KIBLIND Magazine NumĂŠro Bouteille
Une collection inédite de vins naturels & illustrés, représentant 8 grands vignobles français. Sélectionnée par la Cave En Vrac & éditée par KIBLIND Atelier
À commander sur www.kiblind-store.com À déguster, le 19 octobre, rue de l’Olive (Paris 18). L'abus d'alcool est dangereux pour la santé à consommer avec modération
Musiques, Innovations et Créations au cœur de Paris
Bar / Restaurant / Boutique
3bis rue Papin 75003 Paris
futur et le voyage extraordinaire (2014) Light Leaks par Kyle McDonald & Jonas Jongejan - Capitaine © Vinciane Verguethen / Voyez-vous
Concerts et Spectacles Expositions / Ateliers Rencontres et Projections Résidences internationales Formations et Documentation
Illustration de KIBLIND pour la Biennale de Lyon 2017, d’après la photo “When Sky was Sea“, 2002 ©Shimabuku and Air de Paris
Photo : Florent Tanet
Édito On vous voit, hein. Ah ça se marre bien devant le numéro « Bouteille ». Oui la picole, oui le pinard, ça rigole sous le veston et ça attend qu’on se vautre lamentablement dans la rue. Eh bien figurez-vous que nous ne sommes pas comme ça… euh non, on la refait. Eh bien figurez-vous que nous ne sommes plus comme ça. Nous avons arrêté après le deuxième coma éthylique et le premier burnout (la personne ne buvait pas). Nous savons les dangers de l’alcool et ne nous permettrons pas d’en faire l’apologie dans ces pages. La bouteille n’est pas ici réduite à son contenu capiteux, elle est avant tout ce transporteur de rire, d’amour, de joie, de dépression et même parfois, d’eau. Nous sommes donc ravis de vous présenter en toute modération notre collaboration avec Jean Jullien, qui réalise notre couverture et une série exclusive d’étiquettes pour l’occasion, les créations originales d’artistes que nous adorons et des faits de société vus à travers un cul de bouteille. Un dernier truc, « Bouteille », c’est aussi le nom de la rue lyonnaise dans laquelle ouvre notre premier atelier.
Kiblind magazine n°62 – Bouteille AUTOMNE 2017 SÉLECTION 1/2 12 INTRO PICTOS
Bouteille 22
INTERVIEW
Jean Jullien 24
CARNET DE VOYAGE
Ethylotest 30
INTERLUDE
Bouteille à la mer 35
CRÉATIONS ORIGINALES
Bouteille dessinée 36
DISCUSSION
Tintin & la bouteille 48
DISCUSSION
L'espoir en bouteille 52
INTERLUDE
Jeu de la bouteille 55
REPORTAGE GRAPHIQUE
L'ami qui soigne et guérit 56
RÉTROGRAPHIE
Importe le flacon 64
INTERLUDE
Bouteille en chiffre 69
OUTRO
Playlist bouteille par Agar Agar 70
DISCUSSION
Write drunk, edit sober 50
SÉLECTION 2/2 72
Contributeurs
Matthieu Chiara – Parisien grand et ancien de la HEAR de talent, Matthieu Chiara monopolise notre attention depuis deux ans grâce à son excellent Hors-Jeu (éd. L’Agrume) et son Dessins variés, effets divers à l’origine de sa présence ici.
Malina Cimino – Passionnée de longue date par l'illustration et les jolies choses, Malina Cimino œuvre çà (Beware) et là (nous) pour partager tout son amour. Elle fait bien.
Jean Jullien –
Ted Supercar/Thibaut Hofer –
L'illustrateur nantais est pour nous une passion. Il est ce que nous appelons dans le jargon un « crack » de l'illustration, dont la renommée n'est plus vraiment à faire. Dans la lignée de ceux du grand Savignac, ses dessins jouent de leur naïveté et de leur simplicité apparentes pour s'élever dans le haut domaine de la pertinence. Jean Jullien a appris ses petits tours de passepasse au sein de la prestigieuse Central Saint-Martins de Londres, où il réside actuellement. Est-ce qu'il est utile de rajouter qu'on est refaits de sa couverture et des 8 étiquettes de vins concoctées par lui pour notre nouvel atelier ?
Jean-Samuel Kriegk –
Ce genre de type qui sait parler de tout, en tout lieu, à toute heure. À la tête de son petit business Édition, etc., Thibaut Hofer fournit la presse et les clients privés qui ont l’intelligence de faire appel à lui.
Éminent spécialiste du jeu vidéo et de la bande dessinée, Jean-Samuel Kriegk est tellement à l'aise qu'il peut sortir le livre Art Ludique chez Sonatine et rendre fiers des clients tels que Rockyrama, Le Huffington Post ou KissKissBankBank.
Contributeurs
Michel Lagarde –
Manon Raupp –
Michel Lagarde a su associer le statut de mémoire vivante de l’illustration française avec celui de connaisseur patenté des évolutions actuelles. Un savoir qu’il distille via ses éditions Michel Lagarde, son agence Illustrissimo et la Galerie Treize-Dix.
Férue de musique indépendante jouissive, Manon Raupp, depuis Toulouse, fabrique tout aussi indépendamment son fanzine Ductus Pop.
Bérénice Milon –
Basil Sedbuk est un passionné d’illustration qui abreuve son monde sur son excellent blog, LaBelleIllustration.blogspot.com.
La graphiste et illustratrice française a eu la bonne idée de combiner les formations de la HEAR de Strasbourg et de la HEAD de Genève. Ce qui fait d’elle une dessinatrice qui maîtrise ses sujets poétiques avec un talent fou.
Nico Prat – Nicolas Prat s’est apparemment rendu indispensable aux yeux des rédacteurs en chef. Journaliste pour Rockyrama, C8 ou Tsugi, il est aussi passé par Le Mouv, DumDum, Technikart, Gonzaï, etc.
Elora Quittet – Brillante diplômée lyonnaise en management de stars, Elora a également l'avantage de porter haut les couleurs du FC Sochaux-Montbéliard dont elle conserve précieusement un gobelet effleuré par les lèvres pulpeuses de Ryad Boudebouz.
Basil Sedbuk –
Martin Sztajman – Le cofondateur de Fidèle éditions n’a pas oublié d’ajouter l’humour à l’élégance de son allure. Une drôlerie qu’il diffuse via sa propre maison mais aussi sur le site du Monde ou dans la revue franco-libanaise Salamandre.
Florent Tanet – Depuis 2013 Florent se consacre exclusivement à sa passion pour la photographie et à la direction artistique, en particulier pour tout ce qui ressemble à des natures mortes. Il travaille pour Le Monde, Vogue, New Yorker, entre autres facéties.
Delphine Zehnder – Ancienne du Petit Bain parisien, Delphine est également amoureuse de la bande dessinée dont elle colporte les ébats autant qu'elle peut.
STAFF Directeur de la publication : Jérémie Martinez Direction Kiblind & Klar : Jérémie Martinez Jean Tourette Baptiste Viry Gabriel Viry Team Kiblind Magazine : Maxime Gueugneau & Simon Bournel-Bosson - Agathe Bruguière Alix Hassler - Jérémie Martinez - Justine Ravinet Jean Tourette - Olivier Trias - Gabriel Viry Réviseur : Raphaël Lagier Merci à : Matthieu Sandjivy Direction artistique : KIBLIND Agence (www.kiblind.com)
INFOS Le magazine Kiblind est imprimé sur papier Fedrigoni Couverture : Arcoprint Milk 300g - Papier intérieur : Arcoprint Milk 100g Typographies : Kiblind Magazine (Benoît Bodhuin) et Orphéon (Marine Stephan) Imprimeur : DEUX-PONTS Manufacture d'histoires www.deux-ponts.fr Édité à 40 000 exemplaires par Kiblind Édition & Klar Communication. SARL au capital de 15 000 euros - 507 472 249 RCS Lyon . 27 rue Bouteille - 69001 Lyon 69 rue Armand Carrel - 75019 Paris 04 78 27 69 82 - www.kiblind.com Le magazine est diffusé en France. Liste complète sur www.kiblind.com. Ce numéro comprend un cahier supplémentaire de 20 pages pour la région Rhône-Alpes. ISSN : 1628-4146 Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. Contact : redaction@kiblind.com
+ d’infos à venir sur : www.bdangouleme.com DU 25 AU 28 JANVIER 2018
Visuel : © Nassim Sarni / 9è ART + 2017
KIBLIND partenaire du Concours et du Pavillon Jeunes Talents® du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême 2018
SĂŠlection 1/2
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INSTANT INSTA
danielmclarke
rylsee
t_mmyparker
el_doctor_no
vct_tsui
leanderassmann
vagab
chgigue
robbaileystudio
brechtvandenbroucke
parkninaa
willhudson
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LE BULLETIN DE L'ÉTÉ
SCREEN SHOT Ce qu'il se passe sur internet, reste sur internet
Dans notre monde de performance, il était temps que les saisons et ceux qui les font reçoivent une juste sanction.
#Couscousgate
À la suite d’une photo twittée par une proche de Florian Philippot le montrant lors d’un repas dans « le meilleur couscous de Strasbourg », la fachosphère s’est déchirée pour savoir si le couscous était FN-compatible, jusqu’à en faire un des trending topics du jour. Les cons, l’orbite, tout ça. → La Variétoche : 8/10
→ Les Tickets de caisse : 2/10
Quand l’été pointe le bout de son nez et que les collègues un peu moins, il est temps de sortir son plus beau YouTube et de chanter Diane Tell et Vanessa Carlton comme si sa vie en dépendait. C’est une des grandes façons de célébrer l’été.
Ils sont nombreux, sales et nocifs. Ils se glissent dans nos poches, dans nos slips, dans nos draps. Ils se multiplient une fois l’été venu. Ils nous plongent dans la dépression. Ils sont le mal absolu. Ils sont les tickets de caisse de bars avec terrasse.
→ Les Boules olympiques : 9/10
→ L'Imagination : 7/10
Pitié, que la débauche d’énergie de Paris 2024 ne soit pas vaine. Leur candidature a été permise par le CIO, et les sports de boules doivent maintenant devenir olympiques. 15 millions de sympathisants en France et 1 million de téléspectateurs sur L’Équipe 21 (!) pour les Masters d’Istres (?). Rép à ça, le pentathlon moderne.
Il suffit de fermer les yeux, de toucher du simili-cuir et d’enclencher la lecture de votre cassette de Nate Dogg : ça y est, vous passez le moment de votre vie à cruiser sur les boulevards de Los Angeles au volant de votre plus belle Cadillac. N’ouvrez surtout pas les yeux. À ce moment-là, la France peut vous être fatale.
→ Le Despacito bashing : 3/10
→ La Rentrée : 9/10
Chaque année, certains redécouvrent le principe du « tube de l’été » : un morceau pénible et caliente qui tourne en boucle dans les zones publiques. Énorme succès, « Despacito » s’en est évidemment pris plein la gueule. Déversement immérité parce que 1/ Daddy Yankee est dessus et 2/ réécoutez Las Ketchup.
En fait, pour éviter une déprime complète, il faut aimer la rentrée. Pas le travail, hein. La rentrée. Le retour à la normalité avec ses tracas et ses plaisirs, ses surprises et ses conforts. C’est aussi le moment béni où les gens arrêtent de mettre leurs foutues photos de vacances sur les réseaux sociaux.
The Trash Isles
Le continent de plastique (six fois la France, en 2012) dérive toujours tranquille dans le Pacifique. L’association PlasticOcean a décidé de lancer une pétition en ligne pour qu’il soit reconnu en tant qu’État (The Trash Isles) par l’ONU et puisse peser sur ses débats. Au 19 septembre, 100 000 personnes dont Al Gore l’avaient signée. FIP, la meilleure radio
Peut-être la déclaration la plus improbable – mais pas la moins pertinente – de l’internet 2.0 cette rentrée. Le fondateur et PDG de Twitter, Jack Dorsey, est venu nous claquer ceci sur son site préféré : « Best radio in the world : @fipradio. Always perfectly tuned in. » Ça peut éventuellement booster les audiences.
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ARCHIVE DE SAISON
Carte Braun
— Michel Lagarde
Prends Garde Tour
Nous fêtons en 2017 le 110e anniversaire de Savignac (1907-2002), considéré comme l’un des plus grands affichistes français. Son influence est immense dans le milieu du graphisme et de l’illustration, au premier rang duquel son fils spirituel Jean Jullien. Des couleurs vives, un humour malicieux, de l’esprit : la recette Savignac est prête dès les années 1940, mitonnée par de longues années d’apprentissage chez son maître Cassandre. Savignac est un « homme idée » redoutable, il synthétise mieux que quiconque une idée publicitaire forte avec un clin d’œil et une bonne humeur communicative. Les années cinquante et soixante sont deux décennies bénies pour Savignac, avant le règne sans partage des agences de communication et de la photographie publicitaire des années soixantedix. Pour inverser la tendance, il signe, avec l’aide de l’éditeur Robert Delpire, une série d’affiches au ton plus corrosif, Défense d’afficher. Cette série d’anti-affiches ouvre de nouveaux horizons à Savignac qui lui permettent de patienter jusqu’à son grand retour avec la campagne « En avant Citroën », en 1981. La consécration viendra avec l’exposition inaugurale du Musée de l’affiche, en 1982, et une exposition rétrospective à la bibliothèque Forney en 2001. Savignac disparaît en 2002, après une carrière riche de plus de 500 affiches, en ayant marqué à jamais son époque.
Vie Fonctionnelle
Michel Lagarde fouille dans ses précieuses archives pour raviver un souvenir d'antan qui nous fascine toujours autant.
Les Nouvelles Littéraires
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Douce France
images
QUOI DE NEUF ? — SAVIGNAC ! EXPOSITION D'ORIGINAUX ET TRIBU(T) SAVIGNAC 2017 du 22 septembre au 14 octobre 2017 à la galerie du TREIZE-DIX, 13, rue Taylor 75010 Paris
Renault
Bic
EXPOSITION D'AFFICHES DE SAVIGNAC du 2 octobre au 3 novembre 2017 à la galerie MICHEL LAGARDE, 13, rue Bouchardon 75010 Paris
PERFECT_ MOMENTS .JPG Martin Sztajman nous fait partager ces délicieux instants où le temps semble s'arrêter. Ce visuel est tiré d’une série à retrouver dans le nouveau numéro de la revue Samandal à paraître en novembre 2017 (@samandalcomics). Vous pouvez retrouver Martin chez Fidèles Editions, sur lemonde.fr tous les dimanches pour sa série Rhétoriques et sur son tumblr : martinsztajman.tumblr.com.
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AFFICHES
Retour de vacances Une image suffit parfois à nous transporter quelques semaines en arrière, lorsque tout n'était qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté.
