jallut + Matthieu Sandjivy - Avec la participation de Maxime Gueugneau + Florian Guinchard // Pages «Autre Couture» : Guillaume Jallut + Julien Daviron // Graphisme : Kiblind + Arnaud Giroud + David Lesort (www.pitaya-design.com) + Kinga Sofalvi (www.sogoud.com) - Avec la participation de Simon Bournel-Bosson // Maquette > Jérémie Martinez // Relecture > Frédéric Gude // Responsable Publicité > Jean Tourette // Responsable Développement > Gabriel Viry // Communication > Jean Tourette + Guillaume Jallut + Maïté Dewuffel-Dessart // Responsable Web > Guillaume Jallut // Responsable Pass culturel Kiblind > Jean Tourette. Imprimerie JM. Barbou // ZAE Bondy Sud 8 rue Marcel Dassault 93147 Bondy Cedex// Tél > 01 48 02 14 14 // contact@imprimerie-jmbarbou.fr Le magazine Kiblind est édité à 10 000 exemplaires par l’Association Kiblind // 4 rue des Pierres Plantées 69001 Lyon // www.kiblind.com // Tél > 04 78 27 69 82 // contact@kiblind.com // ISSN : 1628-4046 // Les articles ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS.

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aphique créé Atelier de création gr Delmas Bouly en 2006 par Pierre² d. En mai 06, ils et Patrick² Lalleman témoin de leur , ink ue lancent la rev ers typographique. passion pour l’univ collaboré à l’identité Ils ont notamment heroes Spitzer, al loc graphique des us lors des Nuits et ont pu être aperç de Prefuse 73. So nores 08 aux côtés m .co pt cri > www. super-s

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SOMMAIRE

Juin/juil 08

ÉDITO     #07 ÉVÉNEMENTS     #08  L’oie     000

VU PAR...      #11 Patrice Papelard      #01

LE DOSSIER      #12 Off course...      #07

ANACHRONIQUE      #19 Cagliostro      #07

LYON DANS LA PRESSE      #21 Nature et culture      #07 PAGES BLANCHES  Goin  Human-Graphik  Christoph Nieman  Graffokilo  Alëxone  Julien RDX  Jonytoy  Laure Abouaf  Superscript2

#25 #27 #29 #31 #33 #35 #37 #39 #41 #43

DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE      #51 Inédit / Antoine Dole      #07 BAZART  Nth Synthesis  The sounds echoes between the hills  Punk froncé, le rap ricane  Leitmotiv’ Blastik Pertran  Le rouge et le vert  Cie Stylistik  Du haut des arbres  Atwork, poster gallery

#47 #57 #59 #61 #63 #65 #67 #69 #71

ÉVÉNEMENTS PARTENAIRES      #73 By Pass      #07 AUTRE COUTURE      #75

Dans le cadre du dispositif «Emploi Tremplin», l’Association Kiblind est par la Région Rhône-Alpes soutenue et le FSE.

PAUSE      #81 Les lois de la nature 2      #07 LE KI      #82 Kikoolol, pensée olol, ki owi !      #07



édito

#07

coin

En un mot comme en cent : « coin ». Kiblind saison 4 s’achève sur un Black Jack. Sans coup de bluff ni monnaie à insérer. La partie continue. Avec toutes les faces du dé en main et la sirène du Jackpot quand les trois 7 sont alignés. 21. Un petit papelard sur l’émergence devenu grand, en off, une histoire de symboles égyptiens, de nature et de culture. Puis du script, mais super², dans des images blanches contestataires qui s’animent quand on ferme les yeux, dans les vitrines. De l’Inédit. Un bordel organisé en bazar, qui donne à voir, à entendre, du haut des arbres et entre les collines. Passez par ici. Il y pousse des bus dans des ateliers. Communiquez. Et en attendant 08/09, faites tourner votre canard [http://fr.youtube.com/watch?v=vpDUc8pPxRk]. Kiblind fait sauter la banque et c’est déjà pas mal.

http://gegemarcello.blogspot.com


01 Jusqu’au 7 juin, Lyon + agglomération : Paroles en festival. Le conte est bon. www.amac-parole.com

l’oie

er er 02 Du 1 juin au 1 août, Place Ambroise Courtois (Lyon 8e) : L’été en cinémascope. Tous les mardis, en plein air.

Basse cour d’immeuble Le BlÖffique théâtre est de retour, dans le cadre du festival Les Invites, à Villeurbanne. 6 représentations sont prévues, dans un immeuble (habité) de l’OPAC, le 19 et le 20 juin. La compagnie interprète République la libre (en partie brisée), une « création théâtrale contextuelles pour collectifs d’immeubles ». Attention : jauge limitée à une quarantaine de personnes. Résa : 04 72 65 80 90. Gratuit. + d’infos : www.mairie-villeurbanne.fr

er 03 Du 3 juin au 1 juillet, Lyon + agglomération (cinémas) : tournée du film The Wall, à l’initiative du GRAC. www.grac.asso.fr

04 Du 6 juin au 8 juillet, Palais de la Bourse (Lyon 2e) : 3e Festival de la Bande dessinée de Lyon. www.lyonbd.com 05 7 juin, Musée d’art contemporain : Atelier beatbox, en marge de la rétrospective Keith Haring (fin de l’expo : le 29 juin). www.moca-lyon.org 06 Du 12 au 15 juin, Francheville (Fort du Bruissin) : Fort en Jazz. www.mairie-francheville69.fr er 07 15 juin, Passage Thiaffait (Lyon 1 ) : PEAH édition d’été au Village des créateurs. www.villagedescreateurs.fr

08 12 juin, Bibliothèque municipale de Lyon : Vive la culture numérique. Conférence avec le créateur de la Bibliothèque francophone sur Second Life. www.bm-lyon.fr 09 Du 27 juin au 11 juillet, Vienne : Jazz à Vienne. www.jazzavienne.com e 10 27 juin, Quartier de la Guillotière (Lyon 7 ) : pique-nique géant + projections en plein air. http://les-inattendus.club.fr e 11 Du 27 au 29 juin, Ile Barbe (Lyon 9 ) : Y Salsa, 5e édition. www.y-salsa.com er 12 Du 29 juin au 1 juillet, Lyon : Fête du cinéma. 1 place achetée = tous les films à 2 euro. www.feteducinema.com

Départ Nul n’est censé ignorer l’oie

Lyon Nyon : qui se rassemble s’assemble S’il faut retourner sur les lieux du crime (l’Euro 2008), voici une bonne raison de rejoindre la Suisse : le Paléo festival, du 22 au 27 juillet, à deux heures de train de Lyon. 6 jours, 6 nuits, 120 concerts, dont : Ben Harper, Justice, Massive Attack, I AM, Yelle, The Do, Zebramix, Alain Bashung, REM, Yael Naim… Et si vous êtes en avance (sur la fin du mois), le Montreux Jazz Festival, à une heure de Nyon, a lieu du 4 au 19 juillet. Oies mal gavées : s’abstenir. + d’infos : www.paleo.ch et www.montreuxjazz.com

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13 Du 4 au 6 juillet, Saint-Bonnet-LeChâteau (42) : Oulala Festival. www.oulalafestival.com 14 Du 10 au 14 juillet, Vénissieux (69) : Fêtes Escales. Da Silva, Susheela Raman, Origines Contrôlées, Ilene Barnes, Kwal, Orchestre de l’Opéra de Lyon. Parc Dupic. Concerts gratuits. www.ville-venissieux.fr e 15 Du 13 juillet au 3 août, Ile Barbe (Lyon 9 ) : Les Dimanches de l’Ile barbe (musiques du monde, théâtre…) dans le cadre du festival Tout l’monde dehors. www.tmld.lyon.fr

Ballerines et pattes d’oie Du 3 au 7 juin, le Théâtre de la Croix-Rousse consacre 5 soirées, en avant-première, à la Biennale de la Danse 2008, qui se tiendra à Lyon, du 6 au 30 septembre prochains. Au programme : présentation des spectacles en images, suivie de Tricôté, la dernière création de la Compagnie Käfig (Mourad Merzouki). Tout ça pour rien : c’est gratuit ! + d’infos : www.biennale-de-lyon.org


Événements

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Un long fil tranquille Le festival de cinéma itinérant « Cinéfil » vous invite cet été à bord de la péniche Loupika, sur les rives du Rhône, du 10 juillet au 9 août. Le bateau fera escale à lyon, square Delfosse (Lyon 2e), du 5 au 7 août. Au programme : grand écran, concerts et chaises longues. Précision : le Loupika n’est pas le Titanic. + d’infos : www.cinefil.org

Guignolesque Figure lyonnaise la plus connue des Français après Edouard Herriot et Paul Bocuse (Sofres), Guignol fête ses deux cents ans. À Lyon, la compagnie des Zonzons et le Musée Gadagne (ré-ouverture : fin 2008) organisent les festivités, toute l’année. Ils réuniront notamment 1 500 marionettistes, le 14 juin, sur la Place des Terreaux, pour la « grande leçon » de Guignol. + d’infos : www.guignol-lyon.com

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Le grand jeu Avec 6 millions d’euro de budget et plus de 100 000 spectateurs chaque année, les Nuits de Fourvière réunissent, cet été, une affiche exceptionnelle. Extraits, en musique : Cat power, REM, Leonard Cohen, Damon Albarn, Marianne Faithfull, Goran Bregovic, Massive Attack, Keith Jarett, Yael Naim, The Do, Cocorosie, Asa, Moriarty, etc. Sans oublier la danse, le théâtre, le cinéma, les petits chevaux (Bartabas). Qui joue ? + d’infos : www.nuitsdefourviere.fr

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danse des canards Les 5e Rencontres Espèces Urbaines, organisées à Villeurbanne le 7 juin (complexe Raphael de Barros), vous en font voir de toutes les couleurs : outre le graff et autres peintures urbaines, ce festival pluridisciplinaire accueille DJs, vidéastes, breakers et sportifs en herbe synthétique (streetball, streetfootball, skate…) pour des démonstrations très « street ». + d’infos : www.especesurbaines.org

Cygnes animés au lac d’Annecy Depuis près de cinquante ans, la ville d’Annecy accueille, au bord du lac, le festival international du film d’animation. L’édition 2008, qui se déroule du 9 au 14 juin, permettra de célébrer le centième anniversaire du dessin animé. Quatre catégories de programme font l’objet de la compétition officielle : les longs métrages, les courts, les films de télévision, les films de fin d’études. Le festival propose également des avantpremières, des rétrospectives et des projections nocturnes en plein air. + d’infos : www.annecy.org



vu par...

#11

patrice papelard Directeur artistique du festival Les Invites de Villeurbanne / Directeur des Ateliers Frappaz La création est bien vivace, elle continue d’exister, de se renouveler quels que soient les domaines. Les projets, les idées sont légion, mais avouons-le, on manque cruellement de moyens et de lieux. Dans le milieu des arts de la rue, puisqu’il s’agit de mon domaine de prédilection depuis plusieurs années, très peu de structures ont la possibilité de favoriser l’émergence de jeunes compagnies. En Rhône-Alpes, depuis 2007, une dynamique de coopération a été engagée entre quatre associations de promotion des arts de la rue : le « GR 4 » qui rassemble EnCours / KompleXKapharnaüM, les Ateliers Frappaz à Villeurbanne, Quelques p’Arts…le SOAR” en Ardèche, et la Gare à Coulisses dans la Drôme. Fortement impliqué dans cette politique d’ouverture à la création, le GR 4 a pour mission essentielle l’accompagnement d’artistes. Et si je devais vous parler d’une jeune compagnie, vous faire part d’un coup de cœur, ce serait sans doute celui que j’ai eu l’année passée à Aurillac pour Jeanne Simone et son spectacle Le goudron n’est pas meuble. Jeanne Simone (les prénoms des deux grand-mères de la chorégraphe Laure Terrier), ce sont six personnages (deux danseuses et quatre musiciens) qui investissent l’espace public. Les lieux choisis occupent une fonction spécifique au sein de la ville, lieux de croisements, de rencontres… S’ils ont souhaité venir en résidence à Villeurbanne, c’est précisément pour travailler avec la population et s’immiscer dans son quotidien. Après un premier travail de répétition, Jeanne Simone a pu ensuite partager avec différents publics environnants – des hébergés de Forum Réfugiés, des déficients visuels du SAMS, des étudiants de l’Ecole Nationale de Musique (ENM) – ses modalités de travail : partir d’un lieu au travers de nos perceptions, de nos gestes et attitudes dans la vie de tous les jours pour glisser petit à petit dans la danse, écouter, entendre les sons et en révéler la poésie, la musicalité. Donner du sens, plus de visibilité, prendre la ville et se l’approprier, s’ouvrir au monde, n’est-ce pas un peu cela l’émergence ?

contacts

www.ateliers-frappaz.com ou www.mairie-villeurbanne.fr www.lagrossentreprise.fr/images_gross_ent/jeanne-simone.html


off course Le phénomène off s’amplifie au gré des manifestations culturelles de grandes envergures. Itinéraires BIS, voie off de la prochaine Biennale de la danse, en est la preuve. Voyage au coeur d’un off devenu in.


LE DOSSIER

#13

P

ar off il faut, une fois n’est pas coutume, saisir l’appréciation anglo-saxonne du terme, et non une abréviation quelconque allant de l’officiel à l’officieux. Dans la langue de David Beckham, le off est au in ce que le sucré est au salé, Arte à TF1 ou l’alcool au volant. Son contraire. Pour ce qui est des festivités culturelles, it’s more vicious. Démonstration en trois temps : le concept, l’illustration locale et le cas provençal. Dans les années 60 (en 1968, paraîtrait-il), un certain nombre de compagnies de spectacle vivant décident de s’octroyer elles-mêmes le droit de se représenter lors des grands festivals institutionnels. Lasses d’être mises au placard par les programmateurs/censeurs, elles s’organisent par leur propre moyen et décident de s’incruster très franchement lors de manifestations de prestige afin de rendre public leur création. Le phénomène off est né. Partant de l’idée, assez simple, de profiter de l’écho d’un évènement retentissant, pour se montrer au public, le off mue et devient au fil des années un objet difficilement identifiable. C’est que le off est multifacettes. De part sa vocation tout d’abord. S’il a toujours eu pour objectif d’être un moyen de diffusion alternative de spectacles, le off peut tantôt s’adresser au public, tantôt aux professionnels de la sphère culturelle. Dans ce second cas, il s’agit de profiter de la venue massive de programmateurs aux spectacles du in pour capter leur attention lors des moments où ils peuvent éventuellement s’ennuyer (dans la journée ou tard le soir par exemple). Le off se définit également par son rapport au in, son lien avec la manifestation officielle. Véritable émanation revendicatrice dans les années 70, le off demeure aujourd’hui bien souvent une simple résultante bien pensée et bien pensante du in. Sorte de caution « exotique », il permet aux programmateurs officiels de maîtriser la marge en l’intégrant à sa manifestation. Il apparaît dans les programmes et participe de la volonté des organisateurs de créer un événement global, multiforme et étendu géographiquement. Enfin, le off se caractérise par son mode d’organisation. Il peut aller de la myriade de micro-événements


regroupés artificiellement sous une marque et un logo, au projet commun pensé et structuré, en passant par le véritable « bordel » anarchique et voulu comme tel. Autant de formes qui rendent ce concept de off souvent confus. Et Lyon en est une belle illustration.

Only Off ?

À Lyon comme ailleurs pour sentir les effluves du off, il faut suivre les mammouths culturels à la trace. On trouve des indices d’une présence éventuelle aux abords des Biennales d’art contemporain et de la danse, du Festival International de la Bande dessinée ou des Nuits Sonores par exemple. Pour ce qui est des Biennales, l’une des facettes du off réside dans le concept des Résonances, sorte de off pluridisciplinaire intégré directement au festival. Pour la biennale d’art contemporain, par exemple, plus de 80 évènements dans des domaines très variés (danse, performance, cinéma, théâtre, photographie, vidéo, installation, design, musique ou littérature) viennent ponctuer la manifestation en síétendant à líéchelon régional. Le tout conservant un lien affirmé avec la ligne artistique de la Biennale, fixée à chaque édition. Un off dans le in donc, qui ne laisse pas indifférent. Cela peut susciter des réactions, comme en témoigne la volonté de Thierry Ehrmann de mettre en place à la Demeure du Chaos, concomitamment à la Biennale 2007, une Bordeline Biennial. Cette dernière, porte en son nom tout le paradoxe du off : en marge mais toujours circonstancié à la manifestation. Parfois donc, le off se métamorphose en un virus cinglant : « La Borderline Biennial se refuse à un programme, les seuls mots seraient : apparition, annonciation, avènement, commencement, création, éclosion, émergence, épiphanie, éruption, esprit, évocation, explosion, fantôme, forme, hallucination, irruption, magie, manifestation, PMD, spectre, théophanie, venue, vision... [...] Le pouvoir de création de la

folie, le rêve, l’association d’idées incontrôlées, constituent l’émergence du merveilleux. La Borderline est un esprit chamanique qui va infecter la Matrice comme un rétrovirus. Elle est selon moi le vrai sens du Cyber-punk ». Lors des éditions précédentes de la Biennale de la Danse, le même concept de résonance a été mis en place, sans véritable programmation off. Cette année marque une rupture, avec l’annonce d’une réelle dynamique de off (cf. page suivante), impulsée par la NACRE (Nouvelle Agence Culturelle Régionale Rhône-Alpes). Et cela pour répondre à un besoin réel. En effet, la particularité de la déclinaison danse de la biennale réside dans son succès public. Elle est historiquement tournée vers les spectateurs avec une programmation riche en spectacles de qualité, de renommée internationale qui occupent la quasitotalité des lieux pouvant accueillir un plateau danse. Mais qu’en est-il des petites compagnies ? Le off, paradoxalement impulsé par l’institution, a ici pour but de profiter de l’événement pour faire connaître au public et aux professionnels de la danse des compagnies émergentes. Il leur permet, ainsi qu’à certains artistes méconnus, locaux, de se produire. À Lyon comme ailleurs, le caractère rebelle originel de ces programmations est devenu assez rare. Souvent consuel, le off peut entraîner certaines déconvenues : nombre de festivals organisent leur « Off », avec sélection et éventuel défraiement, sans acheter les spectacles mais en faisant jouer auprès des compagnies leur aptitude à faire venir d’autres programmateurs. Deux paramètres peuvent alors apparaître : les artistes travaillent bénévolement, et ces manifestations se transforment en « marché du spectacle ». À qui nous pensons ? Avignon : un off de ouf.