Où étiez-vous donc cet été alors que Yohann Diniz remportait enfin cette belle médaille d'or aux Championnat du monde d'athlétisme de Londres ? Sans doute dans un de ces patelins de renom où il fait bon se la couler douce, les pieds dans l'eau où la tête en l'air. Pour l'année prochaine, voici quelques idées de destinations illustrées à la mode balnéaire et réalisées par des artistes de talents. - Jazzbones Creative, en bon locaux, nous font la promotion de leur délicieux Swindon à l'ouest de Londres - Karin Rönmark joue la carte florale pour parcourir Amsterdam
- Mick Marston à l'occasion des 15 ans d'Expedia en 2012 illumine Las Vegas - Alice Meteignier, réalise l'une des 24 affiches commandées par les 24h du Mans cette année - Le Danois Mads Berg nous envoie à tout berzingue au sud de l'Inde sur l'île de Ceylon - Le studio londonien Partners in crime dévoile les trésors cachés de Marrakech - Killian Eng pour le superbe site Fifty-Nine Parks magnifie le parc national de Carlsbad - Enfin, Simon Bailly célèbre le Jardin des plantes, pour la nouvelle collection Paris de l'Imagerie d'Epinal.
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CLIP L'illustration Il n’aura échappé à personne que l’illustration se taille une belle part du lion dans tout ce qui est objet promotionnel. Les artistes musiciens, ces grands observateurs, n’ont pas laissé échapper ce détail et se mettent à user et user encore du dessin. Quand auparavant, c’est le côté pas cher du tout qui séduisait les labels, il se pourrait qu’aujourd’hui les musiciens fassent appel aux illustrateurs parce qu’ils font du bon boulot. Ainsi, finis les torchons du type « Daddy DJ »(1) et bonjour aux travaux d’Alice Saey (2) pour Mark Lotterman et « Happy », de l’équipe de Mark Romanek (3) derrière « The Story of O.J. » de Jay-Z, de l’Atelier Malinowski (4) pour le « Kinda Love » de Borussia ou du Gros Z (5) pour KillASon et son « Strange The World ».
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FAITS DIVERS
— Dessins variés, effets divers, Matthieu Chiara
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JEU DES 7 ERREURS Bérénice Milon
JEU DES 7 ERREURS Bérénice Milon
COUVERTURES Choisir un roman à sa couverture peut être parfois l'occasion de sévères déconfitures, mais c'est au moins la chance d'apprécier une jolie illustration. Pour ce qui est des romans ci-après, parus et divinement illustrés en 2017, point de méfiance, tout est bon, en particulier ceux qu'on a lu.
De gauche à droite : Bolshoi Confidential, par Simon Morrison - Ed : Waterstones - Illu : Jo Walker / Des erreurs ont été commises, par David Carkeet - Ed : Monsieur Toussaint Louverture - Illu : Simon Roussin / Le Séducteur, par Jan KjærstadEd : Monsieur Toussaint Louverture - Illu : Geoffroy Monde / 1984 par George Orwell - Ed : Mariner Books - Illu : Mark Robinson / The Zoo of the new, poèmes sélectionnés par Nick Laird & Don Paterson - Ed : Penguin - Illu : non renseignée / Sept jours pour survivre par Nathalie Bernard - Ed : Thierry Magnier Romans Jeunesse - Illu : Tom Haugomat / The Doorposts of your house and on your gates par Jacob Bacharach - Ed : Boni & Liveright - Illu : Nathan Burton / Um amor incômodo par Elena Ferrante - Ed : intrinseca - Illu : Angelo-Bottino / Today will be different par Maria Semple - Ed : Little, Brown and Company - Illu : Geoff McFetridge / Welcome to Lagos par Chibundu Onuzo - Ed : Faber & Faber - Illu : -Bill Bragg.
Lic. n°1-1078645-48/2-1078649/3-1078650 / Illustration : Maïté Grandjouan / Graphisme : Ad marginem.fr
Photo : Florent Tanet
Bouteille Bouteille Bouteille Bouteille Bouteille Bouteille
intro pictos
22
Il y a quelque temps, Alfred de Musset, parlant d'amour et de vin, disait « qu'importe le
,
pourvu qu'on ait l'ivresse ». Il est l'
qu'un magazine sorte ses
plus gros muscles et lui tienne tête. Pendant longtemps, nous avons espéré fermer sa boîte à
.
Non, M. de Musset, la bouteille n'est pas une mince affaire. Et peu importe votre nous rétablirons la vérité. La
est le plus illustre
,
Bouteille
23
des contenants, transportant les
d'espoir aussi bien que
celles du désespoir, la vie aussi bien que la
, la joie
aussi bien que la morosité. Alors, oui, M. de Musset vous nous trouverez sur votre chemin pendant plus de 40 à cogner votre je m'en foutisme intemporel, et vous ne vous embêterez pas : on a ramené pas mal de copains pour nous filer le coup de
.
Interview
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On a croisé Jean Jullien dans un quartier paisible du centre de Londres où il va installer son studio dans le courant de l'automne, accompagné de son frère Nico. Mais le jeune artiste de 34 ans, figure importante de l'illustration contemporaine, dessine comme il respire, qu'importe le moment, qu'importe le lieu.
Jean Jullien, illustrations à volonté Lors de ses nombreux voyages à travers le monde, en famille sur la côte atlantique ou à Londres, il lui suffit de quelques feutres, d'un Moleskine noir et d'un peu d'Internet pour croquer le monde qui l'entoure avec finesse et bon esprit. Les supports, les projets varient au gré des rencontres. Mais au fond, reste cette soif intarissable, cette envie débordante de partager et de comprendre notre quotidien.
Tu vis toujours à Londres ? Après une escapade de six mois à Los Angeles, on est revenu s’installer à Londres avec ma femme et mon fils. Peut-être qu’on va bouger dans quelques années pour revenir s’installer en France. J’ai fait mes études à Londres et j’ai rencontré ma femme ici, mais je n’ai jamais vraiment décidé de partir de France, du coup j’ai bien envie de revenir, sans doute à Paris. On a aussi pas mal d’amis qui partent avec le Brexit. Ça crée un sentiment assez étrange après autant de temps passé ici. Mais c’est vrai que la pluriculturalité londonienne et le bordel environnant sont des super terrains de jeu... Et quels sont les projets en cours ? On a sorti déjà deux livres avec l’éditeur Phaidon (This is not a book, Before & After), et là je prépare le troisième d’une série de huit livres en tout. Au début, j’étais un peu réticent de bosser sur des livres jeunesse, avec mon style très naïf, j’avais un peu peur que ça fasse trop... Mais ça s’est super bien passé avec eux et on s’amuse vraiment à explorer des concepts, tester des livres-objets. Je prépare un nouveau livre avec Walker Books également. Sinon, la marque qu’on a montée avec mon pote coréen Jae Huh, NouNou, me tient aussi beaucoup à cœur. On travaille sur une nouvelle collection avec des jouets et un tapis. Du coup, on a pas mal de projets ensemble en Corée, comme cette exposition au musée Gana à Séoul. Ils nous filent tout le musée pour le mois de la famille, une manifestation importante là-bas. L’idée, c’est de construire un village avec des aires de jeu, des parcs, etc. J’avais fait un projet à Singapour cette année avec un géant en volume sur lequel les gamins venaient dessiner. En
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gros, j’aimerais reproduire ça à plus grosse échelle. Il y aura aussi une installation pour Art Basel Miami où je vais peindre mes personnages en acier. C’est dans la continuité de mes premiers travaux lorsque j’étais encore étudiant à la Central San Martins et au Royal College. J’avais envie de continuer cette pratique des petits personnages que je peins entièrement. Et je vais continuer le travail mené avec Case Studyo sur la faïence pour une nouvelle collection en vente chez Colette avant que malheureusement ça ne ferme. Et aussi un truc gonflable monumental pour le super festival Maintenant à Rennes. Quelques dessins pour la presse aussi. Bref, pas mal de choses :) Et en novembre je retourne à Los Angeles pour notre projet d’animation avec mon frère Nico.
Avec ce nombre hallucinant de projets depuis que tu as commencé il y a dix ans, tu n'a pas peur de tarir la source ? Pour faire simple, je fais plein de trucs mais je les fais mal... Je me laisse porter par l’enthousiasme mais j’ai rarement le temps de peaufiner. Du coup, je recommence pour m’améliorer. Le public reste le seul juge de toute façon. L’enthousiasme et la sincérité sont réels même si parfois je suis allé un peu rapidement sur certains projets. Mais je collabore avec des gens de talent qui, eux, apportent une vraie
" La mixité créative renvoie une vraie énergie, une belle sincérité et donne souvent des résultats extraordinaires. "
Exposition collective à The Lodge Gallery, Los Angeles - 2017
Interview
Jean Jullien
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Nounou - Collection Été 2017 Collaboration avec Case Studyo pour The People Exhibition, Bangkok - Mai 2017 Dessins sur céramique - 2017 Dessin issue de l'exposition Allo ?, Kemistry gallery, Londres - 2013
Faces plates, Case Studyo X Jean Jullien, Décembre 2016
Tu parles en particulier d'Instagram ? J’ai coupé mon twitter et mon FB mais je suis malgré tout souvent avec mon téléphone et Instagram… J’achète aussi énormément de bouquins, de BD mais c’est vrai qu’Internet est un puits sans fond. Il faut réussir à se couper surtout quand tu es quelqu’un de complètement addict et geek sur les bords. J’essaie de me raisonner et de dire non à
Olow X Jean Jullien - Club Dimanche - Septembre 2017
Est-ce qu'à tes yeux l’illustration devient un média moins confidentiel en France qu'il y a quelques années ? C’est vrai que depuis quelques années on la voit beaucoup plus dans la pub, la communication et même l'édition. Il y a sans doute toujours eu ce talent, cette excitation, mais c'était moins visible. Avec Internet, on peut maintenant se rendre compte qu’il y a plein de gens géniaux un peu partout. C’est potentiellement désorientant parce que tu ne sais plus où regarder, mais c’est motivant.
Concrétisation, Studio Concrete, Séoul - Novembre 2016
expertise, un vrai savoir-faire. C’est une chance que j’ai aujourd’hui de pouvoir côtoyer des partenaires, amis qui maîtrisent complètement leur art. Comme avec Case Studyo ou les ateliers de la faïencerie Henriot-Quimper par exemple. Je ne connaissais pas grand-chose à la céramique et ce sont ces collaborations qui rendent les choses intéressantes. La mixité créative renvoie une vraie énergie, une belle sincérité et donne souvent des résultats extraordinaires.
Before & After, Phaïdon - 2017
" [Internet permet] aussi d'observer les tendances du moment. Quand tu regardes aujourd'hui les dessins de Cocteau, Picasso ou Matis à certains moments de leur vie, ça se ressemblait aussi beaucoup. C’est souvent l’époque qui dicte les courants. "
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application se charge de lui envoyer une notification si un mouvement est détecté. Il découvre que, durant son absence, une chaise bouge toute seule, etc.). Et les gens suivent. C’est hallucinant et fascinant à la fois. L’illustration devient un mème Internet... Quels projets tu retiendrais de ta jeune carrière ? J’entretiens un rapport particulier avec la série « Allô ? » qui traitait de nos habitudes de consommation technologique. C’était il y a quatre ans, pour ma première exposition personnelle, et c'est fou de voir à quel point les mœurs ont déjà bien changé. Ces dessins, qui s'inscrivaient dans une certaine époque, peuvent susciter aujourd'hui pas mal de réactions inattendues sur le net. C'est assez drôle à observer. Mais sinon, je ne retiendrai pas forcément des dessins vu que je dessine tout le temps. Le nid à Nantes, ça a été super marquant. C’était la première fois qu’on me faisait confiance pour une installation pérenne, un travail avec des gens qui avaient une forte expertise. Et puis mon passage de six mois à New York... J’ai vécu gamin avec cette culture pop, de comics, etc. Cette culture diffusée à une époque où les crimes et délits à NY atteignaient leur pic. La ville était invivable et plutôt que de se barrer,
Flat Out, HVW8, Berlin - Avril 2017
Flat Out, HVW8, Berlin - Avril 2017
The Giant, National Museum of Singapore - 2017
l’hypercommunication :). Pour ma pratique, j’apprécie de retourner aux basiques : Vuillard, Bonnard et les autres maîtres de la peinture... Parce que ça, ça m’excite vraiment. C’est à la fois là où j’ai envie d’aller et là où je sais que je ne suis pas du tout. Ce qui m’intéresse par exemple, c’est de trouver des corrélations entre mon dessin et l’impressionnisme. Plutôt que de décrire quelque chose, je vais avoir tendance à le raconter. Donc avec mon dessin pas réaliste du tout, ça ne sert à rien de décrire quelque chose, alors j’invente ma propre histoire en essayant de synthétiser les éléments… Pour revenir sur Instagram, il faut dire aussi que c’est l’occasion de croiser un nombre incalculable d’illustrateurs géniaux. Et aussi d’observer les tendances du moment. Quand tu regardes aujourd’hui les dessins de Cocteau, Picasso ou Matisse à certains moments de leur vie, ça se ressemblait aussi beaucoup. C’est souvent l’époque qui dicte les courants. Mais sinon, je geeke aussi sur le net, genre l’histoire d’Adam Ellis avec son appartement « hanté par le fantôme d’un enfant ». Ce mec, auteur de comics, postait déjà ses cartoons sur Instagram qui rencontraient un franc succès. Un jour il sort sur Twitter l'histoire de son appartement qui serait hanté par un fantôme avec des mises en scène complétement folles (une
Dog bench
Interview
Jean Jullien
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les artistes ont choisi de magnifier la merde comme un exutoire. Et donc la poubelle dégueu avec le mur de brique est devenue une icône pop alors même que c’était invivable. Ils ont créé un monstre graphique ! Plus c’est crade New York, plus ça excite des mecs de notre âge qui se projettent dans une aventure de comics… Tu retombes en enfance. Et puis c’est là que j’ai rencontré les gars d’Only, fait des vitrines en mode carnet... c’était cool !
Peinture 2017 Coolections de 8 vins Kiblind X Jean Jullien, 2017.
Illustration pour www.reads.delivery
Runnners, 2017.
Illustrations carnet 2017
Illustrations carnet 2017
Interview & portrait : Jérémie Martinez
Dessins préparatoirs pour Olow, Club dimanche - 2017
Illustrations carnet 2017
The Jaunt Project, Hotel Paisano, Marfa (Texas USA) - 2017
Pour finir, un mot sur cette histoire d’illustrations pour les étiquettes de la collection de vins avec Kiblind et En Vrac ? C’était cool. J’ai reçu les différents vins avec un petit mot pour chacun. On les a dégustés cet été en famille et avec les copains. On a consciencieusement noté pour chaque vin les sensations, goûts que ça nous évoquait. Il ne restait plus qu’à les incarner pour leur donner une deuxième vie !
Carnet de voyage
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Éthylotest
Est-il possible de traverser la France dans une Opel Corsa en phase terminale, en enchaînant une table gastronomique, les caves de la Ficelle et un festival ? Pour le savoir, rien de tel qu’une grosse journée bouteille.
Ethylotest
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8:00 – kilomètre 0 Paris s'embouteille déjà le long de ses artères. Un dernier coup de gaffeur sur le rétro à vau-l'eau. Après le plein de sans-plomb et de café corsé, la Corsa redémarre, toujours avec un peu plus de peine, pour un dernier voyage, direction Saint-Pourçain dans l'Allier. Au fait, c'est où l'Auvergne? Waze ne répond pas. Mais ce n'est pas comme si notre collègue préféré ne nous avait pas conté mille fois ses monts et merveilles, son Puy-de-Dôme plus haut que l'Everest, son horizon plus tapageur qu'un rayon vert... Bref, on a une petite idée.
11:00 Aire de Cosne-sur-Loire, réservoir à moitié vide, mug de long grain à moitié plein. Éthylo à zéro, pneus à 2,2 bars : ce n’est pas l’heure de la pression, mais le téléphone, flambant neuf, affiche au moins une heure de retard sur nos plans. Foutu périph’, pendant que l’A77 recherche désespérément ses clients : la fin de l’été, c’est comme l’injustice... Nevers passe ; Magny-Cours trépasse devant notre boîte automatique ; Moulins ne sert qu’à séparer le bon grain de l’ivraie, ou la bonne graisse de l’ivresse. Saint-Pourçainsur-Sioule, enfin, apparaît.
12:00 – kilomètre 350 « Je vous attendais pour déjeuner. » Directeur général de l’Union des vignerons, Christian Bigot a le sourire bonhomme. On tente à peine une incursion futile sur la difficile sortie de Paris qu’il nous embarque aussitôt dans sa Renault Juvaquatre, 70 ans d’âge, aux couleurs de la coopérative. Pas de ceintures, pas d’électricité et pourtant tout roule,
comme la Sioule, malgré une soirée un peu arrosée. « Vous connaissez les Auvergnats... », se justifie ce Normand d’origine, Juvaquatre du négoce, passé notamment par Saumur ou Cahors, avant d’être débauché pour redynamiser le vignoble local. « Il était en stagnation, malgré le succès de la Ficelle, et nous avons dû tout reprendre pour relancer l’image, développer de nouveaux marchés, etc. »
12:15 Saint-Pourçain-sur-Sioule est une petite ville dynamique avec son centre villageois, ses 5 000 habitants et ses âmes bien vivantes pour lesquelles Christian Bigot ouvre la fenêtre, fort manuellement, à chaque croisement. Nul besoin de nous faire un dessin : apparemment,
on se l’est bien collée la veille... Tout aurait d’ailleurs commencé en 1487, à la fin du Moyen Âge, chez le tavernier Gaultier, qui avait trouvé une méthode pour mesurer la consommation de vin dans son estaminet ; il glissait une ficelle dans le pichet. Cinq cents ans plus tard, à l’occasion d’un Salon de l’agriculture à Paris, les vignerons Pourcinois auraient tellement dépassé toute échelle de valeur qu’ils reprennent l’histoire à leur compte : la ficelle renaît comme un concept marketing avant l’heure, dont le grammage d’alcool baigne encore dans le sang...
12:30 Christian Bigot gare la Juvaquatre. Sa femme nous attend. Nous pénétrons ensemble au Chêne vert, une célèbre table de la région, désor-
Carnet de voyage
mais tenue par un chef basque et partie prenante de la Ficelle moderne. « C’est là que nous réunissons le groupe d’illustrateurs qui, chaque année, choisit son prochain : celui ou celle qui va dessiner la bouteille. » Car en plus d’être né dans l’abus, le vin de la Ficelle a en effet une originalité par rapport à tous les autres : son millésime gradué et sérigraphié par les grands noms du dessin de presse (Piem, Willem, Tignous, Honoré, etc.), distribué exclusivement dans une sélection de cafés et de restaurants, principalement parisiens. « La première édition date de 1987 avec 30 000 bouteilles. Face à la demande, nous l’avons développée à 200 000 unités, mais c’est une série limitée et elle doit le rester ! »
12:35 Le sommelier débouche un Domaine de la Croix d’Or, l’occasion de rappeler que le vignoble auvergnat ne se réduit pas à son rouge caustique. « La Ficelle représente 10 % de notre chiffre d’affaires mais c’est surtout une sacrée vitrine ! », à l’image des mignardises spécialement inventées pour nous aguicher. On se laissera alors guider vers la salade auvergnate, absolument contemporaine, puis l’Opéra-de-Poulet-BourbonnaisPeau-Croustillante-glaçage-provençal-tomate-confite-avec-sesbeignets-du-soleil. Cela tombe bien, Madame a « très faim » : le réveil a été également difficile et les petits plats dans les grands ne sont pas pour déplaire, surtout auprès d’une nurse-gouvernante de métier, qui officie dans les grandes familles étrangères ou chez un de nos anciens Présidents.
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Ethylotest
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14:00 Le chef apparaît à l’heure du café, avec sa carrure de plan de travail et son livre d’or dédicacé par tous les auteurs. En 2016, par exemple, Lasserpe lui a laissé un message dessiné en forme de témoignage personnel : « 30 bougies soufflées, 30 bouteilles sifflées ». « Ici on s’amuse », modère Christian Bigot, mais pas question de déconner pour autant avec le cérémoniel annuel. La nouvelle Ficelle est révélée, à Saint-Pourçain, le premier samedi de décembre. La fête commence avec « le passage du crayon » : l’illustrateur de l’année doit inventer une chute au dessin commencé, en direct et en public, par son prédécesseur. Puis vient la présentation du visuel officiel, validé quelques mois plus tôt par les dirigeants de l’Union. « Cela se passe dans la salle municipale où toutes les confréries d’Auvergne sont réunies, en costumes. » Imprimé sur un grand panneau, caché sous un drap, le dessin est alors dévoilé et la nouvelle Ficelle jaillit, sans limite, directement vers le haut de la tête. C’est
un puits de pétrole auquel tout le monde carbure, le temps du weekend, avant que les 50 vignerons ne rejoignent la capitale, dès le lundi, dans un car spécialement affrété. À Paris, où un Auvergnat se cache à peu près derrière chaque zinc, ils font la tournée des brasseries distribuant la Ficelle, dans une ambiance aussi bon enfant que méchamment avinée...
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" 30 bougies soufflées, 30 bouteilles sifflées "
À ceux qui imagineraient une sieste ou un moment de descente, il n’en est pas question, surtout en pleine semaine de vendange. De retour à la coopérative, les tracteurs se succèdent. Leurs cargaisons sont scannées puis évaluées automatiquement, de 1 à 5, en fonction de la qualité des raisins. Les notes fixent le prix d’achat et chaque récoltant a intérêt à avoir les meilleures, puisque sa production est destinée exclusivement à la cave. « C’est un système d’apport total qui permet, au final, d’améliorer la qualité de nos
Carnet de voyage
vins. » Dans un dédale de machines, de tuyaux, de silos et de fortes vapeurs, Christian Bigot assure la visite en ouvrant parfois le robinet d’un tonneau, pour nous servir directement à la source. Après la mise en bouteille et le stock, ouvert sur l’export et particulièrement sur l’Angleterre, l’itinéraire se termine dans la grande salle de réception, où les souvenirs de la Ficelle forment le fil d’Ariane d’un album de jeune trentenaire. On y retrouve notamment les dessins, en grand format, utilisés pour la cérémonie officielle, la bouteille-hommage à Tignous et Honoré à la suite des attentats, ou la drôle de composition de Willem, en 2012, qui représente sa femme nue, dans un verre, une laisse et un chien à la main. « C’était drôle, ça ! », assume le directeur.
16:30 C’est désormais la tournée des adieux, la goutte à peine lointaine,
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voire quelques larmes de vin, tellement Saint-Pourçain semble faite pour s’y sentir bien. Un dernier passage dans l’espace d’exposition, où un Keith Haring local a revisité un fût de chêne sous le nom énigmatique de Kelkin. Dans son bureau, Christian Bigot expose ses bouteilles, ses dessins originaux, ses étiquettes et un récent supplément du Point qui parle, avec satiété, de son vignoble : « Ça, ça s’arrose ! ». Mais cette fois, nous devons faire la route en solitaire et, à défaut d’essence, nous éloigner comme face à une coupe pleine, avec le magnum et le coffret de Ficelle offerts généreusement par la maison.
17:00 À la terrasse d’un café jouxtant le Chêne vert, il faut désormais camoufler la scène du crime et rester debout, en comptant simplement sur soi-même et quelques allongés. Le rétroviseur bat encore de l’aile.
Ethylotest
Le Mennen 24 heures bat encore sous l’aile. Une dernière étape, chez Lidl, pour se munir d’essence et d’un Tahiti douche, important pour le futur, avant de reprendre l’aventure : 235 kilomètres, sous la bruine, entre l’autoroute des volcans, les chicanes du Cantal et l’Aveyron terminal.
21:00 – kilomètre 600 Sans rouler des mécaniques, notre petite Opel entre finalement dans l’enceinte du HOG HOG Festival. Elle y mourra peut-être. Après quelques Ficelles et une pinte de gin to’ à la corde, une nouvelle journée peut alors démarrer : Nicolas Ker, le chanteur de Poni Hoax, est juste à côté, prêt à monter sur scène, sobre et sapé comme jamais...
Texte & photos : Gabriel Viry
Interlude : bouteille à la mer
LA QUALITÉ AVANT TOUT Il ne fait pas bon être une bouteille contre vents et marées. Pour avoir quelque espoir de se retrouver entre des mains lointaines, votre flacon doit respecter des standards de qualité : - une étanchéité digne des plus beaux joints de salle de bain, sous peine que votre message arrive illisible. Ce serait un peu comme gagner au loto mais perdre le ticket. Trop moche. - une flottabilité sur la durée. C’est la clé du succès. N’hésitez donc pas à faire des tests dans votre piscine gonflable ou votre baignoire. - une esthétique à ne pas négliger. Soignez la présentation pour attirer le regard des badauds.
Illustration et pictos : Agathe Bruguière Texte : Alix Hassler
PRENDRE DE LA BOUTEILLE Homologuée cette année par le Guinness des records (la consécration), la plus vieille bouteille a été retrouvée après 108 ans et 138 jours de dérive. Elle avait été jetée dans la mer du Nord le 30 novembre 1906 par un biologiste marin, George Parker Bidder. Un homme très impliqué dans le lancer de bouteille : entre 1904 et 1906, il a envoyé pas moins de 1 020 bouteilles à l’eau pour étudier les courants marins.
TYPOLOGIE DES MESSAGES Tout envoyeur de bouteille à la mer n’est pas mû par les mêmes motivations. Une étude de l’ABM (Amicale de la bouteille à la mer) dresse le panorama des messages les plus fréquemment envoyés aux hasards des eaux : - le SOS. LE grand classique. Pratiqué par les naufragés, Daniel Balavoine et The Police. - le dessin d’enfant. Il faut bien occuper deux mois de vacances à la plage avec mamie. - l’appel à correspondance. Qui ne rêve pas d’avoir un-e ami-e du bout du monde ?
VERT BOUTEILLE Instant écolo. Veillez à ne pas utiliser une bouteille en plastique, sous peine de contribuer à la pollution marine. Merci.
UNE BOUBOU SUR LA LUNE Dans l’hypothèse d’entrer en contact avec des extraterrestres, la NASA a envoyé dans l’espace des bouteilles à la mer interstellaires. Lancées en 1972 et 1973, les plaques Pioneer portent ainsi un message pictural de l’humanité, gravé dans le métal. Le Voyager Golden Record, embarqué à bord de sondes spatiales en 1977, est quant à lui un disque contenant des sons et des images représentatifs de la diversité de la vie et de la culture sur Terre. Il y a kékun là-haut ?
RÉVOLUTION 2.0 Il faut vivre avec son temps, et le site Labouteillealamer.fr l’a bien compris. Cette plateforme se propose de « donner un coup de main au destin » pour provoquer des « rencontres improbables ». Cette personne que vous avez perdue de vue ou cet amour qui aurait pu naître dans le train sont peut-être à portée de clavier. N’hésitez plus !
LA BOUTEILLE À LA MER — Une bouteille à la mer est un moyen de communication qui consiste à insérer un message dans une bouteille, avant de jeter celle-ci à la mer ou à l’océan, avec l’espoir que quelqu’un la trouve. Un sacré pari en somme.