LE DOSSIER

#15

Les artistes sur le pont

Avignon accueille depuis 1947 son festival de théâtre. Des centaines de spectacles vivants sont ainsi présentées chaque année, transformant la ville en une Z.U.T. (Zone Urbaine Théâtrale). À l’origine de cette manifestation, un homme, Jean Vilar, qui bien décidé à ouvrir son art à un large public, lance La semaine d’art dramatique d’Avignon en septembre 1947. Une soixantaine d’années plus tard, des milliers de mètres cube d’eau sont passés sous le pont, et le festival d’Avignon, pendant quatre semaines, réunit chaque année plus de 200 000 spectateurs. Reconnu à travers le monde comme l’une des plus grandes manifestations d’art dramatique, grâce à des représentations de qualité et un engouement toujours plus grand, le festival d’Avignon doit en grande partie sa popularité à son coté obscur, son Off. Le monde à l’envers. Le Off d’Avignon c’est un peu le festoche dans le festival, c’est aussi ce qui est en dehors du dedans. Il est né en 1968 (encore), avec Living Théâtre, compagnie particulièrement engagée, censurée par la municipalité pour son excès de subversion, force la porte du festival pour drainer le public dans la rue. Le Off est né, et il se veut dans la droite lignée de ce doux mois de mai : contestataire. Quarante ans plus tard, il n’a cessé de progresser, muter passant de quelques lieux et quelques spectacles à des centaines. Le festival off d’Avignon est devenu l’un des plus grands festivals de compagnies indépendantes au monde. La richesse et la diversité de ses propositions culturelles en font un véritable « salon artistique du Spectacle Vivant » offrant aux compagnies qui s’y produisent, l’occasion unique de rencontrer des publics divers et connaisseurs, des professionnels (presse, institutions, etc.) et surtout des programmateurs susceptibles de les accueillir dans leur lieu de diffusion. Fidèle aux principes de la maison commune paritaire et collégiale, l’association Avignon Festival & Compagnies,

qui coordonne le off, a voulu le doter d’un outil performant en matière d’accueil des professionnels. Aujourd’hui il réunit plus de 700 compagnies, pour environ 700 000 entrées. Autant dire que sa croissance, environ 18 % par an, lui confère un statut de sérieux concurrent à la République Populaire de Chine, et occasionne un certain nombre de travers : productions parfois très moyennes, abus des loueurs de salles qui transforment leur propre garage en plateau de danse, etc. Avignon off est donc une synthèse du phénomène off tel qu’il se manifeste aujourdíhui : un système consensuel entre artistes et organisateurs où chacun a y gagner. Ce système permet à des collectivités territoriales et à leur manifestation d’étoffer leur programmation à moindre coût et d’attirer un public plus large et plus nombreux. En contre-partie, le off demeure une vitrine importante pour des artistes en devenir qui peuvent profiter de l’aura générale de la manifestation. Mais il conserve au plus profond de lui-même une vigilance accrue et le désir d’une liberté d’expression absolue. Comme l’avaient énoncé la Librairie À plus d’un Titre et les éditions Terrenoire lors du Festival International de BD de Lyon de l’année passée : « un off, c’est [aussi] l’ensemble des manifestations qui se montent en marge d’un festival. Un off, c’est : créatif, sauvage, enragé, atypique, révolté, authentique, sincère, bancal, brouillon, spontané, libre, underground, artisanal. Ce n’est pas : gratuit, gentil, sympathique, docile. Ce n’est pas une bonne aubaine. Ce n’est pas du contenu culturel et des animations qui ne coûtent rien, mais qui rapportent de « l’image ». Ce n’est certainement pas la sous-traitance d’un festival par une main d’oeuvre bénévole »*. Off course. * http://terrenoire.aliceblogs.fr/


LE DOSSIER

#16

itinéraires BIS la biennale de la danse - version off Les Itinéraires BIS réunissent des acteurs de la sphère chorégraphique lyonnaise qui ont décidé, ensemble, de créer une dynamique alternative à la Biennale de la danse qui aura lieu du 9 au 28 septembre prochains. En ligne de mire, le désir commun de six structures de créer, à leur manière, une émulation autour de la biennale, et d’offrir à la ville des instants chorégraphiques singuliers, en complément du in. Le projet Itinéraires BIS a été créé en réaction à l’absence de réelle manifestation parallèle à la Biennale de la danse. Une manifestation qui pourrait à la fois mettre en lumière le travail de jeunes compagnies en direction du public et des professionnels, et accentuer l’aspect festif de l’événement « Biennale ». Tout cela, en s’appuyant sur les acteurs locaux spécialisés dans la danse et qui ne font pas partie de la programmation du in. Historiquement, on trouve quelques traces d’une déclinaison off de la biennale. Le TDMI (ThéâtreDanse-Musique-Image) organise ainsi depuis longtemps, Un départ tous les ¼ d’heures, programme qui s’articule autour de petites formes chorégraphiques issues de la rencontre entre chorégraphes et interprètes. Mais l’initiative était trop esseulée pour que l’on puisse la considérer comme le « Off » de la biennale. En 2006, le Croiseur a franchi un nouveau pas en proposant le 6 N’off, une première tentative affirmée de complément à la biennale. Cette salle, labellisée « Scène Découverte », spécialisée dans la danse, proposait pendant la journée et tard le soir, de nombreuses représentations de jeunes compagnies de la région à destination des professionnels et du public. Mais encore une fois, l’initiative était trop peu relayée pour être considérée comme un off à part entière. Il manquait une synergie collective autour de l’évènement.

Sortir des sentiers battus

Pour cette édition 2008, sous l’impulsion de la Nouvelle Agence Culturelle Régionale Rhône-Alpes (NACRE) et de sa chargée de développement des pratiques chorégraphiques, Delphine Tournayre, s’est affirmée une réelle volonté de rassembler les acteurs de la danse de l’agglomération en profitant de l’événement « Biennale ». Après avoir recensé les différents acteurs qui pourraient s’intégrer à un programme off, la NACRE a mis en place des réunions régulières pour fédérer les acteurs intéressés par le projet. Au finale, six structures (le Croiseur, TDMI, le Toï Toï, la Compagnie Propos, la Compagnie Acte et En Scène), proposent une autre lecture de la Biennale et un nom : Itinéraires BIS. Ces itinéraires proposeront donc des chemins moins balisés, agrémentés de programmations de jeunes compagnies et des moments de convivialité autour de la danse (rencontres, brunch/ spectacle, bals, répétitions publiques, ,etc.). Des itinéraires à conseiller. www.itineraires-bis.com

Dossier réalisé par J. M. + F. G. avec la collaboration d’Anaïs Bourgeois




ANACHRONIQUE

#19

cagliostro Religieux, aventurier, thaumaturge, rosicrucien, franc-maçon, alchimiste… Et immortel. Mage ou bandit, celui qui se faisait appeler le « Grand Cophte » par les initiés s’est illustré à Lyon par un séjour symboliquement marqué, en fondant la première loge maçonnique de rite égyptien. C’était en 1784.

F

igure du XVIIIe siècle aujourd’hui dépassée par son personnage, la vie du Comte de Cagliostro est une série de mystères remplie de signes kabbalistiques. Probablement né à Palerme en 1742 sous le nom « véritable » de Giuseppe Balsamo, il revêtit au cours de sa vie divers pseudonymes, jusqu’à conserver celui qui fit sa renommée. Considéré comme un « personnage merveilleux » au sens ésotérique du terme - par le grand occultiste Éliphas Lévi, il était réputé pour s’adonner à la magie et à l’invocation d’esprits, à la divination, aux cures de jouvence et à la transmutation. Son rôle de « médium », qu’il jouait avec beaucoup de talent et d’aplomb, lui valut un grand succès dans les salons de la haute société strasbourgeoise et parisienne, où l’occultisme était très à la mode. En octobre 1784, surnommé le « Grand Cophte », il arrive à Lyon, où il désire visiter des loges de la Haute-Observance.

La Sagesse Triomphante

Cagliostro avait depuis peu introduit dans la maçonnerie un rite nouveau : le rite égyptien, empreint du culte mystérieux d’Isis. La tête cerclée de bandelettes, coiffé comme un sphinx de Thèbes, il présidait des séances nocturnes dans des appartements décorés d’hiéroglyphes et de flambeaux. En décembre 1784, il inaugure la loge-mère du rite égyptien, rue Cazenove (6e), et la baptise La Sagesse Triomphante. Son enseignement puisait sa source dans l’ancienne Égypte, dans la Kabbale et l’alchimie. Assisté d’une jeune fille dans l’âge de l’innocence qu’il appelait « colombe », il entrait en contact avec

les « anges » et recueillait leurs messages. Le mage assurait détenir le secret de la double régénération morale et physique : l’élévation psychique qui constitue le plus haut degré de communion avec le Céleste, et la clef de l’éternelle jeunesse. Cagliostro s’était choisi un sceau hautement symbolique, d’une grande résonance alchimique : un serpent percé d’une flèche. Ce sceau exprime les principaux caractères du grand arcane et figure la première lettre de l’alphabet hébreux : aleph. Elle symbolise dans la Kabbale l’union de l’actif et du passif, de l’esprit et de la vie, de la volonté et de la lumière. La flèche est celle d’Apollon ; le serpent est le dragon vert des philosophes hermétiques. L’aleph est l’image de l’unité équilibrée et représente le secret du Grand Œuvre. Mais ces talismans ne l’auront pas préservé de soupçons d’escroquerie. De retour sur Paris, début 1785, il se trouve mêlé à l’affaire du « Collier de la Reine » et autres histoires frauduleuses. Charlatanerie ? Plus grave encore, l’inquisition le juge coupable de pratiques hérétiques et le condamne à la prison à vie en 1791. Il aurait succombé à une crise d’apoplexie en 1795. Mais selon la légende, Cagliostro aurait demandé une confession privée. Et quelques heures après le départ du confesseur, le geôlier aurait retrouvé dans la cellule le cadavre d’un homme étranglé, recouvert des habits du mage. L’immortel sillonne peut-être encore le monde. Aujourd’hui, à Lyon, il n’y a plus de traces visibles de La Sagesse Triomphante et du passage de Cagliostro. Les bâtiments de l’époque ont été intégralement détruits et c’est le grand restaurant d’Orsi qui siège à présent à la place du Temple. Alchimie culinaire ?