CrĂŠations originales
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Lorraine Sorlet | L'Amour en Bouteille lorrainesorlet.com
CrĂŠations originales
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Laho | Cul de Bouteille laho.eu
CrĂŠations originales
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David Adrien | Flacon Millenium xyegalz.tumblr.com
CrĂŠations originales
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Eva Coste | One More Fight evacoste.fr
CrĂŠations originales
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Daniel Frost | Hi Res danielfrost.co.uk
CrĂŠations originales
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Florent Hauchard | Brasil Pandeiro behance.net/flonh
CrĂŠations originales
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Margaux Meissonnier | La Meilleure Heure margauxmeissonnier.tumblr.com
CrĂŠations originales
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Tanawat Sakdawisarak | At The Bar behance.net/bloodyhellbighead
CrĂŠations originales
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Simon Landrein | Fin d'après-midi simonlandrein.com
CrĂŠations originales
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Julien Brogard | Surrexerunt Ludere julienbrogard.com
CrĂŠations originales
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Bobby Dollar | Dolce Dollar The Evil Nightmare bobbydollar.tumblr.com
Créations originales
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DAVID ADRIEN
DANIEL FROST
MARGAUX MEISSONNIER
David Adrien a apparemment appris bien des choses aux Arts déco de Paris où il a pu participer au fanzine Bismuth et peaufiner un trait fin et élégant qui se joue de l’ombre et de la lumière. Il lui a suffi d’une participation à l’excellent Flûtiste et d’une autoédition de son Escalier pour nous séduire complètement. instagram.com/david.adrien
L'illustrateur anglais aime se promener sur la corde raide. Le monde ne l'intéresse que si les gens, les paysages ou les situations sont à la limite du bizarre et de l'étrange. Un sacerdoce qu'il met lui même en pratique avec sa technique entre digital et manuel qui nous donne des illustrations aussi charmantes que dérangeantes. danielfrost.co.uk
Indispensable collaboratrice des éditions Proche, Margaux Meissonnier fait partie de cette nouvelle vague strasbourgeoise qui vient maintenir le niveau redoutable des diplômés de la HEAR. Margaux a cette fougue de la jeunesse qui lui permet de multiplier les styles et les techniques. Se dégage de tout cela un dessin onirique et vaporeux au surréalisme assumé. margauxmeissonnier.tumblr.com
JULIEN BROGARD
FLORENT HAUCHARD
TANAWAT SAKDAWISARAK
Julien Brogard est un graphiste et illustrateur formé à l’ECV de Nantes, qui a eu très vite la bonne idée de se spécialiser dans l’époustouflant. Pour cela, il s’est armé d’une palette chromatique fulgurante qu’il déploie sur des illustrations au penchant affirmé pour le mythique. Pas étonnant que son travail se retrouve – entre autres – sur La Vénus d’Ille de Mérimée en Librio. julienbrogard.com
Grâce à un entraînement éprouvant, le Parisien a acquis une puissance extraordinaire qu’il n’hésite pas à utiliser pour claquer le beignet de ses fans. Roi du GIF et du poster efficace, il a des admirateurs nombreux et jolis puisque nous pouvons compter parmi eux Squeezie (son frère, ok), L’Obs, le New York Times ou même PMU. behance.net/flonh
L’illustration thaïlandaise est en pleine bourre ces temps-ci et Tanawat Sakdawisarak est facile l’un de ses plus beaux représentants, lui qui emmène la ligne claire dans des contrées peu explorées. Diplômé de l’Assumption University de Bangkok, le gars de 29 ans a déjà dans sa poche les gens d’It’s Nice That, QG, Lexus ou Perrier. behance.net/bloodyhellbighead
EVA COSTE
LAHO
LORRAINE SORLET
Tout chez la graphiste et illustratrice Eva Coste se passe dans le calme et la sérénité. D’un hammam touffu jusqu’au combat de boxe, le trait de cette Montréalaise d’adoption apporte un je-ne-sais-quoi de grandiose qui apaise et fascine. Passée par les maisons d’édition Maison moderne, Autrement et Pyramyd, elle œuvre aujourd’hui en freelance. evacoste.fr
Passée par l’ESAA Duperré, puis par Lisbonne, puis par Montauban, aujourd’hui Laho se tient ferme à Lyon où elle peut éclairer le regard de ses habitants grâce à ses affiches de concerts qui parsèment les rues de la ville. Ceux-là peuvent lui dire merci pour ses dessins venus d’un autre monde où le psychédélisme serait religion d’État. laho.eu
BOBBY DOLLAR
SIMON LANDREIN
Peu d’illustrateurs.trices ont su dompter comme Lorraine le concept du « mignon ». Son trait est doux, son dessin est tendre et ses sujets sont touchants. Mais le travail de Lorraine Sorlet témoigne avant tout d’une grande intelligence dans sa composition et d’une science chromatique rare. C’est d’ailleurs pour ça que l’ancienne des Gobelins est devenue l’un des chouchous des plus sûrs connaisseurs. lorrainesorlet.com
Nous avions croisé Bobby Dollar sur le chemin qui mène à la qualité, celui qui passe notamment par Retard Magazine, Pure Baking Soda, SURL, So Foot ou les Rencontres du 9e Art d’Aix. Des feutres, un but de Clinton Njie, un album de Gucci Mane et voilà Bobby qui fait s’abattre la colère des dieux sur sa feuille A4. bobbydollar.tumblr.com
Dans des temps très anciens, nous avions été captés par l’efficacité sans faille de son travail pour le label Fool’s Gold. Et puis le temps est passé et le monde – le New Yorker, le New York Times, Wired Magazine, Paulette Magazine, GQ, Nike, MTV, etc. – s’est mis à adorer le trait graphique des illustrations et des animations de Simon Landrein. Il fallait bien que nous aussi, nous lui disions combien nous l’aimons. simonlandrein.com
Discussion
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C’est du whisky, misérable créature !… De l’alcool !... Cet alcool qui ravale la bête au rang de l’homme !... Qui aurait cru, enfant, qu’en dévorant les aventures de Tintin, nous étions en train de lire un véritable drame ? Celui de la dérive d’un alcoolique dépressif « habité par un sentiment catastrophique de lui-même et de sa valeur » selon les mots du psychanalyste Serge Tisseron. Le capitaine Haddock bien sûr. Cinq médecins et chercheurs ont publié en juillet 2016 une très sérieuse étude médicale à son sujet, détaillant les problèmes de santé du personnage et concluant à un terrible diagnostic : alcoolisme chronique, insuffisance fonctionnelle du foie et probable cirrhose. Au cours des quelque vingt et un épisodes d’imprégnation alcoolique constatés, dont dix-sept états d’ivresse, Haddock est par ailleurs victime de troubles du comportement, d’anxiété, d’agressivité, de troubles du sommeil, et même d’un épisode de delirium tremens, la preuve irréfutable d’une intoxication aiguë caractérisée par le manque chez un alcoolo-dépendant. En face de ce personnage hors du commun et malgré tout increvable, Tintin semble donner l’image opposée de la
Jean-Samuel Kriegk
tempérance, lui qui commande régulièrement à boire de l’eau minérale. Le lecteur garde en tête l’image d’un Tintin qui ne boit pas, et qui fait souvent la morale aux autres sur le sujet. Ceci est pourtant complètement démenti par la relecture de ses aventures : dès ses débuts (Tintin au pays des Soviets), Tintin s’enivre au champagne. Dans L’Île noire, arrivé dans un petit village écossais, il s’empresse de commander une pinte, tandis qu’en Syldavie (Le Sceptre d’Ottokar), il vole une bouteille de vin. On le voit ailleurs boire du pisco (Le Temple du soleil), du rosé (Tintin au pays de l’or noir), du cognac (Tintin au Tibet), du rouge (Coke en stock) ou du whisky au goulot dans Tintin et les Picaros. Sans que ceci soit exhaustif (Tintin boit dans plusieurs autres albums), le héros semble aimer l’alcool qu’il a, à la différence de son comparse, plutôt gai. Les médecins au chevet d’Haddock constatent d’ailleurs qu’au fil des aventures, l’influence de Tintin est positive, et que le capitaine développe un rapport à l’alcool de moins en moins problématique. Il suffit de se rappeler la toute première rencontre de Tintin avec un Haddock ivre mort, bégayant et pleurnichant devant son verre de whisky dans sa cabine du Karaboudjan pour constater que de toute évidence, cela pouvait difficilement empirer. Mais quel est donc le problème de Hergé avec la bouteille ? Lui qui fait même boire Milou, le chien, plus que de raison ? Le fox-terrier consomme de l’alcool sous toutes ses formes dans neuf aventures différentes : rhum, champagne, vin, whisky... Et de son plein gré : dans Tintin au Tibet par exemple, la tentation est matérialisée par un dialogue intérieur entre une bonne conscience de Milou matérialisée sous la forme d’un ange l’invitant à résister, opposé à un petit diable rappelant le plaisir de boire. Ce dernier gagne, bien évidemment.
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Si toutes sortes d’alcools sont appréciés par les personnages, c’est le whisky qui semble être la grande affaire pour le capitaine Haddock (il est bien connu que chaque alcoolique est obsédé par un alcool et un seul). Sa préférence va, comme chacun sait, au Loch Lomond. Qui n’est pas, comme on le croit souvent et à la différence de la bière Duff appréciée par Homer Simpson, une marque imaginaire : il s’agit d’un véritable whisky, et de l’opinion générale il est assez dégueulasse. Distillé en Écosse dans le West Dunbartonshire, il n’existait pourtant pas au début des aventures de Tintin, puisque la distillerie n’a été créée qu’en 1964, trente-cinq ans après la création de la série. L’explication de ce paradoxe temporel est simple : Hergé avait d’abord cité, par exemple dans L’Île noire, le whisky Johnnie Walker, mais devant les problématiques liées à une marque trop célèbre, avait jeté plus tard son dévolu sur cette petite distillerie alors complètement inconnue. Les premiers albums de Tintin ayant tous été redessinés, colorisés et retravaillés pour aboutir aux éditions connues aujourd’hui, Johnnie Walker a été remplacé par Loch Lomond, devenant l’unique marque bue par le capitaine Haddock (dans ces nouvelles éditions, on note aussi que plusieurs images où on le voit boire au goulot ont disparu). Cette visibilité semble avoir profité aux intéressés, qui ont su jouer de cette notoriété : aujourd’hui la distillerie produirait 28 millions de litres par an, pour un résultat semble-t-il toujours aussi catastrophique de l’avis des amateurs de bons bourbons.
On ne sait pas si Hergé avait un rapport problématique avec l’alcool, et rien ne l’indique. Ses ayants droit, en revanche, n’aiment pas trop plaisanter sur le sujet : en 1985, un livre intitulé Tintin et l’alcool est publié par Bertrand Boulin. L’auteur, lui-même ancien alcoolique, semble avoir collé sa propre obsession sur les histoires d’Hergé, commentant le sujet sur près de deux cents pages. Le livre est immédiatement saisi à la demande de la société Moulinsart et de la Fondation Hergé, et interdit à la vente par la justice. C’est aujourd’hui un objet rare, qui atteint des sommes insensées en salles des ventes (les collectionneurs de Tintin ne sont pas toujours des gens très rationnels et ils ont aussi des problèmes d’addiction). Ceci malgré une médiocrité rapportée par ceux qui ont eu l’ouvrage entre les mains, paraît-il quasiment illisible à cause de sa syntaxe erratique et d’une ponctuation en roue libre. Quant à la toute dernière aventure de Tintin (Tintin et les Picaros), elle s’intéresse une ultime fois au sujet, et voit le professeur Tournesol s’évertuer à guérir l’alcoolisme de Haddock par la vertu d’un comprimé qui provoque chez tous ceux qui le consomment un dégoût immédiat de l’alcool. Visionnaire, Hergé aura inventé le baclofène quarante ans avant les laboratoires pharmaceutiques.
Texte : Jean-Samuel Kriegk Images : Kiblind
Discussion
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WRITE DRUNK, EDIT SOBER
Ou le pouvoir de la sainte trinité dans le songwriting La légende urbaine veut qu’un beau jour, Ernest Hemingway ait prodigué le conseil suivant : « Ecrivez saouls, éditez sobres ». Celui-ci aurait pu rester anecdotique, or, il a depuis attisé la curiosité de plusieurs chercheurs et scientifiques qui confirment que l’alcool a la capacité d’aider à débloquer l’imaginaire. Une affirmation que la plupart d’entre nous ne peuvent réfuter en se remémorant de longs moments alcoolisés qui paraissaient imaginatifs au moment présent, même s'ils l’étaient beaucoup moins le lendemain. Plus fort encore, l’un d’entre eux a eu la brillante idée de déterminer le
taux parfait d’alcool dans le sang à avoir pour être au summum de sa créativité. Résultat : les planètes seront donc alignées en faveur de l’écrivain lorsque celui-ci aura dégluti deux à trois verres, soit en laissant dévaler 0.07% d’alcool dans son sang. Il s’agirait donc d’être bons en dosage, sans quoi nous risquerions de passer au seuil suivant et de produire des choses moins glorieuses que des poèmes enflammés ou de jolies ballades mélancoliques. Les scientifiques ne sont pas les seuls à avoir eu tous leurs sens retournés par cette information, les justiciers des forums dédiés à la musique ont éga-
lement sévis. Sur un forum consacré à l’enregistrement studio, lorsque que l’un des membres admet écrire et jouer mieux sous l’emprise de l’alcool, les internets ne tardent pas à acquiescer en dégainant pour preuve la citation suivante : « Une bière fraiche, un stylo et un papier, voilà la sainte trinité ». S'il est de notoriété commune que cette philosophie ait été appliquée à la lettre par plusieurs auteurs de littérature comme Edgar Allan Poe, William Faulkner ou encore Truman Capote pour ne citer qu’eux, la relation intime entre le buveur et sa boisson a
Élora Quittet également été consommée chez bon nombre d’auteurs et de compositeurs lors de la phase d’écriture de chansons, résultant à quelques petits et grands miracles. C’est par exemple en respectant cette règle divine que Peter Buck, le guitariste de R.E.M a composé ‘Losing My Religion’ un soir, posté devant un reportage animalier sans le son, bouteille dans une main et mandoline dans l’autre, sur laquelle il composera la mélodie de ce morceau culte. D’autres artistes ont eux joué franc jeu. À artistes phénoménaux, cuite phénoménale : quand David Bowie passe dire bonjour à ses amis de Queen au Mountain Studio, un petit studio localisé en Suisse et fondé par David Richards, la petite réunion entre amis prend vite une nouvelle tournure. Après avoir ingéré une quantité impressionnante du vin local de Lavaux, un des secrets bien gardés de la Suisse romande selon Bowie, les membres de Queen et lui-même retournent au studio. Tous, saouls, se mettent d’abord à jammer en jouant de vieux morceaux. David Bowie lance ensuite l’idée de créer leur propre musique, le deal
" Une bière fraiche, un stylo et un papier, voilà la sainte trinité "
51 était alors le suivant : le riff et la ligne de basse était trouvés, David Bowie et Freddy Mercury n’avait plus qu’à improviser et à chanter ce qui leur passait par la tête, mais ces deux derniers n’étaient pas autorisés à s’écouter entre eux. Ce boeuf spirituel et sous spiritueux ne rendrait pas Hemingway peu fier de ses poulains puisqu’il permit de faire naitre un des morceaux les plus mythiques de ces dernières décennies. Or, les personnes extravagantes ne sont pas les seules à figurer sur la liste des adeptes de cette méthode de travail. On peut également compter sur la présence d’artistes comme Adèle, qui derrière son brushing résistant à toute épreuve et ses robes bien ajustées, avoue tout naturellement que la totalité de son album 21 - accessoirement élu album de l’année en 2011 lors des Grammy Awards - a été écrit grâce à l’aide précieuse de bouteilles de vin, qui se sont aussi vu accompagnées pour l’occasion par quelques spliffs. Le matin qui suivi cette folle nuit, Adèle fut impressionnée par les paroles qu’elle avait elle-même écrit. Selon la chanteuse britannique : « une langue saoule est une langue honnête ».
Vérité qui aurait sans doute parlé en son temps au doux Björn Alvaeus d’ABBA, qui a écrit les paroles de la fameuse chanson ‘The Winner Takes It All’ tout en étant noyé dans un océan d’eau de vie. La France n’est pas en reste non plus puisqu’elle compte en particulier deux porte-drapeaux de ce savoirfaire en les personnes de Renaud et de Serge Gainsbourg qui confirment que la théorie d’Hemingway peut mener à de sublimes créations si le génie est là. Portons donc un toast à tous ces artistes ayant réussi à faire sortir des chef d’oeuvres de leur imagination sous l’influence de quelconques bouteilles, mais n’oublions pas non plus que des tonnes de papiers griffonnés de mots moins avouables doivent sommeiller dans de sombres carnets et qu’il en est mieux ainsi. Finalement, à moins d’être un créateur hors-pair et qui plus est, d’avoir une résistance particulière à l’alcool, il est peut-être plus simple de faire comme Beyoncé et de se contenter d’être drunk in love.
Texte : Élora Quittet Images : Kiblind
Discussion
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L’espoir en Bouteille
Elle est porteuse d’un message adressé au héros, ainsi qu’au spectateur. Elle peut également être porteuse d’un espoir, ou carrément moyen de locomotion, quand on est une petite souris. La bouteille, on y noie son avenir et ses rêves, la plupart du temps. Mais il arrive qu’on y trouve une nouvelle vie, de deux façons bien différentes, et dans deux films bien différents également.
Nico Prat
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" La bouteille comme nouvelle vie, la bouteille comme cliché, la bouteille comme lueur d’espoir "
Un petit tour du côté de la Bible (Internet Movie Database, pour ne pas la nommer) nous le confirme : le cinéma a de la bouteille, et le septième art sait en abuser. Une Bouteille à la mer est un film sorti en 2010 réalisé par Thierry Binisti. Le Diable en Bouteille, un drame de 1935. La Bouteille, une comédie réalisée par Alain Desrochers, sortie dans les salles en 2000. Le Fond de la bouteille, une vieillerie de 1956 inspirée d’une oeuvre de George Simenon… Et nous pourrions continuer ainsi pendant des heures. Mais nous avons choisi de nous arrêter sur deux films. Petit aparté : ces deux films, nous les avons choisis sans réel souci de respect envers la riche et belle histoire de la bouteille au cinéma. L’un des deux est, objectivement, une croûte, tandis que l’autre, s’il est, nous le pensons, un grand film, est avant tout un film qui nous est cher. Mais face à ce thème, à ce mot en neuf lettres, ce récipient généralement cylindrique à sa base et
qui se resserre à son sommet, ce sont ces deux films qui nous sont apparus. Ce que cela dit de notre cinéphilie, nous n’en savons rien. Nous n’avons peut-être pas assez de bouteille, justement (rires dans la salle). “Documentaliste dans un grand quotidien de Chicago, Theresa Osborne se remet mal de son récent divorce et élève seule son fils Jason. Elle s'est promis de fuir l'amour mais le destin en a décidé autrement. Un jour, au cours d'une promenade sur une plage déserte, elle découvre une bouteille échouée contenant une déclaration d'amour déchirante et passionnée. Bouleversée par la poésie de ces quelques lignes, Theresa décide d'en retrouver l'auteur”. Ce pitch est celui d’Une Bouteille à la mer (Message in a Bottle en VO), réalisé par Luis Mandoki (également derrière la caméra pour Angel Eyes avec Jennifer Lopez, sorti en 2001 - mon Dieu que le pas-
sage dans le nouveau siècle fut compliqué), avec devant la caméra Kevin Costner, déjà ringard, Paul Newman, jamais contre un petit chèque, et Robin Wright, éternellement sublime. “Persécuté par les chats en Russie, Fievel embarque avec sa famille pour le Nouveau Monde : l’Amérique. Au cours du voyage en bateau, Fievel tombe à l’eau pendant une terrible tempête et trouve refuge dans une bouteille de vin dont il ne reste qu’un fond, et flotte jusqu’au port de NewYork. Désormais seule, la jeune souris, aidée par de nouveaux amis, va braver tous les dangers pour retrouver sa famille…”. Fievel et le Nouveau Monde est un film d’animation réalisé par Don Bluth et produit par Gary Oldman. L’histoire est la suivante : Walt Disney est décédé en 1966, et son frère, Roy O. Disney, également partenaire dans l’aventure, quelques années plus tard, en 1971. Il faut donc trouver un suc-
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cesseur à ces hommes visionnaires, créatifs et intelligents. Trois personnes sont finalement nommées à la tête du studio : Donn Tatum, Card Walker, et Ron Miller. Des noms inconnus du grand public, et pour cause: ils n’auront jamais vraiment l’occasion de briller durant leur règne. Pendant leurs 18 années aux commandes, le trio enchaîne, non pas les bides, mais les échecs, tant critiques que publics (par rapport à ses prédécesseurs tout du moins). Les financiers font la gueule. Robin des Bois, Bernard et Bianca, et surtout Rox et Rouky ne parviennent pas à séduire. Durant la préparation de ce dernier, Don Bluth, animateur maison de longue date, quitte Disney pour lancer son studio concurrent, Don Bluth Productions, et embarque avec lui pas moins de onze membres de l’équipe. En 1982, il sort The Secret of Nimh, d’après une idée originellement rejetée par Disney car jugée trop sombre. Dès lors, la guerre est déclarée. Don Bluth entame les travaux préparatoires de ce qui deviendra quelques mois plus tard Fievel et le Nouveau Monde. Le champion toutes catégories est désormais dans la tourmente, et en 1986, est carrément en péril. Michael Eisner, le président, décide de mettre davantage d’argent dans le petit écran, et envisage d’arrêter la production de longs-métrages. Il faudra toute la force de conviction de Roy E. Disney (fils de Roy O. et neveu de Walt) pour le persuader de poursuivre l’aventure, au moins le temps d’un film, en espérant que
les choses s’arrangent. Ce film, c’est Basil détective privé. Fievel cartonne, rapportant plus de 47 millions de dollars de bénéfices aux États-Unis et 84 millions dans le monde entier (un record à l'époque pour un dessin animé n'appartenant pas aux studios Disney), Basil, bien moins, mais suffisamment pour relancer la machine. La bouteille comme nouvelle vie, la bouteille comme cliché, la bouteille comme lueur d’espoir. Fievel ne la choisit pas pour terminer son périple, pas plus que le personnage de Theresa, qui trouve ce message par hasard. Plus étonnant encore, quand le sujet se mêle au film, dans le cas de Fievel, cette bouteille est également l’objet d’un renouveau de Disney. Fievel parti à New-York, le champ est désormais libre pour Basil, qui arpente les caves de Londres (où l’on sait boire également) à la recherche d’un nouveau souffle pour Disney. Lancer une bouteille à la mer. Cette expression figurée vient d'une pratique réelle qui peut être employée par des naufragés. Il s'agit de lancer une bouteille dans la mer avec un message dans l'espoir d'être secouru. Theresa y trouve un homme, l’auteur une femme, Fievel sa famille, Walt une seconde jeunesse. L’espoir est là. Juste au fond.
Texte : Nico Prat Images : Kiblind
Interlude : jeu de la bouteille
Illustration et pictos : Agathe Bruguière Texte : Alix Hassler
DICTON 100 % des joueurs ont pécho !
HISTOIRE L’origine exacte du jeu de la bouteille est inconnue, même si divers écrits signalent sa pratique aux États-Unis dès les folles années 1920. L’apogée du bottle-fun se situe dans les années 1990. TMTC. Le nombre de licenciés a ensuite progressivement baissé, suite aux innovations successives que sont le téléphone portable, MSN ou plus récemment Tinder.
CONSEILS DE PROFESSIONNELS DE LA BOUTEILLE – Veiller à avoir une haleine fraîche ou agréable pour ne pas rebuter les autres participant-e-s – Nourrir ses lèvres à l’aide d’un baume hydratant pour un baiser des plus doux – En cas d’oubli de bouteille, être inventif pour ne pas être frustré du jeu. Un stylo ou une baguette de pain dont un seul quignon est mangé sont de bonnes alternatives – Éviter de jouer en couple ; ceux qui ont osé sont rarement repartis à deux
MATÉRIEL NÉCESSAIRE - Une bouteille vide : d’eau, de vin ou de gaz pour les plus téméraires - Un sol pas trop mou ni trop rugueux pour assurer la rotation - Des bonbons à la menthe
AVERTISSEMENT Pour rappel, le jeu la bouteille est basé sur le hasard. Il faut donc arrêter de croire que lorsque l’on embrasse son crush de toujours, cela « signifie quelque chose ». De même, pas besoin de s’énerver de manière irrationnelle quand sa target doit embrasser un-e autre joueur-euse. PROFIL DES JOUEURS Ce jeu est très populaire auprès des adolescents qui le pratiquent lors de leurs premières soirées alcoolisées. Enivrés par la Smirnoff ice, désinhibés à coups de Passoa, ils rêvent d’emballer facile, Despacito en fond sonore.
DURÉE DU BAISER La durée moyenne du baiser est de trois secondes. Mais rien n’interdit de prolonger l’exercice.
MORCEAUX CHOISIS (ET SANS TRUCAGE) Beaucoup de gens se posent des questions sur le jeu, ses modalités et ses variantes. Ne pas hésiter à se rendre sur des forums pour trouver témoignages et réponses. Par exemple se poser la question de l’importance d’un premier baiser : « Moi ji ai jamai joue nn plu mai je le regrette dailleur :) mai c pack jai un rpob, je nai jamai embarsse de mec et jai envie ke la1er foi soi ac un ga ke jaime et cela ma coince bcp ! ».
LE JEU DE LA BOUTEILLE — Le jeu de la bouteille est un jeu informel, dans lequel les participant-e-s s’assoient en cercle autour d’une bouteille vide posée horizontalement. L’un après l’autre, chacun fait tournoyer ledit récipient qui désigne aléatoirement, de la pointe de son goulot, un-e autre joueur-euse en s’immobilisant. Une interaction s’engage alors, la plus pratiquée étant le bisou.
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L'ami qui soigne et guĂŠrit
Illustration : Simon Bournel-Bosson Texte : Maxime Gueugneau
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Au commencement du chic était le champagne. Symbole éclatant du luxe et du savoir-faire français, il a goutté des bouches les plus raffinées du monde et fini en taches sur les plus belles robes qui soient. Ce vin mousseux, blindé par son AOP, est de toutes les célébrations, de l’anniversaire du chat à la signature des accords de Kyoto. S’il est une preuve de richesse aussi bien que de palais délicat, il prend aussi part à une certaine idée de l’ivresse, plus inspirante et plus intellectuelle. Il est, assurément, l’ami des poètes, celui qui soigne et guérit, et jamais ne trahit. Le champagne, c’est de l’or dans une bouteille. De l’or français. Car, oui, il ne faut pas oublier d’où vient le champagne. Il puise ses forces et ses faiblesses dans la région du même nom, au nord-est de cette France dont nous sommes, malgré tout, les enfants. Et comme nous, le champagne peut tout à la fois être le comble de l’élégance et se vautrer dans une indignité pas soutenable. Malgré l’idée d’ivresse artistique qu’il charrie, c’est plus souvent à l’art de la blague douteuse et du pas chancelant auquel il conduit réellement. Il ne faut pas se le cacher : c’est aussi pour ça qu’on l’aime et qu’il fait si bel effet dans les réceptions guindées. C’est cette magie qui nous fascine, c’est cette magie dont nous sommes allés voir les secrets de fabrication. Avec une question en tête : quel mystérieux chemin emprunte le raisin de Champagne pour passer
des mains de vendangeurs boueux à moitié saouls aux tables certifiées 24 carats des puissants ? Et pour y répondre, rien de mieux que se pointer à Damery, évidemment. Damery est un village de 1 500 habitants presque entièrement dévoué au vin. Comme un peu partout dans le coin, les deux guerres mondiales ont fait le taf et les cartes ont été rebattues après-guerre. Plus de 100 maisons de champagne cohabitent aujourd’hui, des maisons familiales souvent démarrées par le père ou le grand-père, à l’image de la
maison Alexandre Filaine qui nous accueille. L’air de Damery est calme durant 50 semaines de l’année, celles qui ressemblent peu ou prou aux mêmes 50 semaines ailleurs. Et puis vient le mois de septembre. Les grappes sont enflées et contiennent juste assez de sucres pour respecter l’appellation. C’est le moment où Damery se transforme en un point de rencontres improbables entre jeunes du coin, étudiants, teufeurs, habitués de longue date, globetrotters et simples curieux. Et cette année, en plus, il y a nous.
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"À 8 heures du matin, dans un calme absolu et avec pour unique panorama les vallons champenois"
Nous arrivons à Damery à la fin de la journée, à l’heure où les équipes de coupeurs (les types dans les vignes) se ramènent et où les presseurs (qui restent dans la maison pour s’occuper du raisin récolté, mieux dans la hiérarchie) nettoient les dernières grappes tombées au sol. Sans calcul, on a plutôt bien joué le coup puisque c’est également l’heure de l’apéro pour tous. À peine la bise claquée à Babette, notre hôte, que le premier verre de champagne nous tombe dans la main. Ce qui est pour nous quelque chose – quand même – d’assez exceptionnel, n’est pour eux que la routine bien connue de l’après-travail. Le champagne, en tant que symbole, tombe ici de son piédestal pour se retrouver à côtoyer la bière et le pastis. Comme de bons pique-assiette, on ricane sous cape, on s’emballe et on s’enfile gaiement de ce vin qui est encore pour nous celui des grands événements. À l’aide des coupettes, l’ambiance se réchauffe et les présentations se font petit à petit avec les gens de la maison : Fabrice dit « Vin Rouge », mari de Babette et chef de toute l’affaire, Gabriel dit « Nanange », le fils qui fait le lien entre coupeurs et presseurs et bien plus encore, Jean-François dit « JF » qui revient à chaque vendange depuis 27 ans, Guillaume dit « Le Chieur », exploitant de la
maison Gonel juste à côté, Cyrille dit « Chicho », coupeur venu de Paris avec son collègue Tristan dit « Le Robot » ou « Brokeback » ou « El Secator ». Oui, il y a clairement un truc avec les surnoms. L’apéro se prolonge tant et si bien qu’à la fin de la soirée nous sommes partants pour le petit jeu de la maisonnée : un truc assez terrible nommé « Papaye » où il est question de boire un maximum sous couvert de jeter un bouchon dans un verre. C’était stupide, c’était écrit. Le réveil du lendemain à 6h30 ressemble très fort à la météorite d’Armageddon qui, au lieu de se faire régler par Bruce Willis, serait venue tout foutre en l’air dans notre tête. Ce qui tombe assez mal puisque nous ne profiterons pas de la grasse matinée marnaise, nous devons partir à l’assaut des vignes de la maison Alexandre Filaine. Sont donc à prévoir de la souffrance, des choses lourdes, des coupures et un dos qui va en voir de jolies, soit en gros une sorte de rêve éveillé. À la fois, ce serait mentir de dire qu’on n’en a pas chié, mais ce serait aussi salaud de dire que tout était à jeter. Oui, les vendanges ont également leurs moments magiques. Pas quand les araignées des vignes se mettent à parcourir ton visage. Non. Mais quand on arrive, à 8 heures du matin, dans un
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calme absolu et avec pour unique panorama les vallons champenois recouverts de ceps, c’est pas mal. Les moments de pause font eux aussi partie de ces plaisirs uniques de la récolte. La coupette de champagne dans une main, la tartine de pâté dans l’autre, les blagues deviennent plus chaleureuses et les coupeurs se transforment en vraie équipe. C’est d’ailleurs sans doute ce qu’il
y a de plus impressionnant, ce qui se passe entre les gens. Est-ce le vin matinal, est-ce la dureté du travail, est-ce le rythme enivrant ? Toujours est-il que ces gens qui ne se connaissent vraiment pas et qui n’auraient jamais dû se rencontrer se lient d’une amitié aussi fulgurante qu’éphémère. Cette pulsion de fraternité est une jolie diversion à observer, alors que
nos fesses goûtent de la boue pour couper ces foutues grappes de raisin. À la première grappe reçue dans la tronche, on se dit que l’être humain est beau quand il porte son prochain dans les moments difficiles. À la première insulte maternelle, c’est la larme qui coule sur la joue tant les émotions sont fortes : non, tout n’est pas perdu et oui, les jeunes savent le nom de la
solidarité. Ainsi, nous voilà comme Goethe, Churchill ou Albert Ier à siroter notre premier verre de champagne au petit matin, suintant le luxe par tous les pores. Ces volutes de richesses sont heureusement rapidement stoppées par nos hoodies crades et nos chaussures
de randonnée crottées. Elles seront également freinées par une consommation excessive et régulière, loin du chic des salons du pouvoir. Peu élégantes, ces rasades servent pourtant à nous porter jusqu’au bout de la journée, soulageant nos pauvres corps des courbatures, de la pluie et du mal
de dos qui nous accompagneront jusqu’au soir. Le retour au bercail est une délivrance et l’accueil par nos hôtes un vrai ravissement. La tablée du soir est un réconfort pour ceux qui ont durement rempli leur mission journalière. Coupeurs, presseurs, hôtes de la maison, administrateurs, travailleurs des
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"Les mecs quand ils t’accueillent, ils t’accueillent."