J. T.


© Unitémobile


LYON DANS LA PRESSE

#21

nature et culture

Savez-vous que Lyon devrait accueillir, d’ici 15 ans, 300 000 nouveaux habitants ? À lire la presse, rien d’étonnant, tant entre Saône et Rhône, la nature devient « reine » et la culture se retrouve sur le devant de la scène…

L

e Figaro consacre une longue enquête à « la revanche de la province », ou plutôt « des régions » (« comme préfèrent dire les parisiens, pour ne vexer personne »). Elles ont la côte auprès des « jeunes actifs, des entreprises et des familles » qui fuient « les prix et la pollution de la capitale […], d’autant plus volontiers que la vie culturelle [locale] est de plus en plus riche ». Le « choix de ‘‘s’exiler’’ en région est devenu très tendance » ! Et il ne se fait plus, par défaut, pour échapper notamment au coût du logement. Les « rêves d’expatriation » sont des rêves éveillés, liés à « l’essor économique des régions » : « épuisés par la course au pouvoir d’achat qu’ils savent perdue d’avance, les « bobos » parisiens se rêvent en provinciaux conquérants. » Rastignac aurait donc bien vieilli, alors que Nantes, Toulouse ou Lyon sont des villes qui « sourient ». Selon le dernier classement du Point, dont les marronniers font encore des fruits, c’est la triplette de belles villes : là « où on vit le mieux ». Lyon a certes perdu deux places (en cause : le logement, l’insécurité routière et l’insécurité tout court), mais reste une « star européenne », trustant les meilleures « places dans les classements nationaux et internationaux ». La ville a par exemple « empoché le premier prix ‘‘Liveable communities’’, qui met en compétition une quarantaine de métropoles internationales pour leur qualité de vie. » Il y a un rayon vert, à l’horizon : gardez le naturel car il revient… à la truelle.

Crise de foin ?

Pour les néo-citadins, Lyon a des énergies positives à revendre. Écoquartiers dont le Confluent « devrait être un exemple » ; aménagement des Berges du Rhône ; développement des circulations douces (15 000 locations de Vélo’v par jour, selon Le Point). Libération s’intéresse de son côté au succès des initiatives éco-citoyennes locales, comme l’épicerie « De l’autre côté de la rue », ouverte en décembre 2006, Cours de la Liberté. Thibault Duez, l’un des salariés associés, en explique le principe: « On mange souvent de la merde qui vient de loin, alors qu’il y a juste à côté de Lyon de bons produits, que l’on peut vendre moins cher […] en limitant les intermédiaires. » Les circuits sont raccourcis et l’épicerie vend de tout : produits alimentaires, mais aussi « déodorants, gels douche, shampoings et dentifrices » issus de l’agriculture bio. Autre exemple, près de Lyon : l’installation, dans le parking d’une zone commerciale à l’Arbresle, d’un « distributeur automatique de lait cru ». « Plus besoin d’aller à la ferme », sauf peut être pour Manu Larcenet, auteur de BD à succès (Le Combat ordinaire, Le Retour à la terre), qui a attendu 32 ans pour pouvoir faire le trajet. Libé lui consacre un portrait : à 12 ans, « il s’ennuie, à Vélizy » ; à 20 ans, en bon « punk », « il traîne dans les squats, deale un peu de shit, […] chasse le facho avec les SCALP » ; à 25 ans, il entre en psy ; à 32, « il quitte la banlieue parisienne pour la campagne lyonnaise ». Aujourd’hui, Manu


LYON DANS LA PRESSE

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Larcenet a 38 ans, un « pull camionneur avec des taches […], une Nissan Micra plus ou moins dorée » et fait partie de la « nouvelle bande dessinée française, avec Christophe Blain, David B, Marjane Satrapi. » De la campagne, Manu regrette simplement « qu’il n’y ait pas de FNAC ». C’est l’autre loi, culturelle, de l’attraction…

Culture urbaines

S’il fait bon vivre à Lyon, c’est aussi en raison de l’« offre culturelle et de loisirs » (Le Point). « Les cinémas font le plein. Les deux biennales ont acquis une reconnaissance internationale » et la ville « se trouve en finale pour décrocher le titre de capitale européenne de la culture. » Le succès des festivals est aussi capital. Le nouveau magazine culturel Vox Pop s’intéresse, par exemple, au festival L’Original (hip hop), organisé en avril dernier. Son directeur, Jean-Marc Mougeot, fait dans l’originel (« On est de Lyon […] Or, ça nous a toujours étonné de ne jamais voir un artiste Hip Hop majeur émerger ») et explique l’évolution du public : le rap a « 20 ans de présence en France, voire plus ». Le festival réunit aujourd’hui des jeunes de 15 ans, « qui écoutent Skyrock » et des gens plus âgés, de 40-50 ans. « C’est comme aux États-Unis : on va commencer à croiser des papys de 60 ans en baggy casquette ». Avec des têtes d’affiche comme Méthod Man, L’Original « est considéré comme le festival n°1 du genre en France et un des principaux en Europe. » Autre leader dans son « secteur », les Nuits Sonores font du bruit, jusque dans la presse. La sixième édition du Festival de musiques électroniques a accueilli près de 50 000

spectateurs, dans des « lieux magiques » (Le Monde), comme la « piscine monumentale », du Rhône, les jardins suspendus de Perrache ou l’ancienne usine d’ampoules SLI (Lyon 9e). Pour Libé, le festival est « l’antithèse des tecknivals » : « accrochées à la ville », les Nuits Sonores ne se laissent pas « reléguer dans un parc des expositions ou une prairie loin du centre ». Même piste, côté musique : « peu de gros son qui tabasse », mais une « programmation pointue », entre Guest stars et artistes émergents. 20 Minutes évoque notamment les « prestations mémorables » de Wire ou de Duchess Says et rejoue le « ping-pong hypnothique » que se sont livrés Laurent Garnier et sa « remarquable relève », le lyonnais Agoria : « pas de préparation, aucune directive préalable et un échange musical d’une fluidité étonnante. » Après sept heures de concert (!), Laurent Garnier s’arrêta comme cela: « On va devoir vous quitter, sinon on va se faire taper sur les doigts ». Espaces non compris, c’est un peu la même chose pour moi… G. V.

SOURCES

Benjamin Durand, Interview de Jean-Marc Rougeot, Vox Pop Mag, 29/3 ; « Où vit-on le mieux en France (…) N°3 : Lyon, la star européenne », Le Point (art. collectif ), 4/4 ; Keren Lentschner, « Les écoquartiers ont la cote », Le Figaro, 21/4 ; François Meurisse, « Planches de salut », Libération, 3/5 ; « Du lait cru en self-service dans un parking, Liberation.fr, 5/5 ; Olivier Bertrand, « Quatre nuits pour électriser Lyon», Libération, 8/5 ; Olivier Bertrand, « Lyon, le producteur est au coin de la rue », Libération, 9/5 ; Dalya Daoud, « Laurent Garnier et Agoria pendant sept heures », 20 Minutes, 10.5 ; Dalya Daoud, « Tombée de rideau sur la sixième édition de Nuits Sonores », 20 Minutes, 11/5 ; Ghislain de Montalembert, « La revanche de la province », Le Figaro, 16/5.




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inédit Livre & Lire dans Kiblind : un inédit… En collaboration avec Kiblind, Livre & Lire vous propose de découvrir, à travers un inédit, un écrivain qui vit en Rhône-Alpes et débute son parcours éditorial. Le texte d’Antoine Dole est extrait d’un roman en cours d’écriture intitulé Laisse brûler, à paraître en 2009 aux éditions Sarbacane. Livre & Lire est le mensuel du livre en Rhône-Alpes publié par l’Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation (Arald). Il propose un regard sur la vie du livre et de la lecture dans notre région, présentée à travers la diversité de ses écrivains, de ses traducteurs, de ses éditeurs, mais aussi de ses librairies et de ses bibliothèques. Disponible sur abonnement et consultable en ligne sur le site de l’Arald : www.arald.org

Ouverture

Laisse brûler est un roman choral. On y suit le destin parallèle de trois personnages. Entre franches douleurs et dommages collatéraux. Tous trois sont liés par un secret, et tous sont consumés par ce secret à des degrés divers. Le roman s’ouvre sur cette scène étrange : quelqu’un se réveille dans une cave, attaché à une chaise. En face de lui, une personne qu’il ne parvient pas à identifier. Début d’une séance de torture maladroite. Captivité physique, captivité mentale… Laisse brûler est un roman sur le souvenir, le deuil, qui s’inscrit dans l’exploration des nouvelles donnes amoureuses amorcée dans Je reviens de mourir, premier roman d’Antoine Dole. C’est aussi, selon l’auteur, un hommage à la culture du slash movie (Hostel, Saw, etc.) et une fiction sociale, introspective et contemporaine. L’eau froide lui fait l’effet d’une claque. Le corps reste à la verticale, c’est la tête qui s’arrache. Les yeux s’ouvrent et vrillent dans leurs orbites à la recherche de lumière. Balancement vrac des pensées dans l’accélération de son rythme cardiaque. Le souffle est sec et rapide, comme une bête asphyxie. Quelques secondes pour comprendre qu’il s’est bien pris de l’eau et une main dans la gueule. Se débattre, oui. Mais y a comme un blanc quand il se secoue. Tout semble incroyablement fixe. Obscurité implacable qui le nie tout entier. C’est comme de se cogner à une paupière immense. La peur frappe dans le ventre, Hiroshimas successifs. Boum. Boum. Boum. Sensation de chiasse difficile à contenir, les organes se contractent. Le bide est plein de nœuds. Le bandeau sur la bouche l’empêche de gueuler. Bruit sourd que crache la trachée, plus de rage et ce serait l’étranglement.


La mâchoire est raide et cassante. Il sent le tissu qui recouvre ses lèvres s’humidifier franchement. Très vite c’est comme une méduse qui s’étalerait de son long, calque de chair et coton mélangés. Quelque chose dans sa bouche l’empêche de déglutir. La détonation de la claque résonne encore dans sa boîte crânienne ; l’eau coule dans le cou, puis le long du torse. Sillage glacé qu’empruntent les gouttelettes sur la peau. Le froid gagne peu à peu les autres membres. Là seulement qu’il réalise qu’il est nu. L’esprit ankylosé se réveille par bribes. Douleur de la nuque d’abord, quand il va pour bouger la tête. Puis le dos, lassé d’être tendu pour maintenir la posture. Les genoux craquent. Il est obligé de se tordre pour débloquer la rotule. Des fourmis dans le mental engourdissent les perceptions, les mains semblent ne pas répondre aux appels de l’esprit. Quand il tente de bouger le reste du corps, chaque parcelle de lui reste soudée à sa place, il ne faut pas longtemps pour sentir les entraves, corps lié solidement aux barreaux d’une chaise. Il perçoit des mouvements, devant lui dans le noir. Dans la pénombre, le bout incandescent d’une cigarette. Le geste est lent. Seul repère sur lequel s’agace la rétine. Cortex trop abruti d’informations nouvelles. Comment l’air est étouffant et lourd, comment le corps est là foutrement vulnérable, liens qui lacèrent la peau, et comment le noir est dense. Et quoi, combien de temps. Où je suis, quoi qui, non, pas, pitié, erreur, peur, mal, je… Au coin des yeux des larmes montent. Il tire sur les liens qui lui bloquent les mains dans le dos. La peau des poignets se cisaille ; il insiste. Dans la bouche, il évalue avec la langue une boule de tissu qui s’englue de salive. Un arrière-goût de gerbe remonte. Quelqu’un l’observe. Odeur de tabac craché en franches effluves. À deux doigts de s’étourdir. Les pires images cognent dans la tête. Il se concentre sur chaque millimètre de son corps, au moindre contact étranger l’intégralité de la machinerie pourrait s’effondrer. La trouille est cette armée de termites, boulimiques et jamais rassasiées, grouillant sous la peau. L’essentiel de sa structure n’est plus que du bois pourri, aucun endroit de lui où se tenir debout sans risquer la chute. Il ferme les yeux, cherche à vriller le corps. Il espère qu’en y mettant l’énergie nécessaire un barreau casse. D’un coup ça paraît simple, trouver des solutions, s’en sortir. Tout ira bien c’est sûr, cerveau saturé d’une logique de séries B. Fracasser une chaise, l’affaire d’une minute. Ensuite il s’attaquera aux quinze mecs armés qui attendent, probablement. S’échappera de la forteresse, sauvera le monde. Avant la fin de l’épisode, sûr. C’est de cette façon-là que ça se passe. Tous les battements du cœur se rejoignent en un point précis du bras. Tremblements des muscles tétanisés sur l’accoudoir. Plus rien ne compte sinon ce minuscule craquement que l’oreille cherche à entendre. La tête lui tourne presque, effondrement. – Je ne ferais pas ça si j’étais toi… Il sursaute, les larmes pulvérisent ses pupilles. La voix en face se répercute en stéréo.


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L’autre charge à fond sur les effets sonores, syllabes lourdes et martelées comme un roulement de tambour. En bon Monsieur Loyal, il enchaîne les mots adéquats et l’attitude pour souffler la réplique : se dessine comme un script, avec des blancs pour gueuler qui lui restent à remplir. Il pourrait se croire au cinéma sans cette trouille qui le ronge .Tout l’intérieur se tord, montée irrépressible d’angoisse et de rage, une décharge qui revient en rafale. La voix est là juste au bord de l’oreille, murmure qui atteint le tympan avec la précision du foret d’une perceuse. Il y a dans les intonations comme un calme cinglé. C’est une erreur, c’est pas possible. Putain, c’est pas possible. Qui c’est ? Qui ? Laissez-moi pitié. J’ai rien fait. Pitié. C’est une erreur. Pitié. Il secoue la tête, des grognements viennent encrasser la gorge. Pulsations de sang dans sa tempe qui l’abrutissent. La présence s’éloigne de lui. Les yeux cherchent dans le noir quelque chose à rendre palpable, le truc à craindre. Il ne parvient plus à raisonner de façon claire-nette-et-précise. La tête se balance à s’en décrocher. Se secouer. Encore. Encore. D’un coup, un lien encercle le front et se resserre ; d’un coup sa tête se lie au dossier de la chaise. Pression ferme. La voix encore. – Vaut mieux que je t’attache la tête aussi… comme ça, tu te feras pas mal… Pas s’attarder sur les mots ni le phrasé bizarre, l’autre continue d’appliquer cette façon de faire, pompée sur dvd. Y a pas le temps d’y penser, juste de la peur, de pas savoir de quoi l’autre pourrait se montrer capable. Dans la voix le ton tremble un peu plus. Un bref instant quelque chose d’humain devient perceptible et le geste hésitant. Il essaie de tourner le cou d’un côté puis de l’autre, la peau du front se tire, sensation de brûlure sous la lanière nouée. Ça sent la peine de mort, il s’attend à recevoir comme une décharge fatale. Il distingue un court instant le bout de la cigarette qu’il apercevait tout à l’heure, bizarrement rassurante, comme un phare minuscule. La faible incandescence suffit à lui coller quelques secondes de flottement dans le crâne, les yeux planent dans le vide à s’en faire loucher. Dur d’évaluer les distances. Brûlure. Douleur. C’est le crachat d’une étoile qui s’écrase sur son front, le magma de cendres s’enfonce dans la chair quand l’autre presse la cigarette pile au-dessus des sourcils. Il s’arrache un hurlement qui retombe au fond du bide. L’autre n’appuie pas franchement, comme de pas l’habitude, au ralenti d’abord main tremblante. Un grésillement précède l’odeur de viande brûlée. Rien ne sort qu’un grondement à travers le bâillon. Trachée brûlante de réprimer. Les yeux pleurent des larmes épaisses. La douleur tétanise, tout le corps se calque contre la chaise et s’immobilise.


DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE

#54

– Maintenant que j’ai ton attention, nous allons pouvoir commencer… Allure de Space Mountain, sans rail et sans frein. Le wagon glisse lentement vers un tunnel flou. Comme au bout de l’horreur, une démence prime time, il ne sait plus. Il se secoue encore mais le corps abandonne, et cette chaleur partout c’est comme suer du plomb. La brûlure au front martèle l’intérieur du crâne d’une migraine effroyable. Tout est terriblement laborieux. Il ne parvient qu’à pleurer, désespoir total qui le submerge. C’est tout ce qu’il parvient à faire les heures qui suivent. Peut-être juste des minutes. Mais là dans le noir, c’est comme se lier au temps : quel que soit le nombre de secondes qui s’égrainent, c’est rien que l’éternité. Il s’étouffe dans cette détresse molle. L’écho de la voix le déconstruit morceau par morceau, une barre de fer pour casser les articulations. Les syllabes claquent au rythme d’une frappe métallique. Chaque fois qu’elle revient c’est un coup qui se porte. – On est tous les deux là pour un moment… Vertige que les mots provoquent. N’émerge que l’élan de supplier. Pitié pitié pitié, laissezmoi. Pitié. Au filtre du bâillon reste juste un sanglot. L’autre regarde les aiguilles de sa montre briller dans le noir. Antoine Dole

+ Antoine Dole est né en 1981 et vit aujourd’hui à Chambéry. Activiste des mots, il est le fondateur du collectif « En attendant l’or », qui publie une revue dont le but est de défendre une littérature urbaine et actuelle et de permettre à de jeunes auteurs issus des scènes littéraires alternatives de promouvoir leur création. Il est également à l’origine d’Impact Verbal, une micro maison d’édition spécialisée dans les outils de contre-culture. www.ADnonyme.com Je reviens de mourir Premier roman d’Antoine Dole, paru en 2007, Je reviens de mourir met en scène deux jeunes héroïnes prises dans un conflit intérieur où les rapports amoureux – leur impossibilité, leur caractère absolu, leur violence – tiennent lieu d’arme de destruction. Visions hypnotiques, incapacité des sentiments, détresse affective et sensible, les personnages d’Antoine Dole sont gagnés par l’obscurité d’un monde qui (se) casse et (se) détruit. Le sexe, le mensonge, les sentiments, le mensonge, tout revient en boucle et chacun demeure dans son secret. (Antoine Dole, Je reviens de mourir, Éditions Sarbacane) À paraître en 2009 : Fly girls (Anthologie du hip-hop féminin) au Diable Vauvert et Laisse brûler, aux Éditions Sarbacane. Libraire et partenaire... En attendant la sortie de Laisse brûler, vous trouverez le dernier roman d’Antoine Dole, Je reviens de mourir, à la libraire Rive Gauche (19 rue de Marseille - Lyon 7e).




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#57

nth synthesis Non contents de cartonner avec Cosmos70, les p’tits gars de chez BEE continuent de fouiner à la recherche d’innovation. Dernier exemple : NTH Synthesis qui sort Prône, son premier EP sur le label lyonnais.

A

près un démarrage un peu poussif, façon Citroën AX, avec un premier mini-album sur le net label canadien Nishi, intitulé Chapitre Premier, en 2007, Nth Synthesis passe à la gamme berline et sort, en mai, Prône, sur le label lyonnais Bee records. Ces spécialistes de l’electronica rhônealpine ont ouvert leur porte et leur cœur, sans hésiter, devant cette IDM (Intelligent Dance Music) léchée et connaissant ses classiques. Et pour nous, ça veut dire beaucoup. Nos deux amis franco-américano-annecien n’ont pas traîné dans leur carrière musicale. Premier morceau accompli : Méthédrine Machine, 2005 ; premier opus distribué, Prône, 2008. Preuve que les connaissances musicales qu’ils ont acquises au cours de longues années d’études du catalogue Warp ont porté leurs fruits. Il ne leur restait ensuite qu’à devenir ce qu’ils étaient, des super héros.