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exploitations voisines, tout le monde se retrouve autour du repas préparé par Babette et ambiancé par Fabrice et son éternel best of de Led Zeppelin. L’ambiance y est bruyante, rigolarde, vivante. C’est lors de ces discussions animées qu’on nous raconte le phénomène Néné La Taupe, patron de la maison Gonel dont la mort il y a deux ans pèse encore sur l’ensemble des maisons de Damery. Il nous est fortement conseillé d’aller demain toquer chez les Gonel pour nous renseigner sur le vin et la taupe. Ce soir-là, nous avons aussi le plaisir
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de faire la connaissance du ratafia, le vin fort réalisé à partir des restes de champagne. Enchanté mon petit, mais tu nous fais un peu trop mal et on doit aller se coucher maintenant. Le lendemain matin, Julien Gonel nous fait la visite de la maison de son père, aujourd’hui tenue par son frère Guillaume. L’exposé commencera par la technique : du pressoir Magnum 4000 par membrane à la mise en bouteille avec sucre et levure pour la création des bulles, du dégorgeage des bouteilles au bouchonnage,
en passant par les quarts de tour subis par elles quotidiennement pour faire descendre le dépôt, le processus est suivi pas à pas. Le petit tour à la cave, creusée à l’œil par Néné lui-même révèle, elle, quelque chose de plus profond, de plus humain dans la fabrication du vin. Ce qu’on avait senti dans l’air depuis notre arrivée se révèle au grand jour. Tout est histoire de personnes, d’attachement, d’héritages. Derrière les Moët & Chandon, les Ruinart, les Dom Pérignon et autres marques qui font saliver le monde, il y a des gens comme Néné La Taupe et
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des maisons comme Champagne Maurice Gonel & fils. Si la fabrication du champagne est un sacerdoce, le père Gonel en a aussi fait une belle partie de rigolade. Ses légendaires descentes de cave ont fait se marrer aussi bien les teufeurs que les CRS, les riches Américains que son pote Fabrice de la maison
Filaine. Un sacré personnage pour les habitants de Damery, qui laisse un vide profond dans le village. Un symbole pour nous de cette hospitalité si particulière, qui fera dire à Pascal de la maison Romain Guistel : « Ils peuvent avoir l’air bourru au premier abord, mais les mecs quand ils t’accueillent,
ils t’accueillent. » Un père, enfin, pour le gendarme Julien Gonel qui prenait ses congés pour l’aider à chaque vendange et qui continue aujourd’hui pour filer la main à son frère. Cette profonde humanité, nous la retrouvons le soir même pour un cochelet – la fête de fin de
vendanges – de surface. Certes, les récoltes de la maison Filaine ne sont pas encore terminées, mais comme il s’agit du dernier soir pour nous et Cyrille, qu’on est samedi et qu’après tout, pourquoi pas, la fête bat son plein. Les équipes de teufeurs de chez Gonel se pointent, d’autres gens d’autres maisons
sont là, Led Zeppelin est à fond de balle : ce mini-cochelet est un feu d’artifice de ce que nous avons pu croiser jusqu’alors. Loin de l’image de luxe et de prout-prout souvent associée au champagne, cette nuit champenoise est avant tout celle de l’expérience partagée. Une aventure collective qui rassemble,
crée des liens et touche bien plus profondément que les réceptions sans âme dans lesquelles le champagne est habituellement servi. On voulait savoir comment cet illustre représentant de la gastronomie était fait. On a trouvé : il est le produit d’une profonde et sincère humanité.
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Importe le flacon De l’importance du contenant, entre sobriété et ivresse de formes.
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« Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ? », disait Musset un soir de mai 1831. Pourtant, bien malin l’éthylophile, s’il n’avait quelque récipient adapté pour charrier son jaja. Et à défaut de pouvoir boire le vin à la grappe, on dut user rapidement d’inventivité pour lui donner de la contenance. A minima pour le transport individuel, mais aussi pour la conservation ; car à quoi bon s’encombrer d’une piquette qui a tourné ? On connaît le vin depuis l’Antiquité, et on en apprécie à tort ou à raison les vertus naturelles (le fruit), physiques (l’ivresse), sociales (l’assurance), rituelles (la communion), psychologiques (la transe). Mais on sait aussi qu’il ne développe ses pleines qualités et ne les préserve que s’il est conservé correctement, c’est-à-dire à l’abri de l’air. Sans quoi l’éthanol qu’il contient se transforme en acide acétique et le vin devient vinaigre. Alors très tôt on lui inventa des refuges, qui devaient permettre au liquide de tenir l’année jusqu’aux prochaines vendanges.
Antiquités Le plus ancien contenant de liquide connu est l’outre de peau. Flexible et résistante sur les chemins accidentés, à volume variable sur mesure selon l’usage individuel ou collectif, elle servait principalement au transport. Mais pour la conservation du vin, on lui préféra rapidement la terre cuite : d’abord sous forme de grandes cuves inamovibles posées à même le sol ou enterrées, les dolia, puis de format plus réduit, pratique et esthétique, les antiques amphores. De capacités et de formes différentes selon les usages, mais
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toujours bien reconnaissables à leurs deux anses, leur base pointue et leur goulot étroit pouvant être scellé, elles firent le succès des vignobles et permirent la première grande diffusion du vin méditerranéen. Puis la troisième révolution eut lieu, avec le tonneau. Solide et léger, en bois cerclé de métal, il peut être déplacé par roulage et entreposé facilement sur terre ou sur mer. De plus, si l’amphore possédait déjà le double avantage de transporter et conserver le vin, l’apparition du tonneau ajoute une troisième compétence capitale : la vinification du moût. Certes, le verre existe déjà, et ce depuis plusieurs millénaires. Les Romains apprirent à le souffler à la canne et à modeler la bulle pour fabriquer des récipients : cruche, pot, pichet, carafe, de quoi contenir mais non conserver, utilisés pour le service du vin à table, transvasé depuis l’amphore ou le tonneau. Les flacons sont minces, fragiles, très onéreux, et participent davantage au raffinement élitiste du couvert qu’au transport de marchandises liquides embouteillées. D’ailleurs, on ne parle pas encore de « bouteille », mais de buticula en bas latin, puis de botele et boutiaus, au Moyen Âge, et ce pour définir un récipient au sens beaucoup plus large. Le vocabulaire de la table lui étant cher et la littérature fixant progressivement les mots, Rabelais nous offre avec Pantagruel quelques éléments de langage : « flacons, bouraches, bouteilles, fiolles, ferrières, barils, barreaulx, pots, pinte, semaises, anticques » ; et des précisions, avec Gargantua : « Quelle différence est entre bouteille et flacon ? Grande, car bouteille est fermée à bouchon et flacon à vis ». Pas faux…
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75 cl C’est seulement au XVIIe siècle que le travail du verre se démocratise et que la bouteille de vin « moderne » apparaît, outre-Manche, sous les doigts du verrier et philosophe Kenelm Digby. Les Anglais ont développé des fours à charbon permettant un point de chauffe plus rapide et, par conséquent, un plus grand rendement. La tourbe donne au verre sa couleur noire, tout en lui conférant une plus grande épaisseur et une résistance accrue à la lumière. Facile à entreposer, adéquate pour l’écoulement des stocks sur le marché domestique, et dotée d’un meilleur pouvoir de conservation du vin qu’en tonneaux, la bouteille en verre s’imposa comme la nouvelle référence. Et en l’associant à la découverte du bouchon en liège parfaitement hermétique, qui permet la pose à l’horizontale sur rayonnage, on touche la perfection. Les bouteilles en verre n’étaient pas initialement de forme cylindrique. Elles étaient sphériques et légèrement aplaties pour assurer une bonne prise en main. Les standards apparurent au fur et à mesure que la technique de verrerie se maîtrisait, et aussi selon les usages : on s’aperçut que la courbure favorisait le rangement et le transport des bouteilles. Il en est de même pour la contenance réglementaire des bouteilles, sur laquelle on raconte pas mal d’histoires assez drôles. Par exemple, que 75 centilitres équivalent à la quantité moyenne de vin bu au cours d’un repas, ou encore au volume d’air que peut expirer le souffleur de verre. En réalité, c’est bêtement une histoire de sens pratique.
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Si les Anglais savaient fabriquer les bouteilles de vin, ils n’avaient en revanche pas de quoi (bien) les remplir chez eux. Alors ils se fournissaient auprès de nos vignerons, d’abord en Champagne, puis dans le Bordelais. Et en grande quantité ! Le « problème », comme l’explique Vincent Vega dans Pulp Fiction, c’est le système métrique. La référence britannique, c’était le « gallon impérial », soit 4,546 litres. Or comme les barriques françaises faisaient 225 litres, soit 50 gallons, la conversion des grandes quantités en bouteilles n’était pas forcément très aisée, dans un sens comme dans l’autre. C’est pourquoi les commerçants locaux ont fixé l’étalon-bouteille à 0,75 cl : 1 barrique = 50 gallons = 300 bouteilles. CQFD. Et la loi de 1866 vint entériner cette réglementation, en précisant un siècle plus tard que la contenance totale d’une bouteille bordelaise devait être de 76,5 cl, l’écart étant réservé au bouchon et à un peu d’air.
Figures libres « Ô Bouteille / Pleine toute / De mystères, / D’une oreille / Je t’écoute », chante encore Rabelais dans son Cinquième livre. Son ode à la « Dive bouteille ». Mais la divinité revêtant souvent les usages vernaculaires, il n’est pas étonnant que chaque région ait développé la sienne, de déesse. On dénombre 8 formes remarquables de bouteilles en France, à la couleur et à la tenue très singulières selon l’usage :
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la bourguignonne, aux épaules basses, au fût large et au col fin, est la bouteille traditionnelle des chardonnays.
la champenoise, à la forme très proche de la précédente, mais beaucoup plus lourde à cause de son verre épais destiné à bien garder la pression du champagne ; la bordelaise, sans doute la plus répandue dans le monde, reconnaissable à son fût parfaitement cylindrique, à son col fin et court et à ses épaules hautes, capable de retenir un éventuel dépôt ;
l’élégante flûte alsacienne, obligatoire à l’appellation « vin d’Alsace », n’est présente nulle part ailleurs et se distingue par sa finesse, sa longueur et son fond plat ;
la rhôdanienne, inspirée elle aussi de la bourguignonne, mais au fût encore un peu plus large et à l’assise plus basse ; elle s’enorgueillit d’un blason pour les châteauneuf-du-pape ;
« Ô Bouteille Pleine toute De mystères, D’une oreille Je t’écoute » la bouteille ligérienne, native du Val de Loire, porte elle aussi des armoiries à la base du col, mais cultive la finesse du fût ; la provençale a l ’o r i g i n a l i t é d’avoir deux modèles traditionnels : la flûte à corset, qui ressemble à juste titre à une silhouette cintrée, et la côtesde-provence, d’aspect conique avec un fût plus large que le reste de la bouteille ;
et pour finir, le clavelin du Jura, bouteille aux épaules et au fût bien larges, est représentative des vins jaunes ; elle est d’ailleurs la seule qui échappe à la réglementation puisque sa contenance n’est que de 62 cl, écart qui s’explique par la perte de vin au cours des six années et trois mois sous voile de levure nécessaires à son vieillissement.
Rétrographie
Size matters Enfin, la taille compte-t-elle vraiment en matière de bouteille ? Il paraît que oui, du moins pour le vieillissement. On raconte que le vin se conserve plus longtemps en magnum qu’en 75 cl. Mais est-ce une raison valable pour fabriquer des bouteilles gigantesques ? Le « grand flaconnage », notamment au-delà de 3 litres est principalement une affaire d’apparat ou d’exception. Bref, de grandes occasions. Et pour qu’on sente bien le côté prestigieux de l’affaire, au cas où la démesure ne suffirait pas, on a donné à ces grands flacons des noms d’insignes personnages bibliques.
« Pinaillage, car de bon matin je remarquais mal sa banalité naturelle »
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Dans le Bordelais, on fait aussi du grand format, mais avec quelques variantes sur les désignations : Double magnum pour les 3 l, Jéroboam pour les 4,5 l, Impériale pour les 6 l et Melchior pour les 18 l.
En vérité, on ne sait pas dire exactement qui a eu l’idée du casting. Ce qui est vérifié par contre, c’est que le concepteur de la bouteille bordelaise, Pierre Mitchell, est aussi celui du Jéroboam, en 1725. Mais le Jéroboam « bordelais », de 4,5 l. Alors quand on sait que Mitchell était anglais, on ne s’étonne pas trop que cette première grande bouteille équivaille précisément à un gallon impérial… Encore un coup de Trafalgar. Le gigantisme ne s’est pas arrêté en si bon chemin, et la formule pourrait être allongée de plusieurs mots. Au-delà des 15 litres, il y a encore des champions :
C’est le moyen mnémotechnique pour se rappeler des principales bouteilles selon leur contenance. En s’appuyant sur l’initiale :
Salomon (18 l / 24 bouteilles), Souverain (26,25 l / 35 bouteilles), Primat (27 l / 36 bouteilles) et Melchizédec (30 l / 40 bouteilles).
Piccolo (0,2 l), Chopine (0.25 l), Demi, ou fillette (0,375 l), Bouteille (0,75 l), Magnum (1,5 l / 2 bouteilles), Jéroboam (3 l / 4 bouteilles), Réhoboam (4,5 l / 6 bouteilles), Mathusalem (6 l / 8 bouteilles), Salmanazar (9l / 12 bouteilles), Balthazar (12 l / 16 bouteilles), Nabuchodonosor (15 l / 20 bouteilles).
Ces dernières sont rares et seulement une poignée de maisons champenoises les produit, comme Veuve Clicquot et Drappier ; car elles sont très chères à fabriquer et, pour le coup, il n’y a pas de remise volume ! Alors oui, le flacon importe sacrément. Et avec de telles quantités de géants, Pantagruel et Gargantua auraient été contents.
Texte : Jean Tourette
Interlude : bouteille en chiffres
POINT CONSO – La consommation annuelle de vin en France a diminué de plus de moitié en 40 ans, passant de 100 litres/ habitant en 1975 à 44 litres en 2016. Cela équivaut tout de même à près de 60 bouteilles de 75 cl ! – Nos amis des Pays de la Loire sont les plus gros buveurs hebdomadaires de métropole : 43,5 % d’entre eux déclarent boire chaque semaine. Des gars sûrs.
Illustration et pictos : Agathe Bruguière Texte : Alix Hassler
ON EST LES CHAMPIONS Avec nos 44 litres de moyenne par personne et par an, notre beau pays demeure le champion mondial de la picole, devant les Slovènes (43,3 l/h), les Croates (42,63 l/h) et les Macédoniens (41,5 l/h). Il faut savoir tenir sa réputation.
COUCOU LE PAPE En réalité, la plus grande consommation annuelle se fait dans la cité pontificale : 73,8 litres par personne (près de 100 bouteilles). Mais le Vatican est classé hors catégorie, le recours au vin de messe explosant le compteur.
BONNE AUBAINE Un rosé distribué par la chaîne de supermarchés Aldi a gagné une médaille d’argent lors du prestigieux International Wine Challenge de Londres. Son petit nom : Exquisite Collection Côtes de Provence 2016. Cette bouteille est commercialisée à prix mini : 6,99 € le grand cru. À la bonne heure !
TOUJOURS VOIR LES CHOSES EN GRAND Homologués par notre livre de chevet, le Guinness book, deux records ont distingué consécutivement le plus grand verre à vin (3,87 m de hauteur) et la plus grande bouteille (4,17 m), remplie de 3 094 litres de rouge boisson. La vie est bien faite, l’apéro sera grand.
QUELLE BOUTEILLE EST ? – La plus vieille : trouvée en 1867 à proximité de Spire en Allemagne, cette bouteille daterait d’environ 350 après J.-C. Quelques gouttes d’huile d’olive et de la cire chaude ont pu conserver le vin qu’elle contient jusqu’à nos jours. Alors, on l’ouvre ou pas ? – La plus chère : Wine Searcher, site internet sur le vin, réalise chaque année un classement des 50 bouteilles les plus chères au monde. Cocorico. La palme revient en 2017 à une bouteille du domaine de la Romanée-Conti, produite à partir de Pinot noir. Comptez environ 15 000 dollars pour l’acquérir.
LA BOUTEILLE EN CHIFFRES — Voici des litres de savoir plus ou moins inutile sur le couple star que forment le vin et la bouteille.
POUR ALLER PLUS LOIN - Reymond Adina, un Philippin, est la personne qui peut tenir le plus grand nombre de verres de vin dans une main, soit 39 godets à la fois. Un type à compter dans ses amis. - Alain Dorotte a ouvert, avec un tire-bouchon simple (c.-à-d. sans levier), 13 bouteilles de vin en une minute. Tu peux pas test.
Outro
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e l l i e t u o B t s i l y a l R P A G A R A G A par...
On a demandé au fulgurant duo Agar Agar de nous dire en morceaux ce qu'ils pensaient de notre thème « Bouteille ». Voici leur playlist exclusive.
Christina Aguilera – Genie In a Bottle (1999) Bernard Fevre – Molecule Dance (1977) Boris Vian – Je Bois (1956) Mort Garson – Plantasia (1976) Daniel Balavoine – Tous les cris, les SOS (1985) Carsta Ceder – Wasserspannung (???) Three 6 Mafia – Sippin' on da Syrup feat. UGK & Project Pat (2000) Aphex Twin – Lichen (1994) 070Shake – Saturday Night feat. Phi (2016) Thomas Newman – American Beauty Theme (2000) Motherlode – The Murder (2015) Christa Schönfeldinger – Mozart Adagio für Glasharmonika (2012) Daisuke Fujiwara – Rainy Lenny (Tonkatsu DJ Age-taro OST) (2016)
3'36 2'05 3'33 4'49 5'00 2'45 4'42 3'43 4'27 3'09 3'05 3'06 2'58
Agar Agar prépare actuellement un album prévu pour début 2018. Prochaine date à Paris, à La Cigale, le 1e mars 2018.
ALONZO
COMPAGNIE
KING
L’EXPLOSE
16 - 19 NOV. 2017
23 NOV. - 3 DÉC. 2017
TU NOMBRE ME SABE A TANGO
Le grand classique des musicals enfin de retour à Lyon ! Entrez au Kit Kat Klub et revivez la passion de cette histoire célébrissime.
Le tango des années 50 des basfonds de Buenos Aires. Une élégance voyouse pour des corps-à-corps enflammés.
Licences : 1-1054424, 2-1054425, 3-1054423 ; © Laurent Philippe ; © Mao Mendivelso ; © RJ Muna
13 - 22 DÉC. 2017
BIOPHONY/SAND Maître du néo-classique, Alonzo King nous offre un programme sur mesure avec une technique parfaitement maîtrisée.
Sélection 2/2
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magazine
Pli #3 REVUE Évidemment, la guerre, c’est mal. Nous n’irons pas contre ce bon sens qui s’étale à chaque concours de beauté, à chaque échange de fanion footballistique. Mais bon. Est-ce que c’est vraiment une raison pour jeter tous les conflits avec l’eau du bain ? N’y a-t-il pas des formes d’affrontements qui méritent quand même un peu d’amour ? Après tout, si l’on oublie la brutalité et la violence, il s’agit quand même de rencontres. La revue Pli, qui s’y connaît foutrement bien en rencontres, livre d’ailleurs un troisième numéro entièrement dédié aux conflits. Sans doute, quelque part, dans le Grand Livre du Destin, c’était écrit. Une revue qui construit sa ligne éditoriale sur la confrontation entre l’architecture et l’édition, ainsi que sur le face-à-face entre illustration et texte pour la dérouler, pouvait difficilement nous surprendre en se penchant sur les dualités explosives. Titre et thème de sa troisième aventure, le Conflit se voit donc décliné tout au long de ce nouveau Pli, au travers de cinq chapitres traitant tour à tour du langage, des mutations professionnelles, de la mémoire et de l’évolution des formes et des pensées. Les seize contributeurs – parmi lesquels Sébastien Hayez, Kiel Bonhomme,
André Tavares, Mai Anne Bénédic, Paper Tiger ! ou le collectif BXLMRS – célèbrent les paradoxes, les dilemmes et les chocs comme des outils essentiels de la création. Et comment ne pas souscrire à cet état de fait quand nous avons dans les mains ce troisième numéro de Pli où les illustrations du Studio Fables, de Nathalie Dupasquier, de Séverine Dietrich, de Paul Loubet ou de Magali Brueder viennent percuter les articles de fond. Un impact visuel qui sert joliment la revue en lui offrant une nouvelle dimension et créant par là un nouveau message. Car elle est là, la puissance de Pli : outre la qualité de ses intervenants, elle n’oublie pas d’aller au-delà du message textuel en venant lui opposer le regard biaisé et salutaire de l’illustration, enfin placé sur un pied d’égalité, pour un remake du big bang en plus soft. Et, à ce moment-là, bien sûr que notre cœur fait boum. M. Gueugneau
Pli #3, « Conflit » sorti le 27.09, 300 pages, 25 € plirevue.com
LUDOVIC DEBEURME
Sélection 2/2
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Epiphania T. 1 LUDOVIC DEBEURME
FANTASTIQUE BD Beauté du dessin, mystère de l’histoire, le livre fascine par l’univers qu’il installe. Époque contemporaine, David et Jeanne participent à un Love Training Camp, des météorites chutent, un raz-de-marée submerge les côtes, beaucoup de disparus dont Jeanne. Après le reflux apparaissent dans le sol des êtres fragiles, sortes de mutants qui, en grandissant, découvriront le rejet de certains qui haïssent leur différence. La magie du trait de Ludovic Debeurme rejoint l’étrangeté de son récit, de sa fable moderne qui aurait tout aussi bien pu donner un album de Fatherkid, son groupe, tant on sent le rock dans ces cases. En fermant le livre, on est heureux et envahi, impatient de découvrir les deux tomes à suivre. Basil Sedbuk
Epiphania T. 1 de Ludovic Debeurme, disponible aux Éditions Casterman, 22 € casterman.com
Les Amours suspendues
Griboulli Fanzine #3
AMOURS DESSINÉES Un peu comme dans un épisode de Black Mirror enrichi de la douce poésie de Marion Fayolle, un homme marié pétrifie les femmes dont il tombe amoureux pour les retrouver dans une chambre secrète, loin du regard de son épouse. Ces « Amours suspendues » nous sont contées sous la forme d’une comédie musicale. Les personnages dansent, chantent. Une chorégraphie se dessine page après page. Marion Fayolle nous transporte dans sa tête, nous parle de fantasme, de désir, de la perte d’un être aimé et de la quête de l’amour éternel, le tout avec son inimitable trait et cette grâce qui la caractérise.
FANZINE Le nom d’Antoine Nogueira doit commencer à vous dire quelque chose, un jeune artiste talentueux dont on vous parle souvent par ici. Il est maintenant temps de découvrir le collectif Gribouilli dont il est l’un des fondateurs. Composé de cinq illustrateurs de talent, ce collectif est adepte des appels à projets pour découvrir de nouvelles pépites de l’illustration qu’ils nous font partager sans vergogne. Leur nouveau fanzine, Bords, manipule les limites tout en jouant avec leur code couleur rouge et bleu. Il promet de belles surprises ! Malina Cimino
Delphine Zehnder
Les Amours suspendues de Marion Fayolle à paraître en octobre aux Éditions Magnani
Gribouilli Fanzine #3 « Bords », sorti le 31.08
editions-magnani.com
facebook.com/collectifgribouilli
Sélection 2/2
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L’Aimant
Flotsam
BD Conçus par l’architecte Peter Zumthor, les thermes suisses de Vals peuvent rapidement devenir fascinants pour qui aime à peu près les belles choses. Le dessinateur Lucas Harari, frais sorti des Arts déco parisiens, fait indéniablement partie du lot. Avec son tout premier roman graphique, il tisse un thriller architectural mignon comme tout autour de l’insolent bijou helvète. Lucas Harari en profite évidemment pour montrer comme il est grand et fort en dessin, et construit des pages dont la beauté coupe le souffle aussi bien qu’un concours d’apnée.
PHOTOGRAPHIE Depuis qu’il nous a chopés avec sa série Courts, aux alentours de l’année 2012, Ward Roberts joue avec notre cœur si mou et s’amuse à le caresser le moins souvent possible. Pourtant, de ses caresses nous avons drôlement besoin, comme nous le rappelle la publication de Flotsam chez Atelier Éditions, où il renoue avec sa science sans pareille de la couleur câline, de la composition douceur et du minimalisme molletonné. D’une plage désertée dans la région de New York, il nous sort ce cocon photographique qu’il maîtrise comme personne. M. Gueugneau
M. Gueugneau
L’Aimant de Lucas Harari, sorti le 23.08 aux Éditions Sarbacane, 152 pages, 25 €
Flotsam de Ward Roberts, sorti en août 2017 chez Atelier Éditions, 36 pages, 45 €
sarbacane.net
atelier-editions.com
Colorama
La Villa S.
Non, apprendre les couleurs quand on a des poils n’est pas forcément une tare. Surtout quand la professeure a le style si distingué de Cruschiform (cf. la couverture de notre numéro 61) et que la leçon se décline en 133 illustrations et anecdotes. Colorama, pour les enfants jusqu’à 77 ans.
La collection BD Cul nous rend bien des services en cachant notre perversion sous la couverture de l’art. Le dernier tome est, à ce titre, un cas d’école. Sous prétexte d’une histoire de pègre et de détective, Antoine Cossé déploie son (immense) talent sur 128 pages sublimes à reluquer sans honte.
> Colorama, disponible le 12.10 chez Gallimard Jeunesse, Hors-série « Giboulées », 280 pages, 25 € > gallimard-jeunesse.fr
> La Villa S. d’Antoine Cossé, sorti le 21.08 aux Requins Marteaux > lesrequinsmarteaux.com
Le Miroir de Mowgli
Matière Grasse #4
Aujourd’hui, Olivier Schrauwen se balade tel un prince sur les sentiers de la bande dessinée aventureuse. Son Miroir de Mowgli, publié initialement par Ouvroir Humoir en 2011, a participé à forger cette reconnaissance totale, tant l’aisance du trait, de l’utilisation de la bichromie et de la composition impressionne en seulement 48 pages. Sa réédition n’était pas du luxe.
L’ê tre humain, c’é tait mieux avant. À l’époque, au lieu de créer des comptes LinkedIn, il suait pour réaliser les sept merveilles du monde. La revue Matière Grasse, qui aime les choses très vieilles, fait revivre chacune d’entre elles via les Jérémy Perrodeau, Pol Édouard, Anne Laval ou encore Elsa Abderhamani de notre temps, dans un concert d’illustrations superbes.