Rétro-futurisme

En s’inventant deux avatars, mi-Stakhanov, miIronman, Viator et Vektor, le duo se construit une légende kitsch, inspirée par la science-fiction des années 50, et nous introduit doucement, mais sûrement, dans un autre monde. Et ce n’est que le premier pas. Le deuxième se fait évidemment par la musique. Celle-ci hésite, tergiverse, feinte

à droite pour mieux nous passer par la gauche, et enfin nous perd tout à fait, entre bidouillages électroniques et basses robustes, entre nappes légères et kicks offensifs. Bien sûr, on reconnaît, ici, l’influence d’Autechre, là, celle d’Aphex Twin. Mais ne nous y trompons pas, Nth Synthesis possède un son propre, Monsieur. Et un graphisme propre. Car le visuel n’est pas en reste chez ce groupe touche-à-tout. Présents sur leur EP Prône, les clips de FMtek, de Mechanicca et de Micromodul, vous donneront un avant-goût de leur performance live, dans lesquelles ils se démultiplient pour donner à manger à vos yeux et à vos oreilles. Nth Synthesis, en invoquant le passé pour nous parler du futur, en se tournant vers l’expérimentation plutôt que vers la démagogie, dépoussière une facette de la techno française que l’on croyait perdue. Et c’est tant mieux. M. G. + Actualité Nth Synthesis, Prône, est sorti le 7/05 + Contacts www.myspace.com/nthsynthesis www.beerecords.com



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#59

the sounds echoes between the hills

Rock’n roll psychédélique embaumé de mythologies. Sections rythmiques inspirées des early seventies. Une histoire de colline investie de corbeaux et un son kaléidoscopique qui se réverbère entre les hauteurs.

À

l’heure des guitares pop feutrées et des timbres doux et fluets qu’on a plaisir (sincèrement) à écouter dans son canapé devant un cendrier plein de clopes, il est tout aussi plaisant de tomber par hasard sur des sons plus péchus : Ravenhill. Plus rock que pop, progressif avec des accents de psychédélisme à la manière d’In the Court of the Crimson King, Ravenhill s’est récemment distingué sur la scène locale, en figurant notamment sur la printanière (et excellente) compilation Lyon in Rock. Une belle reconnaissance pour une formation de cinq musiciens qui n’existe que depuis quelques mois. Influencé musicalement par le tournant des sixtiesseventies, avec des références comme Hendrix, Led Zeppelin, King Crimson ou, plus tardivement, Joy Division pour le côté coldwave, Ravenhill trouve la source de ses textes dans les mythes. Le nom du groupe est d’ailleurs associé à la fondation de Lugdunum : une nuée de corbeaux, présage de la présence de Lug, investit la colline de Fourvière et décida les Celtes à y établir une colonie qu’ils nommeraient « Colline de Lug » ou « Colline aux corbeaux ». Un aspect mystérieux qui s’allie plutôt bien avec l’atmosphère psychédélique, sans tomber pour autant dans le grandiloquent, teintant d’une

note poétique des événements de tous les jours. Il suffira d’écouter The Sound Echoes Between The Hills, le 4 titres maison paru en début d’année et livré sur Myspace, pour se faire une idée des talents prometteurs du groupe. Un jeu sur le changement d’ambiances, sur l’ambiguïté sonore et le bidouillage d’effets, à la fois mélodique et bruyant, calme et agité.

Willstock Jam Festival

En attendant l’album qui se prépare cet été, et à défaut d’écouter en boucle Growing too fast, Ravenhill sera visible les 28 et 29 juin au Willstock Jam Festival. Cet événement gratuit, organisé par le groupe, se déroule dans le creux des collines beaujolaises et accueille une quinzaine de formations. Après-midi de sets acoustiques, plateau rock en soirée et nuit de jam session, avec en programmation : Ravenhill, A* Song, Fireball, The Talens Trio, Electric Circus ( Bretagne ), Emile ( UK ), Projet Picasol, La Baraka, The Lone Tourist, Looga, Eric Salt & Marlene Heartwood et Djong. Et un écho qui retentit entre les collines. J. T.

+ Actualité > The Sound Echoes Between The Hills / 4 tracks EP + Contacts > www.ravenhill.fr > www.myspace.com/willstockjam



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#61

le punk froncé, le rap ricane A l’heure des prods electro ou rap hyper léchées où le côté dirty est tellement bossé qu’il en est anesthésié (et anesthésiant), 2 individus dévergondent un peu le milieu.

S

i les étiquettes ne restent pas longtemps collées aux musiques que dealent Karlit & Kabok, il y a bien une catégorisation à laquelle ils n’échappent pas, celle de turlupins au style cradcore. Ces pélos de pélu se rencontrent pour la 1ère fois au collège, et commencent voilà 15 ans leurs expériences musicales. Si les personnalités sont différentes, il n’empêche qu’ils partagent quelques amours communes pour la musique des Bérus, d’NTM ou des Beastie. L’an 2000, Karlit fait l’acquisition d’une MPC. A l’époque teufeur acharné, il intègre la simplicité énergique des musiques de free party dans sa manière de concevoir ses tracks. Une 1ère et désormais célèbre maquette voit le jour, elle parle de 3 moustachus dans une estafette, c’est La Moustafette. Juste retour des choses, le morceau est allégrement diffusé en teuf, notamment dans les camions, jusqu’à connaître un succès furieux sur le net « grâce » à sa présence sur la mule. Encouragés, les 2 histrions squattent les petites scènes comme les grandes, celles des festivals Garorock, les Authentiks ou Woodstower, et commencent à imposer leur curieux nom.

Mon côté punk

On leur reconnaît alors des influences d’ailleurs souvent revendiquées : celles du punk rap du Svink, du Stup ou des Beastie ou celle humoristique d’un Didier Super. Si on retrouve bien la scansion du rap, on distingue également les vociférations du punk et les samples efficaces et tels quels des sons de teuf. Ainsi libérés des formes canoniques, Karlit & Kabok ne font ni de l’electro, ni du rap, ni du punk à proprement parler, mais véritablement leur truc à eux. Le groupe est « brut » au sens noble du terme, c’est à dire vrai, non trafiqué, nature. Les textes ne sont pas tournés pour être drôles, ils sont créés par 2 types drôles dans la vie, et ce n’est pas parce qu’on a de l’humour qu’on ne raconte que des conneries. A noter donc : écouter et comprendre cet album dingue, et les voir en concert cet été. G. J. + Actualité > L’ album Musik d’ascenseur pour kages d’eskalier est sorti le 14 avril 2008 > 13 juin au festival Nomade (38) > 28 juin au Festival de l’Estaque (13) > 23 août au Festival de la Sainte Fieute (89) +Contacts www.myspace.com/karlitetkabok



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#63

leitmotiv’ blastik pertran

Alliance inattendue jazz-punk-rock et textes gaiement cyniques, Leitmotiv’ Blastik Pertran se présente comme une alternative à la musique de salon. Des « punks à jazz » énervés et raffinés, mis en boîte dans un second album excentrique : Des Amuses et des Erreurs.

P

our comprendre toute la subtilité et la fine complexité neuronale sous-jacente à chaque titre de Leitmotiv’ Blastik Pertran, il suffit de laisser la parole à son leader : « L’abnégation des musiciens de Leitmotiv’ à mon égard est totale lorsqu’il s’agit de me rendre heureux. Car MOI, David Suissa, 33 ans, aujourd’hui à l’âge où le Christ fut crucifié, je voue ma vie à la musique cérébrale pour bourrin, à la new wave bretonne, aux cantiques orgasmiques et partouzeurs, à la banalisation du jazz compliqué, au traditionnel keupons, à tout ce qui se fume, se boit, s’ingère, se jouit, se relit. » Le reste suit de là. Leitmotiv’ est un extravagant mélange de rock, jazz, punk et plein d’autres choses, servi par cinq musiciens qui s’estampillent « punks à jazz ». De la « dentelle cloutée », disent certains. On pourrait aussi dire du « velours abrasif », qui tient dans le mixe d’ambiances cuivrées avec une rythmique bien bourrine. Sans compter sur des textes drôles, cyniques et gaillards, capables d’apporter des éclaircissements pertinents sur les choses de la vie, de même qu’un regard sociologique intéressant sur le clubbing local, notamment à travers le titre Ouin Ouin. Non, ces gens ne se prennent pas au sérieux. Et ça fait du bien, « c’est frais », comme on dit à Paris.

Des amuses et des erreurs

Au moment de la rencontre, en 2003, entre un guitariste rock et huit musiciens issus du jazz et des musiques improvisées, Leitmotiv’ Blastik Pertran était d’abord un collectif de deux batteries, quatre cuivres, basse, clavier, guitare « et une multitude d’accessoires notables, berimbao, guimbarde, accordéon, bouts de bois, tronçonneuse, 650 Yamaha, et bien d’autres objets insolites. » Après 5 ans de scène, un premier album Des Muses et des horreurs, et une formation revue au quintet, le groupe lyonnais creuse son sillon décalé et peu habituel en sortant en février dernier Des Amuses et des Erreurs, second volet d’une trilogie attendue. Un nouvel opus toujours aussi déjanté, qui suggère aux musiciens du groupe, bien conscients du succès qui s’approche : « s’il faut coucher pour réussir, alors on amènera nos pyjamas. » J. T. + Actualité > 26/09 au Marché Gare (Lyon 2e) avec No Mad ? (cf. Kiblind#20) + Contacts > www.myspace.com/leitmotivblastikpertran > www.leitmomo.com


Du Lundi au Vendredi de 18h à 20h ‘HAPPY HOURS & Tapas’ Du Lundi au Mercredi de 18h à 1h Du Jeudi au Samedi de 18h à 3h 7, rue de la Martinière, 69001 Lyon www.soda-bar.fr - myspace.com/sodasoulnspirits

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ZONE


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#65

le rouge et le vert

La rentrée oublie ses maussades intentions de labeur et prend des air(e)s de pique-nique lorsque Woodstower sort des bois.

L

’été joue les prolongations dans le cadre luxuriant du Parc de Miribel Jonage quand point septembre, au son des grands artistes de ce monde et des formations émergentes. Et cela dure depuis 10 ans maintenant. 10 ans que le festival partage ses deux amours, celui de la nature et celui de l’art. 6 premières éditions au Parc de l’Hippodrome de la Tour de Salvigny puis s’en va, au Grand parc de Miribel Jonage plus habitué alors aux merguez et autres barbecues qu’à la réception des pontes du reggae ou de la chanson française.