> Le Miroir de Mowgli d’Olivier Schrauwen, disponible chez L’Association, 48 pages, 8 € > lassociation.fr
> Matière Grasse #4, disponible depuis le 29.09 chez Matière Grasse éditions, 50 pages, 18 € > cargocollective.com/matieregrasse/
Sélection 2/2
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Musique
Byron Westbrook ELECTRONIQUE Depuis 2008, Byron Westbrook élabore avec science une musique expérimentale appliquée, baignée de l’influence de ses aïeux de la musique électronique et électroacoustique qu’il revisite, dans son prochain LP à paraître en octobre, sous la forme d’une chorégraphie aux contorsions multiples. Interrogeant le rapport du corps à la danse, à l’esprit ou encore à la géométrie, le Brooklynois puise autant dans les références à l’instrumentation tribale que dans les sonorités évaporées façon Klaus Schulze, croise avec souplesse le drone vrombissant d’une Éliane Radigue et des polyphonies synthétiques transcendantes, et accommode sur son complexe appareillage d’intrigants ressacs et bouillonnements éclatés de concert en une installation sonore binaurale opulente et spatiale. Ted Supercar
Body Consonance de Byron Westbrook, sortie le 13.10 chez Hands in the Dark handsinthedarkrecords.com
VA -Even a Tree Can Shed Tears COMPIL Nous l’avons espéré, Light In The Attic l’a fait. De la folk façon beatnik au rock psyché en passant par la musique progressive, Even a Tree Can Shed Tears ressuscite le Japon underground de la fin des années 1960 et avec lui, la trop rare « new music » japonaise. Portée par des artistes tels que Happy End, Haruomi Hosono, Takashi Nishioka et Sachiko Kanenobu entre autres, cette compilation de morceaux jamais édités en dehors du Japon – et illustrée de fort jolie manière par l’artiste Heisuke Kitazawa – est une des plus belles choses qu’il nous ait été donné d’entendre en ce début d’automne. Elora Quittet
Compilation Even a Tree Can Shed Tears, sortie le 20.10 chez Light In The Attic ightintheattic.net
Othello Aubern L’aventure, en musiques électroniques, n’est pas un droit mais un devoir. Et depuis quatre ans, le label Le Cabanon, emmené par Graal, réunit une ligue de gentlemen extraordinaires dont Othello Aubern est le dernier membre, posant et superposant ses créations sonores pour un résultat étonnamment onirique. À vite expérimenter sur son Two-Way Switch EP. > Two-Way Switch EP d’Othello Aubern, sorti le 30.09 chez Le Cabanon > lecabanonrecords.com
Losange De Losange nous attendions les nouvelles avec impatience, après un premier EP aimé. Au bout d’un an, du fond de sa cave il est enfin sorti. Armé d’un unique synthétiseur, il s’est mis à jeter son électro subtile et sans fard à la face du monde. Elle nous éclaboussa, et nous sourîmes. > Quartz de Losange, sorti le 22.09 chez Johnkôôl Records
Sélection 2/2
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Oro Swimming Hour POP COCON Certains disques sortis au creux de l’été passent parfois inaperçus. Il ne faudrait pas que cela soit le cas de Penrose Winoa, premier album d’Oro Swimming Hour à la pochette magnifiquement illustrée. Les seize pistes (masterisées par Warren Hildebrand, d’Orchid Tapes) ne dépassent guère les trois minutes et fleurent bon la bedroom pop molletonnée ; guitares enveloppantes, chants tristes mais jamais larmoyants, quelques tubes intimistes... Un disque qui ferait presque attendre l’automne avec impatience ! Manon Raupp
Penrose Winoa d’Oro Swimming Hour, sorti le 28.07 chez Art Is Hard artishardrecords.bandcamp.com
Musique
Karen Gwyer Karen Gwyer est seule et loin. Seule (ou presque) à choisir d’escalader les musiques électroniques par leur versant le plus caillassé, le plus gonflé, le plus fou. Loin, car les différents amis qui habitent dans sa tête l’ont conduite dans une dimension où tout est permis. Son 3e album, le plus « dansant », est, de ce point de vue, une régalade complète. > Rembo de Karen Gwyer, sorti le 21.07 sur Don’t Be Afraid > karengwyer.bandcamp.com
Lenparrot Dans l’univers terrible de la pop française, c’est souvent que les rencontres sont désagréables. Aussi, lorsqu’on s’y balade, autant retrouver des personnes de confiance. Depuis son Aquoibonism l’an passé, Lenparrot est l’une d’elles. Son premier album And Then He, produit par Julien Gasc, ne trahit pas cette confiance et nous protège par son cocon raffiné face au triste monde tragique. > And Then He de Lenparrot, sortie le 10.11 chez Jour après jour après jour > facebook.com/lenparrot
Thierry Caens Digital Zandoli vol. 2 À l’été 2016, deux petits malins (Julien Achard et Nico Skliris) piochaient douze pépites dans la malle au trésor du zouk antillais. Ces salauds recommencent à la rentrée 2017 avec Digital Zandoli vol. 2 et nous filent douze nouvelles preuves de la force et de l’inventivité d’un mouvement jusqu’alors présenté de la plus médiocre des façons en métropole. > Digital Zandoli vol. 2, compilée par Digger’s Digest et Nico Skliris, sortie le 13.10 chez Heavenly Sweetness > heavenly-sweetness.com
Too Smooth Christ Depuis son premier projet chez Cantina fin 2015, Sacro Bosco (très correct, par ailleurs), Too Smooth Christ a gagné en profondeur et en subtilité au fil de ses EP chez Fuego International, Ville Nouvelle ou Supergenius. Au point de devenir notre chouchou. En témoigne cette house suave et éthérée qui fait de son mini-album, Angels and Voices, un bijou. > Angels and Voices de Too Smooth Christ, sortie prévue en octobre chez Nocta Numerica > noctanumerica.com
En 1994, Thierry Caens (trompette) et Michel Thibault (guitare/synthés) enregistraient un album concept autour du mythe de Jéricho. La mort soudaine du guitariste a privé pendant plus de 20 ans le monde d’un disque volant audessus des autres, intemporel et mystique, que les gars d’Enfance nous font la joie de ressortir. Ça valait le coup d’attendre. > Jericho de Thierry Caens, sortie prévue mi-novembre chez Enfance > enfancemusic.bandcamp.com
Woo Pour leur voyage au pays de la musique, certains prennent l’autoroute, d’autres les nationales champêtres et les vrais bricolent leurs ponts de singe à l’ombre de ce foutoir. Les frérots de Woo font ça depuis les années 1970, bidouillant une musique irréelle entre électronique, ambient, jazz et folk dont le projet Xylophonics, sorti cet été et issu de leurs années 1990, est un exemple merveilleux. > Xylophonics de Woo, sorti le 04.08 sur leur bandcamp > woo-music.bandcamp.com
Sélection 2/2
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Shopping
Lorraine Sorlet x Stay home club T-SHIRT 40€ Récemment exposée avec sa sœur à la galerie Sergeant Paper, Lorraine Sorlet collabore cet automne avec la marque Stay Home Club pour une collection capsule illustrée. > stayhomeclub.com
Group partner CACHE POT 65$ En cachant élégamment les pots de fleurs, ce studio de céramique basé à Brooklyn dévoile les corps. > group-partner.com
Badaboom studio PINS $11,50 Le pin’s, accessoire chouchou de nos années 90, fait son grand retour. C’est encore plus fracassant avec un peu d’humour, comme le fait avec brio ce studio torontois. > badaboom-studio.com
W.Y.L.D.E. x Epolet BLOUSON 280€ Des pièces vintage peintes à la main par le duo Epolet. C’est graphique et durable ; que demande le peuple ! > wylde-paris.com
Papier Tigre
CHEMISE 150€ Créée en 2014, cette marque brode le sexe comme aucune autre. Avec, à la barre, l’illustrateur parisien Agoston Palinko.
3 CARNETS 14€ Un adage dit qu’on a de meilleures idées avec un beau carnet. C’est ce qu’on vous propose de vérifier avec ces calepins colorés, signés Papier Tigre.
> carnebollente.com
> papiertigre.fr
Carne Bollente
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Lic. n°1-1078645-48/2-1078649/3-1078650 / Illustration : Maïté Grandjouan / Graphisme : Ad marginem.fr
Sélection 2/2
BD Colomiers âme soeur
Que reprocher au festival BD Colomiers ? Depuis quelques années, celui-là s’acharne à nous rendre fous de désir avec des stands mignons, des rencontres chic et des expositions de goût. La version 2017 ne change rien avec les expositions Biscoto, Fabcaro ou Maïté Grandjouan et la présence des admirables éditions 2024, Misma, Cornelius, Les Machines, etc. Entrée 3 €. Gratuit pour les moins de 18 ans, les étudiants et les porteurs de la carte Pastel Tisséo.
www.bdcolomiers.com
39es Rencontres Trans Musicales de part en part Le patient zéro des festivals musicaux français, celui par qui la révélation arrive, celui qui s’e st tatoué le mot « découverte » sur le front nous a préparé une 39e édition à la hauteur de sa réputation avec Gloria, Flamingods, Kiddy Smile, Voyov, Théo Muller, Tshegue, etc. 06 > 10.12 – Rennes
17 > 19.11 – Colomiers
Ding Dong entrez Felix Decombat, Antoine Duruflé, Maxime Mouysset et Maxime Sabourin sont une bande de mecs sympas qui invitent le monde. Pas bégueules, les quatre illustrateurs nous invitent à la maiz’ – en l’occurrence l’atelier Meraki – pour mater un peu leurs dernières créations sur le thème de la vie routinière. Il se peut même qu’avec une bonne blague ou deux, ils vous offrent l’apéro. 22 > 28.11 – atelier Meraki
Festival Maintenant présent !
Hors Cases hors normes
Les Inrocks Festival cercle pop
Le Festival Maintenant est un fin observateur de la création contemporaine dans son ensemble. Et puis il choisit les meilleurs pour sa programmation. Cette année, elle déborde de gens doux comme les illustrateurs Agathe Demois et Vincent Godeau, les plasticiens d’IDLV ou les musiciens NSDOS, Black Zone Myth Chant, Puzupuzu et Abdulla Rashim.
La Maison de la culture d’Amiens s’est rendu compte de ce que bien d’autres nient toujours : la bande dessinée est un art mouvant. En témoigne l’exposition Hors Cases qui réunit un hall of fame (dont Ruppert & Mulot, Ludovic Debeurme, Fanny Michaëlis et Lorenzo Mattotti) de la bande dessinée actuelle, qui redéfinit ses règles en permanence.
Avec sa nouvelle maquette et ses ambitions réaffirmées, le magazine taulier de la culture pop ne pouvait pas se défiler pour son 30e festival. Du coup, il l’a lui aussi repensé, le transformant en un laboratoire d’idées mêlant discussions, rencontres et surprises, le tout poli par les concerts d’Alex Cameron, de Bon Gamin, de Josman ou encore de Django Django.
10 > 15.10 – Rennes
Expo jusqu’au 15.10 – MC d’Amiens
23 > 26.11 – La Gaîté Lyrique, Paris
Événements
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Looping #2 Africaine 8O8 Alma Negra Ambeyance Deviant Disco Dj K-Sets Ghost of Christmas Jacob Mafuleni & Gary Gritness Le Mellotron Looping Soundsystem Mo Laudi Sheitan Brothers Yan Wagner www.loopingfestival.fr
LUFF creuset
Musiques volantes aigles ≠ pigeons
Montreuil Looping Festival 12 – 15 oct. 2O1 grand 8
L’événement suisse reste par sa taille conséquente et son environnement charmeur un ovni dans la diffusion d’œuvres expérimentales. Le Lausanne Underground Film Festival – qui s’est depuis bien longtemps ouvert à la musique – est une rareté, un bijou, une chance qui permet à tous d’admirer l’exception, d’apprendre des marges. Parce que c’est là que se joue la création.
Le festival Musiques volantes de Metz fait clairement partie de ces événements qui planent au-dessus du tout-venant. Parce que la programmation, parce que l’ambiance, parce que les lieux. L’édition 2017 invite par exemple France, Essaie Pas, La Terre Tremble !!!, Franck Vigroux, LPLPO, The Residents, etc.
Marbrerie CeLaqu’il y a de bien quand on est une Le Chinois agence de booking qui brille, c’est qu’au moment de passer en mode festival, il n’y a pas à aller chercher bien loin une programmation resplendissante. Exemple avec A.K.A. qui, associée à La Marbrerie, lance la deuxième édition de son Looping Festival, avec Mo Laudi, Africaine 808, Sheitan Brothers, Ghost of Christmas ou DJ K-Sets.
10 > 23.11 – Metz
18 > 22.10 – Lausanne.
Production A.K.A La Marbrerie
12 > 15.10 – Montreuil
Papier brûlant independenza
Positive Education Festival
Simon Roussin @ Fotokino
La Gaîté lyrique et la plateforme Webibli ont eu la bonne idée de se serrer la pogne pour organiser un grand rassemblement de l’édition indépendante. Rebelote pour une seconde édition cette année avec la présence de B42, le fanzine Zuper, L’Amour Éditions ou encore le studio Des Signes chaleureusement entourés par des conférences, des ateliers, une bourse aux livres, etc.
Sachant très bien que nous avons passé notre été à écouter Las Ketchup, Positive Education nous prend calmement par la main et nous montre le chemin de la musique qui brille. Pour la deuxième édition du festival, le lineup est encore parfait avec Front 242, Nitzer Ebb, Trisomie 21, Toulouse Low Trax, The Pilotwings, Mick Wills, Parrish Smith, Vatican Shadow, etc.
Bas les masques : Simon Roussin est notre chouchou. Ses dessins épiques aux techniques multiples mais d’une efficacité redoutable ont le charme irrésistible de l’aigre-doux. Nous fondons. Gloire à Fotokino car il expose chez eux ses premières peintures à l’huile, toujours inspirées des grands mythes de la culture hollywoodienne.
15.10 – La Gaîté lyrique, Paris
09 > 12.11 – Saint-Étienne
07.10 > 26.11 – Fotokino, Marseille
rentrée scolaire
western moderne
SAISON 17 / 18
LABORATOIRE INTERNATIONAL DE CRÉATION & DE PRATIQUES ARTISTIQUES
JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE / SAMUEL ACHACHE, JEANNE CANDEL, FLORENT HUBERT / MICHEL RASKINE / WAËL ALI, CHRYSTÈLE KHODR / DIDIER RUIZ / MAGALI CHABROUD, BLÖFFIQUE THÉÂTRE / CIE 1 MONTREUR D’OURS / JIŘÍ KYLIÁN / CAMILLE BOITEL / MARIE VIALLE, PASCAL QUIGNARD / LYON STREET FOOD FESTIVAL #2 /
ALAIN BUFFARD, ASSOCIATION PI:ES / CHRISTIAN RIZZO / MARC LAINÉ / PIERRE AMOUDRUZ, DAVID GUERRA, PABLO JAKOB, CHARLIE MOINE / LES DIVINS ANIMAUX / JORDI GALÍ / AURÉLIE CUVELIER LA SALA, CIE VIREVOLT / JOACHIM LATARJET, ALEXANDRA FLEISCHER / BRIGITTE SETH, ROSER MONTLLÓ GUBERNA / JEAN-BAPTISTE ANDRÉ /
ADRIEN M & CLAIRE B / HARRIS GKEKAS / CÉCILE LALOY / THOMAS LEBRUN / ARKADI ZAIDES / ALEXANDRE ROCCOLI / JUSTINE BERTHILLOT, PAULINE PEYRADE, ANTOINE HERNIOTTE... +++ ATELIERS, RENCONTRES, VISITES... TOUTE L’ANNÉE !
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DIM 08 OCT Bonjour Bonsoir BRADLEY ZERO + HABIBI FUNK + BYRON THE AQUARIUS
MER 18 OCT KADAVAR + MANTAR + DEATH ALLEY
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SAM 21 OCT Dub Station THE MIGHTY JAH SHAKA SELECTOR + BLACKBOARD JUNGLE SOUNDSYTEM
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VEN 03 NOV Pitchfork Paris After Party #2 ACTRESS + JACQUES GREENE + COLOGNE TAPE + DEENA ABDELWAHED + THÉO MULLER
VEN 17 NOV ROMARE
SAM 11 NOV THE ARRS
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PARC DE LA VILLETTE
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MER 15 NOV CURTIS HARDING
MAR 21 NOV New Noise METZ + DECIBELLES + DRAHLA
02 DEC HERCULE & LOVE AFFAIR
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MER 08 NOV THE HORRORS
LUN 13 NOV BLACK LIPS
DIM 19 NOV THE DARKNESS
JEU 30 NOV BRNS
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LUN 06 NOV LE PROUS
DIM 05 NOV DON BROCO
JEU 09 NOV OH WONDER !
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JEU 02 NOV Pitchfork Paris After Party #1 BEN UFO B2B CALL SUPER + PALMS TRAX + ABSTRAXION + SAPPHIRE SLOWS
LUN 30 OCT NICK MULVEY
MAR 24 OCT CAGE THE ELEPHANT
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