Ecco lo

Loin d’être une tocade dans l’air du temps, la profession de foi écologique du Festival ne se résume pas qu’à une localisation champêtre. Désireux de réduire l’impact de l’événement sur la nature environnante, Woodstower a fait le pari d’instaurer le tri sélectif de tous les déchets du festival. Les habituelles et peu ragoûtantes latrines communes aux grands rassemblements sont ici remplacées par de géniales toilettes sèches. Une belle explication pédagogique et engagée en guise de fronton nous explique qu’au lieu de gaspiller l’eau à l’évacuation, ces toilettes fonctionnant aux copeaux de bois transforment nos besoins en compost tout en en annihilant les écœurants effluves. Magistral. Et c’est jusqu’à la communication

qu’on s’engage puisque la totalité de celle-ci est réalisée sur papier recyclé. Un recyclage qui n’a évidemment pas cours dans la programmation. Woodstower, c’est aussi 10 ans de musique, de théâtre de rue, de déambulations. Avec quelque 14 000 personnes l’année précédente, le public a déjà eu la joie de voir sur scène les Ogres de Barback, Ez3kiel, Max Roméo, Mano Solo, Asian Dub, Tété, Dub Inc ou le Peuple de l’Herbe… Et la décennie passée n’a pas émoussé le désir des organisateurs qui ambitionnent à nouveau de réaliser tremplins et soirées de concerts sur plusieurs scènes, avec de nombreuses représentations de théâtre de rue et moult ateliers d’initiation à différentes pratiques artistiques, comme la danse hip hop, le slam ou les arts circassiens. Le bien et le bon réunis en somme, pour un évènement culturel de qualité, écologique et pédagogique. Une bonne occasion de se mettre au vert en musique. G. J. + Actualité Festival Woodstower Les 29, 30 et 31 août Grand Parc de Miribel Jonage + Infos www.woodstower.com



BAZART/danse

#67

compagnie stylistik Depuis longtemps, la danse hip-hop n’est plus cantonnée aux trottoirs dégueulasses. Démonstration nous en est faite une nouvelle fois par la compagnie Stylistik et sa première création, Vis-à-vis, une réflexion poussée sur le regard de l’autre et la trace qu’il laisse en nous, pour toujours.

F

ondée récemment, en 2006, par deux enfants de la balle, Clarisse Veaux et Abdou N’Gom, la compagnie Stylistik a su donner au hip-hop une dimension cognitive et spirituelle, portant ainsi leur art au-delà de clichés trop souvent énoncés lorsque l’on parle de danse de rue. Vis-à-vis s’inscrit dans cette conception d’une chorégraphie moderne, mais attachée à ses racines, cherchant l’intérêt du spectateur plus par la réflexion que par une vaine grandiloquence dans le mouvement. Leur œuvre s’attache en premier lieu au regard. Et, pour le coup, on voit double, puisque c’est en duo qu’Abdou N’Gom et Clarisse Veaux eux-mêmes nous livrent leur prestation. Le rapport duelliste tient toute son importance dans ce travail sur l’autre, son regard et l’incidence qu’a celui-ci sur nous-même. Par la danse, les traces que cette autre nous laisse, son oppression, sa peur, son jugement, sont révélés, de manière brute, accentués par la virulence des mouvements hip-hop.

H-I-P a chopé

Car si la compagnie Stylistik a su s’ouvrir à d’autres facettes de la danse contemporaine, leur spectacle n’en reste pas moins basé sur un respect de la technique et des codes urbains. Nos deux danseurs/ chorégraphes recyclent ce qui a fait leur parcours

jusqu’à lors : un apprentissage acharné de la danse hip-hop, dans ses moindres détails. En ressort une maîtrise parfaite du langage corporel, au service d’un message fort sur la compréhension de son prochain. Une technique propre, alliée à une écriture poussant à adopter une vision différente de soi et du monde qui nous entoure, forme un spectacle bref, mais dont on ressort changé. Il ravira certainement ceux qui attendent plus d’une œuvre chorégraphique qu’une simple démonstration sportive ou qu’une mascarade abstraite, devant lesquelles on ne peut s’enrichir sans se mentir à soi-même. M. G. +Actualité 29 et 30 octobre 08 / «Vis-à-vis» au Croiseur à Lyon 14 déc.08 / «Vis-à-vis» festival H2O à Aulnay-sous-Bois stage : 8 juin 2008 atelier de recherche chorégraphique +Contacts www.stylistik.fr www.myspace.com/cie_stylistik + Crédits photos Frédéric Beaubeau



BAZART/ARCHITECTURE

#69

du haut des arbres Période toujours plus revival oblige, du 31 mai au 15 juin 2008 on a droit au retour des cabanes. Souvenez-vous comment avec trois branches, une palette et un carton, vous créiez votre habitat d’aventurier, avec les copains Hein ?

C

’est sur ce doux souvenir d’enfance que Ghyslain Bertholon, président et cofondateur du Laboratoire d’Art Impliqué à Saint-Étienne, décide avec son ami architecte, David Paulet, de monter un projet sur le thème : la cabane - rappelez vous. Duos des Arbres, c’est donc la rencontre entre des architectes et des artistes qui ont pour but de créer une « fameuse » cabane, tout ça en collaboration avec les deux écoles d’architecture et d’art stéphanoises (ENSASE, ESADSE), qui elles aussi auront le plaisir de monter la leur, de cabane. Et pour faire perdurer le rêve, des enfants, des vrais, en fabriqueront une aussi. Elles prendront place, pas en galerie d’art, mais au sein des centaines d’ares de nature que propose le Parc Naturel Régional du Pilat - cette zone de plus en plus verte direction Saint-Étienne - et pour le coup, c’est plus précisément au Bessat - banlieue Est post-stéphanoise - que vous visiterez émerveillés, et pleins de souvenirs de l’époque où vous mesuriez le mètre dix. La règle d’art, respect du site, de sa végétation. Aucune trace de leurs passages, aux cabanes, ne devra persister après cette exposition forestière. Des matériaux propres, non polluants, recyclés, et/ou recycables. 21e siècle, mode revival oblige encore, on fait tout bio, man !

En cabane !

Appel lancé en juin 2007, pas le 18, un peu avant. Vingt-cinq dossiers reçus. On trie, écologie mode de vie, huit projets sont sélectionnés parmi l’élite, plus deux projets étudiants, plus un enfantin. En somme, onze cabanes à visiter, explorer, découvrir de l’exterieur ou de l’interieur. Enfance toujours, Carine Bonnot (architecte) et Aude Bertoro (graphiste/designer) nous présentent leur origami, à échelle humaine. Habitation éphémère, brute, Origami est un rappel doux à l’exploitation de la forêt pour nos besoins - Support paper recycling. Cabane en camera obscura, avec sa fenêtre sur le monde, Observatoire sonore et son association d’un jeune étudiant en musique et d’un architecte, jeune aussi, éveillent nos sens. Le bois vit, nous aussi. La Banya propose au public un bon bain de vapeur, c’est pas encore l’été mais les serviettes et autres accessoires de vacances sont requis pour se détendre dans cette structure, animée d’une respiration calée sur le rythme de ses visiteurs. Alors, besoin d’une mise au vert ? C’est vers SaintÉtienne que ça se fait - tiens donc. F. G. + Contact www.duos-des-arbres.com



BAZART/COLLECTIF

#71

atwork, poster gallery Depuis le 24 mai et jusqu’à la fin du mois, au 23 rue Burdeau, sévit la deuxième expo de la galerie Atwork : on s’en affiche !!!. Spécialisée dans les supports imprimés reproductibles, cette jeune et jolie galerie saura agrémenter vos flâneries de w-e à base d’affiches contestataires contemporaines.

À

l’origine du projet, la rencontre fortuite entre Sam du vidéomagazine RECMag et Small et Home Made studio, tous deux graphistes indépendants. Partageant depuis quelques mois le même local dans une rue Burdeau récemment envahie par les galeries, ils s’y sont mis. At work. Profitant de leur espace de travail, ils organisent tous les mois une exposition consacrée aux supports imprimés et reproductibles en série, en s’appuyant généreusement sur le graphisme et le street art. Avec la jeune galerie 2+2 = 5, installée tout récemment dans le 6e arrondissement, Atwork occupe un créneau laissé vaquant à Lyon depuis bien longtemps. L’amour du print. Les supports : l’affiche, le papier. Les techniques privilégiées : sérigraphie, linographie, offset, numérique, pochoirs, etc. Ces expos sont l’occasion d’apprécier en galerie le travail de la jeune garde. De ceux que l’on croise parfois aux plaisirs d’un coin de mur ou d’un bout de trottoir.

Atwork s’affiche politiquement

Après une première exposition alliant graphistes confirmés et jeunes pousses locales, parmi lesquelles le jeune Rieur, Atwork s’engage et signe on s’en affiche !!!, un hommage à mai 68, par le poster contestataire contemporain.

Au mur, de nombreuses signatures : Goin (voir p. 27), Human graphit (voir p. 29), Christophe Niemann (voir p. 31), Arcane, Sépulvéda et Sogoud Design. Plusieurs techniques, un message, politique. De l’innocence trash des Humanity, à la critique candide et acerbe de Christophe Niemman (qui a réalisé de nombreuses couvertures du New Yorker), en passant par la copie corrigée de 68 par Goin tous les moyens sont bons pour mettre le monde contemporain à l’affiche. Reste plus qu’à s’y coller. Pour Atwork, cette exposition sera le dernière de la saison. Mais dès la rentrée, on s’y remet sans blaguer : expo stickers, expo ultra violet, jeunes artistes du monde entier, etc. On y sera. J. M.

+ Actualité À partir du 24 mai et pendant tout le mois de juin, exposition On s’en affiche !!! à la Galerie Atwork. + Infos Galrie Atwork 23 rue Burdeau 69001 Lyon www.myspace.com/atwork_postershowroom Pour prendre RDV : 09 50 98 72 23


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07

/2008 15 places dans 15 lieux pour 50 profitez de la euro sa vous ruiner. w ison culturelle sans ww.kiblind.com

« ICNIVED DRANØËL, C’ÉTAIT COMMENT… APRÈS ? »

AMBITION D’ART

GENRE> EXPO LIEU> IAC DATE> DU 16/05 AU 21/09

Pour célébrer ses 30 ans, l’Institut d’art contemporain invite son fondateur JeanLouis Maubant à concevoir une exposition accompagnée d’une importante publication. Ambition d’art constitue un temps fort autour duquel convergent différentes manifestations : un colloque, deux jours de rencontres internationales et un parcours d’expositions d’œuvres de la Collection Rhône-Alpes.

GENRE> THÉÂTRE MUSICAL LIEU> LA RENAISSANCE DATE> 06/06

Paris 2010. Après un cataclysme, 16 enfants d’un pensionnat se retrouvent enfermés dans les Catacombes. Très rapidement, ils s’aperçoivent que le temps n’a plus aucune prise sur eux. Ils ne vieillissent pas, n’ont plus besoin ni de boire ni de se nourrir. Les années passent. Jusqu’au jour où débarque un mystérieux personnage du nom d’Icnived Dranøël. Il a 12 ans et prétend venir du 16e siècle... Un très beau conte musical et intemporel.

FESTIVAL 100% MÉTAL VOIX DE FEMMES

GENRE> MUSIQUE LIEU> MARCHÉ GARE DATE> 07/06

BALLADES URBAINES «EUROPE NE SE SOUVIENT PLUS»

GENRE> THÉÂTRE LIEU> NTH8 DATE> DU 9/06 AU 22/06

Une semaine de balades évasives, poétiques au cœur du 8ème arrondissement de Lyon. C’est ce que vous propose Vincent Bady et ses compères du Nouveau Théâtre du 8ème, à partir de son écrit Europe ne se souvient plus. Macadam Cowboy, Mortelle Randonnée et leurs petites sœurs vous invitent à vivre des parcours inattendus, au rythme des rues de l’arrondissement. Jour et Nuit, horaires variés, rendezvous au NTH8 pour guet-apens territorial.

GENE PERLA QUARTET

GENRE> MUSIQUE LIEU> HOT CLUB DATE> 13/06


ROBERT LE MAGNIFIQUE, ETC.

ÉVÉNEMENTS PARTENAIRES

#73

GENRE> MUSIQUE LIEU> NINKASI DATE> 14/06

Comment s’en sortir en tant qu’artiste en apposant le terme « le magnifique » à son nom scénique ? Robert a choisi ce décalage, ce refus de se prendre au sérieux, et accepte la mégalomanie et l’importance du surdimensionnement de l’ego pour composer et monter sur une scène. Des compositions électroniques, électriques, hip hop et bodybuildées.

SOIRÉE SPÉCIALE JOHN BOORMAN

GENRE> CINÉMA LIEU> INSTITUT LUMIÈRE DATE> 18/06

À 75 ans John Boorman reste un réalisateur qui a marqué le cinéma anglo-saxon et Américain du XXe siècle. Une retrospective de son œuvre est organisée, où plusieurs de ses films seront projetés, The Tiger’s Tail (Inédit), Délivrance… Cerise, rouge intense, sur ce beau gâteau, une soirée spéciale lui est consacrée avec conférence sur le bonhomme, puis diffusion de son sublime thriller de 1967, Le Point de non-retour.

LA QUESTION

GENRE> CINÉMA LIEU> LE COMOEDIA DATE> 26/06

A l’occasion de la Journée Internationale Contre la Torture, le Comoedia propose une soirée-débat autour du film La Question de Laurent Heynemann. Ce film, réalisé en 1976, retrace le parcours de Henri Charlègue, directeur d’un journal sympathisant avec le FLN, dans l’Algérie de la fin des années 60. Lorsqu’il décide de passer à la clandestinité, il est arrêté et torturé. Derrière les barreaux, il écrit le récit de sa détention. Un livre qui fera scandale…

ENVY + COMETS ON FIRE

GENRE> MUSIQUE LIEU> ÉPICERIE MODERNE DATE> 27/06

by pass BLINK 182 COVER ROCK SHOW

GENRE> MUSIQUE LIEU> LA MARQUISE DATE> 11/07

8 groupes reprendront à leur sauce les titres du célèbre groupe californien BLINK 182. Dress code : baggy shorts, chaussettes hautes, shoes Mc Beth, shirt Atticus, chemise trop grande, casquette de coté et MOUSTACHE obligatoire. La rockwear Atticus est partenaire de la soirée et viendra combler de cadeaux le plus « blinkien » d’entre vous !



AUTRE COUTURE

#75

Mourali - Pull by Boxfresh (Gardiner), Casquette by EK, Bermuda by Aemkei (Boseor) Marine - Robe by Egal1té, Chaussures by Etniesplus (Piper), Bracelet Collier by Egal1té


JosĂŠphine - Sneakers by Deck, Jupe by Zoo York (City Sailor) Matthieu - Tee by Exact-science (Kicks Ass), Bermuda by Loreak Mendian (Aia Julia), Sneakers by Vision (Calivera slip on) Mourali - Maillot by Pull in (Sun Board) Marine - Sandales by Etnies (Toddsy), Robe by Zoo York (Crackers & Stripes)


AUTRE COUTURE

#77

Joséphine - Casque by Skullcandy (Lowrider), Top by Boxfresh (Lover), Jupe by Boxfresh (Flin), Chaussures by Etnies Plus (Rose), Bracelet by Egal1té Mourali : Casquette by New Era & JC CB, Casque by Skullcandy (Prolétariat), Pull by Boxfresh (Gardiner), Ceinture by Qhuit (Gold logo), Short by Boxfresh, Sneakers by Gravis (Lowdown)


AUTRE COUTURE

#78

Marques / Magasins

+ Egal1té > Dispo : EGAL1TE / 1 rue Louis Vittet, Place Sathonay, 1er / 04 72 00 91 88 www.myspace.com/egal1te

Créateurs

> Julie Cochard La première collection de sacs sortie ce printemps associe le basique du sac oversized à des imprimés frais et colorés, lunettes de soleils ou stylos. La jeune créatrice parisienne livre ainsi une première série d’accessoires chics et plein d’humour. > Egal1té Egal1té c’est différent, vraiment. L’ancien atelier du graffeur pour dame Lies One transformé accueille désormais le concept store unique dont s’occupe conjointement Marie, Lies et Yasué. 2 principes régissent l’endroit > Série limitées et Asie. On trouvera donc là-bas vêtements et accessoires fraîchement ramenés de Tokyo ou Hong Kong. Dispos à très peu d’exemplaires, toujours chics et originales, et souvent à des prix fort abordables, chaque pièces promet un style unique et inimitable !

+ Nooka, Vision, Etniesplus, Qhuit > Dispo : Hell Yeah / 1 rue d’Oran, 1er / www.myspace.com/hellyeahstore www.hellyeah-shop.com + Gravis, Skullcandy, Exact-Science, Pull in, Loreak Mendian, Boxfresh, Dek > Dispo : Addicted / 3 rue de la fromagerie, 1er / 04 72 00 32 00 www.addicted.fr + EK by New Era > Dispo : Dope / Wall Street / Axiome

Modèles & équipe

Lieu

> Ateliers Frappaz Villeurbanne Spectacles Vivants / Les Invites de Villeurbanne 14-16 rue du Docteur Frappaz 69100 Villeurbanne www.ateliers-frappaz.com Merci à Cathy Serra et à toute l’équipe/.

> Marine > Mouraly > Mathieu > Joséphine > Julien daviron (Direction Artistique), estelle (Stylisme)




PAUSE

# 81

les lois de la nature 2 ĂŠmulie (www.myspace.com/matibouille)


LE KI

#82

kikoolol, pensée olol, ki owi !

J

’ai ouvert les yeux. Sur le siège, des formes se sont dessinées. Elles se sont mises à vivre, à changer, perpétuellement, à chaque clin d’œil. Ses pupilles se sont allongées, traversant finement leur cornée. L’orbite était placée, la révolution a commencé. Les contours émergent d’une fin de naissance, à l’approche du changement.

tarisse. On prend, on écoute, on regarde et voilà ce qui en sort. Ensemble d’élucubrations sans vraiment de sens intrinsèque, mais à l’extrinsèque survolté.

Tout doucement.

Cela fait bientôt 4 ans ou 5 ans que je fais cette chronique (selon l’année où vous avez découvert Kiblind). Tantôt je pouvais chercher la poésie. Tantôt je cherchais la révolte. Tantôt je cherchais l’amour. Tantôt je cherchais…etc.

Näelle divaguait calmement en ville. Tant de gens passaient devant, et leur temps passé à se coiffer plutôt qu’à n’importe quelle autre chose. Trop de style, peu d’élite. En contemplant un peu de lune, un peu de brume, un léger stylo, une trace éphémère d’un regard conquis à la dérobée. Une crème glacée ! J’ai vu la lune. J’ai bu votre brume. Salée, salubre, insolite, insoluble. Hum ? Cueille, cueille et nourris-toi. Douce enveloppe, de chair charnelle et corporelle. Tellement molle, lovée autour d’un jeune arbre. Parfois flétrie, parfois épanouie. Jeunes ondes parcourant le monde à la vitesse prodigieuse. Captées par l’œil acéré du vif serpent de montagne. Barré comme un zèbre. Ne jamais stopper la pensée au risque qu’elle se

Vous reprendrez bien de cette ambiance ? A toute.

Toujours je visualisais l’homme. Et j’ai allégrement profité de cet espace qui m’était confié pour essayer de partager ma vision et mes connaissances. Aujourd’hui je vous demande, à vous lecteurs, de m’écrire ce que vous avez un peu sur le cœur. Histoire d’échanger un peu. La tribune vous est donnée alors saisissez-la. Et qui sait, il se pourrait que nous trouvions un nouveau mode de publication des jeunes auteurs. Non pas par l’image ou le talent d’écriture, mais simplement à travers votre regard sur le monde. Nous vous donnons la possibilité de vous épancher. S’il vous plait, profitez-en : kimonsieur@hotmail.fr M. S.




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